Ben Jerbania Et Al Architecture Utique 2021
Ben Jerbania Et Al Architecture Utique 2021
Ben Jerbania Et Al Architecture Utique 2021
COLECCIÓN PETRACOS
De Carthage à Carthagène
Bâtir en Afrique et en Ibérie durant l'Antiquité
Mohamed Grira
(Eds.)
PUBLICACIONES INAPH
PUBLICACIONES INAPH
INAPH
COLECCIÓN PETRACOS 4
De Carthage à Carthagène
Bâtir en Afrique et en Ibérie durant l'Antiquité
LAMIA BEN ABID
FERNANDO PRADOS MARTÍNEZ
MOHAMED GRIRA
(Coords.)
De Carthage à Carthagène
Bâtir en Afrique et en Ibérie durant
l'Antiquité
PETRACOS es una publicación de difusión y divulgación científica en el
ámbito de la Arqueología y el Patrimonio Histórico, cuyo objetivo central
es la promoción de los estudios efectuados desde el Instituto Universitario
de Investigación en Arqueología y Patrimonio Histórico de la Universidad
de Alicante –INAPH–. Petracos también pretende ser una herramienta
para favorecer la transparencia y eficacia de la investigación arqueológica
desarrollada, transfiriendo a la sociedad el conocimiento generado con
la mayor rigurosidad posible. Esta serie asegura la calidad de los estudios
publicados mediante un riguroso proceso de revisión de los manuscritos
remitidos y el aval de informes externos de especialistas relacionados con
la materia, aunque no se identifica necesariamente con el contenido de los
trabajos publicados.
Dirección:
Lorenzo Abad Casal
Mauro S. Hernández Pérez
Consejo de redacción:
Lorenzo Abad Casal
Mauro S. Hernández Pérez
Sonia Gutiérrez Lloret
Francisco Javier Jover Maestre, secretario
Jaime Molina Vidal
Alberto J. Lorrio Alvarado
Coordinadores:
Lamia Ben Abid (Université de Manouba)
Fernando Prados (Universidad de Alicante)
Mohamed Grira (Université de Manouba)
Fotografías de portada:
Capitolio de Dougga, arco de Berà, mausoleo de Dougga y teatro de
Cartagena. Imágenes cedidas por F. Prados, J. Ruiz de Arbulo y J. M. Noguera.
ISBN: 978-84-1302-104-1
Depósito legal: A 43-2021
Index / Índice
9 Prólogo
19 Introduction/Introducción
1. Introduction
Il y a maintenant dix ans, l’équipe tuniso-espagnole (INP-CEFYP et l’Université
d’Alméria) a débuté un programme de recheche à Utique1, dont le principal objecif
est l’identification du noyau archaïque et l’étude de son evolution aux époques
phénicienne et punique. En effet, si l’on croit les sources littéraires antiques, Utique
aurait été fondée à l’extrême fin du XIIe siècle av. J.-C., presque trois cents ans avant
Carthage (Pseudo-Aristote, De mirabilibus auscultationibus, 134; Velleius Paterculus,
L’Histoire romaine, I.2.3 et Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, XVI.40.216). Elle a
consituté l’un des centres commerciaux et politiques de la première phase d’expansion
phénicienne en Occident. La consolidation de ce phénomène d’expansion au cours
du IXe siècle av. J.-C. a abouti à une installation permanente des groupes levantins
dans plusieurs sites, soit à proximité des Autochtones soit ex-nihilo (Aubet 2008)2.
Le choix a été essentiellement porté sur les îles, les promontoires et les sites auprès
1 Ce travail est un résultat du projet HAR2017-53350-P El sector Norte de Utica fenicio-púnica (Túnez):
Espacios sagrados, morfología urbana y puerto de comercio (siglos IX a.C.-I d.C.) financé par le Ministère des
Sciences et de l’Innovation espagnol. Les campagnes de fouilles ont été financées par le Ministère de la
Culture espagnol et par la Fondation Palarq.
2 Selon cet auteur, il s’agit d’un processus qui a consisté en un premier horizon de prospection et d’exploitation
de ressources minières de la zone atlantique durant la première moitié du IXe siècle av. J.-C., suivi par la
fondation des établissements permanents à partir du dernier quart du même sicèle.
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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique
des embouchures des vallées afin d’établir des ports et garder le contact avec la
mer et l’hinterland (Niemeyer, 2006: 100; Aubet 2006: 94 et Hodos 2009: 229).
