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Sexualité féminine

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Lorenzo Lotto, Vénus et Cupidon, 1525.

Dans la sexualité humaine, l'étude de la sexualité féminine concerne plus spécifiquement la sexualité des femmes selon l'approche interdisciplinaire dont elle peut faire l'objet. Les domaines d'investigation sont multiples : la physiologie, la psychologie et en particulier la psychanalyse (différence des sexes), la sociologie (genre), la culture, la politique et la religion.

Normes sociales

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Une norme sociale, « est la façon dont une personne pense qu’elle devrait se comporter pour répondre aux attentes d’autrui dans certaines circonstances »[1] En d'autre mots, une norme sociale c'est ce que la société s'attend d'une personne pour ne pas avoir de sanction négative comme l'humiliation ou l'exclusion sociale.

L'épilation du pubis est un exemple d'une norme sociale de la sexualité féminine. La sexualité part d'abord d'un désir personnel, de s'estimer soi-même. « (... L') absence (de poil sur le pubis) est une manière de signifier sa féminité, sa beauté, mais aussi de maitriser l’image de soi que l’on présente aux autres. »[2]

Point de vue sexologique

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La révolution sexuelle dans les années 1950 a permis une relative modification des pratiques sexuelles ainsi que des normes concernant la sexualité féminine : cette dernière n'est plus uniquement centrée sur la reproduction, l'amour et la conjugalité[3].

Appareil reproducteur interne de la femme.

Au niveau physiologique ce sont des hormones, les œstrogènes et les androgènes, qui développent la libido féminine.

Les œstrogènes, hormones principalement produites par les ovaires, ont un rôle capital dans la libido de la femme et plus globalement dans sa vie sexuelle. Les œstrogènes agissent sur des neurotransmetteurs dans le cerveau pour créer le désir sexuel. Ils permettent aussi une bonne lubrification vaginale et un flux sanguin constant permettant notamment l'érection du clitoris. Les œstrogènes sont soumis au cycle des menstruations, leurs production est maximale environ 14 jours après les règles.

Si les œstrogènes ont une place prépondérante dans la sexualité féminine, ils ne sont pas les seuls nécessaires à la libido féminine. Ainsi, les androgènes (hormones mâles) sont produits en faible quantité par l’ovaire. Cette testostérone produite est nécessaire au désir sexuel mais diminue avec l’âge. C’est autour de la vingtaine d'années que le pic de production des androgènes est atteint.

Vulve humaine.

Le clitoris est un organe sexuel servant à l'excitation et au plaisir féminin. Lorsqu'il est stimulé, il déclenche l'ouverture et la lubrification du vagin. Il n'a aucune autre fonction connue. Le clitoris est donc au centre de la sexualité féminine, comme le pénis peut l'être pour l’homme. En 1960, les études de William Masters et Virginia Johnson ont mis en valeur le rôle du clitoris dans l’orgasme féminin. Ainsi, près des deux tiers des femmes déclarent que c’est la stimulation du clitoris qui leur procure le plus de plaisir. Des enquêtes récentes montrent qu’environ 80 % des femmes ont un orgasme par auto-stimulation clitoridienne et près de 45 % par la stimulation du clitoris par leur partenaire. Il est bon de préciser que le clitoris ne se limite pas à une zone, le « capuchon », « petit bouton » déclencheur du plaisir féminin. En fait, il s'agit plus d'une zone diffuse, qui du clitoris en passant par les petites lèvres s'étend jusqu'à l'entrée du vagin. Ainsi, il semblerait que la dichotomie entre orgasme vaginal et orgasme clitoridien soit bien un leurre[réf. nécessaire], qui loin de permettre une meilleure appréhension de la sexualité féminine, ne tende qu'à brouiller les pistes[évasif].

Illustration du Kamasutra.

