Aller au contenu

« Lysius Salomon » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Révocation des modifications de 37.170.32.39 (retour à la dernière version de 37.173.45.107)
Balises : Révocation Révoqué
Balise : Annulation
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{sources|date=mai 2016}}
{{Voir homonymes|Salomon}}
{{Voir homonymes|Salomon}}
{{Infobox Politicien
{{Infobox Politicien
| charte = Monarque
| charte = Chef d'État
| nom = Lysius Salomon
| nom = Lysius Salomon
| image = Salomão, Ex-Presidente da República do Haiti - Diário Illustrado (18Set1888).png
| image = Salomon 200.jpg
| légende = Portrait de Lysius Salomon, le 18 septembre 1888.
| légende = Portrait du président Salomon.
| fonction1 = [[Liste des chefs d'État d'Haïti|Président à vie d'Haïti]]
| fonction1 = [[Liste des chefs d'État d'Haïti|Président à vie]]
| à partir du fonction1 = {{date|26|octobre|1879}}
| à partir du fonction1 = {{date|26|octobre|1879}}
| jusqu'au fonction1 = {{date|10|août|1888}}<br /><small>({{Durée|23|10|1879|10|8|1888}})</small>
| jusqu'au fonction1 = {{date|10|août|1888}}<br /><small>({{Durée|23|10|1879|10|8|1888}})</small>
Ligne 16 : Ligne 17 :
| coalition 1 =
| coalition 1 =
| groupe parlementaire 1 =
| groupe parlementaire 1 =
| prédécesseur 1 = [[Joseph Lamothe]] <small>(président de la république)</small>
| prédécesseur 1 = [[Pierre Théoma Boisrond-Canal]] <small>(président de la république)</small>
| successeur 1 = [[Pierre Théoma Boisrond-Canal]] <small>(président de la république)</small>
| successeur 1 = [[François Denys Légitime|François Légitime]] <small>(président de la république)</small>
| fonction2 = [[Liste des chefs d'État d'Haïti|Membre du Gouvernement provisoire de la République d'Haïti]]
| fonction2 = [[Liste des chefs d'État d'Haïti|Membre du Gouvernement provisoire de la République d'Haïti]]
| à partir du fonction2 = {{date|3|octobre|1879}}
| à partir du fonction2 = {{date|3|octobre|1879}}
| jusqu'au fonction2 = {{date|23|octobre|1879}}<br /><small>({{Durée|3|10|1879|23|10|1879}})</small>
| jusqu'au fonction2 = {{date|23|octobre|1879}}<br /><small>({{Durée|3|10|1879|23|10|1879}})</small>
| président 2 =
| président 2 = [[Florvil Hyppolite]]
| fonction3 = [[Liste des ministres haïtiens des Finances|Secrétaire d’État des Finances]], du [[Liste des ministres du Commerce d'Haïti|Commerce]] et des [[Liste des ministres haïtiens des Affaires étrangères|Relations extérieures]]
| fonction3 =
| à partir du fonction3 =
| à partir du fonction3 = {{date|3|octobre|1879}}
| jusqu'au fonction3 =
| jusqu'au fonction3 = {{date|3|novembre|1879}}<br /><small>({{Durée|3|10|1879|3|11|1879}})</small>
| président 3 =
| président 3 = [[Florvil Hyppolite]]
| prédécesseur 3 =
| prédécesseur 3 = [[Joseph Lamothe]]
| successeur 3 =
| successeur 3 = Charles Laforesterie
| fonction4 = [[Liste des ministres haïtiens des Finances|Ministre des Finances]], du [[Liste des ministres du Commerce d'Haïti|Commerce]], de la [[Liste des ministres de la Justice d'Haïti|Justice]], de l'[[Liste_des_ministres_de_l'Education_d'Haïti|Instruction publique]] et des [[Liste des ministres des Cultes d'Haïti|Cultes]]
| fonction4 = [[Liste des ministres haïtiens des Finances|Ministre des Finances]], du [[Liste des ministres du Commerce d'Haïti|Commerce]], de la [[Liste des ministres de la Justice d'Haïti|Justice]], de l'[[Liste_des_ministres_de_l'Education_d'Haïti|Instruction publique]] et des [[Liste des ministres des Cultes d'Haïti|Cultes]]
| à partir du fonction4 = {{date|14|février|1851}}
| à partir du fonction4 = {{date|14|février|1851}}
Ligne 45 : Ligne 46 :
| prédécesseur 7 = Alexis Dupuy
| prédécesseur 7 = Alexis Dupuy
| successeur 7 = ''Lui-même'' <small>(Finances et Commerce) <br /></small> Louis Dufrene <small>(Relations extérieures)</small>
| successeur 7 = ''Lui-même'' <small>(Finances et Commerce) <br /></small> Louis Dufrene <small>(Relations extérieures)</small>
| titres = Duc de [[Saint-Louis-du-Sud]]<br /> Maréchal d'Haïti
| nom de naissance = Louis Étienne Félicité Lysius Salomon
| nom de naissance = Louis Étienne Félicité Lysius Salomon
| date de naissance = {{date de naissance|30|juin|1815}}
| date de naissance = {{date de naissance|30|juin|1815}}
Ligne 59 : Ligne 59 :
| fratrie =
| fratrie =
| conjoints = Thulcide Nicolas <br /> Florentine Félicité Potiez
| conjoints = Thulcide Nicolas <br /> Florentine Félicité Potiez
| enfant =
| enfant = Gertrude Florentine Félicité Ida Salomon
| entourage =
| entourage =
| université =
| université =
Ligne 66 : Ligne 66 :
| résidence =
| résidence =
| signature =
| signature =
| emblème = Coat of arms of Haiti (alternative version).svg
| emblème = Coat of arms of Haiti.svg
| liste = [[Liste des chefs d'État d'Haïti|Présidents d'Haïti]]
| liste = [[Liste des chefs d'État d'Haïti|Présidents de la République d'Haïti]]
| monarque 4 = [[Faustin Soulouque|Faustin {{Ier}}]]
| monarque 4 = [[Faustin Soulouque|Faustin {{Ier}}]]
| depuis le fonction1 =
| depuis le fonction1 =
| syndicat =
| syndicat =
| enfants = [[Ida Faubert|Ida Salomon]]
}}
}}
'''Louis Étienne Félicité Lysius Salomon''', dit '''Lysius Salomon Jeune''' ({{date|30|juin|1815}} aux [[Les Cayes|Cayes]] - {{date|19|octobre|1888}}, dans le [[16e arrondissement de Paris|{{16e|arrondissement}}]] de [[Paris]] au 3, [[avenue Victor-Hugo (Paris)|avenue Victor-Hugo]]), fut président de la république puis [[président à vie]] d'[[Haïti]] du {{date|26|octobre|1879}} au {{date|10|août|1888}}. Ministre des finances sous le règne de l'empereur [[Faustin Soulouque|Faustin]], Salomon fut écarté de la vie politique après la chute de l'empire en 1859 : en date du {{date-|26 septembre 1860}}, le président [[Fabre Geffrard]] signe le décret ordonnant "son bannissement perpétuel du territoire de la République pour lui et son épouse Thulcide Nicolas", et lui confisque en même temps son passeport. Il vivra en exil pendant 18 ans à Saint Thomas (Iles Vierges). En 1879, il revient en politique et devient Président. Durant cette période, il est un président immensément populaire. Son gouvernement composé de 28 individus fait encore figure de référence aux Antilles. Mais Salomon est tout de même un chef d'état autoritaire qui passe parfois pour un dictateur, il se sert également durant sa présidence du culte de la personnalité. Salomon est vénéré par la population. Il finit renversé par une [[Révolution de 1888 (Haïti)|révolution]] en 1888.


