« Emar » : différence entre les versions
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'''Emar''' (en arabe : ʾīmār, {{langue|rtl|ar|إيمار}}) actuel '''Tell Meskene''' (en arabe : tall maskana, {{langue|rtl|ar|تل مسكنة}}) était une cité mésopotamienne située sur la rive de l'[[Euphrate]] dans le nord-ouest de l'actuelle [[Syrie]]. Sa position géographique à la jonction de la [[Mésopotamie]], de la Méditerranée et de l'[[Anatolie]] en a fait une place stratégique. |
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En 1996, une équipe germano-syrienne met au jour des vestiges plus anciens datant du [[bronze ancien]] et du [[bronze moyen]]. |
En 1996, une équipe germano-syrienne met au jour des vestiges plus anciens datant du [[bronze ancien]] et du [[bronze moyen]]. |
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Dans les années 1960, le gouvernement syrien décide la construction d'un barrage et d'un lac artificiel sur le fleuve de l'[[Euphrate]] à la hauteur de [[Tabqa]]. Le service des Antiquités du pays prospecte d'abord la région qui n'avait jamais fait l'objet de fouilles archéologiques, puis lance un appel aux partenariats internationaux pour approfondir les recherches archéologiques avant que la zone ne soit engloutie. La première campagne de fouilles a lieu en 1970 sous la direction des professeurs M. Raymond et M. Golvin de l'[[université d'Aix-en-Provence]]. La découverte d'une petite tablette couverte de signes cunéiformes met la puce à l'oreille des chercheurs français qui commencent à associer le site au port fluvial de Meskéné-Khadimé dont l'emplacement hypothétique avait été proposé à cet endroit par l'épigrahiste M. G. Dossin en 1952<ref name=":0">{{Article|prénom1=Jean-Claude|nom1=Margueron|titre=Les fouilles françaises de Meskéné-Émar (Syrie)|périodique=Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres|volume=119|numéro=2|date=1975|doi=10.3406/crai.1975.13109|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1975_num_119_2_13109|consulté le=2023-07-08|pages=201–213}}</ref>. |
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C'est entre 1972 et 1976 grâce aux fouilles menées par Jean-Claude Margueron que le site de la ville d'Emar est localisé. À cette occasion, de nombreuses tablettes d'écriture [[cunéiforme]] principalement écrites en [[Akkadien]] ainsi que plusieurs édifices sont mis au jour. Ces découvertes sont datées de l'âge du [[bronze final]]. |
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C'est entre 1972 et 1976 grâce aux fouilles menées par [[Jean-Claude Margueron]] que le site de la ville d'Emar est localisé. Dès le cinquième jour des recherches françaises, la découverte d'un lot de tablettes conservées dans une jarre permettent de confirmer que le site est celui du royaume d'Emar<ref name=":0" />. |
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Cependant, le barrage sur l'Euphrate entre en service en été 1973. Lorsque les équipes archéologiques françaises font leur retour sur le site au printemps 1974, les populations locales ont été déplacées et leurs habitats dépiécés, et les eaux commençaient à envahir le site d'Emar, ce qui mit fin aux fouilles<ref name=":0" />. |
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Le site n'est cependant pas submergé entièrement, et une nouvelle phase de pillage se produit dans les années 1990. Des fouilles sont menées de 1996 à 2002 par des équipes allemandes. |
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⚫ | Sous le règne de l'empereur [[Empire byzantin|byzantin]] [[Justinien II]] (règne 685-695, puis 705-711) la frontière de l'empire est défendue par une forteresse nommée ''' |
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== Histoire == |