Le vagin est un organe faiblement innervé et malgré la présence de zones plus sensibles il reste générateur de moins de plaisir. « …bien que la pénétration soit une caresse agréable, elle n'est ni nécessaire et rarement suffisante pour arriver à l'orgasme. » [4]. L’essentiel du plaisir vaginal de la femme provient de facteurs psychologiques (recherche de fusionnel, procurer du plaisir à l’autre…) et de la maîtrise de son corps[5], notamment les muscles du périnée. Enfin l’éjaculation de l’homme dans le vagin peut procurer du plaisir à la femme[6][source insuffisante]. Les études récentes[Quand ?] apportent une confirmation des connaissances actuelles des sexologues, seulement 25 à 30 % des femmes ont un orgasme lors d’une pénétration vaginale[réf. nécessaire]. Et dans de nombreux cas "l'orgasme vaginal" est en fait déclenché par une excitation indirecte du clitoris par les petites lèvres ou par les racines internes du clitoris qui correspondraient à la zone désignée par « point G »[réf. nécessaire]. D'autres zones sensibles sont parfois évoquées : le « point A »[7] et le « point U »[8].

La zone anale peut être source de plaisir chez les femmes, que ce soit par caresses, anulingus ou sodomie[réf. nécessaire]. Selon les résultats de la dernière grande enquête sur la sexualité des Français[9], la sodomie reste une pratique sexuelle minoritaire. On compte 12 % de pratiquantes « régulières » chez les femmes âgées de 25 à 49 ans. Cette pratique n'est pas pour autant ignorée des plus de 60 ans (puisque 26 % des femmes de la soixantaine l'ont déjà expérimentée), mais ne demeure là aussi une pratique régulière que pour 3,4 % des femmes. Même constatation dans les autres tranches d'âge, avec 28 % des femmes de 20-24 ans et 43 % de celles de 25-49 ans qui ont expérimenté la sodomie (alors qu’il n’y a que 12 % de pratiquantes régulières). Remarquons aussi l’influence des diplômes puisque l’on observe légèrement moins de pratiquantes anales régulières chez les femmes ayant un CAP, brevet ou BEP (9,7 %) que parmi celles ayant un diplôme supérieur (15 %). On remarque enfin que la pénétration anale n'est finalement la pratique préférée que de 1 % des femmes et que 2 à 6 % des femmes ne l'acceptent que pour faire plaisir à leur partenaire.

Les autres zones du plaisir féminin varient selon les personnes, parmi ces zones on retrouve : les oreilles, la bouche, le cou, les seins, le ventre, les fesses, l’intérieur des cuisses… Ces parties du corps qui ne sont pas dédiées physiologiquement au plaisir peuvent être stimulées par des caresses, des baisers ou la langue. Le plaisir procuré est essentiellement d’ordre psychologique et permet le développement de l’excitation féminine.

Certaines femmes seraient atteintes d'une maladie rare connue sous le nom de « syndrome d'excitation génitale persistante » (SEGP) ou PSAS pour « Persistent Sexual Arousal Syndrome ». Ce syndrome fait que ces femmes éprouvent régulièrement des excitations d'origine génitale de façon inopinée et nécessitant parfois plusieurs orgasmes pour s'amender[10]. Une des causes évoquées est la prise ou l'arrêt de certains anti-dépresseurs ou un dérèglement du système nerveux. Les inhibiteurs de la recapture de sérotonine sont parfois évoqués comme de possibles facteurs d'hypersensibilité du clitoris et du vagin. Par exemple la trazodone, un antidépresseur connu pour provoquer certains effets indésirables de priapisme chez les hommes. Dans de rares cas, une malformation artério-veineuse peut également être à l'origine d'un afflux sanguin anormal et discontinu vers les parties génitales[11],[12].

Visions féministes

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Selon certains féministes[Qui ?] la sexualité « féminine » serait une expression figée produite par des siècles de monopole patriarcal sur ces questions. Cette « colonisation » serait une des facettes de « l'appropriation matérielle » globale des femmes par certains hommes en quoi consiste l'oppression sexiste. Cette appropriation transformerait les femmes en outils de la production, de la reproduction et de la sexualité et dans des pratiques de reproduction forcée.