Bien que de nos jour Utique se trouve à 12 km de la mer, donnant sur une étendue
plaine alluviale, elle était aux époque phénicienne, punique et romaine, un site
côtier dominant un large golf marin dénommé Sinus Uticensis (Fig. 1). Ce choix de
l’emplacement ne peut résulter que d’une connaissance de la situation topographique
et dénote que l’un des objecfis majeurs de cette installation phénicienne est de
disposer d’une situation stratégique sur les voies de communication navales et
terrestres et de garantir l’accès à un arrière-pays immédiat. En tenant compte de
tous ces éléments, et sur la base de ce que nous connaisson du mode d’implantation
traditionnel des sites phéniciens, nous avons décidé de concentrer nos recherches
sur le rebord nord de la proéminence, autrefois appelée “l’île” (Gsell 1913: 369;
Cintas 1951: 12), à quelques mètres au sud de la zone de marécage3.
Le secteur des temples (Fig. 2), objet de cette étude, le plus au nord des sondages
fouillés, se trouve au pied de la colline du promontoire et à proximité de la ligne
3 L’image que donnent ces auteurs modernes, comme St. Gsell et P. Cintas, d’une Utique coupée par une
dépression en une île abritant les premiers vestiges de la cité et une terre ferme n’est plus admise. Cette
dépression correspond à une grande avenue romaine (Lézine, 1968) et elle ne résulte en aucun cas d’un
bras d’eau (Delile et al. 2015 : 303).
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Imed Ben Jerbania, José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo,
Victoria Peña Romo, Kaouther Jendoubi, Walid Khalfalli
4 Trois aires sur le rebord nord du site près de la zone du marécage ont fait l’objet de fouilles. La première, qui
nous concerne ici, correspond au secteur des temples situé au nord-est de l’aire urbaine (sondages 10, 13 et
14). Enfin, sur le rebord nord-ouest nous avons implanté les sondage 20 et 21.
5 Cet isolement de la cité d’Utique de la mer est lié à un changement dans le débit d’eau et dans les dépositions
des sédiments générées par des facteurs climatiques auxquels nous pouvons ajouter aussi des facteurs
anthropiques: (Delile et al. 2015; Pleuger et al. 2019a: 276)
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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique
6 Comme l’a déjà noté S. Lancel, « Utique est un site en grande partie massacré » pour avoir fait l’objet des
excavations anarchiques (Lancel 1992: 31).
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Imed Ben Jerbania, José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo,
Victoria Peña Romo, Kaouther Jendoubi, Walid Khalfalli
2. Le Premier bâtiment
Les travaux que nous avons entamés en 2012 ont démontré dès le début l’aspect
imposant des structures qui ne pourraient apparaitre que dans les bâtiments à
caractère public. L’endroit pillé lors de la fouille clansdestine, désormais appelé
sondage 12, a fait l’objet d’un nettoyage en vue de dégager l’espace au pied des
murs de l’ancien bâtiment où plusieurs blocs ont été entassés. Un second sondage
dénommé sondage 11 a été implanté au sud de cette construction monumentale
afin d’étudier la stratigraphie en place (Fig. 3). Cette sequence stratigraphique
montre que dans les parties sud et ouest, certaines structures, largement altérées,
sont construites directement sur la roche mère qui affleure en surface. En revanche,
le terrain présente du côté nord une dénivellation de presque 3,50 m, et des grands
murs en blocs sont alors adossés au sol naturel pour soutenir ces constructions et
supporter les élévations.
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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique
2000: 124, 128-129; Stucky 2002: 69). Ce procédé architectonique dispose d’un
précédent dans le palais royal de Samarie construit au IXe siècle av. J.-C. avec un
système complexe de soutènement des flancs de pentes par des murs en pierres et
en blocs (Dunand 1973: 1; Reisner, Fisher y Lyon 1924: 93-94, 97, 99, 102-103, Pl.
7-9).
