Zakaria Zubeidi
Membre du conseil révolutionnaire du Fatah (d) | |
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depuis le |
Naissance | |
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Nom dans la langue maternelle |
زكريا الزبيدي |
Pseudonyme |
قط الشوارع |
Nationalité | |
Domiciles |
Parti politique | |
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Lieu de détention |
Prison de Gilboa (en) |
Zakaria Zubeidi ou Zakaria Al-Zoubeidi ou Zakaria Muhammad Abd al-Rahman al-Zubaidi (en arabe : زكرية الزبيدي, né en 1976) est un militant palestinien appartenant aux Brigades des martyrs d'Al-Aqsa du mouvement Fatah à Jénine, en Cisjordanie. Ancien commandant militaire, membre du Conseil révolutionnaire du Fatah, il a atteint le grade de chef des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa. Il est considéré comme l'un des symboles de la Seconde intifada palestinienne et a participé à plusieurs opérations contre les forces israéliennes, avant d'être emprisonné.
Débuts
[modifier | modifier le code]Enfance
[modifier | modifier le code]Mohammed, le père de Zakaria Zubeidi, était professeur d'anglais et ouvrier dans une fonderie de fer israélienne. Il meurt d'un cancer et Samira, la mère de Zakaria, élève seule ses huit fils[1].
Tout jeune, Zakaria fréquente l'école de l'UNRWA dans le camp de réfugiés de Jénine.
Entre théâtre et prison
[modifier | modifier le code]En 1988, parce que sa famille habite dans le même bâtiment, il fréquente le théâtre pour enfants de Jénine d'Arna Mer-Khamis (une Israélienne pro-palestinienne), la Maison d'Arna, destiné à promouvoir la compréhension entre les Palestiniens et les Israéliens, où les enfants palestiniens expriment leurs frustrations et leurs peurs. Zachary, 12 ans, son frère aîné Daoud et quatre autres enfants du même âge sont le noyau de la distribution. La Maison d'Arna deviendra en 1993 le Stone Théâtre (en hommage de l'intifada des pierres).
Selon le propre témoignage de Zakaria, un soldat de l'armée israélienne lui tire dans les jambes en 1989 durant la Première intifada, alors qu'il jette des pierres contre des soldats israéliens ou contre des véhicules civils, selon les sources. Il a 13 ans et reste désormais boiteux[2].
L'année suivante, en 1990, il est emprisonné pendant six mois pour ces jets de pierre, et ne fréquentera plus jamais l'école. Peu de temps après sa libération, il est remis en prison pour avoir lancé un cocktail Molotov et condamné à quatre ans et demi de prison. Il y apprend l'hébreu et est recruté par l'organisation palestinienne Fatah.
Emplois
[modifier | modifier le code]Lors de la libération en 1993, après les accords d'Oslo, il s'exile à Jericho puis rejoint les forces de police de l'Autorité palestinienne à Jenine où il a le grade de sergent mais après un an, il en est rapidement désabusé : « Il y avait des collègues à qui j'avais appris à lire et qui ont été promus à des postes supérieurs à cause du népotisme et de la corruption », dénonce-t-il[2].
Il travaille ensuite illégalement dans la rénovation de bâtiments à Tel-Aviv et Haïfa en Israël et gagne convenablement sa vie puis est arrêté à Afula pour un défaut de permis[2].
Ne pouvant toujours pas travailler légalement en Israël, il se met à y voler des voitures et en 1997, il est arrêté à bord de l'une d'elles et écope de quinze mois de prison. Libéré, il retourne à Jénine et devient chauffeur de camion, transportant des produits alimentaires mais il perd son emploi dans la violence et les fermetures qui marquent le début de la seconde Intifada.
Activités terroristes et politiques
[modifier | modifier le code]2001
[modifier | modifier le code]Il devient artificier en 2001 ; l'une de ses bombes artisanales lui explosera d'ailleurs au visage en 2003 et lui laissera une vue défaillante et un visage grêlé[2].
2002
[modifier | modifier le code]Sa mère est tuée d'une balle perdue par l'armée israélienne, le , lors de la Seconde intifada ; peu de temps après, son frère Taha est tué par des soldats et sa maison est rasée lors de la bataille de Jénine. Ces événements le poussent à devenir combattant. Zakaria Zubeidi gardera une terrible rancoeur contre les Israéliens de gauche qui fréquentaient le théâtre d'Arna et la maison de sa mère mais qui ne se sont pas manifestés auprès de lui à cette époque[2].