Dans ce contexte, aucune sexualité des femmes ne saurait être librement exercée, la pression pornographique — montrant des femmes qui désirent être chosifiées, humiliées, uniquement pénétrées, assimilables à des objets sexuels et même à des sexes — et la pression libertaire — qui interdirait aux femmes de dire non en les accusant de pudibonderie mais ne donnerait pas les moyens de dire oui, en pratiquant une sexualité androcentrée et en ne mettant aucune structure sociale en place pour apprendre aux femmes leur plaisir, leurs droits à l'intégrité et au non désir aussi parfois — alors que les hommes bénéficient de magazines explicites là dessus qui lient sexualité / sexualité unilatérale virile / réification des femmes.[réf. nécessaire]

Féminité en psychanalyse

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Emma Eckstein, une patiente de Freud devenue psychanalyste.

Dans la préface à l'ouvrage qu'elle dirige sur Les femmes dans l'histoire de la psychanalyse (1999), Sophie de Mijolla-Mellor s'interroge à titre d'exemples sur quelques femmes et patientes qui ont particulièrement compté dans l'histoire de la psychanalyse comme Emma Eckstein, Dora ou Elfriede Hirschfeld ; celles-ci, dit-elle, ont permis à Freud d’inventer la psychanalyse, mais n’ont-elles pas aussi imprimé, ne serait-ce que partiellement, « une marque féminine à l’écoute, à la technique et à la théorie qui en est issue? »[13].

Freud n'a abordé que très tard, dans ses élaborations théoriques, la sexualité féminine. En 1923 il pose sa théorie du primat du phallus « Pour les deux sexes, un seul organe génital, le masculin, joue un rôle. Il n’existe donc pas un primat génital, mais un primat du phallus » tout en reconnaissant sa méconnaissance du sujet « Malheureusement nous ne pouvons décrire cet état de fait que pour l’enfant masculin, l’intelligence des processus correspondants chez la petite fille nous manque »[14].

Théorie de l'Œdipe

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Au début de sa théorisation, Freud se réfère surtout au cas du garçon et de l'homme à travers sa conception du complexe d'Œdipe. Freud envisage en effet la sexualité infantile comme ayant le même tronc commun masculin : la fillette se comporte tout d'abord comme un petit homme vis-à-vis de sa mère. C'est ce qu'il décrit comme étant la phase phallique de la petite fille. Freud définit cette phase phallique comme étant le pré-Œdipe féminin, une « civilisation archaïque ». Freud présume à l'origine que l'objet d'amour pour le garçon et la fille sont les mêmes : la mère. En effet, les investissements libidinaux s'étayent sur les besoins physiologiques, la recherche du plaisir dépassant ensuite la recherche de satisfaction instinctive. La mère, qui apporte les soins à cette période de la vie, à travers la tétée (fondement du stade oral), l'apprentissage de la propreté (fondement du stade anal) est donc le premier objet d'amour des enfants des deux sexes. Dans la théorie freudienne, le père, s'il est assez absent à ce stade de la vie psychique infantile — sauf en tant qu'objet rival dans l'amour de la mère —, est également à la source, selon le mythe de Totem et Tabou, des fondements de la civilisation.

Si le petit garçon conserve cette orientation objectale au cours des stades suivants, stade phallique et complexe d'Œdipe, prototype des objets investis ultérieurement dans sa vie amoureuse et sexuelle, la théorie freudienne suppose que la petite fille doit effectuer un changement d'objet, et passer de la mère au père. Le développement psychique de la petite fille serait donc marqué par une rupture au niveau libidinal, alors que le développement masculin resterait en continuité. Les éléments explicites sont assez contradictoires, il existe plusieurs manières d'envisager comment cette rupture s'organise et pourquoi.

