Ben Jerbania Et Al Architecture Utique 2021

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4

COLECCIÓN PETRACOS

De Carthage à Carthagène
Bâtir en Afrique et en Ibérie durant l'Antiquité

Lamia Ben Abid


Fernando Prados Martínez
De Carthage à Carthagène

Mohamed Grira
(Eds.)

PUBLICACIONES INAPH
PUBLICACIONES INAPH
INAPH
COLECCIÓN PETRACOS 4
De Carthage à Carthagène
Bâtir en Afrique et en Ibérie durant l'Antiquité
LAMIA BEN ABID
FERNANDO PRADOS MARTÍNEZ
MOHAMED GRIRA
(Coords.)

De Carthage à Carthagène
Bâtir en Afrique et en Ibérie durant
l'Antiquité
PETRACOS es una publicación de difusión y divulgación científica en el
ámbito de la Arqueología y el Patrimonio Histórico, cuyo objetivo central
es la promoción de los estudios efectuados desde el Instituto Universitario
de Investigación en Arqueología y Patrimonio Histórico de la Universidad
de Alicante –INAPH–. Petracos también pretende ser una herramienta
para favorecer la transparencia y eficacia de la investigación arqueológica
desarrollada, transfiriendo a la sociedad el conocimiento generado con
la mayor rigurosidad posible. Esta serie asegura la calidad de los estudios
publicados mediante un riguroso proceso de revisión de los manuscritos
remitidos y el aval de informes externos de especialistas relacionados con
la materia, aunque no se identifica necesariamente con el contenido de los
trabajos publicados.

Dirección:
Lorenzo Abad Casal
Mauro S. Hernández Pérez

Consejo de redacción:
Lorenzo Abad Casal
Mauro S. Hernández Pérez
Sonia Gutiérrez Lloret
Francisco Javier Jover Maestre, secretario
Jaime Molina Vidal
Alberto J. Lorrio Alvarado

© del texto e imágenes: los autores

Edita: Instituto Universitario de Investigación en Arqueología y Patrimonio


Histórico (INAPH)

Coordinadores:
Lamia Ben Abid (Université de Manouba)
Fernando Prados (Universidad de Alicante)
Mohamed Grira (Université de Manouba)

Fotografías de portada:
Capitolio de Dougga, arco de Berà, mausoleo de Dougga y teatro de
Cartagena. Imágenes cedidas por F. Prados, J. Ruiz de Arbulo y J. M. Noguera.

Maquetación: José Javier Martínez García


Imprime: Byprint percom S.L.
Impreso en España

ISBN: 978-84-1302-104-1
Depósito legal: A 43-2021
Index / Índice
9 Prólogo

19 Introduction/Introducción

27 I. Architecture autochtone et punique


29 Helena Jiménez, Fernando Prados, Sonia Carbonell, Octavio Torres y José
Javier Martínez: ¿Arquitectura púnica o arquitecturas púnicas?. Hacia una
redefinición desde una arqueología empírica
61 Imed Ben Jerbania; José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer
Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo, Victoria Peña Romo, Kaouther
Jendoubi, Walid Khalfalli: Architecture Phénico-punique dans le secteur des
temples à Utique
91 José Miguel Noguera Celdrán: Carthago Nova (Cartagena): ethnie punique et
contacts nord-africains d’une métropole méditerranéenne
123 Andrés María Adroher Auroux y Manuel Abelleira Durán: Entre tierra y
piedra. Falsas dicotomías en la arquitectura protohistórica del sur de la Península
Ibérica
181 Haythem Abidi: L’architecture funéraire autochtone de la région de Téboursouk:
aperçu sur l’ensemble funéraire de Dougga (Thugga)

195 II. Bâtir à l'époque romaine. Matériaux et téchniques de


construction et de décoration
197 Mondher Brahmi: Observations sur les carrières et l’extraction de la pierre dans
le Sud-ouest de la Byzacène
215 Nizar Ben Slimène: Repères de chantiers antiques sur le site d’Oudhna (Tunisie)
225 Yvan Maligorne: Entre compétition monumentale et respect de normes: la
contribution du décor architectonique à l’image urbaine de Dougga à l’époque
impériale
251 Nesrine Nasr: A propos de stucs à thèmes figurés provenant de Dougga (Thugga)
Índice

263 III. Formes architecturales


265 Mohamed Ben Nejma: Le mausolée du Henchir El Ksar, (Region de Haïdra,
Les Hautes Steppes Tunisiennes)
295 Rached Hamdi: Architecture et décor architectonique du grand temple de
Thysdrus
321 Joaquín Ruiz de Arbulo: Tarraco. Arquitectura pública y sociedad. Siete siglos
de historia romana (II a.C.- V d.C.)
367 Mohamed Grira, Noômène Fehri, Slim Badri, Ines Ben Abdallah:
Franchissement des cours d’eau dans l’Antiquité : le pont de l’oued Jilf à la
Hauteur d’Agger (Hr el-Khima / Sidi Amara, Environs d’Oueslatia)
393 Boutheina Ben Baaziz: Le pont nord d’Uthina. Étude archéologique et
architecturale
415 Samira Sehili: Bâtir dans le monde rural : Les complexes agricoles en Afrique
antique
445 Samir Aounallah, Véronique Brouquier-Reddé, Haythem Abidi, Hamden
Ben Romdhane, Ali Chérif, Pauline Cuzel: Topographie, architecture et
épigraphie cultuelle de Dougga (Afrique proconsulaire)
485 Lamia Ben Abid: L’édicule religieux en Afrique romaine d’après les données
épigraphiques
503 Mohamed Riadh Hamrouni, Nizar Ben Slimène: Corporations et macellum
dans une nouvelle inscription d’Vthina
525 Moheddine Chaouali: La restauration du temple de Silvain à Alma (Henchir el
Hkima) dans la pertica Carthaginensium (d’après une nouvelle dédicace)
535 Sonia Gutiérrez Lloret, Julia Sarabia-Bautista: El arte de construir durante la
Antigüedad Tardía en Hispania: expolio, reutilización y nuevas construcciones.
Los casos de Ilici y Eio
Architecture Phénico-punique dans le
secteur des temples à Utique

IMED BEN JERBANIA*, JOSÉ LUIS LÓPEZ CASTRO**, AHMED FERJAOUI*,


EDUARDO FERRER ALBELDA***, CARMEN ANA PARDO BARRIONUEVO**,
VICTORIA PEÑA ROMO****, KAOUTHER JENDOUBI*, WALID KHALFALLI*
*Institut National du Patrimoine (Tunis), **Universidad de Almería,
***Universidad de Sevilla, ****Universidad Complutense

1. Introduction
Il y a maintenant dix ans, l’équipe tuniso-espagnole (INP-CEFYP et l’Université
d’Alméria) a débuté un programme de recheche à Utique1, dont le principal objecif
est l’identification du noyau archaïque et l’étude de son evolution aux époques
phénicienne et punique. En effet, si l’on croit les sources littéraires antiques, Utique
aurait été fondée à l’extrême fin du XIIe siècle av. J.-C., presque trois cents ans avant
Carthage (Pseudo-Aristote, De mirabilibus auscultationibus, 134; Velleius Paterculus,
L’Histoire romaine, I.2.3 et Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, XVI.40.216). Elle a
consituté l’un des centres commerciaux et politiques de la première phase d’expansion
phénicienne en Occident. La consolidation de ce phénomène d’expansion au cours
du IXe siècle av. J.-C. a abouti à une installation permanente des groupes levantins
dans plusieurs sites, soit à proximité des Autochtones soit ex-nihilo (Aubet 2008)2.
Le choix a été essentiellement porté sur les îles, les promontoires et les sites auprès
1 Ce travail est un résultat du projet HAR2017-53350-P El sector Norte de Utica fenicio-púnica (Túnez):
Espacios sagrados, morfología urbana y puerto de comercio (siglos IX a.C.-I d.C.) financé par le Ministère des
Sciences et de l’Innovation espagnol. Les campagnes de fouilles ont été financées par le Ministère de la
Culture espagnol et par la Fondation Palarq.
2 Selon cet auteur, il s’agit d’un processus qui a consisté en un premier horizon de prospection et d’exploitation
de ressources minières de la zone atlantique durant la première moitié du IXe siècle av. J.-C., suivi par la
fondation des établissements permanents à partir du dernier quart du même sicèle.

