Dictionnaire Infernal Ou Bibliothèque U
Dictionnaire Infernal Ou Bibliothèque U
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I
DICTIONNAIRE
INFERNAL.
IV.
1'*MS. — IMPRIMERIE DE FAIN, RUE RACINE, »,. !,.
H », . U! U'(,,,i,,. .
DICTIOHKAIftl
INFERNAL,
OU
BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE,
duo iio L lu-.», t,v> .tc'uviuKtai,', ii.» J iviei ! Lv< rdtilj cb tw Qvoiet
TOME QUATRIÈME.
A LA LIBRAIRIE UNIVERSELLE
DE P. MONGIE AÎNÉ,
POUI-F.VART DES ITALIENS, N°. IO.
1826.
DICTIONNAIRE
INFERNAL.
M
MA , — Nom Japonais qui signifle esprit malin ; on
le donne au renard , qui cause en eflet de grands ra
vages au Japon , où des sectaires n'admettent qu'une
espèce de démons , uniquement destinés à animer le
renard.
MAB, — Reine des fées, dans Shakspeare.
MABERTHE. — On lit dans l Histoire des posse
dés de Flandre, tome 2, page 275, qu'il y a eu en
quelque royaume de l'Europe , une jeune fille nom
mée Maberthe, menant une vie célèbre, qui fut re-
çne en pitié dans la maison du seigneur Svcrt, en
l'an 1618. Elle se faisait passer pour sainte, et se
vantait que son Dieu lui disait souvent, , Communie,
ma fille ; » et que quand le prêtre lui donnait l'abso
lution , elle sentait une main invisible qui se posait sur
sa tète en lui disant:«Ma fille, tes péchés te sont remis.»
Elle refusa de conférer de ces merveilles avec un sei
gneur évêque, en disant qu'un jour le diable l'avait
prise par la main, et s'était promené quelque temps
avec elle. Le seigneur Svert insista pour qu'elle conférât
avec le seigneur évêque , ce qu'enfin Maberthe ac .
corda ; mais après la conférence, qui embarrassa le sei-
TOM. IV. «'
2 MAC
gneur évêque, elle s'en alla de la maison en disant :
« S'ils savaient que je sais ce que je sais, 'ils diraient
que je suis une sorcière. » Elle assurait que Dieu se
mêlait corporellement avec elle, et ajoutait plusieurs
choses pleines de vergogne , que la pudeur empêche
de réciter en cet endroit.
Un père dominicain s'empara alors de Maberthe et
découvrit qu'elle était sorcière, qu'elle allait au sabbat,
qu'elle s'y prostituait aux diables et aux sorciers,
qu'elle était possédée d'un très-mauvais démon , et
qu'elle cherchait à faire des prosélytes en sorcelle
rie; qu'elle avait les marques du diable aux parties
honteuses , aux mains , aux pieds , et aux reins ; que le
diable la prenait la nuit dans son lit et l'emmenait aux
assemblées. On lui ordonna de se convertir. « J'y pen
serai , dit-elle ; il y a vingt-quatre heures au jour ; ma
conversion se fera quand la clémence de Dieu me
viiitera. » Elle accusa aussi le père dominicain d'avoir
voulu la séduire. L'affaire devenait grave : on dépêcha
le procès de Maberthc, et on la brûla.
MACAIRE (SAINT) , — Né dans le quatrième siè
cle à Alexandrie. Il fut d'abord boulanger, et ensuite
renonça nu monde , et se retira en 3/55 dans la solitude
de Nîtrie. Il arriva dans un lieu jadis habité , où il ne
trouva plus que quelques tombeaux de païens.
Comme il avait besoin de repos , il ouvrit un sépul
cre, tira dehors un cadavre, et le mit sous sa tête
pour lui servir d'oreiller '. Les démons qui hantaient
ces tombeaux , voyant le sang-froid de l'abbé Macaire ,
résolurent de le tourmenter un peu. Ils se mirent
donc à crier : « Madame , levez-vous , nous allons au
bain. » Le diable, qui se trouvait dans le cadavre que
1 Sub caput sitL-m tanqitam p'nmacium... C'était uu coussin fort
MAC 3
Macaire avait pris pour dormir, répondit aussitôt .
« rai sur le ventre un étranger qui m'empêche de
vous suivre. » Macaire, entendant ces mots, eut
bien quelque ,étonuement, mais pas la moindre
frayeur. Il fut même assez intrépide pour donner des
coups de poing à son oreiller, en lui disant : « Lève-
toi et va-t-en, si tu peux. >, Et les démons stupéfaits
prirent la fuite, en criant : « Seigneur étranger, vous
êtes plus fort que nous. »
Les esprits malins n'osèrent donc plus attaquer ou
vertement l'abbé Macaire; mais ils lui envoyèrent
sans se montrer, des tentations charnelles. C'est pour
quoi il se leva , remplit un grand sac de sable et de
pierres, le chargea sur ses épaules, et marcha plu
sieurs jours dans le désert, sans quitter son fardeau
II voulait par-là tourmenter son corps regimbant
Satan se présenta à lui, sous la figure d'un homme
fort et vigoureux, vêtu d'un habit de lin, et chargé
de bouteilles. « Où vas-tu ? lui dit Macaire. —Mon
voyage et mon fardeau sont utiles à quelque chose
répondit le diable, je porte à boire à mes compa
gnons. — Et pourquoi as-tu pris tant de bouteilles?
— Parce qu'ils sont plusieurs; et puis, vu que cha
cun a ses goûts, j'ai eu soin de prendre différentes
espèces de vins. Ce qui ne plaira pas à l'un plaira à
l'autre ; moi , je veux que tout le monde soit content. »
Après ces mots, Satan reprit son chemin, et Ma
caire sa promenade. II rencontra bientôt une lête de
mort, et lui demanda sur quel corps elle avait figuré
dans le monde? « Sur le corps d'un païen , répondit
la tète. — Où est maintenant ton âme? — Dans l'en
fer. — Les païens sont-ils bien bas, dans les pays
enflammés? — Ils sont enfoncés dans le cœur de la
terre , aussi bas que le ciel est haut. — Y a-t-il quel
qu'un au-dessous des juifs? — Les chrétiens qui ne
4 MAC
sont pas dévots. Ceux-là sont nu fin fond de l'enfer '.
C'est ce même saint Macaire qui fit sept ans péni
tence, pour avoir tué une puce avec colère.
MACHA-ALLAH ou MESSA-HALA , — Astrolo
gue arabe, qui vivait vers la fin du huitième siècle
de notre ère; il obtint une grande réputation par son
habileté dans l'astrologie. On a de lui plusieurs ou
vrages dont on trouve la liste dans Casiri. On a traduit
en latin les principaux : i". Un Traité des élémens et
des choses célestes; 2°. un autre, De la révolution des
années du monde ; 3°. un troisième, De la signification
des planètes pour les nativités, Nuremberg , i549- La
bibliothéque Bodléienne a parmi ses manuscrits une
traduction hébraïque de ses Problèmes astrologiques ,
faite par le célèbre Aben-Ezra.
MACHLYES, — Peuple fabuleux d'Afrique , que
Pline prétend avoir eu les deux sexes et deux mamel
les, la droite semblable à celle d'un homme, et la
gauche à celle d'une femme.
MACREUSES, — Oiseaux de la famille des ca
nards, qui sont très-communs sur les côtes d'Angle
terre , d'Ecosse et d'Irlande. Elles ont été le sujet de
bien des contes ridicules. Plusieurs auteurs ont assuré
que ces oiseaux sont produits sans œufs et sans accou
plement; quelques-uns les font venir des coquilles
qui se trouvent dans la mer; d'autres n'ont pas rougi
d'avancer qu'il y a des arbres semblables à des saules ,
dont le fruit se change en macreuses , et que les feuil
les de ces arbres qui tombent sur la terre produi
sent des oiseaux, pendant que celles qui tombent
v
•)* MAH
«le l'accoucheuse, se jeta à genoux, leva les yeux nu
ciel , et prononça d'une voix mâle et distincte ces
mots sacrés : Dieu est grand; il riy a quun Dieu , et
je fuis son prophète. Les assistans étonnés prirent l'en
fant , l'examinèrent , et s'aperçurent , avec admira
tion , qu'il était né circoncis. Mahomet parla une se
conde fois : alors les démons , les mauvais génies, les
esprits de ténèbres furent précipités des étoiles, des
planètes et des signes du zodiaque, où ils demeu
raient, dans les abîmes éternels.
Tous ces phénomènes causèrent une si grande joie
à la famille d'Abdalla , qu'on donna à l'enfant nou
veau-né le nom de Mahoinet, c'est-à-dire couvert de
gloire. Ahdallfl mourut deux mais après la naissance
de Mahomet, qu'il laissait dans une pauvreté abso
lue. Il fut élevé à la campagne jusqu'à l'âge de huit
ans. Aboutalib, son oncle, le forma pour le com
merce. Quand son intelligence se fut développée, il
le fit voyager en Syrie. En passant à Bosira , l'oncle et
le neveu allèrent visiter le moine Sergius ' , nesto-
rien , qui émit l'aigle de son couvent. L'extrême viva
cité de Mahomet, sa beauté, son esprit, sa modestie
frappèrent Sergius, mais moins sans doute que les
merveilles qui embellirent cette entrevue, puisque,
en s'approchant du prophète, Sergius vit sur sa tète
une nuée lumineuse; et que les arbres , auparavant
desséchés, sous lesquels il se trouvait, poussèrent des
feuilles en un moment. Le moine surpris regarda en
tre les épnules du jeune Mahomet, et y reconnut le
signe de la prophétie. « Prenez soin de cet enfnut , dit-
» il à Aboutalib; il< s'élèvera un jour au-dessus de
» l'humiinité. »
1 Torquémada , Uexc.mtron , p. T g.
7» MAR
murmuré , cette vieille lui servait "de truchement , et
faisait entendre aux autres ce qu'il avait dit ; elle a de
meuré en quelques maisons où ily a des femmes qui ont
observé ses façons de faire, qui disent qu'elle enferme
quelquefois cet esprit en un linceul , et qu'il a coutume
de lui mordre la bouche, tellement qu'elle a presque
toujours les. lèvres ulcérées. Cette misérable femme
est en si grande horreur à tout le monde, à cause de
cet esprit , qu'elle ne trouve personne. qui la veuille
loger, ou fréquenter avec elle '. »
MARIACHO DE MOLÈRES , — Insigne sorcière
qui fut accusée par une jeune fille, nommée Marie
Aspiculetle, âgée de dix-neuf ans, de l'avoir menée au
sabbat, l'emportant sur son cou après s'être frottée
d'une eau épaisse et verdàtre , dont elle se graissait
les mains, les hanches et les genoux ».
MARIAGRANE (MARIE), — Sorcière qui dit avoir
vu souvent le diable s'accoupler avec une infinité de
femmes; que sa coutume est de connaître les belles
par-devanl, etles laides à rebours. Delancre observe
que le diable aime mieux la sodomie que la plus réglée
volupté , et qu'il voit les femmes tout aussi bien der
rière que devant, selon le lieu où il est allé heurter J.
' Leloyer, Hût. des spectres et des apparitions des esprits, Hr. 4>
p. 3 10.
1 MM. Desaur et de Saint-Genies , les Aventures de Faust ,
tome i.
' M. Garinet , Histoire de la magie en France.
96 MER
commence-t-on qu'en ce jour toute sorte d'application
à l'étude et aux lettres ; ils exceptent pourtant le
dernier mercredi du mois de sephar , qui répond à
février, qu'ils appellent mercredi de malheur, et qui
estleplus redouté de leurs jours noirs.
MERCURE. —II est chargé dans l'ancienne mytho
logie de conduire les âmes des morts à leur destina
tion dernière. Voyez aussi Trismégiste.
MERLE , — Oiseau commun dont la vertu est
admirable ; si Von pend les plumes de son aile droite
avec un fil de couleur rouge, au milieu d'une maison
où l'on n'aura pas encore habité, personne n'y pourra
dormir tant qu'elles y seront pendues ; si l'on met
son cœur sous la tête d'une personne qui dorme et
qu'on l'interroge , elle dira tout haut ce qu'elle aura
fait dans la journée; si on le jette dans de l'eau de puits
avec le sang d'une huppe, et qu'on les mêle ensemble,
qu'ensuite on en frotte les tempes de quelqu'un, il
tombera malade et en danger de mort. Ou se sert uti
lement de tous ces secrets sous une planète favorable
et propre, comme celle de Jupiter et de Vénus , et
quand on veut faire du mal, sous celles de Saturne et
Mars ' .
Le diable s'est quelquefois montré sous la forme de
cet oiseau, et nous en avons la preuve dans la Légende
dorée qui rapporte que saint Benoit vit un gros merle
noir qui s'envola au signe de la croix. On sait aussi
qu'il y a des merles blancs.
MERLIN. — II parait que Merlin n'est pas né en
Angleterre , comme on le dit communément; il reçut
le jour en Basse-Bretagne, dans l'ile de Sein, et fut fils
1 De planetarum in lexu.
1 Delancre, Incrédulité 11 mrcréance , etc., p. 5o6.
3 Clumhry, ftyage data le Finistère, t. 3, p. i47-
MES ioj
remportera de grandes victoires sur tous ceux qui ré
gneront alors dans le monde, et tirera d'entre Irurs
mains tous les Israélites qui gémissent sous leur
cruelle domination. Après lesavoir tous rassemblés, il
les mènera en triomphe à la terre de Chanaan , où ils
trouveront d'abord les habits les plus précieux, qui
se feront d'eux-mêmes, et s'ajusteront à toute sorte
cle grandeur et de taille ; ils y trouveront aussi toutes
les viandes qu'on peut souhaiter, et le pays les pro
duira cuites et.bien apprêtées. Ils y jouiront d'un air
pur et tempéré , qui les conservera dans une santé
robuste, et prolongera leur vie au-delà de celle qui
a été accordée aux premiers patriarches.
Mais tout cela n'est rien , en comparaison du festin
que leur fera le Messie , où , entre autres viandes mi
raculeuses , seront servis ce prodigieux bœuf Bche-
moth , qui s'engraisse depuis le commencement du
monde, et mange chaque jour toute l'herbe qui croit
sur mille montagnes; ce merveilleux poisson Levia-
lhan , qui occupe une mer toute entière ; et cet oi
seau fameux qui, en étendant seulement ses ailes,
obscurcit le soleil. On raconte qu'un jour cet oiseau
ayant laissé tomber un desesœul's, cet œuf abattit, par
sa chute , trois cents gros cèdres, et inonda , en se cre
vant, soixante villages. . . .
Avant de mettre ces animaux à la broche, le Mes
sie les fera battre ensemble. pour donner à son peuple
un plaisir agréable et nouveau: car, outre la mons-
trueuse grosseur de ces animaux qui s'entrechoque
ront , il est rare de voir le combat d'un animal terres
tre , d'un poisson et d'un oiseau. Mai s aussi faut-il que
tontes les actions de ce Messie soient extraordinaires
comme lui. Il tiendra dans son palais, pour mar
que de sa grandeur , un corbeau et un lion qui sont
assurément des plus rares. Le corbeau est d'une force
io6 MET
prodigieuse: une grenouille, grosse comme un village
de soixante maisons, ayant été dévorée par un serpent,
le corbeau du Messie mangea l'un et l'autre , aussi ai
sément qu'un renard avale une petite poire, dit le
rabbin Bahba , témoin oculaire du fait. Le lion n'est
pas moins surprenant : un empereur romain en ayant
ouï parler , et prenant ce qu'on en disait pour une fa
ble, commanda au rabbin Josué de le lui faire voir,
Le rabbin ne pouvant désobéir à de pareils ordres , se
mit en prières -, et Dieu lui ayant accordé la permis
sion de montrer cette bête , il l'alla chercher dans le
bois d'Ela où elle se tenait. Mais quand elle fut à qua
torze cents pas de Rome , elle se mit à mugir si furieu
sement, que toutes les femmes enceintes avortèrent,
et les murs de la ville furent renverses. Quand elle
en fut à mille pas , elle rugit une seconde fois ,
ce qui fit tomber les dents à tous les citoyens; et
l'empereur ayant étéjeté à bas de son trône , fit prier
Josué de reconduire au plus tôt le lion dans son
bois.
On voit, par là, qu'il y a encore pour certains
peuples, des superstitions plus extravagantes que les
nôtres ; et sans doute que ces absurdités méritent le
pas sur celles de Mahomet.
qui arriva , w- , .
messe, il lui tomba sur une g
pierre pouvai
ilî.
-'
Albert le G«»è
et
e poule,
coq , il ne
/
n8 MID
qu'il n'aurait jamais laissé approcher Michel de la per
sonne du roi , s'il n'eu avait reçu l'ordre , Louis XIV
répondit : <e II n'est pas fou comme vous le pensez , et
» voilà comme on juge mal de son prochain. »
Mais on n'a jamais pu dévoiler ce mystère , non
plus que celui de l'homme au masque de fer. .
