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« Samuel de Champlain » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Champlain|Samuel de Champlain (homonymie)}}
{{Infobox Personnalité politique
| charte = Gouverneur
| nom = Samuel de Champlain
| image = Samchamprifle.jpg
| légende =
| fonction1 = [[Gouverneur général de la Nouvelle-France|Gouverneur de la Nouvelle-France]]
| monarque 1 = [[Louis XIII]]
| à partir du fonction1 = 1 mars 1633
| jusqu'au fonction1 = 25 décembre 1635
| prédécesseur 1 = [[Émery de Caen]]
| successeur 1 = [[Marc Antoine Jacques Bras-de-fer de Châteaufort]]
| monarque 2 = [[Louis XIII]]
| à partir du fonction2 = juillet 1626
| jusqu'au fonction2 = 22 juillet 1629<br/><small>({{durée|00|7|1626|22|7|1629}})</small>
| prédécesseur 2 = [[Émery de Caen]]
| successeur 2 = [[Lewis Kirke]]
| nom de naissance =
| surnom = ''Le Père de la Nouvelle-France''
| date de naissance = 13 août 1574 ([[baptême]])
| lieu de naissance = [[Hiers-Brouage]] ([[Royaume de France]])
| date de décès = 25 décembre 1635
| lieu de décès = [[Québec (ville)|Québec]] ([[Nouvelle-France]])
| nature du décès =
| nationalité = [[Royaume de France|Française]]
| conjoint = [[Hélène Boullé]]
| enfants =
| profession = [[Militaire]]<br>[[Navigateur]]<br>[[Diplomate]]<br>[[Géographe]]<br>[[Ethnologie|Ethnologue]]<br>[[Exploration|Explorateur]]<br>[[Administrateur colonial]]
| hommage = [[Liste des personnes d'importance historique nationale|Personnage historique national]]<br><small>(1929)</small>
| signature = Samuel de Champlain (signature).svg
}}


'''Samuel de Champlain''', né vraisemblablement à [[Hiers-Brouage|Brouage]] ([[royaume de France]]) entre 1567 et 1574 (peut-être baptisé le {{date de naissance|13 août 1574}} à [[La Rochelle]] au temple Saint-Yon) et mort à [[Québec (ville)|Québec]] ([[Nouvelle-France]]) le {{Date de décès|25 décembre 1635}}, est un [[Colonisation française des Amériques|colonisateur]], [[navigateur (marine)|navigateur]], [[Cartographie|cartographe]], soldat, [[Exploration|explorateur]], [[Ethnologie|ethnologue]], [[Géographie|géographe]], commandant et auteur de [[récit de voyage|récits de voyage]] [[Royaume de France|français]]. Il fonde la ville de [[Québec (ville)|Québec]] le {{date-|03 juillet 1608}}.
[[catégorie:Histoire du Canada|Champlain]][[catégorie:Histoire moderne|Champlain]]
[[Image:Samuel_de_champlain.jpg|thumb|300px|right|Samuel de Champlain]]


Après une formation de navigateur en [[Saintonge]] (vers 1586-1594), il s'enrôle comme soldat en [[Bretagne]] (1595-1598), puis devient explorateur des [[Empire espagnol|colonies espagnoles d'Amérique]] (1599-1601), du [[fleuve Saint-Laurent]] (1603) ainsi que de l'[[Acadie (Nouvelle-France)|Acadie]] (1604-1607) et de la côte [[Océan Atlantique|atlantique]] (entre l'actuel [[Nouveau-Brunswick]] et [[Cap Cod]]). Il nomme définitivement la [[Nouvelle-France]] en l'inscrivant sur la carte de 1607<ref>{{Lien web |titre=Descripsion des costs, pts., rades, illes de la Nouuele France faict selon son vray méridien : avec la déclinaison de la ment de plussieurs endrois selon que le sieur de Castes le franc le démontre en son liure de la mécométrie de l'emnt. |url=https://www.loc.gov/resource/g3321p.ct001431/ |site=Library of Congress, Washington, D.C. 20540 USA |consulté le=2022-01-18}}</ref>, représentant l'[[Acadie (Nouvelle-France)|Acadie]] à partir de [[La Hève]] jusqu'au sud du [[Cap Cod]]. Champlain enracine la première colonie française permanente, à [[Port-Royal (Acadie)|Port-Royal]] d’abord, puis à [[Québec (ville)|Québec]] ensuite. À cette fin, il bénéficie du soutien du [[roi de France]] [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]], de [[Pierre Dugua de Mons]], de [[François Gravé]] et du chef [[Innus|montagnais]] [[Anadabijou]]<ref name="Champlain-Gravé">{{Harvsp|Vaugeois|2008|id=Champlain-Gravé}}</ref>{{,}}<ref name="Mathieu d'Avignon">{{Harvsp|d'Avignon|2008}}</ref>.
'''Samuel de Champlain''', né entre [[1567]] et [[1570]], mort en [[1635]], était un [[explorateur]], [[Géographie|géographe]], [[dessin]]ateur français, et le fondateur de la [[ville de Québec]], le [[3 juillet]] [[1608]].


N'appartenant pas à la grande [[Noblesse française|noblesse]]<ref>En Saintonge, la noblesse est très ouverte. Pour être noble, suffit de vivre noblement. Champlain appartient à la petite noblesse de province. Il porte la particule que l'on retrouve dans les registres de l'armée royale de Bretagne dès 1595. Thierry, Éric, Samuel de Champlain: Espion en Amérique 1598-1603, Septentrion 2013, p 11.</ref>, Champlain agit en tant que subalterne d'un noble désigné par le roi. Il est ainsi d'abord lieutenant du lieutenant général de la Nouvelle-France, Pierre Dugua de Mons et à partir de 1612, « lieutenant du [[Liste des vice-rois de Nouvelle-France|vice-roi]]<ref>Avant 1612 le monopole de la traite était attribué à des lieutenants-généraux de la Nouvelle-France, ce sont Pierre Chauvin de Tonnetuit en 1599, Aymar de Chaste en 1603 et Pierre Dugua de Mons en 1604. Pierre Chauvin et Dugua de Mons ont séjourné à Tadoussac en 1600. Les vice-rois ne sont jamais venus en Nouvelle-France.</ref> [[Liste des vice-rois de Nouvelle-France|de la Nouvelle-France]] » qui est successivement le [[Comte de Soissons|comte de Soisson]], le [[Maison de Condé|prince de Condé]], le [[duc de Montmorency]] et [[Liste des vicomtes, comtes et ducs de Ventadour|celui de Ventadour]]. À partir de 1633, Champlain est lieutenant du [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|cardinal de Richelieu]]<ref group="coll" name="chronologie" /> dans toute l'étendue du fleuve Saint-Laurent<ref>Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 2, Sillery, Septentrion, 2019, p. 1217-1223.</ref>.
Hormis son lieu de naissance, [[Hiers-Brouage|Brouage]] dans le [[Poitou]], nous ne savons que très peu sur sa jeunesse. Son premier voyage vers l'[[Amérique du nord]] commença le [[15 mars]] [[1603]] au sein d'une expédition de traite de la fourrure. Bien qu'il n'eût pas d'assignation officielle sur ce voyage, il créa une carte du [[fleuve Saint-Laurent]] et à son retour en France le [[20 septembre]], il écrivit un compte-rendu de ses voyages appelé ''Des sauvages''.


Les difficultés rencontrées dans l'entreprise d'une colonisation de l'[[Amérique du Nord]] sont nombreuses<ref name="Champlain-Gravé"/>, et ce n'est qu'à partir des étés {{date-|1634}} et {{date-|1635}}, dans les dix-huit derniers mois de sa vie, que Champlain voit son rêve de colonisation se concrétiser, avec l'arrivée et l'établissement de [[Colonie de peuplement|quelques dizaines de familles de colons]]<ref name="Giffard" group="note">En 1634, [[Robert Giffard]] est le premier grand recruteur et premier [[Régime seigneurial de la Nouvelle-France|seigneur]] colonisateur de la [[Nouvelle-France]] — six ans après sa première tentative, mise à mal par des [[forban]]s. Avant 1634, la plupart des résidents de Québec sont logés dans l'un des deux forts (le premier, sur la rive du fleuve, et le second, depuis une décennie, sur le cap), quelques autres habitent chez les [[Frères mineurs récollets|Récollets]] (arrivés en 1615) ou chez les [[Compagnie de Jésus|Jésuite]]s (arrivés en [[1625]]). Seules deux familles ont bâti maison : celle de [[Louis Hébert]], arrivée en 1617, et celle de son gendre [[Guillaume Couillard]], arrivé en 1613. Outre les interprètes réfugiés chez leurs amis autochtones, les membres de ces deux familles sont les seuls Français à demeurer en Nouvelle-France, à Québec, durant les quatre années de l'occupation des [[David Kirke|Kirke]], de l'été 1629 à l'été 1633.</ref>. Son acharnement à vouloir implanter une [[Colonisation française des Amériques|colonie française en Amérique du Nord]] lui vaut, depuis le milieu du {{s-|XIX}}, le surnom de « Père de la Nouvelle-France ».
Chargé par [[Henri IV de France|Henri IV]] de faire un rapport sur ses découvertes, Champlain participa à une autre expédition en [[Nouvelle-France]] au printemps [[1604]], menée par [[Pierre Dugua Sieur de Mons]]. Il aida à la fondation de l'[[Île Sainte-Croix]], colonie qui fut abandonnée l'hiver suivant. Ensuite, l'expédition fonda la colonie de [[Port-Royal, Nouvelle-Écosse|Port-Royal]] avec l'aide de Champlain.


== Biographie ==
Champlain vécut à Port-Royal durant les années suivantes. Il explora et cartographia le littoral de l'Atlantique de l'[[Île du Cap-Breton]] jusqu'au sud du [[Cap Blanc]]. Au mois de mai [[1607]], Port-Royal fut abandonné quand les privilèges de commerce de de Mons furent révoqués et l'expédition retourna en France.


=== Sa jeunesse ===
Champlain ne resta pas très longtemps en France. Au [[18 avril]] [[1608]], il retourna encore une fois en Nouvelle-France avec de Mons, cette fois comme lieutenant, avec l'intention d'y établir une colonie permanente quelque part le long du fleuve Saint-Laurent.
Samuel de Champlain est né dans une famille [[Protestantisme|protestante]]<ref>Au-delà de la présomption provenant de son prénom, usuel dans les familles protestantes, des chercheurs ont découvert en 2012 son acte de baptême dans un temple protestant de La Rochelle. Cela explique sa grande discrétion sur ses origines car il se trouvera en compagnie de religieux catholiques dans sa carrière dans le Nouveau Monde. {{lien web|titre=Samuel de Champlain serait né protestant|url=https://www.lesoleil.com/2012/04/17/samuel-dechamplain-serait-ne-protestant-13d4e93c98d07c4be0103b9af64ef0f7/|site=le site du journal Le Soleil|date=17 avril 2012|consulté le=4 juillet 2023}}</ref>. Son enfance est inconnue<ref>Champlain demeure silencieux sur ses origines familiales. Éric Thierry émet une hypothèse sur ses origines.


Thierry, Éric. 2018. Le mystère des origines de Samuel de Champlain, Cap-Aux-Diamants, no. 134, 4-7.</ref>, mais il en tire une bonne formation de [[Navigateur (marine)|navigateur]] et de [[Cartographie|cartographe]] dans l'armée royale de [[Bretagne]], ainsi que de [[dessinateur]] et de rédacteur de textes. Il écrit plus tard de nombreux ouvrages (voir [[#Œuvres|Œuvres]]). Il dit lui-même {{citation|qu'il s'affectionne dès le bas âge à l'art de la navigation et l'amour de l'océan<ref name="Daveluy 214">{{Harv|Daveluy|1945|loc=p.214}}</ref>}}. Un document de 1601 indique un lien familial avec [[Guillaume Allène]], son oncle lorsqu'il hérite de son domaine [[Viticulture|viticole]] situé à [[La Jarne]], près de [[La Rochelle]]<ref>Thierry, Éric, Samuel de Champlain : Espion en Amérique 1598-1603, Québec, Septentrion, 2013,p.34</ref>. Guillaume Allène est allé vivre à [[Hiers-Brouage|Brouage]] en 1583 lorsqu'il avait épousé l'une des sœurs de la mère Champlain. Robert Le Blant a retrouvé dans les [[archives]] de l'[[Ille-et-Vilaine]], la première mention de Samuel de Champlain. C'est un relevé de paie dans l'armée royale de Bretagne daté du mois de mars 1595<ref>Le Blant, Robert et René Beaudry'', Nouveaux Documents sur Champlain et son époque'' (vol. 1, 1560-1622). Publication des Archives publiques du Canada, no 15. Ottawa, 1967, p. 9</ref>.
Le [[3 juillet]], Champlain accosta à la "pointe de Québec" et y fît ériger trois bâtiments principaux, d'une hauteur de deux étages, entourés d'un fossé de 4,6 mètres de large et d'une palissade de pieux. Cet emplacement allait devenir la [[ville de Québec]].


=== Dans l'armée du roi, en Bretagne ({{Date-|1595}} - {{Date-|1598}}) ===
Le premier hiver fut difficile pour les colons. Des 25 personnes qui étaient restées, seulement huit ont survécu, la plupart étant décédées du [[scorbut]] .
[[Fichier:Horribles cruautés Des Huguenots en France, Cléry et Pat.png|vignette|upright|gauche|« Horribles cruautés Des Huguenots en France. » Les guerres de religion déchirent l'Europe.]]
Champlain prend part aux [[Guerres de Religion (France)|guerres de religion]], qui ont ravagé le [[royaume de France]] dans la seconde moitié du {{s-|XVI}} et où se sont opposés [[catholicisme|catholiques]] et [[protestantisme|protestants]], appelés aussi [[huguenot]]s. [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] luttait contre les catholiques de la [[Ligue catholique (France)|Ligue]], mais en 1593, Henri [[Abjuration|abjure]] sa foi protestante et il est sacré roi en {{date-|février 1594}}.


Samuel Champlain s'engage au printemps 1593 dans l'armée du roi, sous la direction des [[Maréchal (armée)|maréchaux]] [[Jean VI d'Aumont|d'Aumont]], [[François d'Espinay de Saint-Luc|de Saint-Luc]], puis [[Charles II de Cossé|de Brissac]]<ref name="maréchaux" group="note">Maréchaux successifs, commandants à Blavet :
L'été revenu, Champlain essaya d'établir de meilleures relations avec les [[Indiens d'Amérique|Amérindiens]] locaux. Il contracta des alliances avec les [[Hurons]] et les [[Algonquins]] (qui vivaient au nord du fleuve Saint-Laurent) leur promettant de les aider dans la guerre contre les [[Iroquois]] (qui vivaient au sud). Champlain partit avec neuf soldats français et 300 Amérindiens pour explorer la Rivière des Iroquois (aujourd'hui [[rivière Richelieu]]) et découvrit le [[lac Champlain]]. N'ayant fait aucune rencontre avec les Iroquois à ce moment-là, plusieurs des hommes ont rebroussé chemin, laissant Champlain avec seulement deux Français et 60 Amérindiens.
* 1595 : [[Jean VI d'Aumont|Jean d'Aumont]], né en 1522 et créé « maréchal » en 1579 par le [[Henri IV (roi de France)|roi Henri]]; mort des suites d'une [[mousquet]]ade le {{date-|19 août 1595}}.
* 1596-1597 : [[François d'Espinay de Saint-Luc]], né en 1554, baron de Crèvecœur, d'Arvert et de Gaillefontaine, gouverneur de Brouage, beau-frère du maréchal d'Aumont, à qui il succède en Bretagne, nommé en [[1596]] « grand-maître de l'artillerie de France »; mort d'un boulet de canon le {{date-|8 septembre 1597}}.
* 1597-1598 : [[Charles II de Cossé|Charles de Cossé]][[Maison de Cossé-Brissac|-Brissac]] (1562-1621), second du nom, « maréchal de France », auquel [[Louis XIII]] donne le titre de « duc de Brissac » (premier de ce titre) en 1612 et qu'il déclare [[Pairie de France (Ancien Régime)|pair de France]] en 1620.</ref>, à [[Port-Louis (Morbihan)|Blavet]], dans le sud du [[duché de Bretagne]]. Champlain intègre alors le Service des Logis de l'armée royale de Bretagne, véritable école de cartographie<ref>Thierry, Éric, Samuel de Champlain: Espion en Amérique 1598-1603, Québec, Septentrion, 2013, p.15</ref>. Cette armée levée par [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] vise à soumettre le [[Philippe-Emmanuel de Lorraine|duc de Mercœur]], gouverneur [[Sécession (politique)|sécessionniste]] de [[Bretagne (région administrative)|Bretagne]] et [[baillistre]] de la [[Liste des comtes et ducs de Penthièvre|maison de Penthièvre]]. Il s'agit d'un épisode central de la [[huitième guerre de religion]] (1585–1598), au cours duquel le duc de Mercœur, dans le souci d'arracher la [[Bretagne#Religion|Bretagne catholique]] au {{citation|roi hérétique}}, offre refuge aux dernières troupes rebelles de la ligue catholique et organise le [[Juan d'Aguila#Expédition en Bretagne|débarquement d'un corps expéditionnaire espagnol]].


{{début citation bloc}}''La Rochelle étant le centre du parti huguenot, les ligueurs ne tardèrent pas à y porter leurs armes, et nous avons vu que, dès 1577, ils vinrent mettre le siège devant Brouage, sous la conduite du [[Charles de Mayenne|duc de Mayenne]]. Champlain nous dit qu'il « était employé en l'armée du roi sous messieurs le maréchal d'Aumont, de Saint-Luc, et maréchal de Brissac, en qualité de [[Sergent|maréchal des logis]] de la dite armée durant quelques années ». [...] Mais, en 1586, alors que [[François d'Espinay de Saint-Luc|François d'Epinay de Saint-Luc]] défendait Brouage attaquée par [[Henri IV (roi de France)|Henri de Navarre]] et le [[Henri II de Bourbon-Condé|prince de Condé]], il est assez probable que Champlain avait déjà quitté le foyer paternel pour défendre sa ville natale contre les envahisseurs huguenots. Il pouvait avoir alors vingt ans. Après la mort de [[Henri III (roi de France)|Henri III]], tombé sous le poignard d'un [[Jacques Clément|assassin]], les ligueurs se soumirent les uns après les autres à l'autorité du [[Henri IV (roi de France)|roi de Navarre]], devenu roi de France. Champlain continua à porter les armes, mais il dut subir l'autorité de ses chefs, devenus les ardents défenseurs de leur ancien adversaire<ref>{{Harv|Dionne|1891}}</ref>.''{{fin citation bloc}}
Au [[19 juillet]], à Ticonderoga (aujourd'hui [[Crown Point, New York]]), Champlain et son équipe rencontrèrent un groupe d'Iroquois. Une bataille commença le jour suivant. 200 Iroquois avancèrent sur la position de Champlain tandis qu'un guide indigène pointait les trois chefs iroquois. Champlain tira un coup de son [[arquebuse]] et tua deux d'entre eux d'un seul coup. Les Iroquois firent demi-tour et s'enfuirent. Cela allait donner le ton aux relations franco-iroquoises pour les cent années suivantes.


En {{date-|avril 1598}}, Henri IV signe l’[[édit de Nantes]], reconnaissant aux protestants la [[liberté de conscience]]. Samuel Champlain aura servi dans ce corps d'armée pendant trois ans, jusqu'à la [[paix de Vervins]] ({{Date-|2 mai 1598}}). Il s'y taille une bonne réputation auprès de ses supérieurs hiérarchiques. D'abord [[fourrier]], « aide » de Jean Hardy (qui est le [[Sergent|maréchal des logis]]), puis « enseigne » du sieur de Millaubourg, il finit par obtenir le grade de [[maréchal des logis]]<ref name="maréchal" group="note">Dans le contexte, son titre de [[maréchal des logis]] désigne alors probablement un [[hallebardier]] responsable des écuries : un « maréchal des logis de cavalerie », qui commande aux [[fourrier]]s. Au siècle suivant, la première parution (1694) du [[Dictionnaire de l'Académie française]] [http://www.lib.uchicago.edu/efts/ARTFL/projects/dicos/ indique que] : « Mareschal des Logis'', Est celuy qui fait le departement [=la distribution, l'assignation, la répartition] des logis de ceux qui suivent la Cour ou des troupes de l'armée. ''Grand Mareschal des logis chez le Roy. Mareschal des logis par quartier. premier Mareschal des logis chez la Reine, chez les fils de France. Mareschal des logis General d'une armée. Mareschal des logis de cavalerie. Mareschal des logis d'une Compagnie de cavalerie. »</ref>. D'ailleurs, il recevra du roi dès 1603 une [[rente viagère]] qui, en 1618, sera augmentée à {{nobr|600 livres}} par an<ref group="coll" name="chronologie">{{Harv|Litalien|Vaugeois|2004|id=chrono}}</ref>{{,}}<ref name="p.86" group="coll">Gagnon, ''Ibid.'' {{p.|86}}</ref>{{,}}<ref name="armes" group="note">À l'époque, les mers sont infestées de [[piraterie|pirates]] et le roi de France n'a pas encore de marine de guerre. La connaissance pratique du maniement des armes est donc essentielle à tout bon navigateur français : il doit armer ses vaisseaux et assurer sa propre défense sur mer. Et, celui qui sert quelques années dans l'armée du roi, peut ensuite espérer du roi le privilège de recevoir une rente viagère, si infime soit-elle.</ref>.
Après sa victoire, il retourna en France dans une tentative qui échoua, avec de Mons, pour renouveler leur monopole du commerce de la fourrure. Ils ont, toutefois, formé une société avec quelques marchands de [[Rouen]] pour lesquels Québec pouvait devenir un entrepôt exclusif pour leur commerce de la fourrure et en retour, les marchands de Rouen soutiendraient la colonie. Champlain retourna à Québec le [[8 avril]] [[1610]].


=== Espion en Amérique ({{Date-|1599}} - {{Date-|1601}}) ===
À son retour, ses alliés amérindiens lui demandèrent de les assister dans une autre bataille contre les Iroquois. Durant la bataille à l'embouchure de la rivière Richelieu, Champlain fut blessé par une flèche qui "coupa le bout de mon oreille et perça mon cou". La bataille gagnée, il retourna à Québec pour constater que la traite de la fourrure avait été désastreuse pour les marchands qui le soutenaient et apprendre la nouvelle de l'assassinat d'Henri IV. Il retourna donc en France, laissant 16 hommes à Québec.


Après la paix de Vervins signée par la France et l'[[Espagne]] le 2 mai 1598, Champlain accompagne son oncle Guillaume Allène, dit le capitaine provençal, qui est chargé de rapatrier les troupes espagnoles cantonnées à Blavet. Ils arrivent à [[Cadix]] à bord du ''Saint-Julien'' le 14 septembre 1598 et leur navire est vite réquisitionné par le gouvernement espagnol pour rejoindre la flotte envoyée dans l'Amérique ibérique afin d'en ramener de l'[[or]] et de l'[[argent]]. Allène devant rester en Espagne, Champlain devient le « maître ordinaire » du ''Saint-Julien'', c'est-à-dire celui qui est chargé de diriger l'équipage français, sous les ordres du capitaine espagnol du bateau<ref>Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain Tome 1, Septentrion 2019, pp. 6-8.</ref>.
Durant son séjour en France, il épousa [[Hélène Boullé]], une fillette de seulement douze ans. À cause de l'âge de la fillette, le contrat de mariage ne pouvait prendre effet que deux ans plus tard, mais Champlain reçut 4 500 livres comme dot, ce qui était une contribution significative à ses efforts à Québec.


Ce voyage fut très formateur : « Son traité sur la navigation publié en [[1632]], le {{citation étrangère|langue=fr1835|Traitté de la marine}}<ref>{{Harvsp|Samuel de Champlain|1632}}</ref>, souligne également un apprentissage par observation de la pratique plutôt qu'académique. Il montre peu de connaissances des principes mathématiques de la navigation et de topométrie, mais il utilise les procédures élémentaires de navigation et d'arpentage. Comme il ne cite que des textes espagnols et n'utilise que la [[Lieue|lieue marine espagnole]], c'est probablement à bord du vaisseau de son oncle qu'il accumula ses connaissances en navigation et cartographie<ref name="Heidenreich">{{Harvsp|Heidenreich|2007}}</ref>. »
Il retourna à Québec le [[21 mai]] [[1611]]. Durant l'été, il voyagea dans le secteur de l'actuel [[Montréal]] où il défricha la terre et y fît construire un mur "pour voir s'il résisterait à l'hiver". Puis, afin d'augmenter son prestige auprès des indigènes, il descendit les [[rapides de Lachine]] avec eux, un exploit qui avait été réalisé une seule fois par un Européen.


À son retour en France, il présente ses observations compilées dans le {{citation étrangère|langue=fr1835|Brief Discours}} à la cour du roi. Il ne reprend pas un carnet de voyage, fait d'un journal tenu au jour le jour et de cartes crayonnées sur le terrain, car un tel document aurait pu être facilement découvert par ses compagnons espagnols et il aurait alors couru le risque d'une arrestation pour espionnage. Il se contente de ses souvenirs, plus ou moins précis, qu'il complète avec des informations recueillies lors de conversations, de lectures et de visites de cabinets de curiosités. La confrontation du Brief Discours avec les archives espagnoles permet de douter que Champlain ait visité en personne tous les lieux décrits, en particulier l'île de la Marguerite, [[Mexico]] et l'[[isthme de Panama]]<ref>Thierry, Éric, Samuel de Champlain: Aux sources de l'Amérique française, Septentrion, 2024, p. 78, 79, 81 86,</ref>.
Cet automne-là, il retourna une fois de plus en France pour assurer l'avenir de sa quête dans le [[Nouveau Monde]]. Ayant perdu le soutien des marchands, il écrivit des rapports et dessina une carte (laquelle est la plus ancienne qui existe encore aujourd'hui) et demanda au nouveau roi, [[Louis XIII]], d'intervenir. Le [[8 octobre]] [[1612]], Louis XIII nomma [[Charles de Bourbon, Comte de Soissons]] (qui allait bientôt devenir le [[Prince de Condé]]) lieutenant-général en Nouvelle-France. Champlain reçut le titre de lieutenant et le pouvoir d'exercer le commandement au nom du lieutenant-général, pour nommer capitaines et lieutenants, de mandater des officiers pour l'administration de la justice et la maintenance de l'autorité policière, des règlements et ordonnances, de faire des traités et d'effectuer des guerres avec les indigènes et de retenir les marchands qui ne font pas partie de la société. Ses fonctions incluaient la tâche de trouver la voie la plus simple vers la [[Chine]] et les [[Indes occidentales]], et les moyens de découvrir et d'exploiter des mines de métaux précieux dans le secteur.


==== Analyse des mœurs des « Indiens » et du traitement qu'ils subissent ====
Au début de l'année, il publia un compte-rendu de sa vie entre 1604 et 1612 appelé "Voyages" et le [[29 mars]] [[1613]], il arriva de nouveau en Nouvelle-France et proclama son nouveau mandat. Plusieurs indigènes furent dégoûtés par les tactiques des marchands non autorisés et la traite de la fourrure, une fois de plus, rapporta peu de bénéfices. Champlain partit le [[27 mai]] pour continuer son exploration de la contrée des Hurons et en espérant trouver la "mer du nord" dont il avait entendu parler (probablement la [[baie d'Hudson]]). Il navigua sur la [[rivière des Outaouais]], donnant la première description du secteur. Ce fut en juin qu'il fît une rencontre avec [[Tessouat]], le chef algonquin de l'île Allumette et offrit de leur construire un fort s'ils avaient à se déplacer du secteur qu'ils occupaient avec son sol pauvre aux rapides de Lachine.
Le récit de Champlain est non seulement géographique, mais il couvre aussi la [[flore]], la [[Faune (biologie)|faune]] et l'[[ethnologie]]. Vers 1600, les Espagnols et Portugais dominent l’[[Amérique du Sud]] avec une population de {{nombre|160000|habitants}} pour environ cinq millions d’« [[Peuple autochtone|Indiens]] ». Il décrit ainsi les mœurs des « Indiens » :


[[Fichier:Champlain Indes Occidentales planche LIX - Récit des Indiens.jpg|vignette|upright|droite|Champlain décrit les mœurs des « Indiens ». Il illustre ici l'invocation de la Lune.]]{{Citation bloc|Après avoir chanté et dansé, ils se mettent le visage en terre, et tous ensemble ils commencent à crier et pleurer en disant : O puissante et claire lune, fait que nous puissions vaincre nos ennemis, que puissions les manger, à celle fin que ne tombions entre leurs mains.|Champlain (français modernisé)}}
Le [[26 août]], Champlain était de retour à [[Saint-Malo]]. Il y écrivit un compte-rendu du voyage en amont de la rivière Ottawa et publia une autre carte de la Nouvelle-France. En [[1614]] il forma la "Compagnie des Marchands de Rouen et de Saint-Malo" et la "Compagnie de Champlain", laquelle limitait les marchands de Rouen et Saint-Malo depuis onze ans. Il retourna en Nouvelle-France au printemps [[1615]], cette fois-ci avec quatre [[récollets]] afin de promouvoir la vie religieuse dans la nouvelle colonie.


Il dénonce aussi les mauvais traitements infligés par les Espagnols.
Champlain continua de travailler pour améliorer les relations avec les indigènes, promettant de les aider dans leur luttes contre les Iroquois. Avec ses guides indigènes, il explora plus loin la rivière Ottawa et aboutit au [[lac Nipissing]]. Il suivit ensuite la rivière [[French (rivière)|French]] jusqu'à ce qu'il atteigne la mer d'eau douce qu'il nomma lac Attigouautau (aujourd'hui le [[lac Huron]]).


[[Fichier:Champlain Indes Occidentales planche LX - Récit des Indiens.jpg|vignette|upright|droite| Champlain ressent de la pitié pour les « Indiens » châtiés cruellement par le feu durant l'Inquisition espagnole.]]{{Citation bloc |Quant aux autres Indiens qui sont sous la domination du Roi d'Espagne, s'il n'y donnait ordre, ils seraient en aussi barbare croyance comme les autres. Au commencement de ses conquêtes, il avait établi l'inquisition entre eux, et les rendait esclaves ou faisait cruellement mourir en si grand nombre, que le récit seulement en fait pitié. Ce mauvais traitement était cause que les pauvres Indiens, pour l'appréhension de celui-ci, s'enfuyaient aux montagnes comme désespérés, et d'autant d’Espagnols qu'ils attrapaient, ils les mangeaient ; et pour cette occasion les dits Espagnols furent contraints leur ôter la dite inquisition, et leur donner liberté de leur personne, leur donnant une règle de vivre plus douce et tolérable, pour les faire venir à la connaissance de Dieu et la croyance de la sainte Église : car s'ils les voulaient encor châtier selon la rigueur de la dite inquisition, ils les feraient tous mourir par le feu.|Champlain (français modernisé) }}
Le [[1er septembre]], à Cahiagué (au [[lac Simcoe]]), débuta une expédition militaire. Ils passèrent le [[Lac Ontario]] à sa pointe orientale où ils cachèrent leurs canots et continuèrent leur voyage sur terre. Ils suivirent la rivière [[Oneida]] jusqu'à ce qu'ils se retrouvent face à un fort iroquois. Les Hurons faisant pression pour attaquer prématurément, l'assaut échoua. Champlain fut blessé deux fois aux jambes par des flèches, dont une dans le genou. L'attaque dura environ trois heures jusqu'à ce qu'ils soient forcés de fuir.


[[Fichier:Champlain Indes Occidentales planche LXI - Récit des Indiens.jpg|vignette|droite|upright| Champlain illustre la bastonnade des « Indiens » qui ne se présentent pas au service divin.]]{{Citation bloc|L'ordre dont ils usent maintenant est qu'en chaque maison qui sont comme villages, il y a un prêtre qui les instruit ordinairement, ayant le prêtre un [[Registre administratif|registre]] de noms et surnoms de tous les Indiens qui habitent au village sous sa charge. Il y a aussi un Indien qui est comme procureur du village, qui a un autre pareil [[Registre administratif|registre]], et le dimanche, quand le prêtre veut dire la messe, tous les dits Indiens sont tenus se présenter pour l'entendre, et avant que le prêtre la commence, il prend son registre, et les appelle tous par leur nom et surnom, et si quelqu'un fait défaut, il est marqué sur le dit registre; puis la messe dite, le prêtre donne charge à l'Indien qui sert de procureur de s'informer particulièrement où sont les défaillants, et qui les fasse réunir à l'église, où étant devant le dit prêtre, il leur demande l'occasion pour lequel ils ne sont pas venus au service divin, dont ils allèguent quelques excuses s'ils peuvent en trouver, et si elles ne sont trouvées véritables ou raisonnables, le dit prêtre commande au dit procureur Indien qui ait à donner hors l’église, devant tout le peuple, trente ou quarante coups de bâton aux défaillants. Voila l'ordre que l'on tient à les maintenir en la religion, en laquelle ils vivent partie pour crainte d'être battus : il est bien vrai que s'ils ont quelque juste occasion qui les empêche de venir à la messe, ils sont excusés.|Champlain (français modernisé)}}
Bien qu'il ne le voulait pas, les Hurons insistèrent pour que Champlain passe l'hiver avec eux. Durant son séjour, il les accompagna dans leur grande chasse au cerf, durant laquelle il se perdit et fut obligé d'errer trois jours, dormant sous les arbres jusqu'à ce qu'il fasse par chance une rencontre avec une des Amérindiens. Il passa le reste de l'hiver apprenant "leur pays, leurs façons, leur coutumes, leur mode de vie". Le [[22 mai]] [[1616]], il quitta la contrée des Hurons et était de retour à Québec le [[11 juillet]]. Il passa quelque temps à agrandir le fort qu'il nommait ''Habitation'' et repartit pour la France le [[20 juillet]].
[[Fichier:Pescherie de perles 02916001.jpg|vignette|centre|Pêcherie de perles, île Margarita. Champlain observe l'exploitation des esclaves amérindiens et africains, contraints par la force à plonger.]]


=== Analyste à la Cour d'Henri IV (1601-1603) ===
En France, Champlain apprit que le Prince de Condé avait été arrêté. Le [[Maréchal de Thémines]] fut promu au bureau de vice-roi. Champlain, ayant perdu sa position de lieutenant, écrivit un rapport au roi de France et à la Chambre de Commerce afin d'augmenter le soutien de ses efforts en Nouvelle-France. Il écrivit ceci, en chemin vers la Nouvelle-France :
A partir du printemps 1601, à Cadix, Champlain veille sur son oncle Allène gravement malade. Le 26 juin, celui-ci lui lègue ses biens et meurt peu de de temps après. Champlain rentre dès lors en France. Par l'entreprise du chevalier René Rivery de Potonville, sous les ordres duquel il a servi en Bretagne, il entre en relation avec un autre membre de l'ordre de Malte, [[Aymar de Chaste]], gouverneur de [[Dieppe (Seine-Maritime)|Dieppe]]. Celui-ci apprécie grandement le Brief Discours, dont il fait réaliser une superbe copie par un atelier d'enluminure dieppois, et présente Champlain au roi Henri IV qui le retient à la Cour, à partir du début de 1602, et lui verse une pension<ref>{{ouvrage|auteur1=Éric Thierry|auteur2=Samuel de Champlain|titre=Espion en Amérique|éditeur=Septentrion|collection=V|année=2013|passage=7-35|isbn=9782894487495|présentation en ligne=https://www.septentrion.qc.ca/catalogue/espion-en-amerique}}</ref>.


Champlain est chargé de collecter des informations<ref>Eric Thierry raconte le manuscrit retrouvé de Champlain (https://kiosqueduseptentrion.ca/2020/04/15/eric-thierry-raconte-le-manuscrit-retrouve-de-champlain/)[Podcast] (2020) Editions du Septentrion. Consulté le 1er août 2023</ref> devant permettre la conquête par la France de l'empire du Guyana, au nord de l'Amérique du Sud, qui abriterait l'immense trésor du dernier empereur inca, Manco Capac, dont la capitale, Manoa, regorgerait d'or, d'argent et pierreries, et où il serait possible d'accéder en passant par un bras de l'Orénoque. A partir de février 1603, il aide aussi Aymar de Chaste, nouveau lieutenant général en Nouvelle-France, à élaborer un plan de colonisation de l'Amérique du Nord-Est. Il prévoit la création d'un établissement français dans la baie de Chesapeake, à l'entrée du détroit de Long Island, dans la baie de Saco ou à l'embouchure de la rivière Penobscot, et l'envoi à partir de là de soldats français pour s'emparer de [[Manoa]]<ref>Thierry, Éric, Les Oeuvres complètes de Champlain, Tome 1, Septentrion 2019, pp. 159-166</ref>.
:''On a pu facilement atteindre "le Royaume de Chine et les Indes Occidentales, d'où l'on peut tirer profit de grandes richesses" et les droits de service, lesquels peuvent être collectés des échanges résultants, "peuvent surpasser en valeur au moins dix fois tous ceux prélevés en France."''


Le roi Henri IV ne pouvant pas financer ce vaste projet, Aymar de Chaste se laisse convaincre par François Gravé, un marchand malouin installé à Honfleur, de privilégier plutôt la vallée du Saint-Laurent, que celui-ci fréquente depuis la fin des années 1570 et qu'il sait riche en fourrures. Il le charge d'y mener une expédition, afin d'en explorer toutes les possibilités, et propose à Champlain d'en faire partie. Celui-ci accepte, mais demande auparavant l'autorisation d'Henri IV, qui lui accorde à condition de lui faire un « fidèle rapport » à son retour<ref>Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain Tome 2, Septentrion, 2019, p.676-677</ref>.
Il énonça que la France contrôlait un pays "de presque dix-huit cents lieux en longueur, arrosé par les plus loyales rivières du monde" et que des âmes innombrables pourraient être converties au [[christianisme]]. Pour atteindre ces buts, Champlain suggéra qu'"une ville aussi large que [[Saint-Denis]], laquelle devrait être nommée, s'il vous plaît Dieu et le Roi, ''Ludovica''" soit fondée. Il demanda que la France envoie 15 récollets, 300 familles de quatre personnes et 300 soldats. Concernant le commerce, Champlain estima que la colonie produirait un revenu annuel d'approximativement 5 400 000 livres, principalement de la pêche, des mines, des fourrures et des profits comme résultat à la "plus courte route vers la Chine". La Chambre de Commerce a été convaincue immédiatement et Champlain regagna son monopole sur la traite de la fourrure. Le Roi chargea ses associés de "poursuivre tout le travail qu'il sera jugé nécessaire pour établir les colonies qui voudront se retrouver dans le-dit pays".


Champlain obtient la protection du [[Henri IV (roi de France)|roi]], mais il ne porte pas de titre officiel.
Champlain repartit en Nouvelle-France au printemps de [[1618]] pour y arriver seulement le [[28 août]]. Les Britanniques étaient parvenus à obtenir la liberté des échanges. Aussi ses associés refusaient-ils d'assurer la population de la colonie, craignant de ne pouvoir obtenir des fourrures que des colons. Champlain fut dérangé, écrivant "Ils pensaient ... ils installaient une sorte de république là selon leurs propres notions." Il a assuré son droit de commander Québec faisant signer à ses associés un contrat assurant qu'ils maintiendraient 80 personnes dans la ville de Québec. Son voyage de retour planifié en Nouvelle-France fut annulé quand les associés refusère à nouveau de reconnaître ses droits, et il fut forcé de rester en France. Durant son séjour, il écrivit un compte-rendu de ses voyages entre 1615 à 1618. En octobre [[1619]], le Prince de Condé fut libéré et a reporté ses droits comme vice-roi à [[Henri II, Duc de Montmorency]], amiral de France.
[[Marc Lescarbot|Lescarbot]] qualifie Champlain de "Géographe du Roy" dans l'édition de 1611-1612 de ses ''Muses de la Nouvelle-France''<ref>Lescarbot, Marc, Les muses en Nouvelle-France, Paris, Jean Milot, 1611.</ref>. Marcel Trudel écrit : {{citation|Nulle part Champlain ne porte ce titre et personne d’autre que Lescarbot ne le lui donne ; rien n’établit que Champlain, tout en agissant en géographe, ait occupé le poste officiel de géographe du roi<ref group="Trudel" name="Trudel-DBC" />.}}


=== {{1er}} voyage au Canada, sur le fleuve Saint-Laurent ({{Date-|1603}}) ===
Henri II confirma Champlain dans sa fonction et, le [[7 mai]] [[1620]], [[Louis XIII]] lui demanda de maintenir le pays de Nouvelle-France "en obéissance à moi, faisant vivre le peuple qui est là-bas en aussi proche conformité avec les lois de mon royaume que vous le pouvez." Champlain retourna immédiatement en Nouvelle-France et allait y passer la reste de sa vie se concentrant sur l'administration du pays plutôt que sur l'exploration.
Son premier voyage vers l'[[Amérique du Nord]] commence en {{date-|mars 1603}}, sous mandat d'[[Aymar de Chaste]], gouverneur de [[Dieppe (Seine-Maritime)|Dieppe]] et alors titulaire du monopole commercial de la [[Nouvelle-France]]. [[François Gravé]] (dit ''Sieur du Pont'' ou ''Pont-Gravé, Gravé-Dupont, le Pont''), marchand et navigateur, était chef d'une expédition de [[traite de fourrures]] au [[Canada (Nouvelle-France)|Canada]]<ref>{{Harvsp|Glénisson|2003}}</ref> parmi laquelle embarquent : deux « sauvages » que Pont-Gravé avait amenés lors d'un précédent voyage ; [[Pierre Chauvin de La Pierre]], parent de feu [[Pierre de Chauvin|Pierre de Chauvin de Tonnetuit]] ; et Samuel Champlain, qui était inconnu jusque-là. [[François Gravé]] est un explorateur expérimenté de ces régions, et chaque été depuis peut-être 20 ans<ref name="Champlain-Gravé"/>, il remonte le [[fleuve Saint-Laurent]] ''en barque''<ref name="barque" group="note">Avant 1633, les navires français de plus de 100 à 300 tonneaux restent ancrés au large dans la baie du ''Moulin-Baude'', à une lieue à l'est (environ {{nobr|5 kilomètres}} en aval) de [[Tadoussac]]. Des barques ou autres petits bateaux servent à naviguer sur le fleuve, en amont jusqu'à [[Québec (ville)|Québec]] ou jusqu'au [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]]. En [[1633]], pour terminer son ultime traversée, Champlain, sûr de lui, se rend jusqu'à Québec avec ses navires, pour la première fois et sans encombre.</ref>{{,}}<ref>Moulin-Baude, dans [http://www.odyssee.csestuaire.qc.ca/Cartographie/Tadoussac/body_tadoussac.html l'historique de Tadoussac]</ref> jusqu'aux [[Trois-Rivières]].


