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Bertrand Méheut

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Publié le 4 août 2005 à 01:01

Bertrand Méheut, cinquante-trois ans, aurait pu ne jamais quitter les rivages bretons. Le patron de Canal+, artisan du redressement de la chaîne depuis 2002, a grandi à Dinan, dans les Côtes-d'Armor. Adolescent, il se rêve champion de régates, mais sa formation le destine à une carrière d'ingénieur : « Ce sont les hasards de la vie... Quand vous êtes en tête de classe, on vous inscrit dans les classes prépa », explique l'ancien élève de l'école des Mines de Nancy. Le désir de retrouver sa chère Bretagne l'amène à intégrer, à Rennes, Transpac, filiale de France Télécom, où il restera neuf ans. « Je voulais absolument travailler près de la mer. C'était ma priorité. Mais au bout d'un certain temps, j'ai vu que mon horizon était relativement bouché. C'est la raison pour laquelle je suis parti chez Rhône-Poulenc, par envie d'aventure. »

Ainsi commence, en 1984, une longue carrière d'agrochimiste. Bertrand Méheut va diriger la filiale allemande, la logistique, les activités en Europe... Un parcours linéaire, ponctué par une seule petite déception : en 1996, il prend la vice-présidence du groupe Roulier, spécialiste de l'agrofourniture. « Daniel Roulier cherchait un successeur, il m'a demandé de venir. Il s'est trouvé que, d'un point de vue professionnel, monsieur Roulier n'était sans doute pas assez âgé pour prendre du champ. Ma fonction avait un intérêt relativement limité, je suis donc parti. »

En 1999, Jean-René Fourtou lui confie la délicate mission de redresser CropScience, la filiale agrochimique d'Aventis. Trois ans plus tard, ce même Jean-René Fourtou le persuade d'accepter la présidence de la chaîne phare du groupe Vivendi, à la dérive. Au grand étonnement de ses proches, Bertrand Méheut relève le gant et débarque alors sur une planète inconnue. A Canal+, beaucoup d'anciens l'accueillent avec défiance, l'affublant de surnoms tels que « Baygon Vert », « Le Nettoyeur », « Pesticide »... Il faut dire que l'homme tranche avec son flamboyant prédécesseur, Pierre Lescure, patron du Canal de la « grande époque »... « Grande époque de pertes, oui ! », rétorque Bertrand Méheut, qui rappelle que la dette avait atteint 5,1 milliards d'euros. « Tous les domaines de l'entreprise étaient déficitaires, y compris Canal+ en France. Tous les observateurs ne donnaient pas cher de Canal+, tout le monde disait que le modèle de Canal+ était terminé. L'entreprise perdait de l'argent, perdait des abonnés... Tout le monde prédisait la fin du système. Je suis assez fier qu'avec nos équipes, on ait prouvé le contraire (...) Je me suis attaché à me faire connaître selon mon style, qui est en général de faire ce que je dis et de dire ce que je fais, d'apporter du sérieux et de la crédibilité. »

Le changement, se souvient Stéphane Bern, a été tout de suite perceptible : « L'an dernier, pour le grand retour de Canal+ à Cannes, il y a eu la grande fête traditionnelle. Bertrand Méheut était là, il a gardé un profil bas. J'ai connu des patrons de chaîne qui la ramenaient beaucoup plus en présence de stars (...) Je dois reconnaître qu'il cultive moins son image personnelle que celle de Canal+. » Pour Stéphane Bern, les années où la chaîne dépensait sans compter sont bel et bien finies. Une rigueur qui n'a pas empêché Canal+ de souffler à son rival TPS, le 10 décembre, la totalité des droits TV de la Ligue 1 de football, pour un montant faramineux : 1,8 milliard d'euros sur trois ans. « La somme est importante, c'est vrai. Mais l'acquisition de ces droits était essentielle pour le groupe. On en voit déjà l'effet : notre portefeuille d'abonnés est en croissance très forte (...) Nous avons une base d'abonnés de 5 millions à Canal+ et de 3 millions à Canal Sat. Il était essentiel, pour conserver et développer cette base, d'acquérir ces droits. »

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