Courtepaille
Courtepaille | |
Création | 16 octobre 1961 |
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Forme juridique | SASU Société par actions simplifiée à associé unique |
Siège social | 101 rue du Pelvoux, Évry-Courcouronnes |
Direction | Bertrand Baudaire |
Actionnaires | La Boucherie |
Activité | Restauration traditionnelle |
Société mère | La Boucherie |
Effectif | 2534 (effectif moyen annuel déclaré en 2018) dans 199 établissements en exploitation directe |
Site web | www.courtepaille.com |
Chiffre d'affaires | 190 000 000 € en 2019[1] |
Résultat net | perte : 6 049 600 € en 2018 |
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Courtepaille est la marque d'une chaîne française de restaurants spécialisée dans les grillades de viande. En 2021, la chaîne compte près de 240 établissements dont environ un tiers en franchise.
Créée en avec l'ouverture d'un unique restaurant au bord de la route nationale 6, à Rouvray (Côte-d'Or), la chaîne de restaurants appartient longtemps au groupe Accor, avant de passer entre les mains de plusieurs fonds d'investissement. Elle est exploitée par la société par actions simplifiée unipersonnelle Serare. Le , Courtepaille est rachetée par TDR Capital (en), qui possède déjà Buffalo Grill puis par La Boucherie quelques années plus tard. En deux décennies, l'enseigne est propriété de six actionnaires différents.
Histoire
[modifier | modifier le code]Premier restaurant et développement 1961-1975
[modifier | modifier le code]En 1961, Jean Loisier, fils d'une restauratrice, ouvre un restaurant à l'entrée du village de Rouvray au sud d'Avallon, peu après le remplacement de la Nationale 6 par l’autoroute du Sud[1],[n 1]. Il décide d'apporter une architecture facilement identifiable : un toit de chaume et une grande cheminée, ainsi qu'un choix simple essentiellement avec de la viande et donne à l'ensemble de nom de Courtepaille[1]. En moins d'un an, le succès est au rendez-vous et le nombre de repas multipliés par 12[1]. Un deuxième établissement ouvre à Cussy-les-Forges. Avec sa femme Arlette, Jean Loisier développe la chaîne de restaurants, ouvre 17 unités puis la vend au milieu des années 1970 à Novotel[n 2] qui développe l'enseigne et multiplie encore les ouvertures[1],[3]. Les premiers restaurants sont placés sur le bord des itinéraires de vacances à l'image du premier restaurant le long de la nationale 6. Les restaurants Courtepaille sont destinés à faciliter la vie des vacanciers : carte simple et service rapide[4].
Valse des investisseurs
[modifier | modifier le code]Le groupe Accor, maison mère de Novotel quitte l’aventure : Courtepaille accueille en 2000 le fonds Barclays Private Equity dans son capital, dans le cadre d’un achat à effet de levier (LBO) au terme duquel le management détient 20 % des parts. Mais la formule du LBO n'est efficace que si la croissance est soutenue, permettant de couvrir la dette toujours importante dans ce type de rachat. L'acquisition de Courtepaille par le mécanisme d'achat à effet de levier a permis dans un premier temps aux actionnaires de réaliser des plus-values, mais en a cependant encore accru la dette qui pèse sur son développement[5].
Cet actionnaire se retire en 2005, et la gestion voit sa participation passer à 35 %, contre 35 % pour ING Parcom et 30 % pour Banque de Vizille. Le groupe est ensuite dirigé par Philippe Labbé, ancien employé de l'entreprise McDonald’s France. L’enseigne mène une politique d’expansion « en propre » et « en franchise », selon les opportunités. L'objectif est alors de trois ouvertures sous cette forme, sur un total de quinze nouvelles implantations par an[6], objectif réalisé depuis.
Le groupe Courtepaille est acquis par le fonds d’investissement Fondations Capital pour 245 millions d’euros début 2011[7].
En , comme Fondations Capital ne tient pas ses engagements, Intermediate Capital Group (en) (ICG) évince les anciens propriétaires de Courtepaille[8] dans un moment crucial où l'enseigne rencontre des difficultés face à un recul des ventes et un concept dépassé[9]. En 2016, le principe de l'accueil permanent 7 jours sur 7, douze heures par jour, est abandonné et chaque restaurant impose des nouveaux horaires différents, perturbant la clientèle d'habitués[10].
Deux ans plus tard, la chaîne de restaurants est toujours la propriété du fonds mezzanine ICG[11] qui maintient l'exploitation à la société Serare[12]. Le fonds investit huit millions dans la rénovation des restaurants et la carte est revue[1].
