Marc Dugain
Marc Dugain est un réalisateur et romancier français né le 3 mai 1957 au Sénégal. Il construit depuis 1999 une œuvre littéraire couronnée de succès.
Heureux comme Dieu en France, 2002
[modifier]- Heureux comme Dieu en France, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2002 (ISBN 2-07-076628-4), p. 11
- Heureux comme Dieu en France, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2002 (ISBN 2-07-076628-4), p. 23
La malédiction d'Edgar, 2005
[modifier]- La malédiction d'Edgar, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2005 (ISBN 2-07-077379-5), p. 19
– Tu parles pour toi, Edgar. C'est de toi qu'on se souviendra, pas de moi.
- La malédiction d'Edgar, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2005 (ISBN 2-07-077379-5), p. 27
Avenue des Géants, 2012
[modifier]Il ne voulait pas faire de ces médicaments une affaire de principe et il m'a laissé libre de les prendre ou pas. Puis la question de la culpabilité a eu l'air de le retourner.
– Tu n'es jamais triste pour ton grand-père ?
- Avenue des Géants, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2012 (ISBN 978-2-07-013235-5), p. 110
- L'emprise, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2014 (ISBN 978-2-07-014190-6), p. 274
Quinquennat, 2015
[modifier]- Quinquennat, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2015 (ISBN 978-2-07-014786-1), p. 21
Bref, tout ce qui crée l'inertie française paraissait sur le point de se renouveler selon une version nationale du jeu de chaise musicale, où l'on compte autant de chaises que de gens qui tournent autour.
- Quinquennat, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2015 (ISBN 978-2-07-014786-1), p. 95
- Quinquennat, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2015 (ISBN 978-2-07-014786-1), p. 217
- Quinquennat, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2015 (ISBN 978-2-07-014786-1), p. 218
- Quinquennat, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2015 (ISBN 978-2-07-014786-1), p. 272
- Quinquennat, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2015 (ISBN 978-2-07-014786-1), p. 282
Ultime partie, 2016
[modifier]– Je vois très bien. Et cette nouvelle constitution, tu en penses quoi ?
– L'ancienne était faite pour des hommes, pour des caractères qu n'existent plus. Launay, qui ne vaut guère mieux que les autres, essaye de donner un peu plus de hauteur à sa fonction en la détachant des soucis du quotidien. C'est habile mais ça ne changera rien à notre classe politique, qui est dépassée par la complexité du monde et divisée par des ambitieux minuscules. Et puis tu sais, ils n'ont pas beaucoup d'honneur. Ils savent ce que je sais sur eux, mais ils continuent à se promener cul nu en plein soleil. Bon? c'est pas des métiers pour des gens comme nous. Moi, je ne les laisse pas me donner d'ordres.
- Ultime partie, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017811-7), p. 58
J'hallucine. Ils préparent un référendum en France. Comme si quelque chose allait changer. Ces gens-là n'ont plus le pouvoir et ils font semblant.
- Ultime partie, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017811-7), p. 97
Ce que je vois devant moi, dans ma petite expérience de journaliste d'investigation, c'est une classe politique qui ne vit que pour elle. Certains sont motivés par le pouvoir, et les avantages qui y sont attachés, d'autres par l'argent, beaucoup d'argent, de plus en plus d'argent. Et ceux qui ont de vraies convictions ne peuvent pas percer. Ils en sont empêchés par ce bouclier des médiocres qu'on appelle les partis, qui filtrent les bonnes intentions jusqu'à les faire disparaître. Je sais que je suis comme ces types qu travaillent à vider des fosses septiques dans les maisons de campagne et qui ont oublié l'odeur d'un pré, d'une fleur. Mais ce que je vois…
- Ultime partie, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017811-7), p. 100
Je vais vous dire quelque chose que je ne répéterais pas en public. Je pense qu'un système qui ne court qu'après la croissance conduit inexorablement à sa perte. Cette logique, vous l'avez imposée à la terre entière depuis la chute du mur de Berlin. Mais nous allons droit dans un autre mur. Notre environnement, si malmené, va finir par nous éjecter. Votre modèle dominant ne fonctionne plus. Cela vous surprend venant de moi, n'est-ce-pas ?
- Ultime partie, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017811-7), p. 124
Après le référendum, je m'occuperai de l'Europe. Aujourd'hui, elle se comporte comme un valet des États-Unis et de leurs lobbies. C'est une des raisons pour lesquelles elle n'avance pas. Elle n'a pas d'identité propre au prétexte qu'elle n'a ni défense ni diplomatie communes. Je vais me battre pour que cela change. Mais comprenons-nous bien, je reste l'ami de l'Amérique. depuis De Gaulle, vous n'aurez jamais eu d'ami plus vigilant et plus exigeant.