== Biographie ==
'''Louis Étienne Félicité Lysius Salomon''', dit '''Lysius Salomon Jeune''', '''duc de [[Saint-Louis-du-Sud|Saint-Louis du Sud]]''', né le {{date|30|juin|1815}} aux [[Les Cayes|Cayes]] et mort le {{date|19|octobre|1888}} dans le [[16e arrondissement de Paris|{{16e|arrondissement}}]] de [[Paris]] au 3, [[avenue Victor-Hugo (Paris)|avenue Victor-Hugo]], est un [[homme d'État]] et [[militaire]] [[Faustin Soulouque|haïtien]] qui fut [[président à vie]] du {{date|26|octobre|1879}} au {{date|10|août|1888}}<ref>{{Lien web|titre=HaitianTV {{!}} Lysius Salomon|url=http://www.haitiantv.com/lysiussalomon.html|site=www.haitiantv.com|consulté le=2020-04-05}}</ref>.
[[Fichier:Lysius Salomon.jpg|vignette|Sépulture au cimetière de Passy.]]
=== Au service de Soulouque ===


==== Secrétaire d'Etat ====
D'origines aristocratiques, il est [[Sénat de la République (Haïti)|sénateur]] sous la présidence de [[Jean-Baptiste Riché]] avant de devenir [[Faustin Soulouque|ministre des finances]] sous le [[Second Empire d'Haïti|Second Empire]]. Partisan de l'empereur [[Faustin Soulouque]], il est titré [[Noblesse haïtienne|duc]] de [[Saint-Louis-du-Sud|Saint-Louis du Sud]] par ce dernier. Cependant, son ascension politique est brutalement interrompue par la [[Révolution de 1859 (Haïti)|révolution de 1859]] qui renverse le régime impérial. Exilé pendant plusieurs années, il revient à Haïti en 1879. À son retour, il se dresse en principal opposant à la politique mise en oeuvre par les nationaux puis par les libéraux, et profite de la démission du président [[Pierre Théoma Boisrond-Canal|Boisrond-Canal]] et des troubles politiques que cela entraine, pour entreprendre une conquête du pouvoir. Populaire auprès d'une partie de la population, Salomon prend les pleins pouvoirs le 26 octobre 1879 et se fait attribué le titre de [[président à vie]] et de [[Maréchal (armée)|maréchal]], tout en adoptant une nouvelle [[Liste des constitutions d'Haïti|constitution]].
Lysius Salomon devient en 1848, secrétaire d'état des finances sous la présidence de [[Faustin Soulouque]] alors président de la république. Il modernisa les services de l'État, notamment le service postal et fit adhérer Haïti à l'[[Union postale universelle]]. Ambitieux, Salomon devient l'un des proches de [[Faustin Soulouque|Soulouque]]. Mais le président [[Faustin Soulouque|Soulouque]] est aussi ambitieux que lui. Celui-ci se proclame rapidement Empereur d'Haïti en 1849.