Un mois plus tard, un kamikaze de Jénine tue 29 Israéliens fêtant Pessah au Park Hotel de Netanya et, à la suite de cet attentat et de deux autres ayant touché des civils israéliens, l'armée israélienne lance alors une offensive dans le camp de réfugiés de Jénine, démolissant des centaines de maisons, laissant 2 000 personnes sans abri. Dix jours de combats intensifs que Zubeidi qualifie de « terribles » tuent 52 Palestiniens et 23 soldats israéliens.
Il rejoint les Brigades des martyrs d'Al Aqsa, une branche armée du Fatah (qualifiée de « terroriste » par l'U.E. et de nombreux pays) et à partir de l'été 2002, Zubeidi s'implique dans la planification d'actes terroristes, documentés dans de nombreux domaines en Cisjordanie et en Israël, au cours desquels des civils sont tués et de nombreux des soldats israéliens blessés. En novembre, il devient chef des Brigades des martyrs à Jénine et apprécie être interviewé et filmé afin d'obtenir un rôle politique intéressant au sein de l'Autorité palestinienne.
Certaines de ses activités sont réalisées en collaboration avec d' autres organisations telles que le Jihad islamique palestinien. Selon les services de sécurité israéliens et de son propre aveu, Zubeidi est responsable de l'attentat suicide à la branche « Likoud » à Beit Shean, le ; l'attaque fait six victimes pour lesquelles il n'est pas jugé[3].
2003
[modifier | modifier le code]Zubeidi est aussi responsable d'un attentat à la bombe à Tel Aviv qui tue une femme et blesse plus de 30 personnes, en .
En été 2003, Zubeidi appelle à de nouvelles attaques en Israël. Il dit qu'il mène cette politique conformément à son interprétation des instructions de Yasser Arafat[3].
Proche du vieux leader qui lui enjoint de « marcher sur Jérusalem »[4] mais déclarant ne recevoir d'ordre de quiconque, il est responsable de facto du droit et de l'ordre dans Jénine car selon lui, l'Autorité palestinienne n'a aucune autorité dans cette ville[5]. Il incite les Palestiniens à poursuivre l'Intifada contre Israël[5],[1]. Lui-même assure à cette époque que « nous avons commencé avec des pierres et maintenant nous avons des roquettes Qassem. La prochaine fois, nous tirerons des missiles ». Il est alors le combattant palestinien le plus recherché par Israël[6],[5], qui tente de l'éliminer à plusieurs reprises mais Zubeidi parvient à s'échapper. Il est également très populaire en Palestine, et en particulier à Jénine où il figure un héros.
2004
[modifier | modifier le code]Tali Fahima, une militante pacifiste israélienne convertie à l'islam, se déplace chez-lui pour devenir un bouclier humain, après avoir appris qu'il était à la tête d'une liste de personnes à éliminer par les services de sécurité israéliens.
Toujours en 2004, il apparaît dans le film documentaire, tourné deux ans auparavant, de Juliano Mer-Khamis (le fils d'Arna Mer-Khamis), Les Enfants d'Arna, qui remporte plusieurs prix en Europe et en Amérique[7] mais au moment où le film reçoit cette reconnaissance internationale, tous ses principaux protagonistes sont déjà morts, sauf Zakaria Zubeidi[2]. Le film raconte l'engagement pro-palestinien et le travail de d'Arna Mer-Khamis pour créer une troupe théâtrale d’enfants à Jénine pendant les années 1980, et Juliano s'intéresse au destin des anciens jeunes acteurs dont Zubeidi, durant les quinze dernières années[8].
Il déclare cette année-là : « L'intifada est à l'agonie. Ce sont les derniers moments... Non seulement l'intifada est un échec mais nous sommes un échec total : nous n'avons rien atteint en 50 ans de lutte... que notre survie »[9]. A la quatrième tentative d'élimination par l'armée de Tsahal (IDF), il se considère comme un mort en sursis[2],[5].