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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

des embouchures des vallées afin d’établir des ports et garder le contact avec la
mer et l’hinterland (Niemeyer, 2006: 100; Aubet 2006: 94 et Hodos 2009: 229).
Bien que de nos jour Utique se trouve à 12 km de la mer, donnant sur une étendue
plaine alluviale, elle était aux époque phénicienne, punique et romaine, un site
côtier dominant un large golf marin dénommé Sinus Uticensis (Fig. 1). Ce choix de
l’emplacement ne peut résulter que d’une connaissance de la situation topographique
et dénote que l’un des objecfis majeurs de cette installation phénicienne est de
disposer d’une situation stratégique sur les voies de communication navales et
terrestres et de garantir l’accès à un arrière-pays immédiat. En tenant compte de
tous ces éléments, et sur la base de ce que nous connaisson du mode d’implantation
traditionnel des sites phéniciens, nous avons décidé de concentrer nos recherches
sur le rebord nord de la proéminence, autrefois appelée “l’île” (Gsell 1913: 369;
Cintas 1951: 12), à quelques mètres au sud de la zone de marécage3.

Figure 1. Situation d’Utique avec l’ancienne ligne du littoral.

Le secteur des temples (Fig. 2), objet de cette étude, le plus au nord des sondages
fouillés, se trouve au pied de la colline du promontoire et à proximité de la ligne
3 L’image que donnent ces auteurs modernes, comme St. Gsell et P. Cintas, d’une Utique coupée par une
dépression en une île abritant les premiers vestiges de la cité et une terre ferme n’est plus admise. Cette
dépression correspond à une grande avenue romaine (Lézine, 1968) et elle ne résulte en aucun cas d’un
bras d’eau (Delile et al. 2015 : 303).

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Imed Ben Jerbania, José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo,
Victoria Peña Romo, Kaouther Jendoubi, Walid Khalfalli

théorique du rivage antique4. Outre sa localisation près du rebord du site, le choix


de cet emplacement est également lié, d’une part, à la presence d’une construction
imposantes, dont plusieurs blocs ont été arrachés par une pelle mécanique lors
d’une fouille clandestine des années 2000, et d’autre part, à l’existence d’une
source ancienne d’eau thermale que l’on continue à exploiter non seulement pour
l’irrigation des champs, mais aussi pour ses valeurs thérapeutiques. Si ce secteur se
trouve aujourd’hui au bord de la plaine detail qui résulte du comblement alluvival,
il était dans l’Antiquité sur le rivage de la baie, dans un endroit vraisemblablement
favorable pour arbiter les structures portuaires. En effet, les résultats des dernières
études sur le développement de la plaine deltaique de la Mejerda ont montré que
l’ancrage était possible dans la baie abritée, et le mouillage des bateaux pouvait
être envisagé sur la face nord du promontoire d’Utique jusqu’au IVe siècle ap. J.-C.
lorsque la vallée de Mejerda a commencé à déposer beaucoup de sédiments qui ont,
trois siècle après, isolé définitivement le site de la mer (Pleuger et al. 2019b)5.

Figure 2. Plan des fouilles tuniso-espagnoles 2012-2018.

4 Trois aires sur le rebord nord du site près de la zone du marécage ont fait l’objet de fouilles. La première, qui
nous concerne ici, correspond au secteur des temples situé au nord-est de l’aire urbaine (sondages 10, 13 et
14). Enfin, sur le rebord nord-ouest nous avons implanté les sondage 20 et 21.
5 Cet isolement de la cité d’Utique de la mer est lié à un changement dans le débit d’eau et dans les dépositions
des sédiments générées par des facteurs climatiques auxquels nous pouvons ajouter aussi des facteurs
anthropiques: (Delile et al. 2015; Pleuger et al. 2019a: 276)

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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

Du point de vue topographie, il est expédient de souligner qu’à l’instar de toute


la proéminence du promontoire, ce secteur a souffert du phénomène répétitif du
nivellement dû aux exigences imposées par la nature de l’urbanisme romain, mais
aussi à l’exploitation intensive du site à l’époque moderne. Les fouilles dévastatrices
du XIXe et de la première moitié du XXe s. de notre ère, accompagnées à la fois
par d’énormes opérations d’arasement du terrain pour l’exploitation agricole, ainsi
que la spoliation des murs des monuments pour la réutilisation de la pierre, ont
causé un bouleversement des niveaux archéologiques et une modification de la
topographie d’alors6. La fouille dans ce secteur du temple a démontré l’intense
occupation du terrain et les réaméngements urbanistiques successifs qui ont
engendré une démolition constante des structures et une réutilisation des matériaux
de construction, suivies d’une implantation d’un bâtiment tardo-républicain, puis la
construction d’une grande citerne romaine, d’une noria médiévale et enfin d’une
structure voûtée moderne. En outre, dans la partie sud du secteur à l’endroit où une
voie ferrée a été aménagée à l’époque moderne en vue de l’exploitation agricole, les
couches supérieures et les structures antiques, comme les citernes et les murs, ont
été décapitées à tel point que le sol naturel affleure par endroits. Ce sol descend
rapidement du côté nord où il fut coupé pour l’édification des murs des temples
(Ferrer Albelda et al. 2020).

Figure 3. Fouille 2012. Sondages 11 et 12.

6 Comme l’a déjà noté S. Lancel, « Utique est un site en grande partie massacré » pour avoir fait l’objet des
excavations anarchiques (Lancel 1992: 31).

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Imed Ben Jerbania, José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo,
Victoria Peña Romo, Kaouther Jendoubi, Walid Khalfalli

2. Le Premier bâtiment
Les travaux que nous avons entamés en 2012 ont démontré dès le début l’aspect
imposant des structures qui ne pourraient apparaitre que dans les bâtiments à
caractère public. L’endroit pillé lors de la fouille clansdestine, désormais appelé
sondage 12, a fait l’objet d’un nettoyage en vue de dégager l’espace au pied des
murs de l’ancien bâtiment où plusieurs blocs ont été entassés. Un second sondage
dénommé sondage 11 a été implanté au sud de cette construction monumentale
afin d’étudier la stratigraphie en place (Fig. 3). Cette sequence stratigraphique
montre que dans les parties sud et ouest, certaines structures, largement altérées,
sont construites directement sur la roche mère qui affleure en surface. En revanche,
le terrain présente du côté nord une dénivellation de presque 3,50 m, et des grands
murs en blocs sont alors adossés au sol naturel pour soutenir ces constructions et
supporter les élévations.

