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ePOP, le projet qui archive les désastres écologiques à travers le monde

En quatre années d’existence, ePOP, fruit d’un partenariat entre l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et RFI, a donné la parole à plus de 650 victimes de bouleversements écologiques. Sur cinq continents, 250 jeunes réalisateurs, les ePOPeurs, contribuent plus ou moins régulièrement à cette vaste base de données vidéo, « pour ne pas dire que l’on ne savait pas. »

Hadama Diakité, ePOPer (à gauche), et Gaël Flaugère, coordinateur du réseau ePOP, (à droite) le 17 septembre.
Hadama Diakité, ePOPer (à gauche), et Gaël Flaugère, coordinateur du réseau ePOP, (à droite) le 17 septembre. © Léopold Picot / RFI
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« Une des vidéos de ePOP met en avant un Néo-Calédonien qui décrit la disparition des anguilles. Cette personne est aujourd’hui décédée : sans ePOP, ce monsieur serait parti avec sa mémoire, son témoignage. », se rappelle Apolline Mercier, 26 ans et ePOPeuse. Cette vidéo est l’une des 650 du projet de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et de RFI, la plus marquante pour Apolline car elle résume l’esprit de l’initiative : archiver les témoignages de ceux qui vivent des désastres environnementaux. Des contributeurs du monde entier envoient, comme Apolline lorsqu’elle vivait à La Réunion, des vidéos relayant des témoins des changements écologiques. 

Du Pacifique au reste du monde

Depuis 2017, le projet ePOP lancé par Max Bâle a bien grandi. Le chef de Planète Radio, un service de RFI ayant pour objectif de développer des radios communautaires dans le monde, a été rejoint par Gaël Flaugère et est accompagnée par Marie-Lise Sabrié et Marie-Eve Migueres, de l’IRD. À l’origine, le projet se limitait au Pacifique : « Vanuatu, Nouvelle-Calédonie, toutes ces îles du Pacifique... c’était là-bas qu’on avait les premiers témoignages, les premières conséquences du changement climatique et environnemental, notamment avec les problématiques d’érosion et de montée des eaux. », rappelle Gaël Flaugère. Rapidement, l’équipe réalise qu’elle ne peut pas se limiter à cette seule région : parce qu’il est global, le changement climatique se doit d’être raconté de partout. Les vidéos sont alors produites depuis les cinq continents. 

Ces dernières sont efficaces : moins de trois minutes, pas de commentaires, seulement l’image et la voix du témoin accompagnées de plans pour illustrer ses propos. Un choix logique, estime Gaël : « Ces vidéos sont brutes, sans filtres, et elles permettent une vraie prise de conscience à toutes les échelles, dans la société comme auprès des décideurs. » Pour attirer plus de contributeurs, l'équipe de ePOP créé un concours qui permettra au gagnant d’obtenir du matériel de production vidéo. Cette année, c’est Gildas Ignace Razafimampionona, de Madagascar, qui a été récompensé pour sa vidéo Le salaire de la soif

« Le salaire de la soif », lauréat 2021

Hadama Diakité, 37 ans, est Malien. Il a découvert le concours par hasard. Sur la terrasse de RFI, après son passage au Congrès Mondial de la Nature où avait lieu la remise des prix, il raconte : « J’étais dans mon véhicule à Bamako, j’ai mis RFI et j’ai entendu l’annonce du concours ePOP pour 2020. Ça m’a interpellé : je suis d’un pays où les effets du changement climatique sont une réalité. » En passant devant une décharge, il aperçoit une femme de 80 ans. Elle recycle des déchets pour vivre. Ce sera son premier sujet, qui lui vaudra d’être lauréat en 2020 dans la catégorie principale… avant de gagner le prix de l’Urgence Scientifique en 2021. « Je ne vois pas d’autres créneaux que ePOP pour montrer la voix des sans-voix à nos autorités et au-delà de nos frontières. C’est un projet crédible, et le plus important, c’est que c’est nous qui faisons tout, en langue nationale, locale. », décrit le lauréat. 

Un site pour les rassembler toutes

Après avoir posté plus de 650 vidéos sur les réseaux sociaux, la petite équipe de quatre personnes a décidé, en vue du Congrès mondial de la nature de l’UICN à Marseille, de réunir ces vidéos sur un site internet, ePOP Network. Un travail de fourmi : les quatre membres de l’équipe ePOP doivent sous-titrer chaque vidéo, les mettre en page et les charger sur le site. Déjà 150 sont disponibles, et Gaël Flaugère espère réunir les 650 vidéos d’ici le début de l’année 2022. Le site sera une vitrine stratégique, insiste Gaël : « Le plus important c’est les témoignages qu’on essaye d’accumuler sur le site. Ces vidéos sont libres de droit, à destination de personnes qui peuvent les utiliser pour sensibiliser au réchauffement climatique et aux problèmes environnementaux. On a la chance de les avoir grâce à un réseau de gens extrêmement motivés, il faut qu’elles soient utilisées, valorisées. »

AfterPOP : Le débat au Congrès mondial de la nature

Toujours dans ce même objectif, ePOP développe un autre concept, les After-POP. Des conférences lors de congrès pour débattre sur des thématiques environnementales, en illustrant les propos avec des vidéos. « Pour moi, ePOP est fait pour l’After-POP, j’ai trouvé ça chouette d'en voir un au Congrès mondial de la nature, d'écouter des gens qui discutent sur des vidéos, qui s’en servent comme support pour avoir plusieurs débats différents. », s’emballe Apolline. La jeune ouvrière agricole a participé au Congrès mondial de la nature avec d’autres ePOPers, dont Hadama Diakité. Le but était de faire connaître ePOP et de sensibiliser les décideurs en mettant des visages sur le réchauffement climatique. 

Même si le Congrès n’a pas eu autant d’impact sur les politiques environnementales internationales qu’espéré, Gaël Flaugère voit déjà plus loin : « On veut faire grossir le réseau ePOP de plus en plus, multiplier les vidéos sur le site, parce que ce sont des archives importantes. On ne pourra pas dire que l’on ne savait pas, on ne pourra pas dire que les gens n’ont pas averti. En tant que média, c’est notre petite pierre à l’édifice. »

À lire aussi : «Liste rouge» de l'UICN: près de 28% des espèces étudiées sont menacées

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