Louis Baraguey d'Hilliers
Louis Baraguey d'Hilliers | ||
Le général Baraguey d'Hilliers. | ||
Naissance | Paris (Royaume de France) |
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Décès | (à 48 ans) Berlin (Royaume de Prusse) |
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Origine | Royaume de France | |
Arme | Infanterie | |
Grade | Général de division | |
Années de service | 1783 – 1812 | |
Conflits | Guerres de la Révolution française Guerres napoléoniennes |
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Distinctions | Grand aigle de la Légion d'honneur Comte de l'Empire |
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Hommages | Arc de triomphe de l'Étoile, 24e colonne « Bey DHILLIERS » | |
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Le comte Louis Baraguey d'Hilliers, né le à Paris et mort le à Berlin, est un général français de la Révolution et de l’Empire.
Il est sans doute l'un des officiers de la Révolution et de l'Empire qui a été le plus souvent cassé, arrêté, emprisonné, jugé et acquitté, jusqu'à sa dernière destitution, à la fin de l'année 1812.
Ancien Régime et Révolution
[modifier | modifier le code]Louis Baraguey d'Hilliers est le fils de Louis Philippe Baraguey d'Hilliers, officier du duc d'Orléans, gendarme de la garde du roi, et de Marie Anne Luce Delahousse de Breteuil. Il est le cousin de Thomas Pierre Baraguey et le père du maréchal Achille Baraguey d'Hilliers.
Il s'engage dans l'armée en 1783 comme cadet au régiment d'Alsace-Infanterie. La Révolution lui fournit l'occasion de monter rapidement en grade : en juillet 1787, il est nommé lieutenant en second ; en mars 1791, lieutenant en premier ; capitaine au 11e bataillon d'infanterie légère en janvier 1792, lieutenant-colonel à l'armée des Alpes en juillet 1792, aide de camp du général Custine, puis du général Alexandre de Beauharnais, et enfin général de brigade le .
Arrêté et emprisonné avec son chef en juillet 1793 à la suite de l'abandon de la ville de Mayence par les Français, il est incarcéré à la prison du Luxembourg et ne doit son salut qu'à la chute de Robespierre. Baraguey d'Hilliers se fait ensuite remarquer en mai 1795 en faisant désarmer les activistes du faubourg Saint-Antoine. Il est de nouveau suspendu de ses fonctions et destitué en pour faute grave dans l'affaire de Vendée, puis traduit en conseil de guerre. Il est finalement acquitté sur intervention de Merlino, ancien membre du Comité de défense générale, alors connu comme le père de l'embrigadement des bataillons de ligne avec les bataillons de volontaires.
Un échange de lettres entre ces deux personnages, qui entretinrent une correspondance très suivie de l'an IV à l'an VII, montre que Merlino lui obtint le par la même occasion sa réintégration dans l'armée et la conservation de son grade de général de brigade[1]. Il est alors envoyé à l'armée des côtes de Cherbourg, puis à celle des côtes de l'Océan. En 1796, ses rapports avec Hoche s'enveniment. Il rejoint l'armée d'Italie et sert sous Napoléon Bonaparte, s'illustrant en particulier en poursuivant l'armée autrichienne d'Alvinczy qui bat en retraite, ainsi que lors de la prise de Venise, en mai 1797. Le , il a été promu général de division après avoir sollicité de nouveau l'intervention de Merlino. Compromis pour des vols d'objets d'arts, il adresse un dossier en défense à Merlino qui parvient à le faire innocenter en produisant des témoignages de la municipalité de Venise[2].
L'année suivante, il embarque pour l'Égypte. Après la prise de Malte, le , il est renvoyé en France avec les drapeaux pris à l'ennemi. À partir de , il se dit malade et sollicite, mais sans succès, de nouveau Merlino pour obtenir un poste dans la diplomatie[3]. Le , son navire, la frégate La Sensible, est attaqué par la marine britannique. Baraguey d'Hilliers est blessé lors du combat, fait prisonnier, emprisonné à Portsmouth puis libéré sur parole[4]. Rentré en France, il est destitué le en raison du peu de résistance offert par son vaisseau. Il demande alors à passer en conseil de guerre et est à nouveau acquitté[5]. Leur échange de correspondance s'achève en 1799 alors qu'il est chef de l'état-major général de l'Armée du Rhin à Schwetzingen. Cette dernière est des plus curieuses : Baraguey demande à Merlino des nouvelles des Anglais qui l'avaient emprisonné et, comme toujours, ce qui le rend détestable au ministère de la Guerre, critique le général Muller qu'il juge trop vieux et surtout la conduite des armées. Il sollicite également son intervention auprès du Directoire pour se faire remplacer. En 1800, il participe aux batailles d'Engen et de Biberach.
L'Empire, la campagne de Russie et la disgrâce
[modifier | modifier le code]En juin 1804, Baraguey d'Hilliers devient colonel-général des dragons, ce qui fait de lui un grand dignitaire de l'Empire ; au mois d'août suivant, il se bat avec panache à Elchingen avant de devenir commandant de la place d'Ingolstadt.
Il est promu grand aigle de la Légion d'honneur le 13 pluviôse an XIII ()[6].
