Voir la source de Magyars

{{Confusion|texte=Cet article fait référence au groupe ethnique magyar. Pour sa langue, consulter l'article sur le [[hongrois]].}}
{{Infobox Groupe ethnique
| nom=Magyars
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| légende=L'arrivée des tribus magyares dans le bassin des Carpates : le ''[[Honfoglalás]]''.
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}}
Les '''Magyars''' (en {{Lang-hu|''magyar'' {{API|[ˈmɒɟɒɾ]}}}}) sont les personnes formant le peuple hongrois.

Le terme « Hongrois » désigne en français les [[citoyen]]s de la [[Hongrie]], quelles que soient leurs langues, origines et traditions culturelles<ref>« Traduction en français de la Loi fondamentale hongroise » [http://nemzetikonyvtar.kormany.hu/download/1/00/50000/francia_nyomda.pdf] (numéro spécial du ''Journal officiel'' hongrois, version entrée en vigueur le {{date|1 janvier 2012}}).</ref>. Le terme « '''Magyar''' », quant à lui, désigne un [[Ethnie|groupe ethnique]], culturel et linguistique de langue [[hongrois]]e ou proto-hongroise dont l'[[aire de distribution]] actuelle dépasse de loin les frontières de la [[Histoire de la Hongrie|Hongrie moderne]], pour s'étendre dans la plupart des pays adjacents. Les minorités de langue hongroise présentes dans lesdits pays sont d'ailleurs souvent appelées « minorités magyares ». Le terme ''Magyar'' en français a aussi une forte connotation historique : les principaux ancêtres du peuple hongrois actuel, dont on sait peu de choses sinon qu'ils auraient migré à travers l'[[Asie centrale]] et la [[Russie]] pour s'établir sur le territoire de l'actuelle Hongrie et même au-delà en [[Europe centrale]], sont appelés « Magyars » (au pluriel dans la langue hongroise : {{lang|hu|''magyarok''}}, prononcé {{API|[ˈmɒɟɒrok]}}). Cette distinction entre les deux termes, hongrois et magyar, n'existe pas en langue hongroise, puisque « hongrois » se dit {{lang|hu|''magyar''}} dans celle-ci.

Les premiers '''Magyars''' seraient donc originaires d'[[Asie centrale]] et, par des migrations successives d'est en ouest dans la [[steppe eurasienne]], se sont d'abord établis dans l'[[Oural]], ensuite au nord de la [[mer Noire]] dans la [[steppe pontique]] (pays d'[[Etelköz]], actuelles [[Ukraine]] et [[Moldavie (région historique)|Moldavie]]<ref>Etelköz est l'appellation hongroise du territoire désigné en grec par le syntagme Aτελ και Oυζoυ (''Atel et Oğuz''), par lequel les peuples [[Langues turques|turcophones]] locaux sont identifiés dans l'œuvre ''[[De administrando imperio]]'' de l'[[empereur]] [[Empire byzantin|byzantin]] [[Constantin VII Porphyrogénète]].</ref>) et finalement en [[Europe centrale]], dans le [[bassin du moyen-Danube]] où ils ont créé au {{s-|IX}} le « pays magyar » (''{{lang|hu|texte=Magyarország}}'') c'est-à-dire la [[Hongrie]]. Des controverses historiographiques récurrentes évoquent l'existence de « [[Magyars orientaux]] » (''{{lang|hu|texte=keleti Magyarok}}'') dans le [[Caucase]] et en Asie centrale ; d'autres portent sur la date et l'antériorité des [[Migration humaine|migrations]] des Magyars et des [[peuples germaniques]], [[slaves]] ou [[Langues romanes orientales|romans]] voisins<ref>Roumen Daskalov, Alexander Vezenkov, (en) « Entangled Histories of the Balkans - Shared Pasts, Disputed Legacies » Vol. III in Balkan Studies Library, Brill 2015 {{ISBN|9004290362}}, pp. 289-316.</ref>{{,}}<ref>Alain Du Nay, André Du Nay et Árpád Kosztin, Transylvania and the Rumanians, Matthias Corvinus Publishing, 1997, 337 p. {{ISBN|978-1-882785-09-4}}, p. 15.</ref>{{,}}<ref>Olivier Gillet, « L'histoire de la Transylvanie : le différend historiographique hungaro-roumain », in : ''Revue belge de philologie et d'histoire'', 1997, tome 75, fasc. 2, p. 457–485.</ref>{{,}}<ref>Georges Castellan, « Quelques problèmes d'histoire entre Hongrois et Roumains », dans ''Melikov zbornik : Slovenci v zgodovini in njihovi srednjeevropski sosedje'', sous la dir. de Vincenc Rajšp {{et al.}}, Ljubljana, Založba ZRC, 2001, p. 153–162.</ref>.

De nos jours, le qualificatif « magyar » est le plus souvent utilisé comme un [[Ethnonymie|ethnonyme]] pour désigner la catégorie ethnique dans son sens historique (avant la création de l'État hongrois) ou dans son sens socio-culturel, incluant les [[Magyars d'outre-frontières]], à savoir les minorités de langue hongroise dans les pays frontaliers de la Hongrie. En hongrois, le qualificatif {{lang|hu|''magyar''}} est utilisé dans un sens politique, pour désigner tout ce qui est relatif à la [[Hongrie]] comme [[État-nation]] historique et moderne ; le qualificatif « [[pannonie]]n » est également utilisé pour évoquer le [[bassin du moyen-Danube|périmètre]] de l'ancien [[royaume de Hongrie]] avant sa [[Honfoglalás|fondation]], [[Histoire de la Hongrie|pendant son histoire]] et depuis sa [[Traité de Trianon|fragmentation]] après la [[Première Guerre mondiale]].

== Étymologies comparées ==

L'origine du mot « magyar » est peu connue. Parmi les théories les plus acceptées quoique non démontrées, il en est une selon laquelle parmi les sept [[tribus magyares|tribus hongroises]] qui s'établirent dans le [[bassin du moyen-Danube]], la tribu dirigeante se faisait appeler par l'[[autoethnonyme]] ''Megyer''.

La première mention de l'[[Ethnonymie|ethnonyme]] ''magyar'' se trouve dans des chroniques arabo-persanes vers 870, sous la forme مجغرية ''maǧġirīya''. Le nom propre apparenté ''Mogyer(i)'' se trouve en [[grec]] dès le {{s-|VI}} sous la forme Μοῦγελ [{{Prononciation API|muɣel}}] et vers 810-815 sous la forme Μουάγερι(ν) [{{Prononciation API|muaɣeri}}]<ref>مجغرية [m.ǧ.ġ.rīya] incertain, autre lecture : محفرية [m.ḥ.f.rīya]. {{Történ-etim|2|magyar}} ; voir aussi {{Ouvrage |langue=en |langue originale=hu |prénom1=István |nom1=Zimonyi |titre=Muslim Sources on the Magyars in the Second Half of the 9th Century |sous-titre=The Magyar Chapter of the Jayhānī Tradition |lieu=Leiden |éditeur=[[Éditions Brill|Brill]] |collection=East Central and Eastern Europe in the Middle Ages, 450-1450 |numéro dans collection=35 |année=2016 |pages totales=448 |passage=38 |isbn=978-90-04-21437-8 |lire en ligne={{Google Livres|ZK68CgAAQBAJ|page=38}} |titre chapitre=The Versions and Translations of the Magyar Chapter}} ([[Al-Bakri]] et autres versions de la [[Critique textuelle|tradition textuelle]] d'{{lien|Abu Abdallah al-Jayhani|texte=Al-Jaihani}}).</ref>.

Si le nom des Hongrois vient très probablement des [[Onoghour|Onoğurs]], peuple [[Peuples turcs|turcophone]] du nord de la [[mer Noire]] que les tribus magyares rencontrèrent et assimilèrent au {{s-|IX}} en [[Etelköz]], à la veille de s'installer dans la [[grande plaine hongroise]], il existe dans la plupart des langues d'[[Europe de l'Ouest|Europe occidentale]] une ambiguïté datant du [[Moyen Âge]] : celle-ci affirme que « Hongrois » viendrait des [[Huns]], et les noms hunniques tels qu'« [[Attila]] » (le plus grand des chefs hunniques) et « [[Réka]] » (une reine hunnique) sont d'ailleurs encore très populaires en [[Hongrie]], bien que ces deux prénoms soient en fait d'origine [[gotique]]<ref>{{Ouvrage |langue=hu |nom1=Kartográfiai Vállalat Szerkesztőbizottsága |titre=Történelmi atlasz a középiskolák számára |traduction titre=Atlas historique pour les collèges |lieu=Budapest |éditeur=Kartográfiai Vállalat |année=1991 |isbn=963-351-422-3}}.</ref>.

