ILLIMITÉ
Guy de Maupassant: les rêveries du chroniqueur solitaire
MAUPASSANT SERAIT-IL DEVENU quelqu’un sans l’ombre tutélaire de Flaubert? Né en 1850, près de trente ans après son prestigieux aîné, ami de la famille de sa mère, le cadet a longtemps été un jeune homme brillant mais nonchalant, pour ne pas dire je-m’en-foutiste. Durant toute sa vingtaine, il passe le plus clair de son temps à canoter sur la Seine. La mauvaise vie ne lui déplaît pas: à 26 ans, il a déjà attrapé la syphilis et se vante auprès de ses amis d’avoir « la grande vérole, celle dont est mort François Ier ». Deux ans plus tard, en 1878, Flaubert le sermonne dans une célèbre lettre: « Il faut, entendez-vous, jeune homme, il faut travailler plus que cela. J’arrive à vous soupçonner d’être légèrement caleux. Trop de putains! trop de canotage! trop d’exercice! oui, monsieur! Le civilisé n’a pas tant besoin de locomotion que prétendent les médecins. Vous êtes né pour faire des vers, faites-en! Tout le reste est vain. »
Ce qui entre par une oreille se retrousse enfin les manches. De 1880 à 1890, il va aligner , , , , … C’est aussi lors de cette décennie prodigieuse qu’il va produire presque tous ses articles de presse, qui nous intéressent ici.
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