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Gustave Flaubert

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Portrait de Gustave Flaubert par Eugène Giraud

Gustave Flaubert (12 décembre 1821 — 8 mai 1880), est un écrivain français.

Citations

C'est la faute de la fatalité !
  • Phrase récurrente
  • Madame Bovary (1857), Gustave Flaubert, éd. Editions Garnier Frères, coll. « Classiques Garnier », 1955, partie 3, chap. XI, p. 323


[…], la parole est un laminoir qui allonge toujours les sentiments.
  • Madame Bovary (1857), Gustave Flaubert, éd. Editions Garnier Frères, coll. « Classiques Garnier », 1955, partie 3, chap. I, p. 218 (texte intégral sur Wikisource)


Le plus médiocre libertin a rêvé des sultanes, chaque notaire porte en soi les débris d'un poète.
  • Madame Bovary (1857), Gustave Flaubert, éd. Eugène Fasquelle, 1905, p. 264


Cette lâche docilité qui est pour bien des femmes comme le châtiment tout à la fois la rançon de l'adultère
  • Madame Bovary (1857), Gustave Flaubert, éd. Eugène Fasquelle, 1905, p. 314


Il y a toujours après la mort de quelqu'un comme une stupéfaction qui se dégage, tant il est difficile de comprendre cette survenue du néant et de se résigner à y croire.
  • Madame Bovary (1857), Gustave Flaubert, éd. Eugène Fasquelle, 1905, p. 379


Il ne faut pas toucher aux idoles, la dorure en reste aux mains.
  • Madame Bovary (1857), Gustave Flaubert, éd. Editions Garnier Frères, coll. « Classiques Garnier », 1955, partie 3, chap. VI, p. 263


SalammbôGaston Bussière (1907)
C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins du palais d'Hamilcar.
  • Salammbô (1862), Gustave Flaubert, éd. Gallimard, coll. « Folio classique », 1970, chap. I : Le Festin, p. 43


Tout le monde, par excès de terreur, devenait brave.
  • Salammbô (1862), Gustave Flaubert, éd. M. Lévy, 1866, chap. VI : Hannon, p. 139


Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard.
Des gens arrivaient hors d’haleine ; des barriques, des câbles, des corbeilles de linge gênaient la circulation ; les colis montaient entre les deux tambours, et le tapage s’absorbait dans le bruissement de la vapeur, qui, s’échappant par les plaques de tôle, enveloppait tout d’une nuée blanchâtre, tandis que la cloche, à l’avant, tintait sans discontinuer.
  • L’Éducation sentimentale (1869), Gustave Flaubert, éd. Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche », 2002, partie I, chap. I, p. 41


Tous les visages étaient rouges, la sueur en coulait à larges gouttes ; Hussonnet fit cette remarque :
— Les héros ne sentent pas bon !
— Ah ! vous êtes agaçant, reprit Frédéric.

  • L’Éducation sentimentale (1869), Gustave Flaubert, éd. Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche », 2002, partie III, chap. I, p. 429


Elle était finie, cette existence pleine d’agitations ! Combien n’avait-il pas fait de courses dans les bureaux, aligné de chiffres, tripoté d’affaires, entendu de rapports ! Que de boniments, de sourires, de courbettes ! Car il avait acclamé Napoléon, les Cosaques, Louis XVIII, 1830, les ouvriers, tous les régimes, chérissant le pouvoir d’un amour tel qu’il aurait payé pour se vendre.
  • L’Éducation sentimentale (1869), Gustave Flaubert, éd. Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche », 2002, partie III, chap. IV, p. 557-558


Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l'étourdissement des paysages et des ruines, l'amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
  • L’Éducation sentimentale (1869), Gustave Flaubert, éd. Gallimard, coll. « Folio classique », 1965, partie III, chap. VI, p. 450


Correspondance

L’ineptie consiste à vouloir conclure. […] Oui, la bêtise consiste à vouloir conclure. […] Quel est l’esprit un peu fort qui ait conclu, à commencer par Homère ? Contentons-nous du tableau, c’est ainsi, bon.
  • Lettre du 4 septembre 1850 à Louis Bouilhet.
  • Correspondance (1973), Gustave Flaubert, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1980, t. I, p. 679-680


La rage de vouloir conclure est une des manies les plus funestes et les plus stériles qui appartiennent à l’humanité. Chaque religion et chaque philosophie a prétendu avoir Dieu à elle, toiser l’infini et connaître la recette du bonheur. Quel orgueil et quel néant! Je vois, au contraire, que les plus grands génies et les plus grandes œuvres n’ont jamais conclu.
  • Lettre du 23 octobre 1865 à Mademoiselle Leroyer de Chantepie.


