Aim� Marie Antoine LEPERCQ (1889-1944)

Fils de Gaston Paul Jules LEPERCQ, professeur, et de Claudine FICHET. Son �pouse meurt en 1848.
P�re de Paul Adolphe LEPERCQ (X 1942 ; 1922-1999).

Ancien �l�ve de l'Ecole polytechnique (promotion 1909, sorti en 1912 class� 4 sur 197 �l�ves), et de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1913, entr� class� 1). Corps des mines.

Combattant de la guerre 1914-1918 : bless� � trois reprises, il refuse l'�vacuation. Apr�s la guerre il est administrateur d�l�gu� de Skoda. Mobilis� en 1939, il est fait prisonnier en juin 1940. Lib�r�, il assure quelques temps la pr�sidence du Comit� d'organisation des Combustibles Min�raux. Il est r�voqu� en 1943, s'opposant � la politique de Laval relative au STO. R�sistant, il prend la t�te de l'Organisation Civile et Militaire (OCM), il est en 1943 le premier commandant FFI de Paris, chef des FFI de l'Ile-de-France. Arr�t� puis lib�r�, il prend le commandement militaire de l'h�tel de ville. Compagnon de la Lib�ration. Ministre des Finances du g�n�ral de Gaulle � la Lib�ration. Directeur de l'Union europ�enne industrielle et financi�re. D�c�de dans un accident automobile le 9 novembre 1944.

Il a �t� fait chevalier de la L�gion d'honneur en octobre 1915, alors qu'il �tait lieutenant dans l'artillerie, avec le motif suivant : "Exceptionnellement dou� en intelligence comme en vigueur, d'une bravoure au-dessus de tout �loge, remplit les missions les plus difficiles et les plus p�rilleuses avec un sang-froid magnifique ; bless� gri�vement deux fois, la premi�re s'est �chapp� de l'h�pital o� il �tait soign� pour revenir � son poste ; la seconde a refus� de se laisser �vacuer".



Lepercq, �l�ve de Polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique

Le Souvenir d'Aim� LEPERCQ

Publi� dans La Jaune et la Rouge, d�cembre 1964.

Un service c�l�br� � Saint-Honor� d'Eylau le 9 novembre 1964, pour le vingti�me anniversaire de la mort d'Aim� Lepercq, sur l'initiative des Charbonnages de France, de Schneider et Cie et de l'Union Europ�enne Industrielle et Financi�re, a attest� la profondeur, du souvenir et des regrets laiss�s par Aim� Lepercq.

La Jaune et la Rouge se doit de rappeler en quelques mots une carri�re qui fut, sur le plan industriel et sur le plan humain, une carri�re exemplaire.

A�n� d'une famille de neuf enfants et fils de Lepercq, professeur de chimie � la Facult� catholique de Lyon, Aim� Lepercq sort de l'Ecole Polytechnique en 1911. Pendant la guerre de 14-18, il est cit� cinq fois et trois fois bless�.

Rendu � la vie civile le 15 mars 1919, il occupe diff�rents postes notamment � Grenoble et � Douai, en qualit� d'Ing�nieur au Corps des Mines, jusqu'au 16 janvier 1923. A cette �poque, il demande sa mise hors cadre pour g�rer, chez MM. Schneider et Cie, des affaires m�tallurgiques et mini�res en Tch�coslovaquie.

Directeur des Services de l'Union Europ�enne Industrielle et Financi�re en Tch�coslovaquie de 1923 � 1929, puis Directeur g�n�ral de la m�me soci�t�, avec r�sidence � Paris, jusqu'� la guerre de 1939, A. Lepercq s'est particuli�rement occup�, en qualit� d'administrateur-d�l�gu� en Tch�coslovaquie, des Usines Skoda, agrandies et transform�es de mani�re � devenir l'arsenal de la Petite Entente. Il a �t�, en outre, Directeur g�n�ral de la Soci�t� des Mines et Forges, � Prague. Il avait �t� entre temps promu au grade d'Officier de la L�gion d'Honneur au titre militaire, le 30 d�cembre 1931.

A la d�claration de guerre 1939-1940, il prend le commandement du 2e Groupe du 182e R.A.L.T. et est deux fois cit�. Malgr� les ordres re�us, le Commandant Lepercq refuse de capituler et ce n'est qu'apr�s l'entr�e en vigueur effective de l'Armistice, le 25 juin 1940, qu'il consent � d�poser les armes.

