ILLIMITÉ
En vérité, Carole…
Carole ouvrit les yeux sur un plafond blanc où se reflétait la faible lueur d’une veilleuse. Elle avait l’impression de réintégrer son corps après une longue absence.
D’ailleurs, que faisait-elle ici alors que l’instant d’avant, elle se tenait à l’orée du petit bois ? N’était-elle pas avec Lucas, son ami d’enfance ? Elle était bien là-bas, et c’était si bon de l’avoir retrouvé. Il n’avait pas changé. Sa tignasse brune et frisée frémissait sous le vent léger et il portait toujours son appareil dentaire !
Carole n’aurait jamais cru possible de le revoir un jour, puisqu’il était mort. En tout cas, c’est ce que les gendarmes avaient fini par conclure : on ne l’avait jamais retrouvé. A son âge, on ne fuguait pas encore. Ou on retrouvait bien vite l’enfant disparu. Et Lucas n’avait alors que 10 ans – tout comme elle à l’époque.
– Lucas, souffla-t-elle avec effort, entre ses lèvres sèches.
Une main vint envelopper la sienne qui se crispa sur les draps. – Ma chérie, enfin, tu es de retour ! s’exclama sa mère.
– Maman… Mais qu’est-ce que je fais là ?
– Chut, répondit Suzanne en déposant un baiser sur son front, tout va bien. Tu es à l’hôpital.
– A l’hôpital ? s’étonna-t-elle.
– Oui, l’hôpital de Saumur. Voilà trois jours que je n’ai pas quitté ton chevet… – Qu’est-il arrivé ?
– Tu as eu un accident, tu m’as fait tellement peur…
Il fallut un moment à Carole pour recouvrer ses esprits.
Elle regrettait presque d’être revenue, ici, dans cette chambre. Là-bas, tout était si tranquille. Lucas avait quelque chose à lui dire, mais elle était partie trop vite pour qu’il en ait le temps.
– Oui, je me souviens de l’accident, murmura-t-elle. Je crois que j’ai perdu le contrôle de ma voiture.
– Tu as bien le temps de te poser toutes ces questions ! L’essentiel c’est que tu sois revenue parmi nous. Tu nous as fait peur ! Ton père vient juste de partir donner à manger à Pilou. Tu
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