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Tifinagh

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Tifinagh
Image illustrative de l’article Tifinagh
Tifinagh en néo-tifinagh
Caractéristiques
Type Alphabet consonantique (tifinagh traditionnel)
Alphabet (néo-tifinagh)
Langue(s) Berbère
Historique
Époque VIIe siècle av. J.-C. à nos jours[1]
Système(s) apparenté(s) Écriture libyque
Tifinagh ancien
Codage
Unicode U+2D30 à U+2D7F
ISO 15924 Tfng

Le tifinagh (en néo-tifinagh : ⵜⵉⴼⵉⵏⴰⵖ ; en tifinagh traditionnel : ⵜⴼⵏⵗ ; en alphabet berbère latin : tifinaɣ), est l’écriture utilisée par les Berbères pour écrire leur langue, le tamazight. Elle est dérivée des écritures originelles des langues berbères du Sud algérien et du Niger chez les Touaregs, le libyque initialement désigné sous le terme de numidique — tombée en désuétude pour les langues berbères du Nord dès l'Antiquité — probablement par le biais du tifinagh ancien du Sahara, dont il garde les caractéristiques morphosyntaxiques[2]. Au cours des siècles, l'aire linguistique touarègue (Sahara algérien, libyen, malien et nigérien) est la seule à avoir conservé ce système de codification.

Le tifinagh fait l'objet d'un intérêt particulier pour donner une codification autochtone aux langues berbères du Nord au XXe siècle. Mohand Amokrane Khelifati fait une première tentative de codification du kabyle en tifinagh dans les années 1930. Plus tard, il est adapté et réintroduit par le travail des militants berbéristes de l'Académie berbère comme option d'authenticité de la pérennisation des langues berbères à l'écrit. C'est la naissance du néo-tifinagh. Cet alphabet modernisé est employé depuis les années 1970 par les sphères militantes berbéristes. Les travaux de standardisation sont repris, au Maroc, par l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) qui publie sa version du néo-tifinagh en 2001, basé sur les travaux du linguiste Salem Chaker. Pour accompagner l'officialisation des langues berbères, le néo-tifinagh IRCAM devient l’alphabet de l’amazighe standard marocain. L'attachement au tifinagh tant dans la sphère touarègue que dans les milieux militants le popularise, mais il se heurte à la concurrence d'autres alphabets, arabe et latin, ainsi qu'à la question de sa propre académisation, autour de ses variantes anciennes ou modernes. C'est ainsi que, paradoxalement, certaines initiatives conduisent à introduire les neo-tifinagh kabyles comme solution moderne chez les Touaregs.

Aujourd'hui, le tifinagh originaire de l'Algérie et du Niger a été adopté par le Maroc comme alphabet de l'amazighe standard marocain, langue officielle du pays depuis 2011 au côté de l'arabe. Le tifinagh s'y est généralisé et apparaît partout : institutions, rues, entreprises, télévision, produits de consommation, médicaments, etc. L'alphabet est aussi utilisé chez les berbères du Nord-Ouest libyen pour écrire leur langue. L'Algérie, qui a introduit le tamazight dans la constitution en 2002 comme « langue nationale » puis l'a officialisé en 2016, hésite toujours entre le néo-tifinagh, l’alphabet latin et l'alphabet arabe. Cependant le tifinagh se généralise employé dans la signalisation ou par l'agence de presse officielle : Algérie Presse Service.

Ordre Lettre Translittération
1 A
2 B
3 G
4 D
5
6 E
7 F
8 K
9 H
10
11 Ɛ
12 X
13 Q
14 I
15 J
16 L
17 M
18 N
19 U
20 R
21
22 Ɣ
23 S
24
25 C
26 T
27
28 W
29 Y
30 Z
31
Obélisque numide au musée archéologique de Chemtou (gouvernorat de Jendouba, en Tunisie).

Étymologie

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Le mot « tifinagh » peut se traduire par « notre écriture » en tamacheq, et serait le pluriel du terme « tafineq » qui désigne les caractères d'écriture en tamacheq utilisés par les touaregs[3],[4]. Selon l'ethnologue Jean Servier, le mot « tifinagh » renvoie à une racine FNQ, « rappelant l'alphabet phénicien »[5].

