Filet de pêche
Un filet de pêche est un outil de pêche passif permettant de capturer des poissons, ou certains crustacés (langoustines). Le filet est tendu verticalement dans l'eau et permet de capturer des poissons d'une taille précise grâce aux mailles dimensionnées pour retenir un poisson par la tête ou l'avant du corps. Chaque pêche et chaque espèce pêchée utilise un filet différent par sa couleur, sa taille, la grosseur de son cordage et la dimension de ses mailles.
Certains filets peuvent ou doivent[1] être équipés de pingers destinés à éloigner les cétacés des filets.
Des bouées surmontées d'un pavillon permettent de signaler le filet s'il est en surface ou de le retrouver s'il est calé sur le fond.
Le trémail
Le trémail est un filet calé sur le fond. Il est composé de trois nappes de filet aux mailles inégales (deux nappes dites externes ou « aumées » à grandes mailles, et une nappe dite interne ou « flue », lâche à petites mailles dans lesquelles les poissons s'emmêlent après avoir passé le filet externe à plus grosses mailles. Cette technique est par exemple utilisée en Baie de Seine pour pêcher la sole ou le turbot. Les trémailleurs peuvent poser plusieurs trémails mis bout à bout pouvant constituer l'équivalent d'un filet de dix kilomètres. Ils les relèvent tous les jours ou tous les deux jours. Le trémail est utilisé à Fécamp pour pêcher la sole, le carrelet et la lotte lors de plusieurs sorties quotidiennes. Sur l'île de Ré, il permet de pêcher soles, bars, seiches… En Méditerranée, c'est encore un engin traditionnel décliné sous plusieurs formes pour notamment pêcher le rouget, la langouste et la rascasse. Les pêcheurs du Pays basque l'utilisent avec le filet droit à un seul filet.
Ces filets sont réglementés ; en France le public peut poser un filet trémail jusqu’à cinquante mètres[2].
Le filet maillant de fond
Il est conçu pour piéger le poisson par la tête en le retenant prisonnier par les ouïes (s'il a une taille correspondant à la taille de la maille), par opposition aux filets dits « emmêlants » (ou « lâches ») qui accrochent leurs prises par n'importe quelle aspérités (nageoires, épines, pinces, etc.).
Le filet maillant de fond est posé sur le fond car son lestage est supérieur à sa flottabilité. Il est mis à l’eau depuis le navire en plusieurs sections de quelques mètres, jusqu'à une cinquantaine de kilomètres. Selon la profondeur de la mer à l'endroit où il est posé et selon la taille des mailles du filet, diverses espèces de poissons sont ciblées. Il s'agit d'une pêche artisanale largement pratiquée en Méditerranée, notamment dans les eaux italiennes et grecques.
Le filet maillant dérivant
Le filet maillant dérivant est positionné en surface et n'est pas retenu par un ancrage. C'est un filet droit muni de flotteurs sur sa partie supérieure qui dérive avec le courant.
Il peut être constitué d’une ou de plusieurs nappes rectangulaires de filet, qui pendent verticalement dans l’eau grâce à un lest fixé dans le bas du filet. C'est une technique très ancienne utilisée pour pêcher le hareng, de nuit lorsqu'il remonte en surface.
Avec l'industrialisation de la pêche, les filets devenus géants (longueurs de plus d'un kilomètre) ont contribué à l'augmentation de la pression de pêche à la surexploitation de certains stocks de poissons, mais aussi à une mortalité importante de cétacés, tortues capturées et asphyxiées dans ces filets…). Cette pêche est aujourd'hui en déclin, pour des raisons réglementaires et de rentabilité (les chalutiers sont devenus plus performants pour pêcher de gros tonnages). Ces filets peuvent se prendre dans les hélices et être des obstacles à la circulation des navires.
