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Pierre Molinier

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Pierre Molinier
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Pierre Molinier, né le à Agen et mort le à Bordeaux[1], est un photographe, un peintre et un poète français.

Il est surtout connu pour ses tableaux érotiques et pour ses photomontages, mises en scène de son propre corps et autoportraits travestis, où s'expriment son culte de l'androgynie[2] et son fétichisme des jambes[3].

Son œuvre singulière et énigmatique a influencé, au début des années 1970, les artistes européens et nord-américains du body art, et continue de retenir l'attention des artistes, des critiques et des collectionneurs d'aujourd'hui.

Jeunesse et formation

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Pierre Molinier naît le 13 avril 1900 à Agen d'un père peintre en bâtiment et décorateur, spécialisé dans le faux marbre et le faux bois, et d'une mère couturière. Sa scolarité se déroule chez les Frères des écoles chrétiennes d'Agen.

À partir de 1913, il entre en apprentissage chez son père pour apprendre le métier de peintre artisan et prend des cours de dessin et de peinture à l'école municipale d'Agen.

En 1919, il s’établit à Bordeaux comme artisan peintre. Il exercera ce métier de peintre en bâtiment jusqu'en 1960.

Il effectue son service militaire de 1920 à 1922.

Passionné par le dessin et la peinture, il pratique la peinture artistique en parallèle.

En 1931, il s'installe dans l'appartement qu'il ne quittera plus, au 7 rue des Faussets, dans le Vieux Bordeaux et épouse Andrea Lafaye le 7 juillet de la même année[4]. Ensemble, ils ont une fille, Françoise, et un fils, Jacques.

En 1944, son père se suicide en absorbant des médicaments. En 1949, sa femme quitte le domicile conjugal.

En 1951, il fait scandale au Salon des Indépendants de Bordeaux en dévoilant Le Grand Combat, une toile érotique composée de corps enlacés. Face au boycott, il la recouvre d'un voile sur lequel il accroche un texte manifeste adressé à ses collègues et aux visiteurs de l'exposition[5].

En 1960, il gifle violemment sa femme, tire des coups de pistolet au-dessus de la tête de son cousin et passe un mois en prison.

Il abandonne alors son activité de peintre en bâtiment pour se consacrer à son œuvre artistique.

En 1961, le divorce demandé par sa femme est prononcé.

Molinier se suicide d'une balle dans la bouche, le 3 mars 1976, vers 19 heures 30[6].

La peinture figurative des débuts

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Des années 1920 à la fin des années 1940, sa peinture est figurative et présente des thèmes classiques : paysages du Lot-et-Garonne, natures mortes, portraits — notamment de sa fille Françoise — et autoportraits. Son travail d'après nature ainsi que sa recherche de structure, de couleur et de lumière dans les paysages le rapprochent de l'impressionnisme, tandis que ses portraits évoquent plutôt l'expressionnisme. Membre de la Société des artistes indépendants bordelais à partir de 1928, il expose régulièrement lors de ses salons.

Rupture et approche des surréalistes

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Fin 1951, lors du XXe Salon des Indépendants bordelais, il présente Le Grand Combat, un tableau mi-abstrait mi-figuratif évoquant des corps contorsionnés et des membres enlacés. Cette peinture jugée indécente sera voilée lors de l'exposition et devient le motif d'une rupture fracassante avec la société bordelaise. (Le Grand Combat, devenu entre-temps la propriété de l'homme politique français Roland Dumas, sera « dévoilé » par Jacques Saraben qui a bien connu Pierre Molinier lors du Soixantenaire des Indépendants bordelais à la galerie du musée des beaux-arts de Bordeaux en 1989.)

Début 1955, Molinier envoie des reproductions de ses tableaux ainsi que des poèmes à André Breton. Celui-ci lui réserve un accueil enthousiaste[7], l'assure de son soutien[8] et propose de l'exposer à Paris[9]. Pierre Molinier expose 18 toiles à la galerie À l'Étoile scellée[10], du au , dont Le Grand Combat, Succube, Comtesse Midralgar, Les dames voilées ; le catalogue est préfacé par Breton.