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⚫ | Les ruines d'Emar se composent de temples et d'habitations datant du [[bronze final]] ({{-s2|XIII|e|XII|e}}) et des restes d'un mur datant du [[bronze moyen]] ({{-mi|II|e}}). Des traces de constructions plus anciennes attendent d'être étudiées<ref name="archpark">{{en}} {{Lien web |titre=The Archaeological Park. Emar – Balis (Syria) |url=http://www.uni-tuebingen.de/emar/en/archpark_flyer_en.pdf |site=Eberhard Karls Universität Tübingen}}</ref>. De nombreuses tablettes d'écriture [[cunéiforme]] principalement écrites en [[Akkadien]] ainsi que plusieurs édifices sont mis au jour<ref name=":1" />. Ces découvertes sont datées de l'âge du [[bronze final]]. |
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⚫ | L'histoire de la ville d'Emar s'arrête pendant le premier tiers du {{-s|XII}} De nombreux siècles s'écoulent avant que le site ne reprenne vie ; peut-être pendant la période [[achéménides|achéménide]]. À la période [[Époque hellénistique|hellénistique]] puis la période [[Rome antique|romaine]] des textes parlent d'une cité s'appelant '''Bala / Balis'''<ref name="archpark" />. En [[253]], Barbalissos a été le théâtre d'une {{Lien|langue=en|trad=Battle of Barbalissos|fr=Bataille de Barbalissos|texte=bataille}} entre le souverain [[Sassanides|sassanide]] [[Shapur Ier|Chapur I{{er}}]] et les Romains. Barbalissos devient un évêché [[suffragant]], un de ses évêques participe au [[Premier concile de Nicée|concile de Nicée]] en 325. Cet évêché est encore cité au {{s-|VI|e}}<ref name="ce">{{en}} {{Lien web |titre=Barbalissos |url=http://www.newadvent.org/cathen/02284c.htm |site=Catholic Encyclopedia}}</ref>. |
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⚫ | Sous le règne de l'empereur [[Empire byzantin|byzantin]] [[Justinien II]] (règne 685-695, puis 705-711) la frontière de l'empire est défendue par une forteresse nommée '''[[Barbalissos]]''' entourée par de murailles auxquelles ont été ajoutées deux tours carrées de {{unité|25|m}} de hauteur permettant de surveiller l'autre rive de l'Euphrate<ref>{{en}} {{Lien web |titre=Barbalissos - The restoration |url=http://www.uni-tuebingen.de/emar/en/barbalissos.html |site=Eberhard Karls Universität Tübingen}}</ref>. De 793 jusqu'à 1042, des évêques [[Église syriaque orthodoxe|jacobites]] sont titulaires de l'évêché de Barbalissos<ref name="ce" />. |
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Des maisons de la période islamique se trouvent dans les murs de Balis. Cette dernière a été abandonnée au {{s|XIII|e}} lors de l'approche des [[Mongols]]<ref name="archpark" />. À l'écart du site d'Emar, une forteresse de l'époque [[Omeyyades|omeyyade]] présente de magnifiques fresques, son propriétaire était Maslama fils du [[calife]] [[Abd al-Malik (Omeyyade)|Abd al-Malik]] qui a combattu contre les Byzantins<ref name="archpark" />. La mission française de Balis a sauvé un minaret richement orné, datant de la période [[Ayyoubides|ayyoubide]], qui appartenait à la grande mosquée actuellement sous les eaux. Ce minaret a été reconstitué à proximité de la forteresse. Un sanctuaire [[chiisme|chiite]] du {{s|XI|e}}, se trouve sur la rive du lac<ref name="archpark" />. Il y a un grand nombre de tombes creusées dans le rocher, entre le site d'Emar et le palais omeyyade, qui datent de l'Antiquité tardive, et dont seulement quelques-unes ont été étudiées<ref name="archpark" />. |
Des maisons de la période islamique se trouvent dans les murs de Balis. Cette dernière a été abandonnée au {{s|XIII|e}} lors de l'approche des [[Mongols]]<ref name="archpark" />. À l'écart du site d'Emar, une forteresse de l'époque [[Omeyyades|omeyyade]] présente de magnifiques fresques, son propriétaire était Maslama fils du [[calife]] [[Abd al-Malik (Omeyyade)|Abd al-Malik]] qui a combattu contre les Byzantins<ref name="archpark" />. La mission française de Balis a sauvé un minaret richement orné, datant de la période [[Ayyoubides|ayyoubide]], qui appartenait à la grande mosquée actuellement sous les eaux. Ce minaret a été reconstitué à proximité de la forteresse. Un sanctuaire [[chiisme|chiite]] du {{s|XI|e}}, se trouve sur la rive du lac<ref name="archpark" />. Il y a un grand nombre de tombes creusées dans le rocher, entre le site d'Emar et le palais omeyyade, qui datent de l'Antiquité tardive, et dont seulement quelques-unes ont été étudiées<ref name="archpark" />. |