En [[français]], « magyar » désigne généralement le [[peuple]] parlant [[hongrois]] quels que soient les pays où il vit, tandis que « hongrois » peut désigner soit les Magyars dans l'acception [[Ethnie|ethnique]], historique et linguistique, soit les [[citoyen]]s de la [[Hongrie]] quelles que soient leurs origines, cultures et langues, dans l'acception administrative et politique. Cette [[ambiguïté]] se retrouve dans de nombreuses langues d'[[Europe de l'Ouest|Europe occidentale]] ([[allemand]], [[espagnol]], [[italien]]{{etc.}}), mais aussi dans les pays frontaliers de la Hongrie, où se trouvent d'importantes minorités de langue hongroise. En outre, en [[Roumain|roumain courant]], « hongrois » (''ungur'', adjectif ''ungar'' ou ''unguresc'') est un terme générique qui, outre les citoyens hongrois, englobe trois [[Hongrois de Roumanie|communautés de langue hongroise]] distinctes : les « Magyars » (''maghiari'', ''magyarok''), les « [[Sicules (Transylvanie)|Sicules]] » (''secui'', ''székelyek'') et les « Csángós » (''ceangăi'', ''csángók''), alors que dans les statistiques officielles, ces derniers sont séparés des deux premiers.

{| class="wikitable"
! Pays
! [[Gentilé]]
! [[Ethnonymie|Ethnonyme]]
|-
|{{drapeau|Hongrie}} [[hongrois]] || ''magyar'' || ''magyar''{{Ref label|conf|A|a}}
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|bgcolor=#BEE8C2 colspan=5 align=center| '''Langues des pays limitrophes de la [[Hongrie]], où vivent des [[Hongrois d'outre-frontières|minorités hongroises]].'''
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|{{drapeau|Germany}} [[allemand]] || ''Ungar'' || ''Magyar'', ''Ungar''
|-
|{{drapeau|Croatia}} [[croate]] || ''Mađar'' || ''Mađar''{{Ref label|conf|A|b}}
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|{{drapeau|Romania}} [[roumain]] || ''ungur'' || ''maghiar''{{Ref label|dist|B|none}}
|-
|{{drapeau|Serbia}} [[serbe]]|| ''Мађар'' (Mađar) || ''Мађар'' (Mađar){{Ref label|conf|A|c}}
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|{{drapeau|Slovakia}} [[slovaque]] || ''Maďar'', vieilli : ''Uhor'' || ''Maďar''{{Ref label|conf|A|d}}
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|{{drapeau|Slovenia}} [[slovène]] || ''Madžar'' || ''Madžar''{{Ref label|conf|A|e}}
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|{{drapeau|Ukraine}} [[ukrainien]] || ''угорець'' (uhórec') || ''угорець'' (uhórec'){{Ref label|conf|A|f}}
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|colspan=4|'''Notes'''
:'''A'''{{Note label|conf|A|a}}{{Note label|conf|A|b}}{{Note label|conf|A|c}}{{Note label|conf|A|d}}{{Note label|conf|A|e}}{{Note label|conf|A|f}} Confusion entre l'[[Ethnonymie|ethnonyme]] et le [[gentilé]].
:'''B'''{{Note label|dist|B|none}} L'[[Ethnonymie|ethnonyme]] est utilisé comme catégorie ethnique lors des recensements.
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|bgcolor=#BEE8C2 colspan=5 align=center| '''Autres pays'''
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|{{drapeau|Albanie}} [[albanais]] || ''hungarez'' || ''hungarez''
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|{{drapeau|Royaume-Uni}} [[anglais]] || ''Hungarian'' || ''Magyar'', ''Hungarian''
|-
|{{drapeau|Arabie saoudite}} [[arabe]] || مجري (maǧarī) || مجري (maǧarī)
|-
|{{drapeau|Biélorussie}} [[biélorusse]] || ''венгр'' (venhr) || ''венгр'' (venhr)
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|{{drapeau|Bulgarie}} [[bulgare]] || ''унгарец'' (ungárec) || ''унгарец'' (ungárec), historique : ''маджарин'' (madžárin)
|-
|{{drapeau|Chine}} [[Mandarin standard|chinois]] || 匈牙利人 (xiōngyálì rén) || 马扎尔人 (mǎzháěr rén), 匈牙利族 (xiōngyálì zú)
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|{{drapeau|Danemark}} [[danois]] || ''ungarer'' || ''ungarer'', historique: ''magyar''
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|{{drapeau|Espagne}} [[espagnol]] || ''húngaro'' || ''magiar''
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|{{drapeau|Estonie}} [[estonien]] || ''ungarlane'' || ''ungarlane'', ''madjar''
|-
|{{drapeau|Finlande}} [[finnois]] || ''unkarilainen'' || ''unkarilainen'', historique : ''madjaari''
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|bgcolor=#E8E8E8|{{drapeau|France}} '''[[français]]''' ||bgcolor=#E8E8E8| '''''hongrois''''' ou ''magyar'' ||bgcolor=#E8E8E8| '''''magyar'''''<ref name=DictAc>[http://www.academie-francaise.fr/dictionnaire/droite.html ''Dictionnaire de l'Académie française''].</ref>
|-
|{{drapeau|Grèce}} [[Grec (langue)|grec]] || ''Ούγγρος'' (úngros) || ''Ούγγρος'' (úngros), historique : ''Μαγυάρος'' (mayiáros)
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|{{drapeau|Israël}} [[hébreu]] || הונגרי (hungari) || מדיארי (madiari)
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|{{drapeau|Italie}} [[italien]] || ''ungherese'' || ''magiaro'', historique : ''ungaro''
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|{{drapeau|Japon}} [[japonais]] || ハンガリー人, (hangarī jin)
|-
|{{drapeau|Lettonie}} [[letton]] || ''ungārs'' || ''ungārs'', historique : ''maģārs''
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|{{drapeau|Lituanie}} [[lituanien]] || ''vengras'' || ''vengras'', historique : ''madjaras''
|-
|{{drapeau|Macédoine}} [[macédonien]] || ''Унгарец'' (Úngarec) || ''Унгарец'' (Úngarec)
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|{{drapeau|Norvège}} [[norvégien]] || ''ungarer'' || ''madjarer''
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|{{drapeau|Pays-Bas}} [[néerlandais]] || ''Hongaar'' || ''Hongaar'', ''Magyar''
|-
|{{drapeau|Iran}} [[persan]] || مجار (majār) || مجار (majār)
|-
|{{drapeau|Pologne}} [[polonais]] || ''Węgier'' || ''Węgier'', ''Madziar''
|-
|{{drapeau|Portugal}} [[portugais]] || ''húngaro'' || ''magiar''
|-
|{{drapeau|Russie}} [[russe]] || ''венгр'' (vengr) || ''венгр'' (vengr), ''мадьяр'' (mad'iar)
|-
|{{drapeau|Suède}} [[suédois]] || ''ungrare'', ''magyar'' || ''ungrare'', ''magyar''
|-
|{{drapeau|République tchèque}} [[tchèque]] || ''Maďar'', vieilli : ''Uher'' || ''Maďar''
|-
|{{drapeau|Turquie}} [[turc]] || ''Macar'' || ''Macar''
|}

== Histoire ==

=== Origines ===
[[Fichier:Spoked wheel from Arokalja.jpg|vignette|Roue à rayon et plaquage de bronze retrouvé à {{lien|Árokalja}} ({{date|-1000}}).]]
[[Fichier:Hungarian migration.png|vignette|Les migrations des Magyars.]]

=== Jusqu'au {{-s-|VI}} : départ de l'Est des montagnes de l'Oural ===
{{Article détaillé|Magna Hungaria}}

Des tribus [[langues finno-ougriennes|finno-ougriennes]] sont installées depuis -4000 à l'est de l'[[Oural]]. Il s'agit essentiellement de [[Chasseur-cueilleur|chasseurs-cueilleurs]].

Ces « Finno-Ougriens » (probablement les ancêtres des [[Finnois]] actuels aussi) s'installent dans la vallée de la [[Kama (rivière)|Kama]], à l'ouest des [[monts Oural]] autour de {{date|-3000}}. Les « Ougriens » (les ancêtres des Magyars) restent quant à eux à l'est de l'[[Oural]] dans les [[steppe]]s boisées de [[Sibérie]] occidentale jusqu'en -2000 au moins. Les restes des lieux d'habitation trouvés sont d'ailleurs très proches de ceux découverts au nord-ouest du site de la [[culture d'Andronovo]]. À partir de {{date|-1500}}, et grâce probablement à l'aide de tribus voisines, ils apprennent l'[[agriculture]], la [[domestication]] du [[bétail]] et le travail du [[bronze]], et s'orientent de plus en plus vers une culture [[Cheval|équestre]].