Par la suite, Molinier compose la couverture du 2e numéro de la revue Le Surréalisme même puis, convié par Breton, expose une toile à la 8e Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme[11] dédiée à Éros.

Membre du groupe surréaliste de 1955 à 1969[12], Pierre Molinier reste cependant en marge du mouvement. Breton prend ses distances après avoir reçu de lui une carte de vœu trop pornographique[réf. souhaitée].

Érotisme et mise en scène du corps précurseurs de l'art corporel

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À partir des années 1960, Pierre Molinier se consacre entièrement à son œuvre plastique et photographique, notamment aux autoportraits par un procédé de photomontage.

Son procédé consiste à prendre des photographies de lui-même apprêté — épilé, maquillé, souvent masqué d'un loup et vêtu de quelques accessoires noirs : guêpière ou corset, gants, bas et escarpins à talons aiguilles, parfois voilette ou résille ou chapeau haut-de-forme — ainsi que des photographies d'amis et des clichés de mannequins, puis à découper les silhouettes ou des éléments de corps et à les recomposer dans une photographie finale du collage, image idéale de lui-même[13].

Pierre Molinier se concentre sur son propre corps et son œuvre se voue entièrement à l'érotisme. En témoignent un court-métrage de Raymond Borde en 1962 (Molinier, 21 min), qui sera projeté publiquement à Bordeaux en 1966 lors du Festival Cinématographique organisé par Alain Natalis et Jean-Pierre Bouyxou (dont l'affiche reproduit l'oeuvre de Pierre Molinier intitulée Le Grand Combat N°2), et un entretien réalisé par Pierre Chaveau en 1972 publié en 2003.

En 1974, Pierre Molinier participe à l'exposition Transformer. Aspekte der Travestie qui a lieu au Kunstmuseum de Lucerne (Suisse). À la suite de cette exposition, il prend contact avec l'artiste Luciano Castelli dont il réalise, à Bordeaux, une série de photographies. L'année suivante, il rencontre Thierry Agullo, un autre jeune artiste qui devient, en même temps qu'un ami intime, le modèle privilégié de deux autres séries : la première sur le thème de l'indécence[14] ; la seconde, sur le thème de l'androgyne, constituée de 60 clichés de Thierry Agullo en Thérèse pris fin [15].

Postérité

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En , Artcurial organise une vente aux enchères de la très importante collection Emmanuelle Arsan de ses œuvres.

Expositions et collections publiques

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Expositions monographiques

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  • Molinier. Peintures, photos et photomontages, Centre Georges-Pompidou, Paris, au
  • Pierre Molinier, 50 photographies et photomontages érotiques, galerie À l'Enseigne des Oudins, Paris, 1996
  • Pierre Molinier, IVAM, Valence (Espagne), 1999
  • Pierre Molinier photographe. Une rétrospective, galerie Kamel Mennour, Paris, au
  • Pierre Molinier 1946-1966, 2 décennies magiques, galerie À l'Enseigne des Oudins[16], Paris, au
  • Pierre Molinier. Jeux de miroirs, Musée des beaux-arts de Bordeaux, au
  • Pierre Molinier, Comme je voudrais être, Galerie Christophe Gaillard, Paris, au
  • Pierre Molinier, Vertigo, Galerie Christophe Gaillard, Paris, au

Expositions collectives

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  • Fémininmasculin, le sexe de l'art, Centre Georges-Pompidou, Paris, à
  • Le Miroir du désir. Luciano Castelli, Maison européenne de la photographie, Paris, 1996
  • Rrose is a Rrose is a Rrose : Gender Performance in Photography, Guggenheim Museum, New York, janvier à
  • Scènes de la séduction, Rencontres d'Arles, 1998
  • Surrealism. Desire unbound (Surréalisme. Désir illimité), Tate Modern, Londres, au
  • Metropolitan Museum of Art, New York, 2002
  • Voyous, voyants, voyeurs, Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de l’Isle-Adam, 2010
  • Hey! Modern art & pop culture, Halle Saint-Pierre, Paris, au
  • Altérité. Je est un autre, Espace culturel Louis Vuitton, Paris, au
  • Molinier rose saumon (interdit au moins de 18 ans) et Pierre Molinier, questionner les corps et les genres (tout public), FRAC MÉCA, Bordeaux, du 31 mars au 17 septembre 2023

