La création d’un corps militaire inédit est presque toujours le résultat de la conjonction d’un besoin, de ressources disponibles parfois innovantes et d’entrepreneurs qui parviennent à conjuguer les deux. À la fin du XIXe siècle, des officiers français créent puis développent ainsi des unités dotées d’équipements nouveaux – telles les unités cyclistes – ou destinées à de nouveaux espaces – les unités alpines pour la haute montagne. Pendant que certains inventent le combat aérien, d’autres s’intéressent à un des milieux naturels les plus impitoyables: le désert, en particulier le Sahara. Ainsi naissent les Compagnies, troupe très originale qui ne doit pas grand-chose à la technique industrielle, au moins au début, mais tout à la passion de quelques officiers pour le désert et pour la vie des nomades.
Au milieu du XIXe siècle, le Sahara n’était pour la France qu’un immense espace vide, une mer de sable sur laquelle naviguaient quelques tribus nomades indépendantes et belliqueuses, seules capables de survivre parmi les îles-oasis. Le désert, et les raids de pillage pouvant en surgir, sont alors considérés comme des menaces pour les possessions de l’Empire qui en garnissent progressivement le pourtour, de l’Algérie au Soudan français en passant par le Sénégal. Pour s’en protéger, la France se saisit dans les années 1850 de points d’appui de couverture aux limites sud de l’Algérie, à El Bayadh, Bou Saada, Laghouat et Biskra.
Le Sahara devient à la fin du xix siècle un