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Imed Ben Jerbania, José Luis López Castro, Ahmed Ferjaoui, Eduardo Ferrer Albelda, Carmen Ana Pardo Barrionuevo,
Victoria Peña Romo, Kaouther Jendoubi, Walid Khalfalli
Mais cela ne nous prévient pas de faire le rapprochement avec d’autres structures
similaires attestées surtout à Motyé. La première, interprétée comme un autel, se
trouve dans une cella du temple C5 du Kohton, et remonte à la phase archaïque
située entre le milieu VIIIe siècle et le milieu du VIe siècle av. J.-C. (Nigro 2015: 186,
fig. 6). La deuxième structure en pierre apparait au cours de la phase 2 du VIIe-VIe
siècles av. J.-C. du temple dit “Cappiddazzu” (Nigro et Spagnoli 2004; Nigro 2009:
244-245, fig. 3). Elle a été considérée comme une plateforme pour un culte. Outre
ces deux éléments, citerne, structure en pierres, figure une troisième structure
cultuelle en rapport avec l’eau.
Il s’agit d’un puits de plan quadrangulaire avec une largeur de 1,5 m. Il est
construit dans ses quatre côtés par des dalles superposées, dont les dimensions
de chacune sont 0,74 x 0,24 x 0,33m. Son ouverture est large de 0,63m, alors que
sa profondeur atteint 4,10m. Quant à ces dalles, elles sont pourvues d’encoches à
l’intérieur pour faciliter la descente. Dès le premier moment de sa découverte, ce
puits apparait clôturé par des pierres. Cette clôture, qui pourrait être interprétée
comme pratique cultuelle de fermeture de puits, marque l’abandon du premier
bâtiment et annonce la seconde phase avec l’édification de la plateforme du second
temple que l’on situe au IVe siècle. av. J.-C. (Fig. 5).
Les parallèles à ce puits dans les différents sites phéniciens sont nombreux et
apparaissent dans les contextes domestiques et religieux. C’est le cas à titre d’exemple
à Carthage où un puits profond de 5,5 m datée de 760-740 av. J.- C. fut découvert
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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique
au cours des fouilles allemandes sous le decumanus X (Niemeyer et al. 2007: 62-65,
Abb. 13, 64, 66). À Motyé, parmi les puits de différentes formes mis au jour, nous
rencontrons celui à caractère sacré de forme quadrangulaire, associé au temple du
Kothon (Nigro et Spagnoli 2012: fig. 10; Nigro 2015: 86-88, fig. 5). Son usage est
situé au moins pendant le VIIe sicèle av. J.-C., alors que sa construction pourrait
remonter au siècle précédent. Au cours d’une phase postérieure, située entre 550 et
470, son ouverture fut reconstruite à l’aide de dalles parallélépipédiques de 0,46 x
0,23 x 0,75 m.
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Quoi qu’il en soit, il est clair que ce matériel céramique des niveaux les plus
anciens est un matériel homogène qui nous autorise à avancer la date de seconde
moitié du VIIe siècle av. J.-C comme post quem pour l’édification de ce premier
bâtiment.
Il s’agit donc d’un édifice qui a fonctionné pendant environ deux siècles et demi
avant de subir un réaménagement au cours du IVe siècle av. J.-C. En raison de sa
technique architecturale, de sa situation topographique et de sa présence à proximité
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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique
d’une source thermale, qui devrait revêtir un caractère sacré, ainsi que de l’existence
des installations hydrauliques, ce monument de la première phase pourrait être
considéré comme un temple. En effet, tant à l’Orient qu’à l’Occident, il existe un lien
étroit entre les espaces cultuels et l’eau. Ce dernier élément est indispensable pour
exercer les rituels de purification et libation. Ainsi, les installations hydrauliques
sont habituellement attestées à l’intérieur ou dans l’enceinte des bâtiments religieux
(Groenewoud 2001: 148-151; Usai 2010; Spagnoli 2014). En plus, la présence
des sources d’eau à proximité des sanctuaires a été maintes fois signalée, comme
le montrent les exemples orientaux de Sidon avec Nahar al-Awali et Bostan esh-
Sheikh (Dunand, 1973; Stucky et Mathys 2000; Oggiano et Pedrazzi 2013: 63-66.)
d’Arwad avec Amrit et la source de Naba’ el- Tell (Oggiano 2012), ou occidentaux à
travers l’exemple de Motyé et son temple du Kothon (Nigro 2009).