Détournement de la mère au père dans l'Œdipe de la fille
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Dans sa conception de l'envie du pénis, Freud postule chez la fillette une frustration due à l'absence chez elle de pénis : la découverte fortuite de son sexe et la comparaison avec celui des garçons serait vécue comme une dépossession et une castration effective. Freud pense que la fillette ne dispose pas de sensations internes lui permettant d'acquérir la connaissance de son propre sexe : les sensations vaginales seraient inexistantes, alors qu'au même moment le garçon découvrirait les sensations de son propre sexe (au moment de ce qu'il nomme le stade phallique). Si bien que si le garçon a un sexe à investir, par lequel rechercher le plaisir, la fillette n'a rien, son plaisir restant infantile, en relation avec la miction et les sensations clitoridiennes. Le clitoris serait d'ailleurs pour Freud l'équivalent féminin du pénis masculin, dans la continuité de sa conception de la fille comme garçon au sexe tronqué : la sexualité de la fillette est donc masculine.

Selon Freud, l'investissement du clitoris comme lieu de plaisir est signe d'immaturité psychique et sexuelle : seul l'investissement du vagin, survenant à la puberté, est le signe d'une sexualité adulte. Ainsi, le développement de la fillette est conditionné par le changement objectal de la mère au père, mais aussi le changement de zone libidinale privilégiée, du clitoris au vagin.

La fillette se détournerait de sa mère, par dépit et par haine, la considérant comme celle à cause de qui elle ne possède pas de pénis. Cette privation serait une telle blessure narcissique que la fillette refoulerait à ce moment-là l'investissement clitoridien, et donc sa propre sexualité alors masculine, et se tournerait vers le père par défaut. Jacques André fait remarquer que cette position théorique laisse la fille comme "sans sexe", jusqu'à l'adolescence où Freud situe l'investissement vaginal.[réf. nécessaire] La question du changement de zone érogène du clitoris au vagin, ainsi que la question de l'absence de zone érogène entre le refoulement de la sexualité masculine originelle et le moment de découverte du vagin à l'adolescence sont très peu fouillées dans le texte freudien, qui n'apporte pas d'éléments de réponse. Cette double rupture signe donc la phase œdipienne pour la fillette.

Complexe de castration
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C'est donc cette expérience de la castration et son corollaire l'envie du pénis qui, selon Freud, initie le complexe d'Œdipe chez la fillette, incluant le désir du père et le rejet de la mère. C'est le père en effet qui est maintenant porteur du phallus.

À partir de ce moment, Freud envisage trois développements possibles pour la femme en devenir :

  • la névrose, avec le refoulement de la sexualité, où ne subsiste que la haine envers la mère, reportée sur les objets d'amour ultérieurs ;
  • ce que Freud nomme le complexe de masculinité : la fillette refuse le désinvestissement clitoridien, refuse la castration, par le biais d'une identification secondaire et défensive au père, après une première identification à la mère phallique. Cette voie est la plus conforme au sexuel originaire selon Freud, qui est à la base masculin et ne devient féminin que secondairement, en réaction à la castration ;
  • la troisième voie est celle de la féminité véritable, qui permet de passer du père comme objet d'amour à l'homme. Freud fait appel ici à des "motions pulsionnelles passives", disposition innée à la réception comme mode d'appréhension du sexuel, en opposition à la pénétration. Cette passivité s'étayerait sur les stades premiers de la libido, oral et anal. Cependant, la féminité n'est toujours que recherche du pénis, tentative de restauration : la fillette se tourne vers le père pour récupérer le pénis que sa mère ne lui a pas donné. La féminité véritable est instituée quand au désir du pénis vient se substituer le désir d'enfant, équivalent sublimé du fantasme d'incorporation d'un pénis extérieur à soi.