Lors des élections présidentielles palestiniennes de 2004, Zubeidi approuve initialement Marwan Barghouti mais en raison de l'emprisonnement de celui-ci, il décide rapidement de donner son soutien à Mahmoud Abbas dont il apprécie le style et qui remporte l'élection. Malgré cela, Zubeidi précise qu'il n'a pas confiance en Abbas à propos des aspirations palestiniennes sur le statut de Jérusalem et le droit au retour des réfugiés palestiniens[10]. Dans la lutte pour le pouvoir interne palestinien et en tant que membre des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, il incendie les bureaux du gouverneur de Jenine, Qaddura Mussa[2],[11],[5].
2005
[modifier | modifier le code]En janvier 2005, Israël annonce qu'il accorde une « amnistie » à Zebeidi et à d'autres terroristes, dans le cadre d'un accord avec le chef de l'Autorité palestinienne, Abu Mazen[12].
Le , Zubeidi rencontre une délégation écossaise de soutien à la Palestine dans le camp de réfugié de Jénine. Il leur fait visiter le camp et prend un repas avec eux dans un restaurant de la ville.
Lors d'une interview à un journal allemand, Zubeidi indique que son organisation et lui ont des liens avec l'organisation considérée comme terroriste du Hezbollah qui leur fournit des armes, de l'argent et les formait. Des actions terroristes ont aussi été coordonnées avec le Hezbollah. Cet aveu est exceptionnel parce que les organisations terroristes sont réticentes à divulguer un tel soutien pour des raisons politiques[13],[14].
En , après la mort de Samer Saadi et de deux autres activistes par l'armée israélienne à Jenine, Zakaria Zubaidi déclare le cessez-le-feu de son groupe armé et annonce qu'il veut se rapprocher du camp de la paix juive[15].
Il collabore alors avec l'acteur et ami Juliano Mer-Khamis poursuivant l’œuvre de sa mère, aussi avec Jonatan Stanczak, militant israélo-suédois qui l'a mis en contact avec Mer-Khamis, et Dror Feiler, artiste israélo-suédois, dans la fondation d'un théâtre communautaire pour les enfants et les adultes de Jénine, appelé Freedom Theatre, « Théâtre de la Liberté »[16],[17], où il est offert des opportunités aux enfants et aux jeunes du camp de réfugiés de Jénine de développer leurs talents, de se connaître soi-même et d’avoir confiance en soi en utilisant un processus créatif comme modèle de changement social. Les productions mises en scène par Juliano se veulent révolutionnaires (« intifada culturelle »)[18].
Amnistie
[modifier | modifier le code]2007
[modifier | modifier le code]En avril, il est touché par une balle israélienne mais les responsables de Tsahal indiquent que Zubeidi ne représente pas une cible à éliminer pour eux[19].
Le , il accepte de déposer les armes et cesser le combat armé contre Israël « à cause du conflit entre le Fatah et le Hamas ». Cet accord intervient dans le cadre plus large d’amnisties offertes par Israël qui voit de plus en plus en le Fatah (dont ses Brigades des martyrs) un rempart contre la montée en puissance du Hamas, dans un accord entre le Premier ministre d'Israël et l'Autorité palestinienne[20].
2008
[modifier | modifier le code]Il s'investit depuis 2008 dans la résistance non-violente dans le cadre du Théâtre de la liberté[16] de Juliano Mer-Khamis, le fils d'Arna, dont il devient directeur[17].
Dans une interview accordée en , il déclare qu'il n'a toujours pas reçu le pardon total d'Israël et accuse l'Autorité palestinienne de mentir à son sujet, dont il perçoit alors un salaire de 1 050 NIS. Il semble parfaitement clair pour lui qu'il ne sera pas en mesure de vaincre Israël tant que ne sera pas trouvé un nouvel Arafat. Constamment, Zubeidi critique sévèrement la direction de l'AP : « Les membres de notre leadership sont des ordures… des putains »[21].
Il est incarcéré le à Jéricho par l'Autorité palestinienne[22].
2009
[modifier | modifier le code]Des députés de droite à la Knesset demandent le au tribunal militaire israélien à ce que Zubeidi ne soit pas gracié car il a du sang sur les mains[23].
En , Zubeidi demande à ses confrères du Fatah d'adopter un programme de résistance si les négociations de paix avec Israël échouent et de conduire une troisième Intifada[24]. Il critique encore l'ancienne direction de l'Autorité palestinienne par le Fatah qui « en 18 ans de négociation » n'a créé « aucun espoir »[25].
Annulation d'amnistie
[modifier | modifier le code]2011
[modifier | modifier le code]Son ami Juliano Mer-Khamis est assassiné en mai 2011.