- Ultime partie, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017811-7), p. 127
Je ne pense pas que vous le regrettiez. Vous participez d'un contre-pouvoir que vous ne voulez pas exercer parce que vous avez des enfants à élever. Je peux le comprendre, mais alors pourquoi informer quand on n'informe pas sur l'essentiel, qui est la décomposition du paysage démocratique ? Si informer c'est montrer des maisons de stars vues d'avion plutôt que de dénoncer la sous-représentativité de la classe politique, sa collusion avec les milieux d'affaires et les services secrets, l'enrichissement personnel massif de certains quand nombre de citoyens s'appauvrissent, etc, etc…
- Ultime partie, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017811-7), p. 136
Tout ce monde-là travaille pour le grand marché de l'impatience, qui veut que chacun soit occupé à tout moment, capable de se connecter toujours plus vite, dormir moins longtemps, se créer un maximum d'addictions à des choses qui n'en valent pas la peine, vendre son intimité au diable. Il en résulterait une dictature parfaite dans laquelle les politiques ne seraient que des laquais. Nous nous dirigeons vers l'extinction totale du politique, de la littérature, de la philosophie et de l'histoire. J'ai pris conscience de cette dérive depuis que je suis entré en fonction. Le suicide collectif de la pensée qui menace me fait froid dans le dos.
- Ultime partie, Marc Dugain, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017811-7), p. 170
Ils vont tuer Robert Kennedy, 2017
[modifier]Paris, comme beaucoup d'autres métropoles, se laisse désirer en infligeant au visiteur la traversée d'interminables banlieues. Chacun y entretient une dignité entamée par une architecture regrettable qui, par endroits, intellectualise son propre échec. Je n'avais jamais vu une telle concentration d'indigence sauf peut-être dans certaines réserves indiennes, plus petites et tellement plus désolées.
- Ils vont tuer Robert Kennedy, Marc Dugain, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2017, p. 64
« Pour qui sommes-nous pris ? » Il ne peut pas éluder cette question face à des hommes persuadés que la démocratie ne vaut que pour le droit de vote qui y est attaché à condition qu'il ne contrarie pas la marche de leurs intérêts. « Nous n'avons été que de riches rêveurs qui s'inventent des personnages généreux pour des jeux de fin d'après-midi lorsque l'obscurité descend progressive et caressante sur nos vies d'adolescents nantis. À vouloir protéger le sang des autres, c'est le nôtre qui coule, et il ne peut en être autrement. »
- Ils vont tuer Robert Kennedy, Marc Dugain, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2017, p. 87, 88
Le mouvement de la contre-culture n'a vraiement pris son envol que lorsque l'assassinat de Robert Kennedy a sonné le glas d'un changement politique en juin 1968. Mais j'ai le souvenir d'une vague montante qui portait en elle les stigmates de son désespoir. Sa traduction politique était déjà morte avant sa réelle éclosion, et nous le savions. Nous le portions sur nous, et l'enfoncement progressif dans la drogue en a été la confirmation la plus flagrante. L'overdose a fait autant de morts dans nos rangs que le napalm dans les rizières du Vietnam.
- Ils vont tuer Robert Kennedy, Marc Dugain, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2017, p. 109
Parce que de tous, Bobby est le plus profondément irlandais. Il porte en lui la mémoire de la tragédie irlandaise, d'une occupation coloniale scandaleuse, d'une ignoble spoliation qui a précipité un peuple dans la famine et l'exil. La revanche est à prendre sur ce sol d'immigration où les Britanniques ont exporté au cours des siècles la lie de leur humanité, un mélange de puritains exterminateurs et de marginaux à l'âme mitée. Les faux-culs ont leur royaume où il était, il y a encore peu, recommandé aux Irlandais de ne pas postuler pour certains emplois. Le vieux est entré en résistance, il a persévéré, seul, avec une énergie considérable, flanquée de sa morale douteuse, mais il se bat. Et cette obstination suffit seule à l'excuser.
- Ils vont tuer Robert Kennedy, Marc Dugain, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2017, p. 121, 122
Produire, se reproduire et mourir. La société américaine ne propose rien d'autre. Jusque-là, c'était toujours mieux que de faire la queue devant une boulangerie pour un quignon de pain comme chez les communistes anesthésiés par un régime honteux où les paranoïaques ont le triomphe modeste. Mais l'aliénation, cette aliénation qui intrigue Bobby ? Libérer les consciences, échapper à l'embrigadement consumériste.
- Ils vont tuer Robert Kennedy, Marc Dugain, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2017, p. 259
Cet amphithéâtre me faisait penser à un agrégat de solitudes, chacun ayant, avec son téléphone et son ordinateur, la possibilité d'être ailleurs tout en étant là, et ils en tiraient une forme de supériorité un peu dédaigneuse comme si, au même titre que les hommes politiques qu'ils méprisaient, j'appartenais à une espèce en voie de disparition, celle d'un homme prétendant dispenser un savoir accessible partout, n'ayant pas plus de légitimité à s'exprimer sur un sujet que n'importe quel intervenant sur Internet.
- Ils vont tuer Robert Kennedy, Marc Dugain, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2017, p. 313