En outre, cette hyptohèse d’un ancien temple semble être étayée par le peu
des éléments architectoniques que nous avons récuperé et rassemblé après qu’ils
ont malheureusement fait l’objet de pillage par les fouilleurs clandestins. C’est le
cas surtout d’un élément appartenant à l’entablement du premier édifice et qui fut
réutilisé pour l’édification du podium du second temple. Cet élément n’est que la
partie inférieure d’une éventuelle gorge égyptienne, dont la moitié supérieure
correspendant à la courbure de la gorge a malheureusement disparu. Sur ce
bandeau conservé figure encore un morceau irrégulier du tore, qui semblerait de
section semi-circulaire. Sa largeur se situerait aux environs de 0,15m. À la base de
ce bandeau se trouve un graffit montrant la lettre aleph, qui pourrait être considéré
comme une marque de chantier faite par l’artisan (López Castro et al. 2016: 273,
lám. 3: UT12-120001-15). En tout état de cause, il est notable de souligner qu’a
l’origine, ce bandeau conservé consitue le bloc inférieur qui devrait être posé
sous la partie supérieure de la gorge. Cet élément à double blocs rappelle d’autre
exemplaires attestés à d’Utique (Lézine 1962: 97, fig. 52 ; Ben Nejma 2011: 190,
fig. 14) et se distingue de plusieurs autres gorges égyptiennes de Tunisie faites en
un seul bloc doté d’un tore à section circulaire (Lezine 1960: 97, n 4, fig. 51, 97-
100; Prados 2008: 217-219). Quoi qu’il en soit, la gorge égyptienne constitue un
élément récurrent dans l’architecture phénicienne et carthaginoise (Lezine 1960:
97-100), où elle est connue depuis le VIIIe siècle av. J.-C., alors qu’elle devienne plus
répandue en Occident à partir du VIe siècle av. J.-C. (Prados, 2008: 218-219). Par
son appartenance au programme architecutral du premier temple d’Utique, notre
exemplaire pourrait avoir une datation située entre le VIIe et la première moitié du
IVe siècle av. J.-C.
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Figure 7. Bloc de pierre de la partie inférieure d’une gorge egyptienne avec restes du tore.
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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique
les installations hydrauliques. D’où la citerne (11018) a été colmatée par diverses
couches de sédiments. Quant au puits (11024), sa clôture par des dalles de pierres
pourrait être contemporaine à la spoliation des murs matérialisés par les fosses
(11021) et (11022) (Fig. 4). Toutes ces actions remontent, comme on va le voir
par la suite, au milieu du IVe siècle av. J.-C.
Pour édifier ce nouveau bâtiment selon une nouvelle orientation nord-est/sud-
ouest, certaines pierres du premier podium ont été démantelées puis ajustées, et les
nouveaux murs construits, fut emboités dans ceux du temple ancien afin de donner
plus de solidité à la nouvelle plateforme. Ainsi, sur le côté sud-est le mur (12010)
du second podium est édifié en plusieurs assises faites en blocs, dont l’hauteur de
chacun est de 0,50 m, alors que la longueur oscille entre 0,94 m et 1,07 m et la
largeur varie de 0,61 à 0,78 m. Un second mur (12009) du côté nord fut érigé depuis
le sol naturel et encastré dans le mur de l’ancien temple. Ce mur endommagé par la
pelle mécanique, avait à l’origine une longueur de 4,22 m et une largeur de 1,03 m.
(Fig. 9). Une fois ces dernière structures sont installées, l’espace autrefois occupé
par l’éventuelle chambre fut comblé par des blocs, dont certains ont été ajustés afin
de corriger l’orientation du nouveau podium (12002). Ce dernier est construit
avec des blocs liés par des mortaises en double queue d’aronde. Certains blocs
comportent un enduit stuqué et semblent par conséquent issus du démantèlement
du premier podium de l’ancienne phase.
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(Sharon 1987). Ce mur (11097) est formé de blocs disposés en largeur et assemblés
par des mortaises en queue d’aronde, qui seraient à l’origine remplies de plomb (Fig.
13). L’espace entre les deux murs parallèles (11097) et (12009) de 2,35 m, a été
rempli de terre, de chaux et de pierres de taille moyenne (11102).
Figure 11. Construction moderne voûtée édifiée sur la citerne romaine bâtie sur le second temple et les escaliers
romains.
Cette large base en bloc s’étend sur tout le côté nord-est du temple jusqu’au
mur (11156), qui ferme le bâtiment du côté nord (Fig. 14). Ainsi, l’angle nord-est
du bâtiment est clairement défini, comme celui du côté sud-est. Bien que sa partie
supérieure soit pillée, ce mur (11156) conserve dans son angle quatre rangées de
blocs, jusqu’à une profondeur de plus de 3 m. En raison de la montée d’eau de la
nappe phréatique, il n’a pas été possible d’aller plus loin pour chercher ses fondations,
mais nous avons pu en revanche constater que l’espace entre ce mur d’enceinte et
l’escarpement du substrat naturel avait été rempli par des pierres (Fig. 15).