Une étymologie populaire soutient qu'il s'agit d'un mot composé de « tifi », qui signifie « trouvaille » ou « découverte » en berbère, et de l'adjectif possessif « nnegh », qui signifie « notre », donnant ainsi le sens global de « notre trouvaille »[6].

Le tifinagh descendrait du libyque (ancienne écriture libyenne) bien que son évolution exacte ne soit pas claire. Plusieurs signes libyques se retrouvent parmi les tifinagh ayant la même valeur et des formes semblables[4]. Le domaine de l'écriture lybique s'applique au quart nord ouest de l'Afrique, et était désigné initialement sous le terme d'écriture « numidique », terme tombé en désuétude au profit du mot « lybique » pour désigner l'ensemble des écritures proto-berbères[2].

Certains historiens qualifient le libyque d'un emprunt à l'alphabet punique. Par ailleurs, certains ethnologues ont pu isoler au mot tafineq (le singulier du mot tifinagh) une racine « FNƔ » ou « FYNƔ » qui est partagée avec le mot utilisé par les grecs pour désigner les Phéniciens. Toutefois cette supposition ne constitue pas une preuve suffisante selon des auteurs tels que Gabriel Camps [7]. Ce dernier système d'écriture était largement utilisé dans l'antiquité par les locuteurs de langues berbères dans toute l'Afrique et aux îles Canaries. L'origine de l'écriture est incertaine, certains chercheurs suggérant qu'elle est influencée par l'alphabet phénicien[4],[5].

Les écritures libyco-berbères du Nord Sahara et les tifinagh anciens ont précédé les tifinagh utilisés aujourd’hui par les Touaregs qui sont incapables de lire les tifinagh anciens[2].

Dans la culture touarègue sahélienne, l'inventeur mythique du tifinagh est l'ancêtre Anigouran, (parfois orthographié Aniguran ou appelé Amamellen[2]) personnage connu pour sa grande intelligence et auquel sont attribuées plusieurs autres inventions[4].

D'après Slaouti Taklit, professeur de linguistique au département de français de l'université d'Alger, certains signes de l'alphabet libyque remonteraient au capsien et auraient été tout d'abord des symboles religieux qui permettaient de nommer des êtres ou des objets, car donner un nom revient à donner une réalité à ce que l'on nomme, autrement dit une seconde vie[8].

Selon plusieurs linguistes l'alphabet berbère ne serait pas un emprunt à l'alphabet phénicien comme le soutient une hypothèse classique, mais proviendrait d'une émergence endogène qui renvoie à une dynamique socio-culturelle largement interne à la société berbère, approche désormais admise par la majorité des spécialistes[9]. Cette seconde hypothèse pose cependant plusieurs problèmes[10].

L'usage de cet alphabet tifinagh est, en tout cas, attesté par les témoignages rupestres présents dans tout le pays touareg[2].

Tifinagh ancien

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Écritures Tifinaghs anciennes, site des gravures rupestres d'Intédeni près d'Essouk au Mali.

Le tifinagh ancien contient des signes supplémentaires, comme le trait vertical pour noter la voyelle finale /a/.

Les modalités du passage entre le libyque et le tifinagh ancien sont inconnues. On ne sait pas si cet alphabet était contemporain des formes libyques, ni même s'il est comparable à la forme occidentale ou orientale du libyque. La période d'utilisation de cet alphabet, si elle n'est pas établie avec précision, est largement antérieure aux conquêtes musulmanes.

La valeur des signes nous est transmise par le missionnaire Charles de Foucauld.

Tifinagh traditionnel

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Tifinagh traditionnel
Image illustrative de l’article Tifinagh
Entrée à Kidal, ville touareg du Mali, au centre du massif de l'Adrar des Ifoghas. Sur le côté gauche du rocher, Kidal est écrit en caractères tifinaghs : «  kd'l  ».
Caractéristiques
Type Abjad[11]
Langue(s) Touareg
Historique
Époque Antiquité - actuellement
Système(s) parent(s) Libyque saharien

  Tifinagh ancien
  Tifinagh traditionnel

Système(s) dérivé(s) Néo-tifinagh

Le tifinagh traditionnel des Touaregs, garde les caractéristiques morphosyntaxiques du tifinagh ancien[2]. Il existe au sein du tifinagh traditionnel utilisé par les Touaregs quelques divergences des valeurs des signes qui correspondent aux variations dialectales touarègues. Si d'une région à une autre, la forme et le nombre des signes peuvent changer, les textes restent en général mutuellement intelligibles car la plupart des différences graphiques suivent la logique des variations phonétiques dialectales.