==== Samuel Champlain, observateur ====
Champlain passa l'hiver à construire le [[Fort Saint-Louis]] au haut du [[Cap-Diamant]]. À la mi-mai, il apprit que la traite de fourrure avait été prise en main par une autre compagnie dirigée par les frères Caën. Après quelques négociations tendues, il se décida à fusionner les deux compagnies sous la direction des Caën. Champlain continua son travail sur les relations avec les Amérindiens et parvint à leur imposer un chef de son choix. Il parvint également à signer un traité de paix avec les tribus iroquoises.
« Il s'embarque, non à titre de lieutenant ainsi qu'on l'a déjà écrit, mais en simple observateur comme l'était de Monts en 1600. Selon sa propre déclaration, il avait été invité par [[Aymar de Chaste]] à {{citation|voir ce pays, & ce que les entrepreneurs y feraient }} ; [[Aymar de Chaste|de Chaste]] obtint pour Champlain la permission nécessaire, et [[François Gravé|Pont-Gravé]] reçut l'ordre de le {{citation|recevoir en son vaisseau et de lui faire voir et reconnaître tout ce qui se pourrait en ces lieux<ref>{{Harvsp|Trudel|1962}}{{citation étrangère|langue=fr1835|faire voir & recognoistre tout ce qui se pourroit en ces lieux}}</ref>.}} Recommandé par de Chaste auprès de François Gravé, et désireux de se faire valoir auprès d'Henri IV, Champlain promet au roi de lui faire un rapport détaillé de cette expédition. [[Aymar de Chaste]] ne recevra jamais de compte-rendu car il mourra durant l'expédition.


Le {{date-|15 mars 1603}}, Champlain quitte [[Honfleur]] (en [[Normandie]]), à bord de ''La Bonne Renommée''. ''La Françoise'' et un autre navire font aussi partie de la flotte.
Champlain continuait à travailler sur l'amélioration de son ''Habitation'', posant la première pierre le [[6 mai]] [[1624]]. Le [[15 août]], il retourna une fois de plus en France où il fut encouragé à continuer son travail aussi bien qu'à continuer la recherche d'un passage vers la Chine. Le [[5 juillet]], il revint à Québec et continua à travailler à l'expansion de la ville.


==== À Tadoussac et La Grande Alliance ====
En [[1627]], le [[Richelieu (cardinal de)|cardinal de Richelieu]] prit de l'intérêt pour Québec en créant la [[Compagnie des Cent-Associés]] dont Champlain fut membre. Ce nouveau régime conduisit Champlain à devenir, le [[21 mars]] [[1629]] le lieutenant et représentant de Richelieu et donc [[gouverneur]] de la Nouvelle-France.
[[Fichier:Champlain trading with the indians 1603.jpg|vignette|gauche|Champlain qui échange avec les Indiens, par C. W. Jefferys.]]


Le {{date-|24 mai 1603}}, la flotte s'ancre à Tadoussac pour la traite des fourrures. Le {{date-|27 mai 1603}}, Champlain et [[François Gravé]] traversent en barque l'embouchure du [[Rivière Saguenay|Saguenay]], et descendent à la [[Baie-Sainte-Catherine|Pointe-aux-Alouette]]s<ref>[http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=19 Pointe-aux-Alouettes (à Baie-Sainte-Catherine)]</ref>.
Les choses n'allait pas se maintenir pour Champlain et son petit village. Les approvisionnements étaient au plus bas durant l'été de [[1628]] et les marchands anglais avaient pillé [[Cap Tourmente]] au début de juillet. Le [[10 juillet]], Champlain reçut une sommation de quelques marchands anglais, les frères [[David Kirke|Kirke]]. Il refusa de faire affaire avec eux, mais en réponse les Anglais firent le blocus de la ville. Au printemps de 1629, les vivres étaient à un niveau extrêmement bas et Champlain fut forcé d'envoyer des gens à [[Gaspé (Québec)|Gaspé]] pour conserver les rations. Le [[19 juillet]], les frères Kirke arrivèrent et Champlain fut forcé de négocier les termes de la capitulation de la ville. Au [[29 octobre]], Champlain se retrouvait à [[Londres]].
{{article détaillé|Grande Alliance (traité)}}
Ils rendent ainsi visite au chef [[Innus|montagnais]] [[Anadabijou]], qui campe aux environs. Ce dernier les accueille au milieu d'une centaine de guerriers fêtant leur victoire lors d'une [[Tabagie (festin)|« tabagie »]], c'est-à-dire un grand festin. Un conseil se réunit, et l'un des leurs, qui revient de France, parle amplement du pays qu'il a visité, et raconte l'entrevue qu'il a eue avec Henri IV. Il explique ainsi que le roi des Français leur veut du bien et désire peupler leur terre. Champlain et [[François Gravé|Gravé]] participent au rituel du [[Calumet|calumet de paix]], et aspirent de grandes bouffées de fumée de [[tabac]]. Cette première entente marque toute la politique indienne française du siècle suivant, et notamment la participation des Français aux guerres contre les [[Iroquois]], alors ennemis des [[Innus|Montagnais]] et des autres nations fréquentant le fleuve. Champlain observe et décrit cette [[Tabagie (festin)|tabagie]] ainsi que les mœurs et croyances de ses hôtes. Il tente de leur inculquer des rudiments des principes chrétiens.
Le {{date-|9 juin}}, des délégations des peuples indiens [[Algonquins]] et des [[Wolastoqiyik]] (''Malécites, Etchemins'', nations alliées des [[Innus|montagnais]]) rencontrent à leur tour Champlain et Gravé Du Pont à [[Tadoussac]], face à la Pointe Saint-Mathieu, lors de cérémonies présidées par le chef algonquin [[Tessouat]].
Le {{date-|11 juin 1603-}}, Champlain remonte le [[Rivière Saguenay|Saguenay]] sur {{nombre|12 ou 15| [[lieue]]s}}. Puis, les Français quittent les lieux le {{date-|18 juin 1603}}, et remontent le [[fleuve Saint-Laurent]].


==== Sur les traces de Jacques Cartier afin de cartographier le Saint-Laurent ====
Durant les années suivantes, Champlain écrivit ''Voyages de la Nouvelle France'' dédicacé à Richelieu avec son ''Traité de la marine et du devoir d'un bon marinier''. Il fut absent du Québec jusqu'au [[traité de Saint-Germain-en-Laye]] en [[1632]], quand il revint à la France et le [[1er mars]] [[1633]], Champlain réclama son poste de gouverneur de la Nouvelle-France au nom de Richelieu.
L'expédition à laquelle participe Champlain suit les traces de [[Jacques Cartier]]. Ils souhaitent rejoindre le lieu que Champlain désigne comme le « [[Rapides de Lachine|Grand Sault saint Louis]] »<ref name="Sault" group="note">Un « sault » désigne un rapide, une cascade, une chute d'eau : une « rupture de pente d'un cours d'eau »</ref>, que Jacques Cartier appelait ''Ochelaga'' et qu'il n'avait pas réussi à franchir (le {{date-|2 octobre 1535}})<ref name="p.670" group="Laverdière">''op. cit.'', {{p.|670}}</ref>. Champlain décrit des courants puissants qui rendent difficile la navigation de leurs canots<ref name="p.103" group="Laverdière">''Ibid.'', {{p.|103}}</ref>, et les obligent à terminer leur parcours par voie de terre<ref name="p.104" group="Laverdière">''Ibid.'', {{p.|104}}</ref>. Trop pressé d'atteindre ce « grand sault », qu'il espère franchir, Champlain remarque à peine les deux endroits stratégiques où plus tard il établira des postes de traite et de colonisation : [[Québec (ville)|Québec]] et [[Trois-Rivières]].


Champlain n'a pas d'autre assignation officielle pour ce voyage que d'esquisser avec une grande précision une carte de « [[fleuve Saint-Laurent|la Grande Rivière de Canadas]] », de son embouchure jusqu'au « Grand Sault Saint-Louis ».
Champlain retourna à Québec le [[22 mai]] 1633, après une absence de quatre ans. Le [[18 août]] [[1634]], il envoya un rapport à Richelieu disant qu'il avait rebâti sur les ruines de Québec, élargi ses fortifications, construit une autre ''Habitation'' à quinze lieux en amont, aussi bien qu'une autre à [[Trois-Rivières]]. Il a aussi commencé une offensive contre les Iroquois annonçant qu'il voulait les éliminer ou les "ramener à la raison".
À partir du {{date-|18 juin 1603-}}, il explore [[Fleuve Saint-Laurent|le fleuve]] avec [[François Gravé]] : ils nomment des lieux et remontent la [[Rivière Richelieu|{{citation étrangère|langue=fr1835|rivière des Yroquois}}]] jusqu’aux rapides de [[Saint-Ours (Québec)|Saint-Ours]] et, le {{date-|3 juillet 1603-}}, font demi-tour devant le {{citation étrangère|langue=fr1835|Sault Saint-Louis}} (rapides de Lachine). Ils ont terminé l'exploration de la grande rivière de Canada le {{date-|11 juillet 1603-}}.


Le {{date-|13 juillet 1603-}}, sur la rive sud du [[Fleuve Saint-Laurent|fleuve]], il confère avec le chef Armouchidès et les siens qui se rendaient aux échanges avec « les Sauvages » à [[Tadoussac]].
Au mois d'octobre 1635, Champlain fut frappé de paralysie. Il mourut le [[25 décembre]] [[1635]] sans enfants. Il a été enterré temporairement dans une tombe sans nom, tandis que la construction était finie sur la chapelle de Monsieur le Gouverneur. En tant que tel, l'emplacement exact de l'enterrement de Champlain reste inconnu.


Le {{date-|15 juillet- 1603-}}, pour s’approvisionner et pour chercher des mines, il entre dans la [[baie de Gaspé]], où descend une [[Rivière York (Gaspé)|rivière]]. Ensuite il passe par [[Percé]] et la [[Baie des Chaleurs|Baie-aux-Morues]], à l'[[Île Bonaventure|île de Bonaventure]]. Dans la baie, il rencontre les [[Micmacs]], qui le renseignent sur le [[Lac Matapédia]], sur [[Miramichi]], le [[Canseau (Nouvelle-Écosse)|détroit (de Canseau)]], de l'[[Île-du-Prince-Édouard|île Saint-Jean]] et le [[Île du Cap-Breton|Cap-Breton]], la [[Baie de Fundy|baie Française (Fundy)]], sur l'[[Acadie (Nouvelle-France)|Acadie]] à l'Ouest, d'où ils remontent la [[Rivière Saint-Jean (Gaspé)|rivière Saint-Jean]] pour aller faire la guerre aux [[Iroquois]]. Champlain note leurs descriptions de terres fertiles en [[Acadie]], où il espère trouver le passage vers la Chine.
Il n'y a pas de portrait authentique de Champlain. La seule image originale est une gravure d'une bataille au lac Champlain en 1609, mais les caractéristiques faciales sont trop vagues pour en avoir une bonne idée.


==== De nouveau à Tadoussac, puis retour avec des Amérindiens ====
==Références==
Partant de [[Percé]] le {{date-|19 juillet 1603}}, la barque passe devant le [[L'Anse-à-Valleau|cap L'Evêque (Pointe-à-la-Renommée)]], puis traverse une tempête de deux jours jusqu'au golfe et mouille l'ancre à [[Rivière Sainte-Marguerite (Sept-Îles)|rivière Sainte-Marguerite]].
Le {{date-|3 août 1603-}} l'expédition atteint [[Tadoussac]], où il y a une grande [[Tabagie (festin)|tabagie]] sous la direction du chef [[Begourat]]. Ils reconnurent les « sauvages » de la [[Rivière des Iroquois (rivière Richelieu)|rivière des Iroquois]]. Champlain et Gravé furent reçus avec hospitalité parmi ces festivités, qui annonçaient le départ pour une nouvelle guerre. Avant le départ, un des [[Autochtones d'Amérique|Sagamo]] des Montagnais nommé [[Begourat]], fort recommandé par [[Anadabijou]], confie son fils à [[François Gravé]]<ref>''"A Paris, en octobre 1603, François Gravé présente à Henri IV un jeune amérindien qui lui a été confié par son père, le chef montagnais Bechourat. Le roi traite l’enfant comme le sien et l’envoie rejoindre sa progéniture au château de Saint-Germain-en-Laye. L’existence de « Petit Canada » au contact des princes et princesses sera malheureusement brève: baptisé le 9 mai 1604, il aura comme parrain et marraine, deux des enfants d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, Alexandre et Catherine-Henriette, mais il tombera vite malade et, malgré les sollicitudes du futur Louis XIII qui lui fera partager ses repas, il mourra le 18 juin suivant, laissant au dauphin un vif souvenir."'' (Thierry 2019, op.cit p. 212)</ref>. Champlain leur demanda une [[Iroquois]]e que les sauvages voulaient manger ; celle-ci sera de la traversée.


Le {{date-|16 août 1603-}}, Champlain part de [[Tadoussac]]. Le {{date-|18 août- 1603-}}, il arrive à [[Percé]], où il croise le sieur Jean Sarcel, seigneur de Prévert, « qui venait de la mine où il avait été avec beaucoup de peine, pour la crainte que les Sauvages de leurs ennemis [[Wolastoqiyik|Armouchiquois]], hommes monstrueux de la forme qu'ils ont »<ref name="Le Jeune 1931">{{Harv|Le Jeune, o.m.i.|1931}}</ref>. Le sieur de Prévert a aussi amené {{citation étrangère|langue=fr1835|quatre sauuages : vn homme
* [[Samuel Eliot Morison]], ''Samuel de Champlain: Father of New France'' (Little Brown, 1972) ISBN 0316583995
qui est de la coste d'Arcadie, vne femme & deux enfans des Canadiens}}.
* [http://www.biographi.ca/EN/ShowBio.asp?BioId=34237 Dictionary of Canadian Biography Online]


==== « Des Sauvages... », compte-rendu de l'expédition ====
==Liens externes==
À son retour en France le {{date-|20 septembre 1603}}, il fait son rapport au roi et publie un compte-rendu de l'expédition, intitulé ''Des Sauvages, ou Voyage de Samuel Champlain, de [[Hiers-Brouage|Brouage]], fait en la France nouvelle, l’an mil six cens trois''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Samuel de|nom1=Champlain|titre=Des sauvages, ou Voyage de Samuel Champlain, de Brouage, fait en la France nouvelle l'an mil six cens trois... : contenant les moeurs, façons de vivre, mariages, guerres, & habitations des sauvages de Canadas [sic]...|lieu=Paris|éditeur=C. de Monstr'oeil|année=1603|pages totales=IV-36 f.|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626417m|consulté le=2020-06-18}}</ref>. Il relate son séjour dans un campement estival de ''[[Innus|Montagnais]]'' à [[Tadoussac]], puis de son parcours sur les traces de [[Jacques Cartier]])<ref name="Champlain1603" group="Laverdière">Tome II ([[1603]]).</ref>, avec dessins et cartes, dont la légende [[micmacs|micmaque]] de la [[Gougou]]. Notons l'absence de la particule « ''de'' » devant son nom<ref>L'éditeur de l'ouvrage "Des Sauvages", Claude de Monstr'oeil a voulu contester la noblesse de Champlain. Il était sans doute au courant de l'Édit de la taille de mars 1600, qui ne permettait pas aux bâtards et leurs descendants de prétendre à la noblesse. Claude de Monstr'oeil "connaissait sans doute la probable bâtardise du père de celui-ci, Antoine de Champlain". (Thierry, Éric, Les Œuvres complètes de Champlain, Tome 1, Québec, Septentrion, 2019, p. 167.</ref>. Le but de ce livre est de faire le compte-rendu de la tabagie de la pointe Saint-Mathieu permettant de sceller l’alliance avec les Amérindiens. Son objectif était également d’éveiller l’intérêt du public pour l’Amérique du Nord-Est et de trouver de nouveaux investisseurs. Les caisses de l’État, vidées par les guerres de religion, le rôle du roi sera d’accorder un monopole de la traite des fourrures<ref>Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 1, Québec, Septentrion, 2019, p. 42.</ref>. Michel Bideaux a souligné le caractère insolite du titre, qui « ignore le pays autant que ses visiteurs, et préfère mettre en relief la figure de l'indigène »<ref>Michel Bideaux, « ''Des sauvages'' : une singularité narrative », ''[[Études françaises]]'', volume 22, numéro 2, automne 1986, p.&nbsp;35 ([[doi:10.7202/036889ar|lire en ligne]]).</ref>.


=== {{2e}} voyage. Fondation d'une colonie à l'île Sainte-Croix et déménagement à Port-Royal ({{Date-|1604}}-{{Date-|1607}}) ===
* Texte complet des ''Voyages de Samuel De Champlain'' sur [[Projet Gutenberg]]: [http://www.gutenberg.net/etext/6653 Vol. 1], [http://www.gutenberg.net/etext/6749 Vol. 2], [http://www.gutenberg.net/etext/6825 Vol. 3] (en Anglais)
Le {{date-|8 novembre 1603}}, le roi [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] accorde une commission à [[Pierre Dugua de Mons|Pierre Dugua, sieur de Mons]], pour fonder un établissement en [[Acadie]], en tant que « [[Lieutenant général des armées (Ancien Régime)|lieutenant général]] en Amérique septentrionale ». La recherche de métaux précieux de cuivre et d’argent était la raison principale du choix de l’Acadie. À l’automne 1603, Champlain était de retour en France et le malouin Jean Sarcel de Prévert lui mentionne que l’on a trouvé des mines en Acadie, ce qui pourrait corroborer les observations faites par l’explorateur Verrazano. Henri IV et son entourage s’intéressent à l’expansion française en Amérique. Il y a d’abord Charles de Montmorency, amiral de France, Pierre Dugua de Mons, gentilhomme de la [[Maison du roi|Chambre du roi]] et vice-amiral, Samuel de Champlain, François Gravé et Pierre de Beringhen, [[Gentilhomme de la chambre|valet de chambre]] du roi et contrôleur des mines de France. À la suggestion de François Gravé et de Samuel de Champlain, [[Charles de Montmorency-Damville|Charles de Montmorency]] et Pierre de Beringhen font des pressions sur Henri IV pour une implantation en Acadie<ref>Thierry, Éric, La France d’Henri IV en Amérique du Nord : De la création de l’Acadie à la fondation de Québec, Paris, Classique Garnier, 2019, p. 65-66-122-124.</ref>. La recherche de métaux précieux permettait d’accroître la puissance de l’État et donc la gloire du roi. On s’inscrivait dans une démarche [[Mercantilisme|mercantiliste]] en suivant l’exemple des Espagnols et de Jacques Cartier. Malheureusement les gisements des mines de cuivre et d’argent se sont révélés assez décevants. En {{date-|mars 1604}}, [[Henri IV (roi de France)|le roi]] autorise Champlain à participer à cette autre expédition et il devra faire rapport de ses découvertes. Menée par [[Pierre Dugua de Mons]], cette expédition (sans femme ni enfant) est toujours pilotée par [[François Gravé|François Gravé sieur Dupont]]. Appareillant du [[Le Havre|Havre-de-Grâce]] le {{date-|7 avril 1604}}, l'expédition compte deux navires, la ''Bonne Renommée'' et [[Don de Dieu (navire)|le Don de Dieu]]. [[François Gravé|Gravé Du Pont]] traverse sur la ''Bonne Renommée'', alors que [[Pierre Dugua de Mons]], [[Jean de Poutrincourt|Jean de Biencourt, seigneur de Poutrincourt]], le sieur d’Orville et Champlain traversent sur [[Don de Dieu (navire)|le Don de Dieu]].

==== L'Île Sainte-Croix ====
[[Fichier:Île sainte croix.png|thumb|gauche|Plan de l'île Sainte-Croix, premier site de colonisation en Nouvelle-France.]]
Au début de {{date-|mai 1604}}, ils accostent à [[Port Mouton|Port-au-Mouton]]. Du {{date-|19 mai 1604-}} au {{date-|24 juin 1604-}}, il cherche un site temporaire, naviguant en barque le long des côtes, avec dix hommes. Il passe le [[cap de Sable]], entre dans la [[baie Sainte-Marie]], explore la [[baie de Fundy|baie Française]], nomme [[Annapolis Royal|Port-Royal]] et explore l’embouchure du [[fleuve Saint-Jean]].
Le {{date-|24 juin 1604-}}, le choix se fixe sur l’[[île Sainte-Croix]], pour une installation au départ temporaire. Champlain contribue à instaurer l'habitation sur cette île. On y construit des bâtiments avec des matériaux apportés de France, dont un logis en commun pour Champlain, M. d’Orville et Pierre Angibault dit Champdoré (Chandore), capitaine de l'expédition.

Le {{date-|1 août 1604-}}, [[Pierre Dugua de Mons]] attribue une concession à [[Jean de Poutrincourt|Poutrincourt]] dans la {{Lien|langue=en|trad=Annapolis Basin|fr=Bassin d'Annapolis|texte=baie de Port-Royal}}. En {{date-|septembre 1604-}}, avec [[Pierre Dugua de Mons|de Mons]], ils explorent la région pour trouver des mines et surtout un site d'habitation durable. Ils entrent dans la [[Penobscot (fleuve)|rivière Penobscot]] puis dans la [[Kennebec (rivière)|rivière Kennebec]] et longent les côtes sur plus de {{nobr|200 kilomètres}}, que Champlain décrira avec précision.

Cet hiver de {{date-|1604}} à {{date-|1605}} est terrible : le [[scorbut]] fauche 35 ou 36 Français sur les 79 habitants de l’[[île Sainte-Croix|île]], où la glace de la rivière les tient isolés des ressources riveraines. Le {{date-|15 juin 1605-}}, [[François Gravé|Gravé Du Pont]] arrive avec une quarantaine d’hommes, des vivres et du matériel. Du {{date-|17 juin 1605-}} au {{date-|3 septembre 1605-}}, [[Pierre Dugua de Mons|de Mons]] et Champlain cherchent un endroit plus hospitalier. Partant de la [[Kennebec (rivière)|rivière Kennebec]], ils explorent au sud, visitent la [[Baie de Casco|baie des Sept-Îles (Casco Bay)]], la {{Lien|langue=en|trad=Saco Bay|fr=Baie de Saco|texte=baie de Chouacouët (Saco Bay)}}, [[Cap Ann|Cap-aux-Îles (Cape Ann)]], la [[Boston Harbor|baie des Îles (baie de Boston)]], le port {{Lien|langue=en|trad=Plymouth Bay|fr=Baie de Plymouth|texte=Saint-Louis (baie de Plymouth)}}, le [[Cap Cod|cap Blanc (Cap Cod)]] et Mallebarre (Nauset Harbour). Ils reviennent à Sainte-Croix le {{date-|3 septembre 1605}}. Champlain trace une cartographie très précise de ce voyage<ref group="coll" name="chronologie" />.

==== Port-Royal ====
[[Fichier:1613 Habitation Port Royal.jpg|vignette|gauche|{{citation étrangère|langue=fr1835|abitasion du port royal}}, par Champlain, 1613]]
Le {{date-|21 septembre 1605}}, le groupe transporte la colonie à [[Port-Royal (Acadie)|Port Royal]] pour y construire l'[[Habitation de Port-Royal|Habitation]]. Les bâtiments de Sainte-Croix sont démontés puis remontés. [[Pierre Dugua de Mons|De Mons]] désigne ses remplaçants : les sieurs d’Orville puis [[François Gravé|Gravé Du Pont]] (mais pas Champlain).
À Port-Royal, le rôle de Champlain n'est toujours que celui du simple observateur.

À Port-Royal, Champlain a un cabinet de travail et il prend « un singulier plaisir » au jardinage. Il construit aussi [[Écluse à poissons|une écluse pour l’élevage]] de truites. Avant l'hiver, il cherche encore des mines, sans succès. Durant l'hiver, 12 des 45 membres de l'expédition meurent du scorbut. En {{date-|mai 1606}}, de nouveaux colons s’embarquent sur le ''Jonas'' pour l’Acadie, sans femmes, car on craint la rigueur de l’hiver. Le ''Jonas'' arrive le {{date-|26 juillet 1606-}}<ref group="coll" name="chronologie" />.

[[Fichier:Port Fortuné, altercation.tif|thumb|Altercation à Port Fortuné. {{citation étrangère|langue=fr1835|'''A''' Le lieu ou eſtoiet les François ſaiſans le pain. '''B''' Les ſauuages ſurprenans les François en tirant ſur eux à coups de fleſches. '''C''' François bruſlez par les ſauuages. '''D''' François s’enfuians à la barque tout lardés de fleſches. '''E''' Trouppes de ſauuages faiſans bruſler les François qu’ils auoient tué. '''F''' Montaigne ſur le port. '''G''' Cabannes des ſauuages. '''H''' François à terre chargeans les ſauuages. '''I''' Sauuages desfaicts par les François. '''L''' Chalouppe où eſtoient les François. '''M''' Sauuages autour de la chalouppe qui furent ſurpris par nos gens. '''N''' Barque du ſieur de Poitrincourt. '''O''' Le port. '''P''' Petit ruiſeau. '''Q''' François tombez morts dans l’eau penſans ſe ſauuer à la barque. '''R''' Ruiſeau venant de certins mareſcages.}}]]
Parmi ces passagers, arrivent le nouveau commandant de la colonie (en remplacement de [[François Gravé|Gravé Du Pont]]) [[Jean de Poutrincourt|Jean de Biencourt de Poutrincourt]], son cousin germain [[Louis Hébert]] et l'avocat [[Marc Lescarbot]]<ref>Jean de Biencourt et Marc Lescarbot sont des ex-ligueurs, fervents catholiques et, ralliés à Henri IV seulement lorsque celui-ci s’est converti au catholicisme. Traumatisés par les guerres de religion, ces ligueurs imprégnés d’humanisme chrétien, désiraient implanter en Acadie, un christianisme des origines, une Société sainte en quelque sorte. Les rituels des soupers de l’Ordre de Bon-Temps, créé par Champlain, évoquaient les noces de Cana de la Vulgate. Source: Thierry, Éric, La France d’Henri IV en Amérique du Nord : De la création de l’Acadie à la fondation de Québec, Paris, Classique Garnier, 2019, p. 192 et 390.</ref>. Le {{date-|25 août 1606-}}, le Jonas retourne en France avec [[François Gravé|François Gravé Du Pont]] et une cinquantaine de colons. Champlain jardine avec l'[[apothicaire|épicier et apothicaire]] parisien [[Louis Hébert]].

À l'automne {{date-|1606}}, sur plus de deux mois, Champlain et [[Jean de Poutrincourt]] cherchent du sud de l’Acadie jusqu’à [[Cap Cod|Cap Blanc (Cap Cod)]] un autre lieu où ils pourraient s'installer de façon permanente. Au [[Chatham (Massachusetts)|port Fortuné (Chatham, Cap Cod)]], il plante des croix et fait une tentative d'établissement. Une altercation avec la tribu des {{Lien|langue=en|fr=Nausets|trad=Nauset}} se solde par la mort de quatre Français. Les membres de l'expédition remarquent de belles baies, nomment plusieurs lieux, dont la rivière Champlain ({{lien|trad=Mashpee River|fr=rivière Mashpee}}), mais la présence des Anglais dans les parages et l'hostilité des autochtones leur font renoncer à s'installer sur cette côte. Ils ne dépassent pas [[Martha's Vineyard |Martha's Vineyard (en)]].

Le {{date-|14 novembre 1606-}}, les explorateurs reviennent à Port-Royal ; la petite colonie les accueille tandis que [[Marc Lescarbot]] fait jouer [[le Théâtre de Neptune]].

[[Fichier:L'Ordre de Bon Temps, 1606.jpg|vignette|gauche|L'Ordre de Bon Temps, [[1606]], par [[Charles William Jefferys|C. W. Jefferys]].]]
Champlain fonde à Port-Royal l'[[Ordre du Bon-Temps]], pour que tous y passent « fort joyeusement » l'hiver. Les colons s'y acclimatent progressivement; cependant, le [[scorbut]] fait encore de quatre à sept victimes<ref group="coll" name="chronologie" />.

[[Fichier:Description of the Coasts, Points, Harbours and Islands of New France WDL280.png|vignette|gauche| Cette carte sur vélin de style [[portulan]] a été établie par Champlain lui-même en [[1607]], afin de la présenter au [[Henri IV (roi de France)|roi de France]]. La carte de Nouvelle-France établit la première délimitation approfondie de ce qui deviendra la [[Nouvelle-Angleterre]] et les côtes atlantiques du Canada, de [[Cap de Sable|Cap-Sable]] à [[Cap Cod|Cap Blanc (Cap Cod)]]. On y indique [[Port-Royal (Nouvelle-Écosse)|Port-Royal]], la ''Baye Blanche'' (baie de [[Cap Cod]]), la [[baie de Fundy|''Baye Françoise'']], les fleuves [[fleuve Saint-Jean|Saint-Jean]], [[Fleuve Sainte-Croix|Sainte-Croix]] et [[Penobscot (fleuve)|Penobscot]], ainsi que la baie de la rivière [[Kennebec (rivière)|Kennebec]] et l'[[île des Monts Déserts]].]]
Le {{date-|24 mai 1607-}}, un jeune homme de St-Malo nommé Chevalier arrive avec le message que les privilèges de commerce de [[Pierre Dugua de Mons]] sont révoqués et ordre de rentrer en France. Il lui dit aussi « la naissance de [[Monsieur d’Orléans (1607-1611)|Monseigneur le Duc d’Orleans]], qui nous apporta de la réjouissance, et en fîmes les [[feu de joie|feux de joie]], et chantâmes le [[Te Deum]]. »
Champlain retourne au fond de la [[baie de Fundy|baie Française]] : ils sont sept hommes cherchant des mines de cuivre [[Bassin des Mines|(Bassin des Mines ou Minas Basin)]] ; ils remarquent des pierres à chaux et des morceaux de cuivre. Au [[Cap Split|cap Poutrincourt (Cap Split)]], on découvre une croix couverte de mousse et toute pourrie. Ils y voient le signe évident du passage antérieur de chrétiens. Champlain cartographie le littoral de l’[[île du Cap-Breton]] jusqu’au [[cap Cod|cap Blanc]]<ref group="coll" name="chronologie" />.

Le {{date-|12 juillet 1607-}}, Ralleau, secrétaire du sieur de Monts, arrive et confirme la nouvelle du messager Chevalier. Port-Royal est alors confié à la surveillance de leur ami le chef [[Henri Membertou|Membertou]] et le {{date-|3 septembre 1607}} tous les habitants de Port-Royal retournent en France à bord du ''Jonas''.

==== Bilan ====

Durant ces années, Champlain dresse la carte de 1607<ref>Cette carte manuscrite de Champlain est signalée à Nantes en 1886 cédée par un abbé à Gabriel-Alexandre Marcel, qui la cède plus tard à Henry Harrisse, un historien franco-américain. Ce dernier fait don de cette carte à la Bibliothèque du Congrès à Washington en 1910. Source: Marcel, Gabriel, Cartographie de la Nouvelle-France: Supplément de l'ouvrage de H. Harrisse, Paris Maisonneuve, 1885, p. 6.[https://books.google.ca/books?id=BH8OAAAAYAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false .https://books.google.ca/books?id=BH8OAAAAYAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false]</ref> en explorant le littoral de l'Atlantique, de l'[[Île du Cap-Breton]] jusqu'au sud du « Cap Blanc » (aujourd'hui [[Cap Cod]], dans le Massachusetts), en passant par la [[Baie de Fundy|{{citation étrangère|langue=fr1835|Baye françoise}} (baie de Fundy)]] lors de la recherche des endroits les plus faciles à défendre et les plus propices à y établir une colonie ; ces explorations bien documentées amèneront [[Marc Lescarbot|Lescarbot]] à lui attribuer le titre de « géographe du roi » :
{{Citation étrangère bloc|langue=fr1835|Le sieur Champlein, Geographe du Roy, experimenté en la marine, et qui se plait merveilleusement en ces entreprises, print la charge de conduire et gouverner cette premiere colonie envoyée à [[Québec (ville)|Kebec]]{{sfn|Lescarbot|1612|p=622}}. }}

=== {{3e}} voyage. Fondation de Québec ({{Date-|1608}}-{{Date-|1609}}) ===
[[Fichier:Samuel de Champlain arrive à Québec - George Agnew Reid - 1909.jpg|thumb|droite|''L'arrivée de Champlain à Québec''<ref name="barque" group="note"/> selon [[George Agnew Reid]], [[1909]].]]
[[Fichier:L'arrivée de Champlain à Québec.jpg|thumb|droite|L'arrivée de Champlain à Québec, par Henri Beau (1903)]]

Arrivé le {{date-|30 septembre 1607-}} à bord du ''Jonas'', Champlain ne restera pas très longtemps en France.
Le {{date-|7 janvier 1608}}, [[Henri IV (roi de France)|le roi Henri IV]] prolonge pour une autre année le monopole de la [[traite des fourrures]] de [[Pierre Dugua de Mons]]. La concession de [[Port-Royal (Acadie)|Port-Royal]] ayant déjà un seigneur en la personne de [[Jean de Poutrincourt]], Champlain tourna ses projets sur [[fleuve Saint-Laurent|''la Grande Rivière de Canada'' (aujourd'hui, le fleuve Saint-Laurent)]]<ref name="Le Jeune 1931" />.

Le {{date-|5 avril 1608-}}, sous le commandement de [[François Gravé|François Gravé Du Pont]], le ''Lièvre'' prend le large au départ de [[Honfleur]] pour la traite à [[Tadoussac]]<ref group="coll" name="chronologie" />. Gravé est chargé de l'office de la traite des fourrures. Peu après, le {{date-|18 avril 1608-}}, Champlain repart pour la [[Nouvelle-France]] à bord du ''[[Don de Dieu (navire)|Don de Dieu]]'', comme lieutenant de l'expédition au Saint-Laurent. [[Pierre Dugua de Mons]] reste en France. Champlain a comme mandat de construire rapidement un poste de traite. Ses {{nobr|28 hommes}} (il n'y a encore aucune femme) reçoivent pour mission de préparer l'établissement d'une colonie permanente en un lieu favorable le long du [[fleuve Saint-Laurent|fleuve]].

{{citation|Tadoussac, à l'époque, est le terminus de la navigation transatlantique, le port d'attache et de ralliement des vaisseaux d'Europe : car en amont du fleuve la navigation semble périlleuse. Ayant mouillé l'ancre, Dupont-Gravé se vit réduit, en vertu de son privilège royal, à engager la lutte contre le capitaine basque Darache, qui l'a devancé au trafic avec les indigènes. Mais Champlain, survenant le {{date-|3 juin 1608-}}, ménage un prompt accommodement. Aussitôt il apprête deux barques pour transporter à Québec une partie du matériel d'installation. Dans l'intervalle de ce voyage, il remonte de nouveau le Saguenay et recueille des Sauvages de vagues informations relatives aux régions intérieures : lac Saint-Jean et ses tributaires, rivières et lacs septentrionaux, baie du Nord<ref name="Le Jeune 1931" />.}}

==== L'Habitation de Québec ====
[[Fichier:Québec-1608-Champlain-construisant-son-Habitation.jpg|thumb|gauche|upright|Champlain construisant son Habitation, par Charles William Jefferys, 1925.]]
[[Fichier:Timbre-poste Canada 5c Quebec 1908.jpg|thumb|gauche|upright|Timbre-poste commémoratif, représentant l'Habitation de Québec, [[1908]].]]
Champlain, avec ses ouvriers, gagne en barque la « pointe de [[Québec (ville)|Québec]] » le {{date-|3 juillet 1608-}}, au pied du « [[cap Diamant|Cap aux Diamants]] ». Champlain avait déjà repéré ce site près de l'eau. {{citation étrangère|langue=fr1835|L'Abitation de Quebecq}} est une petite forteresse, un comptoir de traite et une maison.
Champlain écrira plus tard : « Je cherchai lieu propre pour notre Abitation, mais je n'en pus trouver de plus commode, ni mieux situé que la pointe de Québec, ainsi appelée des Sauvages, laquelle était remplie de noyers et de vignes. Aussitôt, j'employai une partie de nos ouvriers à les abattre pour y faire notre Abitation. »
Ils y érigent trois bâtiments principaux d'une hauteur de deux étages, entourés d'un fossé de {{Unité|4.6|mètres}} de large et d'une palissade de pieux. Cette installation, dite [[Habitation de Québec]], devient dès lors l'embryon de la première colonie française à se développer sur les bords du [[fleuve Saint-Laurent]].

==== Tentative d’assassinat et premier procès d'Amérique du Nord ====
[[Fichier:Champlain fait pendre un des conspirateurs.jpg|thumb|Champlain fait pendre un des conspirateurs]] En début {{date-|juillet 1608}}, quelques jours après l'arrivée de Champlain à Québec, quelques-uns de ses ouvriers complotent pour l'assassiner et vendre l'Habitation à des contrebandiers basques ou espagnols qui font de la traite à [[Tadoussac]]. Le serrurier Jean Duval (ou Du Val) recruta quatre colons, et ils complotent l'assassinat de Champlain. Les conspirateurs prendraient le fort et le remettraient aux contrebandiers étrangers, qui promettent de très bien les rémunérer pour cette traîtrise, et de les emmener en [[Espagne]].

Antoine Natel, serrurier, osa parler, malgré la menace de se faire poignarder par les autres. Il révéla au capitaine Testu les détails du complot. {{citation|Mon ami, lui dit-il, vous avez bien fait de découvrir un dessein si pernicieux et vous montrez que vous êtes homme de bien, et conduit du Saint-Esprit. Mais ces choses ne peuvent se passer sans que le sieur de Champlain le sache pour y remédier, et (je) vous promets de faire tant envers lui, qu'il vous pardonnera et à d'autres [...].}} Champlain surveillait les travaux de son jardin près de son habitation, lorsque son fidèle capitaine Testu lui demanda à l'entretenir en « lieu secret ». Testu avertit Champlain du danger, en échange du pardon de Natel. Champlain fait arrêter les traîtres. Ce sera le premier procès connu de l'[[histoire de l'Amérique du Nord]]<ref>{{Lien web|titre=Au départ...|url=http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/peinedemort/contenu_bas_01b.asp|site=ici.radio-canada.ca|consulté le=2016-10-02}}</ref>. L'instigateur du complot fut décapité et ses complices furent renvoyés en France au sieur de Mons, pour y être « condamnés d'être pendus ».
{{Citation étrangère bloc|langue=fr1835|Nous avisâmes que ce serait assez de faire mourir le dit du Val, comme le motif de l'entreprise, et aussi pour servir d'exemple à ceux qui restaient, de se comporter sagement à l'avenir en leur devoir, et afin que les Espagnols et Basques qui étaient en quantité au pays n'en fissent trophée: et les trois autres condamnés d'être pendus, et cependant les remmener en France entre les mains du [[Pierre Dugua de Mons|sieur de Mons]], pour leur être fait plus ample justice, selon qu'il aviserait, avec toutes les informations, et la sentence, tant du dit Jean du Val qui fut pendu et étranglé au dit Québec, et sa tête mise au bout d'une pique pour être plantée au lieu le plus éminent de notre fort et les autres trois renvoyés en France.|Champlain<ref name="Champlain1608" group="Laverdière">Tome III ([[1613]]): {{citation étrangère|langue=fr1835|Nous advisames que ce serait assez de faire mourir le dit du Val, comme le motif de l'entreprinse, & aussi pour servir d'exemple à ceux qui restoient, de se comporter sagement à l'advenir en leur devoir, & afin que les Espagnols & Basques qui estoient en quantité au pays n'en fissent trophée: & les trois autres condamnez d'estre pendus, & cependant les remmener en France entre les mains du sieur de Mons, pour leur estre fait plus ample justice, selon qu'il adviseroit, avec toutes les informations, & la sentence, tant dudict Jean du Val qui fut pendu & estranglé audit Quebecq, & sa teste mise au bout d'une pique pour estre plantée au lieu le plus eminent de nostre fort & les autres trois renvoyez en France.}}</ref>}}

==== Décimés par le scorbut et la dysenterie ====
Le premier hiver est pénible et meurtrier pour les 28 hommes restés sur place. La plupart décèdent du [[scorbut]] ou de [[dysenterie]], et seuls huit des hivernants survivent<ref name="chronologie" group="coll" />.

