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Damasquinage

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Or damasquiné pour en faire un élément décoratif sur un acier de Tolède.

Le damasquinage (de damaschino, mot italien dérivé de Damas) est une technique de décoration qui consiste à enchâsser un fil de cuivre, d'or ou d'argent sur une surface métallique, généralement en fer ou en acier, et plus anciennement en bronze, afin de créer différents motifs décoratifs et ornementaux. Le résultat de cette incrustation est appelé une damasquinure et l'artisan réalisant ces incrustations est un damasquineur. Ce type de décoration est très courant dans l'art médiéval.

Le dessin, une fois arrêté à la pointe ou à l'eau-forte, est creusé à bords vifs. La surface que l'on veut damasquiner est donc préalablement gravée puis, dans le profil ainsi créé, on introduit un fil en le martelant du centre vers les bords de telle manière que ces derniers se rabaissent sur lui et l'enchâssent. La pièce est terminée avec une lime douce et polie.

Par régions géographiques

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Cet art est connu en Europe depuis la plus haute Antiquité, dans un premier temps par l'application d'or et d'argent sur du bronze dès l'âge du bronze au IIe millénaire av. J.-C. Le disque de Nebra montre une forme encore primitive de ces incrustations. On peut aussi mentionner un certain nombre d'épées mycéniennes en bronze damasquinées avec des scènes diverses en or et argent de très belle facture, découvertes en Grèce.

Ensuite, les supports de cet art seront le plus souvent en fer ou en acier, de l'âge du fer au haut Moyen Âge et jusqu'à l'ère moderne. Mais les objets ferreux rouillent et conservent très rarement ce type de décor peu épais à travers les siècles.

Au milieu du XIXe siècle, Eusebio Zuloaga, après avoir vu des armures au Musée royal de Madrid[réf. nécessaire], a introduit la technique du damasquinage dans le village d'Éibar, à Guipúzcoa, qui n'était alors qu'un village[réf. nécessaire].

La technique subsiste encore aujourd'hui en Espagne à Eibar[1].

Cet art a été très pratiqué dans l'Antiquité tardive en Gaule et à l'époque mérovingienne. Jean-Baptiste Dubos écrivait[2] :

« Il y avoit alors dans les Gaules six atteliers où l'on forgeoit et fabriquoit toutes sortes d'armes et de machines de guerre. Dans trois autres on travailloit en damasquineure. Cet art qui est aujourd'hui de peu d'usage, étoit alors en grande vogue, soit pour orner les armes, principalement les défensives, dont tout le monde, jusqu'au simple soldat, se couvroit, soit pour embellir les vases et les ustenciles de cuivre ou d'argent destinés au service domestique. »

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

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Les Arabes l'ont beaucoup utilisé, notamment pour la décoration d'armes (comme les fusils et les harnachements utilisés dans les fantasias). Divers objets damasquinés furent abondamment exportés dans le monde occidental.

Aujourd'hui, cet artisanat subsiste notamment à Meknès au Maroc, où les artisans qui font perdurer le métier sont encore en activité et font des tournées dans le monde pour faire connaître leur art[3].

En Extrême-Orient

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L'incrustation d'or et d'argent a été pratiquée dès l'Antiquité dans le bronze, en particulier dans l'art chinois à partir de la période des Royaumes combattants afin de transposer dans le métal les effets graphiques que proposait l'art de la laque, en vogue à cette époque.

Notes et références

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  1. https://www.eibar.eus/es/eibar/turismo/arte-tradicional-eibarres/damasquinado
  2. Jean-Baptiste Dubos, Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, livre 1, chapitre 7.
  3. Lonely Planet, Maroc, Place des éditeurs, 522 p. (ISBN 978-2-8161-4288-4, lire en ligne).

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Bibliographie

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  • Albert France-Lanord et Édouard Salin, « L'art de la damasquinure sur fer en Gaule mérovingienne », Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, De Boccard, vol. 86, no 2,‎ , p. 157-167 (ISSN 0065-0536, lire en ligne).
  • Paul Anossov, « Mémoire sur l’acier damassé », Annuaire du Journal des mines de Russie,‎ , p. 192-236.

Articles connexes

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Liens externes

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