MICHEI^DE SAHOURSPE, — Sorcier du pays
de Saxe, qui avoua avoir vu au sabbat un grand et un
petit diable; que le grand se servait du petit comme d'un
aide de camp; il confessa aussi avoir baisé le grand diable
au derrière , et avoir été baisé au même lieu par le petit ;
enfin que le derrière du grand-maître des sabbats était
un visage; ainsi, que les sorciers ne lui baisaient pas le
cul, mais le visage de derrière. Delancre ajoute ' qu'il
en agit ainsi pour se moquer de Dieu et de ses plus
nobles créatures ; et au lieu que le baiser est la com
munion des esprits, le langage des affections, la pa
role des cœurs , qui donne à l'âme des nouvelles de
l'âme, le diable a pris cette action et l'emprunte de
nos églises, ou les prêtres et autres ecclésiastiques don
nent le baiser de paix ; « outre que Satan se l'est fait
donner en des parties sales. »
MICHEL L'ÉCOSSAIS, — Astrologue du seizième
siècle. Il prédit qu'il mourrait dans une église , ce
qui arriva , dit Granger. Comme il était un jour à la
messe, il lui tomba sur la tête une pierre qui le tua.
Cette pierre pouvait bien être lâchée par quelqu'ami
de l'astrologie , pour prouver l'infaillibilité de cette
science.
MIDAS. — Lorsque Midas , qui fut depuis roi do
Phrygie était encore enfant, un jour qu'il dormait
1 V«1ère Maxime.
" Ueluncie, Tatteau Je t'Incuiutancc c/ci dcmoits , liy- 6, p. j , j.
MJM
MILLO, — Vampire de Hongrie au dix-huitième
siècle. Une jeune fille nommée Stanoska s'étant cou
chée un soir en parfaite santé , se réveilla au milieu
de la nuit, toute tremblante , jetant des cris affreux,
et disant que le jeune Millo , mort depuis neuf se--
maines , avait failli l'étrangler pendant son sommeil.
Le lendemain cette jeune personne étant tombée ma
lade, mourut au bout de trois jours. On pensa alors
que Millo pouvait bien être un vampire ; il fut dé-r
terré , reconnu pour tel , et décapité après avoir eu
le cœur percé d'un clou ; ses restes furent brûlés et
jetés dans la rivière.
MILON , — Athlète grec qui était doué d'une force
prodigieuse ; Galien , Mercnrialis et d'autres disent
qu'il se tenait si ferme sur une planche huilée , que
trois hommes pe pouvaient la lui faire abandonner ;
et Athénée ajoute qu'aux jeux olympiques il porta
long-temps sur ses épaules un bœuf de quatre ans ,
qu'il ma .gea le même jour tout entier , semblable à
ce héros de Rabelais qui avala six pèlerins dans une
bouchée de salade ',
MIMI. — Voyez Zozo,
MIMIQUE, — Ou art de connaître les homnvtt par
leurs gettes , leurs attitudes , etc. extrait de Lavater.
C'est la partie la plus sûre de la physiognomonie. La
figure est souvent trompeuse ; mais les gestes et les
mouvemens d'une personne qui ne se croit pas ob
servée peuvent donner une idée plus ou moins par
faite de son caractère. Rien n'est plus significatif ,
dit Lavater , que les gestes qui accompagnent l'atti
tude et la démarche. Naturel ou affecté , rapide ou
\
M1M iii
lent , passionné on froid , uniforme on varié , grave
ou badin , aisé ou forcé , dégagé ou raide , noble ou
bas , fier ou humble , hardi ou timide , décent ou
ridicule , agréable , gracieux , imposant , menaçant ,
ta geste est différencié de mille manières.
L'harmonie étonnante qui existe entre la démarche,
la voix et le geste , ne se dément jamais. Le front ,
dit Herder , est une table d'airain où tous les senti-
mens se gravent en caractères de feu. Pour démêler
le fourbe, il faudrait le surprendre au moment où, se
croyant seul , il est encore lui-même , et n'a pas eu
le temps de faire prendre à son -visage l'expression
qu'il sait Jui donner. Découvrir l'hypocrisie est la
chose la plus difficile et en même temps la plus aisée:
difficile, tant que l'hypocrite se croit observé ; facile,
dès qu'il oublie qu'on l'observe.
Cependant on voit tous les jours que la gravité et
la timidité donnent à la physionomie la plus honnêle
un aperçu de malhonnêteté. Souvent c'est parce qu'il
est timide, et non point parce qu il est faux , que celui
qui vous fait un récit ou une confidence n'ose vous
regarder en face.
N'attendez jamais une humeur douce et tranquille
d'un homme qui s'agite sans cesse avec violence , et
ne craignt-z ni emportement ni excès de quelqu'un
dont le maintien est toujours sage et posé. Avec une
démarche alerte , on ne peut guère être lent et pares
seux ; et celui qui se traîne nonchalamment , à pas
comptés, n'annonce pas cet esprit d'activité qui ne
craint ni dangers , ni obstacles pour arriver au but.
Une bouche béante et fanée, une attitude insipide ,
les bras pendnns , et la main gauche tournée en de
hors , sans qu'on en devine le motif, annoncent la
stupidité naturelle , la nullité , le vide , une curiosité
hébétéc.
MIM
La démarche d'un sage est sûrement differente de
celle d'un idiot , et un idiot est assis autrement qu'un
homme sensé. L'attitude du sage annonce ou la mé
ditation., ou le recueillement, ou le repos. L'imbécile
reste sur sa chaise sans savoir pourquoi ; il semble
fixer quelque chose , et cependant son regard ne porte
sur rien ; son assiette est isolée comme lui-même.
Toute prétention suppose un fond de sottise. At
tendez-vous à rencontrer l'une et l'autre dans toute
physionomie disproportionnée et grossière, qui alFecte
nu air de solennité et d'autorité. Jamais l'homme
sensé ne se donnera des airs , ni ne prendra l'attitude
d'une tête éventée. Si par hasard son attention forte
ment excitée l'obligeait à lever la tête , il ne croisera
pourtant pas les bras sur le dos ; ce maintien suppose
de l'affectation et de l'ostentation , surtout avec une
physionomie qui n'a rien de désagréable , mais qui
n'est pas celle d'un penseur. Plus ces sortes de mes
sieurs s'en font accroire, plus nous sommes tentés de
leur ôter ce qu'ils peuvent avoir de mérite réel.
Un air d'incertitude dans l'ensemble ; un visage
qui , dans son immobilité , ne dit rien du tout , ne
sont assurément pas des signes de sagesse. Un homme
qui , réduit à son néant , s'applaudit encore lui-même
avec une joie plus qu'enfantine , qui rit comme un
sot et sans savoir pourquoi , ne parviendra jamais à
former ou à suivre une idée raisonnable. La crainte
d'être distrait se remarque dans la bouche. Dans l'at
tention , elle n'ose respirer.
Un homme vide de sens et qui veut se donner des
airs , met la main droite dans son sein et la gauche
dans la poche de sa culotte , avec un maintien affecté
et théâtral. Une personne qui est toujours aux écoutes
ne promet rien de bien distingué. Quiconque sourit
sans sujet , avec une lèvre de travers , quiconque se
MIM
tient souvent isolé , sans aucune direction , sans au
cune tendance déterminée ; quiconque salue, le corps
rai de , n'inclinant que la tête en avant , est un fou.
Si la démarche d'une femme est sinistre, décidément
sinistre , non-seulement désagréable , mais gauche ,
impétueuse , sans dignité , se précipitant en avant et
de côté , d'un air dédaigneux , soyez sur vos gardes.
We vous laissez éblouir, ni par le charme de sa beauté,
ni par les grâces de son esprit , ni même par l'attrait
de la confiance qu'elle pourra vous témoigner ; sa
bouche aura les mêmes caractères que sa démarche ,
et ses procédés seront durs et faux comme sa bouche :
elle sera peu touchée de tout ce que vous ferez pour
elle, et se vengera cruellement de la moindre chose
que vous aurez négligée. Comparez sa démarche avec
les lignes de son front et les plis qui se trouvent au
tour de sa bouche , vous serez étonné du merveilleux
accord de toutes ces lignes 'caractéristiques.
Ayez le plus de réserve possible en présence de
l'homme gras et d'un tempérament colère , qui sem
ble toujours mâcher , roule sans cesse les yeux autour
de soi , ne parle jamais de sens rassis , s'est donné
cependant l'habitude d'une politesse affectée , mais
traite tout avec une espèce de désordre et d'impro-
preté. Dans son nez rond , court , retroussé , dans sa
bouche béante , dans les mouvemens irréguliers de sa
lèvre inférieure, dans son front saillant et plein d'ex
croissances , dans sa démarche qui se fait entendre de
loin , vous reconnaîtrez l'expression du mépris et de
la dureté , des demi-talens avec la prétention d'un
talent accompli , de la méchanceté , sous une gauche
apparence de bonhomie.
Fuyez tout homme dont la voix toujours tendue ,
toujours montée , toujours haute et sonore , ne cesse
de décider ; dont les yeux, tandis qu'il décide, s'agran
dissent , sortent de leur orbite ; dont les sourcils se
hérissent , les veines se gonflent , la lèvre inférieure
se pousse eu avant, dont les mains se tournent en
poings ; mais qui se calme tout à coup , qui reprend
le ton d'une politesse froide , qui fait rentrer ses yeux
et ses lèvres, s'il est interrompu parla présence im
prévue d'un personnage important qui se trouve être-
votre ami. L'homme, dont les traits et la couleur du
visage changent subitement , qui cherche avec beau
coup de soin à cacher cette altération soudaine, et
sait reprendre aussitôt un air calme ; celui surtout qui
possède l'art de tendre et détendre les muscles de la
bouche , de les tenir pour ainsi dire en bride , parti
culièrement lorsque l'œil observateur se dirige sur
lui : cet homme a moins de probité que de prudence ;
il est plus courtisan qu'il n'est sage, et modéré.
Rappelez-vous les gens qui glissent plutôt qu'ils ne
marchent, qui reculent en s'avançant , qui disent des
grossièretés d'une voix basse et d'un air timide , qui
vous fixent hardiment dès que vous ne les voyez plus,
et n'osent jamais vous regarder tranquillement en face,
qui ne disent du bien de personne , sinon des mé-
chans ; qui trouvent des exceptions à tout et parais
sent avoir toujours contre l'assertion la plus simple
une contradiction toute prête. Ah ! si vous pouviez
toucher leur crâne , quelle difformité cachée ! que de
nœuds irréguliers ! quelle peau de parchemin ! quel
mélange bizarre de mollesse et de dureté ! Fuyez l'at
mosphère où respirent de pareils hommes. En croyant
même gagner avec eux , vous ne sauriez manquer de
perdre infiniment. Observez les plis de leur front ,
lorsqu'ils croient écraser l'homme droit , lorsqu'ils
prennent la cause de quelque fourbe endurci : le dés
ordre de ces plis vous sera le garant le plus infaillible
de tout le désordre de leur caractère.
Ml M
Celui qui relève la tète et la porte en arrière (que
retie tète soit grosse ou singulièrement petite ) ; celui
qui se uiire dans ses pieds mignons, de manière à les
faire remarquer ; celui qui voulant montrer de grands
yeux , encore plus grands qu'ils ne sont , les tourne
exprès de côté , comme pour regarder tout par-dessus
l'épaule ; celui qui , après vous avoir prêté long-temps
un silence orgueilleux , vous fait ensuite une réponse
courte , sèche et tranchante qu'il accompagne d'un
froid sourire : qui , du moment qu'il aperçoit la ré
plique sur vos lèvres, prend un air sourcilleux, et
murmure tout bas d'un ton propre à vous ordonner
le silence : cet homme a , pour le moins , trois qualités
haïssables, avec tous h-urs symptômes, l'entêtement,
l'orgueil , la dureté ; très-probablement il y joint en
core la fausseté , la fourberie et l'avarice.
Le corps penché en avant annonce un homme pru
dent et laborieux. Le corps penché en arrière annonce
un homme vain, médiocre et orgueilleux. Les bor-
gues, les boiteux et surtout les bossus , dit Albert
le Grand, sont rusés, spirituels, un peu malins et
passablement méchans. L'homme sage rit rarement
et peu. Il se contente ordinairement de sourire. Quelle
différence entre le rire affectueux de l'humanité , et
le rire infernal qui se réjouit du mal d'autrui ! Il est
des larmes qui pénètrent les cieux ; il en est d'autres
qui provoquent l'indignation et le mépris.
Remarquez aussi la voix (comme font tous les Ita
liens dans leurs passe-ports et dan s leurs signalemens);
distinguez si elle est haute ou basse , forte ou faible ,
claire ou sourde, douce ou rude , juste ou fausse. Le
son de la voix , son articulation , sa faiblesse cl son
étendue , ses inflexions dans le haut et dans le bas ,
la volubilité et l'embarras de la langue , tout cela est
infiniment caractéristique. Le cri des animaux les
19.6 MIN
plus courngeux est simple, dit Aristote, rt ils le
poussent sans effort marqué. Celui des animaux ti
mides est beaucoup plus perçant. Comparez à cet
égard le lion, le bœuf , le coq qui chante son triomphe,
avec le cerf et le lièvre ; ceci peut s'appliquer aux
hommes. La voix grosse et forte annonce un homme
robuste ; la voix faible , un homme timide. La voix
claire et sonnante dénote quelquefois un menteur ;
la voix habituellement tremblante indique souvent un
naturel soupçonneux. L'effronté et l'insolent ont la
voix haute. La voix rude est un signe de grossièreté.
La voix douce et pleine , agréable à l'oreille , an
nonce un heureux naturel.
Un homme raisonnable se met tout autrement qu'un
fat ; une dévote , autrement qu'une coquette. La pro
preté et la négligence , la simplicité et la magnifi
cence , le bon et le mauvais goût , la présomption et
la décence, la modestie et la fausse honte : voilà au
tant de choses qu'on distingue à l'habillement seul. La
couleur, la coupe , la façon , l'assortiment d'un habit,
tout cela est expressif encore et nous caractérise. Le
sage est simple et uni dans son extérieur ; la simpli
cité lui est naturelle. On reconnaît bientôt un homme
qui s'est paré dans l'intention de plaire , celui qui ne
cherche qu'à briller , et celui qui se néglige , soit
pour insulter à la décence , soit pour se singulariser.
fl resterait encore quelques remarques à faire, sur
le choix et surl'arrangement des meubles, dit Lavoter.
Souvent, d'après ces bagatelles, on peut juger de l'es
prit et du caractère du propriétaire ; mais on ne doit
pas tout dire. Voyez Physiognomonie.
MINEURS (DÉMONS). — II y a de ïnalins esprits
qui , sous la forme de chèvres, vont tourmenter les
mineurs ; on dit qu'ils apparaissent souvent aux mines
MIR
métalliques et battent ceux qui tirent les métaux des
mines. Cependant ces démons ne sont pas tous mau
vais, puisqu'il y en a qui , au contraire , aident les ou
vriers , et Olaùs Magnus dit que ces derniers se lais
sent voir sous la forme de nains grands d'une coudée ;
qu'ils aident à faire des pierres , à creuser la terre ;
mais que malgré cela ils Ont toujours une tendance
au mal, et que les malheureux mineurs sont souvent
,victimes de leurs mauvais traitemens. Au reste , on
a distingué six sortes d'esprits qui fréquentent les
mines et sont plus ou moins méchans ; quelques-uns
disent qu'ils en ont vu dans les mines d'Allemagne,
qui Delaissaient aucun repos aux ouvriers , tellement
qu'ils étaient contraints d'abandonner le métier ; et
entre autres exemples qu'ils donnent de la malignité
de cette engeance infernale , on cite qu'un démon mi
neur tua douze artisans à la fois , ce qui fit délaisser la
mine d'argent, qui était cependant très-productive '.
MINOSON , — Démon qui fait gagner à toutes
sortes de jeux : il dépend de Haël , un des plus puis-
sans diables de l'enfer '.
MINUIT. — C'est à cette heure-là que se fait le
sabbat des sorciers , et que les spectres et les démons
apparaissent : cependant le diable n'aime pas cette
heure-là uniquement ; car il peut tenir sabbat à midi ,
comme l'ont avoué plusieurs sorcières , telles que Ja-
nette d'Abadie et Catherine de Naguille 3. Voyez Aba-
die et Naguille.
MIRABEL (HONORÉ), — Fripon, qui fut con
N
NABERUS , autrement Cerbère, — Marquis du
sombre empire. Il se montre sous la figure d'un cor
beau; sa voix est rauque ; il donne l'éloquence, l'a
mabilité et enseigne les arts libéraux " . Il commande
à dix-neuf légions.
NABUCHODONOSOR , — Roi de Babylone qui
' \\ ii'rus, In Pteudomon. dœmonum-.
168 NAG
conquit l'Egypte, la Phénicie, la Syrie, la Mésopotamie
et se rendit maître de Jérusalem , dont il détruisit le
temple; on dit même qu'il poursuivit ses conquêtes
jusque dans la partie méridionale de l'Espagne. Joa-
chim, roi de Judée , qui s'était revolté contre lui , fut
vaincu et fait prisonnier avec les principaux seigneurs
de sa cour et le jeune Daniel , dont on connakla con
duite tout le temps de sa captivité. Nabuchodonosor,
rassasié de gloire, crut pouvoir exiger des peuples qu'il
soumit le culte et les hommages qui ne sont dus qu'à
Dieu : il flt fondre une statue d'or qu'il ordonna d'a
dorer ; mais les Hébreux refusèrent de se soumettre à
ses ordres et il les fit tourmenter ; c'est alors qu'il fut,
dit-on, puni de son orgueil par une maladie singulière
dont il fut attaqué : il tomba dans un état complet de
démence, et se persuada qu'il était changé en bœuf. Il
guérit cependant au bout de sept ans. et mourut un
an après, l'an 58o avant Jésus-Christ.