==== Ministre des Finances ====
Au pouvoir, Salomon a fortifié toutes ces qualités dans le travail, la réflexion et la répression. Il est surtout connu pour avoir institué le premier système postal dans le pays et pour son enthousiasme vif pour la [[modernisation]] d'Haïti<ref>Haiti, Her History and Her Detractors By [[Jacques Nicolas Léger]], U. Mich, 2006, , 235–236</ref>. Malgré cela, certains lui reproche son [[autoritarisme]] et ses méthodes répressives. Le règne de Salomon connait également plusieurs crises notamment au niveau international lorsqu'en 1883 le pays offre aux [[États-Unis]] l'[[île de la Tortue]] en échange d'une protection militaire, le gouvernement américain prend possession de l'île mais refuse de soutenir militairement Haïti. Salomon réclame alors le contrôle de l'île par la force. Les Américains présents sur l'île sont alors repoussés par les forces armées haïtiennes. Après cela, le gouvernement américain fait revenir ses diplomates d'[[Faustin Soulouque|Haïti]] en signe de contestation avec la politique de Salomon.
En 1849, [[Faustin Soulouque|Soulouque]] devient l'empereur [[Faustin Soulouque|Faustin d'Haïti]]. Celui-ci règne comme un despote éclairé. En 1851, Salomon toujours aux côtés de l'empereur, devient ministre des finances de l'empire. En 1852, lors du sacre de l'empereur, Salomon figure près de l'empereur qui reçoit la couronne impériale. Salomon a une grande influence sur l'empereur mais aussi sur son chancelier [[Jean-Pierre Damien de Delva]]. Mais le {{date-|15 janvier 1859}}, l'empereur est renversé, puis condamné à l'exil. La plupart de ses ministres quittent également le pays ayant des représailles révolutionnaires. Salomon prend le risque de rester à Haïti, il se réfugie tout de même près de la frontière entre Haïti et la République Dominicaine.
Mais il tombe rapidement sous le coup du décret du président Fabre Geffrard, daté du {{date-|26 septembre 1868}}, ordonnant le "bannissement perpétuel du territoire de la République pour lui et son épouse née Thulcide Jean Louis Nicolas" et, il est en même temps, privé de son passeport. Il restera ainsi à Saint Thomas, aux Iles Vierges, éloigné de son pays pendant plus de 18 ans, "exil qui a vu mourir son épouse Thulcide Nicolas dans la misère et les douleurs les plus cuisantes". ''Les citations sont issues du : ''Procès du général Salomon contre les héritiers de l'ex-Président Fabre Geffrard, publié à Port-au-Prince par l'imprimerie Aug. A. Héraux''. pages 2-3 et 48-49. Edition non datée- Le procès a eu lieu le {{date-|8 mars 1880}}.


=== Retour en politique ===
Son plan en tant que président à vie était de remettre en place l'[[Éducation|éducation publique]], de réparer les problèmes financiers du pays, de restaurer la productivité agricole, de moderniser l'armée et de réformer l'administration publique. En quatre mois, il crée la [[Banque de la République d'Haïti|Banque nationale]] et, en 1880, il reprend le paiement de sa dette à la [[Troisième République (France)|France]]. L'administration Salomon a déployé d'énormes efforts dans les années 1880 pour moderniser Haïti. Le pays adhéra à l'[[Union postale universelle]] et a également émis son premier timbre-poste. En octobre, il a accordé à une entreprise de câblodistribution britannique le droit de relier [[Port-au-Prince]] à [[Kingston (Jamaïque)|Kingston]], en [[Jamaïque]], et en 1887, il a négocié la liaison du Môle-Saint-Nicolas avec [[Cuba]]. Il a restructuré la faculté de médecine, importé des professeurs de France pour les lycées, etc. Les Forces armées d'Haïti ont été réorganisées à 16 000 et affectées à 34 régiments d'infanterie et 4 régiments d'artillerie. Salomon a également réorganisé la distribution des classements dans l'armée, qui ne comprenait que des soldats et des généraux.
Salomon reste dix huit ans sans jouer aucun rôle politique. Durant ces années, il écrit ses mémoires. Le {{date-|3 octobre 1879}}, il est rappelé à la capitale par le président [[Florvil Hyppolite]]. Celui-ci lui confie la fonction de secrétaire d'état aux finances. Mais quelques jours plus tard, Salomon profite de la chute du président [[Florvil Hyppolite|Florvil]] pour devenir Président.


=== Présidence ===
Dans les quatre mois suivant l'accession au pouvoir de Salomon, des réfugiés haïtiens de [[Kingston (Jamaïque)|Kingston]] étaient en contact avec la communauté d'élite de Port-au-Prince afin d'organiser un coup d'État. Lorsque Salomon est parti en visite dans le Sud du pays, le général Nicolas s'est rendu à [[Saint-Marc (Haïti)|Saint-Marc]] pour planifier un autre coup d'État, mais il a été arrêter sur ordre du gouvernement. En 1883, des rebelles haïtiens exilés de Jamaïque et de Cuba, dont le chef du parti libéral, [[Jean-Pierre Boyer-Bazelais]], ont atteint les côtes haïtiennes pour lancer un autre coup d'État contre Salomon.
==== Accession au pouvoir ====
Le {{date-|26 octobre 1879}}, Salomon devient Président de la République. Arrivé au pouvoir, il établit un gouvernement solide composé de 28 politiciens fidèles au président. Bien qu'il ait été élu, son arrivée au pouvoir passe comme un coup d'état vis-à-vis des sénateurs haïtiens. Au pouvoir, Salomon souhaite neutraliser le Sénat qui avait alors beaucoup d'influence sous la République. Il diminue alors le nombre de sénateurs et nomme un de ses alliés politiques comme Président du Sénat. Salomon est sans doute le premier président autoritaire de la seconde république haïtienne. Salomon devient alors président à vie. [[Fichier:Ministres et ambassadeurs autour du président Lysius Salomon.jpg|thumb|center|350px|Ministres et ambassadeurs autour du président Lysius Salomon.]]


=== L'ère ''Salomonienne'' ===
Salomon conserve le pouvoir jusqu'à la [[Révolution de 1888 (Haïti)|révolution de 1888]], qui le contraint à démissionner puis à s'exiler à [[Paris]] où il meurt deux mois plus-tard. Salomon est également le père de la romancière [[Ida Faubert]], femme de lettres et poète.
[[Fichier:Salomão, Ex-Presidente da República do Haiti - Diário Illustrado (18Set1888).png|gauche|vignette|Lysius Salomon, vers la fin de sa vie.]]
L'ère salomonienne fait référence aux nouveautés culturelles et politiques mises en place sous le mandat de Salomon. C'est sous son mandat qu'Haïti commence les premières négociations avec le [[royaume d'Hawaï]]. Le roi hawaïen [[Florvil Hyppolite|Kalakaua]] accepte de rencontrer Salomon à Port-au-Prince, mais Salomon refuse de rencontrer un roi qui a osé expulser les Haïtiens exilés à Hawaï. En {{date-|mai 1883}}, Salomon offre aux [[États-Unis]] l'[[île de la Tortue]] en échange d'une protection militaire, mais le gouvernement américain refuse cette offre. Salomon réclame alors l'île par la force. Les Américains présents sur l'île sont massacrés par la force haïtienne qui reprend le contrôle de l'île. Après cela, le gouvernement américain se méfie de Salomon qu'il considère comme un dictateur. C'est également durant son mandat, que les premiers opéras haïtiens sont bâtis, Haïti devient un pays moderne tandis que Salomon continue de régner comme un dictateur libéral.


