Béarn (AOC)
Béarn | |
Vignoble du Béarn à Monein. | |
Désignation(s) | Béarn |
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Appellation(s) principale(s) | béarn[1] |
Type d'appellation(s) | AOC-AOP |
Reconnue depuis | 1975 pour le béarn 1991 pour le béarn-bellocq |
Pays | France |
Région parente | vignoble du Sud-Ouest |
Sous-région(s) | piémont pyrénéen (Béarn) |
Localisation | Pyrénées-Atlantiques Hautes-Pyrénées Gers |
Climat | tempéré océanique |
Sol | argilo-graveleux, argilo-sableux et argilo-gréseux |
Superficie plantée | 259 hectares |
Nombre de domaines viticoles | 2 caves coopératives et 28 vignerons indépendants |
Cépages dominants | cabernet franc N, cabernet sauvignon N et tannat N, Raffiat de Moncade B, petit manseng B et gros manseng B[2] |
Vins produits | rouges, rosés et blancs |
Production | 13 470 hectolitres |
Pieds à l'hectare | minimum 4 000 pieds par hectare |
Rendement moyen à l'hectare | maximum 50 à 60 hectolitres par hectare[3] |
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Le béarn[1] est un vin français d'appellation d'origine contrôlée produit à cheval sur trois départements : Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées et Gers et sur deux régions : Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.
Histoire
Antiquité
Ce fut lors de la colonisation romaine que fut planté un vignoble sur les coteaux entre Salies-de-Béarn et le village de Bellocq[4].
Moyen Âge
Gaston VII de Moncade, vicomte de Béarn, fit élever une forteresse à Bellocq. Celle-ci permit la construction d'une bastide. Les nouveaux habitants contribuèrent au développement du vignoble. Celui-ci étant traversé par le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, les pèlerins en route vers la Galice ou de retour du pèlerinage popularisèrent le vin béarnais hors des frontières régionales[5].
Période moderne
Jeanne d'Albret, mère de Henri IV, qui était ici sur ses terres, appréciait particulièrement le vin du Béarn[5].
Au XVIIe siècle, les protestants béarnais, exilés en Hollande ou en Angleterre, organisèrent le négoce de leurs vins vers l’Europe du Nord[4].
Période contemporaine
L’appellation a été reconnue VDQS en 1951, puis AOC en 1975. L'AOC béarn-bellocq l'a été en 1991.
Étymologie
Le béarn (AOC) tire son nom de l'ancienne province du Béarn où il est produit. Le Béarn quant à lui est ainsi nommé d'après le peuple des Bénéharnais, qui occupait le site pendant l'Antiquité.
Situation géographique
Le vignoble de Béarn est discontinu, il peut être produit dans trois zones géographiquement distinctes :
- l'aire d'appellation délimitée pour l'AOC madiran peut produire du madiran, vin rouge, du pacherenc du vic-bilh blanc et du béarn rosé ;
- l'aire d'appellation délimitée pour l'AOC jurançon peut produire du jurançon blanc et du béarn rouge ou rosé ;
- la troisième aire délimitée, l'a été spécialement pour l'AOC béarn autour du village de Bellocq, centre névralgique de ce vignoble autour de la cave coopérative éponyme.
Orographie
Ce vignoble occupe les terrasses des gaves et les collines pré-pyrénéennes sur les aires d'appellation du jurançon et du madiran.
Géologie
Le terroir est essentiellement composé de sols argilo-sableux, datant du quaternaire ancien, sur un substrat argilo-gréseux, remontant au pliocène.
Autour de Bellocq, il s'agit de terrasses du gave de Pau et de collines graveleuses. Ce sol très filtrant permet d'évacuer l'excédant d'eau. Sa fertilité médiocre limite bien
À Jurançon, il s'agit de poudingues, flysch et nappes à graviers, tous formés de débris de roche arrachés aux Pyrénées et transporté là par les gaves.
À Madiran, il s'agit de molasses à banc calcaire, de nappes à galets et de boulbènes. Ce sont des roches sédimentaires plus ou moins dégradées, issues de l'érection des Pyrénées.
