Affaire Brahim Bouraam
Affaire Brahim Bouraam | |
Fait reproché | Homicide |
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Chefs d'accusation | Meurtre |
Pays | France |
Ville | Paris |
Date | |
Nombre de victimes | un mort, Brahim Bouraam |
Jugement | |
Statut | Affaire jugée |
Tribunal | Cour d'assises de Paris |
Date du jugement | |
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L'affaire Brahim Bouraam (dans certaines sources, Bouaram) est le meurtre d'un Marocain à Paris par un militant d'extrême droite, entre les deux tours de l'élection présidentielle de 1995. Une plaque commémorative est apposée sur les lieux du drame, en 2003.
Histoire
[modifier | modifier le code]Le , à proximité du pont du Carrousel à Paris, Brahim Bouraam, un sujet marocain, est poussé dans la Seine par un manifestant en marge[1] du défilé annuel du Front national en l'honneur de Jeanne d'Arc[2]. Le fleuve est en crue et le courant assez fort[3] ; ne sachant pas nager, il se noie[4]. Il a 29 ans et est père de deux enfants[2]. L'agression n'est pas seulement guidée par des motifs racistes, mais aussi homophobes. Elle a lieu à un endroit des quais de Seine connu pour être un lieu de rencontres homosexuelles, et un des militants, avant de s'y rendre, crie « menaces sidaïques »[1] en direction des passants qui y déambulent[5].
Jean-Marie Le Pen, qui qualifie l'évènement d'« accident », déclare peu de temps après : « Je regrette qu'un malheureux se soit noyé, mais dans une agglomération de 10 millions d'habitants, ce genre de fait divers peut toujours se produire, ou même être créé à volonté »[6]. Le président du Front national y voit également une manipulation des médias et une provocation à l'égard de son parti[7].
Le président de la République François Mitterrand vient alors se recueillir sur les berges de la Seine, à la verticale du pont du Carrousel, à l'endroit précis où Brahim Bouraam a été jeté dans le fleuve[8], le au cours d'une manifestation regroupant 12 000 personnes[2] entre les deux tours de l'élection présidentielle.
L'accusé principal Mickaël Fréminet, âgé de 19 ans au moment des faits[2], est condamné le par la Cour d'assises de Paris à huit ans de prison ferme pour meurtre[9]. La cour condamne également Christophe Calame (militant de L'Œuvre française), David Halbin (cuisinier, adhérent au FN)[2] et David Parent à cinq ans de prison dont quatre avec sursis, pour non-assistance à personne en danger[10].
Commémorations
[modifier | modifier le code]En 2003, le maire de Paris Bertrand Delanoë, au nom des citoyens parisiens, honore sa mémoire et celle de toutes les victimes du racisme par la pose d'une plaque commémorative[4] sur le quai rive droite, en amont du pont.
Le , également entre les deux tours de l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron se rendent sur le pont, en hommage à Brahim Bouraam. Cette cérémonie a lieu en présence du fils de Brahim Bouraam, et de Bertrand Delanoë[11],[12].
Le , la maire de Paris, Anne Hidalgo, et le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, au nom du président Macron, ont déposé une gerbe en hommage à Brahim Bouraam[13]. Elle réitère cette commémoration le en 2021[14], ainsi que le .
Musique
[modifier | modifier le code]Le groupe Zebda a écrit une chanson sur ce sujet : Le pont du Carrousel, se trouvant sur le single Tomber la chemise (1999).
Le groupe Wriggles mentionne l'affaire Brahim Bouraam dans sa chanson Plouf, partie de l'album Justice avec des saucisses.
Anne Sylvestre dénonce ce meurtre dans sa chanson Prudence.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Dominique Simonnot, « Fréminet, une “bonne poire” entourée de skins. Il est jugé pour le meurtre de Brahim Bouraam, en marge d'un défilé FN », Libération, (lire en ligne).
- Karen Saranga, « Le jeune homme qui suivait le FN », L'Express, no 2443, , p. 24 (lire en ligne).
- Dominique Simonnot, « Un témoin surprise accable l'accusé », Libération, (lire en ligne).
- Ludovic Tomas, « Une plaque pour Brahim Bouarram », L'Humanité, (lire en ligne).
- Fiammetta Venner, Extrême France : Les mouvements frontistes, nationaux-radicaux, royalistes, catholiques traditionalistes et provie, Paris, Grasset, , 518 p. (ISBN 978-2-246-66601-1).
- Jean-Marie Pottier, « Il y a vingt ans mourait Brahim Bouraam, poussé à la Seine en marge du défilé du 1er mai du FN », sur slate.fr, .
- Farid Aichoune, « Brahim Bouarram, assassiné par l'extrême droite », L'Obs, (lire en ligne).
- Benoît Duquesne, « François Mitterrand se recueille et prononce un discours », dans le journal de 20 heures, sur France 2, 3 mai 1995, reproduit sur le site de l'INA.
- Laure-Anne Berrou, « Huit ans de prison : procès verdict Bouarram », dans Soir 3, sur France 3, 15 mai 1998, reproduit sur le site de l'INA.
- « Le meurtrier de Brahim Bouraam condamné à 8 ans de prison », sur la-croix.com, .
- G. de V. et Mathieu Coache, « Emmanuel Macron a rendu hommage à Brahim Bouarram, assassiné par l’extrême droite », sur BFMTV.com, .
- « Hommage à Brahim Bouarram, tué par les affidés du FN : Macron et Mélenchon présents », sur challenges.fr, (consulté le ).
- « Paris : hommage à Brahim Bouarram, tué en 1995 par des militants d’extrême droite », sur lemonde.fr, .
- « Hommage à Brahim Bouarram, tué il y a vingt-six ans en marge d’un défilé FN », sur www.20minutes.fr (consulté le )