Les paradistes du boulevart croient dire une grande
extravagance, en annonçant qu'on verra dans leur ba
raque l'ongle de Nabuchodonosor , et telles autres ba
gatelles ; mais l'ongle de Nabuchodonosor est dans le
cabinet de curiosités du roi de Danemarck.
o
OANNÈS ou OÈS, — Monstre moitié homme et
moitié poisson, venu de la mer Égyptienne, sorti de
l'œuf primitif d'où tous les autres êtres avaient été ti
rés. Il parut, ditBérose, près d'un Heu voisin de Ba-
bylone. Il avait une tête d'homme sous une tête de
poisson. A sa queue étaient joints des pieds d'homme ,
et il en avait la voix et la parole. Ce monstre demeu
rait parmi les hommes sans manger, leur donnait la
connaissance des lettres et des sciences, leur enseignait
les arts, l'arithmétique, l'agriculture; en un mot,
tout ce qui pouvait contribuer à adoucir les mœurs.
Au soleil couchant, il se retirait dans la mer, et passait
le nuit sous les eaux. C'était un poisson comme on
n'en voit guère. *
OB , — Démon des Syriens , qui était à ce qu'il pa
raît ventriloque. Il donnait ses oracles par les par
ties naturelles , par le derrière , ou par quelque au
tre cavité qui n'est pas consacrée à la parole ; mais
toujours d'une voix basse et sépulcrale, en sorte
que celui qui le consultait ne l'entendait souvent
point du tout, ou plutôt entendait tout ce qu'il vou
lait.
OBEREIT (JACQUES HERMAHN), — Alchimiste et
mystique, né en i^aS, à Arbon, en Suisse, et mort
en 1 798. Son père avait eu le même goût pour l'alchi
mie , qu'il appelait l'art de perfectionner les métaux
par la grâce de Dieu. Le fils voulut profiter des le
çons que lui avait laissée* le vieillard; comme sa fa
mille était réduite à l'indigence , Obereit travailla sans
relâche dans son laboratoire ; mais l'autorité vint le
OBS
fvritKT, comme trop dangereux pour lit sûreté publi
que. Cepeudant il réussit ù prouver que ses opérations
ne pouvaient nuire ; et il s'établit chez un frère de
Lavater. Depuis dix-huit ans , Jacques connaissait une
personne qu'il nomme Théantis , bergère séraphique,
il l'épousa dans un château , sur une montagne en
tourée de nuages-. « Notre mariage, dit-il, n'était
» ni platonique , ni épicurien ; c'était un état mi-
» toyen entre l'amitié et l'union corporelle , état dont
» le monde n'a peut-être aucune idée. » Elle mourut
au bout de trente-six jours, et le veuf se souvenant
que de Marsay , grand mystique de ce temps , avait
entonné un cantique de reconnaissance à la mort de
sa femme, il chanta à gorge déployée , durant la nuit
du décès de la sienne. ll a publié, en 1776, à Augs-
bourg, un traité de la Connexion originaire des esprits
et des corps , ft après les principes de Newton. On lui
doit aussi les Promenades de Gamaliel , juifphUoso*
phe , 1780.
OBÉRON, — Roi des fées et des fantômes aériens ;
il joue un grand rôle dans la poésie anglaise ; c'est l'é
poux de Titania. Ils habitent l'Inde; la nuit, ils
franchissent les mers, et viennent dans nos climats
danser au clair de la lune; ils redoutent le grand
jour, et fuient au premier rayon du soleil , ou se ca
chent dans les bourgeons des arbres jusqu'au retour
de l'obscurité. On sait qu'Obéron est le sujet d'un
poëme célèbre de Wiéland.
OBOLE, — Pièce de monnaie qu'on mettait dans
la bouche des morts, pour payer leur passage dans la
barque à Caron.
OBSÉDÉS. — Don Calmet fait une distinction ju
dicieuse entre les possédés et les obsédés. Dans les
TOM. IV. 15
i9{ ODI
possessions , dit-il, le diable loge en dedans ; il parle,
il pense, il agit pour le possédé. Dans les obsessions,
il se tient au dehors, il assiége, il tourmente , il har
cèle la place sans relâche. Saùl était possédé , parce
que le diable le rendait sombre , mélancolique et sé
rieux. Sara n'était qu'obsédée , parce que le diable
Àsmodée se contentait de lui tuer ses maris. Les ob
sédés, ajoute-t-il, sont quelquefois extrêmement tour
mentés. Le diable leur tire le nez , les oreilles , leur
mord les doigts des pieds. Jacques Sprenger, intrépide
inquisiteur, dit qu'il a connu des sorcières tellement
fatiguées des importunités Jes démons , qu'elles ai
maient mieux mourir que de vivre ; de sorte qu'il les
condamnait pour les obliger, et les faisait brûler par
charité. Voyez Démoniaques.
OCHOSIAS, — Roi d'Israël , l'un des plus grands
sorciers de son temps. Étant tombé de sa fenêtre , il
envoya des ambassadeurs au temple de Baal pour
savoir s'il en réchapperait. Elie les rencontra ; N'y a-
t-il point, leur dit-il, de Dieu au ciel à qui demander
conseil ? Dites au roi qu'il en mourra. Et le roi en
mourut.
OCULOMANTIE,— Divination dont le but était
de découvrir un larron , en examinant la manière dont
il tournait l'œil , après certaines cérémonie* super
stitieuses.
OCCULTES. — On appelle sciences occultes , la
magie , la nécromancie , la cabale , l'alchimie , et
toutes les sciences secrètes.
ODIN, — Dieu des Scandinaves. Deux corbeaux
sont toujours placés sur ses épaules , et lui disent à
l'oreille tout ce qu'ils ont entendu ou vu de nouveau.
ORN
Odin les lâche tous les jours ; et , après qu'ils ont
parcouru le monde , ils reviennent le soir à l'heure
du repas. C'est pour cela que ce dieu sait tant de choses,
et qu'on l'appelle lo dieu des corbeaux.
1 Tacite.
298 PLO
les nouvelles découvertes détruisent tout le système
de l'astrologie judiciaire et toute l'importance qu'on
donnait au nombre sept. Les anciennes planètes
étaient : Le Soleil , la Lune , Mercure , Vénus , Mars,
Jupiter et Saturne.
Chaque planète gouverne un certain nombre d'an
nées. Les années ou Mercure préside sont bonnes au
commerce, etc. ; la connaissance de cette partie de l'as
trologie judiciaire s'appelle Alfridarie. Voyez Astro
logie.
Quelques savans qui voulaient expliquer l'inexplica
ble apocalypse, par l'astronomie, ont prétendu que
le chandelier à sept branches était l'image des sept
planètes. Si le poëme est inspiré , le chandelier doit
avoir plus de sept branches.
1 Valère Maxime.
PRÉ 3i7
le menacer. Un autre roi de Loango fit assommer un
chien qu'il aimait beaucoup, et qui, l'ayant un jour
suivi , avait assisté à son dîner '.
Les hurlemens des bêtes sauvages , les cris des
carfs et des singes , sont des présages sinistres pour
les Siamois. S'ils rencontrent un serpent qui leur
barre le chemin, c'est pour eux une raison suffisante
de s'en retourner sur leurs pas , persuadés que l'af
faire pour laquelle ils sont sortis ne peut pas réus
sir. La chute de quelque meuble que le hasard ren
verse est aussi d'un très-mauvais augure. Que le
tonnerre vienne à tomber, par un effet naturel et
commun, voilà de quoi gâter la meilleure affaire.
Plusieurs poussent encore plus loin la superstition
et l'extravagance. Dans une circonstance critique et
embarrassante , ils prendront poux règle de leur con
duite les premières paroles qui échapperont au hasard
à un passant, et qu'ils interpréteront à leur manière.
Dans le royaume de Benin, en Afrique, on regarde
comme un augure très-favorable qu'une femme accou
che de deux enfans jumeaux : le roi ne manque pas
d'être aussitôt informé de cette importante nouvelle ,
et l'on célèbre par des concerts et des festins un évé
nement si heureux. Le même présage est regardé
comme très-sinistre dans le village d'Arebo, quoiqu'il
soit situé dans le même royaume de Benin.
PRESCIENCE. — Rappelons -nous ici la sage
maxime d'Hervey : « Mortel , qui que tu sois , exa-
» mine et pèse tant que tu voudras; nul sur la terre
» ne sait quelle fin l'attend. »
PRÉSERVATIFS.— M. Salgues remarque que les
moines ont distribué dans tous les temps, moyennant
1 Saiut-Foix , Essais historiques.
3i8 PRÉ
un peu d'argent, des oraisons, de petits morceaux
de pain bénit, des images et des médaillons pour opé
rer la guérison des maladies. Thiers conte que, de
son temps , les bénédictins d'Allemagne et de France
prétendaient posséder des médailles dont la vertu
préservait immanquablement les maisons d'incendies,
les hommes, et les bestiaux de toutes entreprises des
enchanteurs et des sorciers. On assurait que les qua
lités de ces médailles avaient été découvertes par une
circonstance particulière. En 1647, on ^l une chasse
rigoureuse aux sorciers de Bavière , et l'on en exécu
ta un grand nombre. A Stratebingen , quelques-uns
d'eux déclarèrent, dans leur interrogatoire, que leurs
maléfices n'avaient pu atteindre ni les bestiaux, ni les
personnes du château de Nattemberg , parce qu'on y
gardait quelques médailles consacrées h saint Benoît.
Oa fit les perquisitions convenables , et l'on décou
vrit les médailles indiquées.
Dès que les religieux furent instruits de cette dé
couverte , ils se hâtèrent de battre monnaie , et les
médailles coururent bientôt dans toute l'Allemagne.
Les bénédictins français ne voulurent pas le céder en
zèle et en dévotion à leurs confrères ; ils prônèrent
aussi les vertus de la médaille , et l'on fit imprimer
un petit livre où l'on en détailla tous les avantages :
elle est bonne contre les charmes et les sortiléges ;
elle guérit les maladies, elle arrête les incendies, et
préserve également les hommes et les animaux. Il ne
s'agit , pour les premiers , que de la garder dans sa
poche, et pour les autres, que de la porter au cou
comme les sonnettes des mulets ou des beliers '.
Aujourd'hui dans la Bretagne on dit encore que
quand un cheval bâille, il faut lui dire , « Saint Eloi
1 Val*re Mnxime.
PYT 335
rente , un bœuf qui broutait un champ de fèves ; il lui
dit à l'oreille quelques paroles mystérieuses , qui le
firent cesser pour toujours de manger des fèves '. Oa
n'appelait plus ce bœuf que le bœuf sacré , et dans sa
vieillesse il ne se nourrissait que de ce que les pass ms
lui donnaient. Enfin Pythagore présidait l'avenir et
les tremblemens de terre , avec une adresse merveil
leuse; il apaisait les tempête», dissipait la pestf, guéris
sait les maladies d'un seul mot ou par l'attouchement.
Il fit un voyage aux enfers , où il vit l'âme d'Hé
siode attachée avec des chaînes à une colonne d'ai
rain , et celle d'Homère pendue à un arbre, an milieu
d'une légion de serpens, pour toutes les fictions inju
rieuses h la divinité , dont leurs poemes sont remplis.
Pythagore intéressa les femmes au succès de ses vi
sions, en assurant qu'il avait vu dans les enfers beau
coup de maris rigoureusement punis , pour avoir
maltraité leurs femmes ; et que c'était le genre de cou
pables le moins ménagé dans l'autre vie. Les femmes
furent contentes ; les maris eurent peur ; et tout fut
cru. Il y eut encore une circonstance qui réussit mer
veilleusement ; c'est que Pythagore, au moment de
son retour des enfers , et portant encore sur le vi
sage la pâleur et l'effroi qu'avait dû lui causer la vue
de tant de supplices , savait parfaitement tout ce
qui était arrivé sur la terre pendant son absence.
PYTHONS. — Les Grecs nommaient ainsi du nom
d'Apollon Pythien les esprits qui aidaient à prédire
les choses futures, et les personnes qui en étaient
possédées.
1 Les Pythagoriciens respectaient tellement les fèves, que non-
seulement ils n'en mangeaient point, mais même il ne leur était
pas permis de passer dans un champ de fèves, de peur d'écraser
quelque parent dont elles pouvaient loger l'âme.
33fi QUE
K*
RABBATS , — Lutins qui font du vacarme dans
les maisons , et empêchent les gens de dormir. On
les nomme rabbats parce qu'ils portent une bavette à
leur cravate.
RABBINS, — Docteursjuifs qui furent long-temps
soupçonnés d'être magiciens , et d'avoir accointance
avec les démons succubes '.
RABDOMANCIE , —- Divination par les bâtons.
C'est une des plus anciennes superstitions. Ezéchiel
en fait mention, ainsi qu'Osée, qui reproche aux Juifs
de s'y laisser tromper. On dépouillait d'un côté et
dans toute sa longueur une baguette choisie , on la
jetait en l'air ; si en retombant elle présentait la par
tie dépouillée , et qu'en la jetant une seconde fois ,
elle présentât le côté revêtu de l'écorce , on en tirait
un heureux présage ; si au contraire, elle tombait une
seconde fois du côté pelé, c'était un augure funeste.
Cette divination était connue chez les Perses , chez
les Tartares et chez les Romains.
La baguette divinatoire, qui a fait grand bruit sur la
fin du dix-septième siècle , tient à la Rabdomancie.
Voyez Baguette. Bodin dit que la Rabdomancie était
de son temps en vigueur à Toulouse ; qu'on mar
mottait quelques paroles ; qu'on faisait baiser les deux
parties d'un bâton fendu , et qu'on en prenait deux
parcelles qu'on pendait au cou pour guérir la fièvre
quarte.
RACHADERS , — Génies malfaisans des Indiens.
' Lemnius.
RAI 34i
nement cherché à faire de l'or par les secrets de l'al
chimie, il voulut commercer avec le diable. Deux
charlatans abusèrent de sa crédulité ; l'un se disait mé
decin de Poitou; l'autre était Italien. Le prétendu mé
decin lui vola son argent et disparut. Prélati était de
Florence ; il fut présenté au maréchal par un prêtre
du diocèse de Saint-Malo comme magicien et habile
chimiste. Prélati n'était ni l'un ni l'autre ; c'était un
adroit fripon qui s'entendait avec Sillé, l'homme d'af
faires du maréchal.
Prélati fit une évocation; Sillé, habillé en diable,
se présenta faisant d'horribles grimaces. Le maréchal
voulait avoir une conversation ; mais Sillé n'osait par
ler; Prélati, pour trouver du temps, imagina de faire
signer un pacte au seigneur de Raiz , par lequel il
promettait au diable de lui donner tout ce qu'il lui
demanderait, excepté son âme et sa vie. Il s'engageait
dans cet écrit, signé de son sang, à faire des encen-
semens et des offrandes en l'honneur du diable et à
lui offrir en sacrifice, le cœur, une main , les yeux et
le sang d'unenfant.
Le jour choisi pour l'évocation , le maréchal se ren
dit au lieu désigné, faisant des signes de croix et mar
mottant des oraisons , craignant et espérant de voir le
diable. Prélati se fatigua vainement : le maréchal ,
malgré toute sa bonne volonté, ne vit rien du tout. Il
paraîtrait assez, par ce que dit Lobineau, que le maré
chal était devenu fou. Gilles de Raiz , sans avoir d'ha
bitude avec les femmes, s'abandonnait aux plus infâ
mes débauches; et, par un déréglement inconcevable,
les malheureuses victimes de sa passion n'avaient de
charmes pour lui que dans le moment qu'elles expi
raient. Cet homme abominable se divertissait aux mou-
vemens convulsifs que donnaient à ces innocentes
créatures les approches de la mort , qu'il leur faisait
34a RAI
lui-même souffrir assez souvent de sa propre main.
Par les procès verbaux qui furent dressés , et par sa
propre confession, le nombre des misérables enfans
qui furent sacriflésà sa lubricité, dans les châteaux de
Machecou et de Chantocé , se montait à près de cent,
sans compter les enfans qu'il avait fait mourir à Nan
tes, à Vannes et ailleurs.
Sa folie est d'autant plus constatée , qu'il fit ses
Pâques dans son château , et qu'il en sortit le même
jour, pour aller voler des enfans à Nantes, au lieu de
prendre le chemin de Jérusalem , comme il l'avait an
noncé.
Sur le cri public , le duc Jean V le fit prison
nier ; les juges de l'Église se disposèrent à le juger
comme hérétique, sodomite et sorcier. On voit figurer
dans le procès Jean Blouyn , officiai de Nantes et vi
caire de Jean Merci , inquisiteur dans le royaume de
France. Le parlement de Bretagne le décréta de prise
de corps comme homicide. Il parut devant un tri
bunal composé de laïcs et d'ecclésiastiques ; il inju
ria ces derniers , voulut décliner leur juridiction les
appelant simoniaques et ribauds : J'aimerais mieux
être pendu par le cou , leur disait-il , que de vous
répondre ; je m'étonne que le président de Bretagne
Vous laisse connaître ces sortes d'affaires.