Les linguistes distinguent quelques sous-variantes de cet alphabet : celui de l'Ahaggar (Algérie), de Ghat (Libye), de l'Aïr (Niger), de l'Azawagh (Niger/Mali) et de l'Adghagh (Mali)[2]. En dehors de ces zones touaregs, tout usage des alphabets de la famille des alphabets lybico-berbères ou tifinagh a disparu en Afrique du Nord, à la faveur de l'introduction des alphabets latins ou arabes[2].

Particularités

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L'innovation la plus frappante est la ligature à dernière consonne /t/ ou à première consonne /n/.

Comme le saharien, le tifinagh touarègue dispose d'un signe ⴰ /ʔ/ pour noter les voyelles finales appelées tighratin (masc. tighrit).

  • Les voyelles /i/ et /u/ (ou /o/) sont notées par les signes correspondant aux /y/ et /w/ c'est-à-dire ⵉ et ⵓ (de façon comparable aux lettres yod et waw de l'hébreu ou de l'arabe).
  • Les voyelles, qui sont au nombre de trois en berbère (/a/ ; /i/ ; /u/), ne sont notées qu'en fin de mots ainsi pour les mots ciel (aǧenna) on n'aura pas ⴰⴶⵏⵏⴰ mais ⴶⵏⴰ
  • La gémination n'est pas notée, deux mêmes caractères côte à côte se font entendre deux fois
  • Les autres dialectes l'emploient pour toutes les voyelles finales et, selon Charles de Foucauld, pour toutes les voyelles initiales sans distinction (le signe a alors la valeur de consonne glottale, mais phonétiquement peu ou pas marquée ; en cas de besoin, des diacritiques arabes peuvent compléter le signe pour expliciter la voyelle initiale représentée).

Les lettres sont épelées de différentes façons suivant les régions :

  • dans le Ghat, la prononciation suit le modèle « ya-valeur consonantique ». Par exemple, /b/ se lit « yab », /d/ « yad », etc. ;
  • dans l'Ayer et chez les Iwelmaden, ce sera plutôt « e-valeur consonantique redoublée » : /b/ « ebba » ; /d/ : « edda », etc. ;
  • une légère variation dans le sud colore « ebba » en « abba ».

Parmi les tribus maraboutiques de la région de Tombouctou, on a relevé l'emploi des diacritiques arabes pour noter les voyelles brèves.

À part quelques rares utilisations pour la notation de textes longs, les tifinaghs traditionnels ont souvent été utilisés pour des inscriptions sur des objets (bijoux, armes, tapis, etc.), pour des déclarations amoureuses et pour des épitaphes. Toute transcription commence par la formule « awa nekk [Untel] innân  », c’est-à-dire « c'est moi [Untel] qui ai dit ».

Depuis peu, les tifinaghs sont utilisés comme support pédagogique pour la campagne contre l'analphabétisme.

Il n'y a pas d'ordre pour énoncer les lettres de l'alphabet. Mais une formule mnémotechnique, citée par Foucauld (1920), contient toutes les lettres ou presque : « awa näk, Fadîmata ult Ughnis, aghebbir-nnit ur itweddis, taggalt-nnit märaw iyesân d sedîs. » (« C'est moi, Fadimata, fille d'Oughnis : sa hanche ne se touche pas, sa dot est de seize chevaux. »).

Calligraphie

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Il existe une écriture cursive tifinagh, de laquelle dérive une caligraphie proposée par Hawad, poète et artiste touareg du Niger[2]. Plus tard, d'autres artistes proposent des caligraphies comme Moulid Nidouissadam, un calligraphe marocain[12].

Néo-tifinagh

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Néo-tifinagh
Image illustrative de l’article Tifinagh
Exemple d'écriture Néo-Tifinagh sur un panneau routier, au Maroc.
Caractéristiques
Type Alphabet
Langue(s) Langues berbères
Historique
Époque 1970 - actuellement
Système(s) parent(s) Libyque

  Tifinagh traditionnel
  Néo-tifinagh

Codage
Unicode U+2D30 à U+2D7F
ISO 15924 Tfng
Facebook en amazighe standard marocain utilisant l'alphabet néo-Tifinagh.
Wikipédia en tachelhit utilisant l'alphabet néo-Tifinagh.
L’alphabet tifinagh-IRCAM comprend trente-et-une lettres de base, ainsi que deux lettres composées chacune d'une lettre de base suivie du signe de labialisation.

