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Justice

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Le mot justice revêt plusieurs sens selon le contexte dans lequel il est employé : il peut désigner la justice au sens de l'idée de justice ou la justice au sens de l'institution judiciaire.

Allégorie de la justiceGaetano Gandolfi (1760)
S'il n'y avait pas d'injustice, on ignorerait jusqu'au nom de la justice.
  • Fragments (trad. Marcel Conche), PUF, coll. « Épiméthée », Paris, 1986 (4e éd. 1998), 2005 (2e tirage), (ISBN 2130440037), fragment n° 45.
On ne connaîtrait pas le mot de justice, s’il n’y avait pas de perversité.
  • Fragments (trad. Tannery), 1887, Clément, Stromates, IV, 10, 1., Fragment n°23.


Tous les hommes, en général, ne sauraient se donner trop de préceptes pour être justes ; car il sont, naturellement, trop de penchants à ne l'être pas. C'est la justice qui a établi la société et qui la conserve. Sans la justice, nous serions encore errants et vagabonds, et sans elle, nos impétuosités nous rejetteraient bientôt dans la première confusion dont nous sommes heureusement sortis.
  • « A M. le Maréchal de Créqui » (1671), dans Oeuvres mêlées de Saint Evremond, Saint-Evremond, éd. Les Grands Classiques Illustrés, ~1935?, p. 294


Pierre-Joseph Proudhon, De la justice dans la révolution et dans l'Église (1858)

La Justice est [...] le respect, spontanément éprouvé et réciproquement garanti, de la dignité humaine en quelque personne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve compromise et à quelque risque que nous expose sa défense.
  • De la justice dans la révolution et dans l'Église, Pierre-Joseph Proudhon, éd. Office de publicité, 1860, chap. 7 (« Définition de la Justice »), XXXII, §.3, p. 87


Honoré de Balzac, Le Colonel Chabert

Il existe dans notre société trois hommes, le Prêtre, le Médecin et l'Homme de justice, qui ne peuvent pas estimer le monde. Ils ont des robes noires, peut-être parce qu'ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions.
  • Le Colonel Chabert, Honoré de Balzac, éd. Bibliothèque de la pléiade, 1976  (ISBN 2070108589), t. III, p. 373


Paul Lafargue, L'idéalisme et le matérialisme dans la conception de l'histoire, 1895

La classe opprimée ne commence pas à formuler ses revendications au nom de la Justice et d'une Morale supérieures, mais au nom de celles qui ont cours ; les droits qu'elle réclame sont ceux que lui accorde la Justice accommodée aux intérêts de la classe opprimante.
  • « L'idéalisme et le matérialisme dans la conception de l'histoire. Réponse à la Conférence du citoyen Jean Jaurès. », Paul Lafargue, La Jeunesse socialiste, 1895, p. 1


Émile Zola, L'Affaire Dreyfus : la vérité en marche, 1901

La vérité et la justice sont souveraines, car elles seules assurent la grandeur des nations.
  • L'Affaire Dreyfus : la vérité en marche, Émile Zola, éd. Imprimerie nationale, 1992  (ISBN 2110812346), p. 41


L’homme juste produit la justice hors de lui parce qu’il porte la justice en lui.
  • Cent un propos, 5e série, Alain, éd. Librairie Larousse (Dictionnaire des citations françaises et étrangères), 1980, p. 3


Cette idée de vouloir faire triompher la justice par la violence paraîtra un jour aussi bête et fausse que nous paraît la torture pour savoir la vérité.



Michel Tournier, Le Roi des aulnes, 1970

Abel Tiffauges :
En vérité notre société a la justice qu'elle mérite. Celle qui correspond au culte des assassins qui fleurit à la lettre à chaque coin de rue, sur les plaques bleues où sont proposés à l'admiration publique les noms des hommes de guerre les plus illustres, c'est-à-dire des tueurs professionnels les plus sanguinaires de notre histoire.
  • Le Roi des aulnes, Michel Tournier, éd. Gallimard, 1970, p. 57


Abel Tiffauges :
Le code pénal. Quelle lecture ! La société déculottée exhibe ses parties les plus honteuses, ses obsessions les plus inavouables.
  • Le Roi des aulnes, Michel Tournier, éd. Gallimard, 1970, p. 137


Joseph Ratzinger, L'Esprit de la liturgie, 2000

Une justice sans morale devient injustice ; de même qu'une morale et une justice qui ne font pas référence à Dieu dégradent l'homme, parce qu'elles le privent de sa mesure la plus exigeante, de ses possibilités les plus hautes, en lui barrant le regard sur l'infini et l'éternel. Cette apparente libération soumet l'homme à la dictature des majorités régnantes, à des mesures humaines arbitraires, qui finalement ne peuvent que lui faire violence.
  • L'Esprit de la liturgie (2000), Joseph Ratzinger (trad. Génia Català), éd. Ad Solem, 2001, p. 17


Affaire d'Outreau

Avec son bandeau sur les yeux, la justice était aveugle. Depuis l'affaire d'Outreau, elle est devenue sourde. Avec l'affaire Seznec, elle est devenue folle. Honte à elle ! Les juges avaient une occasion unique de se racheter. C'est raté.
  • Déclaration à la suite du 14e et dernier rejet du recours en révision du procès Seznec.
  • Denis Le Her-Seznec, 14 décembre 2006, dans Le Figaro, paru le 15 décembre 2006, Cyrille Louis.


Monsieur, vous avez le droit de maudire vos juges, mais respectez cette enceinte.
  • Réponse du Président Cotte à l'issue du 14e rejet du procès en révision de Guillaume Seznec
  • Bruno Cotte, 14 décembre 2006, dans Ouest France, paru le 15 décembre 2006, Bernard Le Solleu.


Littérature

Prose poétique

René Char, Fureur et mystère, 1948

Partage formel

Ce dont le poète souffre le plus dans ses rapports avec le monde, c'est du manque de justice interne. La vitre-cloaque de Caliban derrière laquelle les yeux tout-puissants et sensibles d'Ariel s'irritent.
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Partage formel, p. 65


Joyce Mansour, Dolman le maléfique, 1961

En tant qu'esthète, Dolman était très exigeant ; ainsi, pour ne pas obliger son corps amolli pas les nuits solitaires à suivre la randonnée des formalités, il employait un vieillard nommé Chimère, qui savait se débattre avec la justice civile sans laisser de plumes.
  • « Dolman le maléfique », Joyce Mansour, La Brèche, nº 1, Octobre 1961, p. 49


Roman

Marie d'Agoult, Nélida, 1866

Elle avait subi la grande épreuve de la destinée humaine ; l'épreuve qui brise les coeurs faibles, qui dégrade les âmes comunes, mais qui initie à la sagesse les caractères véritablement vertueux ; elle avait failli. Nul homme ne saurait concevoir dans toute son étendue ni la vraie justice ni la vraie bonté s'il n'a senti au moins une fois en sa vie les contrastes de sa nature et la fragilité de son être. Dans toute faute reconnue, portée avec courage, il y a un germe d'héroïsme ; ce germe était dans l'âme de Nélida, il y grandissait depuis un an, il s'y fortifiait dans le sentiment de jour en jour plus intense d'un dévouement désespéré et d'un sacrifice inutile.


Psychanalyse

Alberto Eiguer, Psychanalyse du libertin, 2010

Libertinage et prédation

La perspective d'éduquer nourrit parfois les arguments avancés en justice lorsque des agresseurs sexuels expliquent leurs motivations. Ils disent avoir souhaité initier leurs victimes, les aider à progresser, à trouver un réconfort, parfois ils leur ont offert une aide matérielle : un maître voulant façonner un esprit « inachevé, sauvage et qui est tenté par des dérives asociales (délinquance, drogue, etc.) ». Au fond, ils se considèrent comme des « agents de la civilisation ».
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Invitation à la débauche, Banaliser le mal au nom de l'amour, p. 134



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