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« Corruption » : différence entre les versions

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[[Image:Corruption 2014.PNG|vignette|Index mondial de perception de la corruption en 2014 selon ''Transparency International''.]]
La '''{{w|corruption}}''' est la perversion ou le détournement d'un processus ou d'une interaction entre une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur, d'obtenir des avantages ou des prérogatives particulières ou, pour le corrompu, d'obtenir une rétribution en échange de sa bienveillance. Elle conduit en général à l'enrichissement personnel du corrompu. C'est une pratique qui peut-être tenue pour [[w:Loi|illicite]] selon le domaine considéré (commerce, affaires).
[[Image:Corrupt-Legislation-Vedder-Highsmith-detail-1.jpeg|vignette|300px|''Corrupt legislation'', peinture murale à la bibliothèque du Congrès des États-Unis, par Elihu Vedder.]]
La '''{{w|corruption}}''' est la perversion ou le détournement d'un processus ou d'une interaction entre une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur, d'obtenir des avantages ou des prérogatives particulières ou, pour le corrompu, d'obtenir une rétribution en échange de sa bienveillance.


== Nicolas Bouvier ==
== Corruption au sens de perversion ==
{{Citation|citation=C'est une erreur de dire que l'argent roule; il monte. Monte par inclination naturelle, comme le fumet des viandes sacrifiées jusqu'aux narines des puissants. L'Iran n'a évidemment pas le monopole de cette propriété universelle, mais à la prison de Mahabad, elle se manifestait dans toute sa candeur. Ainsi, pour devenir gendarme, le zèle ne suffit pas ; il faut mériter cette distinction en offrant quatre cents tomans au lieutenant de police qui n'en profite guère, puisqu'il en remet le double au colonel pour mériter la sienne. À son tour, le colonel serait bien léger d'oublier tout ce qu'il doit au commandant de la province, qui a lui-même nombre d'obligations à Téhéran. Cet usage n'a rien d'officiel; les plus pointilleux le déplorent et les plus stoïques s'en abstiennent, mais l'insuffisance des traitements en fait une nécessité et il est difficile de s'y soustraire sans court-circuiter tout le système et s'attirer la malveillance par son ostentation. En fait, il prévaut généralement, l'argent poursuit allègrement son ascension et, comme tout ce qui a été élevé doit un jour redescendre, finit par retomber en pluie bienfaisante sur les banques suisses, les champs de courses, ou les casinos de la Riviera.<br />
Pour un simple gendarme, quatre cents tomans, c'est une somme! Il n'a pu la réunir qu'en s'endettant jusqu'au cou, et doit en outre payer son uniforme. Son salaire lui permet tout juste de subsister, les services qu'il peut rendre aux prisonniers ne lui rapportent qu'une misère et, comme il est assis tout en bas de l'échelle, il n'y a guère que sur le paysan qu'il puisse se rembourser, en marchandant sa protection ou en distribuant des amendes au gré de sa fantaisie et de son ingéniosité. À cet égard, la casquette et la matraque offrent des facilités. Quant au paysan — un des plus fins du monde lorsqu'on le laisse souffler un peu — il ne peut s'en prendre à personne qu'à son âne, ou qu'au Ciel qui ne répond pas.
|précisions = Iran.1951
}}
{{Réf Livre
|titre= Œuvres
|auteur= [[Nicolas Bouvier]]
|éditeur= Gallimard
|année= 2004
|page=226
|partie= [[L'Usage du monde|L’Usage du monde]]
|ISBN= 978-2-07-077094-6
}}


== François Mitterrand ==
==== [[Gabriele D'Annunzio]], ''Le Feu'', 1900 ====
{{citation|citation=Une formidable valse de conseils d'administration sollicite constamment les principaux leaders du parti majoritaire. Les banques d'affaires et le gouvernement échangent et se prêtent leurs hommes. Les monopoles, grâce aux interférences technocratiques, animent une immense entreprise de corruption. Dénoncer ces pratiques expose certes à recevoir des coups. Mais décrire le processus qui commande l'évolution de la Ve République en omettant cet aspect des choses serait complicité.
{{Citation|citation=<poem>— Je voudrais, cette nuit, me trouver pour la première fois avec la femme que je désire, par delà les Jardins, vers le Lido, sur une couche flottante,— dit le poète érotique Paris Eglano, un jeune homme blond et imberbe, dont la belle bouche purpurine et vorace faisait contraste avec la délicatesse presque angélique de ses traits. — A quelque amant néronien caché sous le felze, Venise offrira dans une heure le spectacle d’une ville délirante qui s’incendie.
Le gaullisme c'est malheureusement aussi cela. L'homme qui l'incarne et qui reste étranger à ces manœuvres les supporte car son régime en vit.}}
Stelio sourit en remarquant à quel point ses familiers s’étaient imprégnés de son essence et combien profondément le sceau de son style s’était imprimé sur leurs esprits. Subitement s’offrit à son désir l’image de la Foscarina empoisonnée par l’art, chargée d’expérience voluptueuse, ayant le goût de la maturité et de la corruption dans sa bouche éloquente, ayant l’aridité de la vaine fièvre dans ses mains qui avaient exprimé le suc des fruits fallacieux, gardant les vestiges de cent masques sur ce visage qui avait simulé la fureur des passions mortelles. C’était ainsi que se la représentait son désir ; et il palpitait à la pensée que, tout à l’heure, il la verrait émerger de la foule comme de l’élément dont elle était l’esclave, et qu’il puiserait dans le regard de cette femme l’ivresse nécessaire.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Le Coup d'État permanent
{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=[[Gabriele D'Annunzio]]|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=28|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
|auteur=François Mitterrand
|éditeur=10/18
|page=150
|année=1965}}


== [[Philippe Pascot]] ==
{{Citation|citation=Les génies mêmes des lieux consacrés par la poésie frémissaient autour d’elle et l’entouraient de visions changeantes. La poudreuse plaine de Thèbes, l’Argolide assoiffée, les myrtes brûlés de Trézène, les saints oliviers de Colone, le Cydnus triomphal, et la pâle campagne de Dunsinane et la caverne de Prospero, et la forêt des Ardennes, les pays arrosés de sang, travaillés par la douleur, transfigurés par un rêve ou éclairés par un sourire inextinguible, apparaissaient, fuyaient, s’évanouissaient derrière sa tête. Et d’autres pays reculés, les régions des brumes, les landes septentrionales, et, par delà les océans, les continents immenses où elle avait passé comme une force inouïe au milieu des multitudes étonnées, porteuse de la parole et de la flamme, s’évanouissaient derrière sa tête ; et aussi les multitudes avec les montagnes, avec les fleuves, avec les golfes, avec les cités impures, les races vieilles et engourdies, les peuples forts aspirant à l’empire de la terre, les nations neuves qui arrachent à la nature ses énergies les plus secrètes pour les asservir au travail tout-puissant dans les édifices de fer et de cristal, les colonies abâtardies qui fermentent et se corrompent sur un sol vierge, toutes les foules barbares vers qui elle était venue comme la messagère, du génie latin, toutes les masses ignares à qui elle avait parlé la langue sublime de [[Dante Alighieri|Dante]], tous les troupeaux humains d’où était montée vers elle, sur un flot d’anxiétés et d’espérances confuses, l’aspiration à la Beauté.}}
{{citation|citation=Annoncer que plus de 25% minimum des députés et 30% des sénateurs prennent plus que souvent des libertés avec la probité, l'éthique et la morale et/ou ont affaire à la justice, ferait très mauvais effet dans la presse nationale, voire internationale.}}
{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=[[Gabriele D'Annunzio]]|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=253|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
{{Réf Livre|titre=Du goudron et des plumes : délit d'élus Tome 2
|auteur=[[Philippe Pascot]]
|éditeur=Max Milo
|page=17
|année=2016}}


{{autres projets|w=Corruption}}
{{Citation|citation=Pour arriver à elle, pour jouir d’elle, le désir de l’aimé devait traverser toute cette ombre qu’il croyait faite d’innombrables amours inconnues, et, par cette méprise outrageante, il devait se contaminer, se corrompre, s’aigrir, devenir cruel, se changer peut-être en dégoût. Toujours cette ombre devait exciter en lui l’instinct de férocité bestiale qui se cachait au fond de sa sensualité puissante.}}
{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=[[Gabriele D'Annunzio]]|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=501|chapitre=II. L'empire du silence}}

== Médias ==
=== Presse ===
==== Karl Hauffen, ''Les symptômes argentins du mal français'', 2002 ====
{{citation|citation=Le culte de l'État-providence dans lequel baigne toute la société française nourrit en fait, comme en Argentine, une corruption généralisée.|langue=français}}
{{Réf Article|titre=Les symptômes argentins du mal français|auteur=Karl Hauffen|publication={{w|Jeune Résistance}}|numéro=26|date=printemps 2002|page=21|ISSN=1279 - 4759}}
{{Choisie citation du jour|puce=*|année=2009|mois=décembre|jour=3|commentaire=|}}


== Psychanalyse ==
=== [[Alberto Eiguer]], ''Psychanalyse du libertin'', 2010 ===
''' Libertinage et prédation '''
{{citation|citation=<poem>A la lumière des idées dévelopées jusqu'ici, la prédation apparaît indissociable de la ''corruption'' de l'autre, enfant, adolescent, jeune, adulte. L'individu a l'intention de le « former » ; il l'introduirait dans un monde nouveau de « tentations », ce que sa victime souhaiterait ardemment connaître, selon le prédateur, mais qu'elle s'interdit.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=[[Alberto Eiguer]]|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=133|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Invitation à la débauche|section=Banaliser le mal au nom de l'amour|ISBN=978-2-10-054958-0}}

{{interprojet|w=Corruption}}


[[Catégorie:Corruption]]
[[Catégorie:Corruption]]

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[[de:Korruption]]
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[[es:Corrupción]]
[[eo:Koruptado]]
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[[pl:Korupcja]]
[[pt:Corrupção]]
[[ru:Коррупция]]
[[uk:Корупція]]

Dernière version du 31 août 2023 à 14:19

Index mondial de perception de la corruption en 2014 selon Transparency International.
Corrupt legislation, peinture murale à la bibliothèque du Congrès des États-Unis, par Elihu Vedder.

La corruption est la perversion ou le détournement d'un processus ou d'une interaction entre une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur, d'obtenir des avantages ou des prérogatives particulières ou, pour le corrompu, d'obtenir une rétribution en échange de sa bienveillance.

Nicolas Bouvier

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C'est une erreur de dire que l'argent roule; il monte. Monte par inclination naturelle, comme le fumet des viandes sacrifiées jusqu'aux narines des puissants. L'Iran n'a évidemment pas le monopole de cette propriété universelle, mais à la prison de Mahabad, elle se manifestait dans toute sa candeur. Ainsi, pour devenir gendarme, le zèle ne suffit pas ; il faut mériter cette distinction en offrant quatre cents tomans au lieutenant de police qui n'en profite guère, puisqu'il en remet le double au colonel pour mériter la sienne. À son tour, le colonel serait bien léger d'oublier tout ce qu'il doit au commandant de la province, qui a lui-même nombre d'obligations à Téhéran. Cet usage n'a rien d'officiel; les plus pointilleux le déplorent et les plus stoïques s'en abstiennent, mais l'insuffisance des traitements en fait une nécessité et il est difficile de s'y soustraire sans court-circuiter tout le système et s'attirer la malveillance par son ostentation. En fait, il prévaut généralement, l'argent poursuit allègrement son ascension et, comme tout ce qui a été élevé doit un jour redescendre, finit par retomber en pluie bienfaisante sur les banques suisses, les champs de courses, ou les casinos de la Riviera.
Pour un simple gendarme, quatre cents tomans, c'est une somme! Il n'a pu la réunir qu'en s'endettant jusqu'au cou, et doit en outre payer son uniforme. Son salaire lui permet tout juste de subsister, les services qu'il peut rendre aux prisonniers ne lui rapportent qu'une misère et, comme il est assis tout en bas de l'échelle, il n'y a guère que sur le paysan qu'il puisse se rembourser, en marchandant sa protection ou en distribuant des amendes au gré de sa fantaisie et de son ingéniosité. À cet égard, la casquette et la matraque offrent des facilités. Quant au paysan — un des plus fins du monde lorsqu'on le laisse souffler un peu — il ne peut s'en prendre à personne qu'à son âne, ou qu'au Ciel qui ne répond pas.
  • Iran.1951


François Mitterrand

[modifier]
Une formidable valse de conseils d'administration sollicite constamment les principaux leaders du parti majoritaire. Les banques d'affaires et le gouvernement échangent et se prêtent leurs hommes. Les monopoles, grâce aux interférences technocratiques, animent une immense entreprise de corruption. Dénoncer ces pratiques expose certes à recevoir des coups. Mais décrire le processus qui commande l'évolution de la Ve République en omettant cet aspect des choses serait complicité. Le gaullisme c'est malheureusement aussi cela. L'homme qui l'incarne et qui reste étranger à ces manœuvres les supporte car son régime en vit.
  • Le Coup d'État permanent, François Mitterrand, éd. 10/18, 1965, p. 150


Annoncer que plus de 25% minimum des députés et 30% des sénateurs prennent plus que souvent des libertés avec la probité, l'éthique et la morale et/ou ont affaire à la justice, ferait très mauvais effet dans la presse nationale, voire internationale.
  • Du goudron et des plumes : délit d'élus Tome 2, Philippe Pascot, éd. Max Milo, 2016, p. 17


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