Mais la crainte d'être appliqué à la torture lui fit
tout avouer devant l'évêque de Saint-Brieux , et le
président Pierre de l'Hôpital. Le président le pressa
de dire par quel motif il avait fait périr tant d'inno-
cens, et brûlé ensuite leurs corps ; le maréchal impa
tienté lui dit : « Hélas! monseigneur, vous vous tour
mentez, etmoi avec. » Le président répliqua : « Je ne
vous tourmente point ; mais je suis émerveillé de ce
que vous "me dites , et je ne m'en puis bonnement
contenter ; mais je désire cl je voudrais par vous en
RAL 343
savoir la pure vérité, » Le maréchal lui répondit :
« Vraiment , il n'y avait ni autre cause , ni intention
que ce que je vous ai déjà dit ; je vous ai dit de plus
grandes choses que n'est celle-ci , et assez pour faire
mourir dix mille hommes. »
Le lendemain le maréchal en audience publique
réitéra ses aveux. Il fut condamné à être brûlé vif, le
a5 octobre i44°- L'arrêt fut exécuté dans le Pré de
la Madeleine, près Nantes '.
RALDE (MARIE DE LA),—Jolie sorcière qu'on arrêta
à l'âge de dix-huit ans. Elle avait commencé le métier
à dix, et fut conduite au sabbat pour la première fois ,
par la sorcière Marissans. Après la mort de cette
femme , le diable la conduisit lui-même à son assem
blée, où il se tenait, avoua-t-elle , en forme de tronc
d'arbre. Il semblait être dans une chaire , et avait
quelque forme humaine fort ténébreuse. Cependant,
elle l'a vu quelquefois sous la figure d'un homme or
dinaire , tantôt rouge , tantôt noir ; il s'approchait
souvent des enfans , tenant un fer chaud à la main ;
mais elle ignore s'il les marquait. Elle n'avait ja
mais baisé le diable ; mais elle avait vu comment on
s'y prenait : le diable présentait sa figure ou son der
rière, le tout à sa discrétion et comme il lui plaisait.
Elle ajouta qu'elle aimait tellement le sabbat , qu'il
lui semblait nller à la noce , « non pas tant pour la
» liberté et licence qu'on a de s'accointer ensemble
» ( ce qu'elle dit par modestie n'avoir fait ni vu faire ),
» mais parce que le diable tenait tellement liés leur
» cœur et leurs volontés , qu'à peine y laissait-il en-
» trer nul autre désir. » En outre , les sorcières y en
tendaient une musique si harmonieuse, qu'elles se
-
3(iS ROAÎ
ROIS DE L'ENFER. — Los roisde l'enfer sont an
nombre de sept: s/moymon , qui gouverne l'Orient ;
Gorson , le Midi; Zymymar, le Septentrion ; Goap,
l'Occident, et trois autres pour les états du milieu. On
peut les lier depuis trois heuresjusqu'à midi, et depuis
neuf heures jusqu'au soir '. Voyez Monarchie.
N
SAB
Enfin Penniafut séduit ; il devint partisan de l'im
posteur, et chanta la palinodie. Sa famille se conver
tit avec lui ; sa fille tomba dans des extases et se mit
à prophétiser. Quatre cents personnes , gagnées par
l'argent que Pennia distribuait , le secondèrent admi
rablement , et la manie de prophétiser s'étendit jus
qu'aux petits enfans. Le gouverneur permit à Sabataï
de rentrer à Smyrne; les rues furent tendues et cou
vertes de tapis pour le recevoir , on lui rendit tous
les honneurs imaginables. Un docteur juif , un peu
plus ferme que Pennia, voulutaussi éclairer sanation;
comme il avait de l'éloquence , le gouverneur l'en
voya aux galères. Sévi, protégé, écrivit à toute la nation
d'Israël une longue lettre , dont voici le sommaire :
« Sabataï-Sévi , fils aîné de Dieu , messie et sau-
» veur des enfaps de Jacob , vous apporte le salut et
» le bonheur. Célébrez des fêtes, et changez vos jours
» de tristesse en des jours de réjouissance ; celui que
» Dieu vous avait promis est venu. Bientôt vous do-
» minerez sur tous les peuples de la terre , et même
» sur les nations inconnues qui sont au fond de la
» mer ; le tout pour votre plaisir, et pour la récom-
» pense des vertus de vos pères. »
Cette lettre fut écrite de Smyrne , en 1666. Saba
taï avait alors quarante ans. Nathan l'accompagnait
toujours ; cependant Élie ne paraissait point. Sévi
affirma qu'il se trouvait invisiblement parmi les Juifs;
ce qui était bien prouvé par la vision du gouverneur.
Plusieurs docteurs , échauffés par les fumées du vin ,
virent aussi le prophète Élie assis à leur table , et se
vantèrent même d'avoir bu avec lui. Un rabbiule ren
contra dans les rues , habillé à la turque; et le pro
phète lui dit qu'on négligeait de porter des bandes de
couleur d'hyacinthe , aux révers des manches ; qu'on
se coupai lies cheveux en rond; qu'on n'observait pas
SAB 375
régulièrement les traditions des anciens ; et qu'il n'é
tait pas content de tout cela. On se hâta de l'apaiser ;
après quoi Sévi se disposa à conduire le peuple de Dieu
dans la terre promise. Il fallait d'abord aller détrôner
le Grand-Turc ; le messie nomma les principaux de la
synagogue de Smyrne, chefs des Israélites , honneur
qui leur causa une joie inexprimable ; il recomman
da encore au peuple de se tenir prêt à marcher; puis
il sortit de Smyrne avec les vœux de tous les Juifs. Il
futnéanmoins trente-neufjours sur mer, ballotté par
ces vents contraires , qu'il ne savait pas gourmander.
Les juifs de Constantinople , apprenant qu'il arri
vait, allèrent à sa rencontre , et se prosternèrent de
vant lui , comme devant leur seigneur et maître. 11
leur annonça qu'il venait obliger sa hautesse à le re
connaître roi des Juifs , et à lui céder sa couronne ,
pour donner l'exemple aux autres princes de la terre.
Cette audace, sur les terres du Grand-Turc , prouve
que Sévi était un fou. On lui représenta que le sultan
ne serait peut-être pas d'humeur à descendre du trô
ne ; il répondit que Dieu le lui commanderait en
songe. Si les prestiges qui entouraient cet homme ,
son singulier caractère , et sa conduite extraordinaire
eussent frappé l'imagination du Grand-Seigneur, on
aurait vu bien d'autres miracles.
Legrand-visir , instruit de tout ce qui se passait, fit
arrêter le messie que l'on conduisit en prison. Cet in
cident fut regardé comme une tribulation prévue.
Les Juifs allèrent le voir avec autant de respect que
s'il eût été sur le trône , pendant les deux mois qu'on
le garda à Constanlinople. Le sultan partant alors
pour une expédition lointaine , on transporta Saba-
taï dans une des tours des Dardanelles. Ceux de sa
nation y accoururent de tous les pays , et les Turcs
proûtèrentde la vénération qu'on lui portait pour faire
SAB
payer fort cher l'honneur de le voir. C'était pour cela
qu'on lui laissait la vie; les juifs prétendaient qu'on ne
le faisaitpas mourir, parce qu'on n'avait aucun pouvoir
sur ses jours. C'était d'autant plus vrai , qu'il conver
tissait ses chaînes de fer en chaînes d'or ; qu'il les
donnait aux fidèles qui venaient le visiter ; et qu'on
l'avait vu se promener' avec ses disciples , dans les
rues de Constantinople , quoique les portes de sa pri
son des Dardanelles fussent bien fermées. En con--
séquence, la dévotion des Juifs pour leur messie aug
mentait de jour en jour ; les synagogues portaient des
SS en or ; on ne jurai t plus qu'au nom de Sabataï ; on
expliquait les Ecritures en sa faveur , comme nous le
faisons pour Jésus-Christ.
Les choses prirent bientôt une autre tournure.
Néhémie - Cohen , savant dans la cabale juive et se
trouvant né avec d'heureuses dispositions à l'impostu
re , demanda à entretenir Sabataï. Après une longue
conversation , Néhémie dit au messie qu'il devait y
avoir deux envoyés ; l'un pauvre , méprisé , et chargé
seulement d'annoncer le second ; l'autre , riche ,
puissant , et destiné à siéger sur le trône de David.
Néhémie-Cohen se contentait d'être le pauvre mes
sie Ben-Ephraïm. Sabataï craignit qu'étant une fois
reconnu pour Ben-Ephraïm , il ne lui prît envie de se
donner pour le puissant messie Ben-David. Il rejeta
sa proposition et le traita d'imposteur. Néhémie ré
pondit sur le même ton , et ils se quittèrent ennemis.
Leur dispute fit causer les Juifs ; mais on n'en respec
ta pas moins Sévi; Néhémie seul fut blâmé, et regardé
comme un impie et un schismatiquc. Cet affront lui
était trop sensible , pour qu'il ne cherchât pas à s'en
venger. Il se rendit à Andrinople , et accusa Sabataï
de troubler le repos public. Des docteurs juifs , mé-
contens de l'état actuel des choses , secondèrent Né
SAB
hernie , et firent un portrait si ressemblant du pré
tendu messie , que le sultan l'envoya prendre , et
commanda qu'on l'amenât en sa présence. La vue du
Grand-Seigneur intimida tellement le fils de Dieu ,
qu'il oublia tout son courage , et toute l'assurance
qu'il avait montrée dans la synagogue. Le sultan lui
fit , en langue turque , plusieurs questions , auxquel
les il ne put répondre que par interprètes; ce qui sur
prit étrangement les assistans , qui pensaient que le
messie dût parler toutes les langues. Le sultan ne s'en
tint pas là ; il voulut un miracle : il ordonna qu'on
dépouillât Sabataï , qu'on l'attachât à un poteau , et
que les plus adroits de ses archers tirassent sur lui. Il
promit en même temps de se faire juif et sectateur du
messie , si son corps était impénétrable. Sabataï con
sterné avoua qu'il n'était qu'un pauvre juif tout com
me un autre. « Eh bien ! dit le sultan , pour réparer
» le scandale que tu as causé , tombe à genoux et
v adore Mahomet, ou tu vas être empalé à l'instant. »
Sévi , à l'extrémité, coiffa le turban, et adora le pro
phète de Médine. Les Juifs stupéfaits furent obligés
de retourner à leur commerce et à leur ancien culte.
Quelques-uns cependant se persuadèrent que Sabataï
ne s'était point fait turc , que son ombre seulement
«tait resti'e sur la terre, et que son corps était allé dans
le ciel attendre des circonstances pi us favorables.
SABBA, — Devineresse mise au nombre des si
bylles. On croit que c'était celle de Cumes.
SABBAT. — C'est l'assemblée des démons , des
sorciers et des sorcières, dans leurs orgies nocturnes.
On s'y occupe ordinairement à faire ou à méditer du
mal , à donner des craintes et des frayeurs , à prépa
rer les maléfices, à des mystères abominables.
Le sabbat se fait dans un carrefour, ou dans quel
378 SAB
que lieu désert et sauvage, auprès d'un lac ou d'un
étang, ou d'un marais, parce qu'on y fait la grêle,
et qu'on y fabrique des orages. Le lieu qui sert à ce
rassemblement reçoit une telle malédiction, qu'il n'y
peut croître ni herbe , ni autre chose. Strozzi dit avoir
vu , dans un champ auprès de Vicence , un cercle à
l'entour d'un châtaignier, dont la terre était aussi
aride que les sables de la Libye , parce que les sor
ciers y dansaient et y faisaient le sabbat. Les nuits
ordinaires de la convocation du sabbat sont celle du
mercredi au jeudi , et celle du vendredi au samedi.
Quelquefois le sabbat se fait en plein midi ; mais c'est
fort rare. Les sorciers et les sorcières portent une
marque qui leur est imprimée par le diable , entre
les fesses , ou dans quelque autre lieu secret ; cette
marque , par un certain mouvement intérieur qu'elle
leur cause , les avertit de l'heure du ralliement. En
cas d'urgence , le diable fait paraître un njouton dans
une nuée (lequel mouton n'est vu que des sorciers),
pour rassembler son monde en un instant. Dans les
cas ordinaires , lorsque l'heure du départ est arrivée,
après que les sorciers ont dormi, ou du moins fermé
un œil , ce qui est d'obligation , ils se rendent au sab
bat , montés sur des bâtons , ou sur des manches à
balai, oints de graisse d'enfant; ou bien des diables
subalternes les y transportent , sous des formes de
boucs , de chevaux , d'ânes ou d'autres animaux. Ce
voyage se fait toujours en l'air. Quand les sorcières
s'oignent l'entre-deux des jambes , pour monter sur
le manche à balai qui doit les porter au sabbat, elles
répètent plusieurs fois ces mots : Emen-hétan ! ernen-
hétanl qui signifient, dit Delancre : Ici et là! ici et
là!
Il y avait cependant, en France, des sorcières qui
allaient au sabbat sans bâton , ni graisse , ni monture,
SAB
seulement en prononçant quelques paroles. Mais
celles d'Italie ont toujours un bouc à la porte, qui
les attend pour les emporter. Il est bon de remarquer
encore qu'on est tenu de sortir par la cheminée , à
moins qu'on n'ait une dispense , ce qui est fort diffi
cile à obtenir. Ceux ou celles qui manquent au ren
dez-vous paient une amende , attendu que le diable
aime la discipline.
Les sorcières mènent assez souvent au sabbat , pour
differens usages , des eufans qu'elles dérobent. Si une
sorcière promet de présenter au diable , dans le sab
bat prochain , le fils ou la fille de quelque gueux du
voisinage , et qu'elle ne puisse venir à bout de l'attra
per, elle est obligée de présenter son propre fils,
ou quelque autre enfant d'aussi haut prix. Les enfans
qui ont l'honneur de plaire au diable sont admis
parmi ses sujets, de cette manière : Maître Léonard,
le grand nègre, président des sabbats , et le petit dia
ble , maître Jeau Mullin , son lieutenant , donnent
d'abord un parrain et une marraine à l'enfant ; puis
on le fait renoncer Dieu , la Vierge et les saints; et ,
après qu'il a renié sur le grand livre , Leonard le
marque d'une de ses cornes dans l'œil gauche. Il porte
cette marque pendant tout son temps d'épreuves , à la
suite duquel , s'il s'en est tiré glorieusement, le dia
ble lui administre le grand signe entre les fesses ; ce
signe a la figure d'un petit lièvre , ou d'une pate de
crapaud , ou d'un chat noir.
Durant leur noviciat , on charge les enfans admis
de garder les crapauds, avec une gaule blanche, sur
le bord du lac , tous les jours de sabbat ; quand ils
ont reçu la seconde marque , qui est pour eux un
brevet de sorcier, ils sont admis à la danse et au fes
tin. Les sorciers, initiés aux mystères du sabbat, ont
coutume de dire : J'ai bu du tabourin, foi mangé du
38o SAB
cymbale, et je suis fait profes. Ce que Leloyer expK-
que de la sorte : « Par le tabourin , on entend la peau
de bouc enflée de laquelle ils tirent le jus et -consom
mé , pour boire ; et, par le cymbale , le chaudron ou
bassin dont ils usent pour cuire leurs ragoûts. » Les
petits enfans qui ne promettent rien de bon sont con
damnés à être fricassés. H y a là des sorcières qui les
dopèrent , et les font cuire pour le banquet.
Lorsqu'on est arrivé au sabbat, la première chose
est d'aller rendre hommage à maître Léonard. Il est
assis sur un trône infernal , ordinairement sous la fi
gure d'un grand bouc , ayant trois cornes, dont celle
du milieu jette une lumière qui éclaire l'assemblée;
quelquefois sous la forme d'un lévrier, ou d'un bœuf,
ou d'un tronc d'arbre sans pied , avec une face hu
maine fort ténébreuse , ou d'un oiseau noir, ou d'un
homme tantôt noir, tantôt rouge. Mais sa figure favo
rite est la première , celle du grand bouc. Alors il a
sur la tête la corne lumineuse , les deux autres au
cou , une couronne noire , les cheveux hérissés , le
visage pâle et troublé, les yeux ronds, grands, fort
ouverts , enflammés et hideux , une barbe de chèvre,
les mains comme celles d'un homme , excepté que
les doigts sont tous égaux , courbes comme les grif
fes d'un oiseau de proie, et terminés en pointes, les
pieds en pates d'oie, la queue longue comme celle
d'un âne; il a la voix effroyable et sans ton , tient une
gravité superbe , avec la contenance d'une personne
mélancolique; mais ce qu'il y a de singulier, c'est
qu'il porte sous la queue un visage d'homme noir
que tous les sorciers baisent en arrivant au sabbat.
Une sorcière, interrogée là-dessus, si elle avait
baisé le postérieur du diable , répondit qu'i? y avait
un visage entre le cul et la queue du grand-maître ;
que célait ce visage de derrière qu'on baisait , et non
SAB 38i
le cul; que les petits enfans étaient exempts de cette
cérémonie , et que Léonard leur baisait le derrière ,
pendant qu'il recevait les hommages de ses grands
serviteurs. Un pareil témoignage doit enlever tous les
doutes.