Continent noir de la féminité

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Selon Monique Schneider, Freud anticipe sur une formulation féministe en refusant de donner une définition de la féminité : « il appartient à la nature même de la psychanalyse de ne pas vouloir décrire ce qu'est la femme […] mais d'examiner comment elle le devient » (Freud, « La féminité », 1933)[15]. Ce devenir femme est envisagé à partir d'une bisexualité originaire[15]. Dans les textes sur la féminité des années 1930, estime Julia Kristeva, une conceptualisation rigoureuse côtoie « les marques d'une perplexité jamais abandonnée »[16]. En 1926, dans La question de l'analyse profane, Freud a écrit en effet : « Nous connaissons moins bien la vie sexuelle de la petite fille que celle du petit garçon. N'en ayons pas trop honte, la vie sexuelle de la femme adulte est encore un continent noir pour la psychologie »[16].

Karl Abraham

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Karl Abraham s'interroge sur la théorie freudienne au sujet de la clinique et du traitement des troubles de la sexualité féminine : en effet, quel que soit le symptôme (frigidité, vaginisme…) la seule étiologie invoquée est un refus inconscient de désinvestir le clitoris et donc la sexualité masculine pour céder la place à l'investissement du vagin.[réf. nécessaire]

Melanie Klein

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Melanie Klein dans ses théories considère surtout l'internalité plutôt que l'externalité : ainsi le sein n'est pas tant source en lui-même de frustration et de tendresse que le désir illimité de l'enfant et sa propre haine. La genèse de la sexualité pour Klein est totalement différente de celle de Freud, en ceci qu'elle considère que l'originaire sexuel est féminin et non masculin comme le pensait Freud. La fillette se détournerait donc du sein maternel frustrant pour investir le pénis paternel (tous deux envisagés comme objets partiels), en un temps beaucoup plus précoce que ne le situe Freud, puisqu'il fait appel à l'oralité. Le glissement s'opèrerait donc entre sein et pénis d'une part, et bouche et vagin d'autre part.

Klein rejoint donc Freud sur un point : l'investissement du père a pour origine un rejet de la mère. Cependant, elle s'en écarte en affirmant une primauté de l'oralité sur le phallique, un mouvement premier de réception/incorporation. C'est donc alors le garçon qui subit une discontinuité dans son développement psychique, devant passer d'un mode libidinal oral et réceptif à un mode phallique et actif, dans un mouvement de pénétration. La sexualité féminine ultérieure, adulte, sera déterminée selon Mélanie Klein par la qualité bonne ou mauvaise du pénis incorporé : comme il a un bon sein et un mauvais sein, il y a un bon pénis et un mauvais pénis. L'incorporation du mauvais pénis serait l'explication du masochisme féminin.

Autres approches

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Pré-œdipe féminin

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Dans les dernières années de l'élaboration freudienne, aidé en cela par des analystes femmes, telles Ruth Mack Brunswick, Jeanne Lampl-de Groot, Freud accorde beaucoup d'importance à ce qu'il appelle le pré-œdipe féminin, c'est-à-dire un lien particulièrement fort et tenace à la mère.[réf. nécessaire] Néanmoins, il est dans le destin féminin[Quoi ?] de changer d'objet et de transférer son amour pour la mère au père, puis à un autre homme. C'est un point faible de la théorie freudienne[Interprétation personnelle ?], car pour lui, la petite fille se réfugie dans l'Œdipe comme dans un port. Or il convient, que comme tous les bons marins elle puisse prendre un jour la mer, en compagnie d'un homme, d'un autre homme que son père. Freud écrit comment pour la petite fille elle entre dans l'Œdipe, mais reste dans le flou quant à la façon dont elle en sort[Interprétation personnelle ?]. Le complexe de castration n'étant pas le même pour la fille et pour le garçon, elle n'a en effet pas la crainte de perdre ce que de toute façon elle n'a jamais eu, l'angoisse de castration ne jouerait chez elle que peu de rôle à la phase œdipienne pour l'aider à sortir de l'Œdipe. L'interdit y est moins marqué de ce fait, car elle ne risque pas d'y perdre l'organe, de se le faire couper, ce qui est la crainte du petit mâle, par contre cette angoisse devant le Surmoi prend plutôt la forme de l'angoisse de ne plus être aimée, l'angoisse de la perte de l'amour[réf. nécessaire].

