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Élection présidentielle malgache de 2023

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Élection présidentielle malgache de 2023
(1er tour)
(2d tour)
Type d’élection Élection présidentielle
Scrutin uninominal majoritaire à deux tours
Andry Rajoelina – TGV
Marc Ravalomanana – TIM
Hery Rajaonarimampianina – HVM
Hajo Andrianainarivelo – MMM
Président de la République
Sortant
Andry Rajoelina
TGV

L'élection présidentielle malgache de 2023 a lieu les 9 novembre et 20 décembre 2023 afin d'élire le président de la république de Madagascar.

Le président sortant Andry Rajoelina est candidat à sa réélection.

Contexte

Présidence d'Andry Rajoelina

Andry Rajoelina en 2012

L'élection présidentielle de 2018 est remportée par Andry Rajoelina. Après l'élimination au premier tour de Hery Rajaonarimampianina, Rajoelina l'emporte contre Marc Ravalomanana au second avec 55,66 % des voix, le scrutin étant dominé par l'affrontement de ces trois anciens présidents[1]. Au lendemain de la proclamation de la victoire de Rajoelina par la Haute Cour constitutionnelle (HCC), Ravalomanana reconnait sa défaite et félicite le vainqueur, apaisant ainsi les craintes d'une crise post électorale[2],[3].

Après sa prise de fonction à la mi janvier 2019, le nouveau président mène à la victoire sa formation politique, Nous tous, ensemble avec Andry Rajoelina (IRK), lors des législatives organisées au mois de mai suivant. IRK remporte ainsi la majorité absolue des sièges, assurant à Rajoelina le soutien de l'Assemblée nationale[4].

Après l'échec en 2019 de sa tentative de suppression du sénat malgache, annulée à la suite d'un avis défavorable de la HCC, Rajoelina se reporte sur une simple réduction du nombre de ses membres, qui passent de 63 à 18 sénateurs. Les élections sénatoriales de décembre 2020, boycottées par une grande partie de l'opposition refusant cette réforme, voit sans surprise la victoire d'IRK, la coalition arrivant en tête dans les six provinces[5],[6]. Le parti au pouvoir dispose depuis d'une majorité dans les deux chambres du parlement[7]. Si Andry Rajoelina sort ainsi renforcé des sénatoriales, le scrutin lui permet surtout de placer un homme de confiance, Herimanana Razafimahefa, au poste de président par intérim en vue de sa candidature à un second mandat. La constitution impose en effet à un président sortant souhaitant se présenter à sa réélection de démissionner deux mois avant la tenue de l'élection présidentielle, donnant lieu à un intérim exercé par le président du Sénat[8],[9],[10].

Polémique sur la binationalité de Rajoelina

En , quelques mois avant l'élection présidentielle, des documents sont divulgués concernant l'acquisition en 2014 de la nationalité française par Andry Rajoelina, sa femme et leurs trois enfants[11],[12]. Bien que la binationalité soit courante dans le pays, cette dissimulation de 2014 à 2023 est jugée politique, l'association avec l'ancienne puissance coloniale allant à l'encontre de la politique nationaliste du président, laquelle le voit notamment revendiquer les Îles Éparses françaises[11],[13].

La révélation de la binationalité de Rajoelina conduit celui-ci à être vivement critiqué par l'opposition, laquelle dénonce une « trahison », une « faute morale » et demande sa destitution. L'article 46 de la Constitution impose en effet à un candidat à la présidentielle d'avoir la nationalité malgache[14]. Or l'article 42 du code de la nationalité malgache prévoit la perte de la nationalité pour un Malgache majeur qui en acquiert volontairement une autre[15]. La question se pose alors de savoir si cette nationalité a été obtenue automatiquement par filiation de son grand-père, comme le président l'affirme, ou sur demande. Ce deuxième cas de figure correspondrait à l'acquisition volontaire décrite par le code de la nationalité, donc à la perte de la nationalité malgache. Cette possibilité est mise en avant par l'opposition qui avance que l'élection du président 2018 n'aurait par conséquent pas été constitutionnelle[13],[12],[16]. Rajoelina réagit en rappelant son appartenance au peuple malgache, affirmant que « Personne ne peut enlever ni changer le sang malgache qui coule dans nos veines. »[13],[17].