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== Artfefacts == |
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Les [[hiéroglyphes hittites]] trouvés sur le site de Meskéné-Emar reprennent les thèmes courants trouvés sur les sites de [[Bogâzköy]], [[Tarse (ville)|Tarse]], et [[Ras Shamra]], mais se distinguent par des inscriptions [[cunéiforme]]s en haut et bas des tablettes inscrites<ref name=":1">{{Article|prénom1=Emmanuel|nom1=Laroche|titre=Les hiéroglyphes hittites de Meskéné-Emar : un emprunt d'écriture|périodique=Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres|volume=127|numéro=1|date=1983|doi=10.3406/crai.1983.14011|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1983_num_127_1_14011|consulté le=2023-07-08|pages=12–23}}</ref>. |
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== Notes et références == |
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{{Références}} |
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== Bibliographie == |
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* {{Chapitre| langue= fr|prénom1=Jean-Claude|nom1=Margueron | titre=Meskene (Imar/Emar) B. Archäologisch| titre ouvrage=Reallexicon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie |volume = VIII (1/2)| lieu= Berlin| éditeur=De Gruyter| année= 1993| passage= 84-93}} |
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* {{Lien web|langue=de|prénom1= Betina |nom1=Faist |prénom2=Uwe|nom2= Finkbeiner |nom3= Kreuzer|prénom3= Siegfried|titre= Emar |site= Das Wissenschaftliche Bibellexikon im Internet (www.wibilex.de)|année= 2011|url= https://www.bibelwissenschaft.de/fileadmin/buh_bibelmodul/media/wibi/pdf/Emar__2020-02-20_14_55.pdf}} (version PDF, 31 p.) |
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* {{Chapitre|langue=en| prénom1=Ferhan|nom1=Sakal |titre=Tell Meskene/Emar (Aleppo)|auteurs ouvrage=Youssef Kanjou et Akira Tsuneki (dir.) | titre ouvrage= A History of Syria in One Hundred Sites|éditeur=Archeopress|lieu=Oxford| année=2016 |passage= 300-303}}. |
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== Annexes == |
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===Liens externes=== |
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* {{Lien web |titre=Les hiéroglyphes hittites de Meskéné-Emar : un emprunt d'écriture |url=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1983_num_127_1_14011 |site=[[Persée (portail)|Persée]]. Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche |auteur=Emmanuel Laroche}} |
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* {{Lien web |titre=Les fouilles françaises de Meskéné-Émar (Syrie) |url=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1975_num_119_2_13109 |site=[[Persée (portail)|Persée]]. Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche |auteur=Jean Margueron}} |
* {{Lien web |titre=Les fouilles françaises de Meskéné-Émar (Syrie) |url=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1975_num_119_2_13109 |site=[[Persée (portail)|Persée]]. Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche |auteur=Jean Margueron}} |
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* {{en}} {{Lien web |url=http://www.ieiop.com/emar/en/Presentation.html |titre=Bibliography of Emar Studies}} |
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* {{en}} {{Lien web |url=http://www.urgeschichte.uni-tuebingen.de/index.php?id=210 |titre=Bronze Age economy at Emar (Syria) |site=Eberhard Karls Universität Tübingen}} |
* {{en}} {{Lien web |url=http://www.urgeschichte.uni-tuebingen.de/index.php?id=210 |titre=Bronze Age economy at Emar (Syria) |site=Eberhard Karls Universität Tübingen}} |
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* {{Lien web |titre=Le sauvetage des vestiges de la zone de submersion du barrage de Tabqa sur l'Euphrate |url=http://www.international.icomos.org/monumentum/vol17/vol17_3.pdf |site=[[Conseil international des monuments et des sites|ICOMOS]] (International COuncil on MOnuments and Sites)}} |