Karen Horney

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Karen Horney s'inscrit en contradiction avec la théorie freudienne, en cela qu'elle présume une connaissance inconsciente, innée, de l'existence du vagin, que Freud tient pour ignoré par la fillette. Elle suppose au contraire que le vagin est connu et investi dès l'enfance, et est le support des motions œdipiennes envers le père.

Elle considère alors la masculinité de la sexualité féminine et l'envie du pénis comme des formations défensives visant à nier l'existence du vagin : à partir de la clinique des fantasmes féminins, elle pense que le vagin est source d'angoisse pour la fillette, qui voit le pénis comme géant et destructeur de l'intérieur du corps, source de blessures internes.

Points de vue contemporains

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Jacques André, dans son « Que sais-je ? »fait remarquer que la théorie de Freud au sujet de la sexualité féminine est étrangement similaire aux théories sexuelles infantiles inventée par les enfants pour rendre compte de la différence des sexes (voir sexualité infantile). En effet, le texte freudien suit à la lettre ces inventions infantiles, ce qui fait dire à Jacques André[17]:

« la théorie freudienne est moins une théorie de la sexualité féminine qu'elle n'est elle-même une théorie sexuelle. »

On peut à la suite ajouter qu'il s'agit d'une théorie sexuelle virile car elle prend pour norme le masculin et pour relatif inférieur le féminin, inégalité de considération des êtres humains qui correspond parfaitement aux justifications aristotéliciennes du statut inférieur des femmes dans la société.[Qui ?]

Sexualité féminine dans l'histoire de la psychanalyse

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La question de la sexualité féminine a divisé la psychanalyse à partir de 1920 à mesure que les femmes jouaient un rôle dans le mouvement psychanalytique[18]. En 1905, Freud, dans Trois Essais sur la théorie sexuelle propose « la thèse d'un monisme sexuel et d'une essence "mâle" de la libido humaine » c'est le « phallicisme » de Freud, l'idée selon laquelle la fille veut originellement être un garçon[18]. Mais ce monisme n'empêche pas que pour Freud, l'individu est, au sens inconscient, bisexuel, et que le sujet ne saurait être spécifiquement masculin ou féminin[19] puisque « dans l'inconscient […] la différence des sexes n'existe pas »[18].

Si la thèse moniste est soutenue par des femmes psychanalystes, elle fut remise en cause, par d'autres, à partir de 1920, notamment par Melanie Klein soutenue par Ernest Jones mettant en avant une thèse dualiste et un rapport spécifique des filles à leur mère[20]. Freud finit par tenir compte de ces remarques à partir de 1930[21]. Dès lors, si l'on peut dire que « peu soucieux de féminisme, Freud se montra parfois misogyne et souvent conservateur. »[22] il faut également admettre que pour Freud « il s'agissait […] de montrer que le domaine du féminin devait être pensé en tant que partie intégrante de l'universel humain et donc sous la catégorie d'un universalisme, seul capable de donner un fondement vrai à l'égalitarisme »[23].

On peut aussi faire remarquer l'absence de l'intersubjectivité dans la théorie freudienne : tous les mouvements libidinaux et psychiques infantiles prennent leur source dans l'enfant lui-même, sans allusion aux parents et aux interactions entre parent et enfant. Cette absence d'intersubjectivité est en fait une option épistémologique et politique : le réductionnisme à l'œuvre permet à Freud et à toute théorie psychanalytique de rejeter tous les processus politiques, sociaux, historiques à l'œuvre dans les subjectivités afin de faire passer des stigmates de l'oppression (comme le sentiment d'infériorité de race des femmes et le sentiment de supériorité de race des hommes) pour des faits de nature humaine ("envie du pénis" et angoisse d'être une fille, c'est-à-dire castré ne sont plus pour Freud le signe d'un ordre social qui hiérarchise les sexes comme les races au temps du colonialisme).[Qui ?]