==== Au printemps ====
Dès le printemps, Champlain prend soin d'établir de bonnes relations avec les [[Amérindiens]] des environs. Comme à [[Tadoussac]], six ans auparavant, il renoue des alliances avec les [[Innus|Montagnais]] et les [[Algonquins]], qui vivent au nord du Saint-Laurent, acquiesçant à leur demande persistante de les aider dans leur guerre contre leurs ennemis les [[Iroquois]], semi-[[nomades]] eux aussi, vivant au sud-ouest du fleuve<ref name="suprématie" group="note">Les Européens ont sur les [[peuple autochtone|autochtones]], et pour longtemps, la supériorité des armes, étant les seuls à être équipés d'[[Arme à feu|armes à feu]] : [[Canon (artillerie)|canons]], [[couleuvrine]]s, [[arquebuse]]s, [[mousquet]]s, [[Pistolet (arme)|pistolets]]… contre arcs et flèches ou [[javelot]]s.</ref>.

Le {{date-|28 mai 1609}}, [[François Gravé|du Pont-Gravé]] arrive de Tadoussac avec « deux petites barques pleines d'hommes ». Champlain explique aux « sauvages » que ces gens étaient pour les assister et qu'avec eux, ils iraient peut-être ensemble à la guerre.

==== Au lac Champlain, bataille des alliés contre les Iroquois ====
{{article détaillé|Bataille du lac Champlain (1609)}}
[[Fichier:Iroq2.jpg|vignette|''Défaite des Iroquois au Lac de Champlain'' (1609), dans Voyages de Champlain, tome III, réimpression de 1632.]]
Champlain part le {{date-|18 juin 1609-}} en voyage de découverte au pays des [[Iroquois]]. Il fait la rencontre d'environ deux à trois cents [[Hurons-Wendats|Hurons]] et [[Algonquins]] sur une île près de [[Batiscan]] qui se préparent à partir en guerre contre les [[Iroquois]]<ref name=lacoursiere>{{Ouvrage|prénom1=Jacques|nom1=Lacoursière|lien auteur1=Jacques Lacoursière|titre=Histoire populaire du Québec|sous-titre=Des origines à 1791|éditeur=Septentrion|année=1995|pages totales=488|passage=43-44|isbn=978-2-89448-050-2|présentation en ligne=http://www.entrepotnumerique.com/p/1133?mid=2&l=fr&r=http://www.septentrion.qc.ca}}</ref>. Curieux, ils iront visiter l'[[Habitation de Québec]] entre le 22 et le {{date-|28 juin}}.

Le {{date-|28 juin}}, Champlain repart avec neuf soldats français et les [[Hurons-Wendats|Hurons]] toujours dans l'idée d'explorer la [[rivière Richelieu|rivière des Iroquois (Richelieu]]). En cours de route, il nommera certaines rivières comme la [[rivière du Loup (Mauricie)|rivière Saint-Suzanne (rivière du Loup)]], la [[rivière Nicolet|rivière Du Pont (Nicolet)]]) et la [[rivière Yamaska|rivière de Gennes (Yamaska)]]<ref name=lacoursiere/>.

N'ayant fait, jusque-là, aucune rencontre avec les [[Iroquois]] et ne pouvant continuer avec son embarcation en raison des [[rapides (hydrologie)|rapides]], la plus grande partie de la troupe rebrousse chemin, le laissant avec seulement deux Français à bord d'un canot amérindien et une soixantaine d'Algonquins, Hurons et Montagnais. Ils passent les rapides de [[Bassin de Chambly|Chambly]] et ils poursuivent en amont. Le {{date-|12 juillet 1609-}}, il découvre ce grand lac qu'il baptise de son propre nom (le [[lac Champlain]])<ref name="chronologie" group="coll" />.

Le {{date-|29 juillet 160-}}, vers les {{heure|22|00}}<ref name=lacoursiere/>, à l'emplacement du futur [[fort Ticonderoga|fort Carillon]], un peu au sud de [[Crown Point (New York)|Crown Point]] (État de New York), Champlain et son équipe rencontrent un groupe d'[[Iroquois]]. Le lendemain, deux cents [[Iroquois]] avancent sur leur position. Un guide indigène désigne les trois chefs iroquois ; aussitôt Champlain tue deux d'entre eux d'un seul coup d'[[arquebuse]]<ref name=lacoursiere/>, ce qui provoque la fuite de l'ensemble des Iroquois, et sème la panique.

Cet évènement entame une longue période de relations hostiles de la ligue ou confédération des [[Iroquoisie|Cinq-Nations iroquoises]] avec les colons français.

==== Retour ====
Champlain laisse le commandement de [[Québec (ville)|Québec]] à [[Pierre Chauvin de La Pierre|Pierre Chauvin]]. Le {{date-|5 septembre 1609-}}, il s'embarque à [[Tadoussac]] avec le capitaine [[François Gravé|Gravé Du Pont]].

=== {{4e}} voyage au Canada ({{Date-|1610}}) ===
Champlain regagne la France. Le {{date-|8 octobre 1609}}, ''Le François''<ref>[http://naviresnouvellefrance.net/html/pages16091610.html Navires venus en Nouvelle-France en 1609 et 1610]</ref> mouille l'ancre au [[Le Conquet|Conquet]] en Basse-Bretagne, et le {{date-|13 octobre 1609}} il débarque à [[Honfleur]]. Champlain présente son rapport à [[Pierre Dugua de Mons]] et au [[Henri IV (roi de France)|roi]] à [[Fontainebleau]].

Champlain et [[Pierre Dugua de Mons|De Mons]] vont ensuite à [[Rouen]] entretenir les Associés Collier et Legendre et « l'on décide de parachever les découvertes du Saint-Laurent ». De retour à la Cour, de Mons sollicite le renouvellement du monopole de la [[traite des fourrures]], qui est refusé. Sur les réclamations pressantes des Bretons et des Basques, le surintendant des finances [[Maximilien de Béthune (duc de Sully)|Sully]] refuse tout privilège<ref name="Le Jeune 1931" />. Un arrêt royal, daté du {{date-|6 octobre 1609}}, proclame que la liberté du trafic est accordée à tous les armateurs du royaume.

Champlain et De Mons parviennent à convaincre quelques marchands de [[Rouen]] de former avec eux une société. L'objectif est de convertir une partie de l'[[habitation de Québec]] en un entrepôt à leur usage exclusif, en vertu de quoi ces marchands promettent de soutenir la colonie.

Champlain retourne à Québec avec onze artisans, ce qui porterait le nombre d'habitants à vingt-six. Il embarque d’ [[Honfleur]] le {{date-|7 mars 1610}}. La tempête contraignit le vaisseau à faire escale à [[Île de Portland|Portland]] puis à l'[[Île de Wight]]. Pendant ce retard forcé, Champlain fut frappé d’une maladie assez sérieuse, l’obligeant à se faire ramener en bateau jusqu’au [[Le Havre|Havre]] pour des soins. Alors que Champlain est encore affaibli, il quitte [[Honfleur]] une deuxième fois. La ''Loyale'', commandée par [[François Gravé|Gravé Du Pont]], fait la traversée jusqu'à [[Tadoussac]] du {{date-|8 avril- 1610-}} au {{date-|25 avril 1610}} : c'est une des plus courtes rapportées par les annales de l'époque<ref name="Dionne_ch13">{{harv|Dionne|1891}}, Chapitre treizième: Voyage de 1610.</ref>.

[[Fichier:Attaque d'un fort Iroquois, 1610.tif|thumb|Champlain, avec cinq français (à gauche) et ses alliés indiens, attaque un fort iroquois à l'embouchure de la rivière Richelieu, en juin 1610. '''A''' Le fort des Iroquois. '''B''' Iroquois se jetant en la rivière pour se sauver poursuivis par les Montagnais et Algoumequins se jetant après eux pour les tuer. '''D''' Le sieur de Champlain et 5 des siens. '''E''' Tous nos sauvages amis. '''F''' Le sieur des Prairies de Saint-Malo avec les compagnons. '''G''' Chaloupe du dit sieur des Prairies. '''H''' Grands arbres coupés pour ruiner le fort des Iroquois.]] Les Indiens espéraient le retour des Français ; Champlain leur rappelle leur projet commun de l’accompagner jusqu’à une mer si grande, qu’ils n’en voient point la fin (la [[Baie d'Hudson]]), puis de revenir par [[Rivière Saguenay|le Saguenay]] à [[Tadoussac]]. Ils lui promirent de le guider dans ce voyage l’année suivante. Champlain leur promit en retour qu’il les assisterait dans leur guerre contre les [[Iroquois]]. Après deux jours à [[Tadoussac]], Champlain se rend à Québec<ref name="Dionne_ch13" />.

Du {{date-|14 juin- 1610-}} au {{date-|19 juin 1610-}}, il y eut un second assaut au [[Iroquoisie|pays des Iroquois]], à l'embouchure de la « rivière aux Iroquois » ([[Rivière Richelieu|Richelieu]]). Champlain reçoit une flèche qui lui perce le lobe de l'oreille et le blesse au cou. Cet engagement fait {{nobr|3 morts}} et {{nobr|50 blessés}}.

[[Étienne Brûlé]], un jeune Français, est confié au chef allié [[Iroquet]], afin qu'il s’initie à la langue et aux mœurs des [[Algonquins]]. Étienne Brûlė hivernera dans la [[Huronie]].

[[Fichier:Assassinat d’Henri IV et arrestation de Ravaillac.jpg|vignette|gauche|Assassinat d’[[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] et arrestation de [[François Ravaillac|Ravaillac]], tableau de 1859.]]
À nouveau victorieux, il regagne [[Québec (ville)|Québec]] pour constater que la [[traite des fourrures]] fut désastreuse pour les marchands qui le soutiennent, et pour apprendre la nouvelle de l'[[Henri IV (roi de France)|assassinat d'Henri IV]]. Le premier fils du roi, le [[Louis XIII|dauphin Louis]] lui succède, sous la tutelle de [[Marie de Médicis]], sa mère.

Laissant {{nobr|16 hommes}} à Québec sous les ordres de [[Jean de Godet|Jean de Godet Du Parc]], il ramène entre autres le Huron [[Savignon]] et rentre en [[Royaume de France|France]] par [[Honfleur]] le {{date-|27 septembre 1610}}.

=== Mariage de Champlain ({{date-|décembre 1610}}) ===
Au cours de son séjour à [[Paris]], le {{date-|27 décembre 1610}}, il signe un contrat de mariage avec une jeune fille de {{nobr|10 ans}}<ref>Thierry, Éric, Samuel de Champlain: Aux origines de l'Amérique française, Septentrion, 2024, p. 359. Voir aussi p. 301, note 75. En 1614, elle avait 13 ans, source: Le Blant, Robert et René Baudry, Nouveaux documents sur Champlain et son époque, p. 332.</ref>, nommée [[Hélène Boullé]]. Le contrat accorde une [[dot]] de {{unité|6000|[[Livre (monnaie)|livres]]}}<ref>Le contrat, daté du 27 décembre 1610, est conservé par le [[Minutier central des notaires de Paris]], département des [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] (site de Paris) Il y est consultable sous la forme d'un microfilm coté MC/MI/RS/281 [https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?udId=c1p72iegcrs3--13idloti5n5dr&irId=FRAN_IR_042825 lire en ligne]. Cote originelle du document : MC/ET/LXXXV/108</ref>, dont {{unité|4500|[[Livre (monnaie)|livres]]}} que Champlain touche la veille du mariage qui fut célébré le {{date-|30 décembre 1610-}}.

Il organise un nouveau voyage vers le Canada pour l'été.

=== {{Ancre | Cinquième voyage au Canada (1611)}}{{5e}} voyage au Canada. Île du Mont Royal, Place Royale ({{Date-|1611}}) ===

Le {{date-|1 mars 1611-}}, il part pour la Nouvelle-France.

==== Retour à Québec et montée à Montréal ====

Sous le commandement de [[François Gravé|François Dupont-Gravé]], la traversée dure {{nobr|74 jours}}, à cause des glaces ou banquises. {{citation|C'était, écrit-il, des bancs de glace de 30 à 40 brasses de haut ; dans la nuit, dans la brume si obscure que l'on voyait à peine la longueur du vaisseau.}} Le {{date-|27 avril 1611-}}, il croise le vaisseau du sieur de Biencourt dans les parages du Cap-Breton. Le {{date-|13 mai 1611-}}, {{citation|nous fûmes à Tadoussac, où l'on tire du canon pour avertir les Sauvages.}} Vers le 19 ou {{date-|22 mai 1611}}, Champlain arrive au poste de [[Québec (ville)|Québec]] pour y trouver la garnison en parfait état<ref name="Le Jeune 1931" />.

L’un des mandats que Samuel de Champlain s'est fixé est celui de trouver, sur l'[[Île de Montréal|île du Mont Royal]], soit du côté de la [[rivière des Prairies]] soit près du [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]], le site le plus propice à l'établissement d’une future colonie. Il descend à un endroit qu'il nomme [[Pointe-à-Callière|Place Royale (aujourd'hui Pointe-à-Callières)]], sur le ruisseau Saint-Pierre<ref name="Le Jeune 1931" />.

En l'honneur de sa jeune épouse, il nomme « [[île Sainte-Hélène (Montréal)|île Sainte-Hélène]] » une grande île qui se trouve au pied du « Grand [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]] », qui est encore le nom de cette île sur lequel s'appuie depuis le {{s-|XX}} le [[pont Jacques-Cartier]].

==== Grand Sault St.-Louis ====
[[Fichier:Champlain Sault St-Louis 1611 avec légende.tiff|vignette|gauche|''Grand Saut Saint Louis'' ou [[rapides de Lachine]], carte de 1611.]]
Durant l'été, il se rend à [[Montréal]], au pied du [[Rapides de Lachine|Grand Sault]] (dans le secteur de l'actuelle Place-Royale), où il fait défricher un peu la terre et construire un muret pour voir s'il résistera aux hivers et aux crues printanières.
{{Citation bloc|Ce même jour je partis de Québec, et arrivai au dit grand saut le vingt-huitième de mai, où je ne trouvai aucun des sauvages … après avoir visité d'un côté et d'autre, tant dans les bois que le long du rivage, pour trouver un lieu propre pour la situation d'une habitation, et y préparer une place pour bâtir, je fis quelque huit lieues par terre côtoyant le grand saut par des bois qui sont assez clairs, et fus jusqu'à un lac où notre sauvage me mena ; où je considérai fort particulièrement le pays<ref>{{Citation étrangère|langue=fr1835|Ce mesme jour je partis de Quebecq, et arrivay audit grand saut le vingthuitiesme de May, où je ne trouvay aucun des sauvages ….après avoir visité d'un costé et d'autre, tant dans les bois que le long du rivage, pour trouver un lieu propre pour la scituation d'une habitation, et y preparer une place pour bastir, je fis quelque huit lieues par terre cottoyant le grand saut par des bois qui sont assez clairs, et fus jusques à un lac où nostre sauvage me mena; où je consideray fort particulierement le pays}}Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, {{p.|838}}</ref>}}
{{Citation bloc|Mais en tout ce que je vis, je n'en trouvai point de lieu plus propice qu’un petit endroit, qui est jusqu'où les barques et chaloupes peuvent monter aisément, […] avons nommé la Place royale, à une lieue du Mont Royal<ref>{{Citation étrangère|langue=fr1835|Mais en tout ce que je veis, je n'en trouvay point de lieu plus propre qu’un petit endroit, qui est jusques où les barques et chaloupes peuvent monter aisément,…. avons nommé la Place royale, à une lieuë du Mont Royal}}Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, {{p.|838-839}}</ref>{{,}}<ref name="Ville-Marie" group="note">C'est à cet endroit, dans ce qui est aujourd’hui la [[Pointe-à-Callière]], dans le [[Vieux-Montréal]], que s'établit, trente ans plus tard (en 1642) la colonie de [[Ville-Marie (ancien nom de Montréal)|Ville-Marie]].</ref>}}
{{citation bloc|Puis, il ensemence deux jardins. « où tout pousse à souhait ». Mais les Algonquins n'ont point paru encore. Savignon part en éclaireur jusqu'au [[Lac des Deux Montagnes|lac de Soissons (des Deux-Montagnes)]] - le {{date-|5 juin 1611-}}, tandis que Champlain va reconnaître deux rivières tributaires du fleuve - rivières Saint-Lambert et de Montréal - « par où on atteint la Rivière-des-Iroquois ». Le {{date-|10 juin 1611}}, Louis, « jeune homme qui était au [[Pierre Dugua de Mons|sieur de Monts]], fort amateur de la chasse, prie Savignon, de retour, de le conduire au Saut, où l'île a quantité de hérons ; un sauvage Montagnais, Outetoucos, les accompagne. Ils prirent quantité de héronneaux et se rembarquèrent. Le canot était trop chargé. Ils se laissèrent dériver dans le courant. Mais la vitesse de l'eau les maîtrisait, et le canot chavira. Louis ne savait point nager ; il lâcha le canot, et ils ne le revirent plus. Le Montagnais fatigué se noya aussi. Je vis ce cours d'eau, le lendemain, et les cheveux me dressèrent à la tête ». En mémoire du serviteur Louis, on nomma le [[rapides de Lachine|Saut Saint-Louis]] et du même nom le lac qui est au-dessus. Le {{date-|13 juin 1611-}}, {{nobr|200 Hurons}} se présentent<ref group=note>En provenance du [[Pays-d'en-Haut]]</ref>; le {{date-|12 juillet 1611-}}, {{nobr|300 Algonquins}}, avec Marsolet « en costume sauvage, ayant bien appris leur langue ». Champlain se voit gratifier de 200 peaux de [[castor du Canada|castor]], de divers [[collier de wampum|colliers]] et autres présents, gages du rendez-vous au printemps suivant<ref name="Le Jeune 1931" />.| Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.}}
Afin d'augmenter son prestige auprès des Indiens, il accepte de descendre avec eux en [[Canot|canot d'écorce]] le [[rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]] : un exploit réalisé avant lui par un seul autre Européen, [[Étienne Brûlé]].
{{citation|La troque finie, le 18 juillet, les Hurons -Algonquins emmènent [[Étienne Brûlé]] et Nicolas Du Vigneau comme élèves interprètes<ref name="Le Jeune 1931" />.}}
Il visite divers lieux du côté nord de l'île, le long de la [[rivière des Prairies]], puis décide de traverser l’île, large de quelque 8 [[lieue]]s ({{nobr|26 kilomètres}}), pour aboutir à l'embouchure d'une petite rivière<ref name="rivière Saint-Pierre" group="note">C'est la [[Rivière Saint-Pierre (Montréal)|rivière Saint-Pierre]], formant un petit lac près de son embouchure, aujourd'hui devenue l'embouchure du [[Canal de Lachine]].</ref>, se déversant au pied du [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]].

==== Retour par Québec ====
Le {{date-|11 août 1611-}}, il est de retour à Québec. {{citation|Il répare l’habitation, plante des rosiers et repart pour la France peu après<ref group="coll" name="chronologie" />.}} Il laisse derrière lui une quinzaine de colons à Québec, qui hiverneront en 1611-1612<ref group="coll" name="chronologie" />.

=== En France ({{Date-|1611}}-{{Date-|1613}}) ===
[[Fichier:Carte de Nouvelle-France par Champlain (1612).tif|thumb|Carte géographique de la [[Nouvelle-France]], dressée par Samuel Champlain, David Pelletier cartographe (Paris, 1612).
Première carte de Champlain publiée :''CARTE GEOGRAPHIQVE DE LA NOVVELLE FRANSE FAICTE PAR LE SIEVR DE CHAMPLAIN SAINT TONGOIS CAPPITAINE ORDINAIRE POUR LE ROY EN LA MARINE, faict len 1612''. La carte intègre les explorations et la cartographie de Champlain jusqu'en [[1611]]. L'écart angulaire entre le méridien oblique et la [[fleur de lys]] indique que la carte est orientée vers le pôle magnétique pour les [[Compas (navigation)|compas]] non corrigés. La carte incorpore le tableau de [[1607]] et probablement les cartes perdues du Saint-Laurent (1603) et de la côte ouest de [[La Hève]] à [[Canso (Nouvelle-Écosse)|Canso (Canseau)]] ([[1607]])<ref name="Heidenreich" />.]]
Il retourne en France pour assurer l'avenir de son projet et le {{date-|10 septembre 1611}}, il arrive à [[La Rochelle]]. Les associés de [[Pierre Dugua de Mons]] ne parviennent pas à obtenir un monopole : ils se retirent de l’entreprise de [[Québec (ville)]]<ref group="coll" name="chronologie" />.

Ayant perdu le soutien des marchands, il écrit des rapports et dessine une carte et demande conseil au [[Pierre Jeannin|Président Jeannin]], lequel désirait la poursuite de l’exploration vers le [[passage du Nord-Ouest]]. Il suggère à Champlain de se « ''jeter entre les bras de quelque Grand''. ». Champlain vante les possibilités de la Nouvelle-France à Charles de Bourbon, comte de Soisson et ce dernier est intéressé<ref>Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 1, Septentrion, 2019, p. 430</ref>. Le {{date-|27 septembre 1612-}}, Louis XIII accorde pour {{nobr|12 ans}} à son cousin [[Charles de Bourbon-Soissons|Charles de Bourbon, comte de Soissons]] le monopole de la [[traite des fourrures]] dans le [[Fleuve Saint-Laurent|Saint-Laurent]]<ref group="coll" name="chronologie" />. Le {{date-|8 octobre 1612-}}, [[Louis XIII]] nomme [[Charles de Bourbon-Soissons]] [[Vice-roi]] de la Nouvelle-France.

Le {{date-|15 octobre 1612-}}, Champlain reçoit le titre de lieutenant, avec le pouvoir d'exercer le commandement au nom du Vice-roi, pour nommer capitaines et lieutenants, de mandater des officiers pour l'administration de la justice et la maintenance de l'autorité policière, des règlements et ordonnances, de faire des traités, d'effectuer des guerres avec les indigènes et de retenir les marchands qui ne font pas partie de la société. Ses fonctions incluent la tâche de trouver la voie la plus courte vers la [[Chine]] et les [[Indes orientales|Indes]], et les moyens de découvrir et d'exploiter des mines de métaux précieux<ref group="coll" name="chronologie" />.

Peu de temps après, le {{date-|1 novembre 1612-}}, le [[Charles de Bourbon-Soissons|comte de Soissons]], Vice-roi au pays de la Nouvelle-France et protecteur de Champlain, meurt.

Le {{date-|22 novembre 1612}}, le [[Henri II de Bourbon-Condé|prince de Condé]] devient Vice-roi de la [[Nouvelle-France]], et il confirme Champlain dans ses fonctions.

Le {{date-|9 janvier 1613}}, Champlain publie un compte-rendu des événements survenus entre [[1604]] et [[1612]], intitulé {{citation étrangère|langue=fr1835|Voyages du sieur de<ref>Noter la particule (« de » Champlain).</ref> Champlain Xaintongeois, de 1604 à 1612, avec privilège du roi<ref>{{harvsp|Champlain|1613|id=Champlain_1613_Voyages}}</ref>}}<ref group="coll" name="chronologie" />. L’ouvrage contient également une carte géographique de la Nouvelle France.

=== {{6e}} voyage {{Date-|1613}} ===
Parti du port de [[Honfleur]] le {{date-|6 mars 1613}}, sur le navire de [[François Gravé|Gravé Du Pont]], il arrive de nouveau en [[Nouvelle-France]] à [[Tadoussac]] le {{date-|29 avril 1613-}} et fait proclamer son nouveau mandat<ref name="chronologie" group="coll" />.

Plusieurs indigènes furent dégoûtés par les tactiques des marchands non accrédités. La [[traite des fourrures]], une fois de plus, rapporte peu de bénéfices.

Champlain part le {{date-|27 mai 1613-}} à partir du sault Saint-Louis pour continuer son exploration de la [[Huronie|contrée des Hurons]] et espère atteindre la « mer du nord » (la [[baie d'Hudson]]). Avec
un guide indien et quatre Français, dont [[Nicolas Vignau|Nicolas de Vignau]], Champlain navigue sur la [[rivière des Outaouais]], qu'il décrit en primeur; par cette rivière et d’autres voies d’eau et portages, ils se rendent au [[lac aux Allumettes]]. C'est en juin qu'il retrouve [[Tessouat]], le chef des [[Algonquin]]s de [[L'Isle-aux-Allumettes]], qu'il avait connu à [[Tadoussac]] en 1603; il offre de leur construire un fort s'ils acceptent de quitter leur sol pauvre et migrer au [[rapides de Lachine|Saut Saint-Louis]].

Champlain plante une croix aux armes de la France sur l'île aux Allumettes; ce qui fait dire à l'historien [[Marcel Trudel]], que dorénavant, « la route française de l'Ouest de l'Amérique est inaugurée »<ref name="Lemieux capsules" />.
Ensuite, ils redescendent au sault Saint-Louis, avec le fils de Tessouat, et y arrivent le {{date-|17 juin 1613-}}<ref name="chronologie" group="coll" />.

==== Première exploration à la Baie d'Hudson « mer du Nord » ====
En son premier voyage dans « les [[Pays-d'en-Haut]] », en {{date-|mai 1613}}, Champlain entreprend l'exploration de la [[rivière des Outaouais]]. L'[[truchement|interprète (ou « truchement »)]] [[Nicolas Vignau|Nicolas de Vignau]], assure qu'il connaît le chemin conduisant à la « mer du Nord » (la baie d'Hudson) :
[[Fichier:Champlain with Astrolabe on the West Bank of Ottawa River, 1613 by Jefferys.jpg|vignette|upright|Champlain utilise un astrolabe sur la rive ouest de la [[rivière des Outaouais]], 1613.]]
[[Fichier:Astrolabe de marin, France, 1603.jpg|vignette|upright|Cet astrolabe authentique a été fabriqué en France en 1603. Il aurait été perdu lors de l'expédition de Champlain dans la région de l’Outaouais, en 1613.]]
{{Citation bloc|Le 13, je partis de Québec pour aller au Sault Saint Louys où j’arrivay le 21. Or n’ayant que deux canaux, je ne pouvois menier avec moy que 4. hommes entre lesquels estoit un nommé Nicolas de Vigneau, le plus impudent menteur qui se soit veu de long temps, comme la suite de ce discours le fera voir,… il me rapporta à son retour de Paris en l’année [[1612]]. qu’il avoit veu la mer du nort… Ainsi nos canots chargez de quelques vivres, de nos armes & marchandises pour faire présents aux Sauvages, je partis le lundi 27. Mai de l'isle Saincte-Heleine, avec quatre François et un Sauvage<ref>Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, {{p.|857}}</ref>.}}

À l'instigation de Nicolas de Vignau, Champlain remonte alors la rivière des Outaouais vers le pays des Hurons. Il s'arrête à un campement d’une tribu algonquine, les [[Kichesipirinis]], sur l'île aux Allumettes. Pour conserver le rôle des [[Kichesipirinis]] comme intermédiaires entre les Français et les autres tribus amérindiennes, le chef Tessouat contredit Vignau à propos de la route vers la baie d'Hudson. Il se montre également très réticent devant l'intention de Champlain de poursuivre son voyage vers le lac Nipissing. Après quelques cadeaux et échanges diplomatiques, l'explorateur rebrousse chemin et rentre à Québec. En cours de route, Champlain perd son [[astrolabe]]<ref name="astrolabe" group="note">À la fin de l'été [[1867]], près de Cobden en Ontario, un adolescent trouve ce qui lui semble un petit disque en laiton, à l'occasion de travaux de défrichage menés par son père. Il comporte un anneau de suspension, un pointeur mobile, des graduations. Ce petit astrolabe est gravé d'un « 1603 ». Quiconque l'apprend conclut à « l'astrolabe de Champlain ». Mais... avec ce vieil astrolabe miniature, on trouve une chaîne rouillée, de petits récipients en cuivre, ainsi que deux gobelets en argent gravé. En [[2004]], le chercheur Douglas Hunter propose une autre conclusion qui tient compte de l'ensemble des données, et que le journaliste Jean-François Nadeau rapporte, sous le titre ''Est-ce bien l'astrolabe de Samuel de Champlain?'' (''Le Devoir'' du 30 décembre 2004. Voir [http://archives.vigile.net/05-1/histoire.html l'article]. — D'autres auteurs ignorent encore cette interrogation, même le [http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-53/Astrolabe_de_Champlain_:_parcours_d'un_objet_mythique_du_patrimoine_canadien.html Musée de l'Amérique française (à Québec)], comme le [http://www.civilisations.ca/cmc/exhibitions/tresors/treasure/222fra.shtml Musée canadien des civilisations (à Ottawa)], l'actuel gardien de cet objet qu'il nomme, toutefois, prudemment « l'astrolabe dit de Champlain ».</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |nom1=Bergeron |prénom1=Yves-Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique Française |titre=Astrolabe de Champlain : parcours d'un objet mythique du patrimoine canadien |url=http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-53/Astrolabe_de_Champlain_:_parcours_d%27un_objet_mythique_du_patrimoine_canadien.html#.XT7_2ehKiUk |site=www.ameriquefrancaise.org |consulté le=2019-07-29 }}</ref>.

=== Retour et constitution de la Compagnie des marchands ===

Le {{date-|3 juillet 1613}}, à [[Tadoussac]], le malouin sieur de Maisonneuve offre à Champlain de traverser à bord de son navire. Du {{date-|8 août 1613-}} au {{date-|26 août 1613}}, Champlain voyage de Tadoussac à [[Saint-Malo]] à bord d'un navire commandé par Maisonneuve<ref name="chronologie" group="coll" />. Il entre à ce port le {{date-|26 août 1613-}}.

L'explorateur y vit les marchands {{citation|auxquels il remontra qu'il était facile de faire une bonne Association pour l'avenir à quoi ils se sont résolus, comme ont fait ceux de Rouen }}. Le {{date-|14 novembre 1613}}, le [[Henri II de Bourbon-Condé|prince de Condé, vice-roi]], obtint le monopole de la traite au-dessous de Québec jusqu'à [[Matane]], pour une durée de onze années en liant les associés dans la ''Compagnie des Marchands de Rouen et de Saint-Malo''. Elle porte aussi le nom de ''Compagnie de Champlain'', soulignant le rôle important du lieutenant du [[Henri II de Bourbon-Condé|vice-roi]]<ref name="Trudel DBC">{{harvsp|Trudel|2003}}</ref>.

{{citation|En novembre, à Paris, l'acte de constitution de la Compagnie des marchands est signé. Elle est composée de trois marchands de Saint-Malo et de trois marchands de Rouen. Champlain signe l'acte en tant que fondé de pouvoir du [[Henri II de Bourbon-Condé|prince de Condé]]. La compagnie achète de [[Pierre Dugua de Mons|Pierre Du Gua de Monts]] le poste de Québec pour la somme de trois mille neuf cents livres tournois. [[Pierre Dugua de Mons|Du Gua de Monts]] entre dans la compagnie pour une somme de trois mille livres et Champlain, pour mille huit cents livres<ref name="Lemieux capsules" />.}}

La {{citation|compagnie de Canada}} est aussi connue sous le nom de {{citation|Compagnie de Condé}}<ref name="chronologie" group="coll" />.

Vers la fin de l'année, Champlain relate ses dernières explorations sous le titre {{citation étrangère|langue=fr1835|Quatriesme Voyage}}. Ce récit, ainsi qu’une nouvelle carte, sont ajoutés à l’édition des ''Voyages (1604-1612)''<ref>{{harvsp|Champlain|1613|pages=318-320}}</ref>. Il y écrit un compte-rendu du voyage en amont de la rivière des Outaouais.

En 1614 les affaires retiennent Champlain en France. À [[Fontainebleau]], il présente au roi l’état de la [[Nouvelle-France]] : le commerce de la traite y est excellent. Le [[Henri II de Bourbon-Condé|prince de Condé, vice-roi]], et [[Louis Houël]]<ref>Louis Houël, sieur du Petit-Pré, est contrôleur des salines de Brouage et membre de la Compagnie des Cent-Associés</ref>, [[secrétaire du roi]], appuient Champlain qui obtient des religieux que la Compagnie devra entretenir<ref name="chronologie" group="coll" />.

=== {{7e}} voyage au Canada ({{Date-|1615}}-{{Date-|1616}}) ===

Il retourne en Nouvelle-France au printemps [[1615]], cette fois-ci avec quatre [[Frères mineurs récollets|Récollets]] afin de promouvoir la vie religieuse dans la nouvelle colonie.

Du {{date- |24 avril 1615}} au {{date-|25 mai 1615}}, Champlain traverse au Canada, accompagné des missionnaires récollets [[Denis Jamet]], [[Jean Dolbeau]], [[Joseph Le Caron]] et [[Pacifique Du Plessis]]. Champlain s’embarque à [[Honfleur]] sur [[le Saint-Étienne]]; avec [[Don de Dieu (navire)|le Don de Dieu]] et [[le Loyal]], ils navignent ensemble vers [[Tadoussac]] et [[Québec (ville)|Québec]]<ref name="chronologie" group="coll" />.

==== Première messe sur l'île de Montréal ====
[[Fichier:Première messe chantée sur les bords de la rivière des Prairies.jpg|thumb|upright|Première messe chantée sur les bords de la [[rivière des Prairies]] par le R. P. Denis Jamay, {{Date|24|juin|1615}}. Peinture à l'intérieur de la basilique Marie-Reine-du-Monde à Montréal, {{date-|février 1908}} par [[Georges Delfosse (peintre)|Georges Delfosse]].]]

La première messe célébrée sur l'île de Montréal eut lieu le {{date|24 juin 1615}} à la rivière des Prairies, par le père [[Denis Jamet]] assisté du père [[Joseph Le Caron]], récollets.
Au sujet de cette première messe dite sur [[Montréal|l'île du Mont Royal]], Samuel de Champlain déclare :
{{Citation bloc|et le jour suivant, je party de là pour retourner à la rivière des Prairies, où estant avec deux canaux de Sauvages, je fis rencontre du père [[Joseph Le Caron|Joseph [Le Caron]]], qui retournoit à notre habitation, avec quelques ornements d'Église pour celebrer le saintc Sacrifice de la messe, qui fut chantee sur le bord de ladite riviere avec toute devotion, par le Reverend [[Denis Jamet|Pere Denis [Jamet]]], et [[Joseph Le Caron|Pere Joseph [Le Caron]]], devant tous ces peuples qui estoient en admiration, de voir les ceremonies dont on fait et des ornements qui leur sembloient si beaux, comme chose qu'ils n'avoient jamais veuë: car c'estoient les premiers qui ont celebré la Saincte Messe<ref>Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, {{p.|504}}</ref>.}}

==== Première exploration aux Grands Lacs ====
[[Fichier:Champ1632 82.jpg|thumb|Carte des étapes numérotées de l'expédition de Champlain le long de la [[rivière des Outaouais]].]]

==== Second voyage de Samuel de Champlain dans les Pays d'en Haut et expédition guerrière. ====

Parti de Québec le {{date-|9 juillet 1615}}, Champlain atteint la [[baie Georgienne]] en compagnie de deux Français, dont l'un est probablement [[Étienne Brûlé]]. Utilisant la grande route de la traite ([[rivière des Outaouais]], [[rivière Mattawa]], [[lac Nipissing|lac des Népissingues]], [[rivière des Français (cours d'eau)|rivière des Français]] et [[baie Georgienne]]), Champlain accède alors au cœur du [[Huronie|pays des Hurons]].
Il atteint le grand [[lac Huron|lac Attigouautan (lac des Hurons)]] qu’il appelle mer Douce. Explorant le pays, il maintient son allégeance aux autochtones [[Algonquins]] et [[Hurons-Wendats|Hurons-Ouendat]]. Il voyage de village en village jusqu'à [[Cahiagué]]<ref>voir [http://www.ontarioarchaeology.on.ca/Resources/Publications/oa45-1-fitzgerald.pdf ''Is The Warminster Site Champlain's Cahiagué?'', par William R. Fitzgerald]</ref>, situé sur les rives du [[lac Simcoe]] et lieu de rendez-vous militaire. Là, un groupe de guerriers autochtones auquel appartient [[Étienne Brûlé]], part en direction du sud pour susciter la participation des [[Andastes]] au combat contre les [[Iroquois]]. Il décide alors de poursuivre la guerre contre les Iroquois.

==== Attaque de 1615 contre les Onontagués ====
[[Fichier:An Iroquois Fort.png|vignette|En 1615, Champlain attaque les [[Onondagas|Onontagués]], au bord du [[lac Onondaga]].]]

Le {{1er}} septembre, débute l'expédition militaire de [[Cahiagué]]. Avec un important contingent de guerriers hurons, Champlain accompagné des quelques Français se dirige vers l'est puis traverse l'extrémité orientale de l'actuel lac Ontario. Ils cachent les canots et poursuivent leur route à pied longeant la rivière [[Onneiout]] (Oneida). Parvenus à un fort iroquois situé entre les lacs Oneida et Onondaga, ils livrent bataille car les [[Hurons-Wendats|Hurons]] font pression pour attaquer prématurément : l'assaut échoue.

Il tente de capturer le fort avec un cavalier, un [[engin de siège]] européen constitué d'une terrasse ou plateforme surélevée pour tirer des coups d'armes à feu. Simultanément, ses alliés tentent de brûler la palissade. Champlain est blessé deux fois aux jambes par des flèches, dont une dans le genou. L'attaque dure environ trois heures, jusqu'à ce que les attaquants soient forcés de fuir.

Champlain estime que l'attaque fut un échec, mais les Indiens des deux côtés trouvent ce raid de vengeance très réussi. Cette attaque mena à une longue période pacifique<ref name="Fischer 2008">{{Harv|Fischer|2008}}</ref>. Champlain est blessé d'une flèche au genou. Des Hurons le ramènent dans leur bourgade en le portant à tour de rôle sur leur dos<ref name="porteurs hurons" group="note">{{style|Ces Hurons sont probablement plus costauds que Champlain.}}</ref>.

==== Un hivernement forcé en Huronie ====

Champlain désire alors revenir au [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]], mais les [[Hurons-Wendats|Hurons]] insistent pour qu'il passe l'hiver avec eux : ils refusent de l'y mener avant le printemps suivant. Champlain doit donc hiverner en Huronie.

Il profite de son long séjour dans la région pour explorer le sud-ouest, les [[Pétuns]] et les [[Outaouais (peuple)|Cheveux-Relevés]] (sud de la [[Huronie]] et de la [[péninsule Bruce]]).

Lors d'une grande chasse au cerf en compagnie de [[Hurons-Wendats|Hurons]], Champlain se perd en forêt pour avoir suivi un bel oiseau. Il erre pendant trois jours dans les bois, dormant sous les arbres, jusqu'à ce qu'il fasse par chance une rencontre avec un Amérindien.

Il passe le reste de l'hiver apprenant {{citation|leur pays, leurs façons, leurs coutumes, leur mode de vie}}. Il prend le temps de rédiger une description détaillée du pays, des mœurs, des coutumes et de la façon de vivre des Autochtones. Il s'émerveille devant la beauté du paysage et la fertilité des lieux. Il ne tire cependant que des renseignements limités sur l'Ouest mystérieux, car en raison des guerres qui sévissent entre les diverses nations, les Autochtones ont peu voyagé dans cette direction.

Tous le croient mort, tant en [[Huronie]] qu'à [[Québec (ville)|Québec]].

Le {{date-|22 mai 1616}}, il quitte la [[Huronie|contrée des Hurons]] ; à la fin de {{date-|juin 1616-}}, il est de retour au [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]] et le {{date-|11 juillet 1616-}} il est de retour à [[Québec (ville)|Québec]].

Il passe quelque temps à agrandir [[Habitation de Québec|le fort]] et repart pour la France le {{date-|20 juillet 1616-}}.

=== {{8e}} voyage au Canada en 1617 ===
En France, Champlain apprend que le [[Henri II de Bourbon-Condé|Prince de Condé]] a été arrêté. Le [[Pons de Lauzières-Thémines|maréchal de Thémines]] est promu au titre de vice-roi.
{{Citation bloc|De fait, le [[Pons de Lauzières-Thémines|maréchal de Thémines]] se fit donner la charge de vice-roi : Champlain demeura quand même lieutenant et les associés allèrent jusqu’à montrer un zèle soudain à l’égard de la colonie, mais le tout « s’en alla en fumée » et, quand Champlain voulut, en 1617, s’embarquer à Honfleur, l’associé Daniel Boyer lui signifia qu’il n’était plus le lieutenant du vice-roi. Champlain partit quand même pour la Nouvelle-France où il ne fit qu’un bref séjour (ce voyage de 1617 a été mis en doute, mais il demeure possible, même si nous retrouvons Champlain à Paris le 22 juillet).|{{harvsp|Trudel|2003}} }}

Champlain arrive à Tadoussac le {{date-|14 juin 1617-}} et met les voiles vers Québec, pour un très bref séjour au Canada. Le {{date-|20 juillet 1617-}}, il est de retour en France<ref name="Fischer 2008"/>.

