Quitterie
Quitterie | |
Statue de sainte Quitterie de l'église de Châlus (Haute-Vienne - France) | |
Décès | Vers 472 Aire-sur-l'Adour |
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Fête | 22 mai |
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Sainte Quitterie ou Quiterie est une jeune vierge de sang noble wisigoth, qui préféra mourir plutôt que de renier sa foi. Décapitée vers 472[1] dans le palais royal d'Aire-sur-l'Adour, elle porta, selon la légende, sa tête entre ses mains jusqu'au baptistère de la ville où se trouve une fontaine qui porte désormais son nom[2]. Elle est fêtée le 22 mai[3]. En réalité, cette Légende martyriale, créée à la fin du XIe s. par l'abbé de St-Sever Grégoire de Montaner dans le but de jalonner le pélerinage jacobite, est fictive. Vers 594, Grégoire de Tours connaissait Quiteria comme une simple vierge d'Aquitaine, ce qui se confirme vers 1000 avec un des manuscrits du Martyrologe d'Usuard, qui en fait une vierge martyre du Bordelais (première mention du martyre). La première mention d'un martyre à Aire (Landes) date des environs de 1072-1094.(Cf. D. Béziat, "Recherches sur sainte Quiterie, qui vécut au Ve ou au VIe siècle" ; Revue de Pau et du Béarn n° 47 ; 2020 ; pp. 23-48)
La légende gasconne
Selon la légende, qui prend des libertés avec la vérité historique, Quitterie était la fille de Kathilius, chef wisigoth d'origine probablement amale. Refusant la main d'un prétendant Germain imposé par son père, hérétique ou plus ou moins païen comme lui, elle préférait se réfugier dans un embryon de monastère colombanien dénommé Orio vallo. Sa fugue intervint peu de temps après sa conversion au christianisme orthodoxe, à l'âge de treize ans (emprunt manifeste à d'autres Légendes similaires, comme sainte Agnès de Rome ou sainte Marine d'Antioche). Le prétendant ou le père aurait fini par la retrouver et, selon certains manuscrits seulement, la décapiter.
La légende orale (et non l'écrite) dit que quand sa tête toucha terre, une fontaine jaillit. Quitterie aurait pris sa tête dans ses mains pour la déposer en haut du plateau du Mas, où se trouve aujourd'hui son sarcophage (dans la crypte de l'église Sainte-Quitterie d'Aire). Ce sarcophage paléochrétien, du début du IVe s., est antérieur à la mort de la sainte.
Tout près de l'église d'Aire coule aujourd'hui une fontaine à laquelle on attribue la vertu de guérir les maux de tête ainsi que la rage (on la représente souvent avec un chien à ses pieds tirant la langue). De nombreuses fontaines des Landes mais aussi du Béarn (Doumy, Aubous) et de la Charente (Aussac, Chadurie) supposées avoir les mêmes vertus, sont placées sous le patronage de la sainte. Quitterie est depuis un prénom typique des Landes et du Sud-ouest en général.
La légende lusitanienne
Il existe une légende sensiblement différente, situant l'origine de Quitterie au Portugal, mais qui a des origines en Aquitaine (l'évêque Bernard d'Agen, qui colporta ces pures inventions en Aragon à la fin du XIV e s.). Cette histoire de Quitterie, qui est très en honneur dans la péninsule ibérique, la fait naître en Galice. Son père, Cattilius, descendait de l’empereur Julien. Sa mère s’appelait Calsia. Tous deux étaient païens. Un jour, Calsia met au monde neuf filles et un garçon (!). Ce sont, outre Quitterie : Geneviève, Marine, Victoire, Eumélie, Germaine, Gemme, Baseille, Libérate, et un frère du nom de Montin. Mais Cattilius est absent, et ces enfants sont peut-être le fruit d’amours adultérines. Calsia demande à sa servante d’aller noyer ses filles, discrètement, à la rivière. Or, la servante est chrétienne, elle ne se résout pas à ce crime et elle confie les neuf petites filles à des nourrices chrétiennes comme elle. Toutes seront baptisées et élevées dans la foi chrétienne et termineront leur vie dans le martyre. L’on retrouve ici Germain, le fiancé païen, et la fuite de Quitterie. Elle va jusqu’à une ville nommée Aufragia. Là, règne le roi Leutimanus, apostat de la foi chrétienne, enrichi par le pillage des églises. Quitterie lui reproche cette conduite indigne, et il fait pénitence avec tout son peuple, revenant à des sentiments chrétiens. Mais le fiancé bafoué, le père furieux, accompagnés d’un autre roi férocement antichrétien nommé Adrien, se lancent à la poursuite de la princesse. Elle est en prière "in monte columbiano". Le bourreau Domitianus, envoyé par Adrien, arrive le premier et d’un coup de glaive il décapite Quitterie : elle ramasse sa tête, elle marche... Adrien fait massacrer les compagnons de Quitterie. Un peu plus tard, un chrétien nommé Libérat ira recueillir les corps des martyrs, et les miracles continueront... Cattilius et le prétendant, un peu tard, se convertissent et finissent leurs jours en prières sur cette montagne. Toute cette fable est fictive, mêlant la "Passio" médiévale à des inventions gothiques. Plus tard certaines des huit sœurs «jumelles » de Quitterie chzngeront de nom : Dode (vénérée à Sainte-Dode, dans le Gers) et Mère font leur apparition au XVIIe siècle (cf. Béziat, op. cit., p. 40). La plupart de ces saintes ont connu un culte dans le sud de la France et leurs noms sont fréquemment portés par des communes. Quitterie était invoquée contre la rage. Elle est parfois représentée avec deux chiens à ses pieds.