2.1. Les composantes architecturales conservées


Le premier bâtiment est partiellement visible dans le sondage 12 à travers ses
deux murs (12005) et (12006) orientés nord-sud et est-ouest, unis tous les deux en
un angle droit. Il s’agit d’une orientation différente de celle nord-ouest/sud-est des
blocs de la plateforme (12002) de la seconde phase. Ces murs sont édifiés sur le sol
naturel selon la technique d’appareil rectangulaires isodomes et présentent quatre
assises d’une hauteur de 2 m. Les bords inférieurs et supérieurs des blocs des deux
dernières assises sont taillés pour recevoir neuf trous quadrangulaires placés à un
intervalle régulier. Il s’agit, à titre hypothétique, des trous destinés à soutenir une
couverture ou toiture d’une chambre située à l’intérieur de ce premier monument,
dont les limites sud et ouest sont respectivement les murs (12006) et (12005),
alors que celles nord et est demeurent inconnues vu la destruction du monument
de la première phase et le remaniement qu’à connu l’espace durant les périodes
ultérieures. (Fig. 4 et 9).
Il parait donc que ces murs en blocs (12005-12006) liés au premier édifice ont
probablement constitué le mur de podium adossé au sol naturel, qu’il a donc fallu
le soutenir par le biais d’une plateforme solide afin de supporter les imposantes
structures d’élévation. Leur dénivellation par rapport aux structures supérieures
attestées au sud indique qu’il s’agit apparemment d’une chambre occupant un étage
inférieur d’une construction en terrasse.
Quoi qu’il en soit, cette technique de podia trouve des parallèles en Orient,
notamment dans le temple d’Eshmun à Sidon, dont la date de construction,
suggérée par les exvotos, remonte à la première moitié du VIe siècle av. J.-C. (Stucky
y Mathys 2000: 130). Ici, le flanc sud de la vallée de Nahr-el Awali est soutenu par
un podium à quatre parois inclinées et érigées en blocs simplement superposés, dont
un seul angle a survécu à l’écroulement, d’où l’édification d’un second podium aussi
monumental pour soutenir une haute terrasse (Dunand 1973: 12; Stucky y Mathys

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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

2000: 124, 128-129; Stucky 2002: 69). Ce procédé architectonique dispose d’un
précédent dans le palais royal de Samarie construit au IXe siècle av. J.-C. avec un
système complexe de soutènement des flancs de pentes par des murs en pierres et
en blocs (Dunand 1973: 1; Reisner, Fisher y Lyon 1924: 93-94, 97, 99, 102-103, Pl.
7-9).

Figure 4. Plan des restes du Prémier temple.

À ce premier édifice appartiennent également les structures révélées par la fouille


dans l’espace occupant le niveau supérieur situé dans le sondage 11. Ces structures
présentent la même orientation des murs déjà mentionnés (Fig. 4).
Il s’agit d’abord de deux fosses perpendiculaires l’une à l’autre, avec une
orientation nord-sud pour la première (11022), et est-ouest pour la seconde
(11021). Elles sont larges de 0,74 m et pourraient résulter de la spoliation de deux
murs, qui devraient à l’origine former un angle droit. Sur le même alignement de l’une
de ces fosses figure ensuite un morceau de pavement d’une structure hydraulique,
construit avec de la chaux et de la céramique concassée et conservé uniquement
sur un espace réduit de 2,11 m x 1,18 m. Puis, à l’extrémité est de la fosse (11021),
apparait en partie une structure en pierres de taille moyenne (11019) de forme
quadrangulaire. Ses dimensions conservées sont de 1,10m x 1,10 et semble avoir
joué le rôle d’une base pour une structure disparue (Fig. 4). Malheureusement, la
présence d’un mur appartenant au second temple nous a empêché de poursuivre
la fouille afin de délimiter cette structure et de lui attribuer une fonction précise.

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Imed Ben Jerbania, José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo,
Victoria Peña Romo, Kaouther Jendoubi, Walid Khalfalli

Mais cela ne nous prévient pas de faire le rapprochement avec d’autres structures
similaires attestées surtout à Motyé. La première, interprétée comme un autel, se
trouve dans une cella du temple C5 du Kohton, et remonte à la phase archaïque
située entre le milieu VIIIe siècle et le milieu du VIe siècle av. J.-C. (Nigro 2015: 186,
fig. 6). La deuxième structure en pierre apparait au cours de la phase 2 du VIIe-VIe
siècles av. J.-C. du temple dit “Cappiddazzu” (Nigro et Spagnoli 2004; Nigro 2009:
244-245, fig. 3). Elle a été considérée comme une plateforme pour un culte. Outre
ces deux éléments, citerne, structure en pierres, figure une troisième structure
cultuelle en rapport avec l’eau.
Il s’agit d’un puits de plan quadrangulaire avec une largeur de 1,5 m. Il est
construit dans ses quatre côtés par des dalles superposées, dont les dimensions
de chacune sont 0,74 x 0,24 x 0,33m. Son ouverture est large de 0,63m, alors que
sa profondeur atteint 4,10m. Quant à ces dalles, elles sont pourvues d’encoches à
l’intérieur pour faciliter la descente. Dès le premier moment de sa découverte, ce
puits apparait clôturé par des pierres. Cette clôture, qui pourrait être interprétée
comme pratique cultuelle de fermeture de puits, marque l’abandon du premier
bâtiment et annonce la seconde phase avec l’édification de la plateforme du second
temple que l’on situe au IVe siècle. av. J.-C. (Fig. 5).

Figure 5. Puits du premier temple.

Les parallèles à ce puits dans les différents sites phéniciens sont nombreux et
apparaissent dans les contextes domestiques et religieux. C’est le cas à titre d’exemple
à Carthage où un puits profond de 5,5 m datée de 760-740 av. J.- C. fut découvert

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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

au cours des fouilles allemandes sous le decumanus X (Niemeyer et al. 2007: 62-65,
Abb. 13, 64, 66). À Motyé, parmi les puits de différentes formes mis au jour, nous
rencontrons celui à caractère sacré de forme quadrangulaire, associé au temple du
Kothon (Nigro et Spagnoli 2012: fig. 10; Nigro 2015: 86-88, fig. 5). Son usage est
situé au moins pendant le VIIe sicèle av. J.-C., alors que sa construction pourrait
remonter au siècle précédent. Au cours d’une phase postérieure, située entre 550 et
470, son ouverture fut reconstruite à l’aide de dalles parallélépipédiques de 0,46 x
0,23 x 0,75 m.

2.2. Chronologie et fonction


La datation de ce premier bâtiment se fonde sur la céramique issue de
différentes strates anthropiques situées directement sur le substrat géologique et
préparent donc l’édification du monument. Tel est le cas de l’unité stratigraphique
(11020) qui correspond à un nivellement sur le sol naturel en vue de construire la
citerne (11018). De cette couche proviennent des tessons tournés à engobe rouge
qui trouvent des parallèles à Carthage dans les niveaux du VIIIe et du VIIe siècles
av. J.-C. C’est l’exemple du bol de type 4.1 Vegas (fig. 6, UT/12 11020.1) (Vegas
1999: 143, Abb 32) ou du plat à bord étroit, doté d’une bande peinte que l’on classe
dans le type P1 de Peserico de la fouille de Hambourg sous le decumanus X (fig. 6,
UT/13 11085.4) (Peserico 2007: 272, Abb 108 surtout 1600 et 1606). Outre cette
céramique tournée, nous rencontrons des fragments modelés appartenant à des
plats imitant les modèles phéniciens (fig. 6, UT/13 11085.3 et UT/13 11085.1).
À Carthage des formes semblables sont attestées dans les contextes de la première
moitié du VIIe siècle av. J.-C. (Mansel 2007: 437, Abb 231, 2716; Abb 230, 2713).
Ce matériel céramique est plus abondant dans le niveau anthropique le plus
ancien, (11114), situé à la base de ce premier édifice et sous un remplissage fait en
moellons pour colmater l’espace entre les murs les plus profonds de ce monument
et le mur périmetral (12009) de la seconde phase. Partiellement fouillée à travers un
nettoyage du profil, cette couche a livré un matériel varié comportant des amphores,
de la céramique à engobe rouge, de la céramique commune et quelques fragments
autochtones. Les bords ou les anses d’amphores sont classés dans les types T.2.1.1.1
ou T.2.1.1.2 Ramon (Ramon, 1995: 177-179, 180-182) (fig. 6, UT/15 11382.53 et
UT/15 11382.13). Les formes en red slip appartiennent surtout à des bols à bord
triangulaire de type 4.1 Vegas, des bols carénés de type 4.2 Vegas (fig. 6, UT/15
11382.15 et UT/15 11382.38) et des plats de type 1.2 et 3.1Vegas (fig. 6, UT/15
11382.39 et UT/15 11382.14) (Vegas 1999: 143, Abb. 32; 144, Abb. 33; 136, Abb 26
et140, Abb 29). Quant à la céramique commune, elle est représentée à titre d’exemple
par le tesson de base d’une amphorette de type B.1 et B.2 Peserico (Peserico2007:
338, Abb. 156 nº 2025) (fig. 6, UT/15 11382.2) et d’un bord de lécythe proche
de type 37 Vegas (fig. 6, UT/15 11382-12), tous les deux situés au cours du VIIe
siècle. av. J.-C. Nous pouvons également signaler la présence d’un bord appartenant