=== En France, projets pour la Nouvelle-France et Québec, ''Ludovica'' (1617 à 1618) ===
En {{date-|février 1618}}, Champlain tente d'impressionner en adressant deux mémoires, l’un à [[Louis XIII]] et l’autre à la Chambre du Commerce, qui énoncent tout un programme, afin d'augmenter le soutien de ses efforts en Nouvelle-France.

Il traite d'importantes considérations, dont le danger de laisser sans forts les rives du Saint-Laurent en raison de la présence des [[Nouvelle-Néerlande|Flamands]]. Il fait des projets :
{{Citation bloc| par la Nouvelle-France, on pourrait {{citation étrangère| langue=fr1835|parvenir facilement au [[Chine|Royaume de la Chine]] et [[Indes orientales]], d’où l’on tireroit de grandes richesses }} ; la douane que l’on percevrait à Québec sur toutes les marchandises en provenance ou à destination de l’Asie {{citation étrangère| langue=fr1835|surpasseroit en prix dix fois au moins toutes celles qui se lèvent en France }} ; on s’assurerait un pays de {{citation étrangère| langue=fr1835|près de {{nombre|dix-huict cens lieues}} de long, arrousé des plus beaux fleuves du monde }} et l’on établirait la [[christianisme|foi chrétienne]] parmi une infinité d’âmes. Pour asseoir solidement la Nouvelle-France, Champlain propose qu’on établisse à Québec, dans la vallée de la [[Rivière Saint-Charles (Québec)|rivière Saint-Charles]], {{citation étrangère| langue=fr1835|une ville de la grandeur presque de celle de [[Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)|Sainct-Denis]], lacquelle ville s’appellera, s’il plaict à Dieu et au [[Louis XIII|roy]], ''Ludovica''}} ; un fort dominerait cette ville ; un autre serait construit sur la rive sud du fleuve, un troisième à [[Tadoussac]]. On mènerait au pays {{nombre|15 [[Frères mineurs récollets|Récollets]]}}, {{nobr|300 familles}} de quatre personnes et {{nobr|300 soldats}} ; le roi enverrait quelqu’un de son conseil pour {{citation étrangère| langue=fr1835|establir et ordonner des loix fondamentales de l’estat}} et une justice gratuite.|[[Marcel Trudel]]<ref name="Trudel DBC" />}}

Concernant le commerce, Champlain estime que la colonie peut produire un revenu annuel d'approximativement {{unité|5400000|livres}}, principalement de la pêche, des mines, des fourrures et des profits comme résultat à la {{citation|plus courte route vers la Chine}}. La Chambre de Commerce en est convaincue immédiatement et Champlain regagne son monopole sur la [[traite des fourrures|traite de la fourrure]]. Le Roi charge ses associés de {{citation|poursuivre tout le travail qu'il sera jugé nécessaire pour établir les colonies qui voudront se retrouver dans le-dit pays}}.

=== {{9e}} voyage au Canada. Honfleur à Trois-Rivières ({{Date-|1618}}) ===
Champlain s'embarque à Honfleur le {{date-|24 mai 1618}}. Il arrive à Percé le {{date-|15 juin 1618-}}.
Il quitte Tadoussac le {{date-|30 juillet 1618-}} pour accoster en France à Honfleur le {{date-|28 août 1618-}}.

{{pas clair|Les Britanniques sont parvenus à obtenir la liberté des échanges. Aussi ses associés refusent-ils d'assurer la population de la colonie, craignant de ne pouvoir obtenir des fourrures que des colons. Champlain en est dérangé, écrivant « Ils pensaient… ils installaient une sorte de république là selon leurs propres notions. » Il fait valoir son droit de commander Québec, faisant signer à ses associés un contrat assurant qu'ils maintiendraient 80 personnes dans la ville de Québec.}}

=== En France (1618-1620) ===
Son projet de retour prochain en la Nouvelle-France, est annulé quand les associés refusent à nouveau de reconnaître ses droits, et il est forcé de rester en France. Durant son séjour, il écrit un compte-rendu de ses voyages entre [[1615]] à [[1618]]. {{référence nécessaire|En octobre [[1619]], le [[Henri II de Bourbon-Condé|Prince de Condé]] est libéré et vend ses droits comme vice-roi au [[Henri II de Montmorency|duc de Montmorency]], amiral de France.}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Fischer, David Hackett,|prénom1=David|nom1=Heckett Fischer|titre=Le rêve de Champlain|lieu=Montréal|éditeur=Boréal|année=2012|pages totales=998|passage=p.424|isbn=978-2-7646-2229-2|isbn2=2764622295|oclc=815853135|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/815853135|consulté le=2019-01-16}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Joseph|nom1=Desjardins|titre=Guide parlementaire historique de la Province de Québec.|sous-titre=1792 à 1902|éditeur=Québec|année=1902|passage=3|lire en ligne=https://archive.org/details/guideparlementai00desjuoft}}</ref>

=== {{10e}} voyage au Canada ({{Date-|1620}}-{{Date-|1624}}) ===
[[Fichier:Madame Champlain enseignant aux enfants indiens, 1620.jpg|thumb|Madame Champlain enseignant aux enfants indiens, 1620. Crédit : Bibliothèque et Archives Canada, no d'acc 1991-36-1.]]
Le [[Henri II de Montmorency|duc de Montmorency]] confirme Champlain dans sa fonction et, le {{date-|7 mai 1620}}, [[Louis XIII]] lui demande de maintenir le pays de Nouvelle-France « en obéissance à moi, faisant vivre le peuple qui est là-bas en aussi proche conformité avec les lois de mon royaume que vous le pouvez. » Champlain retourne immédiatement en Nouvelle-France à bord du ''Saint Étienne'', et se concentre désormais sur l'administration du pays plutôt que sur l'exploration.

Il s'embarque à Honfleur le {{date-|8 mai 1620-}} et il amène pour la première fois son épouse Hélène Boullé qui a maintenant {{nobr|20 ans}}.

Champlain passe l'hiver à construire le [[Château Saint-Louis|Fort Saint-Louis]] au haut du [[Cap Diamant]]. À la mi-mai, il apprend que la traite de fourrure est prise en main par une autre compagnie, dirigée par les frères ''de Caën''. Après quelques négociations tendues, il se décide à fusionner les deux compagnies sous la direction des ''de Caën''. Champlain continue son travail sur les relations avec les Amérindiens et parvient à leur imposer un chef de son choix à lui. Il parvient également à signer un traité de paix avec les tribus [[iroquois]]es.

Champlain introduit en [[1621]] le système de [[notaire|documents notariés]] en [[notaire#Au Québec|Nouvelle-France]]. Le roi maintiendra ce système quand la Nouvelle-France devient colonie royale en [[1663]]<ref>Le Devoir, 9 octobre 2016, 1,7 million d'actes notariés du Québec chez ancestry.ca</ref>.

Champlain continue à travailler sur l'amélioration de son ''Habitation'', posant la première pierre le {{date|6 mai 1624}}. Le {{date-|5 juillet 1624-}}, il revient à Québec et continue à travailler à l'expansion de la colonie.

Sa jeune femme se mettant à dépérir, le {{date-|15 août 1624-}}, il retourne une fois de plus en France où il est encouragé à continuer son travail aussi bien qu'à continuer la recherche d'un passage vers la Chine.

=== {{11e}} voyage au Canada ({{Date-|1626}}-{{Date-|1629}}) ===
Le {{date-|24 avril 1626}} Champlain est à Dieppe. La ''Sainte-Catherine'' appareille et il parvient à Québec le {{date-|5 juillet 1626-}}.

==== La Compagnie des Cent-Associés et nomination en tant que Commandant de la Nouvelle-France ====
En [[1627]], le [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|cardinal de Richelieu]] marque son intérêt pour les affaires de Québec en créant la [[Compagnie de la Nouvelle-France|Compagnie des Cent-Associés]]. Champlain, tout comme Richelieu, en devient membre et actionnaire. Ce nouveau régime conduit Champlain à devenir, le {{date|21 mars 1629}} le « commandant en la Nouvelle-France en l’absence » du cardinal de Richelieu<ref group="coll" name="chronologie" />.

==== Chute de Québec ====
[[Fichier:OUR FIRST FOOTING IN CANADA. CHAMPLAIN SURRENDERING QUEBEC TO ADMIRAL KIRKE. JULY 20 1629.jpg|vignette|gauche|upright|Le {{date|20|juillet|1629}}, Champlain capitule à Québec, et rend la colonie à l'amiral Kirke. Dessin de R. Caton Woodville jr.]]
[[Fichier:Champlain Leaving Quebec, a Prisoner on Kirk’s Ship, 1629.jpg|vignette|droite|upright|Champlain quitte Québec, prisonnier à bord du navire des Kirke. Dessin de [[Charles William Jefferys]], 1942.]]

Les choses n'allaient pas se maintenir pour Champlain et son petit village. Les approvisionnements étaient au plus bas durant l'été de [[1628]] et les marchands anglais avaient pillé la ferme de [[Réserve nationale de faune du cap Tourmente|Cap Tourmente]] au début de juillet. Le {{date-|10 juillet}}, Champlain reçoit une sommation de marchands anglais, Gervase Kirke et ses fils Lewis, Thomas et [[David Kirke]]. Ce sont des Huguenots français à la solde de l'Angleterre<ref name="Daveluy 219">{{Harv|Daveluy|1945|loc=p.219}}</ref>.Il refuse de faire affaire avec eux, mais en réponse les Anglais font le blocus de la ville avec leurs trois navires. Au printemps de [[1629]], les vivres atteignent un niveau extrêmement bas, la petite colonie est épuisée et Champlain est forcé d'envoyer des gens à [[Gaspé (ville)|Gaspé]] pour conserver les rations. Le {{date-|19 juillet 1629-}}, les frères Kirke arrivent et Champlain est forcé de négocier les termes de la capitulation de la ville, le {{date|14|septembre|1629}}.

Champlain, les missionnaires, et presque tous les colons quittèrent la colonie<ref name="Daveluy 219" />.

=== De retour en Europe ({{date-|1629}}-{{date-|1633}}) ===
Au {{date-|29 octobre 1629-}}, Champlain se retrouvait à [[Londres]].

Durant les années suivantes, Champlain écrit ''Voyages de la Nouvelle France […]'', dédié à Richelieu, ainsi que son ''Traité de la marine et du devoir d'un bon marinier''. Il est absent du Québec jusqu'au [[Traité de Saint-Germain-en-Laye (1632)|traité de Saint-Germain-en-Laye]] en [[1632]].

=== {{12e}} et dernier voyage au Canada. Fondation de Trois-Rivières ({{Date-|1633}}-{{Date-|1635}}) ===
Lorsqu'il revient d'Angleterre en France, le {{date-|1|mars|1633}}, Champlain réclame à Richelieu son poste de gouverneur (officieux) de la Nouvelle-France. Il obtient le titre de « commandant » à Québec, « en l'absence du ministre » (c'est-à-dire « lieutenant », comme auparavant). Champlain part de [[Dieppe (Seine-Maritime)|Dieppe]] (ou de [[Rouen]], selon les sources) le {{date-|23 mars 1633}} pour Québec, qu'il atteint le {{date-|22 mai}} (directement pour la première fois<ref name="barque" group="note"/>, sans transbordement à [[Tadoussac]]), après une absence de quatre ans. Plus de {{nobr|200 personnes}} l'accompagnaient, à bord de trois navires : le ''Saint Pierre'', le ''Saint Jean'' et le ''[[Don de Dieu (navire)|Don de Dieu]]'' (la devise de la ville de Québec est « Don de Dieu ferai valoir »).

En 1633, le chef algonquin [[Capitanal]] lui demande d'établir un poste permanent à [[Trois-Rivières]]. Convaincu de l'importance stratégique de l'emplacement pour la traite des fourrures, il y fera construire un fort qui servira à la fois au commerce et à l'occupation du territoire.

Le {{date-|18 août 1634}}, il envoie un rapport à Richelieu disant qu'il avait rebâti sur les ruines de Québec, élargi les [[fortifications de Québec|fortifications]], construit une autre habitation à quinze lieux en amont, aussi bien qu'une autre à [[Trois-Rivières]]. Il a aussi commencé une offensive contre les Iroquois annonçant qu'il voulait les éliminer ou les « ramener à la raison ».

Au mois d'{{date-|octobre 1635}}, Champlain est frappé par une [[Accident vasculaire cérébral|crise d'apoplexie]]. Paralysé, il meurt le {{Date de décès|25 décembre 1635}} à Québec où il est enterré<ref name="Vergé-Franceschi p326">{{harvsp|Vergé-Franceschi|2002|p=326}}</ref>. Les historiens n'ont pas réussi, à ce jour, à retrouver l'emplacement exact de sa sépulture.

== Généalogie ==
=== Naissance ===
Samuel de<ref group="note" name="particule">Avant la fin de décembre [[1610]], personne ni même Samuel Champlain n'accole à cette lignée patronymique la particule « de » — voir dans le titre de ses œuvres. C'est dans son contrat de mariage que cette particule apparaît pour la première fois. Lui et sa famille ne possèdent pas de fief et ne tirent des revenus de fiefs. Mais {{citation|cette particule est tolérée pour les [[notable]]s}}, surtout {{citation|s'ils sont admis à la cour}} du roi, ce qui est le cas de Champlain.</ref> Champlain serait né à [[Hiers-Brouage|Brouage]], dans l'ancienne province de [[Saintonge]] en [[France]]<ref group="note">Dans le titre de son premier ouvrage paru (1603), il se dit ''Sammuel Champlain'' (sans la particule « de ») et ''de Brouage'' ; ensuite ({{2e|ouvrage}}, 1613), il se dit ''Sieur de Champlain'' et ''[[Saintongeais (habitants)|Saintongeois]]''.</ref>, entre [[1567]] et [[1580]]<ref group="note">Voir les arguments qui rendent davantage plausible sa naissance vers 1574 et la fin de son premier apprentissage de la navigation en 1594 : {{Harv|Liebel|1978}}. — Le lieu de l'accouchement (naissance) peut différer du lieu de résidence des parents, comme le souligne ici Jean Liebel.</ref> ; il est mort à [[Québec (ville)|Québec]] ([[Canada (Nouvelle-France)|Canada]], une des colonies du territoire français de la vice-royauté de [[Nouvelle-France]]) le {{date de décès|25 décembre 1635}} Il n'existe pas de consensus sur sa date de naissance. Les publications la situent généralement en [[1567]]<ref>{{harvsp|L'Encyclopédie canadienne|2013|id=EC}}.</ref>{{,}}<ref name="universalis">{{Harvsp|Universalis||id=UniversalisChamplain}}</ref>, mais les preuves formelles manquent car les registres de Brouage en ligne sont incomplets et ne commencent qu'en 1615<ref>[http://charente-maritime.fr/archinoe/registre.php?lcommune=353&lcollection=0&lregistre=0&lacte=0&date_sel=1614 Liste des actes de Brouage] sur le site d'archives des registres paroissiaux, pastoraux et d'état civil de la Charente-Maritime.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |url=http://www.ropfo.ca/francorigines/SPIP/1_histoire_article.php3?id_article=22
|titre=Samuel de Champlain : père de la Nouvelle-France |site=francorigines.ca |éditeur=Francorigines : « Vivez l’expérience de l’Ontario français » |consulté le= 10 octobre 2008.}}</ref>. L'estimation « 1567 » semble provenir de l'abbé Pierre Damien Rainguet dans son ouvrage<ref>{{Ouvrage |nom1=Pierre Damien Rainguet |titre=Biographie saintongeaise ou Dictionnaire historique de tous les personnages qui se sont illustrés dans les anciennes provinces de Saintonge et d'Aunis jusqu'à nos jours |lieu=Saintes |éditeur= |année=1851 |réimpression=[[1971]] |passage=[https://books.google.com/books?hl=fr&output=html&id=xEEBAAAAQAAJ&jtp=140 140]-[https://books.google.com/books?hl=fr&output=html&id=xEEBAAAAQAAJ&jtp=141 141] |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=xEEBAAAAQAAJ}}</ref> publié en [[1851]].

L'[[Charles-Honoré Laverdière|abbé Laverdière]], dans l'introduction de son édition des ''Œuvres de Champlain'', en [[1870]], dit accepter ce dire de Rainguet, et il tente de démontrer que la date est plausible<ref group="Laverdière" name="Notice biogr.">Laverdière, ''Notice biographique de Champlain'', tome I, pp. ix-lxxvj.</ref>. Certaines sources présentent des variations importantes de cette estimation de l'année de naissance : ainsi, le professeur [[Marcel Trudel]] la situe d'abord en 1567, puis vers [[1570]]<ref group="Trudel" name="Trudel-EC">{{EC|ID=samuel-de-champlain|auteur=Marcel Trudel, Mathieu D'Avignon|lien auteur=|titre=Samuel de Champlain|publié le=23 juillet 2015|consulté le=1er août 2019}}</ref>, ajoutant ensuite {{citation|ou plus tard, vers [[1580]]}}<ref group="Trudel" name="Trudel-DBC">{{harvsp|Trudel|2003}}, {{citation|Il serait né vers [[1570]], peut-être en [[1567]], ou plus tard, vers [[1580]].}}</ref>.

[[Fichier:L'acte de baptême de Samuel de Champlain (couleurs).jpg|thumb|upright=0.8| Acte de baptême supposé de Samuel, fils d'Anthoynne Chapeleau et de Marguerite Le Roy, le 13 août 1574, à La Rochelle.|alt= baptême de Samuel, fils d'Anthoynne Chapeleau et de Marguerite Le Roy, le 13 août 1574, à La Rochelle.]]
En 2012, un acte de baptême a été identifié par un généalogiste poitevin Jean-Marie Germe. Cet acte des registres pastoraux, conservés aux Archives départementales de la Charente-Maritime et mis en ligne sur le site du Conseil général, du temple Saint-Yon<ref>Dans La Rochelle, le Temple Saint-Yon est l'ancien réfectoire du couvent des Augustins</ref> de La Rochelle, capitale des [[Églises réformées|Réformés]], indique que le futur explorateur fut baptisé le {{date-|13 août 1574}}, au temple Saint-Yon. L'acte concerne un ''Samuel'', fils d'''Anthoynne Chapeleau<ref group="note">Remarque : « Chapeleau » comporte dans l'ordre les mêmes consonnes (Ch, p, l) que dans « Champlain », il ne manque que les nasales (am, in). — Le père de Samuel est souvent nommé « Chappelin » ou « Chappelain », dans les archives, mais ne signe pas.</ref>'' et de ''Marguerite Le Roy''<ref>{{Article |url=http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/la-capitale/201204/14/01-4515449-champlain-serait-ne-a-la-rochelle.php |titre=Champlain serait né à La Rochelle |périodique=Le Soleil |lien périodique=Le Soleil (Québec) |jour=15 |mois=avril |année=2012 |prénom=Olivier |nom=Parent}}</ref>. Cette attribution qui fait plutôt consensus est contestée par un historien français<ref>Éric Thierry [http://www.cfqlmc.org/bulletin-memoires-vives/derniere-parution/858 L'acte de baptême de Samuel de Champlain n'a pas été retrouvé], sur ''Mémoires vives'', décembre 2012.</ref>. Pour autant, rien n'indique que Champlain soit né dans cette ville. {{citation|On considère pour l'instant que la naissance a probablement eu lieu à Brouage et le baptême à La Rochelle}}, précise Jean-Marie Germe. En outre, dans un acte du {{date-|23 décembre 1573}}, devant le notaire Jean Villain, Antoine « Chappelain » (cependant rien n'indique sur cet acte une parenté avec Samuel Champlain), qui y vend 50 % d'une barque, est dit « pilote de navire à Brouage »<ref>Greffes du notaire Villain pour les années [[1573]] et [[1574]], dans l'étude de maître Ranson à Marennes. Cet acte de vente est transcrit dans ''Nouveaux Documents sur Champlain et son époque'' (volume 1, 1560-1622), Publication des Archives publiques du Canada, {{numéro|15}}. Ottawa, 1967. 492 pages — documents recueillis et publiés par Robert Le Blant, conseiller à la Cour d'appel de Douai et René Baudry, c.s.c., alors chargé de recherches et représentant en France des Archives publiques du Canada.</ref>. Les parents du futur explorateur, de confession protestante alors, se seraient rendus à La Rochelle<ref group="note">Aujourd'hui, [[La Rochelle]] et [[Hiers-Brouage|Brouage]] sont distantes de quelque {{nobr|55 kilomètres}} par la route. En ligne droite, en barque, la distance est moindre.</ref>, où ils font baptiser leur fils car Brouage ne comptait pas de temple protestant<ref>{{Article |url=http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201204/16/01-4515991-samuel-de-champlain-serait-ne-protestant.php |titre=Samuel de Champlain serait né protestant |périodique=Le Soleil |lien périodique=Le Soleil (Québec) |jour=17 |mois=avril |année=2012 |prénom=Annie |nom=Mathieu}}</ref>. Cet acte de baptême n'indique ni la date de naissance du fils ni son âge ni son lieu de naissance<ref>Le texte de l'acte peut se lire comme suit :<br />{{citation|Le vandredy treziesme Jour daougst / mil cinq centz SoySente et quatorze / a este baptize Samuel filz de / Anthoynne chapeleau et de m (mot rayé) / margerite Le Roy p[a]rain Estienne / Paris, mayrenne Marye Rousseau. / Signatures : Denors, N Girault (paraphe).}}<br />— Source : [http://www.fichierorigine.com/detail.php?numero=240788 Fiche « Champlain (De), Samuel »], du [[Fichier Origine]].</ref>.

Brouage, anciennement ''Jacopolis'', est fondée en [[1555]] et fortifiée en [[1578]] par le [[Henri III (roi de France)|roi catholique de France]] (donc, ville catholique au milieu d'une région protestante), à la suite de l'annexion de la ville au domaine Royal en [[1577]], après sept années de contrôle par les protestants. Fondée par un protestant, la ville sera prise et reprise. De [[1555]] à [[1569]] elle est protestante, [[1569]] à [[1570]] elle est catholique, de [[1570]] à [[1577]] elle est protestante et puis définitivement catholique à partir de [[1578]]<ref>{{Lien web |url= http://pagesperso-orange.fr/jdtr/brouage.htm |titre=BROUAGE par Jean Detertre. |consulté le=17 avril 2010.}}</ref>. Champlain a pu naître à Brouage durant un de ces contrôles calvinistes, ce qui expliquerait son prénom biblique (Samuel), à connotation protestante<ref>{{Lien web |url=http://www.brouage.org/histoire.html |titre=On entre dans le "pays" de Champlain. |site=Brouage.org |consulté le=17 avril 2010.}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |url=http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article652 |titre=1570 - Agrippa d’Aubigné - 3 - Guerre en Saintonge jusqu’à la paix de Saint-Germain |site=Histoire Passion |consulté le=17 avril 2010.}}</ref>.

Samuel de Champlain est, selon son contrat de mariage (fin [[1610]])<ref group="Laverdière">Tome V, pièce justificative XXXI, pages 33-35/1445-1447 : contrat de mariage de Samuel ''de'' Champlain avec Hélène Boullé, devant les notaires Nicolas Chocquillot et Loys [Louis] Arragon, le 27 décembre [[1610]], registre des Insinuations, greffe du Châtelet, Paris.</ref>, le fils de défunt « Anthoine de Champlain<ref group="note" name="particule" />, capitaine de la Marine, et de Marguerite Le Roy »<ref group="Trudel" name="Trudel-DBC" />, lui-même fils illégitime d’un gentilhomme<ref>{{Article|auteur1=Thierry, Éric|titre=Le mystère des origines de Samuel de Champlain|périodique=Cap-aux-diamants|date=no. 134, été 2018|issn=0829-7983|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/cd/2018-n134-cd03898/88528ac.pdf|pages=4-7}}</ref>.

Dans son livre ''Le rêve de Champlain'', l'historien David Hackett Fischer propose l’hypothèse que Champlain aurait pu être un [[Enfant adultérin|fils illégitime]] du roi [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]], conçu durant un séjour du futur roi à [[La Rochelle]] durant les [[Guerres de Religion (France)|guerres de Religion]]. Il souligne que Champlain bénéficiait, au cours de sa vie, de grandes faveurs de la part du roi, notamment d'une pension annuelle, et qu'il avait un accès très facile à celui-ci. En 1632, en parlant d'Henri IV, Champlain écrit : « Majesté, à laquelle j’étais obligé tant de naissance que d'une pension de laquelle elle m’honorait. » Cette rumeur d'une filiation est parvenue aux Algonquins de la vallée du Saint-Laurent et l'un d'entre eux affirme que Champlain le lui aurait dit lui-même. Cette rumeur n'a toutefois jamais été confirmée hors de tout doute, même si de plus en plus d'historiens tendent à reprendre cette thèse en étudiant la vie de Champlain et son inhabituelle proximité avec Henri IV<ref>{{Ouvrage|auteur1=David Hackett Fischer|titre=Le rêve de Champlain|lieu=Montréal|éditeur=Boréal|année=2012|pages totales=998|passage=57-58|isbn=978-2-7646-2229-2|consulté le=31 juillet 2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Du sang royal? - Histoire Canada |url=https://ch-stage-fr.reasononeinc.com/special-pages/temporary/du-sang-royal |site=ch-stage-fr.reasononeinc.com |consulté le=2024-08-04}}</ref>.

=== Mariage à Hélène Boullé ===
{{Article détaillé|Hélène Boullé|}}
Durant son séjour en France en [[1610]], Champlain épouse Hélène Boullé, une jeune fille de dix ans, dont le père Nicolas Boullé<ref>Nicolas Boullé et Marguerite Alix, les parents de la femme de Samuel de Champlain, s'étaient réfugiés à Vitré vers 1591, pour fuir la ligue catholique très active à Paris. Dans cette ville, naîtront leurs enfants, Marie et Jean, respectivement le 12 septembre 1591 et le 3 avril 1594. Vitré était alors considérée un havre de paix pour la communauté huguenote. Champlain est ainsi intimement lié à la ville de Vitré en Bretagne.

Source : Archives d'Ile-et-Villaine. Église protestante de Vitré - Greffe no. 10 NUM 35600 3 et 10 NUM 35600 4.

Marie:

<nowiki>https://archives-en-ligne.ille-et-vilaine.fr/thot.../</nowiki>...</ref> est huissier à la cour et « secrétaire de la chambre du roi ». À cause du bas âge de « l'épousée », le contrat de mariage stipule que la cohabitation des époux est remise à deux ans plus tard, mais Champlain touche dès la signature {{formatnum:4500}} des {{unité|6000|livres}} de dot, une somme qui lui assure une sécurité financière<ref name="Champlain-revenus" group="note">La Compagnie des marchands, dont Champlain est un des actionnaires, lui paie un salaire, pour lui et pour son personnel : cuisinier, serviteurs, soldats et ouvriers. Il reçoit aussi du roi une rente viagère. Des chefs amérindiens lui offrent parfois des fourrures en présent, qu'il peut revendre. Il hérite, de sa parenté à Brouage, de trois maisons qu'il liquide. Ces {{unité|4500|livres}} équivalent à près de 45 années de salaire pour un ouvrier non spécialisé, nourri, logé. Sa belle-famille est cependant restée riche.</ref> sans ruiner sa belle-famille<ref name="belle-famille">Robert Le Blant, ''La famille Boullé 1586-1639'', Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 17, {{numéro|1}}, 1963, {{p.|55-69}} [http://www.erudit.org/revue/haf/1963/v17/n1/302253ar.pdf en ligne].</ref>. Les fiançailles ont lieu le {{date-|29 décembre 1610}} à [[Église Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris|Saint-Germain-l'Auxerrois]] à Paris. Née calviniste, Hélène Boullé se fait catholique deux ans plus tard<ref name="actes Boullé-Champlain" group="note">Actes existants concernant Hélène Boullé : contrat de mariage (27 décembre 1610 devant les notaires Nicolas Chocquillot et Loys [Louis] Arragon, registre des Insinuations, greffe du Châtelet, Paris), exhérédation d'Hélène Boullé, femme de Champlain, par ses parents Nicolas Boullé et Marguerite Alix (10 janvier 1614) et révocation de cet acte (23 mai 1636), testament de Marguerite Alix, femme de Nicolas Boullé, déshéritant sa fille Hélène (14 février 1614) et révocation de cet acte (23 mai 1636), contrat d'engagement de sa suivante (domestique) Ysabel Terrier (22 juillet 1617, à Paris), dernier testament de Champlain (1635, à Québec), réception d'Hélène Boullé au couvent des Ursulines de la rue Saint-Jacques (20 mars 1646, A.N. Min. Centr. LXII, 82), privilège accordé par l'évêque à Hélène Boullé, fondatrice d'une maison des Ursulines à Meaux (10 mars 1648, acceptation des religieuses Ursulines d'un contrat pour l'achat d'une maison à Meaux (19 mai et 22 juin 1650, Arch. Dept. Seine & Marne, Série H624), procuration du (17 octobre 1650) et constitution de rente par les Ursulines de Meaux aux Ursulines de Paris (26 octobre 1650, A.N. Min. Centr. LXIV, liasse 90, De Rivière) rachat de cette rente (17 novembre 1654, ''id''.), etc. — voir aussi : [https://www.umoncton.ca/etudeacadiennes/centre/instru002/20-p-a.html Fonds René-Baudry, Université de Moncton]</ref>. Les deux premiers témoins, [[Pierre Dugua de Mons]] et Lucas Legendre, marchand et bourgeois de Rouen, sont huguenots<ref>{{Article|prénom1=N.|nom1=Weiss|titre=Champlain était-il huguenot?|périodique=Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-)|volume=61|numéro=3|date=1912|issn=0037-9050|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/24287775|consulté le=2023-06-05|pages=276}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Eugène|nom1=Réveillaud|titre=SAMUEL CHAMPLAIN, de Brouage: ses origines et ses affinités protestantes|périodique=Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-)|volume=80|numéro=2|date=1931|issn=0037-9050|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/24289355|consulté le=2023-06-05|pages=189}}</ref>.

En 1620, Hélène Boullé accompagne Champlain à Québec. Elle s'y ennuie, malgré la présence de son frère Eustache Boullé, qui vit à Québec depuis 1618, au service de Champlain. En 1624, elle retourne en France pour y demeurer définitivement.

En 1633, Champlain quitte à nouveau la France, sans elle, pour Québec, où il meurt à la Noël 1635, sans postérité. Elle n'hérite pas de lui, sans cesser pour autant de vivre à l'aise à [[Paris]]<ref name="veuvage">Robert Le Blant, ''Le triste veuvage d’Hélène Boullé'', Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 18, {{numéro|3}}, 1964, {{p.|425-437}} {{pdf}} [http://www.erudit.org/revue/haf/1964/v18/n3/302392ar.pdf Lire en ligne].</ref>.

Dix ans plus tard, Hélène Boullé entre au couvent des [[Ordre de Sainte-Ursule|Ursulines]] de Paris, prenant le voile sous le nom d'Hélène de Saint-Augustin. Elle donne tous ses biens à la communauté, pour bâtir un nouveau couvent à [[Meaux]], où elle s'installe avec quatre religieuses. Elle y demeure pendant six ans, avant d'y mourir le {{date-|20 décembre 1654}}, à l'âge de cinquante-six ans<ref name="Tanguay=Jetté" group="note">Voir : Cyprien Tanguay, ''Dictionnaire généalogique des familles canadiennes [du régime français (1608-1760)]'' (Montréal, Eusèbe Sénécal, 1871-1890, 7 vol.) et René Jetté, ''Dictionnaire généalogique des familles du Québec, des origines à 1730'' (Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 2002 ({{1re|édit}}. 1983), 1206 p. {{ISBN|978-2-89105-815-5}} [http://www.GENEALOGIE.UMontreal.CA/fr/gme.htm Gaétan Morin Éditeur, distributeur de l'ouvrage]).</ref>{{,}}<ref group="note" name="trilogie (roman) Hélène de Champlain">Voir aussi : Nicole Fyfe-Martel, ''Hélène de Champlain'' (roman historique, trilogie), (Montréal, HMH [http://www.hurtubisehmh.com/recherche.php?q=Fyfe&submitquery=Go], 2003, 2005, 2007, 3 tomes avec bibliographie, réimpr. mars 2008). ; Note : Un peu de fiction pétillante sur trame historique rigoureuse, l'auteure est tante de l'historien Mathieu D'Avignon (elle le révèle dans la section remerciements).</ref>.

=== Décès ===
[[Fichier:Testament de Samuel Champlain 1 - Archives Nationales - ET-LXII-138 (RS-282) .jpg|thumb|upright|Testament de Champlain.]]
La cause de son décès résulte probablement d’un accident vasculaire cérébral. Sa santé a fortement décliné à la suite des événements majeurs dans sa vie. Selon l’historien [[Éric Thierry]], il est probablement tombé en forte dépression à la suite de la chute de Québec en 1629 par les frères Kirke. Un autre élément à considérer, est également sa disgrâce auprès de [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]]. Champlain était associé au [[parti des dévots]] qui menaçait le pouvoir royal. Selon Richelieu, la question religieuse doit être subordonnée à la raison d’État. Après la [[journée des Dupes]] des 10 et 11 novembre 1630, Champlain regagne progressivement la confiance de Richelieu, avec l’aide de Jean de Lauzon de la Compagnie des Cent-Associés et du [[François Leclerc du Tremblay|père Joseph]], éminence grise du [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|cardinal de Richelieu]]<ref>Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 2, Québec, Septentrion, 2019, p. 606</ref>.

Son dernier testament, signé à Québec le {{date-|17 novembre 1635}}, et déposé chez un notaire parisien le {{date-|22 septembre 1636}}, est contesté avec succès par sa cousine Marie Camaret (épouse de Jacques Hersant, fille de Georges Camaret, capitaine, et de Françoise Le Roy, une sœur de la mère de Champlain)<ref>[http://bd.archivescanadafrance.org/acf-pleade-3-images/img-viewer/FRDAFANCH/IMAGES/MC/RESERVE/282/viewer.html Photocopies du ''Dernier testament'' de Champlain (6 pages)] (par [http://bd.archivescanadafrance.org/acf/doc.xsp?id=FRDAFANCH00NT_CHRESERVEMINUTIER_FRDAFANCH00NT_CHMCRES282&fmt=tab&base=&root=&n=&qid=&ss=&as=&ai= Archives Canada-France]).</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://www.septentrion.qc.ca/documents/2008/08/who_was_champlain_his_family_a.php Conrad E. Heidenreich: ''Who was Champlain? His Family and Early Life''.] (Métis sur mer; 8 août 2008). — As said into a note to this text, "this ''lecture'' is based on parts of a book by Conrad E. Heidenreich and K. Janet Ritch soon to by published by The Champlain Society, provisionally entitled: The Works of Samuel de Champlain: Des Sauvages and other Documents Related to the Period before 1604".</ref>{{,}}<ref name="veuvage" />{{,}}<ref>Il est conservé aujourd'hui au [[Minutier central des notaires de Paris|Minutier central des notaires]], département des [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] et peut être consulté sous la forme d'un microfilm coté MC/MI/RS/282</ref>. Un inventaire<ref>https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?udId=c1p7129ou20r—152zm3aqca7z4&consIr=&irId=FRAN_IR_042434&frontIr=&auSeinIR=false. Cotes originelles des documents : MC/ET/LXII/138 et MC/ET/LXII/167</ref> de ses biens a été dressé à la même période ({{date-|21 septembre 1636}})<ref>l'acte a été microfilmé (cote MC/MI/RS/283)</ref>.

Il est enterré temporairement dans une tombe sans nom, tandis que la construction était finie sur la chapelle de Monsieur le Gouverneur. En tant que tel, et malgré de nombreuses fouilles, l'emplacement exact du tombeau de Champlain reste à vérifier, mais le dossier est désormais fort bien documenté<ref name="Chapelle_Champlain">{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Livre: Samuel de Champlain méconnu. |url=https://pierredubeaublog.wordpress.com/champlain-meconnu/ |site=Blogue en histoire de Pierre Dubeau. |date=2022-03-31 |consulté le=2024-01-06}}</ref>. Cette recherche est toujours présente aujourd'hui<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Couture, Richard {{!}} Les Éditions GID |url=https://leseditionsgid.com/auteur/couture-richard |site=leseditionsgid.com |consulté le=2024-01-31}}

https://leseditionsgid.com/auteur/couture-richard</ref>.

Champlain meurt sans descendance.

== Portrait et pensée ==
=== Portrait en image ===
[[Fichier:Carte de Nouvelle-France par Champlain (1612)-Rose.jpg|vignette|gauche|Détail de la carte de la Nouvelle-France de Champlain (1612). ''CARTE GEOGRAPHIQVE DE LA NOVVELLE FRANSE FAICTE PAR LE SIEVR DE CHAMPLAIN SAINT TONGOIS CAPPITAINE ORDINAIRE POUR LE ROY EN LA MARINE, faict len 1612.'' — À remarquer : le visage au centre d'une rose des vents.]]
[[Fichier:Samuel de Champlain by Ronjat.jpg|thumb|upright|Gravure. Portrait factice de Champlain par E. Ronjat.]]
[[Fichier:Samuel-de-champlain-s.jpg|thumb|right|[[#Portrait|Portrait factice de Champlain]], par [[Théophile Hamel]] (1870), d'après une gravure de [[Balthasar Moncornet|Moncornet]] représentant [[Michel Particelli d'Émery]].]]

Il n'existe pas de portrait authentique de Champlain. Toutes les représentations que l'on en donne sont des faux<ref name="portrait" group="note">Le portrait de Champlain utilisé dans l'article est un portrait factice par Eugène Ronjat. Source : [[François Guizot]], ''A Popular History of France from the Earliest Times'', vol. 6, chap. 53, Boston, Dana Estes & Charles E. Lauriat (Imp.), {{19th}} C., {{p.|190}}.</ref> ou des interprétations. Les deux gravures, où de nombreux auteurs prétendent le voir en train de combattre les Iroquois, sont des créations pleines d'incongruités dues à un graveur de l'atelier des Pelletier<ref>Éric Thierry nous explique dans cette vidéo le travail du graveur de David Pelletier. Il s’agit de la scène de la bataille de 1609 parue dans l’ouvrage de Champlain paru en 1613

[https://www.youtube.com/watch?v=m2Q0c2cWNH8. https://www.youtube.com/watch?v=m2Q0c2cWNH8.]</ref>.

Il est admis par les historiens que le portrait que l'on a cru longtemps (depuis environ 1850) être celui de Samuel de Champlain serait en fait celui d'un contrôleur des finances (1648) nommé [[Michel Particelli d'Émery]]. Il est toutefois souvent coutume, faute de mieux, de représenter Champlain sous ces traits. Selon une théorie de l'[[historien]] [[Marcel Trudel]], sur des cartes géographiques de l'Amérique du Nord dessinées par Samuel de Champlain en 1612 et 1632, figurent au centre d'une [[rose des vents]], l'autoportrait de Champlain. Les chercheurs Denis Martin et André Vachon réfutent l'hypothèse de Marcel Trudel. Denis Martin conclut : « La réponse est toute simple : Nous sommes ici devant une représentation courante du soleil. Ce visage apparaît sur les cartes de Champlain au cœur de la rose des vents, à l'endroit où dans la plupart des autres cartes de l'époque convergent les rayons des trente-deux aires de vent divisant la boussole ou compas de mer… Dans la carte de 1632, le visage symétrique et bienveillant composé dans la lunette de la rose ou du compas - avec sa fleur de lys pointant vers le nord-est - est celui du dieu [[Hélios|Helios]], un motif conventionnel dans l'imagerie à l'époque de Champlain<ref>Martin, Denis. 2004. Samuel de Champlain à visage découvert. Dans R. Litalien et D. Vaugeois. ''Champlain'' : ''La naissance de l’Amérique française'', Québec, Septentrion, p. 360</ref>. »

=== Relations avec les Amérindiens ===
{{citation bloc|Champlain est probablement l'auteur qui nomme le plus de chefs indiens. Il les nomme par leur nom, s'informe de leur tradition. Et c'est très important, parce que c'est ce qui fait toute la différence, les liens que Champlain va établir avec les Indiens. S'il n'y avait pas eu ces alliances-là, le reste n'aurait pas pu marcher. Ce sont des alliances franco-indiennes qui permettent le développement de la Nouvelle-France|Denis Vaugeois<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Samuel Auger|titre=Le mystère de Samuel de Champlain enfin percé|éditeur=|année=|isbn=|lire en ligne=http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/television-et-radio/201405/17/01-4767720-le-mystere-de-samuel-de-champlain-enfin-perce.php}}</ref>.}}

L'historien William Henry Atherton porte un jugement sur les relations du grand explorateur avec les Iroquois :
{{citation bloc |En arrivant au Canada [...] Il était sur le point de commencer la grande œuvre de la colonisation de la Nouvelle-France, qui sera une réussite, mais sa première étape d'importance fut une grave erreur, pour laquelle la Nouvelle-France souffrira pendant de nombreuses années. Toute l'histoire des attaques iroquoises, qui terrorisaient les établissements français et Montréal pendant tant d'années, est liée à la politique que vient de lancer le constructeur colonial du Canada. On se souvient que selon les commissions accordées aux émissaires au Canada, ils doivent prendre tous les moyens pour attirer les indigènes au christianisme, avec le privilège de contracter des alliances indigènes et si ceux-ci ne respectent pas les traités, de les y forcer par une guerre ouverte, et à faire la paix ou la guerre; tout cela, bien entendu, conformément à la dignité d'une grande puissance et suivant les méthodes établies de la diplomatie.

