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Au bout de sept ans, personne ne se présente pour les libérer. Maleen et sa servante se mettent alors à percer le mur à l'aide d'un couteau, et y parviennent au bout de trois jours. Quand elles peuvent regarder dehors, elles découvrent que le royaume a été dévasté par l'ennemi ; les habitants sont morts et le roi a été chassé.
Au bout de sept ans, personne ne se présente pour les libérer. Maleen et sa servante se mettent alors à percer le mur à l'aide d'un couteau, et y parviennent au bout de trois jours. Quand elles peuvent regarder dehors, elles découvrent que le royaume a été dévasté par l'ennemi ; les habitants sont morts et le roi a été chassé.


Les deux femmes s'en vont à l'aventure, obligées de se nourrir d'[[ortie]]s pour apaiser leur faim. Elles trouvent finalement à s'embaucher comme filles de cuisine dans un château. Or le fils du roi de ce royaume se trouve être le prétendant de Demoiselle Maleen, mais son père a choisi pour lui une autre fiancée, si laide qu'elle ne se montre à personne. Le jour du mariage, la fiancée, honteuse de son apparence, force Maleen à prendre sa place et ses riches vêtements. Tout le monde s'étonne de sa beauté et le prince lui-même trouve qu'elle ressemble à sa première fiancée, qu'il croit morte. Passant près d'un buisson d'orties, Maleen fredonne une formulette<ref>Dans le texte original (en ''[[Allemand standard|hochdeutsch]]''), les formulettes figurent en dialecte.</ref> évoquant le temps où elle devait manger des orties crues pour survivre. Elle prononce une autre formulette auprès d'un pont, puis devant l'église, suggérant qu'elle n'est pas la vraie fiancée. Elle affirme au prince qui l'interroge qu'elle pense à Demoiselle Maleen, mais ne la connaît pas.
Les deux femmes s'en vont à l'aventure, obligées de se nourrir d'[[ortie]]s pour apaiser leur faim. Elles trouvent finalement à s'embaucher comme filles de cuisine dans un château. Or le fils du roi de ce royaume se trouve être le prétendant de Demoiselle Maleen, mais son père a choisi pour lui une autre fiancée, si laide qu'elle ne se montre à personne. Le jour du mariage, la fiancée, honteuse de son apparence, force Maleen à prendre sa place et ses riches vêtements. Tout le monde s'étonne de sa beauté et le prince lui-même trouve qu'elle ressemble à sa première fiancée, qu'il croit morte. Passant près d'un buisson d'orties, Maleen fredonne une formulette<ref>Dans le texte original (en ''[[Allemand standard|hochdeutsch]]''), les formulettes figurent en dialecte.</ref> évoquant le temps où elle devait manger des orties crues pour survivre. Elle prononce une autre formulette auprès d'un [[pont]], puis devant l'[[Église (édifice)|église]], suggérant qu'elle n'est pas la vraie fiancée. Elle affirme au prince qui l'interroge qu'elle pense à Demoiselle Maleen, mais ne la connaît pas.


En entrant dans l'église, le prince lui attache au cou un collier précieux. Le prêtre les marie, puis Maleen, sans rien dire, se réfugie au château et se débarrasse des vêtements somptueux, ne conservant que le collier. Pour la nuit de noces, la fiancée laide reprend sa place, tout en gardant le visage couvert. Le prince l'interroge alors successivement sur ce qu'elle a dit au buisson d'orties, au pont et à la porte de l'église. Elle ne sait quoi répondre, et à chaque fois va se renseigner auprès de Maleen, lui promettant au passage un châtiment pour ses paroles impudentes. Le prince, qui se pose des questions, finit par lui demander ce qu'elle a fait du collier qu'il lui a mis au cou, et comme elle ne sait quoi répondre, il lui arrache son voile, découvre sa laideur et comprend qu'elle n'est pas la jeune femme avec qui il a été marié. Elle lui avoue alors la vérité : le jeune roi fait amener Demoiselle Maleen en sa présence, malgré les manœuvres de l'autre fiancée qui cherche à la faire périr. Maleen se fait reconnaître du prince, lui raconte son histoire et lui déclare qu'ils ont été mariés en bonne et due forme à l'église, et qu'elle est donc désormais son épouse légitime.
En entrant dans l'église, le prince lui attache au cou un [[collier]] précieux. Le prêtre les marie, puis Maleen, sans rien dire, se réfugie au château et se débarrasse des vêtements somptueux, ne conservant que le collier. Pour la [[nuit de noces]], la fiancée laide reprend sa place, tout en gardant le visage couvert. Le prince l'interroge alors successivement sur ce qu'elle a dit au buisson d'orties, au pont et à la porte de l'église. Elle ne sait quoi répondre, et à chaque fois va se renseigner auprès de Maleen, lui promettant au passage un châtiment pour ses paroles impudentes. Le prince, qui se pose des questions, finit par lui demander ce qu'elle a fait du collier qu'il lui a mis au cou, et comme elle ne sait quoi répondre, il lui arrache son voile, découvre sa laideur et comprend qu'elle n'est pas la jeune femme avec qui il a été marié. Elle lui avoue alors la vérité : le jeune roi fait amener Demoiselle Maleen en sa présence, malgré les manœuvres de l'autre fiancée qui cherche à la faire périr. Maleen se fait reconnaître du prince, lui raconte son histoire et lui déclare qu'ils ont été mariés en bonne et due forme à l'église, et qu'elle est donc désormais son épouse légitime.


