prop-fr:contenu
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- ::« Enquanto Quis Fortuna »
:Enquanto quis Fortuna que tivesse
:Esperança de algum contentamento,
:O gosto de um suave pensamento
:Me fez que seus efeitos escrevesse.
:Porém, temendo Amor que aviso desse
:Minha escritura a algum juízo isento,
:Escureceu-me o engenho co tormento,
:Pera que seus enganos não dissesse.
:Ó vos que Amor obriga a ser sujeitos
:A diversas vontades! Quando lerdes
:Num breve livro casos tão diversos,
:Verdades puras são e não defeitos;
:E sabei que, segundo o amor tiverdes,
:Tereis o entendimento de meus versos
— Luís de Camões (fr)
- :How soon hath Time, the subtle thief of youth,
:Stolen on his wing my three and twentieth year!
:My hasting days fly on with full career,
:But my late spring no bud or blossom shew'th.
:Perhaps my semblance might deceive the truth,
:That I to manhood am arrived so near,
:And inward ripeness doth much less appear,
:That some more timely-happy spirits indu'th.
:Yet be it less or more, or soon or slow,
:It shall be still in strictest measure even
:To that same lot, however mean or high,
:Toward which Time leads me, and the will of Heaven.
:All is, if I have grace to use it so,
:As ever in my great Task-master's eye.
— John Milton (fr)
- ::« Heureux qui comme Ulysse… »
:Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
:Ou comme celui-là qui conquit la toison,
:Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
:Vivre entre ses parents le reste de son âge !
:Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
:Fumer la cheminée : et en quelle saison
:Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
:Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
:Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
:Que des palais Romains le front audacieux :
:Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,
:Plus mon Loire Gaulois, que le Tibre Latin,
:Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
:Et plus que l'air marin la douceur Angevine.
— Joachim du Bellay, dans Les Regrets
(Orthographe modernisée) (fr)
- :O Amour, ------ O penser ------ O Désir plein de flame,
:Ton trait, ---- ton fol appas - la rigueur que je sens,
:Me blesse, ---- me nourrit ---- conduit mes jeunes ans
:A la mort, ---- aux douleurs -- au profond d’une lame.
:Iniuste Amour,- Penser, ------- Desir, cours à Madame,
:Porte lui ----- loge lui ------ fay voir comme presens,
:A son cœur ---- en l’esprit --- à ses yeux meurtrissans
:Le mesme trait- mes pleurs --- les feux que j’ay dans l’ame :
:Force, -------- fay consentir- Contrain sa resistance,
:Sa beauté ----- son desdain -- et sa fière constance,
:A plaindre ---- a soupirer --- A soulager mes vœux,
:Les torments, - les sanglots - et les cruels supplices,
:Que j’ay ------ que je chery - que je tiens pour délices,
:En aimant, ---- en pensant --- en desirant son mieux. (fr)
- :Quand je pense à ce jour, où je la vis si belle
:Toute flamber d'amour, d'honneur et de vertu,
:Le regret, comme un trait mortellement pointu,
:Me traverse le cœur d'une plaie éternelle.
:Alors que j'espérais la bonne grâce d'elle,
:Amour a mon espoir par la mort combattu ;
:La mort a son beau corps d'un cercueil revêtu,
:Dont j'espérais la paix de ma longue querelle.
:Amour, tu es enfant inconstant et léger ;
:Monde, tu es trompeur, piqueur et mensonger,
:Décevant d'un chacun l'attente et le courage.
:Malheureux qui se fie en l'Amour et en toi !
:Tous deux comme la mer vous n'avez point de foi
:La mer toujours parjure, Amour toujours volage.
— Pierre de Ronsard (fr)
- ::« Sed non satiata »
:Bizarre déité, brune comme les nuits,
:Au parfum mélangé de musc et de havane,
:Œuvre de quelque obi, le Faust de la savane,
:Sorcière au flanc d’ébène, enfant des noirs minuits,
:Je préfère au constance, à l’opium, au nuits,
:L’élixir de ta bouche où l’amour se pavane ;
:Quand vers toi mes désirs partent en caravane,
:Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.
:Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme,
:Ô démon sans pitié ! verse-moi moins de flamme ;
:Je ne suis pas le Styx pour t’embrasser neuf fois,
:Hélas ! et je ne puis, Mégère libertine,
:Pour briser ton courage et te mettre aux abois,
:Dans l’enfer de ton lit devenir Proserpine !
— Charles Baudelaire, dans Les Fleurs du Mal (fr)
- ::« Soneto XXIII »
: En tanto que de rosa y azucena
:se muestra la color en vuestro gesto,
:y que vuestro mirar ardiente, honesto,
:enciende al corazón y lo refrena;
: y en tanto que el cabello, que en la vena
:del oro se escogió, con vuelo presto,
:por el hermoso cuello blanco, enhiesto,
:el viento mueve, esparce y desordena:
: coged de vuestra alegre primavera
:el dulce fruto, antes que el tiempo airado
:cubra de nieve la hermosa cumbre;
:Marchitará la rosa el viento helado.