Arrivé au Canada au printemps de 1605 en tant que représentant du roi de France, la faute de Champlain est d'avoir risqué de mettre en péril l'avenir en prenant parti pour les Algonquins et les Hurons, qui étaient alors en guerre ouverte avec les Iroquois, ceci afin de sécuriser ses établissements de traite. Au lieu d'envisager que la future paix de la colonie dépend de sa neutralité, il est allé contre les Iroquois avec quelques colons et des armes modernes qui causent des ravages mortels et sèment la confusion.

Ces Iroquois sont désormais les ennemis irréconciliables des Français. Ils n'ont jamais oublié cette intrusion inutile des Français dans leurs querelles; ils furent implacables dans leurs attaques contre leurs alliés algonquins, et étaient prêts plus tard à s'allier avec les Anglais dans leur campagne contre la colonie. Cette situation a rendu très difficile le travail de christianisation et de civilisation des peuples. Dans la mesure du possible, la bourde de Champlain à la bataille du lac Champlain, le 29 Juillet, 1609, a été évitée dans les plans ultérieurs de colonisation des autres pays<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=WILLIAM HENRY ATHERTON, Ph.D.|titre=Montreal 1535-1914|sous-titre=Under the French Regime 1535-1760|lieu=Montreal Vancouver Chicago|éditeur=The S. J. Clarke Publishing Company|année=1914|pages totales=660}}</ref>.|William Henry Atherton}}

=== Cartographe et navigateur ===
[[Fichier:Traitté de la marine et du devoir d'un bon marinier-Autre manière d'eftimer.svg|vignette|droite|upright|Illustration de Champlain dans le ''Traitté de la marine...'', Autre manière d'estimer que j ay veu pratiquer parmy aucuns Anglois bons nauigateurs, qui m'a semblé fort seure au respect des estimes que l'on fait ordinairement. ''[[Loch (bateau)|Loch]] anglais, ligne à loch graduée, [[sablier]] de demi-minute, et bobine à loch''.]]

Champlain partage par écrit pour ses pairs ses connaissances de navigation. Voir l'illustration du dessin de Champlain : ''Loch anglais, ligne à loch graduée, [[sablier]] de demi-minute, et bobine à loch''.

Champlain explique le principe de fonctionnement du [[Loch (bateau)|loch]], un instrument de navigation maritime qui permet d'estimer la vitesse de déplacement d'un navire sur l'eau, soit sa vitesse relative en surface par rapport à la masse d'eau où il évolue.

« Le dispositif à gauche est une ligne nouée à des intervalles de sept brasses (quarante-deux pieds). À la fin de la ligne, on trouve un flotteur (triangle de bois appelé bateau), lesté pour s'enfoncer perpendiculairement au sens d'avancement du navire. Le dispositif comprend une petite [[Sablier|« ''horloge de sable'' »]], mesurant le temps de demi-minute et une « ''planchette de 5. pieds de hauteur sur 15 pouces de largeur, qui soit divisée en 15. parties en sa longueur, & en cinq en sa largeur...'' »
La colonne de gauche de la planchette est divisée en intervalles de deux heures cumulant en tout vingt-quatre heures. Les trois dernières colonnes montrent des écritures typiques de loch (journal): par exemple, la première ligne indique que pour les premières trente secondes à deux heures du matin, le navire a navigué sur trois nœuds et deux brasses sur une route au nord-est (un point, ou 11° 15′du nord-est). La vitesse du navire au cours de ces trente secondes était donc de 3,13 milles par heure. Ce loch (journal) est en fait un échantillon
de seulement six minutes à voile sur plus de vingt-quatre heures. Dans cet exemple, le navire aurait parcouru 93,4 milles en vingt-quatre heures<ref>{{Harv|Heidenreich|2007}}</ref>. »

=== Homme de la Renaissance, incarnant l'esprit de tolérance de son époque ===
En {{Date-|2004}}, le sénateur [[Serge Joyal]] prononça un discours lors de l'inauguration du buste-monument de Samuel Champlain, à Paris, où il décrit sa pensée : {{Citation bloc|Plus que tout autre, Samuel Champlain incarne l’esprit de son époque, et en fait, l’idéal véhiculé par la Renaissance. Champlain est vraiment un homme de la Renaissance, animé du désir de repousser les frontières du monde connu. [[Fichier:Champlain Buste.jpg|vignette|gauche|upright|Buste de Champlain à [[Paris]], [[Cours-la-Reine]]]] Mû par l’esprit et l’exemple des grands découvreurs, Colomb - Magellan - Cabot - Cartier, Champlain participe de ce groupe de promoteurs - marchands de [[Saintonge]] et [[La Rochelle]], principalement protestants, vivement intéressés par les possibilités et le potentiel des découvertes.
C’est pourquoi, dans la petite équipe qui traverse l’Atlantique, menée par Pierre Dugua de Mons, il y a, à la fois, un pasteur et un prêtre. La tolérance, la cohabitation religieuse, en fait, la liberté de culte est ce qui est le plus remarquable. La société de l’époque sortait à peine des guerres de Religion qui avaient fait des milliers de victimes. Le bruit des cloches de la Saint-Barthelemy n’était pas si lointain.

Cette ouverture, on le devait à l’émergence de la liberté de pensée. Montaigne, le philosophe, le rappelait : « Le doute est un mol oreiller pour une tête bien faite ». Cet appétit pour l’exploration, les découvertes, l’attrait des nouvelles expériences, Champlain l’incarne de manière bien personnelle. Ses écrits, publiés dès 1603, s’attardent à décrire ses observations, ses découvertes, la faune, la flore, la géographie, les ressources de la nature. Son approche, à l’égard des autochtones est celle d’une saine curiosité, du respect de leurs mœurs et de l’alliance à conclure.
Nous ne sommes plus dans l’esprit des croisades, de l’élimination des infidèles, ou de l’emprise brutale génocidaire pratiquée par les puissances coloniales ibériques en Amérique du Sud.

Champlain veut implanter, dans cette Nouvelle-France, les germes d’une nouvelle société, non la reproduction dans le nouveau Canada, des luttes et des carcans qui ont, par le passé, déchiré le royaume. Il veut d’abord connaître intimement le pays qu’il explore, mettre à profit tout le potentiel d’un type nouveau de liberté, faire émerger « l’esprit du pays » qui, dès les premières années, forge un nouveau type d’hommes, de femmes.

Champlain en vient progressivement à se former une vision de cette Nouvelle-France, qui tout en puisant aux sources de l’ancienne, dégage peu à peu le contour d’une nouvelle mentalité, ou manière d’être, une nouvelle forme de liberté, toute canadienne.|Serge Joyal|{{Ouvrage|titre=Discours de l'Honorable SERGE JOYAL, c.p., o.c., sénateur, Division sénatoriale de Kennebec (Québec), Installation du Buste-Monument de Samuel Champlain : Place du Canada à Paris, {{date-|29 septembre 2004}}|éditeur=|année=|isbn=|lire en ligne=http://sergejoyal.sencanada.ca/fr/p105834/}}}}

== Œuvres ==
[[Fichier:Voyages de Champlain, Édition de 1632.jpg|vignette|Voyages de Champlain, Édition de 1632 (musée Sainte-Marie-au-Pays-des-Hurons, Ontario)]]
Champlain est surtout lu pour ses chroniques de la [[Nouvelle-France]] (« Voyages » : œuvres publiées en 1603, 1613, 1619, 1632).
; Brief Discours
Un seul ouvrage (écrit peu avant 1603), le ''Brief discours des choses plus remarquables que Samuel Champlain de Brouage a reconnues aux Indes Occidentales''<ref name="Tome I" group="Laverdière">Tome I — ''Brief discours des choses plus remarquables que Samuel Champlain de Brouage a reconnues aux Indes Occidentales'' [...] ([[1602]], illustré, non publié).</ref>{{,}}<ref name="Brief discours" group="coll">Gagnon, ''Ibid.'' : Le ''Brief discours'' [...] est une des copies d'un manuscrit original non retrouvé. Trois exemplaires manuscrits, anonymes et différents, du ''Brief Discours'' existent : l'un, provenant de [[Dieppe (Seine-Maritime)|Dieppe]], à la ''John Carter Brown Library'' (''at [[Université Brown|Brown University]]'') de [[Providence (Rhode Island)]], un autre à l'Université de [[Bologne]], un troisième aux [[Archives d'État de Turin|Archives d'État]] de [[Turin]]. Aucun des trois ne semble être le manuscrit original, mais les trois s'avèrent des copies plus ou moins fidèles à l'original non encore retrouvé. Le manuscrit de Dieppe-Providence est le plus complet, y compris pour ce qui est des illustrations, dont il est d'ailleurs le seul à les présenter en couleur : c'est le manuscrit que Laverdière a retenu et publié en [[1870]]. — Les recherches se poursuivent encore, jusque dans les archives espagnoles, au sujet de ce voyage de Champlain aux ''Indes occidentales''.</ref>, qu'il ne publie pas et qui lui est imputé<ref name="impute" group="coll">Gagnon, François-Marc, ''Le Brief Discours est-il de Champlain ?'', {{pp.|83-92}}, dans {{Ouvrage |langue=fr |nom1=Raymonde Litalien |directeur1=oui |nom2=Denis Vaugeois |directeur2=oui |titre=Champlain |sous-titre=La naissance de l'Amérique française |lieu=Sillery (Québec)/Paris/La Rochelle |éditeur=Septentrion ([[Québec (ville)|Québec]]) et Nouveau monde éditions (Paris) |année=2004 |pages totales=400 |isbn=2-89448-388-0 |présentation en ligne=http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/livre.asp?id=2260}}</ref>, éclaire la période de sa vie comprise entre [[1595]] et [[1601]].

; Œuvres originales
* {{Ouvrage |langue=fr1835 |auteur1=Samuel de Champlain |titre={{citation étrangère|langue=fr1835|Les voyages dv sievr de Champlain Xaintongeois, capitaine ordinaire pour le Roy, en la marine, divisez en devx livres.}} |sous-titre={{citation étrangère|langue=fr1835|IOVRNAL TRES-FIDELE DES OBSERVAtions faites es deʃcouuertures de la Nouuelle France : tant en la deʃcriptiõ des terres, costes, riuieres, ports, haures, leurs hauteurs,& pluʃieurs declinaiʃons de la guide-aymant; qu'en la creãce des peuples, leur ʃuperʃtition, façon de viure & de guerroyer; enrichi de quantité de figures.}} |lieu=Paris, France |éditeur=Iean Berjon |année=1613 |pages totales=434 (pdf) |lire en ligne=http://memory.loc.gov/cgi-bin/ampage?collId=rbfr&fileName=0012//rbfr0012.db&recNum=0 |id=Champlain_1613_Voyages}}

[[Fichier:Traitté de la marine et du devoir d'un bon marinier.svg|vignette|upright|''Traitté de la marine et du devoir d'un bon marinier'', 1632.]]
Son ''Traité de la marine et du devoir d'un bon marinier'' (1632) est publié en complément de ses relations de voyage.
* {{Chapitre | langue= fr1835 | auteur1= Samuel de Champlain | titre chapitre= Traitté de la marine et du devoir d'un bon marinier | auteurs ouvrage= Samuel de Champlain | titre ouvrage= {{citation étrangère|langue=fr1835|Les voyages de la Nouuelle France occidentale, dicte Canada, faits par le sr de Champlain Xainctongeois, capitaine pour le roy en la marine du Ponant, & toutes les descouuertes qu'il a faites en ce païs depuis l'an 1603. iusques en l'an 1629.... auec vn traitté des qualitez & conditions requises à vn bon & parfaict nauigateur pour cognoistre la diuersité des estimes qui se font en la nauigation... ensemble vne carte generalle de la description dudit pays faicte en son meridien selon la declinaison de la guide aymant, & vn catechisme ou instruction traduicte du françois au langage des peuples sauuages de quelque contrée, auec ce qui s'est passé en ladite Nouuelle France en l'année 1631}} | lieu= A Paris, France | éditeur= Chez Claude Collet au Palais, en la Gallerie des Prisonniers, à l'estoille d'or | année= 1632 | lire en ligne= https://openlibrary.org/works/OL16840437W/Les_voyages_de_la_Nouuelle_France_occidentale_dicte_Canada_faits_par_le_sr_de_Champlain_Xainctongeoi
|passage= 664 à 717 }}
* Les cinq tomes des ''Œuvres de Samuel de Champlain'' telles qu'éditées par [[Charles-Honoré Laverdière]] en 1870
:numérisés et accessibles sur le site du [[Projet Gutenberg]]<ref>[http://www.gutenberg.org/etext/17258 ''Œuvres de Samuel de Champlain''] - [[Projet Gutenberg]] (divers formats disponibles)</ref> et sur celui de la [[Bibliothèque et Archives nationales du Québec]] (BAnQ)<ref>[http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/numtextes/to1026.htm Œuvres de Champlain / publiées sous le patronage de l'Université Laval par C.-H. Laverdière] - En 5 vol. numérisés au [[Portable Document Format|format PDF]] par la [[Bibliothèque et Archives nationales du Québec|BAnQ]]</ref>
* Samuel de Champlain, ''Aux origines du Québec. Expéditions en Nouvelle-France. 1604-1611'', texte en français moderne établi et présenté par Eric Thierry, Paris, Cosmopole, 2010, 279 p. {{ISBN|978-2-8463-0045-2}}
* Samuel de Champlain, ''Les Fondations de l'Acadie et de Québec. 1604-1611'', texte en français moderne établi, annoté et présenté par Eric Thierry, Québec, Septentrion, 2008, 294 p. {{ISBN|978-2-8944-8566-8|978-2-8966-4520-6}}
* Samuel de Champlain, ''A la rencontre des Algonquins et des Hurons. 1612-1619'', texte en français moderne établi, annoté et présenté par Eric Thierry, Québec, Septentrion, 2009, 240 p. {{ISBN|978-2-8944-8604-7|978-2-8966-4559-6}}
* Samuel de Champlain, ''Au secours de l'Amérique française. 1632'', texte en français moderne établi, annoté et présenté par Eric Thierry, Québec, Septentrion, 2011, 696 p. {{ISBN|978-2-8944-8676-4|978-2-8966-4669-2}}

== Hommages ==
[[Fichier:La statue de Samuel-de-Champlain à Québec.jpg|thumb|upright|Statue de Samuel de Champlain, à [[Québec (ville)|Québec]], au lever du soleil (avec un visage aussi expressif que celui ordinairement accordé à [[Jacques Cartier]]), par [[Paul Chevré]] (Paris, 1896-1898), tel que restauré pour 2008, à Québec depuis 1898, près du [[Château Frontenac]], sur la [[terrasse Dufferin]].]]

=== Quelques citations ===
Pour l'historien canadien Joe C. W. Armstrong, ce {{Date |3|juillet|1608}} est la date la plus importante dans l'histoire de la colonisation française en Amérique : non seulement fondation de la ville de [[Québec (ville)|Québec]], mais aussi les débuts d'une nation, à savoir le Canada.
{{citation bloc| Son fondateur n'est pas encore conscient de l'importance historique du geste qu'il pose, mais il vient de créer la plus ancienne colonie à avoir survécu en Amérique du Nord<ref name="Lemieux capsules">{{harvsp|Lemieux|2008}}</ref>. | Joe C. W. Armstrong}}

{{citation bloc|D’un point de vue humain, la Nouvelle-France a été un bien plus grand succès que la [[Nouvelle-Espagne]] ou que la [[Nouvelle-Angleterre]] ou que n’importe quelle colonie européenne en Amérique du Nord ou du Sud. En [[Acadie]], dans la vallée du Saint-Laurent, dans les Grands Lacs, partout où a agi Champlain, les relations entre Français et Indiens ont été fusionnelles, intimes, créatrices. La Nouvelle-France n’a pas été un échec. Bien au contraire, c’est une formidable réussite, une leçon de vie et de savoir-vivre dont on n’a pas d’autre exemple dans toute l’histoire des Amériques.
[...] Champlain est le père des Québécois, des Acadiens, des Métis. Mais aussi de cette idée toujours vivace que nous sommes tous frères. Je crois profondément que nous avons tous beaucoup à apprendre de lui si nous voulons mieux vivre ensemble.|David Hackett Fischer<ref>
{{Article
| langue = français
| auteur1 = Georges-Hébert Germain
| titre = Champlain révèle sa vraie nature !
| périodique = L'Actualité
| jour = 13
| mois = avril
| année = 2011
| lire en ligne = http://www.lactualite.com/culture/champlain-revele-sa-vraie-nature/
| consulté le = 12 septembre 2016
}}</ref>}}

{{citation bloc|Mais, bien que [[Bartholomew Gosnold|Gosnold]] et [[George Weymouth|Weymouth]] l’eussent précédé en quelques points de ce littoral, le géographe Champlain nous laissa une cartographie si précise qu’il mérite le titre de premier cartographe de la [[Nouvelle-Angleterre]].|[[Marcel Trudel]]}}

{{citation bloc|Lors de mon assermentation, je tenais un livre sur Samuel de Champlain. J’avais toujours imaginé Champlain en conquistador débarqué avec ses soldats et marins pour planter le drapeau de la France et imposer la foi catholique. Mais grâce à ce livre, je me suis rendu compte que je n’avais rien compris de ce personnage historique incontournable, qui a appris plusieurs langues autochtones et qui s’est lié d’amitié avec presque toutes les tribus. Champlain a imposé l’État de droit et il a fait siennes la diversité et l’inclusion. Il croyait, finalement, aux valeurs du {{s-|XXI}} !
|[[David Lloyd Johnston|David Johnston]], gouverneur général du Canada<ref>
{{Article
| langue = français
| auteur1 = Julie Barlow
| titre = Lettres du gouverneur général aux Canadiens
| périodique = L'Actualité
| jour = 20
| mois = octobre
| année = 2016
| lire en ligne = http://www.lactualite.com/societe/lettres-du-gouverneur-general-aux-canadiens/
| consulté le = 29 octobre 2016
}}</ref>}}

{{citation bloc|Si Antoine Natel n'eût pas été poussé à aller faire des aveux au capitaine Testu, sur la plage du Cul-de-Sac, un après-midi de juillet 1608, il n'y aurait probablement pas eu de Québec, pas de Nouvelle-France, pas de nation canadienne, et la statue colossale de Champlain, le grand fondateur, ne se dresserait pas aujourd'hui sur son admirable piédestal, au sommet du roc historique où il a jeté les fondations d'un pays catholique et français<ref>{{Harvsp|Roy|2008}}</ref>.|[[Thomas Chapais]]}}

{{citation bloc|Rendre à [[Pierre Dugua de Mons|Dugua de Mons]] l’hommage auquel il a droit ne porte aucunement ombrage à Champlain. Tout au contraire il est encourageant de voir la parfaite entente de ces deux hommes, l’un catholique et l’autre protestant, en vue de la création de Québec, cause qui leur tient à cœur autant à l’un qu’à l’autre. C’est ensemble qu’ils triompheront de la terrible coalition d’intérêts de marchands rivaux qui s’opposera à leur destin.|[[Maxime Le Grelle]] s.j., ancien curé de [[Brouage]]}}

=== Lieux commémoratifs ===
En commémoration de la première messe de [[1615]], la [[Montréal|ville de Montréal]] fit ériger en [[1915]] au milieu du parc [[Nicolas Viel]] une stèle en granit surmontée d'une croix. L'une des faces de cette stèle rappelle cette première messe célébrée à Montréal le {{date-|24 juin 1615}}, sur la rive de la [[rivière des Prairies]], par le [[Denis Jamet|Père Denis Jamet]]. L'autre face rappelle le souvenir du [[Nicolas Viel|père Viel]] et de son protégé, [[Ahuntsic]]. Cette stèle du sculpteur J.-C. Picher fut commandée par la [[Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal]]. De plus, le visiteur pourra prendre connaissance de la toile du peintre [[Georges Delfosse (peintre)|Georges Delfosse]] à la [[Basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal|cathédrale Marie-Reine du Monde]] dont l'illustration est tirée.

Un buste le représentant est installé dans le [[jardin de la Nouvelle-France]] ({{8e arrondissement de Paris}}). Dans le [[20e arrondissement de Paris|{{20e}} arrondissement]] se trouve par ailleurs le [[jardin Samuel-de-Champlain]].

<gallery caption="Galerie de monuments, plaques commémoratives et statues">
Fichier:Samuel de Champlain BROUAGE.JPG|Vitrail de Samuel de Champlain dans l'église de Brouage, par [[Nicolas Sollogoub]], 2007.
Fichier:VITRAIL BROUAGE Samuel de Champlain.JPG|Vitrail de Samuel de Champlain dans l'église de Brouage
Fichier:Champlain Lighthouse.jpg|Monument à la mémoire de Champlain. Le [[Phare de Crown Point (New York)|Champlain memorial lighthouse]] était un ancien phare de Crown Point, New York.
Fichier:Monument Champlain Brouage.jpg|Monument à la mémoire de Champlain devant l'[[Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Marennes-Hiers-Brouage|église de Brouage]]
Fichier:Champlain statue, Nepean Point, Ottawa.jpg|Statue de Samuel de Champlain à [[Ottawa]]
Fichier:SamuelDeChamplainStatueILMVT.JPG|Statue de Champlain à Isle La Motte, Vermont, endroit supposé de son premier débarquement au Vermont.
Fichier:Plaque commemorative samuel de champlain honfleur.jpg|Plaque commémorative des départs de Champlain dans le port de Honfleur.
Fichier:Champlain Monument.JPG|Monument à Samuel de Champlain, Orilla, Ontario, Canada
Fichier:Saint-Jean-sur-Richelieu, édifice Deland et murale Champlain 1609.jpg|À Saint-Jean-sur-Richelieu, une murale sur l'édifice Deland rappelle l'expédition de Champlain sur la [[Rivière des Iroquois (rivière Richelieu)|rivière des Iroquois]] en 1609
</gallery>

=== Hommages en marine militaire et civile ===
Deux navires de la [[Marine française]] portent son nom :
* le {{navire|Champlain|bâtiment de transport}}, un bâtiment de transport léger de [[classe Champlain]] lancé en 1973 et désarmé en 2004 ;
* le {{navire|Champlain|A623}}, un [[patrouilleur (bateau)|patrouilleur]] hauturier de [[classe d'Entrecasteaux]] mis en service est en 2017.

Un navire civil porte son nom :
* ''[[Le Champlain]]'', un navire d'expédition de la série Ponant Explorers pour la compagnie [[Ponant (entreprise)|Ponant]] lancé en 2018.

=== Hommages en toponymie ===
Champlain a légué un immense apport à la toponymie. Il est commémoré dans de nombreuses toponymes, près de 200 fois<ref>{{Ouvrage|auteur1=Gilles Laporte|titre=Infographies Québec : le Québec et son histoire d'un simple coup d'oeil|passage=7|lieu=Québec|éditeur=Septentrion|date=2018|pages totales=69|isbn=9782897910150}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=La toponymie {{!}} Samuel de Champlain |url=https://reseaupatrimoine.ca/cyberexpositions/samuel-de-champlain/dhier-a-aujourdhui-sur-la-riviere-des-outaouais/les-legs-dune-rencontre-entre-deux-nations/la-toponymie/ |consulté le=2020-11-04}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Samuel de Champlain, toponymiste de choc |url=https://archives.nouvelles.ulaval.ca/Au.fil.des.evenements/2003/06.05/champlain.html |site=archives.nouvelles.ulaval.ca |consulté le=2020-11-04}}</ref>. En voici quelques uns :
* La rue du [[Rue du Petit-Champlain|Petit-Champlain]] ainsi que le boulevard Champlain dans le secteur [[Quartier Petit Champlain|Petit Champlain]] dans la ville de Québec ;
* Les ponts [[Pont Champlain (Montréal)|Champlain]] et [[Pont Samuel-De Champlain|Samuel-de-Champlain]] ;
* L'[[Hôtel Marriott Le Château Champlain|hôtel Marriott château Champlain]] ;
* Le [[lac Champlain]] et la [[mer de Champlain]] ;
* Une [[avenue Champlain]] à Rouen et au Havre.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références nombreuses|groupe=note|taille=25}}

=== Références ===
; Champlain, ''Œuvres de Champlain''
<small>([[Charles-Honoré Laverdière]], éditeur annotateur ; [http://www.gutenberg.org/etext/17258 texte intégral en ligne]) </small>
{{Références|groupe=Laverdière|taille=30}}

; Marcel Trudel
{{Références|groupe=Trudel}}

; Denis Vaugeois ''et alii''
{{Références|groupe=coll|taille=30}}

; Autres références
{{Références nombreuses|taille=25}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets
| commons = Category:Samuel de Champlain
| wikisource = Auteur:Samuel_de_Champlain
| wikiquote = Samuel de Champlain
}}

=== Bibliographie ===
{{Trop d'ouvrages|date=février 2020}}
{{Légende plume}}

; En français
* {{Lien web
| langue = français
| auteur1 = Denis Vaugeois
| url = http://www.septentrion.qc.ca/blogue/champlain-et-dupont-grave-en-contexte
| titre = Champlain et Dupont Gravé en contexte
| série = Texte de la communication présentée par Denis Vaugeois lors du {{133e}} congrès du comtié des travaux historiques et scientifiques (CTHS) à Québec le 2 juin 2008.
| jour = 29
| mois = août
| année = 2008
| site = Septentrion.qc.ca
| éditeur = Septentrion
| id = Champlain-Gravé
}}.
* {{Article
| langue = français
| auteur1 = Jean Liebel
| titre = On a vieilli Champlain
| périodique = Revue d'histoire de l'Amérique française
| volume = 32
| numéro = 2
| année = 1978
| pages = 229-237
| lire en ligne = http://id.erudit.org/iderudit/303691ar
}} {{pdf}}
* {{Article
| langue = français
| auteur1 = Louis-Guy Lemieux
| titre = Toutes les capsules historiques que notre journaliste Louis-Guy Lemieux a rédigées au cours de la dernière année au sujet des 400 ans de la ville de Québec.
| périodique = Le Soleil
| jour = 18
| mois = août
| année = 2008
| pages =
| lire en ligne = http://www.lapresse.ca/le-soleil/200809/08/01-658797-toutes-les-capsules-historiques-de-louis-guy-lemieux.php
| consulté le = 13 septembre 2016
}}
* David H. Fischer, Le rêve de Champlain, Montréal, Boréal, 2011, 999 pages {{ISBN|978-2-7646-2229-2}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Mathieu d'Avignon |titre=Champlain et les fondateurs oubliés, les figures du père et le mythe de la fondation. |lieu=Québec |éditeur=Les Presses de l'Université Laval (PUL) |année=2008 |pages totales=558 |isbn=978-2-7637-8644-5 |présentation en ligne=http://www.pulaval.com/catalogue/champlain-les-fondateurs-oublies-les-figures-9133.html}}{{Commentaire biblio|L'auteur remet en cause l'image populaire du fondateur unique. Pour un commentaire sur le livre voir : {{Article| auteur=Louis Cornellier | titre=Le complot de Champlain| date=19 avril 2008| journal = [[Le Devoir]] | texte=https://www.ledevoir.com/2008/04/19/185809.html |consulté le= 9 octobre 2008.}}}}
* {{Ouvrage
| langue = fr
| auteur1 = Narcisse-Eutrope Dionne
| titre = Samuel Champlain, fondateur de Québec et père de la Nouvelle-France
| sous-titre = histoire de sa vie et de ses voyages
| tome = Volume 1
| éditeur = A. Coté et cie.
| année = 1891
| isbn =
| lire en ligne = https://books.google.ca/books?id=bHwtAAAAYAAJ
}}
* Divers auteurs, ''Sur les traces de Champlain'', Sudbury : Les [[Éditions Prise de parole]], 2015
<!-- les 2 liens sont brisés - 07/02/2021 - <ref>[http://ici.radio-canada.ca/emissions/Le_reveil_Nouvelle-Ecosse_et_T-N/2015-2016/archives.asp?date=2015/11/23&indTime=920&idmedia=7376183 Interview par Nathalie Geddry, sur www.radiocanada.ca]</ref>{{,}}<ref>[http://m.radio-canada.ca/regions/ontario/2015/10/26/010-24-heures-roman-litterature.shtml Mission accomplie pour les 24 heures du roman, sur www.radiocanada.ca]</ref> -->
* {{Chapitre
| langue = français
| auteur1 = Mlle Marie-Claire Daveluy, LL.D. de l'Académie canadienne-française
| titre chapitre = ''Cartier – Champlain – Les relations des Jésuites''
| auteurs ouvrage = Société historique de Montréal
| titre ouvrage = ''Centenaire de l'Histoire du Canada de François-Xavier Garneau : deuxième semaine d'histoire à l'Université de Montréal'', 23-27 avril 1945
| lieu = Montréal
| éditeur = Jean-Jacques Lefebvre
| année = 1945
| isbn =
| lire en ligne =
| passage = pages 201-240
}}
* [[Christian Morissonneau]], ''Le rêve américain de Champlain'', Montréal, Hurtubise, 2009, 252 pages.
* Eric Thierry, ''La France de Henri IV en Amérique du Nord. De la création de l'Acadie à la fondation de Québec'', Paris, Edit. Honoré Champion, 2008, 502 p.
* Raymonde Litalien et [[Denis Vaugeois]] (dir.) ''[http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/livre.asp?id=2260 Champlain : la naissance de l'Amérique française]'' [[Sillery (Québec)|Sillery]] (Québec) : Septentrion ; Paris : Nouveau monde éd. ; La Rochelle : Conseil général de la Charente-Maritime, 2004. 397 p., {{unité|34|cm}}. {{ISBN|2-89448-388-0}} puis {{ISBN|2-84736-079-4}}.
* {{Chapitre
| langue = français
| auteur1 = Raymonde Litalien
| auteur2 = [[Denis Vaugeois]] (dir.)
| titre chapitre = Chronologie de Champlain
| auteurs ouvrage = Raymonde Litalien et [[Denis Vaugeois]] (dir.)
| titre ouvrage = Champlain : la naissance de l'Amérique française
| lieu = [[Sillery (Québec)|Sillery]] (Québec); Paris ; La Rochelle
| éditeur = Septentrion ; Nouveau monde éd.; Conseil général de la Charente-Maritime
| année = 2004
| isbn1 = 9782894483886
| isbn2 = 9782896643554
| lire en ligne = http://blogue.septentrion.qc.ca/2007/05/chronologie-de-champlain/
| id = chrono
}}
* Émile Cappella, ''Champlain, le fondateur de Québec''. Paris : Magellan & Cie, coll. « Traces & fragments », 2004. 125 p., {{unité|24|cm}}. {{ISBN|2-914330-49-9}}.
* Caroline Montel-Glénisson, ''Champlain : la découverte du Canada'', Paris : Nouveau Monde éditions, 2004, 188 pages.
* Comité du Mémorial de la Nouvelle-France, ''Samuel Champlain, enfant de Brouage'' - (collectif : Emile Ducharlet, [[Monique Duval]], [[Guy-Marie Oury]], Jimmy Vigé), La Lucarne Ovale, 2007, 96 pages.
* Emile Ducharlet, ''Samuel Champlain - Récits de voyages (1603-1635)'', La Lucarne Ovale, 2007, 134 pages.
* ''La Grosse Aventure des marins saintongeais dans les terres neuves'' et ''Le Grand Livre des voyages de Champlain'' - Bernard Mounier, Patrick Henniquau, Ed. Bonne Anse, co-éd. avec la CDA, 2005
* Yves Cazaux, ''Le rêve américain, de Champlain à Cavelier de La Salle'', Albin Michel, 1988, 544 pages.
* {{Ouvrage
| langue = fr
| auteur1 = Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.
| titre = Champlain (Samuel de), Deuxième voyage
| sous-titre = Honfleur à Montréal, 1603
| volume = 1
| lieu = Montreal & Boston
| éditeur = Université d'Ottawa
| collection = Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada
| année = 1931
| pages totales = 862
| isbn =
| lire en ligne = http://faculty.marianopolis.edu/c.belanger/quebechistory/encyclopedia/DeuxiemevoyagedeChamplain-HistoiredelaNouvelle-France.htm
| consulté le = 9 octobre 2016
}}
* Rosario Bilodeau, ''Champlain'', Montréal : Éditions HMH limitée, 1961, 198 pages
* Marcel Trudel, ''Champlain : texte'', Montréal : Fides, 1956, 94 pages
* {{Lien web |url=http://www.biographi.ca/fr/bio.php?id_nbr=115
|titre=Champlain, Samuel de |auteur=Marcel Trudel |date=2003 |site=www.biographi.ca |éditeur=[[Dictionnaire biographique du Canada]] [http://www.biographi.ca en ligne] |consulté le= 10 octobre 2008. }}
* {{Article
| langue = français
| auteur1 = Marcel Trudel
| titre = Un nouvel inventaire du Saint-Laurent, 1603
| périodique = Revue d'histoire de l'Amérique française
| volume = 16
| numéro = 3
| année = 1962
| pages = 313-347
| lire en ligne = http://id.erudit.org/iderudit/302209ar
}}
* Paul Bouchart d'Orval, ''Le mystère du tombeau de Champlain'', Montréal, Société nationale Samuel de Champlain, {{3e}} édition 1951, 125 pages
* Maurice Besson, ''Champlain'', Paris : Éditions de l'Encyclopédie de l'empire français, 1946, 156 pages
* Constantin-Weyer, ''Champlain'', Paris : Plon, 1931, 241 pages
* Étienne Micard, ''L'Effort persévérant de Champlain'', Paris : Éditions Pierre Roger, 1929, 281 pages
* Léon Le Clerc, ''Champlain célébré par les Normands et les Canadiens : mémorial des fêtes données à Honfleur les 13, 14 & {{date-|15 août 1905}}'', Honfleur : Imprimerie R. Sescau, 1908, 128 pages
* Abbé Silvio Corbeil, [http://www4.banq.qc.ca/numtexte/16419.pdf ''Chomedey de Maisonneuve : drame chrétien en trois actes ; Samuel de Champlain : pages oratoires ; trois auréoles!''], Montréal : Cadieux & Derome, 1899, 115 pages
* [[Henri-Raymond Casgrain]], [http://www4.banq.qc.ca/numtexte/123869.pdf ''Champlain : sa vie et son caractère''], Québec : Imprimerie de L.-J. Demers & frère, 1898, 60 pages
* Casgrain, ''Découverte du tombeau de Champlain'', 1866
* ''Champlain et son œuvre : une page d'histoire'', Québec : A.E. Talbot, éditeur, 1898, 107 pages
* [[Hubert Deschamps (historien)|Hubert Deschamps]], ''Les voyages de Samuel Champlain'', Paris, PUF, 1951
* Narcisse-Eutrope Dionne, ''Samuel Champlain, fondateur de Québec et père de la Nouvelle-France. Histoire de sa vie et de ses voyages'', s.é., Québec, 2 tomes de 430 et 559 pages
* Publication Baptême Samuel Champlain Temple St Yon La Rochelle - Jean-Marie Germe Bulletin des Amitiés Généalogiques Canadiennes-Françaises (AGCF {{Numéro avec majuscule|34}}, {{date-|mars 2012}})
* [[Gabriel Gravier (géographe)|Gabriel Gravier]], ''Vie de Samuel Champlain : fondateur de la nouvelle-France (1567-1635)'', Paris : J. Maisonneuve, 1900. <small>([https://archive.org/details/viedesamuelchamp00grav lire en ligne])</small>
* {{Ouvrage |
auteur1=[[Marc Lescarbot]] |
titre=Histoire de la Nouvelle France |
sous-titre=contenant les navigations, découvertes, & habitations faites par les françois és Indes Occidentales & Nouvelle-France... : en quoy est comprise l'histoire morale, naturele & géographique des provinces cy décrites... ; suivie de Les muses de la Nouvelle France |
éditeur=Chez Iean Millot |
année=1612 |
pages totales=881 |
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présentation en ligne=https://books.google.ca/books?id=6MVCLgAtYHUC |
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}}
* {{Chapitre |auteurs=Marcel Trudel, Mathieu d'Avignon, James H. Marsh |titre chapitre=Samuel de Champlain |titre ouvrage=[[L'Encyclopédie canadienne]] |éditeur=[[Historica Canada]] |url=https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/samuel-de-champlain |consulté le=2020-01-31 |id=EC |plume=oui}}
* Michel Bideaux, « ''Des sauvages'' : une singularité narrative », ''[[Études françaises]]'', volume 22, numéro 2, automne 1986, p.&nbsp;35–45 ([[doi:10.7202/036889ar|lire en ligne]]).
* Joël Selo, ''L’étonnant destin de Samuel Champlain'', Éditions « la Geste », 2020, 315 pages. {{ISBN|979-10-353-0616-8}}. {{commentaire biblio|Ouvrage sur la vie à Brouage de Samuel Champlain et de son oncle Guillaume Allène}}
* [[Maxime Le Grelle]] s.j., ''Brouage Quebec, Foi de Pionniers'', Imprimerie A. Bordessoules (1976)
* [[Maxime Le Grelle]] s.j., ''Champlain nous voilà''
*[[Éric Thierry]], Espion en Amérique, 1598-1603, Québec, Septentrion, Collection V., 224 p. {{ISBN|9782894487495}}
*[[Éric Thierry]], Les œuvres complètes de Champlain, 2 tomes, Québec, Septentrion, 2019, 1294 p. {{ISBN|9782897910396|9782897910426}}
*Thierry, Éric, Samuel de Champlain: Aux origines de l'Amérique française, Québec, Septentrion, 2024. 767p. {{ISBN|978-2897-915-254}}

; En anglais
* {{Chapitre|langue=en |prénom1= Conrad E. |nom1=Heidenreich |titre chapitre= The Mapping of Samuel de Champlain, 1603–1635 |titre ouvrage= The History of Cartography, Volume 3, ''Cartography in the European Renaissance'' |éditeur = David Woodward |année= 2007 |isbn = 9780226907321 |lire en ligne= http://www.press.uchicago.edu/books/HOC/HOC_V3_Pt2/HOC_VOLUME3_Part2_chapter51.pdf }}
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=David H. | nom1=Fischer | titre=Champlain's Dream | sous-titre=the European Founding of North America | lieu=New York | éditeur=[[Simon & Schuster]] | année=2008 | pages totales=848 | isbn=978-1-4165-9332-4 | isbn2=978-0-307-39766-9 | isbn3=0-307-39766-1}}
* Conrad Edmund Heidenreich, ''Champlain and the Champlain Society : an early expedition into documentary publishing'', Toronto : The Champlain Society, 2006, 130 pages
* Raymonde Litalien et Denis Vaugeois, ''Champlain : the birth of French America'', Montreal : McGill-Queen's University Press ; Sillery : Septentrion, 2004, 397 pages (traduit du français par Käthe Roth)
* Joe C.W. Armstrong. ''Champlain'', Toronto : Macmillan of Canada, 1987, 318 pages
* Conrad Edmund Heidenreich, ''Explorations and mapping of Samuel de Champlain, 1603-1632'', Toronto : B. V. Gutsell : Department of Geography, York University, 1976, 140 pages
* [[Samuel Eliot Morison]], ''Samuel de Champlain: Father of New France'' (Little Brown, [[1972]]) {{ISBN|0-316-58399-5}}
* George MacBeath (ed.), ''Champlain and the St. John, 1604-1954'', Saint John, N.B. : New Brunswick Historical Society, 1954, 80 pages
* Morris Bishop, ''Champlain : the life of fortitude'', New York : Alfred A. Knopf, 1948, 364 pages
* Louise Hall Tharp, ''Champlain Northwest voyager'', Boston : Little Brown & Co., 1944, 250 pages
* Henry Wayland Hill, ''The Champlain tercentenary : final report of the New York Lake Champlain Tercentenary Commission''', Albany : Lyon Co., 1913, 325 pages
* Narcisse-Eutrope Dionne, N.-E. ''Champlain'', Toronto : Morang, 1905, 299 p. (dans la série ''The Makers of Canada'' ; v. 1)
* John Murdoch Harper, ''Champlain : a drama in three acts ; with an introduction entitled Twenty years and after'', Toronto ; Quebec : the Trade Publishing Company : T.J. Moore & Company, 1908, 296 p.
* Edwin Asa Dix, ''Champlain, the founder of New France'', New York : D. Appleton, 1903, 246 pages
* Francis Parkman, ''Champlain and his associates : an account of early French adventure in North America'', New York : Charles E. Merrill, 1890, 64 pages

=== Filmographie ===
* [[1963]] — [http://www.onf.ca/film/quebec_1603_samuel_de_champlain/ ''Champlain''], par [[Denys Arcand]], [[Office national du film du Canada|ONF]]
* [[1988]] — [http://www.onf.ca/film/En_quete_d_un_pays/ ''En quête d'un pays''], par Robert Doucet, [[Office national du film du Canada|ONF]]
* [[2008]] — ''[[Enquête Champlain]]'', par Marie Nadeau, Les Productions Hyperzoom
* [[2008]] — [http://www.onf.ca/film/champlain-tournage-le-projet/ ''Champlain retracé, une œuvre en 3 dimensions''], par [[Jean-François Pouliot (réalisateur)|Jean-François Pouliot]], [[Office national du film du Canada|ONF]]
* Groupe Média TFO, ''Le rêve de Champlain'', docu-fiction de 6 épisodes ({{lire en ligne|url=http://revedechamplain.com/ |texte=site de la série}})

=== Articles connexes ===
* [[Lac Champlain]]
* [[Pierre Dugua de Mons]] (1588-1628)
* [[Guerre franco-anglaise (1627-1629)]]
* [[Histoire de la marine française]]
* [[René Lévesque (archéologue)|René Lévesque]], archéologue amateur connu pour ses recherches sur le tombeau de Champlain

=== Liens externes ===
{{liens}}
* {{Lien web |url=http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2003/champlain.htm |titre=Célébrations nationales 2003 - Samuel Champlain et François Gravé, sieur du Pont, remontent le Saint-Laurent |auteur=Jean Glénisson |date=2003 |site=culture.gouv.fr |éditeur=Ministère français de la Culture |consulté le= 10 Octobre 2008}}
* [http://link.library.utoronto.ca/champlain/search.cfm?lang=fre The Champlain Society/La Société Champlain. Collection numérisée] ({{formatnum:41000}} pages imprimées)
* [http://www.ropfo.ca/champlain Champlain : Voyages dans la francophonie canadienne]
* [http://champlain.monsite-orange.fr Hommage au fondateur de Québec]
* [https://nellefrancebrouage.wixsite.com/website Brouage - Comité du Mémorial des origines de la Nouvelle-France]

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[[Catégorie:Naissance en Saintonge]]
[[Catégorie:Décès en décembre 1635]]
[[Catégorie:Décès en Nouvelle-France]]

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Samuel de Champlain
Illustration.
Fonctions
Gouverneur de la Nouvelle-France

(2 ans, 9 mois et 24 jours)
Monarque Louis XIII
Prédécesseur Émery de Caen
Successeur Marc Antoine Jacques Bras-de-fer de Châteaufort

(3 ans)
Monarque Louis XIII
Prédécesseur Émery de Caen
Successeur Lewis Kirke
Biographie
Surnom Le Père de la Nouvelle-France
Date de naissance (baptême)
Lieu de naissance Hiers-Brouage (Royaume de France)
Date de décès (à 61 ans)
Lieu de décès Québec (Nouvelle-France)
Nationalité Française
Conjoint Hélène Boullé
Profession Militaire
Navigateur
Diplomate
Géographe
Ethnologue
Explorateur
Administrateur colonial
Distinctions Personnage historique national
(1929)

Signature de Samuel de Champlain

Samuel de Champlain, né vraisemblablement à Brouage (royaume de France) entre 1567 et 1574 (peut-être baptisé le à La Rochelle au temple Saint-Yon) et mort à Québec (Nouvelle-France) le , est un colonisateur, navigateur, cartographe, soldat, explorateur, ethnologue, géographe, commandant et auteur de récits de voyage français. Il fonde la ville de Québec le .