Le , Israël annule le pardon accordé à Zubeidi sans en préciser la raison et il est à nouveau recherché[26]. Parallèlement, son frère est arrêté par l'Autorité palestinienne[27].
2012
[modifier | modifier le code]Zubeidi est arrêté en par l'Autorité palestinienne sur des soupçons de tentative d'assassinat de Kdora Musa, le gouverneur de Jenine, et est libéré sous caution cinq mois plus tard[28].
2016
[modifier | modifier le code]En , il devient membre du Conseil révolutionnaire palestinien[29].
2019
[modifier | modifier le code]En , avant s'avoir pu terminé sa thèse[30], Zubeidi est arrêté par l'unité nationale israélienne de lutte contre le terrorisme dans son appartement à Ramallah, pour implication dans des « activités terroristes graves et courantes », selon le Shin Bet[31],[32]. En mai, il est inculpé devant un tribunal militaire israélien d'avoir mené au moins deux fusillades contre des civils dans un bus en Cisjordanie[33].
2021
[modifier | modifier le code]Il s'échappe en septembre 2021 de la prison israélienne de haute sécurité de Gilboa avec cinq compagnons, par un tunnel creusé pendant des mois. Il est repris après quelques jours avec Mohammed Qassem Ardah, sans avoir pu gagner la Cisjordanie, dans un relais-routier près de la ville arabe de Shibli-Umm al-Ghanam (en) du Nord d'Israël, où il est maîtrisé au moment de sa fuite[34]. Son évasion est saluée au-delà de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Des petites cuillères, instrument de l’évasion, sont brandies dans les manifestations de soutien aux évadés[35].
Vie privée
[modifier | modifier le code]Zakaria al-Zubeidi est marié et père de deux enfants : un garçon et une fille. Il a toujours sur lui une photographie de son fils Mohammed (alias Hamoudi), né en 2003[36].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) « The Times & The Sunday Times », sur www.thetimes.co.uk (consulté le )
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- (he) « דף הבית », sur אתר המרכז למורשת המודיעין (consulté le )
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- (en) Ilene R. Prusher, « Arafat faces generational crisis », Christian Science Monitor, (ISSN 0882-7729, lire en ligne, consulté le )
- « Jénine : Zakariya Zubeidi : Un mort qui marche - Gideon Levy », sur www.ism-france.org (consulté le )
- Le prix de la critique au festival international du documentaire HotDocs au Canada, le prix du meilleur film au festival du cinéma One World de Prague et est nommé meilleur documentaire au festival du film de Tribeca à New York, en 2004.
- (he) Hanan Greenberg Levy Elior, Hassan Shaalan et al., « השחקן והיוצר ג'וליאנו מר נרצח ביריות בג'נין » [« Auteur et acteur, Juliano Mer a été tué par des tirs à Jénine »], Ynet, (lire en ligne, consulté le )
- Gutman, Matthieu, « Aqsa Brigades Leader : Intifada in Its Death Throes », 04/08/2004, The Jerusalem Post
- « Mideast: Militant Leader Warms to Abbas - Newsweek: International Editions - MSNBC.com », sur msnbc.msn.com, (version du sur Internet Archive)
- « CNN.com - Palestinian militants burn West Bank offices - Jul 31, 2004 », sur edition.cnn.com (consulté le )
- Amir Rappaport, « (trad.) "Le Pardon" de Zubeidi », sur Ma'ariv,
- Zubeidi admet que son organisation a reçu l'aide du Hezbollah, 06/03/2016, המידע למודיעין ולטרור, terrorism.info.org
- « Au cours d’une déclaration publique inhabituelle, Zakaria Zubeidi, le chef des Brigades des martyrs d’al-Aqsa à Jénine, a reconnu que son organisation recevait le soutien du Hezbollah (fonds, armes et entraînement), et que ce dernier exerçait une grande i », sur Centre Meir Amit d'Information sur les Renseignements, (consulté le )
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- (en) « A Palestinian Intifada Icon Chooses Art over War », sur NPR.org (consulté le )
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- (he) Amir Bohbot, « IDF précise : Nous n'avons pas essayé d'éliminer Zubeidi », sur www.makorrishon.co.il, Ma'ariv, (consulté le )
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- (en) « The Times & The Sunday Times », sur www.thetimes.co.uk (consulté le )