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Version du 6 septembre 2022 à 13:42
Mellivora capensis · Ratel du Cap, Zorille du Cap, Blaireau à miel
Répartition géographique
Statut CITES
Le ratel (Mellivora capensis), aussi appelé zorille du Cap, est un mustélidé répandu dans la région allant du Nord de l’Inde à la Péninsule arabique, et dans toute l’Afrique subsaharienne à l'exception de Madagascar. Il est réputé pour son comportement féroce et particulièrement tenace ainsi que pour son endurance. C'est la seule espèce actuelle du genre Mellivora.
Dénominations
- Nom scientifique : Mellivora capensis (Schreber, 1776)
- Nom recommandé ou typique en français : Ratel[1],[2],[3],[4],[5],[6]
- Autres noms vulgaires (vulgarisation scientifique) : Blaireau à miel[7], Ratel du Cap[3],[6], Zorille du Cap[3]
- Noms vernaculaires (langage courant), pouvant désigner éventuellement d'autres espèces : blaireau puant[3]
Description de l'espèce
C’est un petit omnivore de la famille des Mustélidés, mesurant environ 75 cm de long et 30 cm au garrot à l’âge adulte.
Il est noir sur le ventre, les pattes, la queue et la partie inférieure de la tête jusqu’aux yeux. Il est blanc sur le crâne, du front jusqu’au haut du cou, et il est blanc-gris sur tout le dos. Le ratel possède des griffes d’environ 4 cm de long à l’âge adulte. Son odorat ainsi que son ouïe sont très sensibles et lui permettent de chasser ses proies sur l'étendue de son territoire.
Le mâle adulte pèse environ 12 kg, mais la femelle ne dépasse pas les 6 kg. Sa longévité à l’état sauvage n’est pas connue, mais il peut vivre jusqu’à 26 ans en captivité.
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Mellivora capensis
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Squelette
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Crâne
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Cerveau
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Denture
Écologie et comportement
En zone désertique, le ratel, pour se « refroidir », s’allonge sur le dos exposant son ventre à la légère brise du désert et s’asperge de sable lorsque sa température interne est supérieure à celle du sable.
La période de gestation du ratel est de 6 mois. Lorsqu’elle élève ses petits, la femelle change de tanière tous les trois à cinq jours, en emportant ses petits pour échapper aux prédateurs. Une fois capable de se débrouiller seul, le jeune ratel ira habiter sa propre tanière et quittera définitivement sa mère, qui changera alors de terrier chaque jour.
Le ratel a la capacité de courir en arrière, fait partagé chez les mammifères uniquement avec l’être humain[8],[9]. Il utilise d'ailleurs cette faculté dans sa célèbre « danse du ratel », moyen de défense consistant à effectuer un pas en arrière puis deux en avant lorsqu'il se retrouve face à un adversaire de taille.
L'ingéniosité du ratel, lorsqu'il s’agit de se faufiler ou de s'échapper, bat des records. Comme Stoffle, le ratel de l’émission Ratels, drôles de blaireaux diffusée sur France 5, dont les stratagèmes pour s’échapper de son enclos (sans avoir été dressé) sont des techniques efficaces et adaptées aux contre-stratagèmes de Brian, qui tente de le garder en captivité[10]. Ainsi, il ouvre des loquets scellés au fil de fer, saute des branches, roule des pierres et de la terre et se sert d'outils oubliés dans l'enclos pour en passer les murs.
Alimentation
À l’instar du blaireau eurasiatique (Meles meles), le ratel est omnivore. Outre les reptiles comme les serpents, même les plus dangereux, qui sont des mets de choix pour lui, les trois-quarts de ses proies sont attrapées sous terre : termites, scorpions et vers de terre, qu’il déterre facilement grâce à ses longues griffes de 4 cm. Ce qui ne l’empêche pas de s’attaquer à des proies de sa taille, telles que des porcs-épics ou des lièvres, et même beaucoup plus grosses que lui, comme des gnous ou des antilopes.