Léonard donne ensuite un pou d'argent à tous ceux
qui lui ont baisé le derrière ; puis il se lève pour le
festin, eu le maître des cérémonies place tout le
monde , chacun selon son rang , avec un diable à son
côté. Quelques sorcières ont dit que la nappe y est
dorée , et qu'on y sert toutes sortes de bons mets , avec
du pain et du vin délicieux. Mais le gros des sorciè
res mieux entendues avoue qu'on n'y sert que des cra
pauds , de la chair de pendus, de petits enfans non
baptisés, et mille autres horreurs ; et que le pain du
diable est fait de millet noir. On chante , pendant le
repas , des choses très-impudiques ; et , après qu'on a
mangé, on se lève de table, on adore le grand-maî
tre ; puis chacun prend les plaisirs qui lui convien
nent. Les uns se mettent en chemises , et dansent en
rond , ayant chacun un gros chat pendu au derrière.
D'autres rendent compte des maux qu'ils ont faits ,
et ceux qui n'en ont point fait assez sont punis comme
ils le méritent. Quelques sorcières répondent aux
accusations des crapauds qui les servent ; quand
ils se plaignent de n'être pas bien nourris par leurs
maîtresses , les maîtresses subissent un châtiment.
Les correcteurs du sabbat sont de petits démons
sans bras, qui allument un grand feu, y jettent les
coupables , et les en retirent quand il le faut.
Ici, on baptise des crapauds, habillés de velours
rouge ou noir, avec une sonnette au cou , et une
autre aux pieds; un parrain leur tient la tète, une
marraine la partie opposée. Après qu'on leur a donné
un nom, on les envoie aux sorcières qui ont bien
38a SAB
mérité des légions infernales. Là , une magicienne
dit la messe du diable, pour ceux qui veulent l'en
tendre. Ailleurs, une femme se livre à l'adultère en
présence de son mari , sans qu'il en soit blessé ; il
en est même qui s'en font honneur. Mais ce qui est
plus abominable , le père déshonore sajllle sans ver
gogne, la mère s abandonne à son fils, et la sœur à
son frère. Le plus grand nombre dansent nus; et les
femmes , en cet état , s'interrompent de temps en
temps pour aller baiser le derrière du maître des sab
bats, avec une chandelle à la main. Quelques autres
forment des quadrilles avec des crapauds vêtus de
velours , et chargés de sonnettes. Ces divertissemens
durent jusqu'au chant du coq. Aussitôt qu'il se fait
entendre , tout est forcé de disparaître. Alors le
grand nègre pisse dans un trou , fait une aspersion de
son urine sur tous les assistans , leur donne congé, et
chacun s'en retourne chez soi '.
On conte qu'un charbonnier ayant été averti que sa
femme allait au sabbat, résolut de l'épier. Une nuit
qu'elle faisait semblant de dormir, elle se leva, se
frotta d'une drogue et disparut. Le charbonnier, qui
l'avait bien examinée, en fit autant, et fut aussitôt
transporté , parla cheminée , dans la cave d'un comte,
homme de considération dans le pays , où il trouva
sa femme et tout le sabbat rassemblé pour une séance
secrète. Celle-ci , l'ayant aperçu , fit un signe : au
même instant tout s'envola , et il ne resta dans la cave
que le charbonnier qui , se voyant pris pour un vo
leur, avoua tout ce qui s'était passé à son égard , et
ce qu'il avait vu dans cette cave 3.
s de Pu Hat.
SAL ?,9i
avait volés. Nous qui connaissons, la nature, dit lo
même auteur , nous que^Dieu a appelés de ces ténè
bres à son admirable lumière , nous savons que ce
Mars prétendu était un salamandre qui, épris de la
jeune Sylvia, la fit mère de Romulus. (Voyez Ca
bale.)
Il y a un animal amphibie , de la classe des rep
tiles , et du genre des lézards, qu'on nomme la sala
mandre; sa peau est noire,. parsemée de taches jau-
zies , sans écailles , et presque toujours enduite d'une
matière visqueuse qui en suinte continuellement. La
salamandre ressemble, pour la forme, à un lézard.
Les anciens croyaient que cet animal vivait dans le
feu , et c'est peut-être cette opinion qui a servi de
fondement, aux contes des cabalistes. « La salaman
dre loge dans la terre, dit Bergerac, sous des mon
tagnes de bitume allumé , comme l'Etna , le Vésuve ,
et le cap Rouge. Elle sue de l'huile, bouillante , et
pisse de Fewu-forte , quand elle s'échaufle ou qu'elle
se bat. Avec le corps de cet animal, on n'a que
faire du feu dans une cuisine. Pendu à la crémail
lère ,_ il fait bouillir et rôtir tout ce que l'on met de
vant la cheminée. Ses yeux éclairent la nuit comme
de petits soleils ; et, placés dans une chambre ob
scure, ijs.y font reflet d'une lampe perpétuelle.... »
SALGUES (JEAN-BAPTISTE), — Auteur vivant d'un
Hvre intitulé : des Erreurs et des prejugés repandus
dans les diverses classes de la société. 3 vol. in-8".,
3e. , édit. Paris., 1818. — Ce livre, plein de choses
utiles, et dont le but mérite de grandes louanges,
a obtenu un juste succès , et rendu d'importans. ser
vices.
SALIERE. — Le sel , chez les anciens , était con-i
sacré à la sagesse; aussi n'oubliait-on jamais la salière»
SQ^ SAL
dans les repas; et, si l'on ne songeait pas à la servir,
cet oubli était regardé comme un mauvais présage.
Il était aussi regardé comme le symbole de l'ami
tié ; les amis avaient coutume de s'en servir an com
mencement des repas , et si quelqu'un en répandait ,
c'était le signe de quelque brouillerie future.'
Aujourd'hui c'est encore un très-mauvais augure
pour les personnes superstitieuses, lorsque les sa
lières se renversent sur la table.
SALISATEURS, — Devins du moyen -âge, qui
formaient leurs prédictions sur le mouvement du pre
mier membre de leur corps qui venait à se mouvoir,
et en tiraient de bons ou mauvais augures.
SALIVE. — Pline le naturaliste rapporte comme
un ancien usage , celui de porter avec le doigt un peu
de salive derrière l'oreille, pour bannir les soucis et
les inquiétudes.
Mais ce n'est pas là toute la vertu dela salive;
elle tue les aspics , les serpens , les vipères et les au
tres reptiles venimeux. Albert le Grand dit qu'il faut
qu'elle soit d'un homme à jeun , et qui ait demeuré
long-temps sans boire.
Figuier assure qu'il a tué plusieurs serpens d'un
petit coup de bâton mouillé de sa salive; et il ajoute
que le coup qu'il donnait pouvait à peine occasioner
une légère contusion. Et M. Salgues dit à ce sujet
qu'il est possible de tuer les vipères avec un peu de
salive , mais qu'il est à propos d'y ajouter un bon
coup de bâton.
Ce qui est certain, c'est que le savant Redi a voulu
vérifier les témoignages d'Aristote, de Galien , de
Lucrèce , etc. Il s'est amusé à cracher, à jeun , sur
une multitude de vipères que le grand-duc de Tos
cane avait fait rassembler ; mais à la grande confu
SAL 3g3
lion de l'antiquité , les vipères ne sont pas mortes.
Voyez Crachai.
* Kivasscau.
SEI 409
lumées ayec de la graisse de lièvre et dejeune bouc '.
Voyez Aiguillette , Charmes , Enchantcmens , Malé
fices , Superstitions , etc.
SEGJIN , — Septième partie de l'enfer chez les ma-
hométans. On y jette les âmes des impies sous un ar
bre noir et ténébreux, où l'on ne voit jamais aucune
lumière : ce qui n'est pas gai.
SEINGS. — Divination par le seing , adressée par
Méhtmpus au roi Ptoléinée.
Un seing , ou grain de beauté, au front de l'homme
ou de la femme, promet des richesses. Un seing au
près des sourcils d'une femme la rend à la fois bonne
et belle; auprès des sourcils d'un homme , un seing
le rend riche et beau. Un seing dans les sourcils pro
met à l'homme cinq femmes , et à la femme cinq ma
ris. Un seing au nez annonce une personne insatiable
en amour, qui a un autre seing dans un lieu secret.
Celui qui porte un seing à la joue deviendra opu
lent. Un seing à la langue promet le bonheur en mé
nage ; un seing aux lèvres indique la gourmandise ;
un seing au menton annonce des trésors. La femme
qui porte un seing au menton en a aussi un vers la
rate. Un seing aux oreilles donne une bonne réputa
tion. Les femme qui porte un seing aux oreilles en a
aussi un entre les cuisses. Un seing au cou promet
une immense fortune.
Celui qui porte un seing derrière le cou sera déca
pité Un seing aux reins caractérise un pauvre
gueux. Un seing aux épaules annonce une captivité.
Un seing aux aisselles promet un heureux mariage.
Un seing à la poitrine ne donne pas de grandes ri
chesses. Celui qui porte un seing sur le cœur est or
1 Secnti du Petit Albert.
4io SÉP
dinairement méchant... Celui qui porte un seing au
ventre aime la bonne chère. Ceux qui ont un seing
aux mains auront beaucoup d'enfans. L'homme qui
porte un seing aux parties sexuelles n'aura que des
garçons ; la femme , que des filles. On sent que le cas
deviendra très-embarrassant si l'homme qui porte
un seing aux parties sexuelles se marie avec une
femme qui en ait un dans le même endroit.
Les Anglais du commun prétendent que c'est un
signe heureux d'avoir une verrue au visage. Ils atta
chent beaucoup d'importance à la conservation des
poils qui naissent ordinairement sur ces sortes d'ex
croissances.
SEL. — Le sel , dit Boguet, est un antidote sou
verain contre la puissance de l'enfer , et comme Dieu
a commandé expressément qu'on eût bien soin d'en
mêler dans les sacrifices qu'on aurait à lui faire , et
qu'on s'en servît au baptême , le diable a tellement
pris le sel en haine , qu'on ne mange rien de salé
au sabbat. Un Italien , se trouvant par hasard à cette
assemblée pendable , demanda du sel avec tant d'im-
portunité, que le diable fut contraint d'en faire ser
vir. Sur quoi l'Italien s'écria : Dieu soit béni ! puis
qu'il m'envoie ce sel ; et tout délogea à l'instant.
Le sel est le symbole de l'éternité et de la sa
gesse , parce qu'il ne se corrompt point. Voyez Sa
lière.
SEPT. — Ce nombre était regardé comme sacré , à
cause des sept planètes. On élevait sept autels , on
immolait sept victimes, pour faire descendre les gé
nies sur la terre.
SÉPULTURE. — Quelques philosophes qui voya
geaient en Perse ayant trouvé un cadavre abandonné
SER 4n
sur le sable , l'ensevelirent et le mirent en terre. La
nuit.suivante, un spectre apparut à l'un de ces phi
losophes , et lui dit que ce mort était le corps d'un
infâme , qui avait commis un inceste avec sa mère,
et que la terre lui refusait son sein. C'est pourquoi
les philosophes se rendirent le lendemain , au même
lieu , pour déterrer le cadavre ; mais ils trouvèrent la
besogne faite, et continuèrent leur route sans plus
s'en occuper '..Voyez Funérailles.
1 Agathias.
3 M, Garinet, Histoire de la mugit en France, p. 198.
4ia SFR
tait quelque créature charmante, qu'Eve prit pour
un ange bien intentionné.
Le serpent noir de Pensylvanie a le pouvoir de
charmer les oiseaux et les écureuils , et de fasciner
leurs yeux : s'il est couché sous un arbre, et qu'il
fixe ses regards sur l'oiseau ou l'écureuil, qui se
trouve au-dessus de lui , il les force à descendre et
à se jeter directement dans sa gueule. Cette opinion
est très-ac«réditée, parce qu'elle tient du merveil
leux : on en peut trouver la source dans l'effroi que
le serpent noir cause à l'écureuil. Un de ces ani
maux, troublé par la frayeur, a pu tomber naturel
lement de son arbre, et le peuple, qui se fait des
prodiges toutes les fois que l'occasion s'en présente,
a bien vite attribué à des charmes un effet qu'il
éprouve lui-même à tout instant.
Il y a dans les royaumes de Juida et d'Ardra, en
Afrique , des serpens très-doux , très-familiers , et
qui n'ont aucun venin ; ils font une guerre conti
nuelle aux serpens venimeux ; et voilà sans doute l'o
rigine du culte qu'on commença , et qu'on a toujours
continué de leur rendre.
Un marchand anglais , ayant trouvé un de ces ser
pens dans son magasin, le tua, et, n'imaginant pas
avoir commis une action abominable, le jeta devant
sa porte : quelques femmes passt'-rent, jetèrent des
cris affreux , et coururent répandre dans le canton la
nouvelle de ce saciilége. Une sainte fureur s'empara
des esprits; on massacra tous les Anglais; on mit le
feu à leurs comptoirs, et leurs marchandises furent
toutes consumées par les flammes.
Il y a encore des chimistes qui soutiennent que le
serpent , en muant et en se dépouillant de sa peau ,
rajeunit , croît , acquiert de nouvelles forces ; et qu'il
ne meurt que par des accidens, et jamais de mort na
SEX 4i3
turelle. On ne peut pas prouver, par des expérien
ces, la fausseté de cette opinion ; car si on nourris
sait un serpent , et qu'il vînt à mourir, les partisans
de son espèce d'immortalité diraient qu'il est mort de
chagrin de n'avoir pas sa liberté, ou parce que la
nourriture qu'on lui donnait ne convenait point à son
tempérament.
SERVIUS TULLIUS. — Tanaquil , femme de
Tarquin l'Ancien , avait une belle esclave qui se
nommait Ocrisia. Vulcain en devint amoureux , selon
les anciens , et l'engrossa. Elle accoucha d'un fils qui
se nomma Servius Tullius, et qui fut roi des Ro
mains. Leloyer, et d'autres aussi judicieux, préten
dent que Servius était fils du diable. Les cabalistes
soutiennent, de leur côté, qu'il fut fils d'un salaman
dre; les incrédules de notre malheureux siècle di
ront sans doute qu'il était fils d'un homme. Nous
penchons pour le diable, par égard pour la vertu
d'Ocrisia.
SETHUS. — II y avait , à la suite de l'empereur
Manuel , un magicien nommé Sethus , qui rendit une
fille éperdument amoureuse de lui , par le moyen
d'une pêche qu'il lui mit dans le sein , à ce que conte
Nicetas.
SÉVÈRE. — Quelques historiens rapportcut qu'à
la sortie d'Antioche, l'ombre de l'empereur Sévère
apparut à Caracalla , et lui dit pendant son sommeil :
Je te tuerai comme tu as tué ton frère.
SEXE. — Manière de distinguer si une femme est
enceinte cfun garçon ou d'unefille. — Dans le temps
de la conception , si c'est un garçon que la femme a
conçu , la couleur de son visage est d'un rose écla
tant, ses mouvemens légers, son humeur enjouée.
44 SIB
Voilà le premier signe. Mais on en a découvert plu*
sieurs autres. Si le ventre de la mère grossit et s'ar
rondit du côté droit, elle est enceinte d'un garçon. Si
le lait qui emplit bientôt les mamelles, est tellement
épais qu'en le mettant sur un marbre il ne se sépare
point, ou qu'en en déposant une goutte dans un verre
d'eau claire il n'aille point an fond, la mère est en
ceinte d'un garçon. Que l'on mette un grain de sel au
bout des mamelles , s'il ne fond point , c'est un gar
çon. Si le sang qu'on tire à la femme, au cinquième
mois, est épais et pesant , c'est un garçon. Si la ma
melle droite est plus grosse que l'autre , c'est un gar
çon. Si les douleurs de la grossesse se portent du côté
droit, c'est encore un garçon.
Mais si ces douleurs se font sentir du côté gauche,
c'est d'une fille que la femme est enceinte. Si la ma
melle gauche est plus grosse que la droite , c'est une
fille. Si la femme est pesante et pâle , c'est une fille. Si
elle a le ventre arrondi du côté gauche , c'est une fille.
Si son lait est livide, clair, délié, s'il nage sur l'eau,
s'il se sépare aisément, c'est une fille. Albert le Grand
dit que ces signes sont à peu près certains, et qu'il
est rare que l'expérience ne les ait pas justifiés.
SHAMAVÉDAM, — L'un des quatre livres sa
crés des Indiens. C'est celui qui contient la science
des augures et des divinations.
SHOUPELTINS. — Les habitans des îles Schet-
land appelaient ainsi des tritons ou hommes marins,
dont les anciennes traditions et la superstition popu
laire ont peuplé les mers du Nord.
SIBYLLES. — Les sibylles étaient chez les an
ciens des enthousiastes , des convulsionnaires qui
faisaient le métier de devineresses. Leurs prophé
SIB 4i5
ties étaient en vers ; les morceaux qui nous en res
tent sont supposés, cependant on peut les mettre, en
grande partie , à côté des quatrains de Nostradamus.
Les sibylles sont au nombre de dix, selon Varron ;
d'autres en comptent jusqu'à douze : 1°. la sibylle de
Perse. Elle se nommait Sambethe ,• on la dit bru de
Noé , dans des vers sibyllins apocryphes ; elle a prédit
l'avénement du Messie , par la bouche d'un poëte
chrétien. 2°. La sibylle libyenne. Elle voyagea à
Samos , à Delphes , à Claros, et dans plusieurs autres
pays. On lui attribue des vers contre l'idolâtrie , dans
lesquels elle reproche aux hommes leur sottise de
placer tous leur espoir de salut dans un dieu de pierre
ou d'airain, et d'adorer les ouvrages de leurs mains.
