Aller au contenu

Panini (grammairien)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 30 avril 2020 à 14:37 et modifiée en dernier par GLec (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Pāṇini
Buste de Panini.
Biographie
Naissance
Vers Voir et modifier les données sur Wikidata
Shalatula (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Nom dans la langue maternelle
पाणिनिVoir et modifier les données sur Wikidata
Époque
Activités
Prononciation

Panini (sanskrit devanagari: पाणिनि| ; IAST : Pāṇini) est un grammairien (hypothétique ou école) de l'Inde antique (probablement du IVe siècle av. J.-C.) né à Chalatura au Gandhara[1].

Il est célèbre pour avoir formulé en 3 959 sutras, connues sous le nom d'Ashtadhyayi[2], अष्टाध्यायी (Aṣṭādhyāyī) et également appelées Paniniya, les règles de morphologie, de syntaxe et de sémantique du sanskrit. L'Ashtadhyayi reste un ouvrage de référence sur la grammaire du sanskrit[3],[4].

Biographie

Rien de sûr n'est connu de sa vie, pas même le siècle au cours duquel il a vécu (certainement après le VIIe et avant le IIIe siècle av. J.-C.)[3]. D'après la tradition indienne, Panini serait né à Chalatura, près de l'Indus, aujourd'hui sur le territoire du Pakistan, et aurait vécu de 520 à 460 av. J.-C, durant la période védique tardive. Panini institue quelques règles spéciales, dites chandasi (« dans les hymnes »), pour rendre compte des formes védiques tombées en désuétude dans la langue parlée de son temps, indiquant que le sanskrit védique était déjà un dialecte archaïque, mais toujours compréhensible.

Travaux

Un manuscrit en écorce de bouleau du XVIIe siècle traitant de la grammaire de Panini du Cachemire.

La grammaire de Panini est fortement systématisée et technique. Les concepts de phonème, de morphème et de racine sont inhérents à son approche analytique. Panini utilisait vers 500 ans avant J.-C. des règles contextuelles qui ne seront connues et comprises par les linguistes occidentaux qu'au XIXe siècle[5]. Les règles définies par Panini décrivent parfaitement la morphologie du sanskrit, et sont considérées comme si claires que les informaticiens les ont mises en œuvre pour enseigner la compréhension du sanskrit aux ordinateurs[6]. Panini emploie des méta-règles, des transformations et la récursivité, ainsi qu'un système élaboré d'abréviations. La forme de Backus-Naur, ou grammaire BNF, utilisée pour décrire les langages de programmation modernes, possède des similitudes importantes avec les règles de la grammaire de Panini[7], qui peut être ainsi considéré comme un informaticien précurseur[8].

Son traité l'Ashtadhyayi est générique et descriptif, utilise un métalangage et des méta-règles, et a été comparé à une machine de Turing dans laquelle la structure logique de tout dispositif de calcul a été réduite à son essentiel en utilisant un modèle mathématique idéalisé[9].

Le concept de dharma est attesté dans sa phrase d'exemple (4.4.41) dharmam carati, « il respecte la loi ». Un indice important pour la datation de Panini est l'occurrence de yavan-, « ionien, grec » dans 4.1.49, où la formation du mot yavanani (« femme grecque » ou « écriture grecque ») est discutée. On ne sait pas si le travail original de Panini était sous forme écrite ; certains prétendent cependant qu'un travail d'une telle complexité aurait été impossible à compiler sans notes écrites. D'autres envisagent la possibilité que Panini ait pu l'avoir composé avec l'aide d'un groupe d'étudiants dont les mémoires lui servaient de bloc-notes. Cependant, comme l'écriture apparaît en Inde sous sa forme brahmi au Ve siècle av. J.-C., il est possible que Panini ait connu et employé un système d'écriture.

Notes et références

  1. (en) The Sanskrit Heritage Dictionary de Gérard Huet
  2. (en) The A to Z of Hinduism, B. M. Sullivan, Vision Books, p. 152, (ISBN 8170945216)
  3. a et b Pierre-Sylvain Filliozat, « PĀṆINI (Ve siècle av. J.-C. env.) », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  4. Emilie Aussant, « La grammaire de Pāṇini: quand la conscience linguistique d’un grammairien devient celle de toute une communauté », Revue roumaine de linguistique, Bucureşti : Ed. Academiei Române, no LIII (4),‎ , p.377-387 (ISSN 1012-0769, lire en ligne)
  5. (en-US) Frits Staal, Universals: studies in Indian logic and linguistics, University of Chicago Press, (ISBN 9780226769998, lire en ligne), p. 47
  6. Denis Lopez, Le syndrome d'Armageddon, Mon Pétit Éditeur, (lire en ligne)
  7. (en) Peter Zilahy Ingerman, « "Pāṇini-Backus Form" Suggested », Association for Computing Machinery, vol. 10, no 3,‎ , p. 137 (DOI 10.1145/363162.363165). Ingerman suggère que la forme de Backus-Naur soit rebaptisée la « forme de Pânini-Backus » pour donner le crédit de cette forme dû à Pânini en tant qu’inventeur indépendant antérieur.
  8. « Le Sanskrit est la langue savante de la civilisation indienne. » (consulté le )
  9. (en) Subhash C. Kak, « The Paninian approach to natural language processing », International Journal of Approximate Reasoning, vol. 1, no 1,‎ , p. 117–130 (DOI 10.1016/0888-613X(87)90007-7)

Annexes

Bibliographie

Liens externes