ILLIMITÉ
L’ILLUSION DOMINANTE
Jusqu’au début de cette année, le souverainisme, la revendication d’une indépendance absolue de notre pays à l’égard de tous les autres, avait mauvaise presse. C’était la rengaine exclusive, l’image de marque, des partis anti-européens ou nationalistes, comme Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, identitaires ou crypto-populistes, tel le Rassemblement national de Marine Le Pen. Le socialiste Jean-Pierre Chevènement en avait certes lancé l’idée en 2002, mais la gauche institutionnelle, « de gouvernement », encore marquée par ses origines internationalistes, n’avait pas suivi. Jean-Luc Mélenchon s’y était lui aussi, un temps, rallié; mais il avait dû l’enfouir sous le tapis après qu’elle eut entraîné, il y a deux ans, des dissensions au sein de La France insoumise.
Or, aujourd’hui, on chercherait en vain des opposants à cette idée. À gauche, on redécouvre les vertus du « produire français » d’Arnaud Montebourg, et le député PS européen (et très européiste) Raphaël Glucksmann en appelle à ! À droite, même les adulateurs de la mondialisation heureuse du genre d’Alain Minc semblent devenus: lui qui ne voyait jadis toute velléité d’indépendance nationale que comme un rétrograde, ne jure plus que par elle, même s’il veut l’étendre à l’Europe – ce qui en modifie l’échelle mais pas la logique. Et il en a consacré l’idée en nommant à Matignon le gaulliste social Jean Castex. Car cette unanimité intellectuelle se double d’une révérence désormais elle aussi unanime à notre grande figure historique récente en la matière: le général de Gaulle.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits