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{{citation|citation=<poem>Je me suis [souvent] demandé ce qu'il en aurait été de la destinée moderne littéraire (pour n'envisager que celle-là) si la bataille de Marathon avait été perdue et la Grèce assujettie, asservie, écrasée avant le siècle de [[Périclès]]. |
{{citation|citation=<poem>Je me suis [souvent] demandé ce qu'il en aurait été de la destinée moderne littéraire (pour n'envisager que celle-là) si la bataille de Marathon avait été perdue et la Grèce assujettie, asservie, écrasée avant le siècle de [[Périclès]]. |
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N'oublions jamais que Rome était déjà arrivée, par son énergie et son habileté, au pouvoir politique le plus étendu et à la maturité d'un grand |
N'oublions jamais que Rome était déjà arrivée, par son énergie et son habileté, au pouvoir politique le plus étendu et à la maturité d'un grand État, après la seconde guerre punique, sans posséder encore rien qui ressemblât à une littérature proprement dite digne de ce nom ; il lui fallut conquérir la Grèce pour être touchée de ce beau feu qui devait doubler et perpétuer sa gloire.</poem>}} |
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{{Réf Livre|titre=Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=[[Charles-Augustin Sainte-Beuve]]|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=2|partie=De la tradition en littérature|section=12 avril 1858. ''Causeries du lundi'', t. XV|ISBN=2-7056-6179-4}} |
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{{citation|citation=Qu'il me soit permis d'invoquer l'exemple du plus grand des critiques, [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]], de celui de qui l'on peut dire qu'il n'est pas seulement la tradition, mais qu'il est toutes les traditions réunies : laquelle donc en lui, littérairement, domine ? l'élément classique. J'aperçois chez lui le temple de la Grèce jusque sur le rivage de la Tauride. Il a écrit ''Werther'', mais c'est ''Werther'' écrit par quelqu'un qui emporte aux champs son [[Homère]] et qui le retrouvera, même quand son héros l'aura perdu. C'est ainsi qu'il a gardé sa sérénité dominante. Personne n'habite moins que lui dans les nuages. Il agrandit le Parnasse, il l'étage, il le peuple ; il ne le détruit pas.}} |
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==== [[Roger Peyrefitte]], [[L'Oracle]], 1948 ==== |
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{{citation|citation=La Grèce ne se livre pas à tout venant ; elle ne cherche pas à conquérir, mais elle garde ceux qu'elle a conquis. Elle demande une longue initiation, pour débarrasser les esprits des « lyres d'or » et des « chants de rossignols », pour habituer les yeux à se passer de frondaisons, pour faire comprendre que la beauté est dans les lignes nues, que la grandeur est dans la simplicité, que tout se ramène à l'unité, comme tous les dieux se ramènent à ce dieu intérieur, dont la possession était l'idéal des anciens Grecs.|langue=fr}}{{Réf Livre|référence=L'Oracle/Jean Vigneau|page=60}} |
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Dernière version du 7 janvier 2022 à 08:47
Médias
[modifier]Presse
[modifier]Charles-Augustin Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1858
[modifier]Je me suis [souvent] demandé ce qu'il en aurait été de la destinée moderne littéraire (pour n'envisager que celle-là) si la bataille de Marathon avait été perdue et la Grèce assujettie, asservie, écrasée avant le siècle de Périclès.
N'oublions jamais que Rome était déjà arrivée, par son énergie et son habileté, au pouvoir politique le plus étendu et à la maturité d'un grand État, après la seconde guerre punique, sans posséder encore rien qui ressemblât à une littérature proprement dite digne de ce nom ; il lui fallut conquérir la Grèce pour être touchée de ce beau feu qui devait doubler et perpétuer sa gloire.
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 2
Rome toute seule, si elle n'avait été touchée du rameau d'or au moment même où elle le brisait, courait le risque de rester à jamais une force puissante, écrasante au monde, Sénat, camp ou légion. C'est l'âme légère de la Grèce qui, passant en elle, a produit, à la seconde ou à la troisième génération, groupe de génies, de talents accomplis, qui composent le bel âge d'Auguste. Soit directement, soit dorénavant par les Romains, cette âme légère, cette étincelle, cet atome igné et subtil de civilisation n'a cessé d'agir aux époques décisives pour donner la vie à des floraisons inattendues, à des renaissances.
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 3
Qu'il me soit permis d'invoquer l'exemple du plus grand des critiques, Goethe, de celui de qui l'on peut dire qu'il n'est pas seulement la tradition, mais qu'il est toutes les traditions réunies : laquelle donc en lui, littérairement, domine ? l'élément classique. J'aperçois chez lui le temple de la Grèce jusque sur le rivage de la Tauride. Il a écrit Werther, mais c'est Werther écrit par quelqu'un qui emporte aux champs son Homère et qui le retrouvera, même quand son héros l'aura perdu. C'est ainsi qu'il a gardé sa sérénité dominante. Personne n'habite moins que lui dans les nuages. Il agrandit le Parnasse, il l'étage, il le peuple ; il ne le détruit pas.
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 8
Littérature
[modifier]Roman
[modifier]Roger Peyrefitte, L'Oracle, 1948
[modifier]La Grèce ne se livre pas à tout venant ; elle ne cherche pas à conquérir, mais elle garde ceux qu'elle a conquis. Elle demande une longue initiation, pour débarrasser les esprits des « lyres d'or » et des « chants de rossignols », pour habituer les yeux à se passer de frondaisons, pour faire comprendre que la beauté est dans les lignes nues, que la grandeur est dans la simplicité, que tout se ramène à l'unité, comme tous les dieux se ramènent à ce dieu intérieur, dont la possession était l'idéal des anciens Grecs.
- L'Oracle, Roger Peyrefitte, éd. Jean Vigneau, 1948, p. 60 (voir la fiche de référence de l'œuvre)