Œuvres dans les collections publiques

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Publication

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Filmographie

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  • 1965 : Mes jambes, court métrage réalisé par Pierre Molinier
  • 1968 : Chromo Sud, court métrage réalisé par Étienne O'Leary dans lequel apparaît Pierre Molinier
Adaptation d'entretiens de Pierre Molinier avec Pierre Chaveau en 1972
  • Mes jambes, si vous saviez, quelle fumée… Mise en scène de Bruno Geslin, avec Pierre Maillet (dans le rôle de Pierre Molinier), Jean-François Auguste et Élise Vigier. Théâtre de la Bastille, Paris, 2004, dans le cadre du 33e Festival d'automne à Paris ; théâtre Romain-Rolland, Villejuif (France), 2006.
  • Molinier Compagnie du Théâtre du Pont Tournant[22], mise en scène de Stéphane Alvarez, avec Jean Bedouret, Jean-Marc Foissac, Frédéric Kneip, Patrice Manouvrier. Théâtre du Pont Tournant, Bordeaux, 2003 ; reprises en 2005 et 2011[23] Divan du Monde, Paris, 2003.

Bibliographie

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Années 1960

Années 1970

Années 1990

  • Pierre Petit, Molinier, une vie d'enfer (biographie), éditions Ramsay/Jean-Jacques Pauvert, 1992 (ISBN 2840410141)
  • Le Chaman et ses créatures (préface de Pierre Molinier, présentation de Roland Villeneuve), William Blake & Co, 1995 (ISBN 2841030334)
  • Pierre Bourgeade, le Mystère Molinier (Pierre Molinier et ses ami(e)s), coédition Voix Richard Meier/galerie À l'Enseigne des Oudin, 1997
  • Jean-Luc Mercié, Pierre Molinier, Bartschi Salomon Editions, Genève, hiver 1999.

Années 2000

  • Jean-Luc Mercié, Pierre Molinier photographe, une rétrospective (catalogue d'exposition), édition Galerie Kamel Mennour, 2000 (ISBN 2914171021)
  • Entretiens de Pierre Molinier avec Pierre Chauveau - 1972 (texte et enregistrement sur CD audio), Pleine Page, 2003 (ISBN 2908799626)[24]
  • Pierre Molinier, je suis né homme-putain (écrits et dessins présentés par Jean-Luc Mercié), Biro éditeur, 2005 (ISBN 2351190033)
  • Pierre Molinier. Jeux de miroirs (collectif, catalogue d'exposition), Le Festin, 2005 (ISBN 291526225X)
  • Jacques Abeille, Pierre Molinier : présence de l'exil, Pleine Page, 2005 (ISBN 2913406203)
  • Henri Maccheroni, Un après-midi chez Pierre Molinier, Pleine Page, 2005 (ISBN 2913406181)
  • Pierre Petit, Pierre Molinier et la tentation de l'Orient, Pleine Page, 2005 (ISBN 291340619X)
  • Claude Esturgie, Questions de genre ou le genre en question : de Pierre Molinier à Pedro Almodovar, Leo Scheer, 2008

Années 2010

  • Jean-Luc Mercié, Pierre Molinier, coédition Kamel Mennour/Les presses du réel, 2010 (ISBN 9782840663386)
  • Moi, Petit Vampire de Molinier (interview de Michelle Sesquès, introduction et notes de Pierre Petit), Éditions Monplaisir, 2012 (ISBN 9791091213011)
  • Vincent Labaume, La photo n'est pas sensible (à partir de l'œuvre de Pierre Molinier), Éditions Confluences / Frac Aquitaine, 2013
  • Molinier Chaveau Entretien (réédition du texte paru en 2003, sans l'enregistrement sur CD audio), Pleine Page, 2013
  • Moi, Petit Vampire de Molinier (interview de Michelle Sesquès, introduction et notes de Pierre Petit, nouvelle édition révisée et enrichie), Pleine Page, 2015 (ISBN 9782360420247)