Cette valse d'actionnaires, qui n'a pas toujours fourni un management de qualité, doublé du vieillissement de l'image de l'enseigne et des établissements, fait que durant toutes ces années 2010, la rentabilité est en chute et la dette augmente ; de plus, directement concurrencée par Buffalo Grill et avec une communication défaillante, la marque périclite et le CA baisse inexorablement[1] : en quelques années, depuis qu'elle appartient à ICG, l'enseigne a perdu 20 % de son chiffre et accumule les pertes[3]. Le mouvement des Gilets jaunes paralysant divers axes routiers et ronds points, emplacements stratégiques pour l'enseigne, rend la fréquentation anémique et accélère encore cette baisse. Dès début 2020, la pandémie de Covid-19 en France termine de vider les restaurants. L'entreprise étant en difficulté depuis des années et pas seulement à cause de la crise sanitaire, le Prêt garanti par l'État lui est refusé[1].
Depuis 2020 : redressements judiciaires et rachats
[modifier | modifier le code]La chaîne rencontre des difficultés pour se relever des deux mois du premier confinement, à la suite de l'épidémie de COVID-19 : en manque d'argent disponible, la marque ne peut payer ses fournisseurs[1]. Le propriétaire, ICG, met la chaine en vente sans succès[3]. Le , les dirigeants déposent le bilan auprès du tribunal de commerce d'Évry afin de déclencher l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire[13]. Courtepaille est placé en redressement judiciaire huit jours plus tard.
2020 - Rachat par Buffalo Grill
[modifier | modifier le code]Le 25 septembre 2020, le tribunal de commerce d'Évry annonce que Courtepaille est repris par son concurrent Buffalo Grill (TDR Capital), face au groupe Bertrand (Hippopotamus) ainsi que deux autres prétendants, pour 17 millions d'euros[14]. TDR Capital conserve 145 restaurants de l'enseigne ainsi que 92 en franchise avec un plan d'investissements de 100 millions d'euros sur cinq ans comprenant, pour plus de la moitié, la rénovations des établissements[15]… mais ce plan doit être majoritairement autofinancé par l'enseigne[10]. D'autres pistes sont mises en avant pour redévelopper l'enseigne, comme les repas à emporter, la création de dark kitchens pour livrer les centres-villes ou la réduction de la carte aux fondamentaux de la marque[16].
2023 - Rachat par La Boucherie
[modifier | modifier le code]Fin mars 2023 la société demande sa mise en redressement judiciaire auprès du tribunal de commerce de Nanterre[17].
En mai 2023, une information du Figaro mentionne un intérêt du groupe La Boucherie pour reprendre neuf restaurants Courtepaille et « maintenir la marque et les contrats des 72 franchisés du réseau »[18].
L'enseigne est reprise par le groupe La Boucherie qui reprendra 74 restaurants franchisés et dix établissements en succursale. La proposition de rachat implique cependant la fermeture de 130 établissements et le licenciement de 1 500 salariés[19],[20].
Concept
[modifier | modifier le code]Le concept est de proposer aux clients des grillades ne nécessitant pas de cuisinier et réalisées sous les yeux du client[3]. En outre, le client doit immédiatement identifier Courtepaille, d'où une architecture particulière avec un bâtiment rond, un toit en chaume et sa cheminée.
Pour le journaliste de Slate Jean-Laurent Cassely, Courtepaille est « pionnier du modèle tout-voiture avec ses restaurants implantés dès 1962 sur le bord des routes des vacances »[21]. Afin d'être facilement identifiés et dupliqués[3], les restaurants sont tous décorés de la même façon : matériaux naturels, chaleur dégagée par la cheminée centrale. les clients sont accueillis par le « maître de maison »[22].
Activité, rentabilité, effectif
[modifier | modifier le code]2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | |
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Chiffre d'affaires en millions d'euros | 227 | 224 | 207 | 198 | 190 | |
Résultat en millions d'euros | + 9 | + 5,9 | + 1,6 | - 1 | - 6 | |
Effectif moyen annuel | 3 050 | 2 959 | 2 658 | nc | 2 534 |
Nombre de restaurants
[modifier | modifier le code]En 2011, la chaîne compte 250 établissements en France, dont 20 % en franchise[6]. Quatre ans plus tard, elle compte 266 restaurants[22]. En 2018, il y en a environ 300, dont un tiers en franchise[21], puis 287 restaurants, dont 91 franchisés, milieu 2020[1]. Historiquement très implanté sur les grands axes routiers, le réseau expérimente de nouvelles conceptions, notamment dans des centres commerciaux. Courtepaille est également présent sur les autoroutes en partenariat avec le groupe Elior.
Courtepaille fait ses premiers pas à l'étranger en : la chaîne ouvre alors un restaurant en Pologne, au cœur de Varsovie. Situé dans un centre commercial, l'établissement dispose de 140 places assises et d’une terrasse[24].