Mais les vers ont trop de marques modernes pour
que l'homme de goût s'y laisse tromper.
3°. La sibylle de Delphes. Elle était fille du devin
Tyrésias. Après la prise de Thèbes , elle fut consa
crée au temple de Delphes par les Epigoncs , descen-
dans des guerriers qui prirent Thèbes la première
fois. Ce fut elle. selon Diodore, qui porta la première
le nom de Sibylle. Elle a célébré dans ses vers la gran
deur divine ; et des savans prétendent qu'Homère a
tiré parti de quelques-unes de ses pensées. 4°- La
sibylle d'Erythrée. Elle a prédit la guerre de Troie ,
dans le temps que les Grecs s'embarquaient pour cette
expédition. Elle a prévu aussi qu'Homère chanterait
cette guerre longue et cruelle. Si l'on en croit Eusèbe
et saint Augustin, elle connaissait les livres de Moïse,
car elle a parlé de la vierge Marie , mille ans avant
qu'elle fût née, disant que le créateur du ciel habite
rait dans son sein , et détaillant clairement la venue
de Jésus-Christ, ses mi racles , sa Passion et son der
nier jugement. Bien plus , elle a fait des vers , dont
les premières lettres expriment , par acrostiche , Jd~
SIB
sus- Christ , fils de Dieu. On Va quelquefois repré
sentée avec un petit Jésus et deux anges à ses pieds.
5°. La sibylle cimmérienne a parlé de la sainte
Vierge plus clairement encore que celle d'Erythrée ,
puisque, selon Suidas , elle la nomme par son propre
nom. 6°. La sibylle de Samos a prédit que les Juifs
crucifieraient le vrai Dieu. Quelques écrivains mo
dernes prétendent qu'on trouve ses prophéties dans
les anciennes annales des Samiens..., 7°. La sibylle
de Cumes , la plus célèbre de toutes , faisait sa rési
dence ordinaire à Cumes , en Italie. On l'appelait
Déiphobe ; elle était lille de Glaucus, et prêtresse
d'Apollon. Elle rendait ses oracles au fond d'un an
tre qui avait cent portes , d'où sortaient autant de
voix terribles qui faisaient entendre les réponses de
la prophétesse. Ce fut elle qui offrit à Tarquin le Su
perbe un recueil de vers sibyllins, qui furent soigneu
sement conservés dans les archives de l'empire , au
Capitole. Cet édifice ayant été brûlé, du temps de
Sylla , Auguste fit ramasser tout ce qu'il put trouver
de fragmens détachés de ces vers , et les fit mettre
dans des coffres d'or, au pied de la statue d'Apollon
Palatin , où l'on allait les consulter. Les factions des
. riches, qui en étaient les dépositaires , les interpré
taient à leur gré , et en tiraient grand parti auprès
du peuple , qui les regardait comme des oracles. Le
savant Petit , dans son traité de Sibylld , prétend
qu'il n'y a jamais eu qu'une sibylle , dont on a par
tagé les actions et les voyages. Ce qui a donné lieu ,
selon lui , à cette multiplicité , c'est que cette fille
mystérieuse a voyagé en divers pays. Ce sentiment
est d'autant plus probable que tous les vers des si
bylles étaient écrits en grec, ce qui ne serait pas
arrivé s'il y en avait eu en Perse , en Phrygie , etc.
Peut-être aussi a-t-on donné le nom de sibylle à quel
sic 4,7
qucs personnes qui , à l'imitation do la seule qu'on
doive reconnaître, se sont mêlées de prévenir l'avenir.
8°. La sibylle hullespontine. Elle naquit à Marpèse,
dans la Troade ; elle prophétisa du temps de Solon
et de Crésus. On lui attribue aussi des prophéties
sur la naissance de Jésus-Christ. 9°. Lu sibylle phry
gienne. Elle rendait ses oracles à Aucyre , en Galatie,
près de l'endroit oùBajazet fut vaincu par Tamerlan.
Elle a prédit l'anuonciation et la naissance du Sau
veur. 10'. La sibylle tiburtine , ou Albunée , qui fut
honorée à Tibur, comme une divinité, et fit des vers
contre l'adultère et la pédérastie. Elle prédit que Jé
sus-Christ serait roi du monde , et qu'il naîtrait d'une
vierge à Bethléem. 1 1". La sibylle d'Épire. Elle com
mença à prévoir l'avenir , dit gravement Nicétas , et
à pronostiquer la naissance du Sauveur , du moment
qu'elle sortit du ventre de sa mère. 12". La sibylle
égyptienne a prédit les mystères de la passion, le cru
cifix , la trahison de Judas , e(c.
Toutes les prophéties des sibylles , qui concernent
le Messie, n'étaient point connues des anciens, etsont
regardées comme des contes par ceux des modernes
qui ont un peu de bon sens , quoique saint Jérôme ait
dit que les sibylles avaient reçu du ciel le don de lirr
dans l'avenir en récompense de leur chasteté. Au resie,
on ne peut rien prononcer de certain sur les vers des
sibylles , car ils sont tous perdus ; et les huit livres
de vers sibyllins, que nous avons aujourd'hui , sont
entièrement supposés.
f
SOM
S1RCHADE, — Démon qui a tout pouvoir sur les
animaux.
SISTRE, — Plante siliqueuse qui , selon Aristote ,
se trouvait dans le Scamandre, ressemblait au pois
chiche, et avait la vertu de mettre à l'abri de la
crainte des spectres et des fantômes ceux qui la te
naient à la main.
SITTIM, — Démon indien qui habite les bois, sous
forme humaine.
SOCRATE. — On a beaucoup vanté la belle mo
rale de Socrate, la sagesse de sa conduite, l'expé
rience qu'il avait des choses, cette philosophie qui
épura son âme de toutes les passions honteuses, son
penchant à la vertu, et cette prudence qui lui faisait
prévoir le résultat nécessaire des événemens incer
tains, qui guidait son choix dans les occasions dou
teuses , et lui montrait de loin tous les périls. Les
anciens, qui trouvaient tant de grandes qualités sur
humaines , ne les croyaient pas étrangères à l'essence
des démons. Aussi disaient-ils que Socrate avait un
démon familier , et Proclus soutient qu'il lui dut
toute sa sagesse «. Peut-être les hommes trouvaient-
ils leur compte à cet arrangement. Ils se consolaient
d'être moins vertueux que Socrate, en songeant qu'ils
n'avaient pas un appui comme le sien.
SOMNAMBULES. — Des gens d'une imagination
vive , d'un sang trop bouillant , font souvent en dor
mant ce que les plus hardis n'osent entreprendre
éveillés. Barclai parle d'un professeur , qui répétait la
nuit les leçons qu'il avait données le jour , et qui
grondait si haut, qu'il réveillait tous ses voisins. Johns.
' Proclui, de Anima et deemvne. Naudé, Apologie.
4*4
ston rapporte , dans sa Thaumatographia naturalis ,
qu'un jeune homme sortait toutes les nuits de son lit,
vêtu seulement de sa chemise ; puis , montant sur la
fenêtre de sa chambre, il sautait à cheval sur le mur,
et le talonnait pour accélérer la course qu'il croyait
faire. lu autre descendit dans un puits , et s'éveilla ,
aussitôt que son pied eut touché l'eau qui était très-
froide. Un autre monta sur une tour, enleva un nid
d'oiseaux , et se glissa à terre par une corde , sans s'é
veiller.
Un Parisien , de même endormi , se leva , prit son.
iîpée , traversa la Seine à la nage , tua un homme que
la veille il s'était proposé d'assassiner; et, après qu'il
eut consommé son crime, il repassa la rivière, retour
na à sa maison et se mit au lit sans s'éveiller.
• On peut expliquer le somnambulisme , comme une
activité partielle de la vie animale. L'organe actif
transmet aussi l'incitation sur les organes voisins : et
ceux-ci commencent également , par l'effet de leurs
relations avec la représentation qui a été excitée, à de
venir actifs et à coopérer ; par là, l'idée de l'action re
présentée devient si animée, que même les instrumens
corporels , nécessaires pour son opération , sont mis
en activité par les nerfs qui agissent sur eux ; le som
nambule commence même à agir corporellement , et
remplit l'objet qu'il s'est proposé , avec la même exac
titude que s'il était éveillé ; avec cette différence néan
moins qu'il n'en a pas le sentiment général , parce
que les autres organes de la vie animale, qui n'ont pas
participé à l'activité, reposent, et que par conséquent,
le sentiment n'y a pas été réveillé. M. G«ll a connu'
un prédicateur somnambule qui , très-souvent, ayant
un sermon à faire, se levait la nuit en dormant, écri
vait «on texte , ou en faisait la divison , eu travaillait
des morcermx entiers , rayait ou corrigeait quelques
SON 4*5
passages , en un mot , qui se conduisait comme s'il
eût été éveillé , et qui cependant en s'éveillant n'a
vait aucun sentiment de ce qu'il venait de faire '. La
Fontaine a composé, dit-on , sa fable des deux pi
geons en dormant.
Nous en aurions trop à dire , si nous voulions par
ler du somnambulisme magnétique. On prétend
qu'une personne magm'tisée s'endort profondément
et parle aussitôt pour révéler les choses secrètes, pré
dire l'avenir et lire dans les cœurs , par un prodige
inexplicable. Voyez Magnétisme.
SONGES. — Le cerveau est le siége de la pensée ,
du mouvement et du sentiment. Si le cerveau n'est
point troublé par une trop grande abondance de va
peurs crues , si le travail ne lui a pas ôté toutes ses
forces, il engendre des songes, excités parles ima
ges dont il s'est vivement frappé durant le jour, ou
par des impressions toutes nouvelles, produites dans
le cerveau par les affections naturelles ou acciden
telles des nerfs , ou par la nature du tempérament.
Saint Thomas prétend que Satan est le père des
songes surnaturels, et qu'il se tient toute la nuit à
notre chevet. En conséquence, il peut aussi se mul
tiplier à l'infini , et se trouver à la fois dans trois ou
quntre cents millions de lieux divers. Mais les son
ges naturels (et ils le sont tous) viennent des émo
tions de la journée et du tempérament. Les personnes
d'un tempérament sanguin songent les festins, les
danses, les divertissemens , les amourettes, les plai
sirs , les jardins et les fleurs. Les temp<Tarncns bi
lieux songent les disputes^ les querelles , les combats,
les incendies, les couleurs jaunes , etc. Les mélan
coliques songent l'obscurité , les ténèbres , la fumée ,
1 Crimologie dn docteur GalL
4*6 SON
les promenades nocturnes , les spectres , et les choses
tristes de la mort. Les tempéramens pituiteux ou
flegmatiques songent la mer, les rivières, les bains ,
les navigations , les naufrages , les fardeaux pe-
sans, etc. Les tempéramens mêlés, comme les san
guins-mélancoliques , les sanguins-flegmatiques , les
bilieux-mélancoliques, etc. , ont des songes qui tien
nent des deux tempéramens , comme dit Peucer.
Les anciens attachaient beaucoup d'importance aux
rêves ; et l'antre de Trophonius était célèbre pour
cette sorte de divination. Pausanias nous a laissé,
d'après sa propre expérience , la description des cé
rémonies qui s'y observaient. « Le dévot passait d'a
bord plusieurs jours dans le temple de la bonne for
tune. Là, il faisait ses expiations, observant d'aller
deux fois par jour se laver. Quand les prêtres le dé-
claraiemt puriflé, il immolait au dieu une grande
quantité de victimes ; cette cérémonie finissait ordi
nairement par le sacrifice d'un belier noir. Alors le
curieux était frotté d'huile par deux jeunes enfans ,
et conduit à la source du fleuve, où on lui présentait
une coupe d'eau du Léthé , qui bannissait de l'esprit
toute idée profane , et une coupe d'eau de Mnémo-
syne , qui disposait la mémoire à conserver le souve
nir de ce qui allait se passer. Les prêtres découvraient
ensuite la statue de Trophonius , devant laquelle il
fallait s'incliner et prier; enfin, couvert d'une tuni
que de lin , et le front ceint de bandelettes , on allait
à l'oracle. Il était placé sur une montagne, au milieu
d'une enceinte de pierre qui cachait une profonde
caverne , où l'on ne pouvait descendre que par une
étroite ouverture. Quand , après beaucoup d'efforts ,
et à l'aide de quelques échelles , on avait eu le bon
heur de descendre sans se rompre le cou , il fallait
passer encore, de la même manière, dans une se
SON 427
conde caverne , petite et très-obscure. Là , il n'était
plus question d'échelles ni de guides. On se couchait
à terre, et surtout on n'oubliait pas de prendre dans
ses mains une espèce de pâte , faite avec de la farine,
du lait et du miel : on présentait les pieds à un trou
qui était au milieu de la caverne, et dans le même
instant, on se sentait rapidement emporté dans l'an
tre; on s'y trouvait couché sur des peaux de victimes
récemment sacrifiées , et enduites de certaines drogues
dont les prêtres seuls connaissaient la vertu ; on ne
tardait pas à s'endormir profondément : c'était alors
qu'on avait d'admirables visions, 'et que les temps
à venir découvraient tous leurs secrets. »
Hippocrate dit que , pour se soustraire à la mali
gnité des songes, quand on voit, en rêvant, pâlir
les étoiles, on doit courir en rond; quand on voit
pâlir la lune, on doit courir en long; quand on voit
pâlir le soleil , on doit courir tant en long qu'en
rond..,. . .
On rêve feu et flammes quand on a une bile jaune ;
on rêve fumée et ténèbres quand on a une bile noire ;
on rêve eau et humidité, quand on a des glaires et des
pituites , à ce que dit Gallien.
Songer à la mort, annonce mariage, selon Arté-
midore. Songer des fleurs , prospérité. Songer des
trésors , peines et soucis. Songer qu'on devient aveu
gle , perte d'enfans.,.. Ces beaux secrets peuvent
donner une idée de \Onéirocriiiq.ue d'Artémidore ,
ou explication des rêves.
Songer des bonbons et des crèmes, dit un autre
savant, annonce des chagrins et des amertumes. Son
ger des pleurs, annonce de la joie. Songer des lai
tues, annonce une maladie. Songer or et richesses ,
annonce la misère.... Il y a eu des hommes assez sur
ti tieux p.our faire leur testament, parce. qu'iU
4*8 SON
avaient vu un médecin en songe ; ils croyaient que
c'était un présage de mort.
Explication précise de quelques-uns dès principaux
songes , suivant les livres connus. —jfigle. Si on voit,
en songe, voler un aigle, bon présage; signe de
mort , s il tombe sur la lête du songeur. j4ne. Si on
voit courir un âne , présage de malheur. Si on le voit
en repos, caquets et méchancetés. Si on l'entend
braire, inquiétudes et fatigues. A'rc-en-ciel'. Vu du
côté de l'orient, c'est un signe de bonheur pour les
pauvres; du côté de l'occident, le présage est pour
les riches. Argent trouvé , chagrin et pertes ; argent
perdu , bonnes affaires.
Bain dans l'eau claire , bonne santé. Bain dans
l'eau trouble, mort de parens et d'amis. Belette. Si
on voit une belette en songe, signe certain qu'on ai
mera une méchante femme. Boire de l'eau fraîche ,
grandes richesses. Boire de l'eau chaude, maladie.
Boire de l'eau trouble, chagrins. Bois. Elrept'int sur
bois dénote longue vie. Boudin. Faire du boudin ,
présage de peines. Manger du boudin , visite inat
tendue. Brigands. On est sûr de perdre quelques pa
rens ou une partie de sa fortune, si on songe qu'on est
attaqué par des brigands.
Cervelas. Faire des cervelas : passion violente.
Manger des cervelas : amourettes pour les jeunes
gens ; bonne santé pour les vieillards. Champignons :
signe d'une vie longue et d'une bonne santé. Chan
ter. Un homme qui chante , espérance ; une femme
qui chante, pleurs et gémissemens. Charbons éteints,
mort. Charbons allumés, embûches. Manger des char
bons, pertes et revers. Chat-httant : funérailles. Che
veux arrachés : pertes d'amis ou d'argent. Corbeau
qui vole : péril de mort. Couronne. Une couronne
d'or sur la tête présage des honneurs. Une couronne
SON 4*9
d'argent, bonne santé. Une couronne de verdure,
dignités. Une couronne d'os de morts annonce la
mort. Cygnes noirs : tracas de ménage.
Dents. Chute de dents, présage de mort. Dindon.
Voir ou posséder des dindons : folie de parens ou
d'amis.
Enterrement. Si quelqu'un rêve qu'on l'enterre vi
vant, il peut s'attendre à une longue misère. Aller à
l'enterrement de quelqu'un : heureux mariage. Étoi
les. Voir des étoiles tomber du ciel : chutes, déplai
sirs et revers.
Fantôme blanc : joie et honneurs. Fantôme noir :
peines et chagrins. Femme. Voir une femme : infir
mité. Des femmes qui accouchent : joie. Une femme
blanche : heureux événement. Une femme noire :
maladie. Une femme nue : mort de quelque parent.