L'écriture des langues berbères du Nord a été souvent l'otage de l'ethnologie coloniale employant des descriptions phonétiques en alphabet latin. Durant les années 1930-1940 les travaux de Mohand Amokrane Khelifati proposent déjà un passage du kabyle à l'écrit par le biais du tifinagh, mais sans lendemain[13].

Le tifinagh et divers éléments du touareg sont employés pour « re-berbériser » les langues berbères du Nord[14]. Les militants de la culture berbère font la promotion du retour à cet alphabet : à la fin des années 1960, une association culturelle, l'Académie berbère, fondée par Mohand Arab Bessaoud[15]. Elle effectue des travaux dans le but d'établir un alphabet standard sur la base des tifinagh touarègues, afin de le faire revivre et de pouvoir transcrire l'ensemble des variantes locales des langues berbères du Nord[14]. Les militants berbéristes en font usage dans les années 1970 puis 1980, notamment à la suite du Printemps berbère. Les universitaires ne suivent pas ce mouvement, et proposent soit la graphie latine ou arabe pour transcrire les langues berbères. Le tifinagh ne s'impose que dans les années 1990, comme option incontournable, fort de son caractère « authentique » et « indépendant des cultures étrangères »[14].

Salem Chaker, professeur à l'INALCO, proposa une révision de cet alphabet[16]. D'autres systèmes issus des tifinagh des militants de l'Académie berbère[17] ont été proposés par l'association Afus Deg Wfus (Roubaix), la revue Tifinagh (Maroc), par le logiciel d'Arabia Ware Benelux et l'IRCAM, et sont relativement similaires.

En dehors de l'aire linguistique touarègue, le tifinagh est introduit dans la sphère publique lors du printemps berbère, par le phénomène du « barbouillage » des panneaux : les indications en arabe sont remplacées par des indications en tifinagh[18] et l'association Afus Deg Wfus propose la première version du tifinagh informatisé[19]. La création du HCA (Haut Comissariat à l'amazighité) algérien en 1994 ne permet pas de départir la question de la graphie (tifinagh, latine ou arabe), même si elle prétend en faire la promotion[20]. L’institutionnalisation du tifinagh connaît un essor avec l'officialisation, au Maroc, de la langue berbère et sa transcription en tifinagh et la normativité introduite par l'IRCAM (Institut royal de la culture amazighe) qui édite sa norme en 2001 en se basant sur l'alphabet proposé par l'universitaire kabyle Salem Chaker. En Algérie, l'usage du tifinagh fait son chemin : l'agence de presse officielle possède une version de sa page en tifinagh (avec des publications en général dans la variantes kabyle) et le touareg emploie quasi-exclusivement les tifinagh ancestraux alors que le kabyle est partagé entre tifinagh et latin, bien que les panneaux emploient quasi-exclusivement le tifinagh, sans doute pour sa portée symbolique[21][réf. non conforme].

Au Niger, de décembre 2001 à mars 2002, un comité de linguistes spécialistes du tamajaq ont proposé des adaptations des caractères pour faire la synthèse des caractères divergeant de l’Aïr et de l’Azawagh, pour la notation des voyelles ou des consonnes /v/ et /p/, pour la notation des consonnes emphatiques (avec un point souscrit : ⴹ̣ ⵍ̣ ⵜ̣ ⵙ̣ ⵣ̣) ou les voyelles portant un signe diacritique[22].

Normalisation internationale (Unicode)

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Avant la normalisation Unicode, le tifinagh n'était pris en charge que par un codage compatible Windows ANSI remplaçant dans d'anciennes polices de caractères (aujourd'hui obsolètes) les lettres de l’alphabet latin de base (dans cet ancien codage pris en charge par un utilitaire de conversion pour Windows fourni gratuitement par l'IRCAM, seule une partie du tifinagh de base était représenté, et aucune différence n'est faite entre les lettres latines majuscules et minuscules pour représenter les autres lettres tifinaghs manquantes) :