=== La chute ===
== Jeunesse et carrière politique ==
En [[1887]], les révoltes secouent le pays et Salomon réprime dans le sang les [[Révolution de 1888 (Haïti)|révoltes]]. Il se fait alors proclamer « président à vie ». Mais sa proclamation n'est pas reconnue par les sénateurs qui s'opposent à Salomon pour mettre fin à son régime autoritaire. Salomon quitte alors la capitale avec ses troupes pour [[Pétion-Ville|Pétion-ville]] où il organise la contre-attaque. À Pétion-ville, les troupes de Salomon se rendent. Salomon est obligé de fuir vers Cuba puis vers l'Europe.


=== Famille et descendance ===
=== L'exil et la mort ===
[[Fichier:Ida Faubert.jpg|gauche|vignette|210x210px|[[Ida Faubert|Ida Salomon Faubert]], écrivaine et fille unique du président Lysius Salomon.]]
[[Fichier:Famille de Lysius Salomon.png|vignette|La famille Salomon.|alt=|215x215px|gauche]]
En {{date-|août 1888}}, Salomon est renversé et son gouvernement autoritaire dissout par la nouvelle présidence. Il s'enfuit à Cuba puis rejoint la France et s'installe à [[Paris]] sous la protection du président français [[Sadi Carnot (homme politique)|Sadi Carnot]]. Le vieux Salomon s'éteint deux mois plus tard le {{date-|19 octobre 1888}}. Il est enterré au [[cimetière de Passy]] (7{{e}} division).
Salomon est né en 1815 aux [[Les Cayes|Cayes]]. Sa famille est alors l'une des plus influentes dans cette région. L'importance de sa famille lui permet de recevoir une haute éducation. Plusieurs membres de sa famille sont d'anciens proches de l'empereur [[Jean-Jacques Dessalines]].


=== Descendance ===
Alors ministre des Finances, Salomon épouse, vers 1848, Thulcide Nicolas, avec laquelle il n'a pas d'enfant et qui décède lors du bannissement du couple, décrété par [[Fabre Geffrard]], à [[Saint-Thomas (îles Vierges des États-Unis)|Saint-Thomas]], aux [[Îles Vierges des États-Unis|Îles Vierges]] vers 1870.
Ministre des finances, vers 1848, Salomon épouse Thulcide Nicolas avec laquelle il n'a pas d'enfant et elle décédera, lors du bannissement du couple, décrété par le président Geffrard, à Saint-Thomas, aux Iles Vierges (Virgin Islands) vers 1870.


Le {{date-|6 octobre 1872}}, Salomon, toujours en exil, épouse à [[Kingston (Jamaïque)|Kingston]] ([[Jamaïque]]), Florentine Félicité Potiez, avec laquelle il a une fille, [[Ida Faubert|Ida Salomon]], qui deviendra une femme de lettres, ainsi qu'une romancière et poète, et l'une des femmes écrivains les plus importantes d'Haïti sous le nom d'Ida Faubert (Faubert étant son nom d'épouse).
Le {{date-|6 octobre 1872}} il épouse à Kingston (Jamaïque) Florentine Félicité Potiez, avec laquelle il a une fille Gertrude Florentine Félicité [[Ida Faubert|Ida]], qui deviendra femme de lettres, romancière et poète, l'une des importantes femmes écrivains d'Haïti sous le nom d'Ida Faubert [Faubert étant son nom d'épouse].
{{Palette|Présidents d'Haïti}}

=== Ascension politique et anoblissement ===
[[Fichier:Mainville Joseph Soulouque, prince d'Haïti.jpg|vignette|Portrait de Salomon, [[Saint-Louis-du-Sud|duc de Saint-Louis du Sud]], alors ministre impérial des Finances.]]
Pendant la présidence de [[Charles Rivière Hérard]], les Salomons étaient recherchés pour avoir conspiré contre le nouveau régime. En 1845, Salomon entre en politique et devient [[Sénat de la République (Haïti)|sénateur]]. Lors de son investiture, il fait dans son discours un éloge de l'empereur [[Jean-Jacques Dessalines|Dessalines]].

En 1848, Salomon devient secrétaire d'État des Finances sous la présidence de [[Faustin Soulouque]]. Ambitieux, Salomon devient l'un des proches de [[Faustin Soulouque|Soulouque]]. Lorsque ce dernier devient Empereur d'Haïti en 1849, Salomon devient ministre des Finances et est titré [[Noblesse haïtienne|duc]] de [[Saint-Louis-du-Sud|Saint-Louis du Sud]], faisant désormais partie de la [[Noblesse haïtienne|noblesse d'Empire]]. Le {{date-|15 janvier 1859}}, l'empereur est renversé, puis condamné à l'exil<ref>Rogozinski, Jan (1999). ''A Brief History of the Caribbean'' (Revised ed.). New York: Facts on File, Inc. {{p.|220}}. {{ISBN|0-8160-3811-2}}</ref>. La plupart de ses ministres quittent également le pays craignant des représailles de la part des partisans de [[Fabre Geffrard]], le nouveau maître absolu du pays<ref>{{Lien web |titre=HaitianTV {{!}} Fabre Geffrard |url=http://www.haitiantv.com/fabregeffrard.html |site=www.haitiantv.com |consulté le=2019-10-01}}</ref>.

