Photo du site de la villa. |
Durant les mois chauds de l'année 1757
Giambattista Tiepolo travaille aux fresques de la" palazzina" ( maison des maîtres) de la villa Valmanara ai Nani * , tandis que son fils Giandomenico s'emploie à peindre à fresques les salles de la " foresteria"( salles réservées aux visiteurs) .
Le bâtiment, qui borde le jardin sur le côté occidental, avait la fonction, comme l’indique son nom, de logement pour les hôtes. A l’origine les sept arcs, soutenus
Ce pavillon des hôtes construit d'après les plans de Francesco Muttoni constitue une longue suite de salles (7)reliées les unes aux autres dans une perspective télescopique.
Le bâtiment, qui borde le jardin sur le côté occidental, avait la fonction, comme l’indique son nom, de logement pour les hôtes. A l’origine les sept arcs, soutenus
par des piliers, s’ouvraient sur un vaste porche, sur lequel donnaient les chambres
des invités. Ces ouvertures ont été successivement fermées, probablement pour
profiter de cette partie de la villa même pendant les saisons froides. Avec
l’ouverture de grandes fenêtres rectangulaires le grand porche est devenu un
salon interne.
Dans les pièces ornées de fresques de cet édifice Giambattista Tiepolo, à
l’exception de la salle de l’Olympe, passe la main à son fils et à
d’autres collaborateurs, comme pour indiquer que le monde des dieux et des
déesses est fini et que du drame néo-classique on passe à la comédie
bourgeoise, de Métastase donc à Goldoni.
Tandis que Giambattista Tiepolo
interprète dans la résidence patronale le monde à son image, dans l’hôtellerie, son fils,Giandomenico s’ouvre à l’esprit du temps
Ce pavillon des hôtes construit d'après les plans de Francesco Muttoni constitue une longue suite de salles (7)reliées les unes aux autres dans une perspective télescopique.
Conformément au goût pour les chinoiseries en vogue à Venise au XVIIIème siècle,la première des salles dite -salle chinoise- est couverte d'images liées à l'Extrême-Orient.
Salle chinoise: L'offrande de fruits à une divinité lunaire. |
Giandomenico Tiepolo déploie sur les murs de cette première salle, un récit fantastique, bruissant de soieries bariolées, dans une accumulation d'idoles, de baldaquins, de pagodes, d'éventails, de vases...
Les fresques donnent une vision extravagante de la Chine en vogue à Venise avec la comédie « Turandot » signée Carlo Gozzi.
L’adoration d’une divinité lunaire, l’achat d’épices et d’étoffes précieuses sont de simples prétextes pour nous montrer ces marchandises qui, depuis le temps de Marco Polo, arrivaient à Venise.
Le marchand de tissus |
L’artiste, qui, bien entendu, n’a jamais visité l’Empire Céleste, après la vision d’œuvres théâtrales et la probable lecture de « récits de voyage », représente un pays extraordinaire, où vivent des animaux très étranges, des
insectes aux dimensions incroyables, des plantes potagères inimaginables, etc..La promenade du mandarin |
Dans la salle des scènes champêtres :
Aux scènes fastueuses de la vie quotidienne chinoise succède une réalité plus humble, celle de la dure existence des paysans vénitiens.
Dans les curieux cadres à anneaux entrelacés conçus par Gerolamo Mangozi Colonna, Giandomenico a peint quelques-unes de ses oeuvres les plus émouvantes et les plus justement célèbres.
Salle des scènes champêtres : Le repas des paysans |
Le repas.
On voit le chef de famille assis à table en plein air, tenant dans ses bras son dernier fils
et sa femme, debout, l'assiette posée sur son ventre rebondi par une ènième grossesse.
Salle des scènes champêtres : Le repos des paysans. |
Le repos des paysans qui, aux heures chaudes de la journée, ont délaissé pour un moment les travaux des champs et discutent près de leur maison à l'ombre d'un grand arbre.
Salle des scènes champêtres: Trois paysannes vues de dos. |
Réaliste aussi, l'image de ces trois paysannes coiffées de leur chapeau de paille, pour se protéger du soleil et qui se rendent au village vraisemblablement pour un jour de fête car elles ont revêtu leurs plus beaux atours.
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Comme par opposition,la salle suivante ( dite gothique) illustre , elle, les loisirs de la noblesse en villégiature à différents moments de l'année.
Un couple de nobles, accompagnés d'une dame à l'éventail se promènent dans la grande chaleur de l'été, protégés du soleil par une ombrelle.
Et le pendant : une promenade en hiver.Deux nobles dames emmitouflées dans leurs chauds habits rentrent à la villa accompagnées d'une autre femme qui pourrait être une domestique.
Cette salle est dite " gothique" en raison de la forme des structures préparées par Mengozzi pour encadrer les scènes peintes par Giandomenico TIEPOLO.
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La quatrième salle , elle, a été décorée par Giambatista Tiepolo, et est dédiée aux dieux de l'Olympe.
La salle qui suit est celle des scènes de Carnaval et est, peut être , la plus séduisante des six salles.
Trois tableaux'"feints" ont été peints à fresque sur les murs, à l'intérieur des cadres.
Le charlatan |
Le menuet entre Pantalon et Colombine.
Ces deux tableaux représentent des sujets que Giandomenico avait déjà traités peu de temps auparavant sur des toiles qui ont fait partie, longtemps , de la collection Papadopoli et qui sont aujourd'hui conservées au Museu Nacional d'Art Catalunya à Barcelone.
Le nouveau monde
quant à lui constitue l'anticipation d'un thème que le peintre abordera à plusieurs reprises et dont il livrera sa version la plus célèbre en 1791, dans la fresque peinte pour le" portego" de sa propriété , la villa Zianigo près de Mirano.
*La villa doit son nom aux étranges statues alignées le long de son mur d 'enceinte.Elles représentent des personnages à l'aspect difforme.Ces personnages sont attribués à Bendazzoli sur des dessins de Giambattista Tiepolo
Avec l'aide précieuse de cet ouvrage magistral.
Belle semaine à tous!