Lettre Tifinagh Lettre Équivalente

Majuscule

Lettre Équivalente

Minuscule

Ordre
A a 01
B b 02
C c 03
D d 04
E e 05
F f 06
G g 07
H h 08
I i 09
J j 10
K k 11
L l 12
M m 13
N n 14
Ɛ ɛ 15
16
Q q 17
R r 18
ⵙ / ⵚ S s 19
T t 20
U u 21
V v 22
W w 23
X x 24
Y y 25
Z z 26
  • Le signe de labialisation n'était pas représenté explicitement mais pouvait être marqué par le guillemet double ASCII (") ou un autre signe similaire comme l'apostrophe ASCII ('), le symbole accent grave ASCII (`), le symbole accent circonflexe ASCII (^), ou encore par la mise en style exposant du W=ⵡ (dans les documents où ce style était possible).
  • Un tel codage peut encore être utilisé comme méthode de saisie sur un clavier latin standard mais il ne constitue pas une bonne translittération latine des lettres tifinaghs. En effet concernant l'alphabet de base de l'IRCAM, il y manque les 5 lettres géminées /ḍ/, /ṛ/, /ṣ/, /ṭ/, /ẓ/ (pour la méthode de saisie, il peut être nécessaire d'utiliser une touche supplémentaire) ; et la représentation P=ⵃ (par exemple) est trop éloignée de sa valeur phonétique du /ḥ/ géminé, de même que la représentation V=ⵖ du /ɣ/ (gh) dont la similitude de la lettre latine est seulement graphique avec la lettre tifinagh (et le symbole gamma latin de l'API), ainsi que la représentation de O= ⵄ du /ɛ/.

À compter de la version 4.1.0 de la norme Unicode, les caractères tifinaghs sont codés dans la plage U+2D30 à U+2D7F. La norme définit 55 caractères, mais nombre de caractères n'en font pas partie[23].

Représentation Unicode des glyphes (de gauche à droite)
Code +0 +1 +2 +3 +4 +5 +6 +7 +8 +9 +A +B +C +D +E +F
U+2D30
U+2D40
U+2D50
U+2D60              
U+2D70                            

Voici un tableau comparatif entre les glyphes des lettres tifinaghes (ici dans leurs variantes non calligraphiques, dites « capitales carrées » telles que présentées sur les anciennes inscriptions lithographiées et dans les tables de caractères des normes Unicode et ISO 10646) et les translittérations en caractères latins et arabes. De nombreux autres styles existent pour ces lettres (de façon similaire aux styles des lettres latines) y compris des versions grasses, italiques (« cursives », jointives ou non), « minuscules » (avec jambages), avec ou sans empattement (serif), avec fûts fixes (imitant l'écriture avec un crayon à tête ronde) ou en pleins et déliés (imitant le tracé à la plume ou au pinceau), des formes artistiques et décoratives (inspirées des styles calligraphiques arabes ou latins) ; ainsi que des formes didactiques (à usage scolaire pour l'apprentissage de l'écriture manuscrite et la reconnaissance des formes et de l'ordre de dessin des traits). Il existe également divers autres œils traditionnels (actuellement encore non normalisés) des mêmes lettres, propres à certains dialectes amazighes ou régions linguistiques (par exemple tournées, ou en miroir pour une écriture de droite à gauche). Les formes ci-dessous sont présentées dans une direction d'écriture de gauche à droite.

Codes couleur
Couleur Signification
  Tifinagh de base selon l'IRCAM[24],[25]
  Tifinagh étendu (IRCAM)
  Autres lettres tifinaghs
  Lettres Touareg modernes

Lettres simples (et lettres modifiées)