== La traversée du désert ==

=== Premier exil ===
Après la chute de l'Empire, Salomon prend le risque de rester à Haïti. Il se réfugie près de la frontière avec la [[République dominicaine]], mais il tombe rapidement sous le coup du décret de Geffrard, daté du {{date-|26 septembre 1860}}, ordonnant le bannissement perpétuel du territoire national pour lui et son épouse née Thulcide Jean Louis Nicolas. Salomon s'exile d'abord à [[Paris]] puis à [[Londres]], où il lit et voyage beaucoup. Par la suite, il s'installe à [[Saint-Thomas (îles Vierges des États-Unis)|Saint-Thomas]], aux [[Îles Vierges des États-Unis|Îles Vierges]], éloigné de son pays et où il reste pendant plus de 18 ans. C'est durant cet exil que son épouse, Thulcide Nicolas, meurt, le laissant pour veuf.

Salomon reste dix-huit ans sans jouer aucun rôle politique. En 1863, son frère, le sénateur Étienne Salomon, est fusillé sur les ordres de Geffrard. Durant toutes ces années d'exil, Salomon commence à rédiger ses mémoires.

=== Retour en Haïti ===
À Haïti, l’instabilité politique redevint la norme, entraînant des successions de révoltes. Le nouveau président à vie, [[Sylvain Salnave|Salnave]], excita dès {{date-|octobre 1867}} la population contre la [[Chambre des députés]] et ferma celle-ci. Le Nord, puis le Sud du pays firent sécession en [[1868]]. Des groupes de paysans armés, appelés « cacos », s’organisèrent dans le nord. Toujours prêts à la révolte, ils constitueront pendant un demi-siècle l'[[épée de Damoclès]] de tous les dirigeants, y compris de ceux qui s’appuieront d’abord sur eux pour accéder au pouvoir. Plusieurs coups d’État se succédèrent. L'État se stabilise dans les années 1870 avec une politique plus libérale incarné par le président [[Pierre Théoma Boisrond-Canal|Boisrond-Canal]]. Au même moment, Salomon revient d'exil et retourne aussitôt dans l'arène politique. Opposant au président, Salomon obtient le soutien d'une partie de l'armée pour faire pression sur les partis politiques.

== Président à vie ==

=== La conquête du pouvoir ===
[[Fichier:Président Lysius Salomon Haïti.png|gauche|vignette|Portrait de Lysius Salomon, président à vie d'Haïti.]]
Boisrond-Canal, mis en minorité par le Parti national, n'a plus la confiance de son propre camp. Les libéraux se rassemblent de nouveau autour de [[Jean-Pierre Boyer-Bazelais|Bazelais]] qui devient le nouvel homme fort du mouvement libéral. Résigné, Boisrond-Canal démissionna de ses fonctions un an avant le terme de son mandat, le 17 juillet 1879. Le nouveau chef du Parti national et ancien ministre, [[Joseph Lamothe]], accède alors à la présidence. Il forma un gouvernement provisoire le {{date-|25 juillet}} suivant avec un autre militaire de haut rang, le général [[Hériston Hérissé]].

En {{date-|octobre 1879}}, le gouvernement de Lamothe est renversé par un coup d'État militaire du général Richelieu Duperval<ref>[http://www.lenouvelliste.com/articles.print/1/77442 Le Nouvelliste]</ref>. Ce dernier fait arrêter les deux généraux. Sorti de l'ombre, Lysius Salomon, secondé par les autorités militaires de [[Port-au-Prince]], ordonna la dispersion de ce gouvernement provisoire. À la suite de cette action, il prend la tête du gouvernement provisoire, préparant ainsi l'écriture d'une nouvelle constitution<ref>{{Lien web |titre=Haiti, Constitution de 1879, Digithèque MJP |url=https://mjp.univ-perp.fr/constit/ht1879.htm |site=mjp.univ-perp.fr |consulté le=2022-08-09}}</ref>, sur le modèle de celle de 1846<ref>[http://www.haiti-reference.com/politique/executif/juntes.php Successions politiques]</ref>. Le {{date-|26 octobre 1879}}, Salomon est officiellement intronisé comme [[président à vie]].

Salomon était un homme d'État d'une intelligence remarquable, instruit, probe, connaissant beaucoup de choses sur les hommes de son pays, puissant sur les foules qu'il maniait à sa guise ; et malgré son grand âge, d'une volonté, d'une énergie peu commune, qu'avaient entretenues le travail, la réflexion et les souffrances même de son bannissement.

=== Salomon et l'opposition républicaine ===
Dès le début de son règne, Salomon était odieux envers les partis républicains, en particulier les libéraux. Après une épidémie de variole qui, à cause d'une hygiène publique déplorable, décima le peuple haïtien entre 1881 et 1882, Salomon avait entrepris un voyage de longue durée dans le Sud du pays, quand la ville de [[Saint-Marc (Haïti)|Saint-Marc]] prit les armes. Le président à vie, rentré en hâte dans la capitale, mis en état de siège les arrondissements de Saint-Marc, Port-au-Prince et [[Jacmel]], et emprisonna nombre de citoyens suspects de relations avec [[Jean-Pierre Boyer-Bazelais|Bazelais]] (libéral) et [[Edmond Paul (homme politique haïtien)|Edmond Paul]] (national). Malgré l'article 24 de la nouvelle constitution de 1879, qui abolissait la peine de mort en matière politique, un tribunal militaire, siégeant à Saint-Marc, prononça quarante-huit condamnations à mort : quatorze exécutions capitales eurent lieu à Saint-Marc le 6 mai, autant aux [[Les Gonaïves|Gonaïves]] le lendemain : cette sévérité dans la répression produisit un véritable malaise dans tout le pays.

Le 27 mars 1883, un bateau à vapeur américain, le ''Tropic'', débarqua un grand nombre de bazelaisistes, exilés à [[Kingston (Jamaïque)|Kingston]], à la Source Salée, près de [[Miragoâne]]. Successivement, les villes de Miragoâne, [[Jérémie (Haïti)|Jérémie]], [[Corail (Haïti)|Corail]], [[Côtes-de-Fer]], [[Jacmel]], [[Bainet]] et [[Aquin (Haïti)|Aquin]] se déclarèrent contre le régime de Salomon et proclamèrent le rétablissement de la Constitution républicaine de 1867<ref>{{Lien web |titre=Constitution haitienne de 1867, Digithèque MJP |url=https://mjp.univ-perp.fr/constit/ht1867.htm |site=mjp.univ-perp.fr |consulté le=2022-08-09}}</ref>. La révolution républicaine avait des sympathisants dans presque tout le pays. À Port-au-Prince, le 22 septembre, des coups de feu, tirés à dix heures du matin, provoquèrent une panique effroyable dans la capitale. L'hôtel de l'arrondissement fut envahi et le général Pénor Benjamin fut tué à son poste. Le commandant de la place, Aurélien Jeanty, n'échappa que par miracle au même sort. Le châtiment fut terrible. En réaction, les partisans de Salomon, désirant se venger, formèrent une foule déchaînée. Cette populace pilla et incendia les quartiers des libéraux. Elle porta si loin ses excès que Salomon lui-même, le 23 septembre, à la suite de protestations de la part du Corps diplomatique, fit une tournée en ville pour tenter de calmer l'ardeur de ses partisans. Quelques semaines plus-tard, Bazelais, désabusé par l'écroulement de ses espérances politiques, affaibli par les privations d'un long siège, mourut de [[dysenterie]] le 27 octobre de la même année. Beaucoup de ses compagnons d'armes et de ses amis politiques trouvèrent la mort dans les combats ou furent sommairement exécutés après la soumission des villes révoltées.

=== Mesures économiques ===
[[Fichier:Ministres et ambassadeurs autour du président Lysius Salomon.jpg|thumb|Salomon et ses ministres.|alt=|268x268px]]
En 1880, une banque s'installa à Port-au-Prince ; elle eut des succursales dans les principales villes d'Haïti. On lui confia le service de la Trésorerie Générale, sans doute pour prévenir le retour d'un pillage analogue à celui qui avait accompagné la démission du président [[Michel Domingue]] en 1876. Trois ans seulement après sa fondation, la Banque fut compromise dans l'''Affaire des mandats'' : on retrouva en circulation des mandats déjà payés. Plusieurs employés, étrangers ou haïtiens, plusieurs courtiers furent traduits en justice et condamnés.

Le gouvernement de Salomon acheva le paiement de la dette de l'Indépendance Nationale. En 1880, il reconnut l'emprunt effectué sous la présidence de Domingue comme dette nationale ; la même année, après une décision des Chambres, on commença la frappe d'une monnaie nationale, aux armes d'Haïti. Malgré la réforme monétaire, Salomon recourut au papier-monnaie. Pendant la longue insurrection libérale, il avait fallu entretenir l'armée sur le pied de guerre contre les républicains ; dans toutes les villes bombardées et incendiées, des intérêts considérables ayant souffert, le gouvernement se trouva en face de nombreuses réclamations étrangères : pour Port-au-Prince seulement, il versa plus d'un demi-million de gourdes. Incapable de payer les appointements, Salomon, malgré les appréhensions de ses ministres, fit plusieurs émissions de papier-monnaie ; en même temps, par d'habiles mesures, il parvint à enrayer si bien la hausse du change qu'en 1887 la [[Gourde (monnaie)|gourde haïtienne]] était au pair avec le [[dollar américain]].

=== Réformes ===
[[Fichier:1887 2cent Haiti Salomon W.Indie Mi18.jpg|gauche|vignette|209x209px|Timbre de 1887 à l'effigie de Salomon.]]
Par la loi du 26 février 1883, tout citoyen put devenir propriétaire. Sur l'engagement écrit de cultiver certaines denrées tropicales : café, canne à sucre, coton, cacao, tabac, le gouvernement accordait, à titre provisoire, une portion de trois à cinq carreaux de terre prélevés sur les domaines publics. La concession était définitive si, dans un délai variant de deux à cinq ans, les trois quarts du terrain étaient effectivement plantés. En 1884, il y eut cinq cents demandes de concession ; l'année suivante, plus de douze cents. En 1882, le gouvernement diminua les droits à l'exportation sur le coton et le café. En 1887, sous la direction du général [[François Denys Légitime|Légitime]], ministre de l'agriculture, s'organisa la première exposition en Haïti. On construit pour cette manifestation nationale, un bâtiment spacieux : c'est le local actuel de l'École de médecine d'Haïti. L'exposition fut un grand succès.
[[Fichier:General Salomon, President of Haiti, from the Rulers, Flags, and Coats of Arms series (N126-1) issued by W. Duke, Sons & Co. MET DPB873782.jpg|vignette|300x300px|Carte postale illustrant Haïti et son dirigeant (1887).]]
Sous son règne, Salomon, aidé de son ministre [[François Manigat]], réorganisa les lycées et leur distribua avec largesse, les fournitures et le matériel d'enseignement nécessaires. Grâce à l'appui de l'Alliance Française, le lycée de Port-au-Prince reçut une mission de professeurs français ; quelques-uns d'entre eux ont exercé une influence profonde sur les deux dernières générations scolaires de l'ère Salomon. L'enseignement primaire ne fut pas négligé. Salomon ouvrit un grand nombre d'écoles rurales qui ont donné d'appréciables résultats. On lui doit enfin une réorganisation de l'École Nationale de Droit.

L'activité de Salomon s'étendit à toutes les branches de l'administration. Une mission militaire française de trois officiers, le commandant Durant et les capitaines Lebrun et Chastel, travailla à la réforme de l'armée haïtienne. La construction du palais des ministères fut commencé ; on construisit également un nouveau [[Palais national (Haïti)|palais national]] (détruit le 8 août 1912 après un attentat). Salomon fit aussi admettre Haïti dans l'[[Union postale universelle]]. En 1887, un câble sous-marin relia Haïti au continent nord-américain.

== Fin de règne et mort ==
{{Article connexe|Révolution de 1888 (Haïti)}}
[[Fichier:Salomon 200.jpg|alt=|gauche|vignette|200x200px|Photographie de Salomon, vers la fin de sa vie.]]
En 1888, le pays était las du gouvernement de Salomon. Les conspirations se succédèrent. Parmi les nationaux, plusieurs candidatures surgirent et brisèrent l'unité, la discipline qui, pendant huit ans, avaient assuré le triomphe de la dictature. Salomon, inquiet, exila deux de ses amis politiques, eux-mêmes anciens membres du Parti national, les généraux [[François Denys Légitime|Légitime]] et [[François Manigat|Manigat]]. Ces derniers, en signe de contestation, rejoignirent leur ancien mouvement et réclamèrent le retour à la Constitution républicaine et la fin de la [[Président à vie|présidence à vie]]. Cette précaution de Salomon fut donc vaine, car le 5 août 1888, le général [[Séide Thélémaque]] se révolta au [[Cap-Haïtien]] contre le régime autoritaire de Salomon. Dès le 10 août, une prise d'armes de Port-au-Prince, favorisée par le général Hérard-Laforest, commandant d'arrondissement, contraint le vieux dictateur à l'abandon du pouvoir suprême.

Accablé par les défis politiques auxquels il est confronté, Salomon quitte le pays. L'ancien président à vie s'installe à [[Paris]] sous la protection du président français [[Sadi Carnot (homme politique)|Sadi Carnot]]. Il s'éteint deux mois après sa chute le {{date-|19 octobre 1888}}, et est inhumé au [[cimetière de Passy]].

== Notes et références ==
<references />{{Palette|Présidents d'Haïti}}
{{Portail|Haïti|politique}}
{{Portail|Haïti|politique}}


Ligne 155 : Ligne 113 :


[[Catégorie:Président d'Haïti]]
[[Catégorie:Président d'Haïti]]
[[Catégorie:Ministre des Finances ou équivalent]]
[[Catégorie:Ministre haïtien des Affaires étrangères]]
[[Catégorie:Ministre haïtien des Affaires étrangères]]
[[Catégorie:Ministre de la Justice ou équivalent]]
[[Catégorie:Ministre haïtien des Cultes]]
[[Catégorie:Ministre haïtien des Finances]]
[[Catégorie:Ministre haïtien de l'Éducation]]
[[Catégorie:Ministre haïtien de l'Éducation]]
[[Catégorie:Ministre du Commerce ou équivalent]]
[[Catégorie:Ministre haïtien de la Justice]]
[[Catégorie:Ministre haïtien]]
[[Catégorie:Ministre haïtien du Commerce]]
[[Catégorie:Personnalité politique haïtienne]]
[[Catégorie:Naissance aux Cayes]]
[[Catégorie:Naissance aux Cayes]]
[[Catégorie:Naissance en juin 1815]]
[[Catégorie:Naissance en juin 1815]]

Version du 7 octobre 2022 à 20:24

Lysius Salomon
Illustration.
Portrait du président Salomon.
Fonctions
Président à vie

(8 ans, 9 mois et 18 jours)
Prédécesseur Pierre Théoma Boisrond-Canal (président de la république)
Successeur François Légitime (président de la république)
Membre du Gouvernement provisoire de la République d'Haïti

(20 jours)
Président Florvil Hyppolite
Secrétaire d’État des Finances, du Commerce et des Relations extérieures

(1 mois)
Président Florvil Hyppolite
Prédécesseur Joseph Lamothe
Successeur Charles Laforesterie
Ministre des Finances, du Commerce, de la Justice, de l'Instruction publique et des Cultes

(17 ans, 11 mois et 1 jour)
Monarque Faustin Ier
Prédécesseur Lui-même (Finances et Commerce)
Jean-Baptiste Francisque (Justice, Instruction publique et Cultes)
Successeur Victorin Plésance (Finances et Commerce)
André Jean Simon (Instruction publique)
Jean-François Acloque (Justice et Cultes)
Secrétaire d’État des Finances et du Commerce

(8 mois et 20 jours)
Président Faustin Soulouque
Prédécesseur Lui-même
Successeur Lui-même
Secrétaire d’État des Finances, du Commerce et des Relations extérieures

(8 mois et 17 jours)
Président Faustin Soulouque
Prédécesseur Alexis Dupuy
Successeur Lui-même (Finances et Commerce)
Louis Dufrene (Relations extérieures)
Biographie
Nom de naissance Louis Étienne Félicité Lysius Salomon
Date de naissance
Lieu de naissance Les Cayes (Haïti)
Date de décès (à 73 ans)
Lieu de décès Paris (France)
Nationalité Haïtien
Conjoints Thulcide Nicolas
Florentine Félicité Potiez
Profession Militaire (général de division)

Lysius Salomon
Présidents de la République d'Haïti

Louis Étienne Félicité Lysius Salomon, dit Lysius Salomon Jeune ( aux Cayes - , dans le 16e arrondissement de Paris au 3, avenue Victor-Hugo), fut président de la république puis président à vie d'Haïti du au . Ministre des finances sous le règne de l'empereur Faustin, Salomon fut écarté de la vie politique après la chute de l'empire en 1859 : en date du , le président Fabre Geffrard signe le décret ordonnant "son bannissement perpétuel du territoire de la République pour lui et son épouse Thulcide Nicolas", et lui confisque en même temps son passeport. Il vivra en exil pendant 18 ans à Saint Thomas (Iles Vierges). En 1879, il revient en politique et devient Président. Durant cette période, il est un président immensément populaire. Son gouvernement composé de 28 individus fait encore figure de référence aux Antilles. Mais Salomon est tout de même un chef d'état autoritaire qui passe parfois pour un dictateur, il se sert également durant sa présidence du culte de la personnalité. Salomon est vénéré par la population. Il finit renversé par une révolution en 1888.

Biographie

Sépulture au cimetière de Passy.

Au service de Soulouque

Secrétaire d'Etat

Lysius Salomon devient en 1848, secrétaire d'état des finances sous la présidence de Faustin Soulouque alors président de la république. Il modernisa les services de l'État, notamment le service postal et fit adhérer Haïti à l'Union postale universelle. Ambitieux, Salomon devient l'un des proches de Soulouque. Mais le président Soulouque est aussi ambitieux que lui. Celui-ci se proclame rapidement Empereur d'Haïti en 1849.

Ministre des Finances

En 1849, Soulouque devient l'empereur Faustin d'Haïti. Celui-ci règne comme un despote éclairé. En 1851, Salomon toujours aux côtés de l'empereur, devient ministre des finances de l'empire. En 1852, lors du sacre de l'empereur, Salomon figure près de l'empereur qui reçoit la couronne impériale. Salomon a une grande influence sur l'empereur mais aussi sur son chancelier Jean-Pierre Damien de Delva. Mais le , l'empereur est renversé, puis condamné à l'exil. La plupart de ses ministres quittent également le pays ayant des représailles révolutionnaires. Salomon prend le risque de rester à Haïti, il se réfugie tout de même près de la frontière entre Haïti et la République Dominicaine. Mais il tombe rapidement sous le coup du décret du président Fabre Geffrard, daté du , ordonnant le "bannissement perpétuel du territoire de la République pour lui et son épouse née Thulcide Jean Louis Nicolas" et, il est en même temps, privé de son passeport. Il restera ainsi à Saint Thomas, aux Iles Vierges, éloigné de son pays pendant plus de 18 ans, "exil qui a vu mourir son épouse Thulcide Nicolas dans la misère et les douleurs les plus cuisantes". Les citations sont issues du : Procès du général Salomon contre les héritiers de l'ex-Président Fabre Geffrard, publié à Port-au-Prince par l'imprimerie Aug. A. Héraux. pages 2-3 et 48-49. Edition non datée- Le procès a eu lieu le .

Retour en politique

Salomon reste dix huit ans sans jouer aucun rôle politique. Durant ces années, il écrit ses mémoires. Le , il est rappelé à la capitale par le président Florvil Hyppolite. Celui-ci lui confie la fonction de secrétaire d'état aux finances. Mais quelques jours plus tard, Salomon profite de la chute du président Florvil pour devenir Président.

Présidence

Accession au pouvoir

Le , Salomon devient Président de la République. Arrivé au pouvoir, il établit un gouvernement solide composé de 28 politiciens fidèles au président. Bien qu'il ait été élu, son arrivée au pouvoir passe comme un coup d'état vis-à-vis des sénateurs haïtiens. Au pouvoir, Salomon souhaite neutraliser le Sénat qui avait alors beaucoup d'influence sous la République. Il diminue alors le nombre de sénateurs et nomme un de ses alliés politiques comme Président du Sénat. Salomon est sans doute le premier président autoritaire de la seconde république haïtienne. Salomon devient alors président à vie.

Ministres et ambassadeurs autour du président Lysius Salomon.

L'ère Salomonienne

Lysius Salomon, vers la fin de sa vie.

L'ère salomonienne fait référence aux nouveautés culturelles et politiques mises en place sous le mandat de Salomon. C'est sous son mandat qu'Haïti commence les premières négociations avec le royaume d'Hawaï. Le roi hawaïen Kalakaua accepte de rencontrer Salomon à Port-au-Prince, mais Salomon refuse de rencontrer un roi qui a osé expulser les Haïtiens exilés à Hawaï. En , Salomon offre aux États-Unis l'île de la Tortue en échange d'une protection militaire, mais le gouvernement américain refuse cette offre. Salomon réclame alors l'île par la force. Les Américains présents sur l'île sont massacrés par la force haïtienne qui reprend le contrôle de l'île. Après cela, le gouvernement américain se méfie de Salomon qu'il considère comme un dictateur. C'est également durant son mandat, que les premiers opéras haïtiens sont bâtis, Haïti devient un pays moderne tandis que Salomon continue de régner comme un dictateur libéral.

La chute

En 1887, les révoltes secouent le pays et Salomon réprime dans le sang les révoltes. Il se fait alors proclamer « président à vie ». Mais sa proclamation n'est pas reconnue par les sénateurs qui s'opposent à Salomon pour mettre fin à son régime autoritaire. Salomon quitte alors la capitale avec ses troupes pour Pétion-ville où il organise la contre-attaque. À Pétion-ville, les troupes de Salomon se rendent. Salomon est obligé de fuir vers Cuba puis vers l'Europe.

L'exil et la mort

Ida Salomon Faubert, écrivaine et fille unique du président Lysius Salomon.

En , Salomon est renversé et son gouvernement autoritaire dissout par la nouvelle présidence. Il s'enfuit à Cuba puis rejoint la France et s'installe à Paris sous la protection du président français Sadi Carnot. Le vieux Salomon s'éteint deux mois plus tard le . Il est enterré au cimetière de Passy (7e division).

Descendance

Ministre des finances, vers 1848, Salomon épouse Thulcide Nicolas avec laquelle il n'a pas d'enfant et elle décédera, lors du bannissement du couple, décrété par le président Geffrard, à Saint-Thomas, aux Iles Vierges (Virgin Islands) vers 1870.

Le il épouse à Kingston (Jamaïque) Florentine Félicité Potiez, avec laquelle il a une fille Gertrude Florentine Félicité Ida, qui deviendra femme de lettres, romancière et poète, l'une des importantes femmes écrivains d'Haïti sous le nom d'Ida Faubert [Faubert étant son nom d'épouse].