Des changements climatiques intervenus au début du {{-mi-|I}} déplacent le sous-groupe des Ougriens de l'Ob (« Ob-Ougriens ») plus en aval de la rivière [[Ob]] (vers {{date|-500}}), alors que ceux qui allaient devenir les Magyars (« Protomagyars ») restent plus au sud pour devenir des [[Élevage|éleveurs]] [[Nomadisme|nomades]].

=== {{-s-|IV}} - 830 : la Bachkirie et le khânat Khazar ===
{{Article détaillé|Levédia|Tribus magyares}}

[[Fichier:Honfoglalas.gif|vignette|Arrivée des Magyars en Hongrie, 893-902.]]
[[Fichier:Fokoslovas.jpg|vignette|Cavalier magyar ({{Lien|langue=hu|trad=Benyovszky István|fr=István Benyovszky}}, ''Honfoglaló lovas'', 1930. ''Móra Ferenc Múzeum'', [[Szeged]]).]]
Les Protomagyars migrent vers l'ouest des monts Oural entre les {{-s2-|IV|V}} et s'installent entre les montagnes et la [[Volga]], en [[Bachkirie]].

Au début du {{s-|VIII}} de l'[[ère chrétienne]], les Protomagyars arrivent sur le [[Don (fleuve)|Don]]. La présence de descendants des Protomagyars restés en [[Bachkirie]] est documentée jusqu'en 1241. De nombreuses références historiques assimilent d'ailleurs les Bachkirs et les Hongrois aux deux branches d'un même peuple. Les Bachkirs actuels sont pourtant très différents de leurs ethnonymes, ceux-ci ayant été largement décimés par les [[Empire mongol|invasions mongoles]] ({{s-|XIII}}) et assimilés aux [[Peuples turcs|peuplades turques]] qui s'installèrent par la suite.

Les Proto-magyars de la région du Don sont des sujets du khanat [[khazars|khazar]]. Organisés en une confédération de sept tribus ([[tribu de Jenő|Jenő]], [[Tribu de Kér|Kér]], [[Tribu de Keszi|Keszi]], [[Tribu de Kürt-Gyarmat|Kürt-Gyarmat]], [[Tribu de Megyer|Megyer]], [[Tribu de Nyék|Nyék]] et [[Tribu de Tarján|Tarján]]), leurs voisins sont les « Proto-bulgares » et les [[Alains]]. Les [[Proto-Bulgares]] et les Magyars entretiennent de nombreuses relations en [[Khazarie]], que ce soit dans l'alliance ou le conflit : [[Khazars]] et Proto-Bulgares ont transmis aux Magyars des éléments de leurs [[langues turques|langues turciques]]<ref>On retrouve encore aujourd'hui près de 300 mots et noms d'origine turcique dans le hongrois moderne, empruntés à diverses époques.</ref>. Le système à trois chefs (connus plus tard sous le nom de « kende » (chef sacral), « gyula » (chef de guerre) et « harka » (juge suprême (?)) date également de cette époque.

Les études génétiques récentes (2019-2022) confirment les indications historiques. Ainsi, les Magyars conquérants semblent former une population récemment constituée comprenant des composants purement européens, asiatiques et mélangés. Leurs lignées paternelles et maternelles hétérogènes indiquent une origine phylogéographique similaire chez les mâles et les femelles, dérivée de sources venant de l'Asie centrale et de la [[steppe pontique]] européenne. Une partie importante des lignées uniparentales des premiers conquérants peut être dérivée des régions de la [[Volga]] et de l'[[Oural]] et elles montrent une affinité avec la population de la {{lien|trad=Sargat culture|lang=en|culture Sargat}} de l'âge du fer, ce qui suggère qu'elles n'ont qu'une interaction limitée avec la population locale du bassin des Carpates<ref>{{en}} Bea Szeifert, Dániel Gerber {{et al.}}, [https://www.biorxiv.org/content/biorxiv/early/2022/04/28/2022.02.04.478947.full.pdf Tracing genetic connections of ancient Hungarians to the 6-14th century populations of the Volga-Ural region], biorxiv.org, 28 avril 2022</ref>.

La composition des lignées paternelles hongroises conquérantes est très similaire à celle des [[Bachkirs]] confirmant les sources historiques qui indiquent l'identité des deux groupes<ref>{{en}} Endre Neparaczki {{et al.}}, [https://www.nature.com/articles/s41598-019-53105-5 Y-chromosome haplogroups from Hun, Avar and conquering Hungarian period nomadic people of the Carpathian Basin], ''Scientific Reports'', volume 9, Article numéro: 16569, novembre 2019.</ref>. Une autre étude (2020) note la présence importante de l'[[Haplogroupe N (Y-ADN)|haplogroupe N3a]], originaire du nord et du nord-est de l'Eurasie. Cet haplogroupe apparaît rarement chez les Hongrois modernes (contrairement à d'autres peuples de langue finno-ougrienne) mais a été retrouvé chez 37,5 % des conquérants hongrois étudiés. Ces résultats suggèrent qu'une partie des anciens Hongrois était de descendance ougrienne et qu'une partie importante parlait hongrois<ref>{{en}} Erzsébet Fóthi {{et al.}},[https://link.springer.com/article/10.1007/s12520-019-00996-0 Genetic analysis of male Hungarian Conquerors: European and Asian paternal lineages of the conquering Hungarian tribes], ''Archaeological and Anthropological Sciences'', volume 12, Article numéro: 31, 2020.</ref>. Une étude de 2022 précise que le noyau des Hongrois conquérants provenait d'un mélange antérieur modélisé ainsi : [[Mansis]] actuels (50 %), premiers [[Sarmates]] (35 %) et une source orientale proche des [[Xiongnu]] et des [[Huns]] (15 %)<ref>{{en}} Zoltán Maróti {{et al.}}, [https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2022.01.19.476915v1 Whole genome analysis sheds light on the genetic origin of Huns, Avars and conquering Hungarians], biorxiv.org, 20 janvier 2022, doi.org/10.1101/2022.01.19.476915</ref>.

=== Des années 830 aux années 895 : l'Etelköz ===
{{Article détaillé|Etelköz}}
La guerre civile éclate dans le khânat Khazar vers 830. Trois tribus khazares se joignent aux Protomagyars et, sous la pression des [[Pétchenègues]], tous s'installent dans la région que les Magyars désignent sous le nom d'Etelköz, entre les [[Carpates]] et le [[Don (fleuve)|Don]] (soit l'actuelle [[Ukraine]]) où ils assimilent, déjà, des populations [[Onoghour|turcophones]], [[Iasses|iranophones]] et [[slaves]], ce qui contribua à modifier le stock ethnique primitif du peuple magyar<ref>[[Marc Bloch]], ''La société féodale'', pages 29-31, Albin Michel, 1994.</ref>. À partir de 862, les Magyars (dès lors également désignés par le terme de ''[[Onoghour|Ungris]]'' : Hongrois) commencent à opérer des raids en [[Grande-Moravie]], contre l'[[Empire d'Occident carolingien|Empire franc]] et contre la [[Premier Empire (Bulgarie)|Bulgarie]]. Ils servent également de [[mercenaire]]s à divers peuples slaves d’[[Europe centrale]], ainsi qu'à la [[Francie orientale]] comme en 892, lorsque des cavaliers magyars sont recrutés par le roi [[Arnulf de Carinthie]], en guerre contre la [[Grande-Moravie|Moravie]]<ref>[[Annales de Fulda]], [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/annales/fulda.htm remacle.org].</ref>. En 889, la chronique du [[Francie orientale|Franc]] [[Réginon de Prüm]] (''{{Lang|la|Reginonis abbatis Prumiensis Chronicon}}'', année 889), probablement peu objective, décrit les Magyars comme de véritables barbares. Selon Réginon, les Magyars (encore païens et semi-nomades), dont la férocité {{Citation|surpassait celle des bêtes sauvages}}, mangeaient de la viande crue<ref>Comme d'ailleurs d'autres peuples des steppes ; c'est l'ancêtre du « [[steak tartare]] ».</ref>, de la chair humaine, et dévoraient le cœur de leurs ennemis et buvaient leur sang, pour s'approprier leurs forces<ref>Geneviève Buhrer-Thierry, « Les Hongrois en Europe : derniers « envahisseurs » venus des steppes ? », université de Paris-Est, Marne-la-Vallée, EA 3350, Analyse Comparée des Pouvoirs.</ref>.