Climatologie
Climat océanique tempéré avec des automnes ensoleillés aux températures élevées (été indien)[6]. La proximité des Pyrénées influe sur le climat local (arrêt des masses nuageuses et effet de fœhn). La pluviométrie varie de 1300 mm à Salies-de-Béarn à 1000 mm à Madiran. Cette quantité d'eau justifie le choix de terrains bien drainants.
Vignoble
Présentation
L'aire d’appellation couvre 259 ha[7] réparties sur 74 communes des Pyrénées-Atlantiques, 6 des Hautes-Pyrénées et 3 du Gers.
- Pyrénées-Atlantiques :
Abos, Arbus, Arricau-Bordes, Arrosès, Artiguelouve, Aubertin, Aubous, Aurions-Idernes, Aydie, Baigts-de-Béarn, Bellocq, Bérenx, Bétracq, Bosdarros, Burosse-Mendousse, Cadillon, Cardesse, Carresse, Castagnède, Castetpugon, Castillon (près de Lembeye), Conchez-de-Béarn, Corbère-Abères, Crouseilles, Cuqueron, Diusse, Escurès, Estialescq, Gan, Gayon, Gelos, Haut-de-Bosdarros, L'Hôpital-d'Orion, Jurançon, Lacommande, Lagor, Lahontan, Lahourcade, Laroin, Lasserre, Lasseube, Lasseubetat, Lembeye, Lespielle-Germenaud-Lannegrasse, Lucq-de-Béarn, Mascaraàs-Haron, Mazères-Lezons, Moncaup, Moncla, Monein, Monpezat, Mont-Disse, Mourenx, Narcastet, Ogenne-Camptort, Oraàs, Orthez, Parbayse, Portet, Puyoô, Ramous, Rontignon, Saint-Faust, Saint-Jean-Poudge, Sainte-Suzanne, Salies-de-Béarn, Salles-Mongiscard, Sauvelade, Séméacq-Blachon, Tadousse-Ussau, Taron-Sadirac-Viellenave, Uzos, Vialer, Vielleségure.
- Hautes-Pyrénées
Castelnau-Rivière-Basse, Hagedet, Lascazères, Madiran, Saint-Lanne et Soublecause.
- Gers
Cannet, Maumusson-Laguian, Viella.
À partir de 1990 la dénomination béarn-bellocq est attribuée aux vins récoltés sur les communes de Bellocq, Lahontan, Orthez et Salies-de-Béarn[8]. Cette dénomination n'existe plus, n'étant pas reprise dans le décret de 2011.
Encépagement
L'encépagement est fixé par le cahier des charges de l’appellation d’origine contrôlée « BÉARN » homologué par le décret n° 2011-1750 du , modifié par arrêté du 28 septembre 2017, et ceci de la façon suivante:
Pour les vins blancs « AOC Béarn » :
- la proportion des cépages accessoires est inférieure ou égale à 30 % de l’encépagement.
- le cépage Raffiat de Moncade B est obligatoirement présent dans l’encépagement.
- ceux-ci sont issus des cépages suivants :
- cépages principaux : Gros Manseng B, Petit Manseng B, Raffiat de Moncade B ;
- cépages accessoires : Camaralet de Lasseube B, Courbu B, Lauzet B, Petit Courbu B, Sauvignon B.
Pour les vins rouges « AOC Béarn » :
- la proportion des cépages principaux est supérieure ou égale à 80 % de l’encépagement ;
- la proportion du cépage Tannat N est supérieure à 50 %.
- ceux-ci sont issus des cépages suivants :
- cépages principaux : Cabernet franc N (connu sous le nom de « Bouchy » en Béarn), Cabernet-sauvignon N, Tannat N ;
- cépages accessoires : Courbu noir N, Fer N (ou Fer servadou, connu sous le nom de « Pinenc » en Béarn) et Manseng N (ou Manseng noir).
Pour les vins rosés « AOC Béarn » :
- la proportion des cépages accessoires est inférieure ou égale à 30 % de l’encépagement.
- ceux-ci sont issus des mêmes cépages que les rouges.
Ces obligations ne s’appliquent pas aux opérateurs producteurs de raisins ne vinifiant pas leur production, exploitant moins de 1,5 hectare en appellation d’origine contrôlée et dont l’exploitation respecte une proportion de cépages principaux supérieure ou égale à 50 % de l’encépagement.