Le restaurant historique de l'Yonne ouvert en 1964, à la sortie de Cussy-les-Forges, n'a jamais rouvert ses portes après le premier confinement de 2020 ; une quarantaine d'établissements ferment définitivement durant la même période[3].
Controverses
[modifier | modifier le code]En , le ministre du Travail, Myriam El Khomri, annonce transmettre au Défenseur des droits un rapport datant de , pointant le « risque élevé de discrimination dans le traitement des candidatures » à l'embauche par le groupe Courtepaille. L'enquête de testing menée en amont par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques a révélé des dysfonctionnements, et les réponses proposées ensuite par le groupe Courtepaille n'ont pas été jugées satisfaisantes par le cabinet Vigeo Eiris[25]. Le groupe fait part de sa surprise « d’être cité de cette manière dans ce rapport car ils ont été présentés en novembre comme « bon élève » pour le très bon travail de recrutements et de non-discrimination, notamment au sein du siège »[26]. Le , Courtepaille signe le Pacte pour l'égalité de traitement des candidats dans l'accès à l'emploi quelles que soient leurs origines.
Marques
[modifier | modifier le code]Serare, la société exploitante, a déposé deux marques à l'Institut national de la propriété industrielle : le « Grill Courtepaille »[27] et le « Grill Courtepaille, le restaurant de toutes les grillades »[28].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Dans le guide des restaurants Courtepaille, édition 2015, on lit qu'en 1961, l'ouverture s'est mal passée, le cuisinier n'étant pas là. Jean Loisier proposa alors aux clients de préparer quelques grillades sous leurs yeux[2], mais cette version des faits est infirmée par la famille.
- Novotel ne s'appelle pas encore Accor.
Références
[modifier | modifier le code]- Michel Revol, « Courtepaille se fait avaler par Buffalo Grill », sur Le Point, (consulté le )
- Guide des restaurants Courtepaille, édition 2015, page 2.
- Declaireux 2021, p. 48.
- Pierre Demoux, « Franchise : Courtepaille, l'icône française sur le gril » , Les Echos, (consulté le )
- Christophe David, « Paix armée chez Courtepaille... gérée à courte vue », sur Capital.fr, (consulté le )
- (en) « Philippe Labbé devient président du directoire de Courtepaille », sur franchise-magazine.com via Wikiwix (consulté le ).
- « Fondations Capital rachète Courtepaille », sur restauration.fr (consulté le ).
- « Les créanciers passent en force chez Courtepaille - Actualités Financements & Marchés », sur L'AGEFI, (consulté le )
- Declaireux 2021, p. 49.
- Declaireux 2021, p. 50.
- « ICG constitue le plus grand fonds de mezzanine jamais levé en Europe », sur Capital Finance, (consulté le )
- « SERARE (EVRY) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 305836033 », sur www.societe.com (consulté le ).
- Franck Bouaziz, « Courtepaille : quatre offres de reprise au menu du jour », Libération, , p. 15.
- « Restauration : Courtepaille, en difficulté depuis le Covid-19, repris par Buffalo Grill », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Declaireux 2021, p. 48 et 49.
- Declaireux 2021, p. 49 à 50.
- « Restauration. Courtepaille sollicite sa mise en redressement judiciaire » , Ouest France, (consulté le )
- « Le groupe La Boucherie, principal repreneur potentiel des restaurants Courtepaille », sur LEFIGARO, (consulté le )
- « L'enseigne Courtepaille reprise par le groupe La Boucherie, 1500 salariés licenciés », sur Le Figaro,
- « Restauration : l’enseigne Courtepaille reprise par La Boucherie ? », sur Le Télégramme, (consulté le )
- Jean-Laurent Cassely, « De Buffalo Grill au "fast casual" : comment les commerces de franchise redessinent la carte de France », slate.fr, 5 avril 2018.
- Guide des restaurants Courtepaille, édition 2015, p. 4.
- « SERARE - bilans publiès - », sur www.verif.com (consulté le )
- « Courtepaille se lance en Pologne », sur le site www.observatoiredelafranchise.fr, (consulté le ).
- Sarah Belouezzane, « Discriminations à l’embauche : Courtepaille et AccorHotels désignés mauvais élèves par Myriam El Khomri », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « El Khomri épingle AccorHotels et Courtepaille sur la discrimination à l'embauche », 20minutes.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Bulletin officiel de la propriété industrielle no 99/45, [lire en ligne].
- Bulletin officiel de la propriété industrielle no 07/19, [lire en ligne].
Presse
[modifier | modifier le code]- Bruno Declaireux, « Courtepaille trouvera-t-elle enfin sa recette magique ? », Capital, no 354, , p. 48 à 50 (ISSN 1162-6704).
Liens externes
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