Apr�s plusieurs mois de captivit�, A. Lepercq fut rapatri� au mois d'octobre 1940 et appel� d�s son retour � la Pr�sidence du Comit� d'Organisation de l'Industrie des Combustibles Min�raux Solides.

Le 30 juin 1943, A. Lepercq fut suspendu de ses fonctions, puis r�voqu� par d�cret en date du 18 ao�t pour avoir manifest� son opposition � la politique du Gouvernement relative � la d�portation de la main-d'oeuvre en Allemagne.

A partir de cette date, Lepercq se consacra enti�rement � l'organisation de la R�sistance active dans le cadre de l'Organisation Civile et Militaire dont il faisait partie depuis plusieurs mois. De septembre 1943 jusqu'au 8 mars 1944, date de son arrestation par la Gestapo, il fut le premier Commandant des Forces Fran�aises de l'Int�rieur, de Paris. Il �tait, en outre, membre du Bureau du Comit� Parisien de Lib�ration, depuis la cr�ation de ce Comit�. Le 25 f�vrier 1944, Lepercq acceptait la pr�sidence de l'O.C.M. apr�s l'arrestation par les autorit�s allemandes du titulaire de ce poste. Intern� � Fresnes le 8 mars 1944, puis � la prison d'Arras et ramen� finalement � Fresnes, Lepercq a �t� lib�r� le 17 ao�t 1944 � la faveur du d�sordre qui r�gnait � cette �poque dans les administrations allemandes.

A. Lepercq fut charg� du commandement militaire de l'H�tel de Ville qu'il exer�a en fait jusqu'au 26 ao�t 1944.

Quelques jours apr�s, r�pondant � l'appel du G�n�ral de Gaulle, Pr�sident du Gouvernement Provisoire de la R�publique, il acceptait d'entrer au gouvernement comme Ministre des Finances.

La mort le surprit accidentellement, dans l'accomplissement de ses hautes fonctions, le 9 novembre 1944, alors qu'il venait de quitter Lille en voiture, apr�s s'y �tre assur� personnellement que toutes les mesures �taient prises pour assurer le succ�s de l'emprunt de la Lib�ration, d�cid� quelques jours auparavant en Conseil des Ministres.

De tous les t�moignages publi�s sur sa vie, ceux concernant son action dans la R�sistance sont particuli�rement �mouvants. Nous regrettons de ne pouvoir les donner en d�tail. Citons seulement ces lignes extraites du � Parisien Lib�r� � du 11 novembre 1944. � Il fut pour ses amis une v�ritable conscience de r�f�rence... Il �tait de ces chefs aupr�s de qui tout est simple : l'action, l'ob�issance et m�me la mort sans doute. Parce que, aupr�s de lui, tout s'encha�nait d'une fa�on si lucide et si affectueuse � la fois, qu'il n'y avait aucune place pour aucune h�sitation �.


Voir aussi : Biographie de Aim� Lepercq sur le site de l'Ordre de la Lib�ration


Le texte qui suit a �t� publi� en 1964 dans le num�ro du Bulletin de l'association des anciens �l�ves de l'Ecole des mines de Paris, � l'occasion du centenaire de la cr�ation de l'Association :

Biographie sommaire de Aim� Lepercq, par Jean Guyot

Entr� � l'Ecole Polytechnique en 1909, ing�nieur au Corps des Mines, il fut mobilis� comme lieutenant au 54e r�giment d'artillerie au mois d'ao�t 1914. Cinq fois cit� (quatre palmes, une �toile de vermeil), trois fois bless�, il fut fait Chevalier de la L�gion d'Honneur en 1915 avec la citation suivante :

� Exceptionnellement dou� comme intelligence et comme vigueur, d'une bravoure au-dessus de tout �loge. Remplit les missions les plus difficiles et les plus p�rilleuses en gardant un sang-froid magnifique. Bless� gri�vement deux fois, la premi�re fois s'est �chapp� de l'h�pital o� il �tait soign� pour revenir � son poste, la seconde fois a refus� de se laisser �vacuer �.