La polémique conduit à l'ouverture fin juin 2023 d'une enquête parlementaire, suivie de l'interpellation de la Haute Cour constitutionnelle par un collectif de citoyens de la diaspora[17],[16]. Le 24 août 2023, la Haute Cour juge irrecevable la demande d'invalidation de la candidature de Rajoelina en 2018, le délai prévu pour le dépôt d'une contestation des résultats étant largement dépassé, et Andry Rajoelina ne s'étant pas rendu coupable de manœuvre frauduleuse car n'ayant pas agi pour empêcher la divulgation du décret du gouvernement français. La Haute Cour juge également qu'elle n'est pas compétente pour prononcer la déchéance de nationalité du président, cette compétence appartenant au pouvoir réglementaire de l’exécutif auquel il appartient d'en faire le constat par décret[18]. La décision intervient la veille de l'ouverture du dépôt des candidatures pour l'élection présidentielle. Elle est perçue comme un feu vert pour une candidature du président à sa réélection[19]. Cette dernière est par la suite validée parmi douze autres par la Haute Cour constitutionnelle, laquelle rejette les quatre demandes d'annulation déposées par plusieurs de ses opposants dont l'ancien ministre Hajo Andrianainarivelo, lequel déclare que l'institution a « perdu la face aux yeux du monde »[20].

Mode de scrutin

Le président de la république de Madagascar est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Est élu le candidat qui obtient la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour. À défaut, les deux candidats arrivés en tête s'affrontent lors d'un second tour organisé trente jours au plus tard après la proclamation des résultats du premier, et celui recueillant le plus de suffrage est élu[21].

Les candidats à la présidence doivent satisfaire aux conditions de la Constitution de Madagascar : être de nationalité malgache, jouir de leurs droits civils et politiques, avoir au moins trente cinq ans et résider à Madagascar depuis au moins six mois. Si le président en exercice se porte candidat, il doit démissionner de son poste soixante jours avant la date du scrutin ; dans ce cas, le président du Sénat exerce ses fonctions par intérim. En cas de candidature de ce dernier également, le gouvernement assure collégialement les fonctions du chef de l'Etat[22]. La régularité du scrutin est vérifiée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Campagne

En avril 2023, le gouvernement interdit les réunions politiques en plein air, une décision condamnée par l'Union Européenne, le Royaume Uni, les Etats-Unis, la Suisse, la Norvège et le Japon[23].

Sur les 28 candidatures déposées auprès de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), treize sont retenues par cette dernière, qui invalide les autres pour des raisons de pièces manquantes, dont principalement la caution de 200 millions d'ariary (environ 41 000 euros)[24],[20].

Andry Rajoelina

Éligible pour un second mandat, le président sortant Andry Rajoelina est affaibli par des années de mandat marquées par les crises sanitaires, sociales et économiques liées à la pandémie de Covid-19, l'invasion de l'Ukraine par la Russie et une sécheresse qui provoque une famine sur l'île[25]. Le président sortant conserve néanmoins une importante popularité et peut s'appuyer sur un bilan économique qui le voit bénéficier de la confiance des grandes institutions internationales. Rajoelina axe en conséquence sa campagne sur son bilan socio-économique, auquel il associe son « Plan Émergence Madagascar » (PEM)[25].