La postérité
Les reliques de la sainte demeurèrent jusqu'au XVIe siècle dans la crypte de l'église, ancien temple romain dédié au dieu Mars et converti en baptistère par les évêques des [[Novempopulanie|Aturenses]. Elles furent conservées à l'intérieur d'un sarcophage de marbre blanc, l'un des plus beaux du IVe siècle, en raison de l'extraordinaire richesse de sa décoration, mêlant motifs sculptés antiques et chrétiens.
Ses reliques attirent de nombreux pèlerins depuis le Moyen Âge, empruntant lous camins de Sinte Quiteyre. Le site s'imposera vite comme une étape sur la Via Podiensis un des chemins du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. C'était d'ailleurs le but recherché. Le culte de la sainte a pu se répandre sur cet itinéraire avec les récits des pèlerins, parfois assez loin du sanctuaire landais comme à Lageyrat (Haute-Vienne), où une fontaine à dévotion, une ancienne chapelle et une pierre tombale portent son nom[4].
Diverses fontaines des Landes sont placées sous la protection de Sainte-Quitterie et ont la réputation de pouvoir soigner les maux de tête (St Martin d'Oney, Commensacq, Gastes, Lucbardez et bien d'autres).
Contexte
À l'effondrement de l'Empire romain d'Occident, la Novempopulanie, province de l'actuelle ville d'Aire, fut conquise par les Wisigoths (à partir de 412 avec le roi Athaulf), avec le statut de peuple fédéré à partir de 418 (avec le roi Wallia). Les Goths. Quitterie appartenait à ce peuple, fut le premier peuple barbare à être christianisé, mais ils étaient considérés comme hérétiques par les Chrétiens car ariens. L'Arianisme niait la divinité de Jésus. Les Goths ariens n'allaient pas à la messe par exemple, travaillaient le dimanche, étaient tolérants envers les juifs (et l'islam à partir de 711 en Espagne, car ces croyances comme l'arianisme niaient la divinité du Christ. De plus, les Goths poursuivaient certains rituels païens (comme le font de nos jours certaines populations africaines, amérindiennes, asiatiques ou océaniennes, pourtant converties depuis des décennies voire des siècles).
Patronage
Sainte Quitterie est la patronne de l'ancienne paroisse de Lageyrat (Châlus), Étienne en étant le saint patron.[réf. nécessaire]
Galerie
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Statuette de sainte Quitterie sur le site de la fontaine de dévotion de Gastes
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Vitrail de sainte Quitterie (« sta Qviteria ») de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption de Mimizan
Notes et références
- Les chemins de Saint-Jacques dans les Landes, Francis Zapata, Jean-Pierre Rousset, Éditions Sud-Ouest
- L'Almanach du Landais 2002, éditions CPE, p 49
- Voir sainte Quitterie sur Nominis.
- Paul Patier, Histoire de Châlus, Res Universis, Paris, 1993. (ISBN 2-7428-0184-7) (ISSN 0993-7129), p. 144.
D. Béziat, "Recherches sur sainte Quiterie, qui vécut au Ve ou au VIe s.", in Revue de Pau et du Béarn n° 47 (2020), pp. 23-48.
Voir aussi
Bibliographie
Renée Mussot-Goulard, Quitterie, sainte et gothe, Éditions de Paris, 2007 (ISBN 978-2-85162215-0)
Articles connexes
Liens externes
- Noblesse wisigothe
- Saint catholique et orthodoxe
- Chrétien martyr en Gaule
- Décès à Aire-sur-l'Adour
- Céphalophore
- Antiquité dans les Landes
- Antiquité en Gascogne
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