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Imed Ben Jerbania, José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo,
Victoria Peña Romo, Kaouther Jendoubi, Walid Khalfalli

fort probablement à un alabastron (fig. 6, UT/15 11382-40), dont des parallèles


se trouvent à Carthage (Peserico 2007: 345, Abb. 164) et un plat sans décoration
que nous pouvons rapprocher du type 3.3 Vegas (Vegas 1999: 142, Abb.31) (fig.
6, UT/15 11382-6). Quant à la poterie modelée, elle est représentée par la paroi
d’un vase fermé, peut-être à profil sinueux, que l’on rencontre fréquemment dans les
niveaux archaïques uticéens (fig. 6, UT/15 11382-49).

Figure 6. Contextes céramiques pour la datation du premier temple: A. US 11020. B US 11114.

Quoi qu’il en soit, il est clair que ce matériel céramique des niveaux les plus
anciens est un matériel homogène qui nous autorise à avancer la date de seconde
moitié du VIIe siècle av. J.-C comme post quem pour l’édification de ce premier
bâtiment.
Il s’agit donc d’un édifice qui a fonctionné pendant environ deux siècles et demi
avant de subir un réaménagement au cours du IVe siècle av. J.-C. En raison de sa
technique architecturale, de sa situation topographique et de sa présence à proximité

69
Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

d’une source thermale, qui devrait revêtir un caractère sacré, ainsi que de l’existence
des installations hydrauliques, ce monument de la première phase pourrait être
considéré comme un temple. En effet, tant à l’Orient qu’à l’Occident, il existe un lien
étroit entre les espaces cultuels et l’eau. Ce dernier élément est indispensable pour
exercer les rituels de purification et libation. Ainsi, les installations hydrauliques
sont habituellement attestées à l’intérieur ou dans l’enceinte des bâtiments religieux
(Groenewoud 2001: 148-151; Usai 2010; Spagnoli 2014). En plus, la présence
des sources d’eau à proximité des sanctuaires a été maintes fois signalée, comme
le montrent les exemples orientaux de Sidon avec Nahar al-Awali et Bostan esh-
Sheikh (Dunand, 1973; Stucky et Mathys 2000; Oggiano et Pedrazzi 2013: 63-66.)
d’Arwad avec Amrit et la source de Naba’ el- Tell (Oggiano 2012), ou occidentaux à
travers l’exemple de Motyé et son temple du Kothon (Nigro 2009).
En outre, cette hyptohèse d’un ancien temple semble être étayée par le peu
des éléments architectoniques que nous avons récuperé et rassemblé après qu’ils
ont malheureusement fait l’objet de pillage par les fouilleurs clandestins. C’est le
cas surtout d’un élément appartenant à l’entablement du premier édifice et qui fut
réutilisé pour l’édification du podium du second temple. Cet élément n’est que la
partie inférieure d’une éventuelle gorge égyptienne, dont la moitié supérieure
correspendant à la courbure de la gorge a malheureusement disparu. Sur ce
bandeau conservé figure encore un morceau irrégulier du tore, qui semblerait de
section semi-circulaire. Sa largeur se situerait aux environs de 0,15m. À la base de
ce bandeau se trouve un graffit montrant la lettre aleph, qui pourrait être considéré
comme une marque de chantier faite par l’artisan (López Castro et al. 2016: 273,
lám. 3: UT12-120001-15). En tout état de cause, il est notable de souligner qu’a
l’origine, ce bandeau conservé consitue le bloc inférieur qui devrait être posé
sous la partie supérieure de la gorge. Cet élément à double blocs rappelle d’autre
exemplaires attestés à d’Utique (Lézine 1962: 97, fig. 52 ; Ben Nejma 2011: 190,
fig. 14) et se distingue de plusieurs autres gorges égyptiennes de Tunisie faites en
un seul bloc doté d’un tore à section circulaire (Lezine 1960: 97, n 4, fig. 51, 97-
100; Prados 2008: 217-219). Quoi qu’il en soit, la gorge égyptienne constitue un
élément récurrent dans l’architecture phénicienne et carthaginoise (Lezine 1960:
97-100), où elle est connue depuis le VIIIe siècle av. J.-C., alors qu’elle devienne plus
répandue en Occident à partir du VIe siècle av. J.-C. (Prados, 2008: 218-219). Par
son appartenance au programme architecutral du premier temple d’Utique, notre
exemplaire pourrait avoir une datation située entre le VIIe et la première moitié du
IVe siècle av. J.-C.

3. Le temple du IVe siècle av. J.-C.


Bien qu’il soit plus récent et conçu selon un nouveau programme architectural
et peut-être même cultuel, ce second temple semble être dédié à la même divinité,

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vu la pérennité de son emplacement à proximité de la source d’eau thermale et sa


construction, en partie, avec un réemploi du bâtiment ancien.

Figure 7. Bloc de pierre de la partie inférieure d’une gorge egyptienne avec restes du tore.

Figure 8. Le podium du deuxième temple sur les murs du premier temple..

Toutefois, sur ce second édifice nous disposons de plus d’informations relatives


à sa planimétrie, sa technique de construction et ses éléments architectoniques. En
effet, au cours de cette nouvelle étape, on assiste à une transformation de l’espace
pour l’édification d’un monument plus imposant avec une nouvelle orientation
nord-est/sud-ouest. Ainsi, les premières structures de l’ancien bâtiment ont été
détruites ou abandonnées afin d’installer une nouvelle plateforme (12002) (Fig.
8). Une opération de nivellement a touché aussi l’espace sud-ouest, où figurent

71
Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

les installations hydrauliques. D’où la citerne (11018) a été colmatée par diverses
couches de sédiments. Quant au puits (11024), sa clôture par des dalles de pierres
pourrait être contemporaine à la spoliation des murs matérialisés par les fosses
(11021) et (11022) (Fig. 4). Toutes ces actions remontent, comme on va le voir
par la suite, au milieu du IVe siècle av. J.-C.
Pour édifier ce nouveau bâtiment selon une nouvelle orientation nord-est/sud-
ouest, certaines pierres du premier podium ont été démantelées puis ajustées, et les
nouveaux murs construits, fut emboités dans ceux du temple ancien afin de donner
plus de solidité à la nouvelle plateforme. Ainsi, sur le côté sud-est le mur (12010)
du second podium est édifié en plusieurs assises faites en blocs, dont l’hauteur de
chacun est de 0,50 m, alors que la longueur oscille entre 0,94 m et 1,07 m et la
largeur varie de 0,61 à 0,78 m. Un second mur (12009) du côté nord fut érigé depuis
le sol naturel et encastré dans le mur de l’ancien temple. Ce mur endommagé par la
pelle mécanique, avait à l’origine une longueur de 4,22 m et une largeur de 1,03 m.
(Fig. 9). Une fois ces dernière structures sont installées, l’espace autrefois occupé
par l’éventuelle chambre fut comblé par des blocs, dont certains ont été ajustés afin
de corriger l’orientation du nouveau podium (12002). Ce dernier est construit
avec des blocs liés par des mortaises en double queue d’aronde. Certains blocs
comportent un enduit stuqué et semblent par conséquent issus du démantèlement
du premier podium de l’ancienne phase.