Plusieurs femmes : caquet. Fesses. Voir des fesses :
infamie. Feves. Manger des fèves : querelles et
procès. Filets. Voir des filets : présage de pluie.
Flambeau allumé : récompense. Flambeau éteint :
emprisonnement. Fricassées : caquets de femmes.
Galanterie. Si un homme rêve qu'il est galant,
bonne santé. Si une femme rêve qu'elle est galante :
elle sera heureuse dans le commerce. Si c'est une fille
qui ait ce songe : inconstance. Gibet. Songer qu'on
est condamné à être pendu : heureux succès. Gre-
nomlles : indiscrétions et babils.
Hannetons : Importunités. Homme vêtu de blanc :
bonheur. Vêlu de noir : malheur. Homme assassiné -.
sûreté.
Insensé. Si quelqu'un songe qu'il est devenu insen
sé , il recevra des bienfaits de son prince et vivra lon
guement.
Jeu. Gain au jeu : perte d'amis. Justice. Être tour
menté de la justice : amourette future.
43o SON
Lait. Boire du lait : amitié de femme. Lapins
blancs : succès. Lapins noirs : revers. Manger du la
pin : bonne santé. Tuer un lapin : tromperie et perte»
Lard. Manger du lard : victoire. Limacon : charges
honorables. Linge blanc : mariage. Linge sale ; mort.
Lune. Voir la lune : retard dans les affaires. La lune
pâle : peines. La lune obscure : tourmons.
Manger à terre : emportemens. Medecine. Prendre
médecine : misère. Donner médecine à quelqu'un :
profit. Meurtre. Voir un meurtre : sûreté. Miroir:
trahison. Moustaches. Songer qu'on a de grandes
moustaches : augmentation de richesses.
Navets : vaines espérances. Nuées : discorde.
Œufs blancs : bonheur. OEufs cassés : malheur.
Oies. Qui voit des oies en songe , peut s'attendre à
être honoré des princes. Ossemens : Traverses et pei
nes inévitables.
Palmier, Palmes : Succès et honneurs. Paon.
L'homme qui voit un paon aura une belle femme ; la
femme , un beau mari ; les gens mariés , de beaux en-
fans. Perroquet: indiscrétion, secret révélé. Prome
nade avec une femme : bonheur de peu de durée.
Quenouille : Pauvreté.
Rais : ennemis cachés. Roses : bonheur et plaisirs.
Sauter dans l'eau : persécutions. Scorpions, lézards,
chenilles , scolopendres , etc. , malheurs et trahisons.
Soufflet donné : paix et union entre le mari et la
femme. Soufre : présage d'empoisonnement.
Tempête : outrage et grand péril. Tête blanche :
joie. Tête tondue : tromperie. Tête chevelue : digni
tés. Tête coupée : infirmité. Tête coiffée d'un agneau :
heureux présage. Tourterelles : accord des gens ma
riés; mariage pour les célibataires.
Vendanger : santé et richesses. Violette : succès.
Violon. Entendre jouer du violon et des autres in
SON 43i
Mrumens de musique : concorde et bonne intelligence
entre le mari et la femme , etc. , etc. , etc.
Telles sont les extravagances que débitent les in
terprètes des songes; et Dieu sait combien ils trouvent
de gens qui les croient ! Le monde fourmille de pe
tits esprits qui , pour avoir entendu dire. que les grands
hommes étaient au-dessus de la superstition , croient
se mettre à leur niveau , en refusant à l'âme son im
mortalité , et à Dieu son existence , ou du moins son
pouvoir ; et qui n'en sont pas moins les serviles escla
ves des plus absurdes préjugés. On voit tous les jours
d'ignorans esprits-forts , de petits sophistes populai
res , qui ne prononcent que d'un ton railleur le nom
sacré de l'Éternel , et qui passent les premières heu
res du jour à chercher l'explication d'un songe
insignifiant, comme ils passent les momens du soir
à interroger les cartes sur leurs plus minces pro
jets '.
Il y a des songes , au reste , qui ont beaucoup em
barrassé ceux qui ne veulent rien voir d'inexplicable.
Nous ne pouvons passer sous silence le fameux songe
des deux amis arcadiens qui , s'il est vrai , est peut-
être le plus singulier. Il est rapporté par Valère
Maxime et par Cicéron.
* II y a des gens qui ne croient ni h Dieu, ni à l'immortalité
de l'âme, et qui mettent à la loterie sur la signification des son
ges. Mais qui peut leur envoyer des songes, s'il n'y a pas de
Dieu?... Comment songent-ils , quand leur corps est assoupi, s'ils
n'ont point d'âme? Deux savetiers s'entretenaient dernièrement
de matières de religion. L'un prétendait qu'on avait eu rai
son de rétablir le culte; l'autre au contraire qu'on avait eu torr.
Mais, dit le premier, je vois bien que tu n'es pas foncé dans la
politiquerie ; ce n'est pas pour moi qu'on a remis Dieu dans se»
fonctions, ce n'est pas pour toi, non plus; c'est pour le peuple."—
Ces deux savetiers, avec tout leur esprit, 0e faisaient tirer les car
tes et se racontaient leurs songes.
43» SON
Deux amis arcadiens , voyageant ensemble , arri
vèrent à M égare. L'un se rendit chez un ami qu'il
avait en cette ville; l'autre alla loger à l'auberge.
Après que le premier fut couché , il vit en songe son
compagnon, qui le suppliait de venir le tirer des
moins de l 'aubergiste 3 pnr qui ses jours étaient me
nacés. Cette vision l'éveille en sursaut, il s'habille à
la hâte et court à l'auberge où était son ami.
Chemin faisant, il réfléchit sur sa démarche, la
trouve ridicule, condamne sa légèreté à agir ainsi
sur la foi d'un songe; et , après un moment d'incerti
tude, il retourne sur ses pas et se remet au lit. Mais
à peine a-t-il fermé l'œil, que son ami se présente de
nouveau à son imagination , non tel qu'il l'avait vu
d'abord, mais mourant, mais souillé de sang , cou
vert de blessures , et lui adressant ce discours : « Ami
ingrat, puisque tu as négligé de me secourir vivant,
ne refuse pas au moins de venger ma mort. J'ai suc
combé sous les coups du perfide aubergiste ; et ,
pour cacher les traces de son crime , il a enseveli
mon corps , coupé en morceaux , dans un tombe
reau plein de fumier, qu'il conduit à la porte de
la ville. »
Celui-ci , troublé de cette nouvelle vision , plus
effrayante que la première, épouvanté par le discours
de son ami, se lève de nouveau, vole à la porte de
la ville, et y trouve le tombereau désigné, dans le
quel il reconnaît les tristes restes de son compagnon
de voyage. 11 arrête aussitôt l'assassin et le livre à la
justice.
Cette aventure étonnante ne doit pourtant pas être
regardée comme un prodige bien surnaturel : les
deux amis étaient fort liés et naturellement inquiets
l'un pour l'autre; l'auberge pouvait avoir un mauvais
renom : dès lors , le premier songe n'a rien d'extra
,{33
ordinaire. Le second en est l» conséquence, dans l'i
magination ngitée du premier des deux voyageurs.
Les détails du tombereau sont plus forts; il" peu l se
faire qu'ils soient un effet des pressenti mens , ou d'une
anecdote du temps , ou une rencontre du hasard. On
n'a tant cité ce songe que parce qu'il est surpreanht ;
et on en a cent millions à lui opposer qui ne signi
fient rien. Voyez Cauius, Ifymera, Amilcar, Dedat
Loterie, etc.
•.
456 SYL
SYLLA. — Comme il entrait à main armée en Ita
lie, on vit dans l'air, en plein jour, deux grands
boucs noirs qui se battaient, et qui , après s'être éle
vés bien haut, s'abaissèrent à quelques pieds de terre,
et disparurent en fumée. L'armée de Sylla s'épouvan
tait de ce prodige, quand on lui fit remarquer que
ces prétendus boucs n'étaient que des nuages épais
formés par les exhalaisons de la terre. Ces nuages
avaient une forme qu'on s'avisa de trouver semblable
à celle du bouc , et qu'on aurait pu comparer égale
ment à celle de toute autre animal.
On dit encore que Sylla avait une figure d'Apol
lon à laquelle il parlait en public, pour savoir les
choses futures.
SYLPHES /— Esprits élémentaires, composés des
plus purs atomes de l'air qu'ils habitent. L'air est plein
dune innombrable multitude de peuples, de figure
humaine, un peu fiers en apparence, dit le comte de
Gabalis , mais dociles en effet , grands amateurs des
sciences, subtils, officieux aux sages , et ennemis des
sots et des ïgnorans. Leurs femmes et leurs filles sont
des beautés mâles , telles qu'on dépeint les Amazones.
Ces peuples sont les sylphes.
Un petit sylphe s'immortalisait avec la jeune Ger-
trude,, religieuse du diocèse de Cologne, Des igno-
rans le prenaient pour un diable ; mais , si cela cuit ,
le diable ne serait guère malheureux de pouvoir en
tretenir commerce de galanterie avec une fille de
trpizn ÏIIM , et de lui écrire les billets doux qui furent
trouve-, dans Sf, cassette. Il n , dans la région de la
mort, des occupations plus tristes et plus conformes à
la kaïno qu'a pour lui le dieu de pure te '.
Une jeune Espagnole, aussi cruelle que Lcfle, avait
1 Le comte de Gahalis.
SYL
pour amant un cavalier castillan qui l'adorait sans
être payé de retour. C'est pourquoi il partit un matin
sans rien dire, et résolut de voyager jusqu'à ce qu'il
fût guéri de sa passion. Un sylphe , trouvant la belle
à son gré , fut d'avis de prendre ce temps pour tou
cher son cœur. Il va voir la demoiselle sous la forme
de l'amant éloigné ; il se plaint , il soupire , il est re
buté. Il presse , il sollicite , il persévère ; après plu
sieurs mois de constance, il touche , il se fait aimer,
il persuade; enfin il est heureux. Il naît de leur
amour un fils dont la naissance est secrète et ignorée
des parens, par l'adresse de l'amant aérien. L'amour
continue, et il est béni d'une deuxième grossesse.
Cependant le cavalier, guéri par l'absence , revient
à Séville , et impatient de revoir son inhumaine , va
au plus vite lui dire qu'enfin il est en état de ne plus
lui déplaire , et qu'il vient lui annoncer qu'il ne
l'aime plus. Par hasard , le sylphe la quitta alors ,
parce qu'il avait à se plaindre d'elle , en ce qu'elle
-n'était pas assez dévote ( car les sylphes sont fort
saints). On se figure aisément l'étonnement de cette
fille, sa réponse, ses pleurs, ses reproches, -et tout
leur dialogue surprenant. Elle lui soutient qu'elle l'a
rcnrlu heureux , il le nie; que leur enfant commun
rst en tri lieu ; qu'il est père d'un autre qu'elle porte
d^ns son sein ; il s'obstinc à désavouer. Elle se désole ,
s'arrache les cheveux ; les parens accourent à ses cris ;
l'amante désespérée continue ses plaintes et ses invec
tives ; on vérifie que le gentilhomme était absent de
puis deux ans ; on cherche le premier enfant , on lo
trouve; et le se'cOnd naquit à son terme '.
Une belle sylphide se fit aimer d'un Espagnol , vé
cut trois
. : ans àvèc;ïui',
. 'jlu,i >•. . en eut
' ii"trois
;> if • beaux cnfans
•, • ,' :cl
1 I.e comte do Gabalis.
458 SYL
puis mourut. On ne prétendra pas sans doute que ce
fût un diable ; car selon quelle physique le diable
peut-il s'organiser un corps de femme , concevoir,
enfanter et allaiter-? Voyez Cabale, Gnomes, Ondins,
Salamandres.
SYLVESTRE IL — Gerbert, élevé sur la chaire
de saint Pierre, sous le nom de Sylvestre, en 999,
fut l'un des plus grands papes. Ses connaissances l'a
vaient mis si fort au dessus de son siècle , que l'on at
tribua l'étendue de son savoir à quelque pacte avec le
diable. Il faisait sa principale étude des mathémati
ques : les lignes et triangles dont on le voyait occupé,
parurent une espèce de grimoire , et contribuèrent à
le faire passer pour nn nécromancien. Ce ne fut pas
seulement le peuple qui donna dans cette idée ab
surde. Platine , auteur des vies des papes , dit sérieu
sement que Sylvestre , possédé du désir d'être pape ,
eut recours au diable, et consentit à lui appartenir
après sa mort , pourvu qu'il lui fît obtenir cette di
gnité. Lorsque par cette voie détestable, ajoute le
même auteur, il se vit élevé sur le trône apostolique,
il demanda au diable combien de temps il jouirait de
sa dignité? Le diable lui répondit par cette équivoque
digne de l'ennemi du genre humain : « Tu en jouiras
tant que tu ne mettras pas le pied dans Jérusalem. »
La prédiction s'accomplit. Ce pape , après avoir oc
cupé quatre ans le trône apostolique , au commence
ment de la cinquième année de son règne , célébra
les divins mystères dans la basilique de Sainte-Croix,
en Jérusalem, et se sentit attaqué, aussitôt après ,
d'un mal qu'il reconnut être mortel. Alors, il avoua
aux assistans le commerce qu'il avait eu avec le dia
ble , et la prédiction qui lui avait été faite , les aver-
1 Le comte de Gabalis.
SYM
tissant de profiter de son exemple, et de ne pas se
laisser séduire par les artifices de cet esprit malin.
Puis il demanda qu'après sa mort son corps fût coupé
en quartiers , mis sur un chariot à deux chevaux , et
inhumé dans l'endroit que les chevaux désigneraient
en s'arrêtant d'eux-mêmes. Ses dernières volontés fu
rent ponctuellement exécutées. Sylvestre fut inhumé
dans la basilique de Latran , parce que ce fut devant
cette église que les chevaux s'arrêtèrent. Martinus Po-
lonus a conté que Sylvestre II avait un dragon qui
tuait tous les jours six mille personnes. D'autres ajou
tent qu'autrefois son tombeau prédisait la mort des
papes par un bruit des os en dedans, et par une
grande sueur et humidité de la pierre au dehors.
SYMANDIUS , — Roi d'Egypte , possesseur du
grand œuvre , qui avait fait environner son monu
ment d'un cercle d'or massif, dont la circonférence
était de 365 coudées. Chaque coudée était un cube
d'or. Sur un des côtés du pérystile d'un palais- qui
était proche du monument , on voyait Symandius of
frir aux dieux l'or et l'argent qu'il faisait tous les
ans. La somme en était marquée , et elle montait à
i3i, 200, 000,000 de mines '.
SYMPATHIE. — Les astrologues, qui rapportent
tout aux astres , regardent la sympathie et l'accord
parfait de deux personnes, comme un effet produit
par la ressemblance des horoscopes. Alors tous ceux
qui naissent à la même heure sympathiseraient entre
eux ; ce qui ne se voit point.
Les gens superstitieux regardent la sympathie
comme un miracle , dont on ne peut définir la cause.
Les physionomistes attribuent ce rapprochement mu
1 Charlatans célèbres , de M. Gouriet, tom. Ie'., pag. i'f>.
SYM
tuel à un attrait réciproque des physionomies. Il y a
des visages qui s'attirent les uns les autres, dit La-
vater, tout comme il y en a qui se repoussent.
La sympathie n'est qu'un enfant de l'imagination.
Telle personne vous plaît. au premier coup d'œil ,
parce qu'elle a les traits du fantôme que votre cœur
se formait lorsqu'il était vide. Quoique les physiono
mistes ne conseillent pas aux visages longs de s'allier
avec les visages arrondis , s'ils veulent éviter les mal
heurs qu'entraîne à sa suite la sympathie blessée-, ou
voit pourtant tous les jours des unions de cette sorte,
aussi peu discordantes que les alliances les plus sym
pathiques en fait de physionomie.
Les philosophes symphatistes disent qu'il émane
sans cesse des corpuscules de tous les corps , et que ces
corpuscules , en frappant nos organes , font dans le
cerveau des impressions plus ou moins sympathiques,
ou plus ou moins antipathiques. — On voit deux fem
mes pour la première fois ; et l'une , quoique moins
jolie que l'autre , nous plaît davantage.
Le mariage du prince de Condé , avec Marie de
ClèVes, se célébra au Louvre, le i3 août 1572. Marie
de Clèves, âgée de seize ans, de la figure la plus
charmante, après avoir dansé assez long-temps, et se
trouvant un peu incommodée de la chaleur du bal ,
passa dans une garde-robe , où une des femme de la
reine-mère , voyant sa chemise toute trempée , lui en
fit prendre un autre. Un moment après, le duc d'An
jou (depuis Henri III), qui avait aussi beaucoup
dansé, y entra pour raccommoder sa chevelure, et
s'essuya le visage avec le premier linge qu'il trouva :
c'était la chemise qu'elle venait de quitter.