Féminismes et psychanalyse

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La plus grande partie des mouvements féministes rejette les théories de Freud sur la sexualité féminine qui ne conçoit les femmes que comme « des êtres inférieurs qui ne peuvent parvenir à la véritable féminité qu’en tant qu’épouses et que mères » selon le résumé qu'en fait Juliet Mitchell, et qui de plus justifie le « statu quo patriarcal »[24].

Les critiques féministes datent du temps de Freud. Un tel autoritarisme n'a échappé à aucune féministe même si les critiques ne visent pas toujours les mêmes choses. Certaines ont dénoncé l'entreprise de camouflage des exactions sexistes qui a poussé Freud à faire passer les souvenirs de viols pour des fantasmes; beaucoup ont dénoncé la thèse raciale en quoi consiste la conceptualisation des différences entre les sexes en « la » différence et même en une distinction entre un être normal et un être relatif (castré).[non neutre][réf. nécessaire]

Féminisme matérialiste

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Le féminisme matérialiste considère tout savoir comme situé, c'est-à-dire inséré dans une société aux enjeux politiques entre autres patriarcaux. La partialité des conclusions des savoirs, et surtout dans les sciences humaines, fait l'objet d'une critique matérialiste depuis plus de 30 ans. Sur le thème particulier de la psychanalyse, il faut se référer aux écrits de Monique Plaza dans ses articles[25].

Féminisme différentialiste

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Pour les tentatives psychanalytiques de réconciliation de la misogynie psychanalytique et du féminisme différentialiste : Sabine Prokhoris[26], Michel Tort[27]. Il y a aussi Janine Chasseguet-Smirgel, Luce Irigaray, Julia Kristeva et Joyce McDougall. Freud est critiqué, comme par la psychanalyste Michèle Montreley, pour qui sa théorie est le « machisme » d'un « phallocrate borné »[28]. D'après, Luce Irigaray, le discours psychanalytique est phallocentré[29]. Cependant, selon Plon et Roudinesco « il est vain de traiter Freud de phallocrate »[30].