Figure 9. Superposition des podía des deux temples.

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3.1. Le plan du deuxième temple


Le périmètre du bâtiment est défini par les murs (11156) et (11004) sur les
petits côtés du nord-ouest et sud-est, ainsi que par les murs (11184) et (11097) sur
les grands côtés est et oust. Ainsi, ce deuxième temple a des dimensions d’environ
27 x 6 mètres, soit environ 54 x 12 coudes de 0,50m, dans une proportion de 4,5:
1 entre la longueur et la largeur (Fig. 10). Son plant a été complètement modifié
dans la partie nord par la construction d’une citerne romaine, et plus tard par une
construction contemporaine dotée d’un plafond voûté (15009), destinée à l’origine
à abriter un moteur pour l’extraction d’eau de la source pour l’irrigation. La partie sud
a également été détruite par la construction d’un escalier monumental à l’ époque
républicaine (11043) qui traversait partiellement le temple en diagonale (Fig. 11).
Cependant, les données disponibles permettent de proposer une restitution de son
plan.

Figure 10. Plan du deuxième temple.

Sur le périmètre nord-est, une grande structure de fondation a été mise en


place. Il s’agit du mur (11148) constitué d’une grande base de blocs disposés en
plusieurs rangées en cordes et croisillons alternés avec de la terre et du remblai de
pierres. Cette imposante structure (11148) permet de supporter le mur d’enceinte
du second temple (11097) édifié en pierre de taille parallèlement au mur de
fermeture du podium (12009). Ces techniques de construction, de blocs équarris
qui s’alternent avec des remblais de terre et de petites pierres irrégulières, sont bien
répandues sur la côte phénicienne tant à l’Âge du Fer qu’à la période hellénistique

73
Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

(Sharon 1987). Ce mur (11097) est formé de blocs disposés en largeur et assemblés
par des mortaises en queue d’aronde, qui seraient à l’origine remplies de plomb (Fig.
13). L’espace entre les deux murs parallèles (11097) et (12009) de 2,35 m, a été
rempli de terre, de chaux et de pierres de taille moyenne (11102).

Figure 11. Construction moderne voûtée édifiée sur la citerne romaine bâtie sur le second temple et les escaliers
romains.

Cette large base en bloc s’étend sur tout le côté nord-est du temple jusqu’au
mur (11156), qui ferme le bâtiment du côté nord (Fig. 14). Ainsi, l’angle nord-est
du bâtiment est clairement défini, comme celui du côté sud-est. Bien que sa partie
supérieure soit pillée, ce mur (11156) conserve dans son angle quatre rangées de
blocs, jusqu’à une profondeur de plus de 3 m. En raison de la montée d’eau de la
nappe phréatique, il n’a pas été possible d’aller plus loin pour chercher ses fondations,
mais nous avons pu en revanche constater que l’espace entre ce mur d’enceinte et
l’escarpement du substrat naturel avait été rempli par des pierres (Fig. 15).
Sur la façade nord-ouest du temple, figure le portique, soutenu par des pilastres
à bases quadrangulaires, qui devance l’espace central divisé en deux chambres (Fig.
10). Conservé uniquement sur le côté ouest, deux paries de blocs utilisés comme
base pour une colonnade (15003 et 15004) reposent à un intervalle régulier de
2,93m sur un remplissage compact de pierres. La présence d’un troisème bloc
(15005) est suggéré par son négatif de spoliation encore visible. Il est tout à fait
possible que le portique ait été symétrique et que des piliers aient également été
placés sur le côté est du temple. (Fig. 16).

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Figure 12. Traces du mur périmétral 11097 du second Figure 13. Mur perimétral nord-ouest 11097 du
temple appuyé sur le mur de fondation 11148. second temple.

Figure 14. Blocs du mur périmétral nord-ouest 11156 du second temple.

75
Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

Figure 15. Le mur 11156 coupé par la cisterne Figure 16. Bases de piliers du portique nord-ouest
romaine et le mur 11184 á l’angle nord-ouest du deuxième temple et détail du pavement d’opus
du deuxième temple. tessellatum.

Ce remplissage de la partie ouest supporte un pavement du portique conservé sur


une surface de 10,58 m et 1,53 m, (15006), plus large que celle du pavement attesté
dans la chambre située dans l’espace intérieure (11112). Il s’agit d’un pavement
en opus tessellatum (15006) (fig. 16), composé de gros granulats, de fragments de
céramique, mais aussi de tesselles rhomboïdales de calcaire et de marbre disposées
d’une manière régulière, et dont certaines sont gravées de motifs iconographiques
sur lesquelles nous reviendrons. Ce pavement uticéen a des parallèles documentés
dans les maisons de Kerkoune (Fantar 1984: 504) ou du quartier Magon à Carthage
daté du Ve s. av. J.-C. (Rakob 1999: 22, n. 32).
Concernant le pavement du côté est (11112), il comporte trois phases
superposées de rénovation. La première correspond à un revêtement en mortier de
chaux aux caractéristiques similaires à celles du revêtement (11028); sa construction
a été datée du milieu du IVe siècle avant J.-C. sur la base du matériel issu de la couche
d’égalisation (11102) sur laquelle il repose. Dans la deuxième phase, le sol a été
recouvert du même opus tessellatum (15006). Au cours de la dernière étape située
probablement à l’époque républicaine, la surface pavée fut agrandie vers le nord
pour recouvrir le mur d’enceinte (11097).

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Pour poursuivre cette description du plan, nous notons que les chambres siutées
au sud du portique ont été édifiées sur le podium décrit ci-dissus, sur lequel pose une
plateforme de grande pierres de tailles (12002). La stabilité de cette structure était
assurée par des assemblages de plomb, ou des agrafes sur des encoches en queue
d’aronde, deux sur les côtés longs et une sur les côtés courts (Figs. 9-10). La chambre
la plus au nord, dont on peut estimer la superficie à 54 m2, s’ouvrirait sur le portique
et abriterait un éventuel bassin rituel (11133), approximativement quadrangulaire,
en opus signinum hydraulique. Actuellement, elle est presque détruite, mais les traces
du revêtement intérieur d’opus signinum ont été partiellement conservés, ce qui
nous permet de calculer les dimensions de cette structure de 3,57 x 3,02 m, soit
environ 7 x 6 coudes, qui atteindrait une surface de 10,78 m2 (Fig. 10)
Cette salle est séparée d’une autre attestée plus au sud, par le mur de pierres
de taille (11035), disposé à angle droit avec le mur (11139). Ces deux murs ont
été construits sur le substrat géologique et délimitent la pièce la plus méridionale,
dont la superficie, calculée à partir des deux murs conservés et de leurs extensions
hypothétiques, serait d’environ 15 m2. Le sol était constitué d’un pavement
hydraulique, (11029), fait de terre et de chaux, et d’enduit sur sa surface. Partiellement
conservé, ce pavement pose sur un rudus d’environ 0,11m d’épaisseur, lui-même
soutenu par une couche de nivellement, (11028).
À l’ouest de cette pièce, et perpendiculairement au mur (11139), se trouve le
mur (11004), également construit en pierres de taille et partiellement recouvert
par le pavement (11029). Cela constituerait une troisième pièce méridionale, pavée
de mortier de chaux (11033), délimitée au sud-est par le mur 11008, et dont la
superficie atteint 3,90 m2. Cette pièce serait excentrée par rapport au corps principal
du temple, auquel elle serait rattachée.