Un de ses mets préférés est le miel (d’où son nom, Mellivora, signifiant « mangeur de miel »). Certaines légendes prétendent que le ratel s’associe avec l’indicateur, un oiseau qui chante de façon spécifique et répétitive pour mener ce carnivore, en voletant bas devant lui, à un nid d’abeilles. Le ratel ainsi appâté ouvrira, au moyen de ses robustes griffes, la ruche sauvage, dont il mangera la majorité du miel, laissant à l’oiseau les larves et la cire dont ce dernier n’aurait pu disposer sans cette aide appropriée[9]. Cependant l’expédition de Keith et Colleen Begg pour le Niassa Carnivore Project autour du ratel a démontré que la situation avait été remaniée dans les fables et qu'il semble que l'oiseau profite des ruches trouvées préalablement par le ratel.
Pour s’hydrater, le ratel peut manger aussi des tsamas, une certaine variété de melon remplie à 99 % d’eau.
Résistance au venin
Les ratels supportent certains venins mortels ou dangereux pour l’homme, comme celui des vipères heurtantes, des cobras du Cap ou des scorpions[11]. Le ratel a la particularité de pouvoir métaboliser les venins des serpents les plus venimeux du monde. Au cours d'une chasse, il peut être mordu au museau, qui se mettra à enfler pendant qu'il dévore sa proie. Le venin le plongera alors dans un coma de quelques heures, mais le ratel reprendra ses esprits et terminera son repas avant de se remettre en chasse. C'est la mère qui contribue à l'immunité au venin de ses petits : en les exposant jeunes aux morsures et piqures de scorpions ou de petites vipères, qui piquent pour dissuader ou tuer des insectes, elle crée ainsi, peu à peu, avec la métabolisation des toxines, des sortes de vaccins plus tard efficaces pour préserver la vie du ratel face à des poisons plus violents, c'est la mithridatisation. Les mécanismes biochimiques qui font que le ratel, malgré sa petite taille, résiste au venin des espèces les plus dangereuses de serpents africains se vulgarisent ainsi[9]. Des recherches indiquent aussi une mutation des récepteurs nicotinergiques du ratel, normalement ciblés par les venins, qui a pour conséquence que la toxine a des chances plus faibles de s'y fixer et donc d'agir.[12],[13]
Agressivité
Le ratel n’hésite pas à se battre avec un lion, une hyène ou un guépard pour défendre sa proie, même si les gros carnivores comme les lions et les léopards peuvent également le chasser. Lorsqu'il fait face à un adversaire mâle plus gros que lui, le ratel tente en priorité de mordre au scrotum pour provoquer une hémorragie, comportement décrit pour la première fois en 1947 face à un buffle par James Stevenson-Hamilton (en)[9]. Sa peau est très épaisse (jusqu'à un demi centimètre au niveau du cou[9]), ce qui rend le ratel insensible aux morsures, aux piqûres de guêpes ou aux piquants de porc-épic. Sa peau est également si lâche que, lorsqu’il se fait mordre au cou par un autre animal, il peut se retourner et mordre son agresseur[14],[9].
Le ratel possède également une poche anale réversible, qui dégage une forte odeur lorsqu'elle est utilisée. Celle-ci pourrait être utilisée en particulier pour neutraliser les abeilles lorsque le ratel attaque une ruche[9].
Habitat et répartition
Il occupe des habitats variés, aussi bien désertiques ou semi-désertiques (steppes) que les divers types de savanes et les zones arborées, y compris les galeries forestières en zones semi-désertiques. Il est principalement terrestre, mais, friand de miel, il peut aussi grimper aux arbres pour atteindre les ruches sauvages. Le mâle adulte vagabonde sur un territoire de plus de 500 km2 et peut parcourir facilement 10 km en une heure. La femelle possède un territoire plus petit (environ 100 km2) mais, lorsqu’elle cherche sa nourriture ou élève son petit, elle peut l'étendre jusqu'à 150 km2.
On le trouve du nord de l’Inde à la Péninsule arabique et dans toute l’Afrique subsaharienne (sauf à Madagascar). Sa distribution géographique et ses habitats se superposent parfaitement à ceux de son associé alimentaire, l’oiseau indicateur, quelle qu'en soit l'espèce (voir ci-dessus « Alimentation »).
Classification
Cette espèce a été décrite pour la première fois en 1776 par le naturaliste allemand Johann Christian Daniel von Schreber (1739-1810).
Liste des sous-espèces
Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (28 juin 2013)[15] et Catalogue of Life (28 juin 2013)[16] :
- sous-espèce Mellivora capensis abyssinica (Hollister, 1910)
- sous-espèce Mellivora capensis buechneri (Baryshnikov, 2000)
- sous-espèce Mellivora capensis capensis (Schreber, 1776)
- sous-espèce Mellivora capensis concisa (Thomas & Wroughton, 1907)
- sous-espèce Mellivora capensis cottoni (Lydekker, 1906)
- sous-espèce Mellivora capensis inaurita (Hodgson, 1836)
- sous-espèce Mellivora capensis indica (Kerr, 1792)
- sous-espèce Mellivora capensis leuconota (Sclater, 1867)
- sous-espèce Mellivora capensis maxwelli (Thomas, 1923)
- sous-espèce Mellivora capensis pumilio (Pocock, 1946)
- sous-espèce Mellivora capensis signata (Pocock, 1909)
- sous-espèce Mellivora capensis wilsoni (Cheesman, 1920)
L'espèce et l'homme
Chasse
Malgré peu de prédateurs dans la nature, il arrive que le ratel entre en contact avec l'homme.
Les récolteurs traditionnels de miel avaient beaucoup de respect pour le ratel, mais les apiculteurs africains actuels ne sont pas préparés à leur céder une grande partie de leur production.
Quand ils s'approchent de l'homme, ils ont tendance à voler de la volaille ou du petit bétail et sont souvent tués en représailles, empoisonnés, piégés, tirés ou tués à coup de lance.
Animal de compagnie
Si le ratel est capturé dans les premiers jours après sa naissance, lorsqu’il a encore les yeux fermés, il peut, à l’instar de la plupart des carnivores, être élevé en captivité. Il conservera néanmoins son caractère teigneux, par le fait qu’il ne cesse de grogner, même en jouant, et des morsures sont toujours à redouter[17].
Statut de protection
Le ratel est assez largement répandu sur le continent africain et le sud-ouest asiatique[18]. Il semble néanmoins menacé dans certains pays tels que le Niger, le Maroc ou l'Afrique du Sud.
La femelle n’a qu’un seul petit par portée et, bien qu’elle s’en occupe plus d’un an, la moitié des petits n’atteint pas l’âge adulte.
Filmographie et littérature
On peut voir la ténacité d’un ratel en train d'attaquer dans le film Les dieux sont tombés sur la tête 2 : quand le garde forestier marche dessus par inadvertance, il n’a pas d’autre choix que de laisser sa chaussure à l’animal pour éviter d’être suivi pendant des heures et de le mettre en péril dans une région désertique.
L'hebdomadaire Spirou a publié dans les années 1990 une série de BD humoristique intitulée Les Zorilles, narrant les mésaventures dans la savane de trois frères bien teigneux, mais à l'efficacité très inconstante.
Dans le jeu vidéo Far Cry 4, c'est le plus petit prédateur du Kyrat, surprenant du fait de sa petite taille, sa rapidité, sa ténacité et son agressivité. Il en est de même pour Far Cry Primal, il est d'ailleurs domptable.
Il est aussi présent dans le jeu vidéo Wasteland 2, ceux-ci ont muté avec les radiations et font plus d'un mètre de long. Ils vivent généralement en groupe dans les cavernes. Ils peuvent attaquer des habitations humaines telles des villages ou des villes.
Il est aussi présent dans la série d'animation La Garde du Roi lion, sous le nom de Bunga, un petit zorille du Cap courageux.
Il apparaît dans l'anime japonais Terra Formars, où ses capacités sont décrites au travers d'une créature mi cafard-mi ratel.
Dans le manga et l'anime Killing Bites (en), le personnage principal, Hitomi Uzaki, est une jeune fille mi-humaine, mi-ratel.
Nommé « honey badger » en Anglais, il est devenu le surnom de la cryptomonnaie Bitcoin, en raison de son exceptionnelle résistance face à ses prédateurs.
Le pilote de Formule 1 Daniel Ricciardo porte le surnom d’honey badger. C’est d’ailleurs cet animal que Cyril Abiteboul, dirigeant à l'époque de Renault F1, devra se faire tatouer à la suite d'un pari lors de la saison 2020 alors que le pilote australien conduisait pour cette équipe et avait obtenu un podium.
Notes et références
- Annexes au Journal officiel des Communautés européennes du 18 décembre 2000. Lire en ligne.
- Nom vernaculaire français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at
- Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
- Nom vernaculaire en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
- Voir définition donnée par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.
- (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0444518770), 9780444518774. 857 pageRechercher dans le document numérisé
- Nom en français d'après l'UICN sur le site de la liste rouge de l'UICN
- YouTube - MUST WATCH: Honey Badger-The Most Fearless Animal on Earth
- Léo Grasset, Le coup de la girafe : Des savants dans la savane, Paris, Seuil, coll. « Science ouverte », , 135 p. (ISBN 978-2-02-121927-2)
- « Stoffle, the Badger that can escape from anywhere! | Honey Badgers: Masters of Mayhem - BBC » (consulté le )
- Un ratel s'attaque à une dangereuse vipère heurtante
- Richard J. Harris et Bryan G. Fry, « Electrostatic resistance to alpha-neurotoxins conferred by charge reversal mutations in nicotinic acetylcholine receptors », Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, vol. 288, no 1942, , p. 20202703 (PMID 33434458, PMCID PMC7892412, DOI 10.1098/rspb.2020.2703, lire en ligne, consulté le )
- (en) Danielle H. Drabeck, Antony M. Dean et Sharon A. Jansa, « Why the honey badger don't care: Convergent evolution of venom-targeted nicotinic acetylcholine receptors in mammals that survive venomous snake bites », Toxicon, vol. 99, , p. 68–72 (DOI 10.1016/j.toxicon.2015.03.007, lire en ligne, consulté le )
- Fiche sur le ratel
- Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 28 juin 2013
- Catalogue of Life Checklist, consulté le 28 juin 2013
- IRSAC-Lwiro, Kivu, Congo-Kinshasa, 1969
- Fiche UICN
Voir aussi
Bibliographie
- National Geographic Magazine no 60
- Jean Dorst et Pierre Dandelot, Guide des mammifères d’Afrique, Delachaux et Niestlé, 1971
- Léo Grasset, Le coup de la girafe, chapitre 11, éditions du Seuil, 2015
Liens externes
- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Mellivora capensis (consulté le )
- (en) Référence Animal Diversity Web : Mellivora capensis (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Mellivora capensis (Schreber, 1776) (consulté le )
- (fr + en) Référence CITES : espèce Mellivora capensis (Schreber, 1776) (+ répartition) (sur le site de l’UNEP-WCMC) (consulté le )
- (fr) Référence CITES : taxon Mellivora capensis (sur le site du ministère français de l'Écologie) (consulté le )
- (fr + en) Référence ITIS : Mellivora capensis (Schreber, 1776) (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Mellivora capensis (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : Mellivora capensis Schreber 1776 (consulté le )
- Modèle:UBIO
- (en) Référence UICN : espèce Mellivora capensis (Schreber, 1776) (consulté le )