C’est un fait : les couples d’aujourd’hui se séparent plus facilement que ceux d’hier. Pour Sandrine Carême, sexologue et thérapeute de couple, ce phénomène ne doit rien au hasard. Il est lié à l’évolution de la société et aux nouveaux défis auxquels les couples sont confrontés. « Auparavant, on tentait de sauver son couple parce qu’il y avait une pression forte à rester en couple pour les enfants, pour sauver l’honneur ou respecter les traditions. De nos jours, les séparations, le divorce et même le célibat sont mieux acceptés dans notre société. Il est devenu plus facile de se séparer que de déployer des efforts pour sauver son couple », pose d’emblée notre experte. Par ailleurs, il existe aujourd’hui une valorisation de l’indépendance et de tout ce qui touche au développement personnel. L’accomplissement individuel est prépondérant dans notre société, bien plus que le développement relationnel. « La recherche du bonheur individuel a pris le dessus sur la notion de couple, ce qui explique pourquoi, lorsque l’on est frustré, qu’on ne se sent pas bien, on préfère quitter son partenaire qui se révèle être un frein, un obstacle à ses propres besoins et intérêts », développe la thérapeute de couple.
L’évolution des rôles dans le couple constitue aussi une piste d’explication. « Avec l’indépendance financière des femmes (même si elle est parfois relative, selon les situations), il y a moins de menaces qui pèsent sur elles. Il leur est donc plus facile de se dire qu’elles gagneraient davantage à se débrouiller seules qu’à essayer de sauver un couple qui ne leur correspond plus du tout », estime Sandrine Carême. Sans oublier que les moyens de rencontres sont tellement nombreux de nos jours, que l’on part du principe qu’il est plus facile de retrouver un ou une partenaire avec qui écrire une nouvelle histoire que de faire des efforts pour sauver son propre couple qui bat de l’aile. C’est le principe de la société de consommation appliqué aux relations amoureuses.
La pression familiale et la pression professionnelle viennent par ailleurs puiser les réserves d’énergie des deux partenaires qui sont lassés et fatigués du quotidien. Ayant déjà des efforts à fournir dans leur travail, ils n’ont plus l’énergie nécessaire pour s’investir dans la relation amoureuse qui s’essouffle progressivement. « Emerge alors une approche négative du couple qui est envisagé sous la dimension de la contrainte, loin de la légèreté des débuts quand retrouver l’autre rimait avec joie et enthousiasme. On n’a plus envie de se sacrifier en donnant du temps à son couple », poursuit la thérapeute de couple. Enfin, parfois, on ne fait plus d’efforts pour sauver son couple parce qu’on en a déjà fourni beaucoup. Peut-être que l’un des deux partenaires se dit : » J’ai fait des efforts, j’ai essayé d’améliorer la relation, j’ai cherché à avoir une meilleure communication mais mon partenaire n’est pas réceptif « . Quand il n’y a qu’un des deux partenaires qui est moteur dans la relation, l’autre finit par baisser les bras. Car il n’y a pas de secret, pour qu’une relation fonctionne dans la durée, il faut être deux.
Merci à Sandrine Carême, sexologue et thérapeute de couple.
Julie Giorgetta