La fausse fiancée est décapitée, et la tour où Maleen avait été enfermée sept ans durant restera longtemps debout, inspirant une chansonnette aux enfants passant à proximité.
La fausse fiancée est [[Décapitation|décapitée]], et la tour où Maleen avait été enfermée sept ans durant restera longtemps debout, inspirant une chansonnette aux enfants passant à proximité.


== Commentaires et analogies ==
== Commentaires et analogies ==

Version du 26 février 2018 à 17:02

Demoiselle Maleen
Conte populaire
Titre
Aarne-Thompson AT 870
Folklore
Versions littéraires

Demoiselle Maleen (en allemand Jungfrau Maleen[1]) est un conte de fée allemand des frères Grimm, présent depuis la 6e édition en 198e place des Contes de l'enfance et du foyer.

Résumé

Demoiselle Maleen est une princesse, amoureuse d'un prince. Son père s'oppose à leur union et, pour briser son obstination, la fait enfermer dans une tour aveugle avec une servante, leur laissant des provisions pour sept ans. Le prince a beau l'appeler depuis l'extérieur, aucun son ne lui parvient à travers les épaisses murailles.

Au bout de sept ans, personne ne se présente pour les libérer. Maleen et sa servante se mettent alors à percer le mur à l'aide d'un couteau, et y parviennent au bout de trois jours. Quand elles peuvent regarder dehors, elles découvrent que le royaume a été dévasté par l'ennemi ; les habitants sont morts et le roi a été chassé.

Les deux femmes s'en vont à l'aventure, obligées de se nourrir d'orties pour apaiser leur faim. Elles trouvent finalement à s'embaucher comme filles de cuisine dans un château. Or le fils du roi de ce royaume se trouve être le prétendant de Demoiselle Maleen, mais son père a choisi pour lui une autre fiancée, si laide qu'elle ne se montre à personne. Le jour du mariage, la fiancée, honteuse de son apparence, force Maleen à prendre sa place et ses riches vêtements. Tout le monde s'étonne de sa beauté et le prince lui-même trouve qu'elle ressemble à sa première fiancée, qu'il croit morte. Passant près d'un buisson d'orties, Maleen fredonne une formulette[2] évoquant le temps où elle devait manger des orties crues pour survivre. Elle prononce une autre formulette auprès d'un pont, puis devant l'église, suggérant qu'elle n'est pas la vraie fiancée. Elle affirme au prince qui l'interroge qu'elle pense à Demoiselle Maleen, mais ne la connaît pas.

