Peu � peu, j?�merge des bras de Morph�e, je me sens lourd et je n?arrive pas � clarifier mes id�es. Je cligne les yeux,
· Mais o� suis-je donc ? Je ne parviens pas � me le rappeler.
Il fait dr�lement sombre car je ne per�ois ne serait-ce le scintillement d?une �toile, une �tincelle. Rien, rien que du noir, ce noir inconditionnel, que certains personnages c�l�bres adoraient. Ce noir o� le clair-obscur est une h�r�sie au sein de cet univers.
Je parviens � tendre les bras mais mes gestes me co�te en efforts, et je parviens difficilement � bouger.
� Que se passe-t-il donc pour que je ne r�ussisse pas � faire les gestes les plus �l�mentaires ?
J?explore mon univers dans un premier temps de fa�on circulaire afin de saisir ne serait-ce qu?un objet qui me soit familier. Au-dessus de moi je sens comme une sorte de d�me. En dessous m�me chose,
� On dirait que je flotte entre ces deux parois car je ne repose sur rien. Effroyable non ?
Au bout de plusieurs essais je parviens � briser ce cocon, car je repose bien dans un ouf ! Etonnant car celui-ci est reli� � une sorte de machinerie incompr�hensible pour moi.
� Mais qu?est-ce que c?est que ce bazar ?
L??uf dans lequel je suis assis mesure environ deux m�tres, pour une circonf�rence de quatre vingt centim�tres.
� Comment puis-je deviner la taille de ce sph�ro�de rien qu?en le regardant ? Et je ressens qu?au fond de moi-m�me c?est la dimension exacte. C?est s�rement l?effet du r�veil, je fabule compl�tement.
Cette couche est reli�e � une armoire m�tallique par son aspect. Elle mesure deux m�tres cinquante sur un m�tre de large pour une profondeur de cinquante cinq centim�tres. Cette armoire est �trange, son toucher est chaud, et elle ronronne tout doucement. Comme si � l?int�rieur un �tre vivant tapi attend son heure pour sortir ? Sur le sol il y a des dessins. Trois cercles entrelac�s, de couleurs et de dimensions diff�rentes. Un rouge et deux oranges. Celui du centre �tant plus grand on parvient � voir en son milieu deux �tres face � face les mains tendues vers le ciel, et en d�cor une pyramide avec une �toile en son sommet.
� Ciel j?ai dit ciel,...
Mon regard cherche d�sesp�r�ment le plafond � la recherche de celui-ci.
� Mais o� suis-je donc ?
Le paysage qui m?entoure est une nature morte de mauvais go�t. Des murs lisses et d?une couleur gris�tre, un plafond jaune canari et sur le sol du sable fin comme � la plage avec cette dalle rupestre en sa p�riph�rie. Mon univers est un cylindre de dix m�tres de diam�tre avec au plafond un rond de lumi�re qui semble me narguer et me crier :
� Tu vois je suis l�-haut et toi tu n?es qu?un ver de terre je domine ton monde, tu prieras chaque jour que tu puisses te rapprocher de moi pour t?offrir la cl� qui te permette de sortir de cet endroit.
� Non tu m?entends je ne serai pas Sisyphe, je ne roulerai pas le rocher de ton indiff�rence �ternellement afin de glorifier ton mysticisme. Je ne pleurerai pas M�rop�e mon �pouse perdue � jamais dans les m�andres de la mort. Je ne chercherai pas non plus le secret des dieux, le secret de la mort.
Par d�pit et surtout par fatigue je m?�croule au sol essayant de canaliser mon d�sespoir vers l?apog�e de mes esp�rances. Car � cet instant mon but dans l?existence sera de sortir de cette prison. De nouveau j?�merge d?un long sommeil, combien de temps ai-je encore dormi ? Cela ne semble avoir aucune importance car cette prison n?a pas de repr�sentation du temps qui s?�coule tout doucement. Ma vie � chaque moment qui passe s?en va de moi goutte par goutte et s?enfuit vers la spirale de la mort. Je ressens qu?� chaque pore de ma peau ce flux vital s?en va pour rejoindre le torrent du n�ant.
� Non ! Il ne faut pas que je reste l� � me lamenter, il faut que je r�agisse, bon sang !
� En premier lieu je vais faire le tour de ce charmant studio.
A l?aide d?un instrument tranchant que j?ai arrach� de la cloison avecpeine, j?ausculte les murs m�thodiquement. Rien malheureusement ne r�pond � l?appel, comme je l?avais pr�dit. Mais, fait marquant, le mur � certains endroits est relativement friable. C?est tr�s int�ressant car je peux creuser dans celui-ci pour pouvoir mieux l?escalader. D�j� une voix moqueuse surgit d?en haut.
� Ah ! Ah ! Quelle id�e grotesque, mais pourquoi t?acharnes-tu � vouloir t?�chapper ? Tu es ici pour l?�ternit� et je suis ton ge�lier et je parviendrai � d�vorer toute parcelle d?humanit� en toi afin que tu deviennes mon esclave. Tu seras un zombie !
� Non ! Ah �a jamais ! Tu m?entends esp�ce de tric�ratops � p�dales ? De col�re je me l�ve et saisis la barre et frappe violemment l?armoire qui se brise en mille morceaux. Sous mes yeux �bahis celle-ci se reconstitue. Les fragments sont anim�s de vie et recherchent automatiquement leurs vis-�-vis pour former une structure parfaitement uniforme sans trace de dommage. Je redouble de col�re et frappe, frappe encore et encore. Plus je cogne et plus les morceaux se recollent, ne daignant plus tomber � terre....
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