L'encépagement est très ancien et très varié. Le Raffiat de Moncade n'est guère cultivé qu'à Bellocq et en collection. Les Petit et Gros Manseng ont été redécouverts depuis les années 1960 et 1970. Ils sont encore beaucoup plantés dans toute la Gascogne. Le Pinenc, le Lauzet et le Camaralet de Lasseube (0,26 ha en 2000) sont rarissimes, tandis que le Sauvignon blanc les a remplacés.
D'après Guy Lavignac[9]cette région avait son encépagement propre depuis des siècles : Bouchy, Fer, Manseng noir, Courbu et probablement d'autres encore non repris dans l'appellation. Au XVIIIe siècle, le Tannat a été introduit; il pourrait s'agir d'un métis de Côt N et d'un cépage pyrénéen. Lors de la reconstitution du vignoble après le phylloxéra, le Cabernet Sauvignon a été importé de Bordeaux. Les cépages Courbu et Manseng noir ne sont plus que des reliques du passé. Ils sont néanmoins conservés dans le conservatoire des cépages.
Méthodes culturales
Le vignoble est cultivé en hautains, selon la méthode régionale[10]. Seule la taille longue est autorisée.
Terroir et vins
Les vins de trois zones peuvent revendiquer l’appellation béarn : celle du jurançon quand elle produit un rouge, celle du madiran pour le rosé, et la commune de Bellocq pour les trois couleurs[11]. Rouges et rosés représentent la part la plus importante de la production. Légers et francs de goût, il faut de préférence les boire dans l'année. Les blancs secs sont connus sous le nom de « Rousselet de Béarn »[10].
Le décret de 2011 modifié en 2017 ne fait pas état d'une mention "Bellocq" pouvant suivre l'appellation "Béarn" (Dénomination géographique et mentions complémentaires : pas de dispositions particulières).
Structure des exploitations
La production est assurée par deux caves coopératives et vingt-huit caves indépendantes[7].
Type de vins et gastronomie
Le rouge dégage au nez des notes de fruits noirs (myrtille, cerise, cassis). Il se consomme entre deux et cinq ans. Traditionnellement il est servi sur des viandes grillées ou en sauce, volailles, confits, magrets, gibiers et fromages à croûte fleurie[7].
Le rosé aux arômes de petits fruits rouges se consomme jeune. Traditionnellement il accompagne les charcuteries, salades composées et grillades[7].
Le blanc moelleux ou sec est plus confidentiel. Moelleux, il se révèle sur du foie gras, des fromages à pâte persillées et les desserts. Sec, il peut se servir de 8 à 10 °C en apéritif ou avec les hors-d’œuvre, les poissons et les crustacés[12].
Commercialisation
L'AOC produit 52 hl de vin blanc, 7 343 hl de rouge et 6 072 hl de rosé[7]
Notes et références
- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
- Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
- Décret du 18 septembre 2009.
- Béarn Bellocq, vins du Piémont
- Les vins de Bellocq
- Vins du Sud-Ouest
- AOC Béarn
- Décret du 3 avril 1990 relatif à l'appellation d'origine contrôlée (lire en ligne)
- Guy Lavignac, Cépages du sud-ouest, 2000 ans d'histoire,
- Michel Mastrojanni, op. cit.
- Les terroirs de L'AOC Béarn
- AOC Béarn-Bellocq
Bibliographie
- Benoît France, Grand Atlas des Vignobles de France, Édition Solar, Paris, 2002, , 322 p. (ISBN 978-2-263-03242-4 et 2-263-03242-8)
- Michel Mastrojanni, Le grand Livre des vins de France, Paris, Édition Solar, Paris, 1982, , 303 p. (ISBN 978-2-263-00592-3 et 2-263-00592-7)
- Paul Strang, Vins du Sud-Ouest, Édition du Rouergue, Rodez, 1997 (ISBN 978-2-84156-054-7 et 2-84156-054-6)
- Guy Lavignac, Cépages du sud-ouest, 2000 ans d'histoire, Éditions du Rouergue, (ISBN 2-84156-289-1)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes