Parisianisme

Parisianisme est un terme péjoratif français désignant une attitude consistant à distinguer systématiquement ce qui se passe à Paris (et par extension, d'Île-de-France) de ce qui se passe dans les autres villes et départements français, considéré comme moins important. Cette attitude peut être considérée comme une forme localisée d'ethnocentrisme.

Histoire du terme

Le terme « parisianisme » désigne aujourd'hui un ethnocentrisme parisien dont on trouve de nombreuses traces dans la littérature, au moins dès le 17^e siècle. Son histoire peut être liée à celle de la construction, en France, d'un État très centralisé, à l'instar de l'histoire des usages littéraires du mot « province ».

Le terme n'a pris que récemment une connotation péjorative. Initialement, il désigne des traits linguistiques et culturels propres aux Parisiens, et non l'arrogance et la suffisance qui leur sont prêtées. À la fin du 16^e siècle, il désigne une « façon de parler propre aux Parisiens ». En 1840, sous la plume de Balzac, le « parisiénisme » désigne les « mœurs, habitudes des Parisiens ». Celles-ci deviennent « parisianisme » sous la plume de Théophile Gautier, en 1843 .

Cette critique peut aujourd'hui prendre la forme, symétrique, d'un anti-parisianisme dont on trouve là aussi des traces dans la littérature, y compris celle de Balzac.^{[réf. nécessaire]}

Dans les médias

On^[Qui ?] peut citer la période de la candidature de Paris pour les Jeux Olympiques de 2012, au cours duquel les journalistes français arboraient des épinglettes publicitaires, et évoquaient sans relâche l'« amour des jeux » qu'avaient les Français pour cet événement, contrairement à la faible médiatisation du projet « Lille 2004 » pour les Jeux Olympiques.

La couverture journalistique de l'arrivée du Vélib' dans la capitale a été très médiatisée, présentée comme un système novateur et révolutionnant la vie quotidienne. Pourtant, celui-ci existait à Lyon depuis plusieurs années et il fut pour la première fois utilisé à Rennes en 1998, soit neuf ans plus tôt.

Les médias français (radio, télévision, presse écrite...) privilégient généralement les faits divers et les événements qui se déroulent à Paris ; la France étant un pays fortement centralisé, le pays éprouve le sentiment d'être « étouffé » ou ignoré par la capitale. Ainsi, lors de manifestations nationales (anti CPE, les enfants de Don-Quichotte), on assiste régulièrement à une sur-médiatisation des évènements parisiens, et donc, à une sous-médiatisation des évènements en dehors de l'Île-de-France. Le dernier cas en date est l'épisode neigeux de décembre 2010 où, par exemple, certaines chaînes de télévision sont allées jusqu'à accorder plus de 30 minutes (France 2) voire un flash spécial (M6) aux intempéries neigeuses, là où les mêmes conditions météorologiques avaient été beaucoup moins médiatisées lorsqu'elles étaient à Lyon, quelques jours plus tôt.

Citations

« Pour moi, je tiens que hors de Paris il n'y a point de salut pour les honnêtes gens. »

— Mascarille, dans Les Précieuses ridicules (Molière, 1659, sc. X)

« Inculquerez-vous la poésie aux gens de province pour qui l'opium et le thé, si prodigues de délices, ne sont encore que deux médicaments ? À Paris même, dans cette capitale de la pensée, ne se rencontre-t-il pas des sybarites incomplets ? »

— Balzac, La Peau de chagrin (1831), Bibliothèque de la pléiade, 1981, t. X, p. 196.

« L'atticisme moderne, ce parisiénisme (...), qui consiste à tout effleurer, à être profond sans en avoir l'air. »

— Balzac, Œuvres diverses, t.3, 1841, p.228.

Annexes

Voir aussi

• Province
• Jacobinisme
• Centralisation | Centralisme
• Bourgeois-bohème