Sa directrice de cabinet, Romy Voos Andrianarisoa, est arrêtée le 14 août au Royaume-uni dans le cadre d'une affaire de corruption où elle est accusée d'avoir versé un pot-de-vin à la société minière britannique Gemfields, spécialisée dans l'extraction de pierres précieuses et propriétaire de l'Oriental Mining Sarl qui opère à Madagascar[26]. Elle est congédiée le 16 août par Rajoelina qui la remplace par Lova Hasinirina Ranoromaro[27]. Cette affaire intervient au mauvais moment pour le président sortant qui voit son équipe désorganisée juste avant la période de lancement de sa candidature[28].

Rajoelina annonce finalement sa candidature pour un second mandat le 6 septembre 2023, à l'occasion d'un meeting au Palais des Sports et de la Culture de Mahamasina. Ainsi, devant les militants de son parti, Nous tous, ensemble avec Andry Rajoelina (TGV), il est investi candidat[29],[30],[31]. Une fois sa candidature validée, il démissionne le 9 septembre 2023 afin de pouvoir se présenter à sa réélection, comme la Constitution l’exige. Conformément à cette dernière, le président du Sénat, Herimanana Razafimahefa devait assurer l'intérim. Mais celui-ci y renonce pour raisons personnelles. L'intérim est alors assuré de manière collégiale par le gouvernement Ntsay III[32].

Autres candidats

Sont notamment candidats les anciens présidents Marc Ravalomanana[33] et Hery Rajaonarimampianina.

Auguste Paraina[34], Siteny Randrianasoloniaiko[35],[36], Tahina Razafinjoelina[37], Hajo Andrianainarivelo[38],[39], Roland Ratsiraka[40] et Lalaina Harilanto Ratsirahonana[41] sont également en lice.

Résultats

L'ordre des candidats ci dessous est celui du bulletin de vote, dans l'attente des résultats[42].

Résultats de l'élection présidentielle malgache de 2023
Candidats Partis Premier tour Second tour
Votes % Votes %
Tahina Razafinjoelina FTT
Hajo Andrianainarivelo MMM
Andry Rajoelina TGV
Roland Ratsiraka MTS
Marc Ravalomanana TIM
Richard Paraina TT
Andry Raobelina ARB
Jean-Brunelle Razafitsiandraofa APM
Lalaina Ratsirahonana AF
Hery Rajaonarimampianina HVM
Sendrison Daniela Raderanirina Fy-M
Jean-Jacques Ratsietison FMI-Ma
Siteny Randrianasoloniaiko PSD
Votes valides
Votes blancs et nuls
Total 100 100
Abstention
Inscrits / participation