Venus de l'[[Oural]] et installés vers 840 dans le territoire appelé ''[[Etelköz]]'', les Magyars en sont chassés par les [[Pétchenègues]] vers 895, et les sept tribus magyares ([[Tribu de Jenő|Jenő]], [[Tribu de Kér|Kér]], [[Tribu de Keszi|Keszi]], [[Tribu de Kürt-Gyarmat|Kürtgyarmat]], [[Tribu de Megyer|Megyer]]<ref>Nom évolué en Magyar.</ref>, [[Tribu de Nyék|Nyék]] et [[Tribu de Tarján|Tarján]]) [[Honfoglalás|migrent dans la plaine]] de la [[Pannonie]] en 896 sous la conduite d'[[Árpád de Hongrie|Árpád]]. Là, ils soumettent les duchés [[slaves]] de [[Szombathely|Savarie]], [[Principauté du Balaton|Blatnie]] et [[Sisak]] (plus connus par les noms de leurs princes [[Pribina]], [[Kocel]] ou [[Braslav]], vassaux des rois germaniques) et mettent fin à la domination du royaume [[tchèque]] de [[Grande-Moravie]] au nord-ouest et du [[premier Empire bulgare]] au sud-est du bassin du moyen-[[Danube]] qui devient ainsi la Hongrie. Pour trouver et ramener des ressources, les Magyars lancent entre 899 et 955 pas moins de trente-trois campagnes militaires vers l'Occident et vers [[Empire byzantin|Byzance]]<ref>Gina Fasoli, « [https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1959_num_2_5_1080 Points de vue sur les incursions hongroises en Europe au {{s-|X}}] », ''Cahiers de civilisation médiévale''. {{2e|année}} (N⁰ 5), janvier-mars 1959. {{p.|17-35}}.</ref> qui les amènent à parcourir en tous sens l'[[Allemagne]] (jusqu'à [[Brême]]<ref>[[Adam de Brême]], ''Gesta Hammaburgensis ecclesie pontificum''.</ref>), les [[Comté de Flandre|Flandres]], la [[France]], l'[[Italie]] (jusqu'en [[Campanie]] et [[Pouilles|Apulie]]), le nord de la [[péninsule Ibérique]] et la péninsule des [[Balkans]], de l'[[Atlantique]] et de la [[mer du Nord]] jusque sous les murailles de [[Constantinople]] (en 934).

=== Après 895 : l'installation dans le bassin du moyen-Danube ===
{{Article détaillé|Honfoglalás|Tribus magyares|Grande-principauté de Hongrie}}
[[Fichier:Kalandozasok.jpg|vignette|450px|Principales expéditions magyares en Europe au {{s-|X}}]]

En 895/896, sous la direction probable d'[[Árpád de Hongrie|Árpád]], une partie des tribus proto-magyares traverse la chaîne des [[Carpates]] pour entrer dans le bassin du moyen-[[Danube]]. La tribu Megyer (Magyar) est aux avant-postes de cette conquête. Cet épisode est considéré par le récit national hongrois comme l'acte fondateur de l'« occupation de la patrie » : ''{{lang|hu|texte=[[Honfoglalás]]}}''.

Au même moment (vers 895), l'Etelköz est attaqué par les [[Bulgares]] en représailles aux interventions des Protomagyars durant le conflit bulgaro-byzantin de 894-896, puis par les [[Pétchenègues]]. Il n'est pas clairement établi si ces attaques furent la cause ou la conséquence du déplacement vers l'ouest des Magyars d'[[Árpád]].

Les premières installations dans le bassin des [[Carpates]] se font en [[Pannonie]] et le long du [[Danube]] et de la rivière [[Tisza]], terres fertiles mais faiblement peuplées où avaient auparavant vécu des [[Slaves]], des [[Avars]], des [[Gépides]] et des [[Iazyges]]. Deux puissances qui contrôlaient jusque-là la région : la [[Grande-Moravie]] au nord-ouest et la [[Deuxième État bulgare|Bulgarie]] au sud-est, sont alors évincées, et les [[Cnéz|canesats]] et [[Voïvode|voïvodats]] locaux, [[slaves]], slavo-valaques ou [[valaques]] (la [[Origine des roumanophones|question est disputée]]) passent progressivement sous suzeraineté hongroise, ce qui est évoqué, de manière romancée, dans la chronique appelée ''Gesta Hungarorum'' (la « [[Chanson de geste|Geste]] des Hongrois ») du chroniqueur anonyme du roi [[Géza Ier de Hongrie|Géza]]. Les alliés des Magyars s'installent dans le pays : les [[Kabars]], les [[Khazar]]s du khân Kursan dans le [[comitat (Hongrie)|comitat]] actuel de [[Hajdú-Bihar]], les [[Iasses]] dans l'actuelle région de Jász (Ïassie), les [[Coumans]] celle de Kunság ([[Coumanie]]). Sous l'influence de toutes ces populations assimilées, auxquelles s'ajoutent toutes les familles raflées en Allemagne, France, Espagne, Italie, Balkans… les Magyars se sédentarisent, abandonnent progressivement leur mode de vie pastoral, mettent le pays en culture et intègrent techniques agricoles et [[lexique|vocabulaire]] [[Langues slaves|slave]], [[Langues germaniques|germanique]] et [[Langues romanes|latin]]. L'église participe activement à ce processus et les [[monastère]]s fleurissent.

De nombreux Magyars restent cependant au nord des Carpates même après 895/896, comme l'indiquent de nombreux vestiges archéologiques près de [[Przemysl]]. Ils semblent pourtant avoir rejoint les autres Magyars à partir de l'an 900. Les Magyars restés dans l'Etelköz s'installent enfin, sous la pression des [[Bulgares]] et des [[Pétchenègues]], en [[Transylvanie (région)|Transylvanie orientale]] où l'on pense qu'une partie de la minorité magyarophone actuelle n'est pas descendante des tribus d'Árpád mais, comme les [[Csángó]] de [[Moldavie (région)|Moldavie]], de ces Magyars restés en Etelköz : ce sont les [[Sicules (Roumanie)|Sicules]], qui constituent environ 40 % de la population [[hongrois|magyarophone]] de [[Roumanie]], mais dont l'origine exacte est encore matière à débat. Certains avancent même que les Sicules s'étaient en fait installés en [[Transylvanie historique|Transylvanie]] avant même que les tribus magyares ne quittent l'Etelköz.

==== Représentations livresques ====
La foudroyante apparition de ces terribles cavaliers qui rappelaient les [[Huns]] d'[[Attila]], leur aspect, leur cri de guerre qui annonçait la mort ou l'esclavage pour ceux qui ne s'enfuyaient pas à temps, la grêle de flèches qui ne manquaient jamais leur but, tout cela terrorisait les habitants des régions envahies. Selon les témoignages de l'époque, souvent peu objectifs, les Magyars d'alors<ref>Souvent confondus avec d'autres peuples de cavaliers nomades venus des steppes, notamment des peuples turco-mongols comme les [[Pétchenègues]].</ref>, étaient des hommes de taille très petite, au teint basané, aux yeux creux, les joues tailladées de cicatrices rituelles, la tête rasée, les jambes arquées comme il arrive aux [[Peuple cavalier|peuples cavaliers]]. Les textes occidentaux parlent de sacrifices aux dieux et affirment que les Magyars ([[Paganisme|païens]]) buvaient le sang de leurs ennemis. Ils pratiquaient avec zèle le culte des morts et ils recueillaient avec le plus grand soin les corps de leurs camarades tombés en expédition pour les brûler et en remporter chez eux les cendres. Ils étaient convaincus que ceux qu'ils tuaient allaient être leurs esclaves dans l'au-delà<ref>Gina Fasoli, « Points de vue sur les incursions hongroises en Europe au {{s-|X}} », 1959.</ref>.

Le butin de leurs expéditions est énorme et les populations emmenées et établies en Hongrie, nombreuses : le magyar devient la langue de communication.

Au {{s|XII}} encore, les Magyars de la [[Alföld|grande plaine hongroise]] — moins urbanisée et occidentalisée que l'ouest de la Hongrie — étaient assimilés à des barbares. L'évêque et chroniqueur allemand [[Otton de Freising]], qui traversa la plaine hongroise en 1147 pour se rendre en [[Terre sainte]], dira à propos des Magyars : « on peut accuser le sort, ou plutôt admirer la longue patience divine, d'avoir donné un si beau pays aux Hongrois, hommes hideux, aux yeux enfoncés, à la taille petite, barbares, sauvages de mœurs et de langue ; une sorte de monstres humains. »<ref>René Bustan, ''Les relations roumano-hongroises dans la perspective de la construction européenne'', {{p.|119}}, Éditions Publibook, 2007.</ref>{{,}}<ref>Romulus Seișanu, ''La Roumanie'', Universul, 1936.</ref>.

