Le village de New Gourna est situé à Louxor sur la rive occidentale du Nil, à l’intérieur du périmètre du bien du patrimoine mondial de Thèbes antique en Égypte. Le village a été conçu et créé entre 1946 et 1952 par le célèbre architecte égyptien Hassan Fathy (1900-1989).
Il a été créé pour accueillir la communauté de Vieux Gourna (Gournii), qui vivait au-dessus des tombes dans l’ancien cimetière de Thèbes et dont le relogement était la solution envisagée pour réduire les dommages subis par les tombes des pharaons. Les caractéristiques principales du village de New Gourna résident dans la réinterprétation d’un cadre architectural et urbain traditionnel, dans l’utilisation appropriée de matériaux et techniques locaux, ainsi que dans une extrême sensibilité aux problèmes climatiques. À l’ère du « mouvement moderne », il a démontré que l’on pouvait aussi atteindre des objectifs de durabilité et de cohésion sociale avec des architectures vernaculaires et des matériaux et techniques locaux. Il s’agit donc pour cette raison d’un exemple exceptionnel d’établissement humain durable et d’usage approprié de la technologie dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme. Ces idées, exposées dans l’un des grands textes de référence de l’architecture et de l’urbanisme, Architecture for the Poor : An Experiment in Rural Egypt d’Hassan Fathy, publié en 1976, on inspiré une nouvelle génération d’architectes et d’urbanistes du monde entier avec l’intégration de technologies vernaculaires aux principes de l’architecture moderne.
Bien que New Gourna soit situé à l’intérieur du périmètre de Thèbes antique et sa nécropole (inscrite en 1979 sur la liste du patrimoine mondial), sa valeur exceptionnelle n’a pas été prise en compte lors de l’élaboration du dossier d’inscription.
Le Centre du patrimoine mondial et les experts de la communauté universitaire ayant exprimé par une pétition internationale leur inquiétude devant l’état de dégradation avancé de l’œuvre architecturale d’Hassan Fathy, l’UNESCO a initié en 2009 un projet de sauvegarde de ce site important, après consultation et avec l’accord du ministère de la culture de l’Égypte et du gouvernorat de Louxor.
Après plusieurs missions préparatoires et des consultations avec des experts d’organisations internationales, les premières activités du projet ont été lancées ; elles consistent à documenter et à réaliser des études physiques et socio-économiques, en coopération avec le World Monuments Fund. Un comité scientifique d’experts en architecture de terre et en architecture durable a été constitué pour garantir le lancement satisfaisant des activités.
L’un des objectifs fondamentaux de l’initiative proposée par l’UNESCO est de valoriser les idées pionnières et la philosophie constitutives de l’œuvre d’Hassan Fathy et de mettre en lumière son intérêt pour les problèmes contemporains de durabilité.
La doctrine de Fathy était issue de valeurs humanistes liées aux relations entre les personnes et les lieux et à l’utilisation des savoirs et matériaux traditionnels, et en particulier les atouts exceptionnels de la terre comme matériau de construction à part entière. New Gourna était une expérience capitale dans le cadre de la mise en œuvre de cette philosophie. Avec la sauvegarde de New Gourna, il ne s’agit pas juste de préserver sa conception et sa structure d’origine, mais au-delà également de promouvoir, communiquer et éduquer.
Cette initiative se concentre sur les aspects de restauration et de gestion. Les structures et caractéristiques originales sont en cours d’altération et de destruction. La dégradation de l’état de conservation de New Gourna se manifeste par la destruction et l’effondrement des bâtiments principaux, par manque d’entretien. Des mesures de restauration urgentes sont nécessaires pour donner un coup d’arrêt aux changements irréversibles et aux disparitions. Le nombre de maisons originales en brique crue du Gourna de Fathy a considérablement diminué. Les quelques bâtiments publics comme le Khan et le marché sont en train de s’effondrer et les espaces ouverts qui restent sont de plus en plus envahis. L’absence d’infrastructures et de maintenance des équipements publics constitue donc une menace importante pour le village, tout comme l’activité de construction très intense actuellement, avec des piliers en béton armé et des bâtiments surdimensionnés et hors de propos.
De nombreuses raisons sous-tendent l’ initiative de l’UNESCO :
Les résultats à long terme peuvent se résumer comme suit :
Enfin, l’UNESCO encourage les institutions intéressées et les partenaires potentiels à contribuer aux réalisations de cette initiative, qui servira non seulement à promouvoir les idées de l’architecture durable, mais contribuera également à faire reconnaître le rôle fondamental des communautés.