artout en France, sur les routes des « villages préférés des Français » lors de tournages pour la télévision, nos compatriotes me parlent avant tout de l’action que nous menons en faveur du patrimoine en péril. C’est une de leurs grandes préoccupations dans un monde où la modernité bouscule tout et risque de faire disparaître des pans entiers de où chacun peut identifi er un monument en péril auquel il est attaché, tant il est vrai, comme disait Victor Hugo, qu’« ». Si nous lançons avec ce numéro la quatrième année du Loto du patrimoine, quelques chiffres peuvent vous éclairer sur l’usage qui a été fait de l’argent qu’a généré ce loto: sur les 510 sites sélectionnés parmi près de 3 900 identifiés comme étant en péril, plus de 260 ont d’ores et déjà été sauvés. Au total, ce sont 127 millions d’euros qui ont été mobilisés pour la mission Patrimoine, dont 70 millions d’euros des jeux du loto, 43 millions d’euros des crédits dégelés par le ministère de la Culture pour les projets protégés monuments historiques – après avoir réclamé avec succès la compensation des taxes certes légales sur les jeux d’argent – et 15,5 millions de dons et de mécénat (dont AXA) auprès de la Fondation du patrimoine, qui est la cheville ouvrière (avec son armée de bénévoles) de la mission en redistribuant l’argent collecté par la Française des Jeux. Ce Loto du patrimoine n’est pas un impôt mais une contribution volontaire et ludique dont seule la part de l’État est reversée à la Fondation du patrimoine, puisque 72 % des sommes en jeu sont redistribuées aux vainqueurs. C’est en cela qu’il est attractif. Cela pourrait paraître une goutte d’eau par rapport aux 326 millions d’euros annuels du budget du ministère de la Culture alloués au patrimoine, ou même en comparaison avec les 614 millions d’euros que la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a obtenus pour le patrimoine dans le plan de relance. Mais ce Loto du patrimoine aura eu le mérite d’aider des sites non protégés, oubliés des crédits publics, et de participer à la prise de conscience collective de l’enjeu du patrimoine pour l’avenir de la France. Cette sensibilité au patrimoine se développe, se répand, s’ancre dans l’opinion publique, se manifeste dans le pays et irrigue ces pages. Vous le constaterez notamment avec l’entretien que nous a accordé le chanteur Laurent Voulzy, mais aussi avec l’engouement que suscite le chantier de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ou encore au travers des associations et des bénévoles qui se lèvent contre les démolisseurs et pour défendre le patrimoine de leur village. Merci de votre fi délité et bonne lecture à tous.
