— A cinq heures, Marie-Anne, il faudra me
faire mon thé.
— Oh! pour ça, monsieur, jamais de la
vie! Dessin de Louis. Morin.
DÉLICATESSE
J’achevais mon journal, en savourant
un excellent chester, quand un coup de
sonnette m’arracha à la lecture palpi-
tante des faits divers.
— ? ? ? interrogeais-je des yeux ma
femme de ménage.
— Mon tailleur? Je n'y suis pas.
! j r - ' ■ •
— Triple idiote! Alors qu’il entre.
C’en était fait de ma digestion.
Cet honnête commerçant avait cru le
moment bien choisi — l’heure exquise
du cigare et de la tasse de café — pour
me présenter sa petite note, — « sa pe-
tite note », 960 francs ,90 centimes, — qui
détaillait la fourniture de vêtements de
toutes sortes depuis longtemps usés.
Il avait songé — et il prit un siège
que je ne lui offrais pas — qu’ayant
besoin d’argent il était naturel qu’il
s’adressât d’abord à ceux qui lui en
devaient....
Ce à quoi je repris qu’il commettait, là,
la plus grossière erreur, ceux qui lui en
devaient ne lui en devant sans doute que
par la bonne raison qu’eux-mèmes n’en
avaient pas et que, par conséquent ils n’en
pouvaient donner. Raisonnement que cef
homme borné ne parut pas entendre, qu’il
n’entendît certainement pas, j’en suis sùr
maintenant, car il se mit à parler d’hom-
mes d’affaires, de tribunaux, d’huissiers
qui sauraient me contraindre à acquitter
mes dettes.
Certainement, le plus simple était de
payer.
Payer! Mais comment? Il ne me restait
en caisse qu’un vieux bouton de culotte,
seul vestige de son affreuse camelote.
— Voyons, lui dis-je alors, je vous dois
la somme...
...De 960 francs 90 centimes, reprit-il
obséquieux...
— ...que je vais vous solder en vous con-
fectionnant de beaux petits billets de
25 francs par mois...
— De 25 par mois ! sursauta-t-il, vous
vous fichez de ma tète ! Cela ferait encore
plus de trois ans de crédit...
— Moi, du moins, dédaignai-je, je vous
fournis des effets qui durent.
Jelma.
— La République? Elle se fout du peuple... La preuve, c’est que tous les ponts qu’elle construit
n’ont qu’une arche : la démocratie n’a plus de quoi se coucher ! Dessin de Naodin.
faire mon thé.
— Oh! pour ça, monsieur, jamais de la
vie! Dessin de Louis. Morin.
DÉLICATESSE
J’achevais mon journal, en savourant
un excellent chester, quand un coup de
sonnette m’arracha à la lecture palpi-
tante des faits divers.
— ? ? ? interrogeais-je des yeux ma
femme de ménage.
— Mon tailleur? Je n'y suis pas.
! j r - ' ■ •
— Triple idiote! Alors qu’il entre.
C’en était fait de ma digestion.
Cet honnête commerçant avait cru le
moment bien choisi — l’heure exquise
du cigare et de la tasse de café — pour
me présenter sa petite note, — « sa pe-
tite note », 960 francs ,90 centimes, — qui
détaillait la fourniture de vêtements de
toutes sortes depuis longtemps usés.
Il avait songé — et il prit un siège
que je ne lui offrais pas — qu’ayant
besoin d’argent il était naturel qu’il
s’adressât d’abord à ceux qui lui en
devaient....
Ce à quoi je repris qu’il commettait, là,
la plus grossière erreur, ceux qui lui en
devaient ne lui en devant sans doute que
par la bonne raison qu’eux-mèmes n’en
avaient pas et que, par conséquent ils n’en
pouvaient donner. Raisonnement que cef
homme borné ne parut pas entendre, qu’il
n’entendît certainement pas, j’en suis sùr
maintenant, car il se mit à parler d’hom-
mes d’affaires, de tribunaux, d’huissiers
qui sauraient me contraindre à acquitter
mes dettes.
Certainement, le plus simple était de
payer.
Payer! Mais comment? Il ne me restait
en caisse qu’un vieux bouton de culotte,
seul vestige de son affreuse camelote.
— Voyons, lui dis-je alors, je vous dois
la somme...
...De 960 francs 90 centimes, reprit-il
obséquieux...
— ...que je vais vous solder en vous con-
fectionnant de beaux petits billets de
25 francs par mois...
— De 25 par mois ! sursauta-t-il, vous
vous fichez de ma tète ! Cela ferait encore
plus de trois ans de crédit...
— Moi, du moins, dédaignai-je, je vous
fournis des effets qui durent.
Jelma.
— La République? Elle se fout du peuple... La preuve, c’est que tous les ponts qu’elle construit
n’ont qu’une arche : la démocratie n’a plus de quoi se coucher ! Dessin de Naodin.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
– À cinq heures, Marie-Anne, il faudra me faire mon thé;
La République? Elle se fout du peuple…
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1907
Entstehungsdatum (normiert)
1902 - 1912
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)