ILLIMITÉ
Des techniques qui révèlent la matière
L’anthropologue Claude Lévi Strauss se moquait déjà en 1952 de l’idée séduisante d’un « âge d’or technologique où les inventions se cueillaient avec la même facilité que les fruits et les fleurs», idée qui sous-entend que « l’homme doit la connaissance du feu au hasard de la foudre ou d’un incendie de brousse; que la trouvaille d’un gibier accidentellement rôti dans ces conditions lui a révélé la cuisson des aliments».
Cette idée peine encore à disparaître complètement, tant il est tentant d’imaginer que nombre de grandes « premières » inventions, nombre de traits de génie, furent le fruit d’une révélation née de la simple observation de la nature.
EXIGEANT UNE FORTETEMPÉRATURE, LA FONTE DE CUIVRE RÉSULTE PROBABLEMENT D’UN ESSAI DÉLIBÉRÉ
La réalité est moins – faussement – évidente. Il a fallu de l’inventivité, de la patience et beaucoup d’abnégation aux premiers tailleurs de silex, comme aux métallurgistes qui forgèrent les premières épées, pour oser rapprocher des faits observés, en tirer des conclusions et expérimenter pour confronter le réel à leurs hypothèses. Qu’on songe à la fonte du cuivre, premier métal travaillé à partir de la transformation chimique d’un minerai. En aucun cas, une poignée de minerai échappée par hasard dans le foyer d’un campement n’a pu la révéler. Il fallait la température bien plus élevée d’un four de poterie pour faire fondre le cuivre. Ce qui indique plutôt un essai délibéré… et suggère au passage que les premiers métallurgistes ont pu être des femmes.
La méthode expérimentale, essentielle à la physique et à la chimie, est-elle née » qu’il faut voir l’origine des sciences. Le travail des pisteurs reposerait sur une « ». Reconnaissons qu’ainsi décrit, le geste du chasseur s’accroupissant pour se rapprocher d’empreintes de pattes laissées au sol parlera aux chercheurs du XXI siècle.
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