* {{Lien web |titre=Le sauvetage des vestiges de la zone de submersion du barrage de Tabqa sur l'Euphrate |url=http://www.international.icomos.org/monumentum/vol17/vol17_3.pdf |site=[[Conseil international des monuments et des sites|ICOMOS]] (International COuncil on MOnuments and Sites)}} |
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* {{en |
* {{mul|en|de}} {{Lien web |titre=The Archaeological Park Emar – Balis (Syria) |url=http://www.emar-balis.org}} |
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* {{Lien web| langue=de|auteurs= Betina Faist, Uwe Finkbeiner et Siegfried Kreuzer |titre=Emar| site=Das wissenschaftliche Bibellexikon im Internet (WiBiLex)| année= 2011| url= https://www.bibelwissenschaft.de/stichwort/17472/ |consulté le=14 octobre 2017}} |
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{{Portail|Proche-Orient ancien|Syrie|archéologie}} |
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[[Catégorie:Site archéologique en Syrie]] |
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[[Catégorie:Ville du Proche-Orient ancien]] |
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[[ru:Эмар (город)]] |
Dernière version du 2 février 2024 à 20:17
Emar (ar) إيمار | ||
Localisation | ||
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Pays | Syrie | |
Gouvernorat | Alep | |
Coordonnées | 35° 59′ 13″ nord, 38° 06′ 42″ est | |
Géolocalisation sur la carte : Syrie
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Emar (en arabe : ʾīmār, إيمار) actuel Tell Meskene (en arabe : tall maskana, تل مسكنة) était une cité mésopotamienne située sur la rive de l'Euphrate dans le nord-ouest de l'actuelle Syrie. Sa position géographique à la jonction de la Mésopotamie, de la Méditerranée et de l'Anatolie en a fait une place stratégique.
En 1996, une équipe germano-syrienne met au jour des vestiges plus anciens datant du bronze ancien et du bronze moyen.
Découverte archéologique
[modifier | modifier le code]Dans les années 1960, le gouvernement syrien décide la construction d'un barrage et d'un lac artificiel sur le fleuve de l'Euphrate à la hauteur de Tabqa. Le service des Antiquités du pays prospecte d'abord la région qui n'avait jamais fait l'objet de fouilles archéologiques, puis lance un appel aux partenariats internationaux pour approfondir les recherches archéologiques avant que la zone ne soit engloutie. La première campagne de fouilles a lieu en 1970 sous la direction des professeurs M. Raymond et M. Golvin de l'université d'Aix-en-Provence. La découverte d'une petite tablette couverte de signes cunéiformes met la puce à l'oreille des chercheurs français qui commencent à associer le site au port fluvial de Meskéné-Khadimé dont l'emplacement hypothétique avait été proposé à cet endroit par l'épigrahiste M. G. Dossin en 1952[1].
C'est entre 1972 et 1976 grâce aux fouilles menées par Jean-Claude Margueron que le site de la ville d'Emar est localisé. Dès le cinquième jour des recherches françaises, la découverte d'un lot de tablettes conservées dans une jarre permettent de confirmer que le site est celui du royaume d'Emar[1].
Cependant, le barrage sur l'Euphrate entre en service en été 1973. Lorsque les équipes archéologiques françaises font leur retour sur le site au printemps 1974, les populations locales ont été déplacées et leurs habitats dépiécés, et les eaux commençaient à envahir le site d'Emar, ce qui mit fin aux fouilles[1].
Le site n'est cependant pas submergé entièrement, et une nouvelle phase de pillage se produit dans les années 1990. Des fouilles sont menées de 1996 à 2002 par des équipes allemandes.
Histoire
[modifier | modifier le code]Les ruines d'Emar se composent de temples et d'habitations datant du bronze final (XIIIe et XIIe siècles av. J.-C.) et des restes d'un mur datant du bronze moyen (IIe millénaire av. J.-C.). Des traces de constructions plus anciennes attendent d'être étudiées[2]. De nombreuses tablettes d'écriture cunéiforme principalement écrites en Akkadien ainsi que plusieurs édifices sont mis au jour[3]. Ces découvertes sont datées de l'âge du bronze final.
L'histoire de la ville d'Emar s'arrête pendant le premier tiers du XIIe siècle av. J.-C. De nombreux siècles s'écoulent avant que le site ne reprenne vie ; peut-être pendant la période achéménide. À la période hellénistique puis la période romaine des textes parlent d'une cité s'appelant Bala / Balis[2]. En 253, Barbalissos a été le théâtre d'une bataille (en) entre le souverain sassanide Chapur Ier et les Romains. Barbalissos devient un évêché suffragant, un de ses évêques participe au concile de Nicée en 325. Cet évêché est encore cité au VIe siècle[4].
Sous le règne de l'empereur byzantin Justinien II (règne 685-695, puis 705-711) la frontière de l'empire est défendue par une forteresse nommée Barbalissos entourée par de murailles auxquelles ont été ajoutées deux tours carrées de 25 m de hauteur permettant de surveiller l'autre rive de l'Euphrate[5]. De 793 jusqu'à 1042, des évêques jacobites sont titulaires de l'évêché de Barbalissos[4].
Des maisons de la période islamique se trouvent dans les murs de Balis. Cette dernière a été abandonnée au XIIIe siècle lors de l'approche des Mongols[2]. À l'écart du site d'Emar, une forteresse de l'époque omeyyade présente de magnifiques fresques, son propriétaire était Maslama fils du calife Abd al-Malik qui a combattu contre les Byzantins[2]. La mission française de Balis a sauvé un minaret richement orné, datant de la période ayyoubide, qui appartenait à la grande mosquée actuellement sous les eaux. Ce minaret a été reconstitué à proximité de la forteresse. Un sanctuaire chiite du XIe siècle, se trouve sur la rive du lac[2]. Il y a un grand nombre de tombes creusées dans le rocher, entre le site d'Emar et le palais omeyyade, qui datent de l'Antiquité tardive, et dont seulement quelques-unes ont été étudiées[2].
Artfefacts
[modifier | modifier le code]Les hiéroglyphes hittites trouvés sur le site de Meskéné-Emar reprennent les thèmes courants trouvés sur les sites de Bogâzköy, Tarse, et Ras Shamra, mais se distinguent par des inscriptions cunéiformes en haut et bas des tablettes inscrites[3].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Jean-Claude Margueron, « Les fouilles françaises de Meskéné-Émar (Syrie) », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 119, no 2, , p. 201–213 (DOI 10.3406/crai.1975.13109, lire en ligne, consulté le )
- (en) « The Archaeological Park. Emar – Balis (Syria) », sur Eberhard Karls Universität Tübingen
- Emmanuel Laroche, « Les hiéroglyphes hittites de Meskéné-Emar : un emprunt d'écriture », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 127, no 1, , p. 12–23 (DOI 10.3406/crai.1983.14011, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Barbalissos », sur Catholic Encyclopedia
- (en) « Barbalissos - The restoration », sur Eberhard Karls Universität Tübingen
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Claude Margueron, « Meskene (Imar/Emar) B. Archäologisch », dans Reallexicon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie, vol. VIII (1/2), Berlin, De Gruyter, , p. 84-93
- (de) Betina Faist, Uwe Finkbeiner et Siegfried Kreuzer, « Emar », sur Das Wissenschaftliche Bibellexikon im Internet (www.wibilex.de), (version PDF, 31 p.)
- (en) Ferhan Sakal, « Tell Meskene/Emar (Aleppo) », dans Youssef Kanjou et Akira Tsuneki (dir.), A History of Syria in One Hundred Sites, Oxford, Archeopress, , p. 300-303.
Annexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Jean Margueron, « Les fouilles françaises de Meskéné-Émar (Syrie) », sur Persée. Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
- (en + de) « Project Emar », sur Eberhard Karls Universität Tübingen, Site sur la campagne de fouilles germano-syrienne
- (en) « Bibliography of Emar Studies »
- (en) « Bronze Age economy at Emar (Syria) », sur Eberhard Karls Universität Tübingen
- « Le sauvetage des vestiges de la zone de submersion du barrage de Tabqa sur l'Euphrate », sur ICOMOS (International COuncil on MOnuments and Sites)
- (en + de) « The Archaeological Park Emar – Balis (Syria) »
- (de) Betina Faist, Uwe Finkbeiner et Siegfried Kreuzer, « Emar », sur Das wissenschaftliche Bibellexikon im Internet (WiBiLex), (consulté le )