En centrant dans le bal , il jeta les yeux sur Marie
de Clèves, la regarda avec autant de surprise que s'il
ne l'eût jamais vue; son émotion, son trouble, ses
SYM 46i
transports et tous les empresseraens qu'il commença
de lui marquer, étaient d'autant plus étonnans que,
depuis six mois qu'elle était à la cour, il avait paru
assez indiflc'rent pour ces mêmes charmes qui, dans
ce moment faisaient sur son âme une impression si
vive, et qui dura si long-temps. Depuis ce jour, il
devint insensible à tout ce qui n'avait pas de rapport
à sa passion. Son élection à la couronne de Pologne ,
loin de le flatter, lui parut un exil; et quand il fut
dans ce royaume, l'absence , au lieu de diminuer son
amour, semblait l'augmenter ; il se piquait un doigt
toutes les fois qu'il écrivait à cette princesse , et ne
lui écrivait jamais que de son sang. Le jour même
qu'il apprit la nouvelle de la mort de Charles IX ,
il lui dépêcha un courrier, pour l'assurer qu'elle se
rait bientôt reine de France; et lorsqu'il y fut de re
tour, il lui confirma cette promesse , et ne pensa plus
qu'à l'exécuter; mais, peu de temps après, cette
princesse fut attaquée d'un mal si violent , qu'il l'em
porta à la fleur de son âge ; et sa mort renversa les
projets de son amant.
Le désespoir de Henri III ne se peut exprimer; il
passa plusieurs jours dans les pleurs et les gémisse-
mens; et il ne se montra en public que dans le plus
grand deuil.
Il y avait plus de quatre mois que la princesse de
Condé était morte, et enterrée à l'abbaye de Saint-
Germain-des-Prés , lorsque Henri IlI , en entrant
dans cette abbaye , où le cardinal de Bourbon l'avait
convié à un grand souper, se sentit des saisissemens
de cœur si violens qu'on fut obligé de transporter
ailleurs le corps de cette princesse. Enfin il ne cessa
de l'aimer, quelques efforts qu'il fit pour étouffer
cette passion malheureuse '. — On raconte qu'un roi
' Saint-Foix, Estait.
SYR
cl une reine d'Arracan (dans l'Asie, an-delà du Gange)
s'aimaient éperdument ; qu'il n'y avait que six mois
qu'ils étaient mariés , lorsque ce roi vint à mourir ;
qu'on brûla son corps , qu'on en mit les cendres dans
une urne ; et que toutes les fois que la reine allait
pleurer sur cette urne, ces cendres devenaient tièdes...
Il y a des sympathies d'un autre genre : ainsi
Alexandre sympathisait avec Bucéphale ; Auguste
chérissait les perroquets ; Néron , les étourneaux ;
Virgile , les papillons ; Commode sympathisait mer
veilleusement avec son singe ; Héliogabale , avec un
moineau ; Honorius , avec une poule ; saint Antoine ,
avec son cochon; saint Denis, avec son âne; saint
Corbinian , avec son ours ; saint Gilles , avec sa biche ;
saint Roch , avec son chien. Voyez Antipathie.
SYRÈNES. — En Bretagne , les marins disent avoir
entendu le sifflement de la syrène : ce mot , chez les
anciens Br-tom , indiquait cette faculté de la nature,
par laquelle l'air pressé rend un son ; elle existait
dans le ciel , sur la terre , dans les mers ; elles pro
duisait l'harmonie des sphères , le sifflement des vents ,
le bruit des mers sur le rivage. Le peuple se repré-
sentait la faculté qui le dirige comme une espèce de
divinité à laquelle il applique la forme d'une femme ,
d'une cantatrice habitante des airs, de la terre et des
mers. De là , les syrèncs des anciens ; ils leur don
naient la figure d'une femme , et le corps d'un oi
seau ou d'un poisson. Zoroastre appelait l'âme sy
rène ; ce mot , en hébreu, signifie chanteuse '.
u
UKOBACH , — Démon d'un ordre inférieur. Il
se montre toujours avec un corps enflammé; on le
dit inventeur des fritures et des feux d'artifice. Il est
chargé par Belzébuth d'entretenir l'huile dans les
chaudières infernales*
UPHIR, — Démon chimiste, très-versé dans lu
connaissance des simples. Il est responsable aux enfers
de la santé de Belzébuth et des grands de sa cour.
Les médecins l'ont pris pour leur patron, depuis le
discrédit d'Esculape.
UPIERS. — Voyez Vampires.
URINE. — L'urine a aussi des vertus admirables.
Elle guérit la teigne elles ulcères des oreilles, pourvu
qu'on la boive venant d'un jeune homme en bonne
santé. Elle guérit aussi de la piqûre des serpens , des
aspics , et autres reptiles venimeux.
Il paraît que les sorcières s'en servent pour faire
tomber la pluie. Delrio conte que, dans le diocèse de
Trêves, un paysan qui plantait des choux dans son
VAC Sc-g
jardin avec sa 611e , âgée de huit ans , donnait des élo
ges à cet enfant sur son adresse à s'acquitter de sa
petite fonction. Oh! répondit l'enf;mt, j'en sais bien
d'autres. Retirez-vous un peu , et je ferai descendre la
pluie sur telle partie du jardin que vous désignerez.
— Fais , reprend le paysan surpris, je vais me retirer.
Alors la petite fille creuse un trou dans la terre, y
répand de son urine , la mêle avec la terre , prononce
quelques mots , et la pluie tombe par torrens sur le
jardin. — Qui t'a donc appris cela ? sïécrie le paysan,
étourdi. — C'est ma mère, qui est très-habileVlans
cette science. Le paysan , plein de zèle , fit monter sa
fille et sa femme sur la charrette , les amena à la ville,
etles livra toutes les deux à la justice.
TTROTOPÉGNIE, — Chevillement. Delancre dit
qu'il y a un livre de ce nom dans lequel on voit que
les moulins , les tonneaux , les fours , etc. , peuvent
être liés ainsi que les hommes. Voyez Chevillement et
Aiguillette.
UTERPEN. — Voyez Merlin.
UTÉSETUR , — Espèce de magie pratiquée chez
les Islandais , dont on fait remonter l'usage jusqu'à
Odin. Ceux qui se trouvent la nuit hors de leur logis
s'imaginent converser avec des esprits qui, communé
ment > leur conseillent de faire le mal.
' D. Calmet déclare qu'il tient re.i faits d'un particulier qui lui
3 déclaré qu'il les tenait de M. le coiqte de Cabreras.
VAM 5*i
fosses; on en trouve qui ont deux, ou trois, ou pln-
Mcurs trous de la grosseur du doigt : alors on fouille
dans ces fosses, et l'on ne manque pas d'y trouver un
corps souple et vermeil. Si on coupe la tête de ce ca-.
davre , il sort de ses veines et de ses artères un sang
tluide, frais et abondant.
Le savant bénédictin demande ensuite si ces trous ,
qu'on remarquait dans la terre qui couvrait les vam
pires , pouvaient contribuer à leur conserver une es
pèce de vie, de respiration , de végétation , et rendre
plus croyable leur retour parmi les vivans : il penso
avec raison que ce sentiment (fondé d'ailleurs sur des
faits qui n'ont rien de réel) n'est ni probable , ni di
gne d'attention.
Le même écrivain cite ailleurs, sur les vampires,
de Hongrie, une lettre de M. de l'Isle de Saint-Mi
chel, qui demeura long-temps dans les pays infestés
et qui devait en savoir quelque chose. Voici comment
M- de l'Isle s'explique là-dessus :
« Une personne se trouve attaquée de langueur,
perd l'appétit, maigrit à vue d'œil, et, au bout de
huit ou dix jours, quelquefois quinze, meurt sans
fièvre , ni aucun autre symptôme de maladie , que la
maigreur et le desséchement. On dit, en Hongrie,
que c'est un vampire qui s'attache à cette personne ,
et lui suce le sang.
ii De ceux qui sont attaqués de cette mélancolie
noire, la plupart ayant l'esprit troublé croient voir
un spectre blanc qui les suit partout, comme l'ombre
fait le corps.
» Lorsque nous étions en quartier d'hiver chez les
Valaques , deux cavaliers de la compagnie dont j'é
tais cornette moururent de cette maladie ; et plusieurs
autres qui en étaient attaqués en seraient probable-
nient morts de même, si un caporal de notre compa-r
VA M
gnie n'avait guéri les imaginations, en exécutant le
remède que les gens du pays emploient pour cela.
Quoique assez singulier, je ne l'ai jamais lu dans au
cun rituel. Le voici :
» On choisit un jeune garçon qui soit d'âge à n'a
voir jamais fait œuvre de son corps, c'est à dire qu'on
puisse croire vierge ; on le fait monter à poil sur un
cheval entier, absolument noir, et qui soit également
vierge; on conduit le jeune homme et le cheval au
cimetière : ils se promènent sur toutes les fosses.
Celle où l'animal refuse de passer, malgré les coups
de cravache qu'on lui délivre, est regardée comme
renfermant un vampire. On ouvre cette fosse, et ou
y trouve un cadavre aussi beau et aussi frais que si
c'était un homme tranquillement endormi. On coupe,
d'un coup de bêche , le cou de ce cadavre : il en sort
abondamment un sang des plus beaux et des plus
vermeils, du moins on croit le voir ainsi. Cela fait, on
remet le vampire dans sa fosse , on la comble , et on
peut compter que dès lors la maladie cesse , et que
tous ceux qui en étaient attaqués recouvrent leur»
forces peu à peu, comme des gens qui échappent
d'une longue maladie d'épuisement. »
On a publié , en 1733, un petit ouvrage intitulé ' :
Pensées /ihilosoiihiques et chrétiennes sur les vampires,
par Jean-Christophe Herenberg. L'auteur parle, en
passant, d'un spectre qui lui apparut à lui-même en
plein midi : il soutient en même temps, que les vam
pires ne font pas mourir les vivans , et que tout ce
qu'on en débite ne doit être attribué qu'au trouble de
l'imagination des malades.
Il prouve, par diverses expériences , que l'imagi
w
WALL , — Grand et puissant duc du sombre em
pire ; il a la forme d'un dromadaire, grand et terrible ;
1 M. Garinet, Hist. de la magie en fronce, p. j55.
1 Pline, Hv. i, chap. 33.
wiu 547
s'il prend figure humaine, il parle égyptien; il inspire
surtout l'amour aux femmes, connaît le présent, le
passé et l'avenir; il était de l'ordre des puissances;
trente-six lésions
"o* sont sous ses ordres.
WATTIER (PIERRE). — II a publié , au dix-sep
tième siècle , la Doctrine et interprétation des songes,
traduite de l'arabe de Gabdorrhaman , fils de Nosar;
in-i2, Paris, 1664.
WIERUS (JEAN) , — Célèbre démonographe alle
mand, élève d'Agrippa, qu'il a défendu dans sesécrits.
On lui doit les cinq livres des prestiges des démons ,
traduits en français sous ce titre : Cinq livres de tim-
posture et tromperie des diables , des enchantemens et
sorcelleries , pris du latin de Jean Wier , médecin du
duc de Clèves , et faits français par Jacques Grevin ,
de Clermont , Paris , in-8°, i56g. L'ouvrage de Wie-
rus est plein de crédulité, d'idées bizarres, de contes
populaires, d'imagination et de connaissances. C'est
ce même écrivain qui a publié un traité curieux des
lamies, et l'inventaire de la fausse monarchie de Satan
( Pseudomonarchia dœmonum ), où nous avons trouvé
de bonnes désignations sur la plupart des esprits de
ténèbres , cités dans cet ouvrage.
WIULMEROZ (GUILLAUME) , — Sorcier en Fran
che-Comté , vers l'an 16oo. Son fils , âgé de douze ans,
lui reprocha d'avoir été au sabbat et de l'y avoir me
né. Le père indigné s'écria: Tu nous perds tous deux!..
Il protesta qu'il n'avait jamais été au sabbat. Ne'an-
moins on prononça son arrêt de mort , parce qu'il y
avait cinq personnes qui le chargeaient; que d'ail
leurs sa mère avait été suspecte , ainsi que son frère
qui avait été autrefois torturé à Dôle pour le même
crime. Son jeune fils devait périr aussi ; cependant il
35.
fut démontré qu'il ne participait pas à la sorcellerie et
il fut élargi •-.
X
XAPHAN, — Démon du second ordre. Quand Sa
tan et ses anges se révoltèrent contre Dieu, Xaphan
se joignit aux mécontens: et il en fut bien reçu, car il
avait l'esprit inventif. Il proposa aux rebelles de
mettre le feu dans le ciel ; mais il fut précipité avec
les autres au fond de l'abîme, où il est continuelle
ment occupé à souffler la braise des fourneaux, avec sa
bouche et ses mains.
'Voltaire, Dicl.fi/ii/osojtA.
ZOR 557
différente ; mais , si les démonomanes le confondent
avec Cham , les cabalistes le confondent avec Japhet.
Ainsi , les uns et les autres s'accordent à le faire fils
de Noé. « Zoroastre , autrement nommé Japhet, dit
le comte de Gabalis, était fils du salamandre Oroma-
sis, et de Vesta , femme de Noé. Il vécut douze cents
ans, le plus sage monarque du monde; après quoi
il fut enlevé par son père. Sa naissance paraîtrait
un outrage pour Noé : mais les patriarches tenaient
à grand honneur dYiln: pères putatifs des enfans que
les esprits voulaient bien avoir avec leurs femmes.
» Cette Vesta, étant morte, fut le génie tutélaire
de Rome; et le feu sacré, que des vierges conser
vaient avec tant de soin sur son autel , brûlait en
l'honneur du salamandre son amant. Outre Zoroastre,
il naquit de leur amour une fille d'une rare beauté
et d'une grande sagesse, la divine Égérie , de qui
Numa Pompilius reçut toutes ses lois. Ce fut elle
qui engagea Numa à bâtir un temple en l'honneur
de Vesta , sa mère. Les livres secrets de l'ancienne
cabale nous apprennent qu'elle fut conçue dans l'es
pace de temps que Noé passa sur les flots, réfugié
dans l'arche cabalistique. .
» Noé , sorti de l'arche , voyant que Vesta sa
femme ne faisait qu'embellir par le commerce qu'elle
avait avec Oromasis , redevint passionné pour elle.
Cham , craignant que son père ne fit de nouveaux en-
fans i , prit son temps, un jour que le bon vieillard
était plein de vin , et le fit eunuque '.
» Il faut admirer ici l'honnêteté du salamandre
Oromasis , que la jalousie n'empêcha pas d'avoir
1 On ne conçoit pas trop cette crainte : Cham avait-il peur
d'être trop à l'étroit sur la terre?...
1 Le rabbin Levi dit la même chose , mai» sans en donner la
raison.
558 ZUN
pitié de son rival. 11 apprit à son fils Zoroastre, le
nom du Dieu tout-puissant, qui exprime son éter
nelle fécondité : en conséquence, Zoroastre, ou Ja-
phet, prononça six fois , alternativement avec son
frère Sem, en marchant à reculons vers le patriar
che , le redoutable nom Jabamiàh ! et ils restituè
rent le vieillard en son entier.
» Cette histoire mal entendue a fait dire aux Grecs
qu'Uranos avait été mutilé par un de ses enfans;
. mais ceci est la vérité de la choSfe. D'où l'on peut voir
combien la morale des peuples du feu est plus hu
maine que la nôtre. »
« Telles ont été , dans toute la terre , toutes les his
toires des anciens temps , dit Voltaire ; c'est la preuve
de ce que nous avons dit souvent , que la fable est la
sœur aînée de l'histoire. Je voudrais , ajoute le même
auteur, que , pour notre plaisir et pour notre instruc
tion, tous ces grands prophètes de l'antiquité, les
Zoroastrc , les Mercure-Trismégiste , les Abaris , les
Numa même, etc., etc., etc., revinssent aujour
d'hui sur la terre , et qu'ils conversassent avec les
philosophes, les moins savans de nos jours, qui ne
sont pas les moins sensés ; j'en demande pardon à
l'antiquité , mais je crois qu'ils feraient une triste fi
gure. »
ZOZO , — Démon qui , accompagné de Mimi et de
Crapoulet, posséda, en 1816, une jeune fille du bourg
de Teilly eu Picardie. Lorsqu'elle marchait à quatre
pates, c'était Zozo qui la tirait par derrière. Voyez
Possédés.
ZUNDEL, — Capitaine célèbre d'une bande de Bo
hémiens. Voyez Bohémiens. ,
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1826.
Comme un colosse immense , enjambant les deux mers ,
La Superstition règne dans l'univers.
THOMAS.
LÀ FONTAINE.
4•
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Mais cet homme avait le crâne
Dur comme celui d'un âue;
Et l'on n'y imprimait rien
Qui pût profiter à bieu.
f'icillc chansont
de liuiity rf Dnpaiir .
Quand Dagobert mourut ,
Le diable aussitôt accourut.
Le grand saint Éloi
Lui dit ; 6 mon roi!
Satan va passer,
11 faut vous confesser ;
Hélas! dit ce bon roi ,
Ne peux-tu pas mourir pour moi ?
1, 2, 3, 4.
G. CHAT, le Sabbat.
I
Il y a dans cette peinture du départ pour le sabbat
des choses très -exactes. On voit la sorcière s'eavolant
par la cheminée, sur le manche à balai. C'était la mi
nière la plus ordinaire de faire le voyage. Voyez l'article
Sabbat, tome IV.
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G. GoAY, /f Sabbat. 4
BRÉBOF.CF.
Une. GRAMHER ,
Extraclum ex inferis.
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TRADUCTION.
URBAIN GRANDIER ,
Tiré des enfers.
AVEC URBAIN GRANDIER '
m:s PLAKCIIES.
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