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Code Glyphe Codage Translittération Nom
Unicode
(recommandé)
« ANSI »
(déprécié)
latine API arabe
U+2D30 A a a ا ya
U+2D31 B b b ب yab
U+2D32 bh β ب
ڤ
ڥ
yabh
U+2D33 G g ɡ ݣ
ڨ
yag
U+2D34 ghh ɣ غ yaghh
U+2D35 Ǧ dj d͡ʒ ج yadj (Académie berbère)
U+2D36 yadj
U+2D37 D d d د yad
U+2D38 dh ð ذ yadh
U+2D39 dd ض yadd
U+2D3A ddh ðˤ ظ yaddh
U+2D3B E è, ey ə yè, yey
U+2D3C F f f ف
ڢ
yaf
U+2D3D K k k ك yak
U+2D3E yak touareg
U+2D3F ⴿ khh x ك yakhh
U+2D40 H h
b
h
b
ه
ب
yah
= yab touareg
U+2D41 H h h ه yah (Académie berbère)
U+2D42 yah touareg
U+2D43 hh ħ ح yahh
U+2D44 Σ ʿ ʕ ع yaʿ
U+2D45 X kh x خ yakh
U+2D46 yakh touareg
U+2D47 Q q q ق
ڧ
yaq
U+2D48 yaq touareg
U+2D49 I i i ي
ِ
yi
U+2D4A J j ʒ ج
ژ
yaj
U+2D4B yaj de l'Ahaggar
U+2D4C yaj touareg
U+2D4D L l l ل yal
U+2D4E M m m م yam
U+2D4F N n n ن yan
U+2D50 ny ɲ ني
ݧ
yagn touareg
U+2D51 ng ŋ نڭ
ڨ
yang touareg
U+2D52 P p p پ yap
U+2D53 U u
w
u
w
و
ۉ
you
= yaw touareg
U+2D54 R r r ر yar
U+2D55 rr ڑ
ڕ
yarr
U+2D56 V gh ɣ غ yagh
U+2D57 yagh touareg
U+2D58 gh
dj
ɣ
d͡ʒ

ʒ

غ
ج
yagh de l'Aïr
= yadj de l'Adrar
U+2D59 S s s س yas
U+2D5A ss ص yass
U+2D5B C sh ʃ ش yach
U+2D5C T t t ت yat
U+2D5D th θ ث yath
U+2D5E ch t͡ʃ چ
ڜ
تش
yatch
U+2D5F tt ط yatt
U+2D60 v v ڥ
ب
ڤ
yav
U+2D61 W w w و yaw
U+2D62 Y y j ي yay
U+2D63 Z z z ز yaz
U+2D64 yaz (Tawellemet)
= yaz harpon
U+2D65 zz ‍ڞ
yazz
U+2D66 é e yé (APT, Niger)
U+2D67 o o yo (APT)
U+2D6F   º ʷ ʷ ‍ ۥ lettre modificative de labialisation
= tamatart
≈ <exp> 2D61 ⵡ[26]
U+2D70 séparateur
= tazarast
U+2D7F ⵿ liant de consonnes[27]


Digrammes (ligatures possibles)

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Code Glyphe Codage Translittération Nom
Unicode
(recommandé)
« ANSI »
(déprécié)
latine API arabe
U+2D33 U+2D6F ⴳⵯ gw گۥ yagw
U+2D37 U+2D63 ⴷⵣ DZ dz d͡z دز yadz
U+2D5C U+2D59 ⵜⵙ TS ts t͡s تس yats
U+2D3D U+2D6F ⴽⵯ kw كۥ yakw
U+2D37 U+2D4A ⴷⵊ DJ dj d͡ʒ دج yadj
U+2D5C U+2D5B ⵜⵛ TC tch t͡ʃ تش yatch


Exemples de textes en tifinagh

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  • ⵎⴰⴷⵢⵔⵜⵓⵍⴰⵎ madertulam soit : comment allez vous ?
  • Azul fellawen !, soit « Bonjour »[28] ou « Salut ! »[29] en s'adressant à un groupe : « ⴰⵣⵓⵍ, ⴼⵍⵍⴰⵡⵏ ! » (dans le style par défaut), « ⵣⵍⴼⵍⵓⵏ ! » (dans un rendu de style traditionnel : bien que le codage Unicode soit identique, il faut installer la police Hapax Touareg pour le visualiser ici correctement).
  • Chez les touaregs, le mot « Azul » n'existe pas sous cette orthographe. Les Imuhagh disent « Ahul ». Le mot se retrouve en zenaga sous la forme « Azol » signifiant paix, il est donc analogue au « salam » arabe ou au « shalom » hébraïque. Dans certaines tribus touareg, « Ahul » signifie simplement « Salut ! ».

Écriture cursive

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Un projet d’écriture cursive pour le tifinagh, intitulé « tirra », a été lancé par le graphiste Maha Mouidine à l’École supérieure des arts visuels de Marrakech (ESAV) en octobre 2017[30]. L’Institut royal de la culture amazighe travaillerait depuis les années 2000 sur l’élaboration d’une cursive du néo-tifinagh, qu’il a développée, pour l’amazighe standard marocain[31].