=== 1000 : création de l'État hongrois ===
{{Article détaillé|Hongrie|Histoire de la Hongrie}}

Les campagnes vers l'ouest sont arrêtées après la [[bataille du Lechfeld]] en 955, et l'implantation des Magyars dans la région est consacrée par le [[Papauté|pape]] [[Sylvestre II]] le jour de [[Noël]] de l'an 1000, lors de la conversion du roi [[Étienne Ier de Hongrie|Étienne {{Ier}} de Hongrie]] (futur saint Étienne de Hongrie, ''Szent István'' en hongrois). La [[Christianisme|christianisation]], commencée après la bataille du Lechfeld et généralisée au cours du {{s-|XI}} par le roi saint Étienne, marque l'intégration du [[royaume de Hongrie]] dans l'[[Occident]] chrétien.

Dès ses origines le [[royaume de Hongrie]] a presque toujours été multiethnique, accueillant régulièrement des détachements d'autres peuples, les uns originaires d'[[Asie centrale]] et [[Peuples turcs|turcophones]] : [[Onoghour|Onoğurs]], [[Proto-Bulgares]], [[Khazars]], [[Pétchenègues]] (''besenyők''), [[Coumans]] (''kunok''), les autres [[Langues iraniennes|iranophones]] tels les [[Iasses]] (''jászok''), d'autres des [[Balkans]] et du Bas-[[Danube]] (''oláhok'' : [[valaques]]), d'autres encore d'origines [[français]]e ou [[Italiens|italique]] (''olászok'') mais plus encore [[Slaves|slave]] (''szlávok'') et [[Germains|germanique]] (''szászok'' : [[Saxons de Transylvanie|Saxons]]). Pour améliorer leur condition, ces populations que domine la [[noblesse hongroise]] passent progressivement à la langue hongroise et au catholicisme<ref>Dans sa ''Chronique des Slaves'' (en [[latin]] : ''Chronica Slavorum''), Livre I (« Sur la différence entre les Slaves »), le chroniqueur saxon [[Helmold de Bosau]] dira à propos du royaume de Hongrie : « quelques-uns ajoutent encore la Hongrie au pays des [[Slaves]], parce que les Hongrois n'en diffèrent, ni par les habitudes, ni par la langue, car l'étendue de la [[Langues slaves|langue slave]] les surpasse… » (voulait-il dire que les Slaves étaient dans le royaume de Hongrie plus nombreux que les Magyars, ces derniers ne formant qu'une [[minorité dominante]] ?) ; malgré cette assimilation progressive durant près de mille ans, en 1918, les habitants de la [[Grande Hongrie]] magyarophones et catholiques ou protestants ne forment pas encore tout à fait la moitié de la population selon le recensement austro-hongrois de 1910, mais ils ont un statut privilégié : au Parlement de Budapest, sur {{nobr|453 députés}}, {{unité|372|sont magyars}} (voir Jean Bérenger, ''L'Autriche-Hongrie : 1815-1918'', Armand Colin 1998, {{ISBN|978-2200217433}} et 2200217439).</ref>.

Ainsi, au-delà du récit national mentionnant la filiation entre les groupes magyars et les Hongrois actuels, la Hongrie s'est caractérisée au cours de son histoire comme un territoire largement ouvert aux influences extérieures et au brassage de populations. Outre les différentes tribus mentionnées plus haut qui se mélangent plus ou moins aux Proto-Magyars puis aux Magyars au long de leur pérégrination, d'autres groupes plus ou moins identifiés contribuent à l'édification de la culture et de la langue hongroise actuelles : les [[Pétchenègues]], [[Coumans]] ou [[Peuples germaniques|Allemands]] au [[Moyen Âge]], les [[Empire ottoman|Turcs]] pendant leur occupation de la [[Hongrie]] de 1541 à 1699, les [[Autrichiens]], [[Slovaques]] et [[Serbes]] invités à repeupler les territoires abandonnés par les Turcs après 1700, ainsi que bien d'autres populations ([[Slovènes]], [[Croates]], [[Valaques]], [[Roms]], [[Ashkenazes|Juifs]]…) jusqu'à la période contemporaine.

{| class="wikitable" border="1" cellspacing="0" cellpadding="5"
!Groupes ethniques du [[Royaume de Hongrie (1718-1867)|royaume de Hongrie]] selon le statisticien hongrois [[:hu:Fényes Elek|Elek Fényes]]
!Population<br />''c.'' 1840<ref>{{hu}} [[:hu:Fényes Elek|Elek Fényes]], ''Magyarország' statistikája'', Pest : Trattner-Kérolyi Tulajdona, 1842, p. 33 ([https://books.google.fr/books?id=tOMBAAAAMAAJ&newbks=1&newbks_redir=0&dq=inauthor%3A%22Elek%20F%C3%A9nyes%22&hl=fr&pg=PA33#v=onepage&q&f=false lire en ligne]).</ref>{{,}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=5hlYAAAAcAAJ&newbks=1&newbks_redir=0&hl=fr&pg=PA186#v=onepage&q&f=false Tableau en français] (avec quelques erreurs), tiré de l'ouvrage ''Le Panlatinisme'' (Paris : Passard, 1860, p. 186), de [[Cyprien Robert]].</ref>
!Pourcentage
|-
| Magyars
| align="right" |{{formatnum:4812759}}
| align="right" |~37 %
|-
| [[Slaves]]<ref>Divisés en plusieurs groupes : [[Slovaques]], [[Ruthènes]], [[Bulgares]], [[Serbes]], [[Croates]], etc.</ref>
| align="right" |{{formatnum:4330165}}
| align="right" |~33 %
|-
| [[Valaques]]
| align="right" |{{formatnum:2202542}}
| align="right" |~17 %
|-
| [[Minorité allemande de Hongrie|Allemands]]
| align="right" |{{formatnum:1273677}}
| align="right" |~10 %
|-
| [[Histoire des Juifs en Hongrie|Juifs]]
| align="right" |{{formatnum:244035}}
| align="right" |~2 %
|-
| Français<ref>Parmi lesquels de nombreux [[Lorrains#Migrations|Lorrains]] arrivés dans le royaume de Hongrie au {{s-|XVIII}} à l'invitation de l'[[Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780)|impératrice Marie-Thérèse]].</ref>
| align="right" |{{formatnum:6150}}
| align="right" |<1 %
|-
| [[Minorité grecque de Hongrie|Grecs]]
| align="right" |{{formatnum:5680}}
| align="right" |<1 %
|-
| [[Minorité arménienne de Hongrie|Arméniens]]
| align="right" |{{formatnum:3798}}
| align="right" |<1 %
|-
| [[Clémentins|Albanais]]
| align="right" | {{formatnum:1600}}
| align="right" |<1 %
|-
|'''Total'''
| align="right" |'''{{formatnum:12880406}}'''
| align="right" |100 %
|}

Les [[Roms]] ({{formatnum:75107}} selon Elek Fényes)<ref>{{hu}} Elek Fényes, ''Magyarország' statistikája'', Pest : Trattner-Kérolyi Tulajdona, 1842, p. 34 ([https://books.google.fr/books?id=tOMBAAAAMAAJ&newbks=1&newbks_redir=0&dq=inauthor%3A%22Elek%20F%C3%A9nyes%22&hl=fr&pg=PA34#v=onepage&q&f=false lire en ligne]).</ref>, sont comptés parmi les Magyars par Fényes car ils sont de langue hongroise.

{| class="wikitable" border="1" cellspacing="0" cellpadding="5"
!Groupes ethniques de la [[Pays de la Couronne de saint Étienne|partie hongroise]] de l'[[Autriche-Hongrie]]
!Population<br />''c.'' 1880<ref>Anatole Marga, ''Géographie militaire (France et Europe)'', Paris : Berger-Levraut et {{Cie}}, 1884, p. 21 ([https://books.google.fr/books?id=NArO7mf0cDQC&newbks=1&newbks_redir=0&hl=fr&pg=PA21#v=onepage&q&f=false lire en ligne]).</ref>
!Pourcentage
|-
| Magyars
| align="right" |{{formatnum:5135000}}
| align="right" |~44 %
|-
| [[Slovaques]]
| align="right" |{{formatnum:1900000}}
| align="right" |~16 %
|-
| Allemands
| align="right" |{{formatnum:1640000}}
| align="right" |~14 %
|-
| Roumains
| align="right" |{{formatnum:1285000}}
| align="right" |~11 %
|-
| Juifs
| align="right" |{{formatnum:583000}}
| align="right" |~5 %
|-
| [[Slaves méridionaux|Yougo-Slaves]]<ref>C'est-à-dire les Slaves du Sud, principalement les Slovènes, les Croates et les Serbes.</ref>
| align="right" |{{formatnum:570000}}
| align="right" |~5 %
|-
| [[Ruthènes]]
| align="right" |{{formatnum:500000}}
| align="right" |~4 %
|-
| [[Tziganes]] et autres
| align="right" | {{formatnum:135000}}
| align="right" |~1 %
|-
|'''Total'''
| align="right" |'''{{formatnum:11748000}}'''
| align="right" |100 %
|}

Les Magyars, minoritaires dans leur royaume, constituent encore au début du {{s-|XX}} une [[minorité dominante]] : en 1910, dans le [[Royaume de Hongrie (1867-1918)|royaume de Hongrie]], un tiers des terres appartient à moins de {{nombre|9000|familles}} de la [[noblesse hongroise]], sur-représentée au [[Parlement hongrois|Parlement de Budapest]] où la vie politique est essentiellement réservée aux Magyars : sur 453 [[député]]s, {{unité|372|sont magyars}}<ref>[[Christopher Clark]] (trad. Marie-Anne de Béru), ''Les Somnambules : été 1914, comment l'Europe a marché vers la guerre'' [« The sleepwalkers : how Europe went to war in 1914 »], Paris, Flammarion, coll. « Au fil de l'histoire », 2013, p. 82.</ref>{{,}}<ref>[[Pierre Renouvin]], ''La Crise européenne et la Première Guerre mondiale'', Paris, Presses universitaires de France, coll. « Peuples et civilisations » (no 19), 1962 (réimpr. 1939, 1948, 1969 et 1972) ({{1re}} éd. 1934), p. 96.</ref>.