Après une formation de navigateur en Saintonge (vers 1586-1594), il s'enrôle comme soldat en Bretagne (1595-1598), puis devient explorateur des colonies espagnoles d'Amérique (1599-1601), du fleuve Saint-Laurent (1603) ainsi que de l'Acadie (1604-1607) et de la côte atlantique (entre l'actuel Nouveau-Brunswick et Cap Cod). Il nomme définitivement la Nouvelle-France en l'inscrivant sur la carte de 1607[1], représentant l'Acadie à partir de La Hève jusqu'au sud du Cap Cod. Champlain enracine la première colonie française permanente, à Port-Royal d’abord, puis à Québec ensuite. À cette fin, il bénéficie du soutien du roi de France Henri IV, de Pierre Dugua de Mons, de François Gravé et du chef montagnais Anadabijou[2],[3].

N'appartenant pas à la grande noblesse[4], Champlain agit en tant que subalterne d'un noble désigné par le roi. Il est ainsi d'abord lieutenant du lieutenant général de la Nouvelle-France, Pierre Dugua de Mons et à partir de 1612, « lieutenant du vice-roi[5] de la Nouvelle-France » qui est successivement le comte de Soisson, le prince de Condé, le duc de Montmorency et celui de Ventadour. À partir de 1633, Champlain est lieutenant du cardinal de Richelieu[coll 1] dans toute l'étendue du fleuve Saint-Laurent[6].

Les difficultés rencontrées dans l'entreprise d'une colonisation de l'Amérique du Nord sont nombreuses[2], et ce n'est qu'à partir des étés et , dans les dix-huit derniers mois de sa vie, que Champlain voit son rêve de colonisation se concrétiser, avec l'arrivée et l'établissement de quelques dizaines de familles de colons[note 1]. Son acharnement à vouloir implanter une colonie française en Amérique du Nord lui vaut, depuis le milieu du XIXe siècle, le surnom de « Père de la Nouvelle-France ».

Sa jeunesse

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Samuel de Champlain est né dans une famille protestante[7]. Son enfance est inconnue[8], mais il en tire une bonne formation de navigateur et de cartographe dans l'armée royale de Bretagne, ainsi que de dessinateur et de rédacteur de textes. Il écrit plus tard de nombreux ouvrages (voir Œuvres). Il dit lui-même « qu'il s'affectionne dès le bas âge à l'art de la navigation et l'amour de l'océan[9] ». Un document de 1601 indique un lien familial avec Guillaume Allène, son oncle lorsqu'il hérite de son domaine viticole situé à La Jarne, près de La Rochelle[10]. Guillaume Allène est allé vivre à Brouage en 1583 lorsqu'il avait épousé l'une des sœurs de la mère Champlain. Robert Le Blant a retrouvé dans les archives de l'Ille-et-Vilaine, la première mention de Samuel de Champlain. C'est un relevé de paie dans l'armée royale de Bretagne daté du mois de mars 1595[11].

Dans l'armée du roi, en Bretagne ( - )

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« Horribles cruautés Des Huguenots en France. » Les guerres de religion déchirent l'Europe.

Champlain prend part aux guerres de religion, qui ont ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du XVIe siècle et où se sont opposés catholiques et protestants, appelés aussi huguenots. Henri IV luttait contre les catholiques de la Ligue, mais en 1593, Henri abjure sa foi protestante et il est sacré roi en .

Samuel Champlain s'engage au printemps 1593 dans l'armée du roi, sous la direction des maréchaux d'Aumont, de Saint-Luc, puis de Brissac[note 2], à Blavet, dans le sud du duché de Bretagne. Champlain intègre alors le Service des Logis de l'armée royale de Bretagne, véritable école de cartographie[12]. Cette armée levée par Henri IV vise à soumettre le duc de Mercœur, gouverneur sécessionniste de Bretagne et baillistre de la maison de Penthièvre. Il s'agit d'un épisode central de la huitième guerre de religion (1585–1598), au cours duquel le duc de Mercœur, dans le souci d'arracher la Bretagne catholique au « roi hérétique », offre refuge aux dernières troupes rebelles de la ligue catholique et organise le débarquement d'un corps expéditionnaire espagnol.

« La Rochelle étant le centre du parti huguenot, les ligueurs ne tardèrent pas à y porter leurs armes, et nous avons vu que, dès 1577, ils vinrent mettre le siège devant Brouage, sous la conduite du duc de Mayenne. Champlain nous dit qu'il « était employé en l'armée du roi sous messieurs le maréchal d'Aumont, de Saint-Luc, et maréchal de Brissac, en qualité de maréchal des logis de la dite armée durant quelques années ». [...] Mais, en 1586, alors que François d'Epinay de Saint-Luc défendait Brouage attaquée par Henri de Navarre et le prince de Condé, il est assez probable que Champlain avait déjà quitté le foyer paternel pour défendre sa ville natale contre les envahisseurs huguenots. Il pouvait avoir alors vingt ans. Après la mort de Henri III, tombé sous le poignard d'un assassin, les ligueurs se soumirent les uns après les autres à l'autorité du roi de Navarre, devenu roi de France. Champlain continua à porter les armes, mais il dut subir l'autorité de ses chefs, devenus les ardents défenseurs de leur ancien adversaire[13]. »

En , Henri IV signe l’édit de Nantes, reconnaissant aux protestants la liberté de conscience. Samuel Champlain aura servi dans ce corps d'armée pendant trois ans, jusqu'à la paix de Vervins (). Il s'y taille une bonne réputation auprès de ses supérieurs hiérarchiques. D'abord fourrier, « aide » de Jean Hardy (qui est le maréchal des logis), puis « enseigne » du sieur de Millaubourg, il finit par obtenir le grade de maréchal des logis[note 3]. D'ailleurs, il recevra du roi dès 1603 une rente viagère qui, en 1618, sera augmentée à 600 livres par an[coll 1],[coll 2],[note 4].

Espion en Amérique ( - )

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Après la paix de Vervins signée par la France et l'Espagne le 2 mai 1598, Champlain accompagne son oncle Guillaume Allène, dit le capitaine provençal, qui est chargé de rapatrier les troupes espagnoles cantonnées à Blavet. Ils arrivent à Cadix à bord du Saint-Julien le 14 septembre 1598 et leur navire est vite réquisitionné par le gouvernement espagnol pour rejoindre la flotte envoyée dans l'Amérique ibérique afin d'en ramener de l'or et de l'argent. Allène devant rester en Espagne, Champlain devient le « maître ordinaire » du Saint-Julien, c'est-à-dire celui qui est chargé de diriger l'équipage français, sous les ordres du capitaine espagnol du bateau[14].

Ce voyage fut très formateur : « Son traité sur la navigation publié en 1632, le « Traitté de la marine »[15], souligne également un apprentissage par observation de la pratique plutôt qu'académique. Il montre peu de connaissances des principes mathématiques de la navigation et de topométrie, mais il utilise les procédures élémentaires de navigation et d'arpentage. Comme il ne cite que des textes espagnols et n'utilise que la lieue marine espagnole, c'est probablement à bord du vaisseau de son oncle qu'il accumula ses connaissances en navigation et cartographie[16]. »

À son retour en France, il présente ses observations compilées dans le « Brief Discours » à la cour du roi. Il ne reprend pas un carnet de voyage, fait d'un journal tenu au jour le jour et de cartes crayonnées sur le terrain, car un tel document aurait pu être facilement découvert par ses compagnons espagnols et il aurait alors couru le risque d'une arrestation pour espionnage. Il se contente de ses souvenirs, plus ou moins précis, qu'il complète avec des informations recueillies lors de conversations, de lectures et de visites de cabinets de curiosités. La confrontation du Brief Discours avec les archives espagnoles permet de douter que Champlain ait visité en personne tous les lieux décrits, en particulier l'île de la Marguerite, Mexico et l'isthme de Panama[17].

Analyse des mœurs des « Indiens » et du traitement qu'ils subissent

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Le récit de Champlain est non seulement géographique, mais il couvre aussi la flore, la faune et l'ethnologie. Vers 1600, les Espagnols et Portugais dominent l’Amérique du Sud avec une population de 160 000 habitants pour environ cinq millions d’« Indiens ». Il décrit ainsi les mœurs des « Indiens » :

Champlain décrit les mœurs des « Indiens ». Il illustre ici l'invocation de la Lune.

« Après avoir chanté et dansé, ils se mettent le visage en terre, et tous ensemble ils commencent à crier et pleurer en disant : O puissante et claire lune, fait que nous puissions vaincre nos ennemis, que puissions les manger, à celle fin que ne tombions entre leurs mains. »

— Champlain (français modernisé)

Il dénonce aussi les mauvais traitements infligés par les Espagnols.

Champlain ressent de la pitié pour les « Indiens » châtiés cruellement par le feu durant l'Inquisition espagnole.

« Quant aux autres Indiens qui sont sous la domination du Roi d'Espagne, s'il n'y donnait ordre, ils seraient en aussi barbare croyance comme les autres. Au commencement de ses conquêtes, il avait établi l'inquisition entre eux, et les rendait esclaves ou faisait cruellement mourir en si grand nombre, que le récit seulement en fait pitié. Ce mauvais traitement était cause que les pauvres Indiens, pour l'appréhension de celui-ci, s'enfuyaient aux montagnes comme désespérés, et d'autant d’Espagnols qu'ils attrapaient, ils les mangeaient ; et pour cette occasion les dits Espagnols furent contraints leur ôter la dite inquisition, et leur donner liberté de leur personne, leur donnant une règle de vivre plus douce et tolérable, pour les faire venir à la connaissance de Dieu et la croyance de la sainte Église : car s'ils les voulaient encor châtier selon la rigueur de la dite inquisition, ils les feraient tous mourir par le feu. »

— Champlain (français modernisé)

Champlain illustre la bastonnade des « Indiens » qui ne se présentent pas au service divin.

« L'ordre dont ils usent maintenant est qu'en chaque maison qui sont comme villages, il y a un prêtre qui les instruit ordinairement, ayant le prêtre un registre de noms et surnoms de tous les Indiens qui habitent au village sous sa charge. Il y a aussi un Indien qui est comme procureur du village, qui a un autre pareil registre, et le dimanche, quand le prêtre veut dire la messe, tous les dits Indiens sont tenus se présenter pour l'entendre, et avant que le prêtre la commence, il prend son registre, et les appelle tous par leur nom et surnom, et si quelqu'un fait défaut, il est marqué sur le dit registre; puis la messe dite, le prêtre donne charge à l'Indien qui sert de procureur de s'informer particulièrement où sont les défaillants, et qui les fasse réunir à l'église, où étant devant le dit prêtre, il leur demande l'occasion pour lequel ils ne sont pas venus au service divin, dont ils allèguent quelques excuses s'ils peuvent en trouver, et si elles ne sont trouvées véritables ou raisonnables, le dit prêtre commande au dit procureur Indien qui ait à donner hors l’église, devant tout le peuple, trente ou quarante coups de bâton aux défaillants. Voila l'ordre que l'on tient à les maintenir en la religion, en laquelle ils vivent partie pour crainte d'être battus : il est bien vrai que s'ils ont quelque juste occasion qui les empêche de venir à la messe, ils sont excusés. »

— Champlain (français modernisé)

Pêcherie de perles, île Margarita. Champlain observe l'exploitation des esclaves amérindiens et africains, contraints par la force à plonger.

Analyste à la Cour d'Henri IV (1601-1603)

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A partir du printemps 1601, à Cadix, Champlain veille sur son oncle Allène gravement malade. Le 26 juin, celui-ci lui lègue ses biens et meurt peu de de temps après. Champlain rentre dès lors en France. Par l'entreprise du chevalier René Rivery de Potonville, sous les ordres duquel il a servi en Bretagne, il entre en relation avec un autre membre de l'ordre de Malte, Aymar de Chaste, gouverneur de Dieppe. Celui-ci apprécie grandement le Brief Discours, dont il fait réaliser une superbe copie par un atelier d'enluminure dieppois, et présente Champlain au roi Henri IV qui le retient à la Cour, à partir du début de 1602, et lui verse une pension[18].

Champlain est chargé de collecter des informations[19] devant permettre la conquête par la France de l'empire du Guyana, au nord de l'Amérique du Sud, qui abriterait l'immense trésor du dernier empereur inca, Manco Capac, dont la capitale, Manoa, regorgerait d'or, d'argent et pierreries, et où il serait possible d'accéder en passant par un bras de l'Orénoque. A partir de février 1603, il aide aussi Aymar de Chaste, nouveau lieutenant général en Nouvelle-France, à élaborer un plan de colonisation de l'Amérique du Nord-Est. Il prévoit la création d'un établissement français dans la baie de Chesapeake, à l'entrée du détroit de Long Island, dans la baie de Saco ou à l'embouchure de la rivière Penobscot, et l'envoi à partir de là de soldats français pour s'emparer de Manoa[20].

Le roi Henri IV ne pouvant pas financer ce vaste projet, Aymar de Chaste se laisse convaincre par François Gravé, un marchand malouin installé à Honfleur, de privilégier plutôt la vallée du Saint-Laurent, que celui-ci fréquente depuis la fin des années 1570 et qu'il sait riche en fourrures. Il le charge d'y mener une expédition, afin d'en explorer toutes les possibilités, et propose à Champlain d'en faire partie. Celui-ci accepte, mais demande auparavant l'autorisation d'Henri IV, qui lui accorde à condition de lui faire un « fidèle rapport » à son retour[21].

Champlain obtient la protection du roi, mais il ne porte pas de titre officiel. Lescarbot qualifie Champlain de "Géographe du Roy" dans l'édition de 1611-1612 de ses Muses de la Nouvelle-France[22]. Marcel Trudel écrit : « Nulle part Champlain ne porte ce titre et personne d’autre que Lescarbot ne le lui donne ; rien n’établit que Champlain, tout en agissant en géographe, ait occupé le poste officiel de géographe du roi[Trudel 1]. »

1er voyage au Canada, sur le fleuve Saint-Laurent ()

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Son premier voyage vers l'Amérique du Nord commence en , sous mandat d'Aymar de Chaste, gouverneur de Dieppe et alors titulaire du monopole commercial de la Nouvelle-France. François Gravé (dit Sieur du Pont ou Pont-Gravé, Gravé-Dupont, le Pont), marchand et navigateur, était chef d'une expédition de traite de fourrures au Canada[23] parmi laquelle embarquent : deux « sauvages » que Pont-Gravé avait amenés lors d'un précédent voyage ; Pierre Chauvin de La Pierre, parent de feu Pierre de Chauvin de Tonnetuit ; et Samuel Champlain, qui était inconnu jusque-là. François Gravé est un explorateur expérimenté de ces régions, et chaque été depuis peut-être 20 ans[2], il remonte le fleuve Saint-Laurent en barque[note 5],[24] jusqu'aux Trois-Rivières.

Samuel Champlain, observateur

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« Il s'embarque, non à titre de lieutenant ainsi qu'on l'a déjà écrit, mais en simple observateur comme l'était de Monts en 1600. Selon sa propre déclaration, il avait été invité par Aymar de Chaste à « voir ce pays, & ce que les entrepreneurs y feraient » ; de Chaste obtint pour Champlain la permission nécessaire, et Pont-Gravé reçut l'ordre de le « recevoir en son vaisseau et de lui faire voir et reconnaître tout ce qui se pourrait en ces lieux[25]. » Recommandé par de Chaste auprès de François Gravé, et désireux de se faire valoir auprès d'Henri IV, Champlain promet au roi de lui faire un rapport détaillé de cette expédition. Aymar de Chaste ne recevra jamais de compte-rendu car il mourra durant l'expédition.

Le , Champlain quitte Honfleur (en Normandie), à bord de La Bonne Renommée. La Françoise et un autre navire font aussi partie de la flotte.

À Tadoussac et La Grande Alliance

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Champlain qui échange avec les Indiens, par C. W. Jefferys.

Le , la flotte s'ancre à Tadoussac pour la traite des fourrures. Le , Champlain et François Gravé traversent en barque l'embouchure du Saguenay, et descendent à la Pointe-aux-Alouettes[26].

Ils rendent ainsi visite au chef montagnais Anadabijou, qui campe aux environs. Ce dernier les accueille au milieu d'une centaine de guerriers fêtant leur victoire lors d'une « tabagie », c'est-à-dire un grand festin. Un conseil se réunit, et l'un des leurs, qui revient de France, parle amplement du pays qu'il a visité, et raconte l'entrevue qu'il a eue avec Henri IV. Il explique ainsi que le roi des Français leur veut du bien et désire peupler leur terre. Champlain et Gravé participent au rituel du calumet de paix, et aspirent de grandes bouffées de fumée de tabac. Cette première entente marque toute la politique indienne française du siècle suivant, et notamment la participation des Français aux guerres contre les Iroquois, alors ennemis des Montagnais et des autres nations fréquentant le fleuve. Champlain observe et décrit cette tabagie ainsi que les mœurs et croyances de ses hôtes. Il tente de leur inculquer des rudiments des principes chrétiens. Le , des délégations des peuples indiens Algonquins et des Wolastoqiyik (Malécites, Etchemins, nations alliées des montagnais) rencontrent à leur tour Champlain et Gravé Du Pont à Tadoussac, face à la Pointe Saint-Mathieu, lors de cérémonies présidées par le chef algonquin Tessouat. Le , Champlain remonte le Saguenay sur 12 ou 15 lieues. Puis, les Français quittent les lieux le , et remontent le fleuve Saint-Laurent.

Sur les traces de Jacques Cartier afin de cartographier le Saint-Laurent

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L'expédition à laquelle participe Champlain suit les traces de Jacques Cartier. Ils souhaitent rejoindre le lieu que Champlain désigne comme le « Grand Sault saint Louis »[note 6], que Jacques Cartier appelait Ochelaga et qu'il n'avait pas réussi à franchir (le )[Laverdière 1]. Champlain décrit des courants puissants qui rendent difficile la navigation de leurs canots[Laverdière 2], et les obligent à terminer leur parcours par voie de terre[Laverdière 3]. Trop pressé d'atteindre ce « grand sault », qu'il espère franchir, Champlain remarque à peine les deux endroits stratégiques où plus tard il établira des postes de traite et de colonisation : Québec et Trois-Rivières.

Champlain n'a pas d'autre assignation officielle pour ce voyage que d'esquisser avec une grande précision une carte de « la Grande Rivière de Canadas », de son embouchure jusqu'au « Grand Sault Saint-Louis ». À partir du , il explore le fleuve avec François Gravé : ils nomment des lieux et remontent la « rivière des Yroquois » jusqu’aux rapides de Saint-Ours et, le , font demi-tour devant le « Sault Saint-Louis » (rapides de Lachine). Ils ont terminé l'exploration de la grande rivière de Canada le .

Le , sur la rive sud du fleuve, il confère avec le chef Armouchidès et les siens qui se rendaient aux échanges avec « les Sauvages » à Tadoussac.

Le , pour s’approvisionner et pour chercher des mines, il entre dans la baie de Gaspé, où descend une rivière. Ensuite il passe par Percé et la Baie-aux-Morues, à l'île de Bonaventure. Dans la baie, il rencontre les Micmacs, qui le renseignent sur le Lac Matapédia, sur Miramichi, le détroit (de Canseau), de l'île Saint-Jean et le Cap-Breton, la baie Française (Fundy), sur l'Acadie à l'Ouest, d'où ils remontent la rivière Saint-Jean pour aller faire la guerre aux Iroquois. Champlain note leurs descriptions de terres fertiles en Acadie, où il espère trouver le passage vers la Chine.

De nouveau à Tadoussac, puis retour avec des Amérindiens

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Partant de Percé le , la barque passe devant le cap L'Evêque (Pointe-à-la-Renommée), puis traverse une tempête de deux jours jusqu'au golfe et mouille l'ancre à rivière Sainte-Marguerite. Le l'expédition atteint Tadoussac, où il y a une grande tabagie sous la direction du chef Begourat. Ils reconnurent les « sauvages » de la rivière des Iroquois. Champlain et Gravé furent reçus avec hospitalité parmi ces festivités, qui annonçaient le départ pour une nouvelle guerre. Avant le départ, un des Sagamo des Montagnais nommé Begourat, fort recommandé par Anadabijou, confie son fils à François Gravé[27]. Champlain leur demanda une Iroquoise que les sauvages voulaient manger ; celle-ci sera de la traversée.

Le , Champlain part de Tadoussac. Le , il arrive à Percé, où il croise le sieur Jean Sarcel, seigneur de Prévert, « qui venait de la mine où il avait été avec beaucoup de peine, pour la crainte que les Sauvages de leurs ennemis Armouchiquois, hommes monstrueux de la forme qu'ils ont »[28]. Le sieur de Prévert a aussi amené « quatre sauuages : vn homme qui est de la coste d'Arcadie, vne femme & deux enfans des Canadiens ».

« Des Sauvages... », compte-rendu de l'expédition

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À son retour en France le , il fait son rapport au roi et publie un compte-rendu de l'expédition, intitulé Des Sauvages, ou Voyage de Samuel Champlain, de Brouage, fait en la France nouvelle, l’an mil six cens trois[29]. Il relate son séjour dans un campement estival de Montagnais à Tadoussac, puis de son parcours sur les traces de Jacques Cartier)[Laverdière 4], avec dessins et cartes, dont la légende micmaque de la Gougou. Notons l'absence de la particule « de » devant son nom[30]. Le but de ce livre est de faire le compte-rendu de la tabagie de la pointe Saint-Mathieu permettant de sceller l’alliance avec les Amérindiens. Son objectif était également d’éveiller l’intérêt du public pour l’Amérique du Nord-Est et de trouver de nouveaux investisseurs. Les caisses de l’État, vidées par les guerres de religion, le rôle du roi sera d’accorder un monopole de la traite des fourrures[31]. Michel Bideaux a souligné le caractère insolite du titre, qui « ignore le pays autant que ses visiteurs, et préfère mettre en relief la figure de l'indigène »[32].

2e voyage. Fondation d'une colonie à l'île Sainte-Croix et déménagement à Port-Royal (-)

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Le , le roi Henri IV accorde une commission à Pierre Dugua, sieur de Mons, pour fonder un établissement en Acadie, en tant que « lieutenant général en Amérique septentrionale ». La recherche de métaux précieux de cuivre et d’argent était la raison principale du choix de l’Acadie. À l’automne 1603, Champlain était de retour en France et le malouin Jean Sarcel de Prévert lui mentionne que l’on a trouvé des mines en Acadie, ce qui pourrait corroborer les observations faites par l’explorateur Verrazano. Henri IV et son entourage s’intéressent à l’expansion française en Amérique. Il y a d’abord Charles de Montmorency, amiral de France, Pierre Dugua de Mons, gentilhomme de la Chambre du roi et vice-amiral, Samuel de Champlain, François Gravé et Pierre de Beringhen, valet de chambre du roi et contrôleur des mines de France. À la suggestion de François Gravé et de Samuel de Champlain, Charles de Montmorency et Pierre de Beringhen font des pressions sur Henri IV pour une implantation en Acadie[33]. La recherche de métaux précieux permettait d’accroître la puissance de l’État et donc la gloire du roi. On s’inscrivait dans une démarche mercantiliste en suivant l’exemple des Espagnols et de Jacques Cartier. Malheureusement les gisements des mines de cuivre et d’argent se sont révélés assez décevants. En , le roi autorise Champlain à participer à cette autre expédition et il devra faire rapport de ses découvertes. Menée par Pierre Dugua de Mons, cette expédition (sans femme ni enfant) est toujours pilotée par François Gravé sieur Dupont. Appareillant du Havre-de-Grâce le , l'expédition compte deux navires, la Bonne Renommée et le Don de Dieu. Gravé Du Pont traverse sur la Bonne Renommée, alors que Pierre Dugua de Mons, Jean de Biencourt, seigneur de Poutrincourt, le sieur d’Orville et Champlain traversent sur le Don de Dieu.

L'Île Sainte-Croix

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Plan de l'île Sainte-Croix, premier site de colonisation en Nouvelle-France.

Au début de , ils accostent à Port-au-Mouton. Du au , il cherche un site temporaire, naviguant en barque le long des côtes, avec dix hommes. Il passe le cap de Sable, entre dans la baie Sainte-Marie, explore la baie Française, nomme Port-Royal et explore l’embouchure du fleuve Saint-Jean. Le , le choix se fixe sur l’île Sainte-Croix, pour une installation au départ temporaire. Champlain contribue à instaurer l'habitation sur cette île. On y construit des bâtiments avec des matériaux apportés de France, dont un logis en commun pour Champlain, M. d’Orville et Pierre Angibault dit Champdoré (Chandore), capitaine de l'expédition.

Le , Pierre Dugua de Mons attribue une concession à Poutrincourt dans la baie de Port-Royal (en). En , avec de Mons, ils explorent la région pour trouver des mines et surtout un site d'habitation durable. Ils entrent dans la rivière Penobscot puis dans la rivière Kennebec et longent les côtes sur plus de 200 kilomètres, que Champlain décrira avec précision.

Cet hiver de à est terrible : le scorbut fauche 35 ou 36 Français sur les 79 habitants de l’île, où la glace de la rivière les tient isolés des ressources riveraines. Le , Gravé Du Pont arrive avec une quarantaine d’hommes, des vivres et du matériel. Du au , de Mons et Champlain cherchent un endroit plus hospitalier. Partant de la rivière Kennebec, ils explorent au sud, visitent la baie des Sept-Îles (Casco Bay), la baie de Chouacouët (Saco Bay) (en), Cap-aux-Îles (Cape Ann), la baie des Îles (baie de Boston), le port Saint-Louis (baie de Plymouth) (en), le cap Blanc (Cap Cod) et Mallebarre (Nauset Harbour). Ils reviennent à Sainte-Croix le . Champlain trace une cartographie très précise de ce voyage[coll 1].

« abitasion du port royal », par Champlain, 1613

Le , le groupe transporte la colonie à Port Royal pour y construire l'Habitation. Les bâtiments de Sainte-Croix sont démontés puis remontés. De Mons désigne ses remplaçants : les sieurs d’Orville puis Gravé Du Pont (mais pas Champlain). À Port-Royal, le rôle de Champlain n'est toujours que celui du simple observateur.

À Port-Royal, Champlain a un cabinet de travail et il prend « un singulier plaisir » au jardinage. Il construit aussi une écluse pour l’élevage de truites. Avant l'hiver, il cherche encore des mines, sans succès. Durant l'hiver, 12 des 45 membres de l'expédition meurent du scorbut. En , de nouveaux colons s’embarquent sur le Jonas pour l’Acadie, sans femmes, car on craint la rigueur de l’hiver. Le Jonas arrive le [coll 1].

Altercation à Port Fortuné. « A Le lieu ou eſtoiet les François ſaiſans le pain. B Les ſauuages ſurprenans les François en tirant ſur eux à coups de fleſches. C François bruſlez par les ſauuages. D François s’enfuians à la barque tout lardés de fleſches. E Trouppes de ſauuages faiſans bruſler les François qu’ils auoient tué. F Montaigne ſur le port. G Cabannes des ſauuages. H François à terre chargeans les ſauuages. I Sauuages desfaicts par les François. L Chalouppe où eſtoient les François. M Sauuages autour de la chalouppe qui furent ſurpris par nos gens. N Barque du ſieur de Poitrincourt. O Le port. P Petit ruiſeau. Q François tombez morts dans l’eau penſans ſe ſauuer à la barque. R Ruiſeau venant de certins mareſcages. »

Parmi ces passagers, arrivent le nouveau commandant de la colonie (en remplacement de Gravé Du Pont) Jean de Biencourt de Poutrincourt, son cousin germain Louis Hébert et l'avocat Marc Lescarbot[34]. Le , le Jonas retourne en France avec François Gravé Du Pont et une cinquantaine de colons. Champlain jardine avec l'épicier et apothicaire parisien Louis Hébert.

À l'automne , sur plus de deux mois, Champlain et Jean de Poutrincourt cherchent du sud de l’Acadie jusqu’à Cap Blanc (Cap Cod) un autre lieu où ils pourraient s'installer de façon permanente. Au port Fortuné (Chatham, Cap Cod), il plante des croix et fait une tentative d'établissement. Une altercation avec la tribu des Nausets (en) se solde par la mort de quatre Français. Les membres de l'expédition remarquent de belles baies, nomment plusieurs lieux, dont la rivière Champlain (rivière Mashpee (en)), mais la présence des Anglais dans les parages et l'hostilité des autochtones leur font renoncer à s'installer sur cette côte. Ils ne dépassent pas Martha's Vineyard (en).

Le , les explorateurs reviennent à Port-Royal ; la petite colonie les accueille tandis que Marc Lescarbot fait jouer le Théâtre de Neptune.

L'Ordre de Bon Temps, 1606, par C. W. Jefferys.

Champlain fonde à Port-Royal l'Ordre du Bon-Temps, pour que tous y passent « fort joyeusement » l'hiver. Les colons s'y acclimatent progressivement; cependant, le scorbut fait encore de quatre à sept victimes[coll 1].

Cette carte sur vélin de style portulan a été établie par Champlain lui-même en 1607, afin de la présenter au roi de France. La carte de Nouvelle-France établit la première délimitation approfondie de ce qui deviendra la Nouvelle-Angleterre et les côtes atlantiques du Canada, de Cap-Sable à Cap Blanc (Cap Cod). On y indique Port-Royal, la Baye Blanche (baie de Cap Cod), la Baye Françoise, les fleuves Saint-Jean, Sainte-Croix et Penobscot, ainsi que la baie de la rivière Kennebec et l'île des Monts Déserts.

Le , un jeune homme de St-Malo nommé Chevalier arrive avec le message que les privilèges de commerce de Pierre Dugua de Mons sont révoqués et ordre de rentrer en France. Il lui dit aussi « la naissance de Monseigneur le Duc d’Orleans, qui nous apporta de la réjouissance, et en fîmes les feux de joie, et chantâmes le Te Deum. » Champlain retourne au fond de la baie Française : ils sont sept hommes cherchant des mines de cuivre (Bassin des Mines ou Minas Basin) ; ils remarquent des pierres à chaux et des morceaux de cuivre. Au cap Poutrincourt (Cap Split), on découvre une croix couverte de mousse et toute pourrie. Ils y voient le signe évident du passage antérieur de chrétiens. Champlain cartographie le littoral de l’île du Cap-Breton jusqu’au cap Blanc[coll 1].

Le , Ralleau, secrétaire du sieur de Monts, arrive et confirme la nouvelle du messager Chevalier. Port-Royal est alors confié à la surveillance de leur ami le chef Membertou et le tous les habitants de Port-Royal retournent en France à bord du Jonas.

Durant ces années, Champlain dresse la carte de 1607[35] en explorant le littoral de l'Atlantique, de l'Île du Cap-Breton jusqu'au sud du « Cap Blanc » (aujourd'hui Cap Cod, dans le Massachusetts), en passant par la « Baye françoise » (baie de Fundy) lors de la recherche des endroits les plus faciles à défendre et les plus propices à y établir une colonie ; ces explorations bien documentées amèneront Lescarbot à lui attribuer le titre de « géographe du roi » :

« Le sieur Champlein, Geographe du Roy, experimenté en la marine, et qui se plait merveilleusement en ces entreprises, print la charge de conduire et gouverner cette premiere colonie envoyée à Kebec[36]. »

3e voyage. Fondation de Québec (-)

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L'arrivée de Champlain à Québec[note 5] selon George Agnew Reid, 1909.
L'arrivée de Champlain à Québec, par Henri Beau (1903)

Arrivé le à bord du Jonas, Champlain ne restera pas très longtemps en France. Le , le roi Henri IV prolonge pour une autre année le monopole de la traite des fourrures de Pierre Dugua de Mons. La concession de Port-Royal ayant déjà un seigneur en la personne de Jean de Poutrincourt, Champlain tourna ses projets sur la Grande Rivière de Canada (aujourd'hui, le fleuve Saint-Laurent)[28].

Le , sous le commandement de François Gravé Du Pont, le Lièvre prend le large au départ de Honfleur pour la traite à Tadoussac[coll 1]. Gravé est chargé de l'office de la traite des fourrures. Peu après, le , Champlain repart pour la Nouvelle-France à bord du Don de Dieu, comme lieutenant de l'expédition au Saint-Laurent. Pierre Dugua de Mons reste en France. Champlain a comme mandat de construire rapidement un poste de traite. Ses 28 hommes (il n'y a encore aucune femme) reçoivent pour mission de préparer l'établissement d'une colonie permanente en un lieu favorable le long du fleuve.

« Tadoussac, à l'époque, est le terminus de la navigation transatlantique, le port d'attache et de ralliement des vaisseaux d'Europe : car en amont du fleuve la navigation semble périlleuse. Ayant mouillé l'ancre, Dupont-Gravé se vit réduit, en vertu de son privilège royal, à engager la lutte contre le capitaine basque Darache, qui l'a devancé au trafic avec les indigènes. Mais Champlain, survenant le , ménage un prompt accommodement. Aussitôt il apprête deux barques pour transporter à Québec une partie du matériel d'installation. Dans l'intervalle de ce voyage, il remonte de nouveau le Saguenay et recueille des Sauvages de vagues informations relatives aux régions intérieures : lac Saint-Jean et ses tributaires, rivières et lacs septentrionaux, baie du Nord[28]. »

L'Habitation de Québec

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Champlain construisant son Habitation, par Charles William Jefferys, 1925.
Timbre-poste commémoratif, représentant l'Habitation de Québec, 1908.

Champlain, avec ses ouvriers, gagne en barque la « pointe de Québec » le , au pied du « Cap aux Diamants ». Champlain avait déjà repéré ce site près de l'eau. « L'Abitation de Quebecq » est une petite forteresse, un comptoir de traite et une maison. Champlain écrira plus tard : « Je cherchai lieu propre pour notre Abitation, mais je n'en pus trouver de plus commode, ni mieux situé que la pointe de Québec, ainsi appelée des Sauvages, laquelle était remplie de noyers et de vignes. Aussitôt, j'employai une partie de nos ouvriers à les abattre pour y faire notre Abitation. » Ils y érigent trois bâtiments principaux d'une hauteur de deux étages, entourés d'un fossé de 4,6 mètres de large et d'une palissade de pieux. Cette installation, dite Habitation de Québec, devient dès lors l'embryon de la première colonie française à se développer sur les bords du fleuve Saint-Laurent.

Tentative d’assassinat et premier procès d'Amérique du Nord

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Champlain fait pendre un des conspirateurs

En début , quelques jours après l'arrivée de Champlain à Québec, quelques-uns de ses ouvriers complotent pour l'assassiner et vendre l'Habitation à des contrebandiers basques ou espagnols qui font de la traite à Tadoussac. Le serrurier Jean Duval (ou Du Val) recruta quatre colons, et ils complotent l'assassinat de Champlain. Les conspirateurs prendraient le fort et le remettraient aux contrebandiers étrangers, qui promettent de très bien les rémunérer pour cette traîtrise, et de les emmener en Espagne.

Antoine Natel, serrurier, osa parler, malgré la menace de se faire poignarder par les autres. Il révéla au capitaine Testu les détails du complot. « Mon ami, lui dit-il, vous avez bien fait de découvrir un dessein si pernicieux et vous montrez que vous êtes homme de bien, et conduit du Saint-Esprit. Mais ces choses ne peuvent se passer sans que le sieur de Champlain le sache pour y remédier, et (je) vous promets de faire tant envers lui, qu'il vous pardonnera et à d'autres [...]. » Champlain surveillait les travaux de son jardin près de son habitation, lorsque son fidèle capitaine Testu lui demanda à l'entretenir en « lieu secret ». Testu avertit Champlain du danger, en échange du pardon de Natel. Champlain fait arrêter les traîtres. Ce sera le premier procès connu de l'histoire de l'Amérique du Nord[37]. L'instigateur du complot fut décapité et ses complices furent renvoyés en France au sieur de Mons, pour y être « condamnés d'être pendus ».

« Nous avisâmes que ce serait assez de faire mourir le dit du Val, comme le motif de l'entreprise, et aussi pour servir d'exemple à ceux qui restaient, de se comporter sagement à l'avenir en leur devoir, et afin que les Espagnols et Basques qui étaient en quantité au pays n'en fissent trophée: et les trois autres condamnés d'être pendus, et cependant les remmener en France entre les mains du sieur de Mons, pour leur être fait plus ample justice, selon qu'il aviserait, avec toutes les informations, et la sentence, tant du dit Jean du Val qui fut pendu et étranglé au dit Québec, et sa tête mise au bout d'une pique pour être plantée au lieu le plus éminent de notre fort et les autres trois renvoyés en France. »

— Champlain[Laverdière 5]

Décimés par le scorbut et la dysenterie

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Le premier hiver est pénible et meurtrier pour les 28 hommes restés sur place. La plupart décèdent du scorbut ou de dysenterie, et seuls huit des hivernants survivent[coll 1].

Au printemps

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Dès le printemps, Champlain prend soin d'établir de bonnes relations avec les Amérindiens des environs. Comme à Tadoussac, six ans auparavant, il renoue des alliances avec les Montagnais et les Algonquins, qui vivent au nord du Saint-Laurent, acquiesçant à leur demande persistante de les aider dans leur guerre contre leurs ennemis les Iroquois, semi-nomades eux aussi, vivant au sud-ouest du fleuve[note 7].

Le , du Pont-Gravé arrive de Tadoussac avec « deux petites barques pleines d'hommes ». Champlain explique aux « sauvages » que ces gens étaient pour les assister et qu'avec eux, ils iraient peut-être ensemble à la guerre.

Au lac Champlain, bataille des alliés contre les Iroquois

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Défaite des Iroquois au Lac de Champlain (1609), dans Voyages de Champlain, tome III, réimpression de 1632.

