ILLIMITÉ
Marseille entre la peste et le Covid
La Ciotat (Bouches-du-Rhône), matin blême du 6 décembre 2020. Devant l’aile nord de la bastide Marin, monument classé, les bénévoles de l’association Il était une fois 1720 regardent, hébétés, leurs locaux incendiés. Ni mort ni blessé mais la charpente est calcinée, le toit effondré, et surtout, 3 500 costumes ont été ravagés par les flammes. Des tenues fabriquées par des couturières et des bénévoles de l’association, qui jouent, depuis 1995, la reconstitution de la peste de 1720. Chaque année, au mois d’octobre, le spectacle de la peste rassemble toutes les classes sociales de la ville, qui endossent des costumes de lavandière, cuistot, soldat du roi, intendant de santé, capitaine de navire, matelot, etc. Un spectacle populaire, devenu même l’un des symboles fédérateurs du spectacle vivant.
En cette année 2020, les festivités devaient être particulières pour le tricentenaire d’une épidémie qui a profondément marqué la métropole marseillaise. De 1720 à 1722, la peste réduit de moitié, ou presque, la population des villes de Marseille (48 000 morts) et de Toulon, et ampute des villages de familles entières. Au total, l’épidémie tue 100 000 personnes en Provence. Un quart de la population. Le royaume panique. L’Europe se calfeutre.
Rues, passages, statues, places : la peste de 1720 a laissé une forte empreinte dans la mémoire marseillaise. Rue Estelle, rue Moustier, rue Dieudé : les trois échevins de l’époque (magistrat municipal faisant office de maire). L’évêque Belsunce, qui s’est démené sans compter, a aussi donné son nom à un quartier. Au stade Vélodrome, la tribune sud s’appelle « Chevalier Roze », du nom du noble qui se
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