Intelligence, vigueur, bravoure, sang-froid, ardeur, mots qui disent ce qu'�tait l'homme et ce qu'il est rest� toute sa vie.

Apr�s la guerre, il occupa diff�rents postes dans l'Administration, notamment � Grenoble et � Douai, en qualit� d'Ing�nieur au corps des Mines, jusqu'en 1923.

Il part alors en Tch�coslovaquie diriger les services de l'Union Europ�enne Industrielle et Financi�re et, � ce titre, devient Administrateur d�l�gu� des usines Skoda ; il fait preuve d'une activit� inlassable et d'une grande intelligence dans la d�fense des int�r�ts fran�ais. En 1929, il revient � Paris comme Directeur G�n�ral de l'Union Europ�enne, est fait Officier de la L�gion d'Honneur � titre militaire en 1931. La guerre de 1939 le ram�ne au front. Chef d'escadron d'artillerie, il se conduit vaillamment et est deux fois cit�.

Malgr� les ordres re�us, il refuse de capituler, et ce n'est qu'apr�s l'entr�e en vigueur effective de l'armistice le 25 juin 1940 qu'il consent � d�poser les armes

Prisonnier � l'Oflag XB, rapatri� en octobre 1940. il abandonne toutes ses fonctions � l'Union Europ�enne et il accepte la Pr�sidence du Comit� d'organisation de l'Industrie des Combustibles Min�raux solides ; malgr� toutes les entraves de l'occupant, il cherche par tous les moyens � am�liorer les conditions de vie des mineurs, et coordonne efficacement le travail des Houill�res.

Dress� contre des d�cisions qui heurtaient ses sentiments, manifestant publiquement son opposition au d�part de la main-d'�uvre en Allemagne, r�voqu� de son poste en 1943, il peut se donner plus compl�tement � la t�che qui l'appelait et pr�parer le nouveau combat. Il devient le premier commandant des Forces fran�aises de l'int�rieur de l'Ile de France � Paris, sous le nom de � commandant Landry � ; arr�t� en mars 1944 et incarc�r� � Fresnes, sa robuste constitution et son �nergie indomptable lui permettent de r�sister � des interrogatoires tr�s durs sans rien livrer des secrets de son organisation : paraissant vou� � une mort certaine, il put miraculeusement retrouver sa libert�, au moment o� Paris, sentant l'ennemi faiblir, se soulevait, participer au combat et faire flotter sur l'H�tel de Ville le drapeau tricolore. Un de ses compagnons de combat �crit :

� LEPERCQ eut ces jours-l� de grandes satisfactions personnelles en plus des joies collectives. D'abord celle de commander d'admirables volontaires et, avec eux, de repousser les attaques allemandes, aussi, celle de voir passer � l'action, dans tout Paris, l'organisation qu'il avait mise sur pied avant son arrestation �.

Il veut alors rentrer dans l'ombre avec cette simplicit� qui le caract�risait, mais la France avait trop besoin d'hommes tels que lui, et il se voit confier le poste redoutable de Ministre des Finances dans le premier gouvernement de la France lib�r�e. Il assume alors la lourde responsabilit� d'entreprendre imm�diatement l'�uvre capitale du redressement de la puissance financi�re du pays, renon�ant � des avantages mat�riels, ce qui n'�tait rien pour lui, et sacrifiant en partie son intimit� familiale, ce qui �tait �norme. Aim� LEPERCQ avait les qualit�s qu'il fallait pour mener � bien une pareille t�che, et parmi elles, il avait cette qualit� essentielle d'�tre un grand patriote ; son amour des hommes lui faisait comprendre les besoins de tous et leurs aspirations : gr�ce � son jugement, il mesurait les possibilit�s des individus et aidait chacun � tirer le meilleur parti de lui-m�me. Il n'y avait pas pour lui de barri�re de classe ou de formation.

� Dans une guerre qui frappe � coups redoubl�s, la mort d'Aim� LEPERCQ, Ministre des Finances, est l'une des certes les plus cruelles que nous ayons eu � subir. Car c'est bien le mot courage qui exprime le mieux ce qu'�tait son caract�re. �

Ces paroles du G�n�ral de Gaulle, Pr�sident du Gouvernement provisoire, r�sument la destin�e exceptionnelle d'Aim� LEPERCQ, grand c�ur, chef incomparable et homme d'�tat.