Champlain part le en voyage de découverte au pays des Iroquois. Il fait la rencontre d'environ deux à trois cents Hurons et Algonquins sur une île près de Batiscan qui se préparent à partir en guerre contre les Iroquois[38]. Curieux, ils iront visiter l'Habitation de Québec entre le 22 et le .

Le , Champlain repart avec neuf soldats français et les Hurons toujours dans l'idée d'explorer la rivière des Iroquois (Richelieu). En cours de route, il nommera certaines rivières comme la rivière Saint-Suzanne (rivière du Loup), la rivière Du Pont (Nicolet)) et la rivière de Gennes (Yamaska)[38].

N'ayant fait, jusque-là, aucune rencontre avec les Iroquois et ne pouvant continuer avec son embarcation en raison des rapides, la plus grande partie de la troupe rebrousse chemin, le laissant avec seulement deux Français à bord d'un canot amérindien et une soixantaine d'Algonquins, Hurons et Montagnais. Ils passent les rapides de Chambly et ils poursuivent en amont. Le , il découvre ce grand lac qu'il baptise de son propre nom (le lac Champlain)[coll 1].

Le , vers les 22 h 0[38], à l'emplacement du futur fort Carillon, un peu au sud de Crown Point (État de New York), Champlain et son équipe rencontrent un groupe d'Iroquois. Le lendemain, deux cents Iroquois avancent sur leur position. Un guide indigène désigne les trois chefs iroquois ; aussitôt Champlain tue deux d'entre eux d'un seul coup d'arquebuse[38], ce qui provoque la fuite de l'ensemble des Iroquois, et sème la panique.

Cet évènement entame une longue période de relations hostiles de la ligue ou confédération des Cinq-Nations iroquoises avec les colons français.

Champlain laisse le commandement de Québec à Pierre Chauvin. Le , il s'embarque à Tadoussac avec le capitaine Gravé Du Pont.

4e voyage au Canada ()

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Champlain regagne la France. Le , Le François[39] mouille l'ancre au Conquet en Basse-Bretagne, et le il débarque à Honfleur. Champlain présente son rapport à Pierre Dugua de Mons et au roi à Fontainebleau.

Champlain et De Mons vont ensuite à Rouen entretenir les Associés Collier et Legendre et « l'on décide de parachever les découvertes du Saint-Laurent ». De retour à la Cour, de Mons sollicite le renouvellement du monopole de la traite des fourrures, qui est refusé. Sur les réclamations pressantes des Bretons et des Basques, le surintendant des finances Sully refuse tout privilège[28]. Un arrêt royal, daté du , proclame que la liberté du trafic est accordée à tous les armateurs du royaume.

Champlain et De Mons parviennent à convaincre quelques marchands de Rouen de former avec eux une société. L'objectif est de convertir une partie de l'habitation de Québec en un entrepôt à leur usage exclusif, en vertu de quoi ces marchands promettent de soutenir la colonie.

Champlain retourne à Québec avec onze artisans, ce qui porterait le nombre d'habitants à vingt-six. Il embarque d’ Honfleur le . La tempête contraignit le vaisseau à faire escale à Portland puis à l'Île de Wight. Pendant ce retard forcé, Champlain fut frappé d’une maladie assez sérieuse, l’obligeant à se faire ramener en bateau jusqu’au Havre pour des soins. Alors que Champlain est encore affaibli, il quitte Honfleur une deuxième fois. La Loyale, commandée par Gravé Du Pont, fait la traversée jusqu'à Tadoussac du au  : c'est une des plus courtes rapportées par les annales de l'époque[40].

Champlain, avec cinq français (à gauche) et ses alliés indiens, attaque un fort iroquois à l'embouchure de la rivière Richelieu, en juin 1610. A Le fort des Iroquois. B Iroquois se jetant en la rivière pour se sauver poursuivis par les Montagnais et Algoumequins se jetant après eux pour les tuer. D Le sieur de Champlain et 5 des siens. E Tous nos sauvages amis. F Le sieur des Prairies de Saint-Malo avec les compagnons. G Chaloupe du dit sieur des Prairies. H Grands arbres coupés pour ruiner le fort des Iroquois.

Les Indiens espéraient le retour des Français ; Champlain leur rappelle leur projet commun de l’accompagner jusqu’à une mer si grande, qu’ils n’en voient point la fin (la Baie d'Hudson), puis de revenir par le Saguenay à Tadoussac. Ils lui promirent de le guider dans ce voyage l’année suivante. Champlain leur promit en retour qu’il les assisterait dans leur guerre contre les Iroquois. Après deux jours à Tadoussac, Champlain se rend à Québec[40].

Du au , il y eut un second assaut au pays des Iroquois, à l'embouchure de la « rivière aux Iroquois » (Richelieu). Champlain reçoit une flèche qui lui perce le lobe de l'oreille et le blesse au cou. Cet engagement fait 3 morts et 50 blessés.

Étienne Brûlé, un jeune Français, est confié au chef allié Iroquet, afin qu'il s’initie à la langue et aux mœurs des Algonquins. Étienne Brûlė hivernera dans la Huronie.

Assassinat d’Henri IV et arrestation de Ravaillac, tableau de 1859.

À nouveau victorieux, il regagne Québec pour constater que la traite des fourrures fut désastreuse pour les marchands qui le soutiennent, et pour apprendre la nouvelle de l'assassinat d'Henri IV. Le premier fils du roi, le dauphin Louis lui succède, sous la tutelle de Marie de Médicis, sa mère.

Laissant 16 hommes à Québec sous les ordres de Jean de Godet Du Parc, il ramène entre autres le Huron Savignon et rentre en France par Honfleur le .

Mariage de Champlain ()

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Au cours de son séjour à Paris, le , il signe un contrat de mariage avec une jeune fille de 10 ans[41], nommée Hélène Boullé. Le contrat accorde une dot de 6 000 livres[42], dont 4 500 livres que Champlain touche la veille du mariage qui fut célébré le .

Il organise un nouveau voyage vers le Canada pour l'été.

5e voyage au Canada. Île du Mont Royal, Place Royale ()

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Le , il part pour la Nouvelle-France.

Retour à Québec et montée à Montréal

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Sous le commandement de François Dupont-Gravé, la traversée dure 74 jours, à cause des glaces ou banquises. « C'était, écrit-il, des bancs de glace de 30 à 40 brasses de haut ; dans la nuit, dans la brume si obscure que l'on voyait à peine la longueur du vaisseau. » Le , il croise le vaisseau du sieur de Biencourt dans les parages du Cap-Breton. Le , « nous fûmes à Tadoussac, où l'on tire du canon pour avertir les Sauvages. » Vers le 19 ou , Champlain arrive au poste de Québec pour y trouver la garnison en parfait état[28].

L’un des mandats que Samuel de Champlain s'est fixé est celui de trouver, sur l'île du Mont Royal, soit du côté de la rivière des Prairies soit près du Sault Saint-Louis, le site le plus propice à l'établissement d’une future colonie. Il descend à un endroit qu'il nomme Place Royale (aujourd'hui Pointe-à-Callières), sur le ruisseau Saint-Pierre[28].

En l'honneur de sa jeune épouse, il nomme « île Sainte-Hélène » une grande île qui se trouve au pied du « Grand Sault Saint-Louis », qui est encore le nom de cette île sur lequel s'appuie depuis le XXe siècle le pont Jacques-Cartier.

Grand Sault St.-Louis

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Grand Saut Saint Louis ou rapides de Lachine, carte de 1611.

Durant l'été, il se rend à Montréal, au pied du Grand Sault (dans le secteur de l'actuelle Place-Royale), où il fait défricher un peu la terre et construire un muret pour voir s'il résistera aux hivers et aux crues printanières.

« Ce même jour je partis de Québec, et arrivai au dit grand saut le vingt-huitième de mai, où je ne trouvai aucun des sauvages … après avoir visité d'un côté et d'autre, tant dans les bois que le long du rivage, pour trouver un lieu propre pour la situation d'une habitation, et y préparer une place pour bâtir, je fis quelque huit lieues par terre côtoyant le grand saut par des bois qui sont assez clairs, et fus jusqu'à un lac où notre sauvage me mena ; où je considérai fort particulièrement le pays[43] »

« Mais en tout ce que je vis, je n'en trouvai point de lieu plus propice qu’un petit endroit, qui est jusqu'où les barques et chaloupes peuvent monter aisément, […] avons nommé la Place royale, à une lieue du Mont Royal[44],[note 8] »

« Puis, il ensemence deux jardins. « où tout pousse à souhait ». Mais les Algonquins n'ont point paru encore. Savignon part en éclaireur jusqu'au lac de Soissons (des Deux-Montagnes) - le , tandis que Champlain va reconnaître deux rivières tributaires du fleuve - rivières Saint-Lambert et de Montréal - « par où on atteint la Rivière-des-Iroquois ». Le , Louis, « jeune homme qui était au sieur de Monts, fort amateur de la chasse, prie Savignon, de retour, de le conduire au Saut, où l'île a quantité de hérons ; un sauvage Montagnais, Outetoucos, les accompagne. Ils prirent quantité de héronneaux et se rembarquèrent. Le canot était trop chargé. Ils se laissèrent dériver dans le courant. Mais la vitesse de l'eau les maîtrisait, et le canot chavira. Louis ne savait point nager ; il lâcha le canot, et ils ne le revirent plus. Le Montagnais fatigué se noya aussi. Je vis ce cours d'eau, le lendemain, et les cheveux me dressèrent à la tête ». En mémoire du serviteur Louis, on nomma le Saut Saint-Louis et du même nom le lac qui est au-dessus. Le , 200 Hurons se présentent[note 9]; le , 300 Algonquins, avec Marsolet « en costume sauvage, ayant bien appris leur langue ». Champlain se voit gratifier de 200 peaux de castor, de divers colliers et autres présents, gages du rendez-vous au printemps suivant[28]. »

— Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.

Afin d'augmenter son prestige auprès des Indiens, il accepte de descendre avec eux en canot d'écorce le Sault Saint-Louis : un exploit réalisé avant lui par un seul autre Européen, Étienne Brûlé. « La troque finie, le 18 juillet, les Hurons -Algonquins emmènent Étienne Brûlé et Nicolas Du Vigneau comme élèves interprètes[28]. » Il visite divers lieux du côté nord de l'île, le long de la rivière des Prairies, puis décide de traverser l’île, large de quelque 8 lieues (26 kilomètres), pour aboutir à l'embouchure d'une petite rivière[note 10], se déversant au pied du Sault Saint-Louis.

Retour par Québec

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Le , il est de retour à Québec. « Il répare l’habitation, plante des rosiers et repart pour la France peu après[coll 1]. » Il laisse derrière lui une quinzaine de colons à Québec, qui hiverneront en 1611-1612[coll 1].

En France (-)

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Carte géographique de la Nouvelle-France, dressée par Samuel Champlain, David Pelletier cartographe (Paris, 1612). Première carte de Champlain publiée :CARTE GEOGRAPHIQVE DE LA NOVVELLE FRANSE FAICTE PAR LE SIEVR DE CHAMPLAIN SAINT TONGOIS CAPPITAINE ORDINAIRE POUR LE ROY EN LA MARINE, faict len 1612. La carte intègre les explorations et la cartographie de Champlain jusqu'en 1611. L'écart angulaire entre le méridien oblique et la fleur de lys indique que la carte est orientée vers le pôle magnétique pour les compas non corrigés. La carte incorpore le tableau de 1607 et probablement les cartes perdues du Saint-Laurent (1603) et de la côte ouest de La Hève à Canso (Canseau) (1607)[16].

Il retourne en France pour assurer l'avenir de son projet et le , il arrive à La Rochelle. Les associés de Pierre Dugua de Mons ne parviennent pas à obtenir un monopole : ils se retirent de l’entreprise de Québec (ville)[coll 1].

Ayant perdu le soutien des marchands, il écrit des rapports et dessine une carte et demande conseil au Président Jeannin, lequel désirait la poursuite de l’exploration vers le passage du Nord-Ouest. Il suggère à Champlain de se « jeter entre les bras de quelque Grand. ». Champlain vante les possibilités de la Nouvelle-France à Charles de Bourbon, comte de Soisson et ce dernier est intéressé[45]. Le , Louis XIII accorde pour 12 ans à son cousin Charles de Bourbon, comte de Soissons le monopole de la traite des fourrures dans le Saint-Laurent[coll 1]. Le , Louis XIII nomme Charles de Bourbon-Soissons Vice-roi de la Nouvelle-France.

Le , Champlain reçoit le titre de lieutenant, avec le pouvoir d'exercer le commandement au nom du Vice-roi, pour nommer capitaines et lieutenants, de mandater des officiers pour l'administration de la justice et la maintenance de l'autorité policière, des règlements et ordonnances, de faire des traités, d'effectuer des guerres avec les indigènes et de retenir les marchands qui ne font pas partie de la société. Ses fonctions incluent la tâche de trouver la voie la plus courte vers la Chine et les Indes, et les moyens de découvrir et d'exploiter des mines de métaux précieux[coll 1].

Peu de temps après, le , le comte de Soissons, Vice-roi au pays de la Nouvelle-France et protecteur de Champlain, meurt.

Le , le prince de Condé devient Vice-roi de la Nouvelle-France, et il confirme Champlain dans ses fonctions.

Le , Champlain publie un compte-rendu des événements survenus entre 1604 et 1612, intitulé « Voyages du sieur de[46] Champlain Xaintongeois, de 1604 à 1612, avec privilège du roi[47] »[coll 1]. L’ouvrage contient également une carte géographique de la Nouvelle France.

6e voyage

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Parti du port de Honfleur le , sur le navire de Gravé Du Pont, il arrive de nouveau en Nouvelle-France à Tadoussac le et fait proclamer son nouveau mandat[coll 1].

Plusieurs indigènes furent dégoûtés par les tactiques des marchands non accrédités. La traite des fourrures, une fois de plus, rapporte peu de bénéfices.

Champlain part le à partir du sault Saint-Louis pour continuer son exploration de la contrée des Hurons et espère atteindre la « mer du nord » (la baie d'Hudson). Avec un guide indien et quatre Français, dont Nicolas de Vignau, Champlain navigue sur la rivière des Outaouais, qu'il décrit en primeur; par cette rivière et d’autres voies d’eau et portages, ils se rendent au lac aux Allumettes. C'est en juin qu'il retrouve Tessouat, le chef des Algonquins de L'Isle-aux-Allumettes, qu'il avait connu à Tadoussac en 1603; il offre de leur construire un fort s'ils acceptent de quitter leur sol pauvre et migrer au Saut Saint-Louis.

Champlain plante une croix aux armes de la France sur l'île aux Allumettes; ce qui fait dire à l'historien Marcel Trudel, que dorénavant, « la route française de l'Ouest de l'Amérique est inaugurée »[48]. Ensuite, ils redescendent au sault Saint-Louis, avec le fils de Tessouat, et y arrivent le [coll 1].

Première exploration à la Baie d'Hudson « mer du Nord »

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En son premier voyage dans « les Pays-d'en-Haut », en , Champlain entreprend l'exploration de la rivière des Outaouais. L'interprète (ou « truchement ») Nicolas de Vignau, assure qu'il connaît le chemin conduisant à la « mer du Nord » (la baie d'Hudson) :

Champlain utilise un astrolabe sur la rive ouest de la rivière des Outaouais, 1613.
Cet astrolabe authentique a été fabriqué en France en 1603. Il aurait été perdu lors de l'expédition de Champlain dans la région de l’Outaouais, en 1613.

« Le 13, je partis de Québec pour aller au Sault Saint Louys où j’arrivay le 21. Or n’ayant que deux canaux, je ne pouvois menier avec moy que 4. hommes entre lesquels estoit un nommé Nicolas de Vigneau, le plus impudent menteur qui se soit veu de long temps, comme la suite de ce discours le fera voir,… il me rapporta à son retour de Paris en l’année 1612. qu’il avoit veu la mer du nort… Ainsi nos canots chargez de quelques vivres, de nos armes & marchandises pour faire présents aux Sauvages, je partis le lundi 27. Mai de l'isle Saincte-Heleine, avec quatre François et un Sauvage[49]. »

À l'instigation de Nicolas de Vignau, Champlain remonte alors la rivière des Outaouais vers le pays des Hurons. Il s'arrête à un campement d’une tribu algonquine, les Kichesipirinis, sur l'île aux Allumettes. Pour conserver le rôle des Kichesipirinis comme intermédiaires entre les Français et les autres tribus amérindiennes, le chef Tessouat contredit Vignau à propos de la route vers la baie d'Hudson. Il se montre également très réticent devant l'intention de Champlain de poursuivre son voyage vers le lac Nipissing. Après quelques cadeaux et échanges diplomatiques, l'explorateur rebrousse chemin et rentre à Québec. En cours de route, Champlain perd son astrolabe[note 11],[50].

Retour et constitution de la Compagnie des marchands

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Le , à Tadoussac, le malouin sieur de Maisonneuve offre à Champlain de traverser à bord de son navire. Du au , Champlain voyage de Tadoussac à Saint-Malo à bord d'un navire commandé par Maisonneuve[coll 1]. Il entre à ce port le .

L'explorateur y vit les marchands « auxquels il remontra qu'il était facile de faire une bonne Association pour l'avenir à quoi ils se sont résolus, comme ont fait ceux de Rouen ». Le , le prince de Condé, vice-roi, obtint le monopole de la traite au-dessous de Québec jusqu'à Matane, pour une durée de onze années en liant les associés dans la Compagnie des Marchands de Rouen et de Saint-Malo. Elle porte aussi le nom de Compagnie de Champlain, soulignant le rôle important du lieutenant du vice-roi[51].

« En novembre, à Paris, l'acte de constitution de la Compagnie des marchands est signé. Elle est composée de trois marchands de Saint-Malo et de trois marchands de Rouen. Champlain signe l'acte en tant que fondé de pouvoir du prince de Condé. La compagnie achète de Pierre Du Gua de Monts le poste de Québec pour la somme de trois mille neuf cents livres tournois. Du Gua de Monts entre dans la compagnie pour une somme de trois mille livres et Champlain, pour mille huit cents livres[48]. »

La « compagnie de Canada » est aussi connue sous le nom de « Compagnie de Condé »[coll 1].

Vers la fin de l'année, Champlain relate ses dernières explorations sous le titre « Quatriesme Voyage ». Ce récit, ainsi qu’une nouvelle carte, sont ajoutés à l’édition des Voyages (1604-1612)[52]. Il y écrit un compte-rendu du voyage en amont de la rivière des Outaouais.

En 1614 les affaires retiennent Champlain en France. À Fontainebleau, il présente au roi l’état de la Nouvelle-France : le commerce de la traite y est excellent. Le prince de Condé, vice-roi, et Louis Houël[53], secrétaire du roi, appuient Champlain qui obtient des religieux que la Compagnie devra entretenir[coll 1].

7e voyage au Canada (-)

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Il retourne en Nouvelle-France au printemps 1615, cette fois-ci avec quatre Récollets afin de promouvoir la vie religieuse dans la nouvelle colonie.

Du au , Champlain traverse au Canada, accompagné des missionnaires récollets Denis Jamet, Jean Dolbeau, Joseph Le Caron et Pacifique Du Plessis. Champlain s’embarque à Honfleur sur le Saint-Étienne; avec le Don de Dieu et le Loyal, ils navignent ensemble vers Tadoussac et Québec[coll 1].

Première messe sur l'île de Montréal

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Première messe chantée sur les bords de la rivière des Prairies par le R. P. Denis Jamay, . Peinture à l'intérieur de la basilique Marie-Reine-du-Monde à Montréal, par Georges Delfosse.

La première messe célébrée sur l'île de Montréal eut lieu le à la rivière des Prairies, par le père Denis Jamet assisté du père Joseph Le Caron, récollets. Au sujet de cette première messe dite sur l'île du Mont Royal, Samuel de Champlain déclare :

« et le jour suivant, je party de là pour retourner à la rivière des Prairies, où estant avec deux canaux de Sauvages, je fis rencontre du père Joseph [Le Caron], qui retournoit à notre habitation, avec quelques ornements d'Église pour celebrer le saintc Sacrifice de la messe, qui fut chantee sur le bord de ladite riviere avec toute devotion, par le Reverend Pere Denis [Jamet], et Pere Joseph [Le Caron], devant tous ces peuples qui estoient en admiration, de voir les ceremonies dont on fait et des ornements qui leur sembloient si beaux, comme chose qu'ils n'avoient jamais veuë: car c'estoient les premiers qui ont celebré la Saincte Messe[54]. »

Première exploration aux Grands Lacs

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Carte des étapes numérotées de l'expédition de Champlain le long de la rivière des Outaouais.

Second voyage de Samuel de Champlain dans les Pays d'en Haut et expédition guerrière.

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Parti de Québec le , Champlain atteint la baie Georgienne en compagnie de deux Français, dont l'un est probablement Étienne Brûlé. Utilisant la grande route de la traite (rivière des Outaouais, rivière Mattawa, lac des Népissingues, rivière des Français et baie Georgienne), Champlain accède alors au cœur du pays des Hurons. Il atteint le grand lac Attigouautan (lac des Hurons) qu’il appelle mer Douce. Explorant le pays, il maintient son allégeance aux autochtones Algonquins et Hurons-Ouendat. Il voyage de village en village jusqu'à Cahiagué[55], situé sur les rives du lac Simcoe et lieu de rendez-vous militaire. Là, un groupe de guerriers autochtones auquel appartient Étienne Brûlé, part en direction du sud pour susciter la participation des Andastes au combat contre les Iroquois. Il décide alors de poursuivre la guerre contre les Iroquois.

Attaque de 1615 contre les Onontagués

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En 1615, Champlain attaque les Onontagués, au bord du lac Onondaga.

Le 1er septembre, débute l'expédition militaire de Cahiagué. Avec un important contingent de guerriers hurons, Champlain accompagné des quelques Français se dirige vers l'est puis traverse l'extrémité orientale de l'actuel lac Ontario. Ils cachent les canots et poursuivent leur route à pied longeant la rivière Onneiout (Oneida). Parvenus à un fort iroquois situé entre les lacs Oneida et Onondaga, ils livrent bataille car les Hurons font pression pour attaquer prématurément : l'assaut échoue.

Il tente de capturer le fort avec un cavalier, un engin de siège européen constitué d'une terrasse ou plateforme surélevée pour tirer des coups d'armes à feu. Simultanément, ses alliés tentent de brûler la palissade. Champlain est blessé deux fois aux jambes par des flèches, dont une dans le genou. L'attaque dure environ trois heures, jusqu'à ce que les attaquants soient forcés de fuir.

Champlain estime que l'attaque fut un échec, mais les Indiens des deux côtés trouvent ce raid de vengeance très réussi. Cette attaque mena à une longue période pacifique[56]. Champlain est blessé d'une flèche au genou. Des Hurons le ramènent dans leur bourgade en le portant à tour de rôle sur leur dos[note 12].

Un hivernement forcé en Huronie

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Champlain désire alors revenir au Sault Saint-Louis, mais les Hurons insistent pour qu'il passe l'hiver avec eux : ils refusent de l'y mener avant le printemps suivant. Champlain doit donc hiverner en Huronie.

Il profite de son long séjour dans la région pour explorer le sud-ouest, les Pétuns et les Cheveux-Relevés (sud de la Huronie et de la péninsule Bruce).

Lors d'une grande chasse au cerf en compagnie de Hurons, Champlain se perd en forêt pour avoir suivi un bel oiseau. Il erre pendant trois jours dans les bois, dormant sous les arbres, jusqu'à ce qu'il fasse par chance une rencontre avec un Amérindien.

Il passe le reste de l'hiver apprenant « leur pays, leurs façons, leurs coutumes, leur mode de vie ». Il prend le temps de rédiger une description détaillée du pays, des mœurs, des coutumes et de la façon de vivre des Autochtones. Il s'émerveille devant la beauté du paysage et la fertilité des lieux. Il ne tire cependant que des renseignements limités sur l'Ouest mystérieux, car en raison des guerres qui sévissent entre les diverses nations, les Autochtones ont peu voyagé dans cette direction.

Tous le croient mort, tant en Huronie qu'à Québec.

Le , il quitte la contrée des Hurons ; à la fin de , il est de retour au Sault Saint-Louis et le il est de retour à Québec.

Il passe quelque temps à agrandir le fort et repart pour la France le .

8e voyage au Canada en 1617

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En France, Champlain apprend que le Prince de Condé a été arrêté. Le maréchal de Thémines est promu au titre de vice-roi.

« De fait, le maréchal de Thémines se fit donner la charge de vice-roi : Champlain demeura quand même lieutenant et les associés allèrent jusqu’à montrer un zèle soudain à l’égard de la colonie, mais le tout « s’en alla en fumée » et, quand Champlain voulut, en 1617, s’embarquer à Honfleur, l’associé Daniel Boyer lui signifia qu’il n’était plus le lieutenant du vice-roi. Champlain partit quand même pour la Nouvelle-France où il ne fit qu’un bref séjour (ce voyage de 1617 a été mis en doute, mais il demeure possible, même si nous retrouvons Champlain à Paris le 22 juillet). »

— Trudel 2003

Champlain arrive à Tadoussac le et met les voiles vers Québec, pour un très bref séjour au Canada. Le , il est de retour en France[56].

En France, projets pour la Nouvelle-France et Québec, Ludovica (1617 à 1618)

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En , Champlain tente d'impressionner en adressant deux mémoires, l’un à Louis XIII et l’autre à la Chambre du Commerce, qui énoncent tout un programme, afin d'augmenter le soutien de ses efforts en Nouvelle-France.

Il traite d'importantes considérations, dont le danger de laisser sans forts les rives du Saint-Laurent en raison de la présence des Flamands. Il fait des projets :

« par la Nouvelle-France, on pourrait « parvenir facilement au Royaume de la Chine et Indes orientales, d’où l’on tireroit de grandes richesses » ; la douane que l’on percevrait à Québec sur toutes les marchandises en provenance ou à destination de l’Asie « surpasseroit en prix dix fois au moins toutes celles qui se lèvent en France » ; on s’assurerait un pays de « près de dix-huict cens lieues de long, arrousé des plus beaux fleuves du monde » et l’on établirait la foi chrétienne parmi une infinité d’âmes. Pour asseoir solidement la Nouvelle-France, Champlain propose qu’on établisse à Québec, dans la vallée de la rivière Saint-Charles, « une ville de la grandeur presque de celle de Sainct-Denis, lacquelle ville s’appellera, s’il plaict à Dieu et au roy, Ludovica » ; un fort dominerait cette ville ; un autre serait construit sur la rive sud du fleuve, un troisième à Tadoussac. On mènerait au pays 15 Récollets, 300 familles de quatre personnes et 300 soldats ; le roi enverrait quelqu’un de son conseil pour « establir et ordonner des loix fondamentales de l’estat » et une justice gratuite. »

— Marcel Trudel[51]

Concernant le commerce, Champlain estime que la colonie peut produire un revenu annuel d'approximativement 5 400 000 livres, principalement de la pêche, des mines, des fourrures et des profits comme résultat à la « plus courte route vers la Chine ». La Chambre de Commerce en est convaincue immédiatement et Champlain regagne son monopole sur la traite de la fourrure. Le Roi charge ses associés de « poursuivre tout le travail qu'il sera jugé nécessaire pour établir les colonies qui voudront se retrouver dans le-dit pays ».

9e voyage au Canada. Honfleur à Trois-Rivières ()

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Champlain s'embarque à Honfleur le . Il arrive à Percé le . Il quitte Tadoussac le pour accoster en France à Honfleur le .

Les Britanniques sont parvenus à obtenir la liberté des échanges. Aussi ses associés refusent-ils d'assurer la population de la colonie, craignant de ne pouvoir obtenir des fourrures que des colons. Champlain en est dérangé, écrivant « Ils pensaient… ils installaient une sorte de république là selon leurs propres notions. » Il fait valoir son droit de commander Québec, faisant signer à ses associés un contrat assurant qu'ils maintiendraient 80 personnes dans la ville de Québec.[pas clair]

En France (1618-1620)

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Son projet de retour prochain en la Nouvelle-France, est annulé quand les associés refusent à nouveau de reconnaître ses droits, et il est forcé de rester en France. Durant son séjour, il écrit un compte-rendu de ses voyages entre 1615 à 1618. En octobre 1619, le Prince de Condé est libéré et vend ses droits comme vice-roi au duc de Montmorency, amiral de France.[réf. nécessaire][57],[58]

10e voyage au Canada (-)

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Madame Champlain enseignant aux enfants indiens, 1620. Crédit : Bibliothèque et Archives Canada, no d'acc 1991-36-1.

Le duc de Montmorency confirme Champlain dans sa fonction et, le , Louis XIII lui demande de maintenir le pays de Nouvelle-France « en obéissance à moi, faisant vivre le peuple qui est là-bas en aussi proche conformité avec les lois de mon royaume que vous le pouvez. » Champlain retourne immédiatement en Nouvelle-France à bord du Saint Étienne, et se concentre désormais sur l'administration du pays plutôt que sur l'exploration.

Il s'embarque à Honfleur le et il amène pour la première fois son épouse Hélène Boullé qui a maintenant 20 ans.

Champlain passe l'hiver à construire le Fort Saint-Louis au haut du Cap Diamant. À la mi-mai, il apprend que la traite de fourrure est prise en main par une autre compagnie, dirigée par les frères de Caën. Après quelques négociations tendues, il se décide à fusionner les deux compagnies sous la direction des de Caën. Champlain continue son travail sur les relations avec les Amérindiens et parvient à leur imposer un chef de son choix à lui. Il parvient également à signer un traité de paix avec les tribus iroquoises.

Champlain introduit en 1621 le système de documents notariés en Nouvelle-France. Le roi maintiendra ce système quand la Nouvelle-France devient colonie royale en 1663[59].

Champlain continue à travailler sur l'amélioration de son Habitation, posant la première pierre le . Le , il revient à Québec et continue à travailler à l'expansion de la colonie.

Sa jeune femme se mettant à dépérir, le , il retourne une fois de plus en France où il est encouragé à continuer son travail aussi bien qu'à continuer la recherche d'un passage vers la Chine.

11e voyage au Canada (-)

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Le Champlain est à Dieppe. La Sainte-Catherine appareille et il parvient à Québec le .

La Compagnie des Cent-Associés et nomination en tant que Commandant de la Nouvelle-France

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En 1627, le cardinal de Richelieu marque son intérêt pour les affaires de Québec en créant la Compagnie des Cent-Associés. Champlain, tout comme Richelieu, en devient membre et actionnaire. Ce nouveau régime conduit Champlain à devenir, le le « commandant en la Nouvelle-France en l’absence » du cardinal de Richelieu[coll 1].

Chute de Québec

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Le , Champlain capitule à Québec, et rend la colonie à l'amiral Kirke. Dessin de R. Caton Woodville jr.
Champlain quitte Québec, prisonnier à bord du navire des Kirke. Dessin de Charles William Jefferys, 1942.

Les choses n'allaient pas se maintenir pour Champlain et son petit village. Les approvisionnements étaient au plus bas durant l'été de 1628 et les marchands anglais avaient pillé la ferme de Cap Tourmente au début de juillet. Le , Champlain reçoit une sommation de marchands anglais, Gervase Kirke et ses fils Lewis, Thomas et David Kirke. Ce sont des Huguenots français à la solde de l'Angleterre[60].Il refuse de faire affaire avec eux, mais en réponse les Anglais font le blocus de la ville avec leurs trois navires. Au printemps de 1629, les vivres atteignent un niveau extrêmement bas, la petite colonie est épuisée et Champlain est forcé d'envoyer des gens à Gaspé pour conserver les rations. Le , les frères Kirke arrivent et Champlain est forcé de négocier les termes de la capitulation de la ville, le .

Champlain, les missionnaires, et presque tous les colons quittèrent la colonie[60].

De retour en Europe (-)

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Au , Champlain se retrouvait à Londres.

Durant les années suivantes, Champlain écrit Voyages de la Nouvelle France […], dédié à Richelieu, ainsi que son Traité de la marine et du devoir d'un bon marinier. Il est absent du Québec jusqu'au traité de Saint-Germain-en-Laye en 1632.

12e et dernier voyage au Canada. Fondation de Trois-Rivières (-)

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Lorsqu'il revient d'Angleterre en France, le , Champlain réclame à Richelieu son poste de gouverneur (officieux) de la Nouvelle-France. Il obtient le titre de « commandant » à Québec, « en l'absence du ministre » (c'est-à-dire « lieutenant », comme auparavant). Champlain part de Dieppe (ou de Rouen, selon les sources) le pour Québec, qu'il atteint le (directement pour la première fois[note 5], sans transbordement à Tadoussac), après une absence de quatre ans. Plus de 200 personnes l'accompagnaient, à bord de trois navires : le Saint Pierre, le Saint Jean et le Don de Dieu (la devise de la ville de Québec est « Don de Dieu ferai valoir »).

En 1633, le chef algonquin Capitanal lui demande d'établir un poste permanent à Trois-Rivières. Convaincu de l'importance stratégique de l'emplacement pour la traite des fourrures, il y fera construire un fort qui servira à la fois au commerce et à l'occupation du territoire.

Le , il envoie un rapport à Richelieu disant qu'il avait rebâti sur les ruines de Québec, élargi les fortifications, construit une autre habitation à quinze lieux en amont, aussi bien qu'une autre à Trois-Rivières. Il a aussi commencé une offensive contre les Iroquois annonçant qu'il voulait les éliminer ou les « ramener à la raison ».

Au mois d', Champlain est frappé par une crise d'apoplexie. Paralysé, il meurt le à Québec où il est enterré[61]. Les historiens n'ont pas réussi, à ce jour, à retrouver l'emplacement exact de sa sépulture.

Généalogie

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Samuel de[note 13] Champlain serait né à Brouage, dans l'ancienne province de Saintonge en France[note 14], entre 1567 et 1580[note 15] ; il est mort à Québec (Canada, une des colonies du territoire français de la vice-royauté de Nouvelle-France) le Il n'existe pas de consensus sur sa date de naissance. Les publications la situent généralement en 1567[62],[63], mais les preuves formelles manquent car les registres de Brouage en ligne sont incomplets et ne commencent qu'en 1615[64],[65]. L'estimation « 1567 » semble provenir de l'abbé Pierre Damien Rainguet dans son ouvrage[66] publié en 1851.

L'abbé Laverdière, dans l'introduction de son édition des Œuvres de Champlain, en 1870, dit accepter ce dire de Rainguet, et il tente de démontrer que la date est plausible[Laverdière 6]. Certaines sources présentent des variations importantes de cette estimation de l'année de naissance : ainsi, le professeur Marcel Trudel la situe d'abord en 1567, puis vers 1570[Trudel 2], ajoutant ensuite « ou plus tard, vers 1580 »[Trudel 1].

baptême de Samuel, fils d'Anthoynne Chapeleau et de Marguerite Le Roy, le 13 août 1574, à La Rochelle.
Acte de baptême supposé de Samuel, fils d'Anthoynne Chapeleau et de Marguerite Le Roy, le 13 août 1574, à La Rochelle.

En 2012, un acte de baptême a été identifié par un généalogiste poitevin Jean-Marie Germe. Cet acte des registres pastoraux, conservés aux Archives départementales de la Charente-Maritime et mis en ligne sur le site du Conseil général, du temple Saint-Yon[67] de La Rochelle, capitale des Réformés, indique que le futur explorateur fut baptisé le , au temple Saint-Yon. L'acte concerne un Samuel, fils d'Anthoynne Chapeleau[note 16] et de Marguerite Le Roy[68]. Cette attribution qui fait plutôt consensus est contestée par un historien français[69]. Pour autant, rien n'indique que Champlain soit né dans cette ville. « On considère pour l'instant que la naissance a probablement eu lieu à Brouage et le baptême à La Rochelle », précise Jean-Marie Germe. En outre, dans un acte du , devant le notaire Jean Villain, Antoine « Chappelain » (cependant rien n'indique sur cet acte une parenté avec Samuel Champlain), qui y vend 50 % d'une barque, est dit « pilote de navire à Brouage »[70]. Les parents du futur explorateur, de confession protestante alors, se seraient rendus à La Rochelle[note 17], où ils font baptiser leur fils car Brouage ne comptait pas de temple protestant[71]. Cet acte de baptême n'indique ni la date de naissance du fils ni son âge ni son lieu de naissance[72].

Brouage, anciennement Jacopolis, est fondée en 1555 et fortifiée en 1578 par le roi catholique de France (donc, ville catholique au milieu d'une région protestante), à la suite de l'annexion de la ville au domaine Royal en 1577, après sept années de contrôle par les protestants. Fondée par un protestant, la ville sera prise et reprise. De 1555 à 1569 elle est protestante, 1569 à 1570 elle est catholique, de 1570 à 1577 elle est protestante et puis définitivement catholique à partir de 1578[73]. Champlain a pu naître à Brouage durant un de ces contrôles calvinistes, ce qui expliquerait son prénom biblique (Samuel), à connotation protestante[74],[75].

Samuel de Champlain est, selon son contrat de mariage (fin 1610)[Laverdière 7], le fils de défunt « Anthoine de Champlain[note 13], capitaine de la Marine, et de Marguerite Le Roy »[Trudel 1], lui-même fils illégitime d’un gentilhomme[76].

Dans son livre Le rêve de Champlain, l'historien David Hackett Fischer propose l’hypothèse que Champlain aurait pu être un fils illégitime du roi Henri IV, conçu durant un séjour du futur roi à La Rochelle durant les guerres de Religion. Il souligne que Champlain bénéficiait, au cours de sa vie, de grandes faveurs de la part du roi, notamment d'une pension annuelle, et qu'il avait un accès très facile à celui-ci. En 1632, en parlant d'Henri IV, Champlain écrit : « Majesté, à laquelle j’étais obligé tant de naissance que d'une pension de laquelle elle m’honorait. » Cette rumeur d'une filiation est parvenue aux Algonquins de la vallée du Saint-Laurent et l'un d'entre eux affirme que Champlain le lui aurait dit lui-même. Cette rumeur n'a toutefois jamais été confirmée hors de tout doute, même si de plus en plus d'historiens tendent à reprendre cette thèse en étudiant la vie de Champlain et son inhabituelle proximité avec Henri IV[77],[78].

Mariage à Hélène Boullé

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Durant son séjour en France en 1610, Champlain épouse Hélène Boullé, une jeune fille de dix ans, dont le père Nicolas Boullé[79] est huissier à la cour et « secrétaire de la chambre du roi ». À cause du bas âge de « l'épousée », le contrat de mariage stipule que la cohabitation des époux est remise à deux ans plus tard, mais Champlain touche dès la signature 4 500 des 6 000 livres de dot, une somme qui lui assure une sécurité financière[note 18] sans ruiner sa belle-famille[80]. Les fiançailles ont lieu le à Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris. Née calviniste, Hélène Boullé se fait catholique deux ans plus tard[note 19]. Les deux premiers témoins, Pierre Dugua de Mons et Lucas Legendre, marchand et bourgeois de Rouen, sont huguenots[81],[82].

En 1620, Hélène Boullé accompagne Champlain à Québec. Elle s'y ennuie, malgré la présence de son frère Eustache Boullé, qui vit à Québec depuis 1618, au service de Champlain. En 1624, elle retourne en France pour y demeurer définitivement.

En 1633, Champlain quitte à nouveau la France, sans elle, pour Québec, où il meurt à la Noël 1635, sans postérité. Elle n'hérite pas de lui, sans cesser pour autant de vivre à l'aise à Paris[83].

Dix ans plus tard, Hélène Boullé entre au couvent des Ursulines de Paris, prenant le voile sous le nom d'Hélène de Saint-Augustin. Elle donne tous ses biens à la communauté, pour bâtir un nouveau couvent à Meaux, où elle s'installe avec quatre religieuses. Elle y demeure pendant six ans, avant d'y mourir le , à l'âge de cinquante-six ans[note 20],[note 21].

Testament de Champlain.

La cause de son décès résulte probablement d’un accident vasculaire cérébral. Sa santé a fortement décliné à la suite des événements majeurs dans sa vie. Selon l’historien Éric Thierry, il est probablement tombé en forte dépression à la suite de la chute de Québec en 1629 par les frères Kirke. Un autre élément à considérer, est également sa disgrâce auprès de Richelieu. Champlain était associé au parti des dévots qui menaçait le pouvoir royal. Selon Richelieu, la question religieuse doit être subordonnée à la raison d’État. Après la journée des Dupes des 10 et 11 novembre 1630, Champlain regagne progressivement la confiance de Richelieu, avec l’aide de Jean de Lauzon de la Compagnie des Cent-Associés et du père Joseph, éminence grise du cardinal de Richelieu[84].

Son dernier testament, signé à Québec le , et déposé chez un notaire parisien le , est contesté avec succès par sa cousine Marie Camaret (épouse de Jacques Hersant, fille de Georges Camaret, capitaine, et de Françoise Le Roy, une sœur de la mère de Champlain)[85],[86],[83],[87]. Un inventaire[88] de ses biens a été dressé à la même période ()[89].

