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L’histoire d’Aude Mermilliod est banale : celle d’une ado qui trouve son ventre trop mou, ses mollets trop poilus et aimerait faire disparaître ses cuisses. Qui se traîne à travers la puberté, «souffre-douleur docile», puis amie d’une fille plus populaire qu’elle, Marlène, à qui elle sert de faire-valoir aux yeux des garçons. Marlène est mieux, Aude est mieux que rien, celle vers qui on se tourne par dépit. Un de ceux-là lui fera vivre, ou plutôt subir ses premières expériences sexuelles, puisque c’est un savant mélange de dénigrement, de jalousie et de mains insistantes qui mènera à cette première fois dont découle tout le reste de ce beau et grand livre. Après avoir écrit en 2019 sur son IVG, Aude Mermillod raconte, d’un trait qui a depuis gagné en assurance, l’expérience d’un viol fondateur qu’elle ne reconnaît pas comme tel au moment où il a lieu, et sa grande finesse narrative éclate dans ces quelques pages : l’adolescente n’a pas l’air spécialement terrifiée, le garçon, lui, n’est pas spécialement effrayant, mais les choix de cadrages et les très brèves phrases descriptives qui accompagnent chaque case font l’effet d’une chorégraphie décortiquée en micro-étapes qui, mises bout-à-bout, composent un traumatisme. Avec un sens du rythme et du mouvement qui a quelqu