=== Autres zones de peuplement magyar ===
{{Article détaillé|Pays magyar du Caucase|Pays sicule}}
[[Fichier:East-Hem 1200ad.jpg|vignette|Répartition des peuples d'Asie centrale.]]
Après la grande migration des Magyars vers l'ouest, il est constaté trois évolutions subséquentes à la fois à partir des anciens territoires de peuplement magyar en [[Asie centrale]], mais aussi à partir du bassin des Carpates. La première évolution concerne les [[Magyars orientaux]], décrits par [[frère Julien]] en 1235 comme parlant une langue très proche du [[hongrois]] et se présentant comme des tribus ayant choisi de ne pas quitter l'Oural. Après les raids [[tatars]] contre le [[khanat bulgare de la Volga]], ces Magyars auraient été exterminés ou auraient migré vers le sud, fondant le [[pays magyar du Caucase]] ({{Langue avec nom|hu|''Kaukázusi Magyarország''}}) ou Kummagyaria, sur les rives de la rivière [[Kama (rivière)|Kama]]. Après avoir vécu en situation de semi-nomadisme, ils se seraient installés de façon sédentaire et se seraient adonnés à l'agriculture et à l'élevage au {{s-|XIV}}.

Entre l'[[Etelköz]] et l'[[Honfoglalás]], deux groupes assimilés aux Magyars se sont singularisés dans leur fonction auprès du royaume et leur zone d'implantation. Il s'agit des [[Csángós]], installés en dehors du bassin des Carpates en [[Bucovine]] et en [[Moldavie]] et des [[Sicules (Transylvanie)|Sicules]] de [[Transylvanie (région)|Transylvanie]] dans le [[Pays sicule]] ({{Langue avec nom|hu|''Székelyföld''}}).

Enfin, les [[Magyarabes]] seraient des descendants de Hongrois établis dans la [[vallée du Nil]] au {{s-|XVI}} et les [[musulmans hongrois de Nusaybin]] des familles s'étant installés dans l'[[Empire ottoman]] et converti à l'[[islam]] à la suite de l'exil de [[Josef Bem]] à [[Alep]].

== Caractéristiques socio-culturelles ==

=== Vie sociale et traditions ===
{{Article détaillé|Gyula (titre)|Kende}}
{{...}}

=== Cultes et religions ===
{{Article détaillé|Mythologie magyare|Religion en Hongrie}}
[[Fichier:Fastener.png|vignette|droite|Une boucle de ceinture hongroise du {{s-|IX}}.]]
La [[mythologie magyare]] (''magyar mitológia'') ou religion proto-magyare (''ősmagyar vallás'') désigne l'ensemble des mythes et des légendes des Magyars, avant que ce peuple soit [[christianisme|christianisé]] au {{s-|XI}}. Il reste aujourd'hui peu de sources sur ces anciennes croyances. Le regain d'intérêt pour les traditions proto-magyares remonte à 1900. Les principales traces servant à leur reconstitution se trouvent notamment dans des textes du [[Moyen Âge]], la [[Hongrois|langue]] et le folklore hongrois, mais également dans des éléments [[syncrétisme|syncrétiques]] perpétués par le [[christianisme]].

La christianisation des tribus magyares est liée à la fondation de l'État hongrois par [[Étienne Ier de Hongrie|Étienne {{Ier}} de Hongrie]]. Celle-ci s'est faite en opposition à certains groupes descendants des premiers clans arrivés dans la plaine ainsi que contre les [[táltos]], prêtres de l'ancienne religion. Des anciennes divinités païennes, Boldogasszony a été intégrée par les catholiques comme l'incarnation de la [[Vierge Marie]]. Les Hongrois lui vouent encore un culte très important. Dans l'imagerie populaire, le [[Turul]], le {{Lien|langue=hu|trad=Csodaszarvas|fr=Csodaszarvas}} ou le [[Világfa]] sont des traces encore vivaces de l'héritage [[Chamanisme|chamane]].

=== Langue ===
{{Article détaillé|Hongrois}}
Le [[hongrois]] est une [[langue]] de la branche [[langues finno-ougriennes|finno-ougrienne]] des [[langues ouraliennes]], dont d'autres membres sont le [[finnois]] et l’[[estonien]]. Il est parlé par environ 12,5 millions de personnes<ref>{{Ethnologue|hun}}.</ref>, dont les trois quarts vivent en [[Hongrie]]. Il existe aussi des communautés magyarophones dans tous les pays voisins de la Hongrie ([[Roumanie]], [[Slovaquie]], [[Serbie]], [[Ukraine]], [[Autriche]], [[Croatie]] et [[Slovénie]]), ainsi que d’importantes communautés apparues par [[émigration]] aux [[États-Unis|États-Unis d’Amérique]], au [[Canada]], en [[Israël]], etc. Par sa [[morphologie (linguistique)|morphologie]], le hongrois est typologiquement une [[langue agglutinante]]. Sa [[phonologie]] est caractérisée par l'[[harmonie vocalique]]. À côté de son vocabulaire hérité ou [[formation des mots|développé en interne]], le hongrois a emprunté historiquement des mots aux [[langues slaves]], au [[latin]], à l'[[allemand]] et aux [[langues turques]].

== Répartition géographique et démographie ==
=== En Hongrie, citoyenneté hongroise et communauté nationale ===
{{Article détaillé|Démographie de la Hongrie|Minorité nationale (Hongrie)|Minorité ethnique (Hongrie)}}
[[Fichier:Hungarian passport.jpg|vignette|droite|Un passeport hongrois.]]La [[citoyenneté hongroise]] ({{lang|hu|''magyar állampolgárság''}}) est fondée sur le [[droit du sang]] : est considéré hongrois toute personne née d’une personne de citoyenneté hongroise, quel que soit le lieu de naissance. Le lieu de naissance ne suffit donc pas pour acquérir la citoyenneté. Pour pouvoir acquérir la citoyenneté hongroise, la [[Hongrie]] dispose d'un dispositif juridique différencié selon que le demandeur est considéré comme étranger ou comme d'ascendance magyare (notamment les [[Magyars d'outre-frontières]]). Dès lors que celle-ci est acquise, aucune forme de distinction devant la loi ne peut s'opérer entre ses détenteurs, tous membre d'une même communauté politique nationale.