Sur la façade nord-ouest du temple, figure le portique, soutenu par des pilastres
à bases quadrangulaires, qui devance l’espace central divisé en deux chambres (Fig.
10). Conservé uniquement sur le côté ouest, deux paries de blocs utilisés comme
base pour une colonnade (15003 et 15004) reposent à un intervalle régulier de
2,93m sur un remplissage compact de pierres. La présence d’un troisème bloc
(15005) est suggéré par son négatif de spoliation encore visible. Il est tout à fait
possible que le portique ait été symétrique et que des piliers aient également été
placés sur le côté est du temple. (Fig. 16).
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Figure 12. Traces du mur périmétral 11097 du second Figure 13. Mur perimétral nord-ouest 11097 du
temple appuyé sur le mur de fondation 11148. second temple.
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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique
Figure 15. Le mur 11156 coupé par la cisterne Figure 16. Bases de piliers du portique nord-ouest
romaine et le mur 11184 á l’angle nord-ouest du deuxième temple et détail du pavement d’opus
du deuxième temple. tessellatum.
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Pour poursuivre cette description du plan, nous notons que les chambres siutées
au sud du portique ont été édifiées sur le podium décrit ci-dissus, sur lequel pose une
plateforme de grande pierres de tailles (12002). La stabilité de cette structure était
assurée par des assemblages de plomb, ou des agrafes sur des encoches en queue
d’aronde, deux sur les côtés longs et une sur les côtés courts (Figs. 9-10). La chambre
la plus au nord, dont on peut estimer la superficie à 54 m2, s’ouvrirait sur le portique
et abriterait un éventuel bassin rituel (11133), approximativement quadrangulaire,
en opus signinum hydraulique. Actuellement, elle est presque détruite, mais les traces
du revêtement intérieur d’opus signinum ont été partiellement conservés, ce qui
nous permet de calculer les dimensions de cette structure de 3,57 x 3,02 m, soit
environ 7 x 6 coudes, qui atteindrait une surface de 10,78 m2 (Fig. 10)
Cette salle est séparée d’une autre attestée plus au sud, par le mur de pierres
de taille (11035), disposé à angle droit avec le mur (11139). Ces deux murs ont
été construits sur le substrat géologique et délimitent la pièce la plus méridionale,
dont la superficie, calculée à partir des deux murs conservés et de leurs extensions
hypothétiques, serait d’environ 15 m2. Le sol était constitué d’un pavement
hydraulique, (11029), fait de terre et de chaux, et d’enduit sur sa surface. Partiellement
conservé, ce pavement pose sur un rudus d’environ 0,11m d’épaisseur, lui-même
soutenu par une couche de nivellement, (11028).
À l’ouest de cette pièce, et perpendiculairement au mur (11139), se trouve le
mur (11004), également construit en pierres de taille et partiellement recouvert
par le pavement (11029). Cela constituerait une troisième pièce méridionale, pavée
de mortier de chaux (11033), délimitée au sud-est par le mur 11008, et dont la
superficie atteint 3,90 m2. Cette pièce serait excentrée par rapport au corps principal
du temple, auquel elle serait rattachée.
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l’occasion d’une restructuration urbaine du secteur (López Castro et al. 2016: 277).
Ainsi, ce second temple a fonctionné pendant presque trois siècle.
Figure 17. Contextes céramiques pour la datation du deuxième temple. A. US 11023. B US 11028. C US 11102.
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la plus connue et la plus récente, comme un grand complexe (400 m2) auquel on
accède par une porte monumentale. Le temple avait deux cours, une salle, deux
puits, un secteur artisanal et une salle de bain pour la purification (Fantar 1986:
165, 172-173, 179, 187, 201, 203, 217 et 297-301). Dans l’une de ses cours, deux
blocs ont été trouvés, puis reconnus comme les bases de deux piliers ou pilastres de
seuil d’une large ouverture (Fantar 1986: 297-301).
Des manifestations ultérieures de ce modèle de portique pavé sont également
connues dans le temple de Tas Silġ à Malte. Dans un remodelage de ce monument
efectué à la fin du IIe siècle av. J.-C., un portique pavé a été construit dans la zone
précédant au temple, et entourée d’un péristyle. (Rosignani 2009: 123-124, fig.