Il occupe ensuite le Frioul et stationne en Italie orientale de 1806 à 1809. Le , il est fait comte de l'Empire. En 1812, Baraguey d'Hilliers participe à la campagne de Russie et devient gouverneur de Smolensk. Il est ensuite placé à la tête d'une division du IXe corps d'armée de Victor avant d'être très grièvement blessé au cours de la retraite. En novembre, à la suite de graves échecs, il est suspendu de ses fonctions et envoyé à Berlin pour y être jugé par une commission d'enquête.
Il y meurt le , d'une « fièvre inflammatoire et nerveuse » provoquée, semble-t-il, par le chagrin que lui ont causé sa mise en accusation et sa disgrâce.
Grades, honneurs et mentions
[modifier | modifier le code]- Général de brigade :
- Général de division :
- Colonel général des dragons le
- Le nom de Baraguey d'Hilliers est gravé (sous la forme Bey Dhilliers) sur la 24e colonne, côté sud de l’arc de triomphe de l’Étoile, à Paris.
- Son cœur est inhumé dans la 8ème alvéole de la crypte des gouverneurs à Saint Louis des Invalides.
Figure | Blasonnement |
Armes sous l'ancien régime
D'argent, à la bande de gueules, acc. en chef d'une merlette de sable, au chef d'azur, ch. de trois chausse-trapes d'argent. Supports : deux lions regardants. Devise: Fais ce que dois, Advienne que pourra.[7] | |
Armes du comte Baraguey d'Hiliers et de l'Empire (1808)
Écartelé : au I, du quartier des comtes militaires de l'Empire ; au II, d'argent au cheval saillant de sable ; au III, de gueules semé d'étoiles d'argent ; au IV, d'azur à un casque de dragon d'or taré de profil.[8] |
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cette affaire de Vendée a fait l'objet de plusieurs correspondances avec Merlino : le 1er brumaire an IV (23 avril 1795), Baraguey sollicite sa réhabilitation et demande à Merlino d'intervenir auprès de Gauthier (comme Merlino député de l'Ain et membre alors d'un comité de la guerre du Directoire), pour servir de nouveau dans l'armée en joignant, pour sa défense, la lettre d'un témoin. Le 8 il lui adresse des attestations des représentants du peuple Delmas et Laporte et le lendemain de 12 officiers généraux. Le 2 pluviôse an IV (22 janvier 1796), il adresse à Merlino ses observations sur la guerre de Vendée ce qui ne manque pas d'aigrir ses relations avec le général Hoche dont il fait de vives critiques les 28 ventôse an IV (18 mars 1796) et le 3 floréal an IV. Il lui reproche son inaction face à l'état de misère dans lequel se trouve l'armée par la faute du payeur près des armées et de l'administration des impôts.
- Jean-Marie François Merlino intervient entre autres pour mettre un terme à une campagne de presse contre Baraguey (lettre du 12 fructidor an V, 29 août 1797)
- Lettre du 27 floréal an VI, 16 mai 1798 et sa femme intervient également à différentes reprises en sa faveur en prétextant que son mari serait atteint d'une fluxion de poitrine et elle-même enceinte.
- En réalité, cette libération sur parole est acquise grâce au versement d'une rançon, comme le prouve toute une série d'échanges de lettres entre Merlino avec sa mère et son épouse pour savoir comment faire parvenir de l'argent aux Anglais. Il est probable que le Directoire lui en tient alors rigueur même si dans son dossier militaire il lui est seulement reproché d'avoir laissé prendre sa frégate.
- Dans une lettre à Jean-Marie François Merlino du 17 prairial an VII (5 juin 1799), qui avait fait signer une pétition en sa faveur par des représentants du peuple, il lui annonce également l'acquittement de Bourdet, l'ex-capitaine de la frégate.
- Testu, Almanach impérial pour l'année 1810 : présenté à S.M. l'Empereur et Roi par Testu, Paris, Testu, (lire en ligne)
- Armorial de J.B. Rietstap - et ses Compléments
- Source : Armorial du Premier Empire, vicomte Albert Révérend, comte E. Villeroy
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Le dossier militaire de Baraguey d'Hilliers fait l'objet de nombreux cartons au Service historique de la défense à Vincennes et d'une notice très détaillée sur ses différentes campagnes.
- L'association Sine dolo a par ailleurs analysé les correspondances précitées, archives privées demeurées à ce jour inédites, dans Sine dolo, no 3, d', p. 219-242, offrant ainsi un aperçu plus intimiste du personnage et de son milieu familial. Ces échanges de lettres expliquent les raisons pour lesquelles Baraguey fut si souvent mis en accusation. Il avait trouvé en Merlino l'oreille complaisante d'un ancien membre du comité de la guerre avec lequel il confrontait ses vues stratégiques mais assortis de nombreuses critiques sur les questions d'intendance qu'il jugeait déplorables. Merlino est donc souvent intervenu au Directoire en ce sens en utilisant les informations ainsi recueillies. Maintes fois répétées, ces interventions suscitèrent probablement beaucoup d'ennemis à Baraguey.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressource relative à la vie publique :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Général de la Révolution française promu en 1793
- Naissance en août 1764
- Naissance à Paris
- Décès en janvier 1813
- Décès à Berlin
- Comte de l'Empire
- Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile
- Grand-croix de la Légion d'honneur
- Colonel général (France)
- Décès à 48 ans
- Décès dans le royaume de Prusse
- Chef militaire français des guerres napoléoniennes