Contexte
La République Démocratique du Congo (RDC) possède une superficie équivalente à celle de l'Europe occidentale, ce qui en fait un des plus grands pays d'Afrique subsaharienne (ASS). La RDC est dotée de ressources naturelles exceptionnelles, notamment des minéraux tels que le cobalt et le cuivre, un potentiel hydroélectrique, des terres arables importantes, une biodiversité immense et la deuxième plus grande forêt tropicale du monde.
La plupart des habitants de la RDC ne bénéficie pas de cette richesse. Une longue histoire de conflits, de bouleversements politiques et d'instabilité, ainsi qu'un régime autoritaire ont conduit à une grave crise humanitaire persistante conséquence des déplacements forcés de populations. Ce tableau n’a pas beaucoup changé depuis la fin des guerres du Congo en 2003.
La RDC figure parmi les cinq nations les plus pauvres du monde. En 2024, environ 73,5 % des Congolais vivent avec moins de 2,15 dollars par jour. Environ une personne sur six qui vit dans une extrême pauvreté en Afrique subsaharienne habite en RDC.
Situation politique
Le pays a organisé des élections générales en décembre 2023, ce qui a donné lieu à un second mandat de cinq ans pour le président sortant Tshisekedi, dont le parti et ses alliés ont obtenu la majorité des sièges. Le 1er avril 2024, après de longues négociations, Judith Sumwina Tuluka a été nommée première femme Premier ministre, et un nouveau gouvernement a été formé en juin.
Parvenir à un consensus politique, accroître la présence et la crédibilité de l'État, notamment par une meilleure gouvernance, et faire avancer les réformes structurelles sont essentiels pour maintenir la stabilité et la paix, attirer les investissements et créer des emplois.
La situation sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri s'est dramatiquement détériorée, avec des affrontements entre l'armée et des groupes armés forçant des milliers de personnes à fuir. D'autres poches d'insécurité sont apparues dans le pays, notamment en raison de conflits intercommunautaires.
Situation économique
Après avoir culminé à 8,9 % en 2022, la croissance du PIB réel en RDC est restée robuste à 8,4 % en 2023, soutenue par un secteur minier solide, qui a progressé de 18,2 %, contribuant à plus de 70 % à la croissance globale en 2023.
La production agricole a ralenti pour s'établir à 2,2 % en 2023 (contre 2,4 % en 2022). Du côté de la demande, la croissance a été tirée par l'investissement privé et les exportations, tandis que les pressions inflationnistes ont entraîné une contraction de la consommation privée, ce qui a pu avoir un impact sur la réduction de la pauvreté. Le déficit du compte courant s'est détérioré à 5,7 % du PIB en 2023, contre 4,8 % en 2022, en raison de la hausse des prix à l'importation. Le taux de change s'est déprécié de 21,6 % en 2023 et l'inflation s'est accélérée pour atteindre 19,9 % en moyenne en 2023 (contre 9,3 % en 2022).
La croissance du PIB devrait ralentir à 4,9 % en 2024 et se stabiliser autour de 4,8 % sur 2025-26, en raison de la décélération du secteur minier. Le secteur agricole employant plus de 60 % de la main-d'œuvre de la RDC, la vulnérabilité de l'économie liés aux risques du changement climatique (inondations, sécheresses) est importante. Enfin, l'escalade de la guerre à l'Est et l'instabilité politique persistante pourraient saper la capacité à poursuivre des efforts ambitieux de réformes structurelles. Pour atténuer ces risques, le défi immédiat de la RDC est de renforcer la sécurité et de maintenir la stabilité politique et macroéconomique tout en mettant en place des institutions solides pour assurer une croissance durable.
Situation sociale
La RDC se classe au 164ème rang sur 174 pays selon l'indice de capital humain 2020, conséquence de décennies de conflits, de fragilité et de développement compromis. L'indice de capital humain de la RDC s'établit à 0,37, au-dessous de la moyenne des pays d'Afrique subsaharienne (0,40). Cela signifie qu'un enfant congolais né aujourd'hui ne peut espérer réaliser que 37 % de son potentiel, par rapport à ce qui aurait été possible s'il avait bénéficié d'une scolarité complète et de qualité, et des conditions de santés optimales. Les principaux facteurs à l'origine de ce score sont le faible taux de survie des enfants de moins de cinq ans, le fort taux de retard de croissance des enfants et la faible qualité de l'éducation.
Le taux de retard de croissance en RDC (42 % des enfants de moins de cinq ans) est l'un des plus élevés d'Afrique subsaharienne et la malnutrition est la cause sous-jacente de près de la moitié des décès dans cette classe d'âge. Et contrairement à d'autres pays africains, la prévalence du retard de croissance en RDC n'a pas diminué au cours des vingt dernières années. En raison d'un taux de fécondité très élevé, le nombre d'enfants souffrant d'un retard de croissance a augmenté de 1,5 million.
La RDC abrite diverses populations autochtones dont l'existence est marquée par un grand nombre de difficultés : expulsion de leurs terres ancestrales, discriminations ou encore manque d'accès à des services de base comme les soins de santé et l'éducation. Ces populations continuent malgré tout de jouer un rôle important dans la préservation de la diversité culturelle du pays et la promotion de pratiques de gestion durable des ressources. Et si des efforts existent pour reconnaître et protéger les droits des populations autochtones, il reste encore beaucoup à faire pour assurer leur pleine participation à la société et la protection de leurs modes de vie traditionnels.
Accès à l'éducation : Dans l'ensemble, le nombre d'enfants inscrits dans l'enseignement primaire est passé de 11,9 millions (10,7 millions dans les écoles publiques) en 2010-2011 à 16,1 millions (14,2 millions dans les écoles publiques) en 2018-2019 et à 20,2 millions (17,9 millions dans les écoles publiques) en 2020-2021. Cependant, le taux d'achèvement au niveau primaire reste faible à 75 %. En outre, la qualité de l'éducation est une question urgente. En RDC, on s'attend à ce qu'un enfant achève 9,1 années de scolarité à son 18e anniversaire, mais lorsqu'on tient compte de l'apprentissage, cette période à l'école se traduit par seulement 4,5 années de scolarité. La qualité de l'éducation pose de sérieux problèmes, avec environ 97 % des enfants de 10 ans en RDC qui sont en situation de pauvreté d'apprentissage, ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas lire et comprendre un texte simple.
Les femmes se heurtent à des obstacles importants en matière de perspectives économiques et d'autonomisation et elles sont notamment confrontées à un niveau élevé de violences et de discriminations. Seulement 16,8 % des filles terminent l'école secondaire, soit environ deux fois moins que les garçons. Les mariages précoces et les taux de fécondité élevés posent problème, le niveau de fécondité des femmes et adolescentes sans aucune éducation étant deux fois supérieur au taux observé chez celles qui ont achevé leurs études secondaires (7,4 enfants contre 2,9, DHS 2014). La moitié des femmes déclarent avoir subi des violences physiques et près d'un tiers ont subi des violences sexuelles, le plus souvent au sein du couple (DHS 2013).
Le taux d'activité des femmes en RDC est estimé à près de 62 %, la plupart d'entre elles travaillant dans l'agriculture. Bien que ce taux soit relativement élevé, les femmes gagnent beaucoup moins que les hommes et possèdent moins d'actifs. Un rapport réalisé en 2021 recense trois grands facteurs à l'origine des écarts persistants et significatifs entre les sexes dans le pays : le contrôle des terres, la capacité d'expression et d'action, et le risque et l'incertitude, en particulier la vulnérabilité aux chocs et aux violences de genre.
Les systèmes de santé de la RDC ont été durement touchés par les conflits prolongés qui sévissent dans le pays et par des crises humanitaires complexes qui perdurent de longue date dans le monde. Cette situation a en outre été considérablement aggravée par la pandémie de COVID-19 et, avant elle, par les épidémies récurrentes de choléra, de rougeole ou d'Ebola. La demande de vaccins anti-COVID a été relativement limitée en raison de fortes réticences dans la population. Il apparaît par ailleurs que la pandémie a eu un impact négatif sur le degré d'utilisation des services de santé depuis mars 2020 : baisse des consultations hospitalières et prénatales, accès réduit au planning familial et à la contraception, augmentation de l'insécurité alimentaire et hausse des cas de violences sexuelles et sexistes. En raison de la pandémie, près de 23 millions d'enfants n'ont pas été vaccinés comme ils l'auraient dû en 2020, soit le nombre le plus élevé depuis plus d'une décennie selon des données récentes de l'OMS et de l'UNICEF. Tous ces éléments mettent en lumière l'impact de la COVID-19 sur les systèmes de santé, laissant à craindre que l'interruption temporaire des services de santé de base entraîne, faute d'action, une crise sanitaire secondaire.
Dernière mise à jour: 21 oct. 2024