Le filet dérivant pélagique
Le filet dérivant pélagique est un large et long filet droit (en une seule nappe) laissé provisoirement dérivant au large par les pêcheurs. Ils sont utilisés dans le Pacifique sud par les pêcheurs asiatiques pour pêcher le thon et ailleurs pour pêcher des espèces pélagiques et démersales telles que sardine, bar, maquereau, hareng. Mais cette technique capture toutes sortes d'espèces non cibles dont des dauphins, des baleines et des tortues. La convention de Wellington de 1989 a interdit les filets dérivants de plus de 2,5 kilomètres dans le Pacifique. Le Japon a alors arrêté la pêche au filet dérivant en 1992.
Filets horizontaux
Dans diverses parties du monde, à partir des berges en général, aux eaux marines, douces ou saumâtres, et parfois à partir d'un ponton ou d'un bateau, on utilise aussi des sections horizontales de filets (ronds ou carrés) qu'on remonte après les avoir posés sur le fond (avec ou sans appât selon les cas et les espèces visées). Ils sont dits « balances » ou « carrelets » (filets de forme carrée). Ces filets peuvent être soumis à réglementation ou taxes.
Les verveux
Les verveux sont de petits filets pièges d'une dizaine de mètres en forme de chalut. A l’intérieur de ce filet se trouve, tous les mètres, une pièce de filet en forme d' entonnoir dans laquelle les poissons et autres crevettes arrivent à rentrer mais ne peuvent en ressortir.
Certains verveux sont équipés d'ailes sur les cotés qui déroutent le poisson vers l'entrée: ce système permet de pêcher une zone plus étendue.
Ils sont utilisés en eau douce comme en mer. Pour l'eau douce, ils sont immergés avec une embarcation tandis qu'en mer, on le pose a marée basse et on l'attache avec des piquets.
Avec ce genre de filet, on peux attraper des anguilles, des poissons-chats, des mulets, des bars, des poissons plats, etc.
Impacts environnementaux
Les filets selon leur longueur et profondeur, leur taille de maille, leur sélectivité, la durée et le lieu de leur pose, ont une influence directe (surpêche) ou indirecte (prises involontaires de tortues, dauphins…) sur les écosystèmes marins et océaniques. Même des filets d'apparence modeste ou fragiles peuvent capturer et noyer de grandes espèces de cétacés, ou requins[3]. Des recherches sont en cours depuis les années 1980 pour réduire leur impact, dont en Méditerranée[4]. Sous forme de chalut de fond, les filets génèrent des impacts significatifs qui commencent à être bien étudiés.
Les filets perdus en mer (du fait des tempêtes ou d'accrochages avec des grands cétacés, des cargos, des sous-marins…) peuvent devenir des macro-déchets marins. Longtemps après leur perte, ils peuvent continuer à piéger des poissons ou d'autres animaux d'autant plus longtemps qu'ils sont faits en matière synthétique solide et peu dégradable (PA6…) et que n'importe quel objet flottant en surface ou près de la surface entre deux eaux attire les poissons (fait exploité par les dispositifs de concentration du poisson ou DCP). Certains de ces « filets fantômes » s'accrochent sur les récifs ou sur des épaves qui deviennent alors des pièges pour de nombreux animaux marins. D'autres, plus ou moins déchiquetés par la mer ou les hélices de navires finissent par être rejetés dans les laisses de mer. De petits morceaux de filets couverts de pontes de poissons ou d'autres organismes marins peuvent être ingérés par des oiseaux marins (albatros par exemple).
Divers
- Filet calé : tout filet fixé au fond est dit « calé », généralement grâce à un lest plus lourd (plomb, pierres, ciment…). Un tel filet peut mesurer plusieurs kilomètres et être éventuellement constitué de plusieurs sections mouillées par un même navire. Grâce aux « progrès » permis par les matières synthétiques (solides et légères), un navire de vingt mètres peut en mouiller cinquante kilomètres[5].
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
Notes et références
- Les pingers sont obligatoires dans certains pays (règlement européen)
- Engins autorises en pêche à pied
- Exemple filmé près de l'île d'Elbe d'un grand requin mort pris dans un filet
- Synthèse de la FAO, de 2006, sur les impacts des engins de pêche en méditerranée, avec informations sur des outils permettant une pêche plus sélective
- Page sur les filets, par Ifremer