Rue des Cordiers
La rue des Cordiers est une ancienne rue du 5e arrondissement de Paris, quartier de la Sorbonne, disparue en 1892.
Situation
[modifier | modifier le code]Cette rue commençait rue Saint-Jacques et finissait à l'ancienne rue de Cluny (rue Victor-Cousin depuis 1864) et était située dans l'ancien 11e arrondissement de Paris[1].
Les numéros de la rue étaient rouges. Le dernier numéro impair était le no 23 et le dernier numéro pair était le no 14.
Origine du nom
[modifier | modifier le code]Elle doit son nom, attesté depuis le XIIIe siècle, aux cordiers qui y travaillaient.
Historique
[modifier | modifier le code]Cette rue existait et portait déjà ce nom au milieu du XIIIe siècle.
Elle est citée dans Le Dit des rues de Paris (vers 1280-1300), de Guillot de Paris, sous la forme « rue à Cordiers ».
Elle est citée sous le nom de « rue des Cordiers » dans un manuscrit de 1636.
La rue est supprimée en 1892 pour faire place a l'extension de la Sorbonne.
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
[modifier | modifier le code]Hôtel Saint-Quentin
[modifier | modifier le code]La dernière maison de la rue Cordier (no 14 en 1855) était au XVIIIe siècle un modeste hôtel garni exploité sous le nom « Hôtel Saint-Quentin »[2]. Jean-Jacques Rousseau y logea en 1741, lors de son deuxième voyage à Paris, et à nouveau en 1745, après son retour de Venise, quand le départ de son ami Altuna le contraignit de quitter le logement qu'ils avaient partagé rue Saint-Honoré.
« J'arrivai à Paris dans l'automne de 1741, avec quinze louis d'argent comptant » écrira Rousseau sur son premier séjour, et relatera que « (...) sur une adresse que m'avoit donné M. Bordes, j'allais loger à l'hôtel Saint-Quentin, rue des Cordiers, proche la Sorbonne, vilaine rue, vilain hôtel, vilaine chambre, mais où cependant avoient logé des hommes de mérite, tels que Gresset[3], Bordes, les abbés de Mably, de Condillac, et plusieurs autres dont malheureusement je n'y trouvai plus aucun (...) », ajoutant que grâce à la connaissance qu'il y fit avec un certain Bonnefond, il rencontra Daniël Roguin qui devint son ami et lui fera connaitre Diderot[4]. Il quitta l'hôtel Saint-Quentin pour emménager dans le jeu de paume de la rue Verderet (no 4), afin de se rapprocher de l'hôtel particulier des Dupin-Francueil, rue de la Plâtrière.
En 1745, Rousseau écrit à Roguin d'être décidé à « s'emprisonner » à l'Hôtel Saint-Quentin pour y finir « un ouvrage »[5] et confiera ultérieurement dans Les Confessions « Je repris le travail de mon opéra[6], que j'avais interrompu pour aller à Venise, et, pour m'y livrer plus tranquillement, après le départ d'Altuna, je retournai loger à mon ancien hôtel Saint-Quentin, qui, dans un quartier solitaire et peu loin du Luxembourg, m'était plus commode pour travailler à mon aise, que la bruyante rue St.-Honoré[7]. » C'est alors qu'il fit la connaissance de Thérèse Le Vasseur, lingère à l'hôtel Saint-Quentin, sa future maîtresse et épouse.
Références
[modifier | modifier le code]- Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 42e quartier « Sorbonne », îlots nos 13 et 14, cote F/31/93/50, îlot no 16 bis, cote F/31/93/55.
- Félix et Louis Lazare : Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments 2e édition, Bureau de la Revue municipale, Paris, 1855, p. 297, (voir en ligne.
- Jean-Baptiste Gresset (1709-1777), poète et dramaturge français d'origine picarde avait occupé, vers 1736, un modeste réduit à l'Hôtel Saint-Quentin.
- Jean-Jacques Rousseau : Les Confessions, Livre VII (1741) In Œuvres complètes de Jean-Jaques Rousseau, tome 1, Alexandre Houssiaux, Paris, 1853, p. 145 (voir en ligne).
- Correspondance complète de Jean-Jacques Rousseau, établie et annotée par R.A. Leigh (Voltaire Foundation), La Pleiade, tome II, pp. 84-85.
- Il s'agit de l'opéra Les Muses galantes.
- Jean-Jacques Rousseau : Les Confessions, op. cité, p. 249.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de Minuit.
- Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.
- Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris, 1817.