Notes et références

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  1. Anonyme, « Qu'est-ce qu'une norme sociale ? », s.d..
  2. Cassandre Ville, « L'interiorisation des normes: une analyse discursive des pratiques depilatoires des femmes a montreal (note de recherche) », Anthropologie et Sociétés, vol. 40, no 3,‎ , p. 279.
  3. « Sexe : sous la révolution, les normes », Mouvements, no 20,‎ , p. 9-14 (DOI 10.3917/mouv.020.0009, lire en ligne).
  4. La sexualité des femmes, F.Magazine, préface de Marie Cardinal, 1980.
  5. Sexoanalytique du prof. Claude Crépault.
  6. Sexualité Féminine et Plaisir. Alternative Santé.
  7. Six fausses idées sur le plaisir féminin - RestonsEnForme.com.
  8. Desmond Morris: The Clitoris, A-Spot, G-Spot and U-Spot.
  9. Enquête sur la sexualité en France, Nathalie Bajos et Michel Bozon, coord. Nathalie Beltzer, La Découverte 2008.
  10. Damien Mascret, « Le syndrome d'excitation génitale persistante », Le Généraliste, n° 2413, 1er juin 2007.
  11. Groupe de soutien au PSAS
  12. « Excitées à en perdre la tête », Doctissimo.
  13. Sophie de Mijolla-Mellor (dir.), Les Femmes dans l'histoire de la psychanalyse, L'Esprit du temps, 1999, coll. « Perspectives Psychanalytiques », Sommaire et présentation sur cairn.info : [lire en ligne], p. 7-8.
  14. Jacques André, « Prolongements et critiques de la théorie freudienne », Que sais-je?, vol. 4e éd., no 2876,‎ , p. 41–57 (ISSN 0768-0066, lire en ligne, consulté le ).
  15. a et b Monique Schneider, « féminité », dans Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse, , p. 628-631.
  16. a et b Julia Kristeva, « continent noir », dans Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse, , p. 381-382.
  17. André 2022, p. 43.
  18. a b et c « Dans l'histoire du freudisme, la question de la sexualité féminine a divisé le mouvement psychanalytique depuis 1920, à mesure que les femmes y ont pris une place centrale », M. Plon et E. Roudinesco, « Sexualité féminine », in Dictionnaire de la psychanalyse, Fayard, Paris, 2000, p. 994.
  19. « L'existence d'une libido unique n'exclut pas celle de la bisexualité. En effet, dans la perspective freudienne, aucun sujet n'est détenteur d'une pure spécificité mâle ou femelle. », Ibid., p. 994
  20. Ibid. p. 994-995.
  21. « Freud eut cependant l'honnêteté de corriger sa doctrine dans le sens des positions kleiniennes. En témoignent, si nécessaire, deux articles de 1931 et 1933 : l'un sur la sexualité féminine et l'autre sur la féminité. », Ibid., p. 995.
  22. Ibid., p. 995
  23. Puisque la différence des sexes est « absente dans l'inconscient » (p. 996) et « ne débouche pas sur une conception naturaliste » (p. 996). En ce sens Freud « fut un penseur de l'émancipation et de la liberté […] Et l'auteur d'une théorie de la sexualité qui, tout en débarrassant l'homme du poids de ses racines héréditaires, ne prétendait pas le libérer des chaînes de son désir », Ibid., p. 996.
  24. Laurie Laufer, « Corps et politique : les psychanalystes féministes et la question de la différence », sur hal.archives-ouvertes.fr, Genre et psychanalyse, .
  25. 1) « La même mère », dans Questions féministes no 7, où Monique Plaza explicite les liens entre la théorie et les enjeux politiques de subordination des femmes en critiquant l'une des figures de la misogynie psychanalytique, à savoir « la mère ».
    2) « Pouvoir phallomorphique et psychologie de La femme » dans Questions féministes no 1, où l'auteure critique plus précisément les subtilités lacaniennes de la misogynie freudienne.
    3) « Nos dommages et leurs intérêts » où Plaza critique la version libertaire de la « libération sexuelle » en reprenant des affirmations de Foucault entre autres. L'essai de Monique Plaza Subtilités lacaniennes et autres subtilisations est une critique précise des procédés psychanalytique de justification de l'ordre politique patriarcal.
  26. Dans Le Sexe prescrit.
  27. dans La Fin du dogme paternel, où l'auteur critique la religion du père en quoi consiste la théorie psychanalytique sur la question.
  28. Citée dans Journal d'un psychanalyste par Claude Lorin. Éditions l'Harmattan, 2000. p. 305.
  29. Costantini Michel, Weyl Daniel. Notes bibliographiques « Littérature, imaginaire, inconscient ». In : Littérature, n° 30, 1978. Motifs, transferts, réécriture. pp. 124-128. Recension de « Misère de la psychanalyse.» Luce Irigaray, Critique n° 365, octobre 1977, p. 879-903.
  30. M. Plon, E. Roudinesco, « Sexualité féminine » in Dictionnaire de la psychanalyse, op. cit., p. 996.

Bibliographie

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Ouvrages généraux

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  • Delphine Gardey (dir.) et Marilène Vuille (dir.), Les Sciences du désir. La sexualité féminine, de la psychanalyse aux neurosciences, Le Bord de l’eau, (ISBN 9782356875648, présentation en ligne)

Psychanalyse

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Sociologie, féminismes, politique

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Articles connexes

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Sexologie :

Psychologie et psychanalyse :

Sociologie :

Liens externes

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