Notes et références

  1. Présidentielle à Madagascar: la HCC valide la victoire d’Andry Rajoelina RFI
  2. Le spectre d’une crise politique après la présidentielle
  3. Madagascar : Marc Ravalomanana accepte sa défaite et félicite Andry Rajoelina
  4. https://www.facebook.com/RFI, « Madagascar: Rajoelina obtient la majorité absolue des députés, selon la Céni », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  5. « Madagascar: le parti du président Andry Rajoelina vainqueur des élections sénatoriales », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  6. Mandimbisoa R., « La plateforme avec Rajoelina en tête dans les 6 provinces – Madagascar-Tribune.com », sur Madagascar-Tribune.com, (consulté le ).
  7. AFP, « Le parti au pouvoir contrôle désormais aussi le Sénat malgache », sur VOA, VOAAfrique (consulté le ).
  8. « Sénatoriales – La victoire de l’IRD confirmée ».
  9. Garry Fabrice Ranaivoson, « Sénat - Razafimahefa aux commandes », sur L'Express de Madagascar, lexpress.mg, (consulté le ).
  10. (sw) « Sénat : Razafimahefa Herimanana élu président – Midi Madagasikara », sur www.midi-madagasikara.mg (consulté le ).
  11. a et b « Madagascar : le président Rajoelina est bien français », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. a et b « Madagascar : polémique sur la nationalité française du président Andry Rajoelina », sur Anadolu Agency,
  13. a b et c « Polémique à Madagascar : le président n'est pas malgache... mais français », sur Francetvinfo.fr, (consulté le )
  14. Jean-Pierre Maury, « Madagascar, Constitution de la IVe République 2010, Digithèque MJP », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le ).
  15. « Code de la nationalité malgache », sur citizenshiprightsafrica.org (consulté le ).
  16. a et b « La polémique s’amplifie sur la nationalité d’Andry Rajoelina », sur Mayotte la 1ère (consulté le ).
  17. a et b « Madagascar : la nationalité française présumée du président Andry Rajoelina provoque une crispation politique », sur TV5Monde, (consulté le )
  18. Garry Fabrice Ranaivoson, « INVALIDATION DE CANDIDATURE - La HCC déboute Fanirisoa Ernaivo », sur L'Express de Madagascar, lexpress.mg, (consulté le ).
  19. « Présidentielle à Madagascar : le chemin se dégage-t-il pour Rajoelina ? – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  20. a et b RFI, « Présidentielle à Madagascar: treize candidats en lice pour le scrutin du 9 novembre prochain », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  21. Jean-Pierre Maury, « Madagascar, Constitution de la IVe République 2010, Digithèque MJP », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le ).
  22. Constitution de la quatrième république
  23. A Madagascar, le président Andry Rajoelina confine l’opposition
  24. « Décision n°11-HCC/D3 du 9 septembre 2023 arrêtant la liste définitive des candidats au premier tour de l’élection présidentielle du 9 novembre 2023 », sur www.hcc.gov.mg (consulté le ).
  25. a et b « Election présidentielle malgache : Andry Rajoelina et trois autres candidats sur la ligne de départ », sur Enderi (consulté le ).
  26. Madagascar-Tribune.com, « Romy Voos Andrianarisoa arrêtée pour suspicion de corruption – Madagascar-Tribune.com », sur Madagascar-Tribune.com, (ISSN https://www.madagascar-tribune.com/Romy-Voos-Andrianarisoa-arretee-pour-suspicion-de-corruption.html[à vérifier : ISSN invalide], consulté le ).
  27. Mandimbisoa R., « Lova Hasinirina Ranoromaro remplacera Romy Voos Andrianarisoa – Madagascar-Tribune.com », sur Madagascar-Tribune.com, (ISSN https://www.madagascar-tribune.com/Lova-Hasinirina-Ranoromaro-remplacera-Romy-Voos.html[à vérifier : ISSN invalide], consulté le ).
  28. « À Madagascar, Andry Rajoelina et le casse-tête du cabinet – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  29. « Madagascar: le président Rajoelina candidat à sa réélection », sur TV5MONDE - Informations, (consulté le ).
  30. « Présidentielles à Madagascar : Andry Rajoelina dépose sa candidature », sur Réunion la 1ère (consulté le ).
  31. « Madagascar: les partisans du parti TGV affichent leur soutien à une candidature du chef de l'État », sur RFI, (consulté le ).
  32. (en) « Le président malgache démissionne avant les élections de novembre », sur al24news.com (consulté le ).
  33. Afrique Madagascar: Marc Ravalomanana officialise sa candidature à l'élection présidentielle - RFI
  34. Madagascar: Auguste Paraina - Candidat déclaré à la présidentielle
  35. Rédaction Midi Madagasikara, « Siteny Randrianasoloniaiko : Nouveau secrétaire national du parti PSD », sur Midi Madagasikara, midimadagasikara.mg, (consulté le ).
  36. Rajoelina & 3 autres candidates
  37. tahina-razafinjoelina-vers-la-candidature
  38. RFI, « Madagascar: le patron du MMM, Hajo Andrianainarivelo, candidat à la présidentielle 2023 », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  39. Hajo Andrianainarivelo: Candidat déclaré à la Présidence
  40. R.Ratsiraka candidat
  41. Lalaina Hariloanto Ratsirohonanan candidat
  42. « Election présidentielle à Madagascar : la HCC valide 13 candidatures - LINFO.re », sur Linfo.re (consulté le ).

Voir aussi