:todo lo mudará la edad ligera
:por no hacer mudanza en su costumbre.
— Garcilaso de la Vega (fr)
- :Larges yeux de Mnasidika, combien vous me rendez heureuse quand l’amour noircit vos paupières et vous anime et vous noie sous les larmes ;
:Mais combien folle, quand vous vous détournez ailleurs, distraits par une femme qui passe ou par un souvenir qui n’est pas le mien.
:Alors mes joues se creusent, mes mains tremblent et je souffre... Il me semble que de toutes parts, et devant vous ma vie s’en va.
:Larges yeux de Mnasidika, ne cessez pas de me regarder ! ou je vous trouerai avec mon aiguille et vous ne verrez plus que la nuit terrible.
— Pierre Louÿs. (fr)
- ::« La chevelure »
:La chevelure vol d'une flamme à l'extrême
:Occident de désirs pour la tout éployer
:Se pose
:Vers le front couronné son ancien foyer
:Mais sans or soupirer que cette vie nue
:L'ignition du feu toujours intérieur
:Originellement la seule continue
:Dans le joyau de l'œil véridique ou rieur
:Une nudité de héros tendre diffame
:Celle qui ne mouvant bagues ni feux au doigt
:Rien qu'à simplifier avec gloire la femme
:Accomplit par son chef fulgurante l'exploit
:De semer de rubis le doute qu'elle écorche
:Ainsi qu'une joyeuse et tutélaire torche
— Stéphane Mallarmé (fr)
- :Sa robe était de tulle avec des roses pâles,
:Et rose pâle était sa lèvre, et ses yeux froids,
:Froids et bleus comme l'eau qui rêve au fond des bois.
:La mer Tyrrhénienne aux langueurs amicales.
:Berçait sa vie éparse en suaves pétales.
:Très douce elle mourait, ses petits pieds en croix ;
:Et, quand elle chantait, le cristal de sa voix
:Faisait saigner au cœur ses blessures natales.
:Toujours à son poing maigre un bracelet de fer,
:Où son nom de blancheur était gravé « Stéphane »,
:Semblait l'anneau rivé de l'exil très amer.
:Dans un parfum d'héliotrope diaphane
:Elle mourait, fixant les voiles sur la mer,
:Elle mourait parmi l'automne… vers l'hiver…
:Et c'était comme une musique qui se fane… (fr)
- ::« Enquanto Quis Fortuna »
:Enquanto quis Fortuna que tivesse
:Esperança de algum contentamento,
:O gosto de um suave pensamento
:Me fez que seus efeitos escrevesse.
:Porém, temendo Amor que aviso desse
:Minha escritura a algum juízo isento,
:Escureceu-me o engenho co tormento,
:Pera que seus enganos não dissesse.
:Ó vos que Amor obriga a ser sujeitos
:A diversas vontades! Quando lerdes
:Num breve livro casos tão diversos,
:Verdades puras são e não defeitos;
:E sabei que, segundo o amor tiverdes,
:Tereis o entendimento de meus versos
— Luís de Camões (fr)
- :How soon hath Time, the subtle thief of youth,
:Stolen on his wing my three and twentieth year!
:My hasting days fly on with full career,
:But my late spring no bud or blossom shew'th.
:Perhaps my semblance might deceive the truth,
:That I to manhood am arrived so near,
:And inward ripeness doth much less appear,
:That some more timely-happy spirits indu'th.
:Yet be it less or more, or soon or slow,
:It shall be still in strictest measure even
:To that same lot, however mean or high,
:Toward which Time leads me, and the will of Heaven.
:All is, if I have grace to use it so,
:As ever in my great Task-master's eye.
— John Milton (fr)
- ::« Heureux qui comme Ulysse… »
:Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
:Ou comme celui-là qui conquit la toison,
:Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
:Vivre entre ses parents le reste de son âge !
:Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
:Fumer la cheminée : et en quelle saison
:Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
:Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
:Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
:Que des palais Romains le front audacieux :
:Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,
:Plus mon Loire Gaulois, que le Tibre Latin,
:Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
:Et plus que l'air marin la douceur Angevine.
— Joachim du Bellay, dans Les Regrets
(Orthographe modernisée) (fr)
- :O Amour, ------ O penser ------ O Désir plein de flame,
:Ton trait, ---- ton fol appas - la rigueur que je sens,
:Me blesse, ---- me nourrit ---- conduit mes jeunes ans
:A la mort, ---- aux douleurs -- au profond d’une lame.