4. La chronologie du Deuxième Temple


Le matériel céramique issu des différentes unités stratigraphiques permet
d’avancer un terminus post quem pour la construction du deuxième temple. En
premier lieu, nous avons l’unité stratigraphique (11023) qui a fermé le puits (11024)
du premier temple, ainsi que les unités (11028) et (11102), qui sont scellées par les
pavements du second temple. Les céramiques de la strate (11023) consistent en un
plat à poisson à venis noir (Fig. 17a), daté du IVe siècle av. J.-C. (Sparkes et Talcott
1970: 147, fig. 10: 1061 ss.). C’est une forme bien connue à Carthage tout au long de
ce siècle, avec un apogée situé surtout au cours de sa première moitié (Chelbi 1992:
18). Ce fragment de plat uticéen pourrait être attribué au type Morel 1121b, daté
vers le milieu du IVe siècle av. J.-C. ou sa seconde moitié (Morel 1981: 84). Outre le
plat, un fragment du bord d’une coupe de type kantharos en vernis noir (Fig. 17b),
datant du deuxième quart du IVe siècle av. J.-C., a été également enregistré (Sparkes
et Talcott 1970: 113, 119-120, Pl. 28, fig. 7). Enfin, nous signalons la présence d’un
fragment du bord d’une amphore sicilienne de tradition ionienne (Fig. 17b: UT/13

77
Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

11079-1) appartenant au groupe MGS II (Van der Meersch 1994: 56-58), et à la


forme 7 de Gassner (Gassner 2003: 199-200, 210-212), produite dans la région
tyrrhénienne de la Magna Graecia. D’autres parallèles plus proches à ce fragment
uticéen sont les bords des amphores gréco-occidentales de style Chios produites en
397-396 av. J.-C. et exhumées des strates de destruction de Motyé (Nigro et Vecchio
2005: 40, 48-51 382-389, XCVIII: MC.04.902/10; C: MC.04.903/20). Enfin, il est
aussi posible de faire un rapporchement avec d’autres spécimens siciliens datant du
IVe siècle av. J.-C. (Spagnoli 2004: 224, LXXXIV: MD.02.265/7, Nigro et Vecchio
2005: CIV: MC.04.905/21) et carthaginois provenant du contexte 11 daté de la
seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. ou du début du siècle suivant (Vegas 1999,
121-122, fig. 16,27).
En ce qui concerne l’unité stratigraphique (11028), elle a livré des fragments de
mortier (Fig. 17: 11303/1 et 2) de forme Vegas 55 (1999: 120-121, 186, Abb. 15:
25, 93 a) datant des trois derniers quarts du IVe siècle av. J.-C. Toutefois, cette strate
renferme des formes antérieures à la construction du deuxième temple provenant
de la destruction partielle de l’ancienne unité stratigraphique (11103). Il s’agit d’un
fragment d’amphore sarde (Fig. 17b: UT/14 11303-5), avec un bord et un col
engobés en rouge, présente dans les contextes carthaginois de la seconde moitié
du VIIIe siècle et au cours du VIIe siècle av. J.-C. (Docter 2007: 637-638, Abb. 346:
5382). Nous citons aussi le fragment d’un bord modelé probablement d’un vase à
profil sinueux (Fig. 17b: UT/14 11303-9) et le bord d’un pot à panse spéhrique de
forme Vegas 59 (fig. 17, UT/14 11303.10).
Enfin, dans l’unité stratigraphique (11102), nous rencontrons un fragment de
bol à vernis de type outurned rim (Fig. 17c: UT/14 11335/1), recurrent dans les
contexts du IVe siècle av. J.-C. (Sparkes et Talcott 1970: 128-129, Pl. 32, fig. 7). Une
variante proche de l’exemple uticéen, a été datée à Lattes dans les trois derniers
quarts du IVe siècle av. J.-C. (Py, Adroher et Sanchez 2001: 381).
À l’instar de la strate précédente, cette couche renferme un ensemble de
céramiques résiduelles. C’est le cas d’un fragment de bol avec engobe rouge à
l’intérieur (Fig. 17c: UT/14 11335-7), ou du bord engobé appartenant à un plat (Fig.
17c: UT/14 11335-6), ainsi que des fragments de cruche (Fig. 17c: UT/14 11335-
4) et d’urne (Fig. 17c: UT/13 11355-2) présents dans les contextes carthaginois du
VIIe siècle av. J.-C. (Bechtold 2007: 345, no. 2061 et 2062, Abb. 164).
Les formes archaïques résiduelles seraient contemporaines de l’édification
et de l’utilisation du premier temple, et leur appariton ici témoignent des travaux
de nivellement et de fondation du deuxième temple. Typologiquement, ils sont
clairement séparés du groupe très homogène des céramiques du IVe siècle av. J.-C.,
qui daterait la construction du nouveau bâtiment monumental vers le milieu de ce
siècle. Quant à la destruction du temple, elle a eu lieu vers la fin du IIe siècle av. J.-C.
ou au début du Ier siècle av. J.-C. lors de la construction des escaliers monumentaux à

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l’occasion d’une restructuration urbaine du secteur (López Castro et al. 2016: 277).
Ainsi, ce second temple a fonctionné pendant presque trois siècle.

Figure 17. Contextes céramiques pour la datation du deuxième temple. A. US 11023. B US 11028. C US 11102.

79
Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

5. Modèles architecturaux orientaux


Parmi les sanctuaires qui présentent des similitudes importantes tant dans les
techniques de construction que dans l’agencement des espaces, et qui pourraient
être considérés comme un modèle pour le seond temple d’Utique, nous citons celui
découvert dans la zone sud-est de l’ancienne île de Tyr, connue sous le nom de “ville
maritime”.
Il s’agit d’un bâtiment monumental initialement fouillé par Chehab en 1975,
qui a mis au jour un mur avec une gorge égyptienne de la période perse (Chehab
1983: 170-171). Récemment, entre 2008 et 2011, les nouvelles fouilles effectuées
dans ce monument ont permis de documenter une zone sacrée délimitée par un
temenos, qui présente plusieurs phases de construction et diverses installations, dont
des autels, des canalisations et un four. Le complexe a été daté de la période perse
(Ve-IVe siècles av. J.-C.), et des parallèles ont été établis avec d’autres sanctuaires
mentionnés ci-dessus, comme celui d’Eshmun à Sidon et celui d’Amrit (Badre 2015:
80, 2016).
Le plan du sanctuaire tyrien est rectangulaire, très allongé et divisé en deux
ou trois espaces, selon la phase de construction, comme c’est le cas du deuxième
temple à Utique. Du point de vue technique de construction, le temple tyrien
montre l’utilisation de grandes pierres de taille en grès sur les murs et une grande
base de blocs disposés sur des cordes et de croisillons comme plancher d’une des
salles, à l’instar de la plateforme des deux chambres dans la partie sud du temple
d’Utique. De même, l’édifice tyrien présente une chronologie qui permet d’établir
un rapprochement évident avec les grands complexes sacrés phéniciens de la
période perse, comme cela a été également souligné pour les temples de Motyé
(Nigro 2015) ou de Cagliari (Mingazzini 1949, 1950-1951a; 1950-1951b).
À Utique comme à Cagliari, la forte pente des sites a nécessité de grands travaux
de terrassement pour la mise en place des temples, tandis qu’à Tyr, bien que cette
grande plateforme n’ait pas été nécessaire, le temple a été construit sur une grande
base en pierre de taille, ce qui a rendu la construction très solide. L’édification de
grandes plateformes en pierre de taille, pourrait être liée à l’architecture achéménide
qui a consituté une source d’inspiration pour l’architecture monumentale que ce
soit au Proche-Orient phénicien ou en Occident.
Quant à la présence d’un bassin sacré dans le deuxième temple ouvert sur un
espace portiqué, il s’agit d’un concept porbablement inspiré du sanctuaire d’Amrit,
en Syrie, où le temple possède un portique de pilastres en forme de “U” autour d’un
grand réservoir d’eau, destiné pour un culte lié à l’eau sous le porche et les statues
qui s’y trouvaient (Oggiano 2012: 195-196 et 199-200; Oggiano et Pedrazzi 2013:
66-67). Le temple d’Amrit, en usage aux Ve-IVe siècles av. J.-C., a peut-être été un
précédent pour le second temple d’Utique.
En Afrique du Nord, on trouve des salles à portique dans certains lieux de culte.
C’est le cas dans l’un des temples de Kerkouane, qui apparait au cours de la phase