Notes et références

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  1. « Rock Art Studies - News of the World Volume 3 »
  2. a b c d e f g h et i G. Camps, H. Claudot-Hawad, S. Chaker et D. Abrous, « Écriture », Encyclopédie berbère, no 17,‎ , p. 2564–2585 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.2125, lire en ligne, consulté le )
  3. Dominique Casajus, « Déchiffrages. Quelques réflexions sur l’écriture libyco-berbère », Afriques. Débats, méthodes et terrains d’histoire,‎ (ISSN 2108-6796, lire en ligne, consulté le )
  4. a b c et d Dominique Casajus, « Écritures ordinaires en pays touareg », L’Homme. Revue française d’anthropologie, no 201,‎ , p. 31–54 (ISSN 0439-4216, DOI 10.4000/lhomme.22929, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b Jean Servier, Les Berbères, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », no 718, Paris, 2003, 4e édition, (ISBN 2 13 053170 9), p. 31.
  6. Revue Aſus Deg Wfus, Académie Berbère du Nord, Comité de Roubaix (lire en ligne [PDF]).
  7. S. Chaker, « Libyque : écriture et langue », Encyclopédie berbère, nos 28-29,‎ , p. 4395–4409 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.344, lire en ligne, consulté le )
  8. Mebarek Slaouti Taklit, L'alphabet latin serait-il d'origine berbère ?, Paris, Editions L'Harmattan, , 354 p. (ISBN 978-2747565356), p. 106-108
  9. Libyque : écriture et langue. La question de l’origine (lire en ligne)
  10. Voir Le Quellec, 2011; Casajus 2011.
  11. E. Buckley (UPenn), "Tifinagh and consonantal writing systems", LSA Meeting Extended Abstracts 2010
  12. « De la calligraphie en Tifinagh », sur Yabiladi,
  13. Chérif Sini, « La promotion du berbère en Algérie », Cahiers d’études africaines, no 219,‎ , p. 445–466 (ISSN 0008-0055, DOI 10.4000/etudesafricaines.18183, lire en ligne, consulté le ).
  14. a b et c Hélène Claudot-Hawad, « Les tifinagh comme écriture du détournement », Études et documents berbères, no 23,‎ , p. 5 (lire en ligne, consulté le ).
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  17. Salem Chaker, « Écriture berbère : libyque et tifinagh », sur Centre de recherche berbère de l'Inalco (consulté le ) : « Il est d’ailleurs amusant de constater que plus de 30 années après leur mise en circulation par des militants radicaux kabyles, l’institution marocaine adopte ces « néo-tifinagh » comme alphabet officiel du berbère (décision de l’Institut [r]oyal pour la [c]ulture [a]mazig[he]) : les précurseurs de l’"Académie berbère" de Paris n’espéraient certainement pas un tel succès[ !] »
  18. Malika Sabri, « Le barbouillage des panneaux de signalisation en Kabylie : un moyen de revendication linguistique et identitaire. », Université de Tizi Ouzou,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. Juan Luis Blanco, « Tifinagh & the IRCAM, Explorations in Cursiveness and Bicamelarism in the Tifinagh script », Dissertation submitted in partial fulilment of the requirements for the Master of Arts in Typeface Design, University of Reading. September 2014,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Fatiha CHOUIREF, « L’État algérien face aux Amazighs : bilan et perspectives de la gestion d’une revendication culturelle et linguistique politisée », Communication Congrès,‎ (lire en ligne).
  21. Nadia Berdous, La question du kabyle en Algérie. Individuation sociolinguistique et processus d’élaboration didactique (Thèse de doctorat en culture et langue régionales), Université Pascal Paoli, , 336 p. (lire en ligne), p. 150 ; 179-180.
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  24. « Polices et Claviers Unicode », sur Institut royal de la culture amazighe (consulté le ).
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  26. Certaines lettres de base de l’alphabet IRCAM sont représentées en Unicode par une consonne de base suivie du signe de labialisation. Bien que le signe soit représenté en Unicode comme une « lettre modificative » qui s’inscrit dans son propre espacement entre deux autres caractères, il peut être rendu dans certains styles modernisés ou calligraphiques comme un signe diacritique au-dessus de leur approche normale, voire uniquement au-dessus de la lettre modifiée à la manière d'un accent latin, sans augmenter l’approche entre les deux caractères de base encadrant le signe.
  27. Le liant de consonne est en Unicode un caractère de « contrôle de format » indique la suppression d’une voyelle inhérente, un peu à la manière du signe diacritique virama des alphasyllabaires dérivés de l’écriture brahmique (comme la devanagari). Il fonctionne alors pour indiquer que les caractères précédent et suivant font partie d'un groupe de plusieurs consonnes ; la forme représentée dans la table (ici un signe plus souscrit) est arbitraire et n'est habituellement pas rendue visiblement (mais un signe peut être rendu si la variante linguistique utilisée peut être déterminée, et le caractère de contrôle permet de savoir quand et comment faire le rendu de signes diacritiques optionnels, non explicitement codés dans le texte, pour lire correctement les voyelles).
    Cependant, le tifinagh est un abjad sémitique et non un alphasyllabaire brahmique (qui dispose d'un système complet et explicite de notation des voyelles) : il utilise dans certaines orthographes des consonnes comme s’il s'agissait de voyelles, là où c’est la consonne phonétique qui est implicitement supprimée pour n'en garder que la valeur phonétique de la voyelle associée (comme dans les autres abjads sémitiques, par exemple le waw et le yod de l'hébreu). Le caractère de contrôle du liant de consonne peut alors aider à lever l’ambiguïté entre les deux lectures possibles de ces lettres : quand il est absent après ces semi-voyelles, la lettre a valeur de voyelle seule ; quand il est présent après ces semi-voyelles, la lettre modifiée par ce caractère de contrôle ne peut avoir que la valeur de consonne seule (ce qui peut aider également à lever des ambiguïtés pour des recherches phonétiques dans un texte codé ou pour affiner un tri alphabétique).
  28. Mena Lafkioui et Daniela Merolla, Oralité et nouvelles dimensions de l'oralité: intersections théoriques et comparaisons des matériaux dans les études africaines, Publications Langues O', (ISBN 978-2-85831-175-0, lire en ligne)
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  31. Mohamed Lguensat, Aménagement graphique de tifinaghe, Institut royal de la culture amazighe.

