"C'est Vénus qui vient trouver Bacchus" rapporte Plutarque quand Cléopâtre arrive à Tarse sur sa galère sculptée d'or aux rames d'argent et voilée de soie pourpre.Elle veut et elle doit fasciner Antoine qui rêve d'un Empire oriental.
La richesse étant l'appât le plus efficace de la séduction, elle n'hésitera pas à dissoudre dans le vinaigre, une perle " considérable"( cf.Pline l'Ancien) et à boire le breuvage pour impressionner son futur époux.
Sur la galerie, les musiciens jouent en déchiffrant leur partition tandis que en dessous, autour d'une table, le couple mise sa destinée sur une perle !
Quel geste grandiose !
C'est à la fois l'hommage et le le mépris, la puissance et la faiblesse, le réel et l"irréel.
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L'inestimable sacrifiée va fondre dans le vinaigre servi dans une flûte à champagne.Antoine est médusé et succombe déjà aux charmes irrésistibles de la reine.Femme fatale d'exception, elle dresse son buste nu, qui a lui seul est une invitation à la passion.
Et pour Tiepolo, c'est un sujet en or
Tiepolo raffole des seins.Il les peint ronds, fermes, d'un beau volume et triomphants.S'il les couvre,c 'est fort peu et à regret.Alors ceux de "sa" Cléopâtre se doivent d'être découverts et offerts.Ils sont soulignés par deux triangles de soierie semblable au dos d'une enveloppe;le message est clair, cependant reste le cachet d'un superbe camée qui scelle provisoirement la pudeur insolente de la souveraine.
Toute l'assistance est figée, même le nain ne franchit pas la marche et le roquet oublie d'aboyer.Tous ont l'oeil rivé sur cette déesse prête à sacrifier ses richesses sur l'autel de l'ambition.
Un personnage sur la gauche regarde la scène, fasciné: c'est Tiepolo.Il est vêtu d'un manteau bleu cobalt comme celui de Cléopâtre: ne voudrait-il pas prendre la place d'Antoine?
Juste un instant.
Avec l'aide de" Le bijou dans la peinture" Marie-Christine Autin-Graz
GianBaptista Tiepolo.Fresques du Palais Labia