Quelle chienne de chose que la prose ! Ça n’est jamais fini ; il y a toujours à refaire. Je crois pourtant qu’on peut lui donner la consistance du vers. Une bonne phrase de prose doit être comme un bon vers, inchangeable, aussi rythmée, aussi sonore. Voilà du moins une ambition (il y a une chose dont je suis sûr, c’est que personne n’a jamais eu en tête un type de prose plus parfait que moi ; mais quant à l’exécution, que de faiblesses, mon Dieu !).
  • Lettre du 22 juillet 1852 à Louise Colet.
  • Correspondance (1980), Gustave Flaubert, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1988, t. II, p. 135-136


Quelle admirable invention du Diable que les rapports sociaux !
  • Lettre du 22 juillet 1852 à Louise Colet.
  • Correspondance (1980), Gustave Flaubert, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1988, t. II, p. 138


Si Tacite revenait au monde, il ne se vendrait pas aussi bien que M. Thiers. Le public respecte les bustes, mais les adore peu. Le bourgeois (c'est-à-dire l'humanité entière maintenant, y compris le peuple) se conduit envers les classiques comme envers la religion : il sait qu'ils sont, serait fâché qu'ils ne fussent pas, comprend qu'ils ont une certaine utilité très éloignée, mais il n'en use nullement et ça l'embête beaucoup, voilà.
  • Lettre du 22 novembre 1852 à Louise Colet.
  • Correspondance (1980), Gustave Flaubert, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1988, t. II, p. 179


Je ne suis pas plus moderne qu'ancien, pas plus Français que Chinois, et l'idée de la patrie c'est-à-dire l'obligation où l'on est de vivre sur un coin de terre marqué en rouge ou en bleu sur la carte et de détester les autres coins en vert ou en noir m'a paru toujours étroite, bornée et d'une stupidité féroce.
  • Correspondance, Gustave Flaubert, éd. Librairie de France, 1922, p. 180


Ce qui me navre, c’est 1° la férocité des hommes ; 2° la conviction que nous allons entrer dans une ère stupide. On sera utilitaire, militaire, américain et catholique.
  • Correspondance, Gustave Flaubert, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1998, t. IV, p. 264


À quoi faut-il croire ? À rien ! C’est le commencement de la sagesse. Il serait temps de se défaire « des Principes » et d’entrer dans la Science, dans l’Examen. La seule chose raisonnable (j’en reviens toujours là), c’est un gouvernement de mandarins, pourvu que les mandarins sachent quelque chose, et même qu’ils sachent beaucoup de choses.
  • Correspondance, Gustave Flaubert, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1998, t. IV, p. 324


Je demande, au nom de l'humanité, à ce qu'on broie la Pierre-Noire, pour en jeter les cendres au vent, à ce qu'on détruise la Mecque, et que l'on souille la tombe de Mahomet. Ce serait le moyen de démoraliser le Fanatisme.
  • Gustave Flaubert, 19 janvier 1878, dans Le sentiment religieux de Flaubert d'après la Correspondance, paru chez Cosmos, 1970, p.39, Suzanne Toulet.


Tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de merde qu'il est temps de n'en plus avoir, du tout.
  • Oeuvres complètes, Gustave Flaubert, éd. Club de l'Honnête Homme, 1971, t. 14, p. 492


Divers

La Provence qui est espagnole et italienne tout à la fois, a gardé fortement l'empreinte du génie arabe : à elle, la pulvérulente Provence, ses troubadours du Midi, ses galants jouvenceaux, ses poésies galantes qui devaient enfanter Boccace, à elle ses poètes, ses musiciens et ses jongleurs qui scandalisent au dixième [siècle] la froide prudence des hommes du Nord. [...] Certes, il y a, dans le midi de la France, un grand souvenir d'antiquité : Marseille est une villa de Rome, Aix est bâtie avec des pierres romaines, et le génie singulièrement opiniâtre du Provençal a conservé quelque chose de romain et d'antique. Mais sous cette poussière apparente de génie antique, perce aussi un autre génie, plus original, plus libre dans ses allures, plus hardi, plus dégagé. Ce n'est plus la beauté régulière de l'antique, froide et nue comme une statue de Minerve, c'est quelque chose de dansant, de dégagé et de voluptueux. Cette poésie musicale et chantante du Midi, ces notes sonores, cette cadence, ce rythme, cette rime enfin, tout cela nous est venu d'Orient. Mais l'âme de cette poésie tendre, passionnée et lyrique, le culte rendu à la femme, l'amour enfin sentimental et langoureux, qui l'a produit ? Qui l'a senti le premier ? Les Arabes.
  • « Influence des Arabes d'Espagne sur la civilisation française du Moyen Âge » (1837), dans Œuvres complètes de Flaubert, Gustave Flaubert, éd. Club de l'Honnête Homme, 1971, p. 135-136


Propos rapportés

Chacun de nous a dans le cœur une chambre royale ; je l'ai murée, mais elle n'est pas détruite.


D'autres auteurs le concernant

La genèse intellectuelle de Huysmans est commune à la plupart des écrivains de sa génération, plus ou moins inférieurs à lui. Si l’on veut à toute force qu’il ait eu un maître, c’est Flaubert qu’il faudrait nommer, et encore, l’hermétique Flaubert de L’Education Sentimentale, celui que personne ne lit. Flaubert et Goncourt pour la langue, Baudelaire pour le spiritualisme décadent et Schopenhauer pour le pessimisme noir, telles furent les incontestables influences qui déterminèrent au début ce protagoniste du mépris.
  • Sur la tombe de Huysmans, Léon Bloy, éd. Paris, coll. « Collection des Curiosités littéraires », 1913, Avant la Conversion : Huysmans et son dernier Livre, p. 28


L'auteur des Martyrs, le descripteur des paysages lunaires américains, tenait sous le charme le Flaubert de Salammbô. Ce dernier infligeait à ses hôtes d'interminables séances de lecture de son roman carthaginois. Un livre, d'après Flaubert, ne pouvait être jugé que s'il était lu à haute voix. S'il n'était pas taillé en accord avec le souffle des poumons humains, ce livre ne valait rien.
  • « L'homme de la mort — La présence du prédécesseur », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 9


Le livre traite de l'adultère et il contient des situations et des allusions qui ont choqué le régime prude et philistin de Napoléon III. Le roman a même été cité en justice pour obscénité. Imaginez un peu cela. Comme si l'oeuvre d'un artiste pouvait jamais être obscène. Je suis heureux de vous dire que Flaubert a gagné son procès.
  • Vladimir Nabokov dans un cours dispensé dans différentes universités américaines entre 1941 et 1958.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Gustave Flaubert (1821-1880) — Madame Bovary (1856), p. 192


La bourgeoisie, pour Flaubert, est un état d'esprit, pas un état de finances. Dans une célèbre scène de notre livre, où l'on voit une vieille femme, qui a travaillé dur toute sa vie, recevoir une médaille, pour avoir trimé comme une esclave pour son fermier-patron, sous le regard béat d'un aréopage de bourgeois épanouis, faites-y bien attention, il y a philistinisme des deux côtés, politiciens épanouis et vieille paysanne superstitieuse sont également bourgeois au sens flaubertien du terme.
  • Vladimir Nabokov dans un cours dispensé dans différentes universités américaines entre 1941 et 1958.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Gustave Flaubert (1821-1880) — Madame Bovary (1856), p. 193


[N]e pas céder soi-même au bovarysme ; se dire qu'Emma, après tout, n'était elle-même qu'un personnage de roman, c'est-à-dire le produit d'un déterminisme où les causes semées par Gustave n'engendraient que les effets - tout vrais qu'ils fussent - souhaités par Flaubert. En d'autres termes, ce n'est pas parce que cette jeune fille collectionne les Harlequins qu'elle finira en avalant l'arsenic à la louche.
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 163


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