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Bibliographie

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  • (en + fr) Patrick Andries, Proposal to add the Tifinagh Script = Proposition d’ajouter l’écriture tifinaghe (no L2/04-142r, N2739r), (lire en ligne)
  • (en) Juan Luis Blanco, Tifinagh & the IRCAM : Explorations in Cursiveness and Bicamelarism in the Tifinagh script (Master of Arts in Typeface Design), University of Reading, (lire en ligne)
  • Dominique Casajus, L’alphabet touareg : Histoire d’un vieil alphabet africain, Paris, CNRS Éditions, (présentation en ligne)
  • Hélène Claudot-Hawad, « Les Touaregs ou la résistance d’une culture nomade », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, no 51,‎ , p. 63-73 (lire en ligne)
  • Chantal Enguehard, Soumana Kané, Mathieu Mangeot, Issouf Modi et Mamadou Lamine Sanogo, « Vers l’informatisation de quelques langues d’Afrique de l’Ouest », dans JEP-TALN-RECITAL 2012, Atelier TALAf 2012: Traitement Automatique des Langues Africaines, Grenoble, 4 au 8 juin 2012, (lire en ligne), p. 27-40
  • Théodore Monod, L’Adrar Ahnet : Contribution à l’étude archéologique d’un district saharien, , p. 135-139
  • (en) Werner Pichler, Origin and Development of the Libyco-Berber Script, Cologne, Rüdiger Köppe Verlag,
  • Stéphanie Pouessel, « Écrire la langue berbère au royaume de Mohamed VI : Les enjeux politiques et identitaires du tifinagh au Maroc », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, no 123,‎ , p. 227-252 (lire en ligne)
  • Maurice Reygasse, Contribution à l’étude des gravures rupestres et inscriptions tifinagh du Sahara central, Alger, J. Carbonel, , 98 p.
  • « Écriture libyco-berbère », dans Anne Zali et Annie Berthier, L’aventure des écritures, Bibliothèque nationale de France & Réunion des musées nationaux,
  • Royaume du Maroc, Institut royal de la culture amazighe, Centre des Études informatiques, des systèmes d’information et de communication, Présentation de la nouvelle gamme de polices tifinaghe IRCAM, CEISIC, IRCAM, (lire en ligne)

Articles connexes

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Liens externes

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