La [[Loi fondamentale de la Hongrie]] définit cette communauté nationale selon une profession de foi placée avant l'introduction du texte. Elle est divisée en cinq paragraphes dont le premier commence par {{Citation|NOUS, LES MEMBRES DE LA NATION HONGROISE, au début de ce nouveau millénaire, responsables pour tous les Hongrois, nous déclarons ce qui suit :}}
* Le premier paragraphe énumère d’abord les « motifs de fierté des Hongrois » : {{Citation|que notre roi [[Étienne Ier de Hongrie|saint Étienne]], il y a mille ans, ait placé l’État hongrois sur des fondations solides et ait fait de notre patrie une part de l’[[Religion en Europe|Europe chrétienne]]}}, que {{Citation|nos ancêtres}} aient {{Citation|combattu pour la conservation, la liberté et l’indépendance de notre pays}}, les {{Citation|magnifiques réalisations intellectuelles des Hongrois}}, {{Citation|que notre peuple, au cours des siècles, ait défendu l’Europe en combattant, qu’il ait développé les valeurs communes de celle-ci avec soin et talent}}. Puis les « questions spirituelles et culturelles » : {{Citation|le rôle de sauvegarde nationale de la chrétienté}}, {{citation|l’unité intellectuelle et spirituelle de notre nation morcelée par les orages du siècle dernier}}. Les députés s’engagent à {{Citation|entretenir et protéger}} le hongrois {{Citation|langue solitaire}}, {{Citation|la culture hongroise, la langue et la culture des nationalités de Hongrie, les valeurs du bassin des Carpates que la nature a donné et que l’homme a conçu}} tout en croyant que leur {{Citation|culture nationale est une riche contribution à la diversité de l’unité européenne}}.
* Le deuxième paragraphe liste les « fondements de la vie publique hongroise » : {{Citation|dignité humaine}}, {{Citation|liberté individuelle}} (mais {{Citation|en bonne entente avec les autres}}), {{Citation|la famille et la nation}}, {{Citation|la fidélité, la foi et l’amour}}, {{Citation|travail}} ({{Citation|fondement de la force de la communauté et de l’honneur de tout être humain}}), {{Citation|obligation de secourir les exclus et les pauvres}}, le {{Citation|but commun des citoyens et de l’État}} étant {{Citation|d’obtenir une vie agréable, la sécurité, l’ordre, la justice, la liberté}}.
* Le troisième paragraphe parle de « l'héritage historique » : les députés respectent {{Citation|les acquis de notre constitution historique et la Sainte Couronne, qui incarne la continuité étatique constitutionnelle de la Hongrie et l’unité de la nation}} mais ne reconnaissent pas {{Citation|la suspension de notre constitution historique, conséquence des invasions étrangères}}, refusent {{Citation|la prescription des crimes inhumains commis contre la nation hongroise et ses citoyens sous la domination des dictatures [[nazisme|nationale-socialiste]] et [[communiste]]}}, ne reconnaissent pas {{Citation|la continuité légale de la [[République populaire de Hongrie|constitution communiste de l’année 1949]], parce qu’elle fut le fondement d’une domination tyrannique}}.
* Le quatrième paragraphe continue dans cette voie en affirmant que {{Citation|C’est à compter du deux mai 1990, date de la formation de la première représentation populaire librement élue, qu’a été rétablie l’autodétermination étatique de notre patrie perdue le dix-neuf mars 1944}}.
* Le cinquième paragraphe contient quelques déclarations finales : le {{citation|besoin impérissable de renouvellement spirituel et intellectuel}} après le {{citation|bouleversement moral du [[vingtième siècle]]}}, la certitude {{citation|qu’avec le talent de nos enfants et de nos petits-enfants, avec leur ténacité et leur force spirituelle, ils restaureront la grandeur de la Hongrie}}.

[[Fichier:Hungarians in subregions.png|vignette|droite|Répartition des Magyars en Hongrie selon le recensement de 2001 :{{Début de colonnes|nombre=3}}
{{Légende/Début}}
{{Légende|#FF0000|>90 %}}
{{Légende|#FF8040|75-90 %}}
{{Légende|#FF8000|73,5 %}}
{{Légende/Fin}}
{{Fin de colonnes}}]]La Loi fondamentale de la Hongrie reconnaît douze [[Minorité nationale (Hongrie)|minorités nationales]] : [[Allemands]], [[Arméniens]], [[Bulgares]], [[Croates]], [[Grecs]], [[Polonais (groupe ethnique)|Polonais]], [[Roumains]], [[Ruthènes]], [[Serbes]], [[Slovaques]], [[Slovènes]], [[Ukrainiens]], et une [[minorité ethnique (Hongrie)|minorité ethnique]] : les [[Roms]]. Ces minorités bénéficient d'une reconnaissance institutionnelle et peuvent s'organiser en [[collectivité des minorités (Hongrie)|collectivités]]. Lors des recensements de population, il est possible de se revendiquer à la fois des minorités officielles mais aussi de l'attachement à la majorité magyare. L'appartenance à une minorité et à la communauté nationale n'est donc pas contradictoire. En 2001, sur {{formatnum:10198315}} habitants, {{formatnum:9397432}} déclarent une affinité culturelle magyare, soit 91,65 % de la population. En deuxième position, 1,26 % revendiquent l'appartenance à la [[Minorité rom de Hongrie|minorité rom]], et 0,86 % à la [[Minorité allemande de Hongrie|minorité allemande]].
{{Clr}}

=== La répartition de la diaspora hongroise ===
{{Article détaillé|Diaspora hongroise}}
[[Fichier:Kossuth House.JPG|vignette|La ''Kossuth House'', siège de la communauté réformée hongroise d'Amérique, à [[Washington (district de Columbia)|Washington]].]]
La comptabilisation des membres de la diaspora hongroise repose la plupart du temps sur l'effectif des ressortissants émigrés de Hongrie, et ne tient pas compte des [[Magyars d'outre-frontières]]. Les communautés transnationales se structurent souvent selon les conditions historiques de l'expérience migratoire. On peut ainsi distinguer des premiers départs au début du siècle pour des raisons essentiellement économiques, en grande partie vers l'Europe occidentale et les Amériques, une [[Diaspora juive|émigration juive]] pendant et après la [[Seconde Guerre mondiale]], une émigration politique lors de l'[[insurrection de Budapest]] en 1956 puis de manière plus sporadique quelques départs après la chute du communisme, mais davantage sous la forme d'expatriation que d'émigration définitive. Certaines villes comportent d'importantes communautés hongroises.

{| class="wikitable"
! Pays
! Estimation de la population d'ascendance hongroise
! Article
|-
|{{États-Unis}} || {{formatnum:1563081}} (2006)<ref>[http://factfinder.census.gov/servlet/DTTable?_bm=y&-state=dt&-context=dt&-reg=DEC_2000_SF4_U_PCT001:001|547;&-ds_name=ACS_2006_EST_G00_&-TABLE_NAMEX=&-ci_type=A&-mt_name=ACS_2006_EST_G2000_B04003&-CONTEXT=dt&-tree_id=4001&-all_geo_types=N&-redoLog=true&-geo_id=01000US&-search_results=01000US&-format=&-_lang=en 2006 Community Survey].</ref> || [[Hongro-Américains]]
|-
|{{Canada}} || {{formatnum:315510}} (2006)<ref>[http://www12.statcan.ca/english/census06/data/topics/RetrieveProductTable.cfm?ALEVEL=3&APATH=3&CATNO=&DETAIL=0&DIM=&DS=99&FL=0&FREE=0&GAL=0&GC=99&GK=NA&GRP=1&IPS=&METH=0&ORDER=1&PID=92333&PTYPE=88971&RL=0&S=1&ShowAll=No&StartRow=1&SUB=801&Temporal=2006&Theme=80&VID=0&VNAMEE=&VNAMEF= Canadian Census 2006].</ref> || [[Hongro-Canadiens]]
|-
|{{Israël}} || entre {{formatnum:200000}} et {{formatnum:250000}} (2000) || 
|-
|{{Allemagne}} || {{formatnum:120000}} (2004)<ref>{{lien brisé|consulté le=2013-03-30|url=http://www.buod.de/D/kere-d.htm|titre=Hungarians in Germany}}.</ref> || [[Hongrois en Allemagne]]
|-
|{{France}} || entre {{formatnum:100000}} et {{formatnum:200000}} (2000) || 
|-
|{{Royaume-Uni}} || {{formatnum:80135}} (2001) || [[Hongrois au Royaume-Uni]]
|-
|{{Brésil}} || {{formatnum:80000}} (2002)<ref>[http://epoca.globo.com/edic/214/soci1a.htm Hungarians in Brazil].</ref> || [[Hongro-Brésiliens]]
|-
|{{Russie}} || {{formatnum:76500}} (2002) || 
|-
|{{Australie}} || {{formatnum:55000}} (2002)<ref>[http://www.nonprofit.hu/hirek/egyhir/33243.html Estimation 2002].</ref> || [[Hongro-Australiens]]
|-
|{{Argentine}} || entre {{formatnum:40000}} et {{formatnum:50000}} (2000) || [[Hongrois en Argentine]]
|-
|{{Chili}} || {{formatnum:40000}} (2008) || [[Hongrois au Chili]]
|-
|{{Suisse}} || entre {{formatnum:20000}} et {{formatnum:25000}} (2000) || 
|-
|{{République tchèque}} || {{formatnum:14672}} (2001) || 
|-
|{{Turquie}} || {{formatnum:6800}} (2001) || 
|-
|{{Irlande}} || {{formatnum:3328}} (2006)<ref>{{lien brisé|consulté le=2013-03-30|url=http://www.cso.ie/statistics/placebirthagegroup.htm|titre=Irish census 2006}}.</ref> ||
|-
!'''Total'''
! '''entre {{formatnum:5305272}} et {{formatnum:5470272}} individus'''
!
|}

=== La situation des minorités magyares dans le bassin des Carpates ===
{{Article détaillé|Magyars d'outre-frontières}}
[[Fichier:A magyar nyelv elterjedese.svg|vignette|droite|Populations de langue hongroise dans le bassin des Carpates au début du {{s|XXI}}.]]
Les [[Magyars d'outre-frontières]] (''{{lang|hu|határon túli magyarok}}'') regroupent les descendants des populations magyares et assimilées qui se sont retrouvées hors des nouvelles frontières de la [[Hongrie]], redessinées en 1918 et officialisées lors du [[traité de Trianon]] en 1920<ref>Les [[Arbitrages de Vienne]](1938 et 1940), intervenus sous l'influence de l'[[Allemagne]] et de l'[[Italie]] restituent à la Hongrie les régions à fortes minorités hongroises (ponctuellement majoritaires dans certains districts) au sud de la [[Slovaquie]], en [[Ruthénie subcarpathique|Ukraine subcarpathique]], dans le nord-ouest de la [[Roumanie]] en Transylvanie ainsi qu'en [[Voïvodine]], dans actuelle [[Serbie]].</ref>. Parmi elles, certaines ont acquis la citoyenneté hongroise durant les vingt dernières années.