:Iniuste Amour,- Penser, ------- Desir, cours à Madame,
:Porte lui ----- loge lui ------ fay voir comme presens,
:A son cœur ---- en l’esprit --- à ses yeux meurtrissans
:Le mesme trait- mes pleurs --- les feux que j’ay dans l’ame :
:Force, -------- fay consentir- Contrain sa resistance,
:Sa beauté ----- son desdain -- et sa fière constance,
:A plaindre ---- a soupirer --- A soulager mes vœux,
:Les torments, - les sanglots - et les cruels supplices,
:Que j’ay ------ que je chery - que je tiens pour délices,
:En aimant, ---- en pensant --- en desirant son mieux. (fr)
- :Quand je pense à ce jour, où je la vis si belle
:Toute flamber d'amour, d'honneur et de vertu,
:Le regret, comme un trait mortellement pointu,
:Me traverse le cœur d'une plaie éternelle.
:Alors que j'espérais la bonne grâce d'elle,
:Amour a mon espoir par la mort combattu ;
:La mort a son beau corps d'un cercueil revêtu,
:Dont j'espérais la paix de ma longue querelle.
:Amour, tu es enfant inconstant et léger ;
:Monde, tu es trompeur, piqueur et mensonger,
:Décevant d'un chacun l'attente et le courage.
:Malheureux qui se fie en l'Amour et en toi !
:Tous deux comme la mer vous n'avez point de foi
:La mer toujours parjure, Amour toujours volage.
— Pierre de Ronsard (fr)
- ::« Sed non satiata »
:Bizarre déité, brune comme les nuits,
:Au parfum mélangé de musc et de havane,
:Œuvre de quelque obi, le Faust de la savane,
:Sorcière au flanc d’ébène, enfant des noirs minuits,
:Je préfère au constance, à l’opium, au nuits,
:L’élixir de ta bouche où l’amour se pavane ;
:Quand vers toi mes désirs partent en caravane,
:Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.
:Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme,
:Ô démon sans pitié ! verse-moi moins de flamme ;
:Je ne suis pas le Styx pour t’embrasser neuf fois,
:Hélas ! et je ne puis, Mégère libertine,
:Pour briser ton courage et te mettre aux abois,
:Dans l’enfer de ton lit devenir Proserpine !
— Charles Baudelaire, dans Les Fleurs du Mal (fr)
- ::« Soneto XXIII »
: En tanto que de rosa y azucena
:se muestra la color en vuestro gesto,
:y que vuestro mirar ardiente, honesto,
:enciende al corazón y lo refrena;
: y en tanto que el cabello, que en la vena
:del oro se escogió, con vuelo presto,
:por el hermoso cuello blanco, enhiesto,
:el viento mueve, esparce y desordena:
: coged de vuestra alegre primavera
:el dulce fruto, antes que el tiempo airado
:cubra de nieve la hermosa cumbre;
:Marchitará la rosa el viento helado.
:todo lo mudará la edad ligera
:por no hacer mudanza en su costumbre.
— Garcilaso de la Vega (fr)
- :Larges yeux de Mnasidika, combien vous me rendez heureuse quand l’amour noircit vos paupières et vous anime et vous noie sous les larmes ;
:Mais combien folle, quand vous vous détournez ailleurs, distraits par une femme qui passe ou par un souvenir qui n’est pas le mien.
:Alors mes joues se creusent, mes mains tremblent et je souffre... Il me semble que de toutes parts, et devant vous ma vie s’en va.
:Larges yeux de Mnasidika, ne cessez pas de me regarder ! ou je vous trouerai avec mon aiguille et vous ne verrez plus que la nuit terrible.
— Pierre Louÿs. (fr)
- ::« La chevelure »
:La chevelure vol d'une flamme à l'extrême
:Occident de désirs pour la tout éployer
:Se pose
:Vers le front couronné son ancien foyer
:Mais sans or soupirer que cette vie nue
:L'ignition du feu toujours intérieur
:Originellement la seule continue
:Dans le joyau de l'œil véridique ou rieur
:Une nudité de héros tendre diffame
:Celle qui ne mouvant bagues ni feux au doigt
:Rien qu'à simplifier avec gloire la femme
:Accomplit par son chef fulgurante l'exploit
:De semer de rubis le doute qu'elle écorche
:Ainsi qu'une joyeuse et tutélaire torche
— Stéphane Mallarmé (fr)
- :Sa robe était de tulle avec des roses pâles,
:Et rose pâle était sa lèvre, et ses yeux froids,
:Froids et bleus comme l'eau qui rêve au fond des bois.
:La mer Tyrrhénienne aux langueurs amicales.
:Berçait sa vie éparse en suaves pétales.
:Très douce elle mourait, ses petits pieds en croix ;
:Et, quand elle chantait, le cristal de sa voix
:Faisait saigner au cœur ses blessures natales.
:Toujours à son poing maigre un bracelet de fer,
:Où son nom de blancheur était gravé « Stéphane »,
:Semblait l'anneau rivé de l'exil très amer.
:Dans un parfum d'héliotrope diaphane
:Elle mourait, fixant les voiles sur la mer,
:Elle mourait parmi l'automne… vers l'hiver…
:Et c'était comme une musique qui se fane… (fr)
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