Années 2020

  • Alain Fleischer, Pierre Molinier, ou l'inceste extrême, LOUISON EDITION, mars 2022

Généralité

Films sur Molinier

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Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Une de ses œuvres photographiques titrée Androgynie est conservée par la Maison européenne de la photographie.
  3. La photographie Pierre Molinier fétiché est conservée par le Fonds régional d'art contemporain d'Aquitaine.
  4. Acte de naissance nº 94, page 34/370.
  5. « L’impudique Pierre Molinier ou l’art de se réinventer », sur fr.artprice.com (consulté le ).
  6. « Biographie Pierre Molinier », sur molinier.infos.chez.com (consulté le ).
  7. « Votre magnifique envoi d'hier […] procure un frisson sans cesse renouvelé et cela me donne toute la mesure de leur pouvoir magique. », « Vous êtes aujourd'hui le maître du vertige […] », lettre d'André Breton à Pierre Molinier du 8 avril 1955, archives municipales de Bordeaux.
  8. « Soyez sûr, cher Pierre Molinier, que vous n’avez dans le surréalisme que des amis », lettre d'André Breton du 8 juin 1955, archives municipales de Bordeaux.
  9. « Si la galerie À L’Etoile Scellée rouvre, comme je l'espère, après les vacances, je vous offrirai d'y exposer vers la fin de l'année ou au début de l'année prochaine », lettre d'André Breton à Pierre Molinier du 24 décembre 1955, archives municipales de Bordeaux.
  10. Cette galerie, dont André Breton assurait la direction artistique, était située au 11, rue du Pré-aux-Clercs dans le 7e arrondissement de Paris. « La galerie À l'Étoile scellée », article de Renée Mabin, Centre de recherche sur le surréalisme de l'université Paris III, dont le 19e paragraphe porte sur Molinier [lire en ligne]
  11. L'exposition a lieu du 15 décembre 1959 au 29 février 1960 à la galerie Daniel Cordier, 8 rue de Miromesnil à Paris. Celle-ci a édité le catalogue BOITE ALERTE. MISSIVES LASCIVES. Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme 1959-1960 (1959).
  12. Selon la base de données du Centre de recherche sur le surréalisme de l'université Paris III
  13. Le photomontage titré Comme je voudrais être est reproduit dans le catalogue d'exposition Pierre Molinier. Jeux de miroirs, Le Festin, 2005, page 56.
  14. Publications dans le numéro 21/23 de la revue arTitudes en mai 1975 et sous la forme d'un recueil à tirage limité édité par la galerie À l'Enseigne des Oudins en 1975.
  15. Thérèse a fait l'objet d'une première exposition posthume dans le cadre du Mois de la Photo à Paris en 1982.
  16. Molinier, le modèle en son miroir sur l'exposition de 2005 à l'Enseigne des Oudins sur Fluctuat.net.
  17. « Les amants dans la campagne », sur musba-bordeaux.fr (consulté le ).
  18. « L'homme au gibus : Pierre Molinier », sur musba-bordeaux.fr (consulté le ).
  19. « Paysage campagnard », sur musba-bordeaux.fr (consulté le ).
  20. « Paysages aux ruines : Pierre Molinier », sur musba-bordeaux.fr (consulté le ).
  21. « Joconde - Catalogue » (consulté le ).
  22. Voir sur theatreponttournant.com.
  23. Avec Thierry Rémi à la place de Patrice Manouvrier.
  24. Compte rendu de Stéphanie Caron, Centre de Recherche sur le Surréalisme de l'Université Paris III [lire en ligne]