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Imed Ben Jerbania, José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo,
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la plus connue et la plus récente, comme un grand complexe (400 m2) auquel on
accède par une porte monumentale. Le temple avait deux cours, une salle, deux
puits, un secteur artisanal et une salle de bain pour la purification (Fantar 1986:
165, 172-173, 179, 187, 201, 203, 217 et 297-301). Dans l’une de ses cours, deux
blocs ont été trouvés, puis reconnus comme les bases de deux piliers ou pilastres de
seuil d’une large ouverture (Fantar 1986: 297-301).
Des manifestations ultérieures de ce modèle de portique pavé sont également
connues dans le temple de Tas Silġ à Malte. Dans un remodelage de ce monument
efectué à la fin du IIe siècle av. J.-C., un portique pavé a été construit dans la zone
précédant au temple, et entourée d’un péristyle. (Rosignani 2009: 123-124, fig.
10, 11, 12). Cette solution est très similaire à celle utilisée dans le second temple à
Utique, sauf qu’ici nous n’avons pas la preuve définitive de l’existence d’un péristyle.
Plus tard, au Ier siècle ap. J.-C., le sanctuaire de Baal et Tanit, situé au nord-ouest de la
ville de Siagu, avait dans son aile orientale une salle rectangulaire avec un portique
et des piliers quadrangulaires, et entourée d’un couloir sur trois de ses côtés (Merlin
1910: 7; Leglay 1961: 97-99).

6. Éléments architecturaux décoratifs


Notons tout d’abord que plusieurs éléments architecturuax trouvés dans les
environs immédiats de la zone de fouille sont issus des différentes activités du
pillage. Bien qu’ils n’aient aucun rapport stratigraphique avec le temple, ces éléments
pourraient nous renseigner sur le programme décoratif qui devrait être employé lors
de la construction de cet édifice.
Il est envisagable que dans ce programme décoratif fut utilisé un entablement
terminé par la gorge égyptienne, comme pourrait l’indiquer la découverte
superficielle à proximité du temple d’un bloc de pierre de taille, qui conserve la
courbure en quart de cercle d’une gorge égyptienne (Fig. 18); ce bloc mesure 0,50
m de haut, à partir de la base, sur une largeur totale, à partir du bord du bandeau plat,
supérieure à 1 m.
Outre cette gorge, parmi les découvertes les plus significatives dans le sondage
18, situé immédiatement à l’extérieur du mur d’enceinte nord du second temple,
figurent les éléments suivants: un grand fragment de l’entablement monumental
d’un bâtiment, (18015) (Fig. 19), divers fragments de pierres de taille et un grand
fragment d’un tambour à colonnes. Tous ces éléments ont été renversés et déplacés,
d’abord suite à l’effondrement du bâtiment d’origine auquel ils appartenaient, puis
au moment des opérations du pillage utilérieur qu’a connu cette aire.
Le fragment de l’entablement est sculpté dans un morceau de calcaire coquillier
très tendre et présente des traces de stuc blanc qui régulariseraient et amélioreraient
l’aspect de la décoration. Il correspond à l’un des angles de la façade du bâtiment
et présente une décoration identique sur deux côtés. Il mesure 0,84 m de hauteur

81
Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

maximale préservée, 0,71 m


de largeur maximale, tandis
que la longueur maximale est
de 1,29 m.
Ce fragment est constitué
d’une architrave lisse sur
laquelle est placée une frise
décorée, surmontée d’une
doucine également avec
Figure 18. Bloc superieur de gorge égyptienne trouvée sur le côté
décor. La décoration de la
ouest du second temple. frise comporte deux bandes
de motifs: celle du haut
est composée d’oves et de
fléchettes, beaucoup mieux
conservée sur le côté plus
petit. Une coquille a été placée
dans le coin de la frise pour
séparer les deux faces décorées
(Fig. 20). Sur le côté érodé, la
décoration a perdu son relief.
Quant à la bande inférieure
de la frise, elle présente un
motif de chapelet formé par
des perles arrondies alternant
avec des doubles pirouettes.
Figure 19. Fragment d’entablement décoré et déposé sur le côté nord La face la mieux conservée
du second temple. montre comment les perles
ont été stuquées. Enfin,
de la doucine en courbure
presque totalement arrachée,
ne subsiste qu’une section
portant les traces d’un décor
difficile à identifier, bien qu’il
semble être dénticulé et qu’il
y ait, par-dessus, une rangée
d’oves (Fig. 20).
Les motifs décoratifs qui
viennent d’être décrits sont
documentés dans le répertoire
Figure 20. Détail de coquille à l’angle de l’entablement. du décor architectonique
d’Utique, de Carthage ainsi

82
Imed Ben Jerbania, José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo,
Victoria Peña Romo, Kaouther Jendoubi, Walid Khalfalli

que d’autres sites d’Afrique du Nord au cours


de la période comprise entre le IIIe et le Ier
siècles av. J.-C. En effet, les fouilles d’Utique ont
fourni plusieurs fragments d’oves et de dards
qui constituent des motifs ornementaux en
stuc appartenant à l’origine à des petites frises
appartenant à l’origine à des petites frises (Lezine
1961: 109-111, Ferchiou 1995, Ben Nejma
2011). Provenant d’un seul et même bâtiment,
ces fragments étaient trouvés en remploi dans
un massif de maçonnerie du Ier siècle ap. J.-C.
(Lezine 1961 109-111, Ferchiou 1995: 53).
Le type d’oves représenté dans la frise du
bandeau du sondage 18 est identique aux oves
en stuc de la collection des fragments de décor
réemployé à Utique et datés stylistiquement
à partir du IIIe siècle avant J.-C. L’une des
caractéristiques de ces fragments et que les
éléments intercalaires sont des dards et non des
flèches, ce qui confirmerait l’ancienneté du motif
(Ferchoiu 1995: 68-72, Ben Nejma 2011: 192).
Figure 21. Fragment de fût de colonne
D’autre part, notons du point de vue chronologie déposé sur le côte nord du second.
que les oves et les perles du chapiteau ionique en
stuc d’Utique et ceux de l’entablement du petit
sanctuaire carthaginois dénommé “chapelle Carton”, sont également datés de la fin
du IIIe siècle av. J.-C. ou au début du IIe siècle avant J.-C. (Ferchiou 1987: 20) ou
même vers le IIe siècle voire le début du Ier siècle av. J.-C. selon Lezine (Lezine
1960: 11 1).
Un parallèle très proche de l’entablement Uticéen du sondage 18 figure dans un
naiskos sculpté dans le calcaire provenant de Thuburbo Maius (Merlin 1912: 350-
354). Ce naiskos interprété comme un mqdš ou une chapelle a été récemment évoqué
dans une nouvelle étude qui nous a livré une récente photo (Dridi et Mezzolani 2019:
1566 et fig. 3). Le temple dystile et prostile, très détaillé, présente une doucine avec
une courbure prononcée rappelant la gorge égyptienne, sous laquelle se trouve une
frise avec deux bandes décorées: celle du haut est formée par un chapelet de perles
et de pirouettes , alors que celle du bas, séparée par un filet lisse, est composée d’oves
et de dards avec des coquilles aux coins, derrières lesquelles un trou fut percé pour
la fixation de guirlandes (Lezine 1960: 7-19). Un trou similaire a été trouvé sur le
côté mieux conservé du fragment d’entablement d’Utique (Fig. 19), probablement
dans le même but. Les deux colonnes qui soutiennent l’entablement du naiskos sont
surmontées de chapiteaux, dont l’un est de style ionien, décoré d’oves et de dards.

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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

Nous connaissons un parallèle dans un chapiteau en calcaire trouvé dans les sous-
sols du Capitole de Thuburbo Maius, (Lezine 1960: 15, fig. 7, pl. I: 62) qui présente
les mêmes motifs décoratifs que le chapiteau et l’entablement de naiskos: une bande
d’oves, des dards avec des coquilles dans les coins et une bande de chapelet de perles.
La datation initialement proposée par A. Merlin pour le naiskos, contemporain
du mausolée de Dougga (Merlin 1912: 353), a été révisée par A. Lézine, qui
porpose la première moitié du IIe siècle av. J.-C. en raison de la ressemblance avec
le chapiteau ionique du Capitole de Thuburbo Maius déjà mentionné (Lézine 1961:
19). Dans cette optique, la proposition de N. Ferchiou qui considère les naiskoi de
cette ville comme contemporains de la Chapelle Carton, datée vers la fin du IIIe
siècle avant J.-C. ou la première moitié du IIe siècle av. J.-C. (Ferchiou 1987: 23),
pourrait également être valable pour l’entablement d’Utique trouvé au cours de la
campagne de 2017, et qui constitue un exemple significatif pour la connaissance de
l’architecture phénicienne et punique de l’Ouest méditerranéen.
Pour le fragment du tambour de la colonne du sondage 18, il est fait du même
matériau que le fragment de l’entablement. Il a une surface lisse et très altérée par
les racines des palmiers qui poussent sur la zone de fouille. Il mesure 0,80 m de
diamètre et 1,20 m de long, et conserve en son centre les trous pour les aiguilles qui
relient les différents tambours (Fig. 22). Il est possible que la surface de la colonne
ait dû être stuquée pour couvrir les irrégularités de la pierre.
La différence chronologique entre la construction du temple et la datation
stylistique de l’entablement pourrait être expliquée par les rénovations introduites
sur le second temple au cours de sa longue période de fonctionnement entre le milieu
du IVe siècle et le Ier siècle av. J.-C. ce qui entraîné une modification des éléments
décoratifs. Une autre hypothèse serait l’existence d’un autre sanctuaire plus récent
non encore identifié qui devrait être situé à proximité de ce temple, et auquel les
éléments architecturaux découverts pourraient appartenir. Seule une recherche plus
approfondie pourra dissiper ce doute.

7. La divinité
L’une des principales questions qui se pose face à la monumentalité de ces
temples d’Utique est de savoir à quelle(s) divinité(s) ont-ils été consacrés durant
les six siècles de leur fonctionnement. Il existe un ensemble de données qui nous
autorise d’émettre l’hypothèse qu’il s’agisse d’une divinité salutaire. D’abord, la
proximité des temples avec la source d’eau thermale, qui serait sûrement sacrée,
comme la source qui abrite le lieu saint du dieu dans le temple d’Eshmun à Sidon
(Lipinski 1995: 158). La construction dans le premier temple du puits et de la
citerne, ainsi que la construction du possible bassin d’eau dans le deuxième temple
sont des éléments en rapport avec l’utilisation rituelle de l’eau, tel est le cas dans le
temple d’Eshmun de Sidon, où a été construite la piscine, avec le trône d’Astarté,

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Imed Ben Jerbania, José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo,
Victoria Peña Romo, Kaouther Jendoubi, Walid Khalfalli

destinée aux ablutions thérapeutiques (Lipinski 1995:159-160, Dunand 1971,


Ribichini 2010: 205).
Il existe également des parallèles constructifs entre le podium des bâtiments
d’Utique et le temple d’Eshmun à Sidon, considéré comme un sanctuaire pan-
phénicien (Oggiano 2012: 204) et qui pourrait être un modèle architectural. De
son côté, l’aménagement des espaces à portique associés à un bassin sacré, comme
dans le temple d’Amrit, constituerait également un parallèle architectural et
fonctionnel. L’apparition dans le temple d’Amrit de dédicaces votives à Eshmun et
la connexion du sanctuaire avec l’eau ont conduit à l’attribution d’un culte à l’une
des divinités salutaires ou curatives (Oggiano 2012: 201-203), dont Eshmun est
la plus importante. Selon Nicolas Damascène, les Phéniciens appelaient ce dieu
Eshmun pour “la chaleur vitale” (Ribichini 2010: 208), un concept que l’on retrouve
métaphoriquement et matériellement dans les eaux thermales de la source d’Utique.
Les éléments iconographiques de l’opus tessellatum du portique du deuxième
temple pourraient être interprétés comme des allusions à Eshmun et Astarté: le
disque solaire ou lunaire et le croissant sont présents comme éléments astraux
dans l’iconographie de la déesse (Lipiński 1995: 153), tandis que le caducée est un
symbole d’Apollon, la divinité à laquelle Eshmun est assimilée dans le monde grec et
romain à l’époque républicaine (Lipiński 1995: 155). Le croissant et le disque à côté
du caducée sont également représentés à plusieurs reprises dans les stèles du tophet
de Carthage dédiées á Tinnit et á Baal Hammon (Lipiński 1995: 425). Le palmier ou
l’épi de blé pourrait également être une allusion à Baal, en tant que divinité agraire
(Lipiński 1995: 163, 262).
Il est utile de rappeler ici le passage de Pline (Nat. His. XVI, 216) relatif au
memorable temple d’Apollon et ses poutres de cèdre de Numidie. Si on fait une
confrontation avec les nouvelles données archéologiques, il semble que le second
temple d’Utique ne pouvait pas correspondre au temple d’Apollon auquel Pline a
fait référence vers 70 après J.-C. A cette dernière date, ce second temple uticéen a
été déjà détruit par le remodelage urbanistique de la fin du IIe ou du début du Ier
siècle av. J.-C., à moins que les poutres de cèdre ne soient réutilisées d’un bâtiment
à l’autre, comme ce fut le cas pour les pierres de taille. Mais d’un autre côté, il est
également posible d’envisager que Pline ignorait déjà à cette époque la destruction
de ce monument auquel il faisait allusion.
Il convient également de rappeler que le toponyme actuel Ras Sidi Ali el Mekki,
ou Cap Farina, comme il a été longtemps connu dans les temps modernes, était
appelé dans l’antiquité Cap d’Apollon, tel que nous l’ont transmis Strabon (XVII, 3,
13) et Ptolémée (IV, 2, 1), où d’autres sources grecques et romaines qui mentionnent
Rusucmona, toponyme transcrit par des sources grecques et latines à partir du nom
en langue phénicienne R‘š ‘šmn, ou Cap d’Eshmun (Lipiński 1995: 162-163). Ce
cap serait un repère de navigation qui pourrait, hypothétiquement, faire allusion au

85
Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique

temple voisin dédié à cette divinité, existant à l’intérieur de la baie qui garde le cap,
dans la ville d’Utique.
Quoi qu’il en soit, en attendant d’avoir des preuves plus concluantes, nous
considérons que cette découverte apportent déjà des nouvelles informations
qui enrichissent le dossier des temples phéniciens en Occident. Ce monument
imposant, qui a autrefois consituté un lieu primoridal de la cité, fera aujourd’hui
l’objet d’une recherche approfondie pour une meilleure mise en valeur.

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