En entrant dans l'église, le prince lui attache au cou un collier précieux. Le prêtre les marie, puis Maleen, sans rien dire, se réfugie au château et se débarrasse des vêtements somptueux, ne conservant que le collier. Pour la nuit de noces, la fiancée laide reprend sa place, tout en gardant le visage couvert. Le prince l'interroge alors successivement sur ce qu'elle a dit au buisson d'orties, au pont et à la porte de l'église. Elle ne sait quoi répondre, et à chaque fois va se renseigner auprès de Maleen, lui promettant au passage un châtiment pour ses paroles impudentes. Le prince, qui se pose des questions, finit par lui demander ce qu'elle a fait du collier qu'il lui a mis au cou, et comme elle ne sait quoi répondre, il lui arrache son voile, découvre sa laideur et comprend qu'elle n'est pas la jeune femme avec qui il a été marié. Elle lui avoue alors la vérité : le jeune roi fait amener Demoiselle Maleen en sa présence, malgré les manœuvres de l'autre fiancée qui cherche à la faire périr. Maleen se fait reconnaître du prince, lui raconte son histoire et lui déclare qu'ils ont été mariés en bonne et due forme à l'église, et qu'elle est donc désormais son épouse légitime.

La fausse fiancée est décapitée, et la tour où Maleen avait été enfermée sept ans durant restera longtemps debout, inspirant une chansonnette aux enfants passant à proximité.

Commentaires et analogies

Ce conte a été empruté à un recueil de récits populaires de Karl Müllenhoff paru en 1845. Le thème serait originaire de Scandinavie : Bolte et Polívka signalent diverses versions suédoises, danoises et islandaises. Si le motif de la jeune fille enfermée dans une tour, une fosse ou un un tertre est ancien (figurant par exemple déjà chez Saxo Grammaticus), cette version ne semble pas remonter au-delà du XIXe siècle[3].

Le récit relève du conte-type AT 870, La Princesse enfermée dans le tertre[4]. Dans certaines versions, la deuxième fiancée se dissimule, non en raison de sa laideur, mais parce qu'elle est enceinte, ou parfois malade[5]. Le thème de la fausse fiancée est courant dans les contes : voir par exemple Les Trois Cédrats (italien), La Plume de Finist-Clair-Faucon (russe), La Géante dans la barque de pierre (islandais), certaines versions du Maître d'école cannibale (Grèce, Proche-Orient)... Le motif général a été codifié K1911 par Stith Thompson (The False Bride / Substituted Bride), le motif plus précis de la substitution des fiancées sur le chemin de l'église étant codifié K1911.1[6].

Bernadette Bricout évoque ce conte dans La Clé des contes (voir Bibliographie). Elle s'interroge en particulier sur le fait que la tour, avec ses prisonnières à l'intérieur, soit restée debout alors que le royaume était dévasté, et fait l'hypothèse que c'est peut-être Maleen qui a assuré sa pérennité, rappelant les légendes liant la solidité d'un édifice (tour, pont, etc.) au sacrifice d'un être humain qui y a été emmuré. Elle rappelle aussi que Maleen est une forme de Madeleine, prénom lui-même issu de Marie de Magdala, « magdala » signifiant « la tour » en hébreu.

Notes et références

  1. Jungfrau = vierge, jeune fille. Le conte est parfois intitulé Demoiselle Méline en français.
  2. Dans le texte original (en hochdeutsch), les formulettes figurent en dialecte.
  3. Indiqué par Natacha Rimasson-Fertin.
  4. Les tertres (funéraires) font l'objet de nombreuses légendes, notamment dans le folklore scandinave.
  5. Hans-Jörg Uther, The Types of Internation Folktales.
  6. Motif-Index of Folk-Literature, sur archive.org.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (fr) Les Frères Grimm, Contes pour les enfants et la maison, trad. N. Rimasson-Fertin, José Corti, 2009 (ISBN 978-2-7143-1000-2) (tome 2)
  • (fr) Paul Delarue et Marie-Louise Tenèze, Le Conte populaire français. Catalogue raisonné des versions de France et des pays de langue française d'outre-mer, Nouvelle édition en un seul volume, Maisonneuve & Larose, 1997 (ISBN 2-7068-1277-X)
  • (en) Stith Thompson, The Folktale, New York, Dryden Press, 1946 ; University of California Press, 1977 (ISBN 0-520-03359-0)
  • (en) Hans-Jörg Uther, The Types of International Folktales : A Classification and Bibliography Based on the System of Antti Aarne and Stith Thompson, Academia Scientiarum Fennica, coll. « Folklore Fellow's Communications, 284-286 », Helsinki, 2004. Part I (ISBN 978-951-41-1054-2).
  • (fr) Bernadette Bricout, La Clé des contes, Seuil, 2005 (ISBN 978-2-02-052607-4). Chapitre La Fille dans la tour.

Liens externes

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