10, 11, 12). Cette solution est très similaire à celle utilisée dans le second temple à
Utique, sauf qu’ici nous n’avons pas la preuve définitive de l’existence d’un péristyle.
Plus tard, au Ier siècle ap. J.-C., le sanctuaire de Baal et Tanit, situé au nord-ouest de la
ville de Siagu, avait dans son aile orientale une salle rectangulaire avec un portique
et des piliers quadrangulaires, et entourée d’un couloir sur trois de ses côtés (Merlin
1910: 7; Leglay 1961: 97-99).
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Architecture Phénico-punique dans le secteur des temples à Utique
Nous connaissons un parallèle dans un chapiteau en calcaire trouvé dans les sous-
sols du Capitole de Thuburbo Maius, (Lezine 1960: 15, fig. 7, pl. I: 62) qui présente
les mêmes motifs décoratifs que le chapiteau et l’entablement de naiskos: une bande
d’oves, des dards avec des coquilles dans les coins et une bande de chapelet de perles.
La datation initialement proposée par A. Merlin pour le naiskos, contemporain
du mausolée de Dougga (Merlin 1912: 353), a été révisée par A. Lézine, qui
porpose la première moitié du IIe siècle av. J.-C. en raison de la ressemblance avec
le chapiteau ionique du Capitole de Thuburbo Maius déjà mentionné (Lézine 1961:
19). Dans cette optique, la proposition de N. Ferchiou qui considère les naiskoi de
cette ville comme contemporains de la Chapelle Carton, datée vers la fin du IIIe
siècle avant J.-C. ou la première moitié du IIe siècle av. J.-C. (Ferchiou 1987: 23),
pourrait également être valable pour l’entablement d’Utique trouvé au cours de la
campagne de 2017, et qui constitue un exemple significatif pour la connaissance de
l’architecture phénicienne et punique de l’Ouest méditerranéen.
Pour le fragment du tambour de la colonne du sondage 18, il est fait du même
matériau que le fragment de l’entablement. Il a une surface lisse et très altérée par
les racines des palmiers qui poussent sur la zone de fouille. Il mesure 0,80 m de
diamètre et 1,20 m de long, et conserve en son centre les trous pour les aiguilles qui
relient les différents tambours (Fig. 22). Il est possible que la surface de la colonne
ait dû être stuquée pour couvrir les irrégularités de la pierre.
La différence chronologique entre la construction du temple et la datation
stylistique de l’entablement pourrait être expliquée par les rénovations introduites
sur le second temple au cours de sa longue période de fonctionnement entre le milieu
du IVe siècle et le Ier siècle av. J.-C. ce qui entraîné une modification des éléments
décoratifs. Une autre hypothèse serait l’existence d’un autre sanctuaire plus récent
non encore identifié qui devrait être situé à proximité de ce temple, et auquel les
éléments architecturaux découverts pourraient appartenir. Seule une recherche plus
approfondie pourra dissiper ce doute.
7. La divinité
L’une des principales questions qui se pose face à la monumentalité de ces
temples d’Utique est de savoir à quelle(s) divinité(s) ont-ils été consacrés durant
les six siècles de leur fonctionnement. Il existe un ensemble de données qui nous
autorise d’émettre l’hypothèse qu’il s’agisse d’une divinité salutaire. D’abord, la
proximité des temples avec la source d’eau thermale, qui serait sûrement sacrée,
comme la source qui abrite le lieu saint du dieu dans le temple d’Eshmun à Sidon
(Lipinski 1995: 158). La construction dans le premier temple du puits et de la
citerne, ainsi que la construction du possible bassin d’eau dans le deuxième temple
sont des éléments en rapport avec l’utilisation rituelle de l’eau, tel est le cas dans le
temple d’Eshmun de Sidon, où a été construite la piscine, avec le trône d’Astarté,
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temple voisin dédié à cette divinité, existant à l’intérieur de la baie qui garde le cap,
dans la ville d’Utique.
Quoi qu’il en soit, en attendant d’avoir des preuves plus concluantes, nous
considérons que cette découverte apportent déjà des nouvelles informations
qui enrichissent le dossier des temples phéniciens en Occident. Ce monument
imposant, qui a autrefois consituté un lieu primoridal de la cité, fera aujourd’hui
l’objet d’une recherche approfondie pour une meilleure mise en valeur.
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