Il est enterré temporairement dans une tombe sans nom, tandis que la construction était finie sur la chapelle de Monsieur le Gouverneur. En tant que tel, et malgré de nombreuses fouilles, l'emplacement exact du tombeau de Champlain reste à vérifier, mais le dossier est désormais fort bien documenté[90]. Cette recherche est toujours présente aujourd'hui[91].

Champlain meurt sans descendance.

Portrait et pensée

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Portrait en image

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Détail de la carte de la Nouvelle-France de Champlain (1612). CARTE GEOGRAPHIQVE DE LA NOVVELLE FRANSE FAICTE PAR LE SIEVR DE CHAMPLAIN SAINT TONGOIS CAPPITAINE ORDINAIRE POUR LE ROY EN LA MARINE, faict len 1612. — À remarquer : le visage au centre d'une rose des vents.
Gravure. Portrait factice de Champlain par E. Ronjat.
Portrait factice de Champlain, par Théophile Hamel (1870), d'après une gravure de Moncornet représentant Michel Particelli d'Émery.

Il n'existe pas de portrait authentique de Champlain. Toutes les représentations que l'on en donne sont des faux[note 22] ou des interprétations. Les deux gravures, où de nombreux auteurs prétendent le voir en train de combattre les Iroquois, sont des créations pleines d'incongruités dues à un graveur de l'atelier des Pelletier[92].

Il est admis par les historiens que le portrait que l'on a cru longtemps (depuis environ 1850) être celui de Samuel de Champlain serait en fait celui d'un contrôleur des finances (1648) nommé Michel Particelli d'Émery. Il est toutefois souvent coutume, faute de mieux, de représenter Champlain sous ces traits. Selon une théorie de l'historien Marcel Trudel, sur des cartes géographiques de l'Amérique du Nord dessinées par Samuel de Champlain en 1612 et 1632, figurent au centre d'une rose des vents, l'autoportrait de Champlain. Les chercheurs Denis Martin et André Vachon réfutent l'hypothèse de Marcel Trudel. Denis Martin conclut : « La réponse est toute simple : Nous sommes ici devant une représentation courante du soleil. Ce visage apparaît sur les cartes de Champlain au cœur de la rose des vents, à l'endroit où dans la plupart des autres cartes de l'époque convergent les rayons des trente-deux aires de vent divisant la boussole ou compas de mer… Dans la carte de 1632, le visage symétrique et bienveillant composé dans la lunette de la rose ou du compas - avec sa fleur de lys pointant vers le nord-est - est celui du dieu Helios, un motif conventionnel dans l'imagerie à l'époque de Champlain[93]. »

Relations avec les Amérindiens

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« Champlain est probablement l'auteur qui nomme le plus de chefs indiens. Il les nomme par leur nom, s'informe de leur tradition. Et c'est très important, parce que c'est ce qui fait toute la différence, les liens que Champlain va établir avec les Indiens. S'il n'y avait pas eu ces alliances-là, le reste n'aurait pas pu marcher. Ce sont des alliances franco-indiennes qui permettent le développement de la Nouvelle-France »

— Denis Vaugeois[94].

L'historien William Henry Atherton porte un jugement sur les relations du grand explorateur avec les Iroquois :

« En arrivant au Canada [...] Il était sur le point de commencer la grande œuvre de la colonisation de la Nouvelle-France, qui sera une réussite, mais sa première étape d'importance fut une grave erreur, pour laquelle la Nouvelle-France souffrira pendant de nombreuses années. Toute l'histoire des attaques iroquoises, qui terrorisaient les établissements français et Montréal pendant tant d'années, est liée à la politique que vient de lancer le constructeur colonial du Canada. On se souvient que selon les commissions accordées aux émissaires au Canada, ils doivent prendre tous les moyens pour attirer les indigènes au christianisme, avec le privilège de contracter des alliances indigènes et si ceux-ci ne respectent pas les traités, de les y forcer par une guerre ouverte, et à faire la paix ou la guerre; tout cela, bien entendu, conformément à la dignité d'une grande puissance et suivant les méthodes établies de la diplomatie.

Arrivé au Canada au printemps de 1605 en tant que représentant du roi de France, la faute de Champlain est d'avoir risqué de mettre en péril l'avenir en prenant parti pour les Algonquins et les Hurons, qui étaient alors en guerre ouverte avec les Iroquois, ceci afin de sécuriser ses établissements de traite. Au lieu d'envisager que la future paix de la colonie dépend de sa neutralité, il est allé contre les Iroquois avec quelques colons et des armes modernes qui causent des ravages mortels et sèment la confusion.

Ces Iroquois sont désormais les ennemis irréconciliables des Français. Ils n'ont jamais oublié cette intrusion inutile des Français dans leurs querelles; ils furent implacables dans leurs attaques contre leurs alliés algonquins, et étaient prêts plus tard à s'allier avec les Anglais dans leur campagne contre la colonie. Cette situation a rendu très difficile le travail de christianisation et de civilisation des peuples. Dans la mesure du possible, la bourde de Champlain à la bataille du lac Champlain, le 29 Juillet, 1609, a été évitée dans les plans ultérieurs de colonisation des autres pays[95]. »

— William Henry Atherton

Cartographe et navigateur

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Illustration de Champlain dans le Traitté de la marine..., Autre manière d'estimer que j ay veu pratiquer parmy aucuns Anglois bons nauigateurs, qui m'a semblé fort seure au respect des estimes que l'on fait ordinairement. Loch anglais, ligne à loch graduée, sablier de demi-minute, et bobine à loch.

Champlain partage par écrit pour ses pairs ses connaissances de navigation. Voir l'illustration du dessin de Champlain : Loch anglais, ligne à loch graduée, sablier de demi-minute, et bobine à loch.

Champlain explique le principe de fonctionnement du loch, un instrument de navigation maritime qui permet d'estimer la vitesse de déplacement d'un navire sur l'eau, soit sa vitesse relative en surface par rapport à la masse d'eau où il évolue.

« Le dispositif à gauche est une ligne nouée à des intervalles de sept brasses (quarante-deux pieds). À la fin de la ligne, on trouve un flotteur (triangle de bois appelé bateau), lesté pour s'enfoncer perpendiculairement au sens d'avancement du navire. Le dispositif comprend une petite « horloge de sable », mesurant le temps de demi-minute et une « planchette de 5. pieds de hauteur sur 15 pouces de largeur, qui soit divisée en 15. parties en sa longueur, & en cinq en sa largeur... » La colonne de gauche de la planchette est divisée en intervalles de deux heures cumulant en tout vingt-quatre heures. Les trois dernières colonnes montrent des écritures typiques de loch (journal): par exemple, la première ligne indique que pour les premières trente secondes à deux heures du matin, le navire a navigué sur trois nœuds et deux brasses sur une route au nord-est (un point, ou 11° 15′du nord-est). La vitesse du navire au cours de ces trente secondes était donc de 3,13 milles par heure. Ce loch (journal) est en fait un échantillon de seulement six minutes à voile sur plus de vingt-quatre heures. Dans cet exemple, le navire aurait parcouru 93,4 milles en vingt-quatre heures[96]. »

Homme de la Renaissance, incarnant l'esprit de tolérance de son époque

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En , le sénateur Serge Joyal prononça un discours lors de l'inauguration du buste-monument de Samuel Champlain, à Paris, où il décrit sa pensée :

« Plus que tout autre, Samuel Champlain incarne l’esprit de son époque, et en fait, l’idéal véhiculé par la Renaissance. Champlain est vraiment un homme de la Renaissance, animé du désir de repousser les frontières du monde connu.

Buste de Champlain à Paris, Cours-la-Reine

Mû par l’esprit et l’exemple des grands découvreurs, Colomb - Magellan - Cabot - Cartier, Champlain participe de ce groupe de promoteurs - marchands de Saintonge et La Rochelle, principalement protestants, vivement intéressés par les possibilités et le potentiel des découvertes.

C’est pourquoi, dans la petite équipe qui traverse l’Atlantique, menée par Pierre Dugua de Mons, il y a, à la fois, un pasteur et un prêtre. La tolérance, la cohabitation religieuse, en fait, la liberté de culte est ce qui est le plus remarquable. La société de l’époque sortait à peine des guerres de Religion qui avaient fait des milliers de victimes. Le bruit des cloches de la Saint-Barthelemy n’était pas si lointain.

Cette ouverture, on le devait à l’émergence de la liberté de pensée. Montaigne, le philosophe, le rappelait : «  Le doute est un mol oreiller pour une tête bien faite ». Cet appétit pour l’exploration, les découvertes, l’attrait des nouvelles expériences, Champlain l’incarne de manière bien personnelle. Ses écrits, publiés dès 1603, s’attardent à décrire ses observations, ses découvertes, la faune, la flore, la géographie, les ressources de la nature. Son approche, à l’égard des autochtones est celle d’une saine curiosité, du respect de leurs mœurs et de l’alliance à conclure. Nous ne sommes plus dans l’esprit des croisades, de l’élimination des infidèles, ou de l’emprise brutale génocidaire pratiquée par les puissances coloniales ibériques en Amérique du Sud.

Champlain veut implanter, dans cette Nouvelle-France, les germes d’une nouvelle société, non la reproduction dans le nouveau Canada, des luttes et des carcans qui ont, par le passé, déchiré le royaume. Il veut d’abord connaître intimement le pays qu’il explore, mettre à profit tout le potentiel d’un type nouveau de liberté, faire émerger « l’esprit du pays » qui, dès les premières années, forge un nouveau type d’hommes, de femmes.

Champlain en vient progressivement à se former une vision de cette Nouvelle-France, qui tout en puisant aux sources de l’ancienne, dégage peu à peu le contour d’une nouvelle mentalité, ou manière d’être, une nouvelle forme de liberté, toute canadienne. »

— Serge Joyal, Discours de l'Honorable SERGE JOYAL, c.p., o.c., sénateur, Division sénatoriale de Kennebec (Québec), Installation du Buste-Monument de Samuel Champlain : Place du Canada à Paris, (lire en ligne)

Voyages de Champlain, Édition de 1632 (musée Sainte-Marie-au-Pays-des-Hurons, Ontario)

Champlain est surtout lu pour ses chroniques de la Nouvelle-France (« Voyages » : œuvres publiées en 1603, 1613, 1619, 1632).

Brief Discours

Un seul ouvrage (écrit peu avant 1603), le Brief discours des choses plus remarquables que Samuel Champlain de Brouage a reconnues aux Indes Occidentales[Laverdière 8],[coll 3], qu'il ne publie pas et qui lui est imputé[coll 4], éclaire la période de sa vie comprise entre 1595 et 1601.

Œuvres originales
  • Samuel de Champlain, « Les voyages dv sievr de Champlain Xaintongeois, capitaine ordinaire pour le Roy, en la marine, divisez en devx livres. » : « IOVRNAL TRES-FIDELE DES OBSERVAtions faites es deʃcouuertures de la Nouuelle France : tant en la deʃcriptiõ des terres, costes, riuieres, ports, haures, leurs hauteurs,& pluʃieurs declinaiʃons de la guide-aymant; qu'en la creãce des peuples, leur ʃuperʃtition, façon de viure & de guerroyer; enrichi de quantité de figures. », Paris, France, Iean Berjon, , 434 (pdf) (lire en ligne)
Traitté de la marine et du devoir d'un bon marinier, 1632.

Son Traité de la marine et du devoir d'un bon marinier (1632) est publié en complément de ses relations de voyage.

  • Samuel de Champlain, « Traitté de la marine et du devoir d'un bon marinier », dans Samuel de Champlain, « Les voyages de la Nouuelle France occidentale, dicte Canada, faits par le sr de Champlain Xainctongeois, capitaine pour le roy en la marine du Ponant, & toutes les descouuertes qu'il a faites en ce païs depuis l'an 1603. iusques en l'an 1629.... auec vn traitté des qualitez & conditions requises à vn bon & parfaict nauigateur pour cognoistre la diuersité des estimes qui se font en la nauigation... ensemble vne carte generalle de la description dudit pays faicte en son meridien selon la declinaison de la guide aymant, & vn catechisme ou instruction traduicte du françois au langage des peuples sauuages de quelque contrée, auec ce qui s'est passé en ladite Nouuelle France en l'année 1631 », A Paris, France, Chez Claude Collet au Palais, en la Gallerie des Prisonniers, à l'estoille d'or, (lire en ligne), p. 664 à 717
  • Les cinq tomes des Œuvres de Samuel de Champlain telles qu'éditées par Charles-Honoré Laverdière en 1870
numérisés et accessibles sur le site du Projet Gutenberg[97] et sur celui de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)[98]
  • Samuel de Champlain, Aux origines du Québec. Expéditions en Nouvelle-France. 1604-1611, texte en français moderne établi et présenté par Eric Thierry, Paris, Cosmopole, 2010, 279 p. (ISBN 978-2-8463-0045-2)
  • Samuel de Champlain, Les Fondations de l'Acadie et de Québec. 1604-1611, texte en français moderne établi, annoté et présenté par Eric Thierry, Québec, Septentrion, 2008, 294 p. (ISBN 978-2-8944-8566-8 et 978-2-8966-4520-6)
  • Samuel de Champlain, A la rencontre des Algonquins et des Hurons. 1612-1619, texte en français moderne établi, annoté et présenté par Eric Thierry, Québec, Septentrion, 2009, 240 p. (ISBN 978-2-8944-8604-7 et 978-2-8966-4559-6)
  • Samuel de Champlain, Au secours de l'Amérique française. 1632, texte en français moderne établi, annoté et présenté par Eric Thierry, Québec, Septentrion, 2011, 696 p. (ISBN 978-2-8944-8676-4 et 978-2-8966-4669-2)
Statue de Samuel de Champlain, à Québec, au lever du soleil (avec un visage aussi expressif que celui ordinairement accordé à Jacques Cartier), par Paul Chevré (Paris, 1896-1898), tel que restauré pour 2008, à Québec depuis 1898, près du Château Frontenac, sur la terrasse Dufferin.

Quelques citations

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Pour l'historien canadien Joe C. W. Armstrong, ce est la date la plus importante dans l'histoire de la colonisation française en Amérique : non seulement fondation de la ville de Québec, mais aussi les débuts d'une nation, à savoir le Canada.

« Son fondateur n'est pas encore conscient de l'importance historique du geste qu'il pose, mais il vient de créer la plus ancienne colonie à avoir survécu en Amérique du Nord[48]. »

— Joe C. W. Armstrong

« D’un point de vue humain, la Nouvelle-France a été un bien plus grand succès que la Nouvelle-Espagne ou que la Nouvelle-Angleterre ou que n’importe quelle colonie européenne en Amérique du Nord ou du Sud. En Acadie, dans la vallée du Saint-Laurent, dans les Grands Lacs, partout où a agi Champlain, les relations entre Français et Indiens ont été fusionnelles, intimes, créatrices. La Nouvelle-France n’a pas été un échec. Bien au contraire, c’est une formidable réussite, une leçon de vie et de savoir-vivre dont on n’a pas d’autre exemple dans toute l’histoire des Amériques. [...] Champlain est le père des Québécois, des Acadiens, des Métis. Mais aussi de cette idée toujours vivace que nous sommes tous frères. Je crois profondément que nous avons tous beaucoup à apprendre de lui si nous voulons mieux vivre ensemble. »

— David Hackett Fischer[99]

« Mais, bien que Gosnold et Weymouth l’eussent précédé en quelques points de ce littoral, le géographe Champlain nous laissa une cartographie si précise qu’il mérite le titre de premier cartographe de la Nouvelle-Angleterre. »

— Marcel Trudel

« Lors de mon assermentation, je tenais un livre sur Samuel de Champlain. J’avais toujours imaginé Champlain en conquistador débarqué avec ses soldats et marins pour planter le drapeau de la France et imposer la foi catholique. Mais grâce à ce livre, je me suis rendu compte que je n’avais rien compris de ce personnage historique incontournable, qui a appris plusieurs langues autochtones et qui s’est lié d’amitié avec presque toutes les tribus. Champlain a imposé l’État de droit et il a fait siennes la diversité et l’inclusion. Il croyait, finalement, aux valeurs du XXIe siècle ! »

— David Johnston, gouverneur général du Canada[100]

« Si Antoine Natel n'eût pas été poussé à aller faire des aveux au capitaine Testu, sur la plage du Cul-de-Sac, un après-midi de juillet 1608, il n'y aurait probablement pas eu de Québec, pas de Nouvelle-France, pas de nation canadienne, et la statue colossale de Champlain, le grand fondateur, ne se dresserait pas aujourd'hui sur son admirable piédestal, au sommet du roc historique où il a jeté les fondations d'un pays catholique et français[101]. »

— Thomas Chapais

« Rendre à Dugua de Mons l’hommage auquel il a droit ne porte aucunement ombrage à Champlain. Tout au contraire il est encourageant de voir la parfaite entente de ces deux hommes, l’un catholique et l’autre protestant, en vue de la création de Québec, cause qui leur tient à cœur autant à l’un qu’à l’autre. C’est ensemble qu’ils triompheront de la terrible coalition d’intérêts de marchands rivaux qui s’opposera à leur destin. »

— Maxime Le Grelle s.j., ancien curé de Brouage

Lieux commémoratifs

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En commémoration de la première messe de 1615, la ville de Montréal fit ériger en 1915 au milieu du parc Nicolas Viel une stèle en granit surmontée d'une croix. L'une des faces de cette stèle rappelle cette première messe célébrée à Montréal le , sur la rive de la rivière des Prairies, par le Père Denis Jamet. L'autre face rappelle le souvenir du père Viel et de son protégé, Ahuntsic. Cette stèle du sculpteur J.-C. Picher fut commandée par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. De plus, le visiteur pourra prendre connaissance de la toile du peintre Georges Delfosse à la cathédrale Marie-Reine du Monde dont l'illustration est tirée.

Un buste le représentant est installé dans le jardin de la Nouvelle-France (8e arrondissement de Paris). Dans le 20e arrondissement se trouve par ailleurs le jardin Samuel-de-Champlain.

Hommages en marine militaire et civile

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Deux navires de la Marine française portent son nom :

Un navire civil porte son nom :

  • Le Champlain, un navire d'expédition de la série Ponant Explorers pour la compagnie Ponant lancé en 2018.

Hommages en toponymie

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Champlain a légué un immense apport à la toponymie. Il est commémoré dans de nombreuses toponymes, près de 200 fois[102],[103],[104]. En voici quelques uns :

Notes et références

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  1. En 1634, Robert Giffard est le premier grand recruteur et premier seigneur colonisateur de la Nouvelle-France — six ans après sa première tentative, mise à mal par des forbans. Avant 1634, la plupart des résidents de Québec sont logés dans l'un des deux forts (le premier, sur la rive du fleuve, et le second, depuis une décennie, sur le cap), quelques autres habitent chez les Récollets (arrivés en 1615) ou chez les Jésuites (arrivés en 1625). Seules deux familles ont bâti maison : celle de Louis Hébert, arrivée en 1617, et celle de son gendre Guillaume Couillard, arrivé en 1613. Outre les interprètes réfugiés chez leurs amis autochtones, les membres de ces deux familles sont les seuls Français à demeurer en Nouvelle-France, à Québec, durant les quatre années de l'occupation des Kirke, de l'été 1629 à l'été 1633.
  2. Maréchaux successifs, commandants à Blavet :
    • 1595 : Jean d'Aumont, né en 1522 et créé « maréchal » en 1579 par le roi Henri; mort des suites d'une mousquetade le .
    • 1596-1597 : François d'Espinay de Saint-Luc, né en 1554, baron de Crèvecœur, d'Arvert et de Gaillefontaine, gouverneur de Brouage, beau-frère du maréchal d'Aumont, à qui il succède en Bretagne, nommé en 1596 « grand-maître de l'artillerie de France »; mort d'un boulet de canon le .
    • 1597-1598 : Charles de Cossé-Brissac (1562-1621), second du nom, « maréchal de France », auquel Louis XIII donne le titre de « duc de Brissac » (premier de ce titre) en 1612 et qu'il déclare pair de France en 1620.
  3. Dans le contexte, son titre de maréchal des logis désigne alors probablement un hallebardier responsable des écuries : un « maréchal des logis de cavalerie », qui commande aux fourriers. Au siècle suivant, la première parution (1694) du Dictionnaire de l'Académie française indique que : « Mareschal des Logis, Est celuy qui fait le departement [=la distribution, l'assignation, la répartition] des logis de ceux qui suivent la Cour ou des troupes de l'armée. Grand Mareschal des logis chez le Roy. Mareschal des logis par quartier. premier Mareschal des logis chez la Reine, chez les fils de France. Mareschal des logis General d'une armée. Mareschal des logis de cavalerie. Mareschal des logis d'une Compagnie de cavalerie. »
  4. À l'époque, les mers sont infestées de pirates et le roi de France n'a pas encore de marine de guerre. La connaissance pratique du maniement des armes est donc essentielle à tout bon navigateur français : il doit armer ses vaisseaux et assurer sa propre défense sur mer. Et, celui qui sert quelques années dans l'armée du roi, peut ensuite espérer du roi le privilège de recevoir une rente viagère, si infime soit-elle.
  5. a b et c Avant 1633, les navires français de plus de 100 à 300 tonneaux restent ancrés au large dans la baie du Moulin-Baude, à une lieue à l'est (environ 5 kilomètres en aval) de Tadoussac. Des barques ou autres petits bateaux servent à naviguer sur le fleuve, en amont jusqu'à Québec ou jusqu'au Sault Saint-Louis. En 1633, pour terminer son ultime traversée, Champlain, sûr de lui, se rend jusqu'à Québec avec ses navires, pour la première fois et sans encombre.
  6. Un « sault » désigne un rapide, une cascade, une chute d'eau : une « rupture de pente d'un cours d'eau »
  7. Les Européens ont sur les autochtones, et pour longtemps, la supériorité des armes, étant les seuls à être équipés d'armes à feu : canons, couleuvrines, arquebuses, mousquets, pistolets… contre arcs et flèches ou javelots.
  8. C'est à cet endroit, dans ce qui est aujourd’hui la Pointe-à-Callière, dans le Vieux-Montréal, que s'établit, trente ans plus tard (en 1642) la colonie de Ville-Marie.
  9. En provenance du Pays-d'en-Haut
  10. C'est la rivière Saint-Pierre, formant un petit lac près de son embouchure, aujourd'hui devenue l'embouchure du Canal de Lachine.
  11. À la fin de l'été 1867, près de Cobden en Ontario, un adolescent trouve ce qui lui semble un petit disque en laiton, à l'occasion de travaux de défrichage menés par son père. Il comporte un anneau de suspension, un pointeur mobile, des graduations. Ce petit astrolabe est gravé d'un « 1603 ». Quiconque l'apprend conclut à « l'astrolabe de Champlain ». Mais... avec ce vieil astrolabe miniature, on trouve une chaîne rouillée, de petits récipients en cuivre, ainsi que deux gobelets en argent gravé. En 2004, le chercheur Douglas Hunter propose une autre conclusion qui tient compte de l'ensemble des données, et que le journaliste Jean-François Nadeau rapporte, sous le titre Est-ce bien l'astrolabe de Samuel de Champlain? (Le Devoir du 30 décembre 2004. Voir l'article. — D'autres auteurs ignorent encore cette interrogation, même le Musée de l'Amérique française (à Québec), comme le Musée canadien des civilisations (à Ottawa), l'actuel gardien de cet objet qu'il nomme, toutefois, prudemment « l'astrolabe dit de Champlain ».
  12. Ces Hurons sont probablement plus costauds que Champlain.[style à revoir]
  13. a et b Avant la fin de décembre 1610, personne ni même Samuel Champlain n'accole à cette lignée patronymique la particule « de » — voir dans le titre de ses œuvres. C'est dans son contrat de mariage que cette particule apparaît pour la première fois. Lui et sa famille ne possèdent pas de fief et ne tirent des revenus de fiefs. Mais « cette particule est tolérée pour les notables », surtout « s'ils sont admis à la cour » du roi, ce qui est le cas de Champlain.
  14. Dans le titre de son premier ouvrage paru (1603), il se dit Sammuel Champlain (sans la particule « de ») et de Brouage ; ensuite (2e ouvrage, 1613), il se dit Sieur de Champlain et Saintongeois.
  15. Voir les arguments qui rendent davantage plausible sa naissance vers 1574 et la fin de son premier apprentissage de la navigation en 1594 : (Liebel 1978). — Le lieu de l'accouchement (naissance) peut différer du lieu de résidence des parents, comme le souligne ici Jean Liebel.
  16. Remarque : « Chapeleau » comporte dans l'ordre les mêmes consonnes (Ch, p, l) que dans « Champlain », il ne manque que les nasales (am, in). — Le père de Samuel est souvent nommé « Chappelin » ou « Chappelain », dans les archives, mais ne signe pas.
  17. Aujourd'hui, La Rochelle et Brouage sont distantes de quelque 55 kilomètres par la route. En ligne droite, en barque, la distance est moindre.
  18. La Compagnie des marchands, dont Champlain est un des actionnaires, lui paie un salaire, pour lui et pour son personnel : cuisinier, serviteurs, soldats et ouvriers. Il reçoit aussi du roi une rente viagère. Des chefs amérindiens lui offrent parfois des fourrures en présent, qu'il peut revendre. Il hérite, de sa parenté à Brouage, de trois maisons qu'il liquide. Ces 4 500 livres équivalent à près de 45 années de salaire pour un ouvrier non spécialisé, nourri, logé. Sa belle-famille est cependant restée riche.
  19. Actes existants concernant Hélène Boullé : contrat de mariage (27 décembre 1610 devant les notaires Nicolas Chocquillot et Loys [Louis] Arragon, registre des Insinuations, greffe du Châtelet, Paris), exhérédation d'Hélène Boullé, femme de Champlain, par ses parents Nicolas Boullé et Marguerite Alix (10 janvier 1614) et révocation de cet acte (23 mai 1636), testament de Marguerite Alix, femme de Nicolas Boullé, déshéritant sa fille Hélène (14 février 1614) et révocation de cet acte (23 mai 1636), contrat d'engagement de sa suivante (domestique) Ysabel Terrier (22 juillet 1617, à Paris), dernier testament de Champlain (1635, à Québec), réception d'Hélène Boullé au couvent des Ursulines de la rue Saint-Jacques (20 mars 1646, A.N. Min. Centr. LXII, 82), privilège accordé par l'évêque à Hélène Boullé, fondatrice d'une maison des Ursulines à Meaux (10 mars 1648, acceptation des religieuses Ursulines d'un contrat pour l'achat d'une maison à Meaux (19 mai et 22 juin 1650, Arch. Dept. Seine & Marne, Série H624), procuration du (17 octobre 1650) et constitution de rente par les Ursulines de Meaux aux Ursulines de Paris (26 octobre 1650, A.N. Min. Centr. LXIV, liasse 90, De Rivière) rachat de cette rente (17 novembre 1654, id.), etc. — voir aussi : Fonds René-Baudry, Université de Moncton
  20. Voir : Cyprien Tanguay, Dictionnaire généalogique des familles canadiennes [du régime français (1608-1760)] (Montréal, Eusèbe Sénécal, 1871-1890, 7 vol.) et René Jetté, Dictionnaire généalogique des familles du Québec, des origines à 1730 (Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 2002 (1re édit. 1983), 1206 p. (ISBN 978-2-89105-815-5) Gaétan Morin Éditeur, distributeur de l'ouvrage).
  21. Voir aussi : Nicole Fyfe-Martel, Hélène de Champlain (roman historique, trilogie), (Montréal, HMH [1], 2003, 2005, 2007, 3 tomes avec bibliographie, réimpr. mars 2008). ; Note : Un peu de fiction pétillante sur trame historique rigoureuse, l'auteure est tante de l'historien Mathieu D'Avignon (elle le révèle dans la section remerciements).
  22. Le portrait de Champlain utilisé dans l'article est un portrait factice par Eugène Ronjat. Source : François Guizot, A Popular History of France from the Earliest Times, vol. 6, chap. 53, Boston, Dana Estes & Charles E. Lauriat (Imp.), 19th C., p. 190.

Références

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Champlain, Œuvres de Champlain

(Charles-Honoré Laverdière, éditeur annotateur ; texte intégral en ligne)

  1. op. cit., p. 670
  2. Ibid., p. 103
  3. Ibid., p. 104
  4. Tome II (1603).
  5. Tome III (1613): « Nous advisames que ce serait assez de faire mourir le dit du Val, comme le motif de l'entreprinse, & aussi pour servir d'exemple à ceux qui restoient, de se comporter sagement à l'advenir en leur devoir, & afin que les Espagnols & Basques qui estoient en quantité au pays n'en fissent trophée: & les trois autres condamnez d'estre pendus, & cependant les remmener en France entre les mains du sieur de Mons, pour leur estre fait plus ample justice, selon qu'il adviseroit, avec toutes les informations, & la sentence, tant dudict Jean du Val qui fut pendu & estranglé audit Quebecq, & sa teste mise au bout d'une pique pour estre plantée au lieu le plus eminent de nostre fort & les autres trois renvoyez en France. »
  6. Laverdière, Notice biographique de Champlain, tome I, pp. ix-lxxvj.
  7. Tome V, pièce justificative XXXI, pages 33-35/1445-1447 : contrat de mariage de Samuel de Champlain avec Hélène Boullé, devant les notaires Nicolas Chocquillot et Loys [Louis] Arragon, le 27 décembre 1610, registre des Insinuations, greffe du Châtelet, Paris.
  8. Tome I — Brief discours des choses plus remarquables que Samuel Champlain de Brouage a reconnues aux Indes Occidentales [...] (1602, illustré, non publié).
Marcel Trudel
  1. a b et c Trudel 2003, « Il serait né vers 1570, peut-être en 1567, ou plus tard, vers 1580. »
  2. Marcel Trudel, Mathieu D'Avignon, « Samuel de Champlain » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. Publié le 23 juillet 2015. (consulté le ).
Denis Vaugeois et alii
  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u et v (Litalien et Vaugeois 2004)
  2. Gagnon, Ibid. p. 86
  3. Gagnon, Ibid. : Le Brief discours [...] est une des copies d'un manuscrit original non retrouvé. Trois exemplaires manuscrits, anonymes et différents, du Brief Discours existent : l'un, provenant de Dieppe, à la John Carter Brown Library (at Brown University) de Providence (Rhode Island), un autre à l'Université de Bologne, un troisième aux Archives d'État de Turin. Aucun des trois ne semble être le manuscrit original, mais les trois s'avèrent des copies plus ou moins fidèles à l'original non encore retrouvé. Le manuscrit de Dieppe-Providence est le plus complet, y compris pour ce qui est des illustrations, dont il est d'ailleurs le seul à les présenter en couleur : c'est le manuscrit que Laverdière a retenu et publié en 1870. — Les recherches se poursuivent encore, jusque dans les archives espagnoles, au sujet de ce voyage de Champlain aux Indes occidentales.
  4. Gagnon, François-Marc, Le Brief Discours est-il de Champlain ?, pp. 83-92, dans Raymonde Litalien (dir.) et Denis Vaugeois (dir.), Champlain : La naissance de l'Amérique française, Sillery (Québec)/Paris/La Rochelle, Septentrion (Québec) et Nouveau monde éditions (Paris), , 400 p. (ISBN 2-89448-388-0, présentation en ligne)
Autres références
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  2. a b et c Vaugeois 2008
  3. d'Avignon 2008
  4. En Saintonge, la noblesse est très ouverte. Pour être noble, suffit de vivre noblement. Champlain appartient à la petite noblesse de province. Il porte la particule que l'on retrouve dans les registres de l'armée royale de Bretagne dès 1595. Thierry, Éric, Samuel de Champlain: Espion en Amérique 1598-1603, Septentrion 2013, p 11.
  5. Avant 1612 le monopole de la traite était attribué à des lieutenants-généraux de la Nouvelle-France, ce sont Pierre Chauvin de Tonnetuit en 1599, Aymar de Chaste en 1603 et Pierre Dugua de Mons en 1604. Pierre Chauvin et Dugua de Mons ont séjourné à Tadoussac en 1600. Les vice-rois ne sont jamais venus en Nouvelle-France.
  6. Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 2, Sillery, Septentrion, 2019, p. 1217-1223.
  7. Au-delà de la présomption provenant de son prénom, usuel dans les familles protestantes, des chercheurs ont découvert en 2012 son acte de baptême dans un temple protestant de La Rochelle. Cela explique sa grande discrétion sur ses origines car il se trouvera en compagnie de religieux catholiques dans sa carrière dans le Nouveau Monde. « Samuel de Champlain serait né protestant », sur le site du journal Le Soleil, (consulté le )
  8. Champlain demeure silencieux sur ses origines familiales. Éric Thierry émet une hypothèse sur ses origines. Thierry, Éric. 2018. Le mystère des origines de Samuel de Champlain, Cap-Aux-Diamants, no. 134, 4-7.
  9. (Daveluy 1945, p.214)
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  11. Le Blant, Robert et René Beaudry, Nouveaux Documents sur Champlain et son époque (vol. 1, 1560-1622). Publication des Archives publiques du Canada, no 15. Ottawa, 1967, p. 9
  12. Thierry, Éric, Samuel de Champlain: Espion en Amérique 1598-1603, Québec, Septentrion, 2013, p.15
  13. (Dionne 1891)
  14. Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain Tome 1, Septentrion 2019, pp. 6-8.
  15. Samuel de Champlain 1632
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  19. Eric Thierry raconte le manuscrit retrouvé de Champlain (https://kiosqueduseptentrion.ca/2020/04/15/eric-thierry-raconte-le-manuscrit-retrouve-de-champlain/)[Podcast] (2020) Editions du Septentrion. Consulté le 1er août 2023
  20. Thierry, Éric, Les Oeuvres complètes de Champlain, Tome 1, Septentrion 2019, pp. 159-166
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  22. Lescarbot, Marc, Les muses en Nouvelle-France, Paris, Jean Milot, 1611.
  23. Glénisson 2003
  24. Moulin-Baude, dans l'historique de Tadoussac
  25. Trudel 1962« faire voir & recognoistre tout ce qui se pourroit en ces lieux »
  26. Pointe-aux-Alouettes (à Baie-Sainte-Catherine)
  27. "A Paris, en octobre 1603, François Gravé présente à Henri IV un jeune amérindien qui lui a été confié par son père, le chef montagnais Bechourat. Le roi traite l’enfant comme le sien et l’envoie rejoindre sa progéniture au château de Saint-Germain-en-Laye. L’existence de « Petit Canada » au contact des princes et princesses sera malheureusement brève: baptisé le 9 mai 1604, il aura comme parrain et marraine, deux des enfants d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, Alexandre et Catherine-Henriette, mais il tombera vite malade et, malgré les sollicitudes du futur Louis XIII qui lui fera partager ses repas, il mourra le 18 juin suivant, laissant au dauphin un vif souvenir." (Thierry 2019, op.cit p. 212)
  28. a b c d e f g et h (Le Jeune, o.m.i. 1931)
  29. Samuel de Champlain, Des sauvages, ou Voyage de Samuel Champlain, de Brouage, fait en la France nouvelle l'an mil six cens trois... : contenant les moeurs, façons de vivre, mariages, guerres, & habitations des sauvages de Canadas [sic]..., Paris, C. de Monstr'oeil, , IV-36 f. (lire en ligne)
  30. L'éditeur de l'ouvrage "Des Sauvages", Claude de Monstr'oeil a voulu contester la noblesse de Champlain. Il était sans doute au courant de l'Édit de la taille de mars 1600, qui ne permettait pas aux bâtards et leurs descendants de prétendre à la noblesse. Claude de Monstr'oeil "connaissait sans doute la probable bâtardise du père de celui-ci, Antoine de Champlain". (Thierry, Éric, Les Œuvres complètes de Champlain, Tome 1, Québec, Septentrion, 2019, p. 167.
  31. Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 1, Québec, Septentrion, 2019, p. 42.
  32. Michel Bideaux, « Des sauvages : une singularité narrative », Études françaises, volume 22, numéro 2, automne 1986, p. 35 (lire en ligne).
  33. Thierry, Éric, La France d’Henri IV en Amérique du Nord : De la création de l’Acadie à la fondation de Québec, Paris, Classique Garnier, 2019, p. 65-66-122-124.
  34. Jean de Biencourt et Marc Lescarbot sont des ex-ligueurs, fervents catholiques et, ralliés à Henri IV seulement lorsque celui-ci s’est converti au catholicisme. Traumatisés par les guerres de religion, ces ligueurs imprégnés d’humanisme chrétien, désiraient implanter en Acadie, un christianisme des origines, une Société sainte en quelque sorte. Les rituels des soupers de l’Ordre de Bon-Temps, créé par Champlain, évoquaient les noces de Cana de la Vulgate. Source: Thierry, Éric, La France d’Henri IV en Amérique du Nord : De la création de l’Acadie à la fondation de Québec, Paris, Classique Garnier, 2019, p. 192 et 390.
  35. Cette carte manuscrite de Champlain est signalée à Nantes en 1886 cédée par un abbé à Gabriel-Alexandre Marcel, qui la cède plus tard à Henry Harrisse, un historien franco-américain. Ce dernier fait don de cette carte à la Bibliothèque du Congrès à Washington en 1910. Source: Marcel, Gabriel, Cartographie de la Nouvelle-France: Supplément de l'ouvrage de H. Harrisse, Paris Maisonneuve, 1885, p. 6..https://books.google.ca/books?id=BH8OAAAAYAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false
  36. Lescarbot 1612, p. 622.
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  39. Navires venus en Nouvelle-France en 1609 et 1610
  40. a et b (Dionne 1891), Chapitre treizième: Voyage de 1610.
  41. Thierry, Éric, Samuel de Champlain: Aux origines de l'Amérique française, Septentrion, 2024, p. 359. Voir aussi p. 301, note 75. En 1614, elle avait 13 ans, source: Le Blant, Robert et René Baudry, Nouveaux documents sur Champlain et son époque, p. 332.
  42. Le contrat, daté du 27 décembre 1610, est conservé par le Minutier central des notaires de Paris, département des Archives nationales (site de Paris) Il y est consultable sous la forme d'un microfilm coté MC/MI/RS/281 lire en ligne. Cote originelle du document : MC/ET/LXXXV/108
  43. « Ce mesme jour je partis de Quebecq, et arrivay audit grand saut le vingthuitiesme de May, où je ne trouvay aucun des sauvages ….après avoir visité d'un costé et d'autre, tant dans les bois que le long du rivage, pour trouver un lieu propre pour la scituation d'une habitation, et y preparer une place pour bastir, je fis quelque huit lieues par terre cottoyant le grand saut par des bois qui sont assez clairs, et fus jusques à un lac où nostre sauvage me mena; où je consideray fort particulierement le pays »Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, p. 838
  44. « Mais en tout ce que je veis, je n'en trouvay point de lieu plus propre qu’un petit endroit, qui est jusques où les barques et chaloupes peuvent monter aisément,…. avons nommé la Place royale, à une lieuë du Mont Royal »Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, p. 838-839
  45. Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 1, Septentrion, 2019, p. 430
  46. Noter la particule (« de » Champlain).
  47. Champlain 1613
  48. a b et c Lemieux 2008
  49. Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, p. 857
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  52. Champlain 1613, p. 318-320
  53. Louis Houël, sieur du Petit-Pré, est contrôleur des salines de Brouage et membre de la Compagnie des Cent-Associés
  54. Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, p. 504
  55. voir Is The Warminster Site Champlain's Cahiagué?, par William R. Fitzgerald
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  63. Universalis
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  71. Annie Mathieu, « Samuel de Champlain serait né protestant », Le Soleil,‎ (lire en ligne)
  72. Le texte de l'acte peut se lire comme suit :
    « Le vandredy treziesme Jour daougst / mil cinq centz SoySente et quatorze / a este baptize Samuel filz de / Anthoynne chapeleau et de m (mot rayé) / margerite Le Roy p[a]rain Estienne / Paris, mayrenne Marye Rousseau. / Signatures : Denors, N Girault (paraphe). »
    — Source : Fiche « Champlain (De), Samuel », du Fichier Origine.
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  79. Nicolas Boullé et Marguerite Alix, les parents de la femme de Samuel de Champlain, s'étaient réfugiés à Vitré vers 1591, pour fuir la ligue catholique très active à Paris. Dans cette ville, naîtront leurs enfants, Marie et Jean, respectivement le 12 septembre 1591 et le 3 avril 1594. Vitré était alors considérée un havre de paix pour la communauté huguenote. Champlain est ainsi intimement lié à la ville de Vitré en Bretagne. Source : Archives d'Ile-et-Villaine. Église protestante de Vitré - Greffe no. 10 NUM 35600 3 et 10 NUM 35600 4. Marie: https://archives-en-ligne.ille-et-vilaine.fr/thot.../...
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  87. Il est conservé aujourd'hui au Minutier central des notaires, département des Archives nationales et peut être consulté sous la forme d'un microfilm coté MC/MI/RS/282
  88. https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?udId=c1p7129ou20r—152zm3aqca7z4&consIr=&irId=FRAN_IR_042434&frontIr=&auSeinIR=false. Cotes originelles des documents : MC/ET/LXII/138 et MC/ET/LXII/167
  89. l'acte a été microfilmé (cote MC/MI/RS/283)
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Bibliographie

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En français
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Filmographie

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Articles connexes

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Liens externes

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