{| class="wikitable"
! Pays
! Membres de la minorité magyare
! Notes
! Article
|-
|{{Roumanie}} ||  {{formatnum:1227623}} (2011)<ref>[http://www.recensamantromania.ro/wp-content/uploads/2013/07/REZULTATE-DEFINITIVE-RPL_2011.pdf Recensement roumain de 2011].</ref><br /> ainsi que {{formatnum:1536}} [[Csángós]]<ref>[http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://www.recensamant.ro/datepr/tbl4.html {{formatnum:1536}} personnes] se sont déclarés Csángós lors du recensement roumain de 2011. L'estimation du nombre de Csángós est pourtant plus élevée : ainsi, le [http://assembly.coe.int/Documents/WorkingDocs/doc01/EDOC9078.htm Conseil de l'Europe] estime leur nombre à {{formatnum:260000}}.</ref>) || Les populations de langue hongroise comptabilisées comme magyares se concentrent dans la région de [[Transylvanie (région)|Transylvanie]] et se répartissent en deux groupes distincts : les Magyars à proprement parler (environ {{formatnum:350000}}), localisés dans l'ancien [[Partium]] et les [[Sicules (Transylvanie)|Sicules]] (environ {{formatnum:825000}}), localisés dans les [[județ|''județe'']] de [[Covasna (judet)|Covasna]] et [[Harghita]], soit le [[Pays sicule]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Patrick Heenan|auteur2=Monique Lamontagne|titre=The Central and Eastern Europe Handbook|lieu=Londres|éditeur=[[Taylor & Francis]]|année=1999|pages totales=305|passage=70|isbn=978-1-57958-089-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=8Lg03OMRgywC&pg=PA70}}.</ref>. Les [[Csángós]] sont un groupe à part, parlant un vieux dialecte hongrois, localisé en dehors du royaume de Hongrie historique, en [[Moldavie (région)|Moldavie]] roumaine. || [[Hongrois de Roumanie|Communauté magyare de Roumanie]]
|-
|{{Slovaquie}} ||  {{formatnum:520528}} (2001)<ref>{{lien brisé|consulté le=2013-03-30|url=http://www.gramma.sk/en/hunginslov/history.php|titre= Language Ideologies: Critical Perspectives on the Official English Movement }}.</ref> || Les Magyars autochtones de Slovaquie habitent une large bande de 50 à {{unité|100|km}} de large le long de la frontière avec la Hongrie, au sud du pays<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Roseann Duenas Gonzalez|auteur2=Ildiko Melis|titre=Language Ideologies : Critical Perspectives on the Official English Movement|lieu=Urbana|éditeur=Lawrence Erlbaum Associates|année=2001|pages totales=468|format livre=poche|passage=302|isbn=978-0-8058-4054-4|lccn=00055887|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=dLcX-yR6YloC&pg=PA302}}.</ref>. || [[Minorité magyare de Slovaquie]]
|-
|{{Serbie}}|| {{formatnum:293299}} (2002)<ref>Recensement serbe de 2002.</ref> || La zone d'implantation historique des Magyars de Serbie est la [[Voïvodine]], au nord du pays. || [[Minorité magyare de Serbie]]
|-
|{{Ukraine}} || {{formatnum:156600}} (2001) || Les Magyars d'Ukraine habitent à la frontière hongroise, en [[Ruthénie subcarpathique]]. || [[Minorité magyare d'Ukraine]]
|-
|{{Autriche}} || {{formatnum:40583}} (2001)<ref>[http://www.statistik.at/web_de/index.html Austrian census 2001].</ref> || La minorité magyare d'Autriche habite le [[Burgenland]], ancienne possession hongroise, cédée à l'Autriche en 1920. || [[Minorité magyare d'Autriche]]
|-
|{{Croatie}} || {{formatnum:16595}} (2001)<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.unhcr.org/refworld/type,COUNTRYPROF,,,4954ce1ec,0.html|titre=World Directory of Minorities and Indigenous Peoples - Croatia : Overview (2001 census data)|date=July 2008|éditeur=[[Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés|United Nations High Commissioner for Refugees]]|consulté le=2009-03-16|archiveurl=https://web.archive.org/web/20120306104450/http://www.unhcr.org/refworld/type,COUNTRYPROF,,,4954ce1ec,0.html|archivedate=6 mars 2012|brisé le=}}.</ref> || Il existe quelques villages de fondation magyare au nord du pays. || [[Minorité magyare de Croatie]]
|-
|{{Slovénie}} || {{formatnum:6243}} (2001) || Il existe quelques villages de fondation magyare à l'est du pays. || [[Minorité magyare de Slovénie]]
|-
!'''Total'''
! '''{{formatnum:2468405}} individus'''
!
!
|}

=== La question des descendants des autres tribus magyares ===
{{Article détaillé|Magyars orientaux}}
{{...}}

== Notes et références ==
{{références nombreuses|taille=30}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* [[Auguste de Gérando]], ''Essai historique sur l'origine des Hongrois'', Imprimeurs-Unis, Paris, 1844 <small>([https://archive.org/details/essaihistorique00grgoog/page/n8/mode/2up lire en ligne])</small>.
* [[Edwin Lawrence Godkin]], ''The History of Hungary and the Magyars : From the Earliest Period to the Close of the Late War'', W. Kent & Co, London, 1856 <small>([https://books.google.fr/books?id=dlhOAQAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false lire en ligne])</small>.
* [[Édouard Sayous]], ''Les origines et l'époque païenne de l'histoire des Hongrois'', Ernest Leroux Éditeur, Paris, 1874 <small>([https://books.google.fr/books?id=xJ0BAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false lire en ligne])</small>.
* Édouard Sayous, ''Histoire générale des Hongrois'', Librairie académique Didier & {{Cie}}, Paris, 1876 <small>(lire en ligne : [https://archive.org/details/sc_0000974753_00000000834882/page/n5/mode/2up Tome I] & [https://archive.org/details/sc_0000974753_00000000834881/page/n7/mode/2up Tome II])</small>.
* [[Carlile Aylmer Macartney]], ''The Magyars in the Ninth Century'', Cambridge : University Press, 1930.
* András Róna-Tas, ''Hungarians and Europe in the Early Middle Ages : An Introduction to Early Hungarian History'', New York : Central European University Press, 1999.

=== Articles connexes ===
* [[Histoire de la Hongrie]]
* [[Sicules (Roumanie)]]
* [[Mansis]]
* [[Khantys]]
* [[Langues finno-ougriennes]]
* [[Hongrois]]
* [[Mythologie magyare]]

=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{la}} [[s:la:Gesta Hungarorum|''Gesta Hungarorum'']]
* {{PDF}} [[Geneviève Bührer-Thierry]], « ''[http://lacito.vjf.cnrs.fr/images/diaporamas_colloque/buhrer-thierry2.pdf Les Hongrois en Europe : derniers « envahisseurs » venus des steppes ?]'' », [[Université Paris-Est Marne-la-Vallée]]
* {{en}} « [http://www.khazaria.com/genetics/hungarians.html ''Hungarian Genetics: Abstracts and Summaries''] », études génétiques des Hongrois actuels, sur ''khazaria.com''.

{{Palette|Groupes ethniques d'Europe|Minorités nationales et ethniques de Hongrie|Magyarophonie|Peuples finno-ougriens}}
{{Portail|Hongrie|Anthropologie|Haut Moyen Âge}}

[[Catégorie:Magyars| ]]
[[Catégorie:Groupe ethnique en Hongrie]]
[[Catégorie:Groupe ethnique en Tchéquie]]
[[Catégorie:Groupe ethnique au Monténégro]]
[[Catégorie:Gentilé]]
[[Catégorie:Histoire de la Hongrie]]
[[Catégorie:Magyars du haut Moyen Âge]]