Voir la source de Col de Bussang

{{En-tête label|BA|année=2019}}
{{Infobox Col
| nom= Col de Bussang
| image= Col.bussang.jpg
| légende= Vue de la route franchissant le col.
| altitude= 727
| ref altitude= 
| massif= [[Massif des Vosges|Vosges]]
| latitude= 47/53/22/N
| longitude= 6/53/51/E
| ref coord= <ref>{{Géoportail|latitude=47/53/22/N|longitude=6/53/51/E}}</ref>
| pays1= France
| pays2=
| vallée1= [[Vallée de la Haute Moselle]]
| vallée2= Vallée de la [[Thur (France)|Thur]]
| loc1= ouest
| loc2= est
| ville1= [[Saint-Maurice-sur-Moselle]]
| ville2= [[Urbès]]
| déclivité_moy1= 2,2
| déclivité_moy2= 4,2
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| accès1= [[Route nationale 66 (France)|N 66]]
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| fermeture_hivernale= aucune
| géolocalisation= France/Haut-Rhin/Vosges
| orientation= o
}}
Le '''col de Bussang''' {{Prononciation|LL-Q150 (fra)-Poslovitch-col de Bussang.wav}} est l'un des [[Col de montagne|cols]] les plus fréquentés du [[massif des Vosges]], en [[France]]. Situé dans la région [[Grand Est]] à {{unité|727|m}} d'altitude, il relie la [[Lorraine]] et l'[[Alsace]] par la [[Route nationale 66 (France)|route nationale 66]] (également [[route européenne 512]]). Les deux communes de ce [[col de montagne|col]] dans un socle [[Roche sédimentaire|sédimentaire]] friable et cassant sont [[Bussang]] du côté lorrain et [[Urbès]] du côté alsacien. Le passage des crêtes à hauteur de Bussang fait partie des principaux cols historiques qui traversent les Vosges depuis l’Antiquité aux côtés du [[Col du Bonhomme (massif des Vosges)|col du Bonhomme]], du [[col du Donon]] et du [[col de Saverne]].

L’importance du trafic de véhicules au col de Bussang n'a cessé d’augmenter depuis les derniers siècles du [[Moyen Âge]] avec l’intensification des relations routières et commerciales entre les Flandres et l’Italie. Le passage du massif vosgien au sud s’intègre de ce fait dans un réseau routier axé sur une Europe dite [[lotharingie]]nne, mais n’a nullement l’exclusivité de la jonction Flandres-Italie. Pour éviter l’ascension des cols des Vosges méridionales, d’autres routes commerciales passent en effet par la plaine alsacienne ou bien par les cols [[Franche-Comté|comtois]]. Les activités forestières et minières florissantes du {{sp-|XV|au|XVII}} dans la vallée de la [[Moselle (rivière)|haute Moselle]] au pied du [[ballon d'Alsace]] ont renforcé la circulation plus locale au niveau du col de Bussang autour duquel se concentrent les sites de matières premières et les manufactures de transformation. Les activités industrielles et agropastorales de haute Moselle ont en outre favorisé l’immigration de main-d’œuvre qualifiée en provenance de pays germanophones du côté roman du col comme les [[Mineur (métier)|mineur]]s, les [[Marcairie|marcaires]] suisses, alsaciens ou allemands ou encore les [[Charbonnier (métier)|charbonniers]] de [[Suède]], du [[Tyrol]] et de [[Forêt-Noire]] dans la partie montagneuse située entre le col du Bussang et le [[col des Charbonniers]].

Le [[Trésor des Chartes de Lorraine]] de Defourny ne s’exprime pas en termes de cols mais davantage de « passages » ou « pertuis » dans le [[bailliage de Vôge]]<ref group="n">Il faut rester prudent quant à l'écriture du mot « Vosges » sous la forme « Vôge ». En effet, la [[Vôge]] est aujourd'hui une région culturelle et géographique non homogène dont le territoire ne correspond pas à l'ancien bailliage de Vosges nettement plus vaste. Il n'y avait pas de normes typographiques dans les écrits officiels du duché de Lorraine : le mot actuel « Vosges » se rencontre également au singulier « Vosge ». Thierry Alix, l'intendant du duché au {{s-|XVI}}, a choisi la graphie au pluriel. Pour un lecteur contemporain, il est objectivement plus facile d'identifier le mot « Vosges » comme région historique en se référant au département actuel.</ref>. Situé à la croisée de la sphère culturelle [[Langues romanes|romane]] d’une part et du monde [[Langues germaniques|germanique]] d’autre part, le col de Bussang demeure une frontière ancestrale entre diverses entités : États souverains, temporels de principautés [[Abbaye|abbatiales]] ou [[Chapitre de chanoines|canoniales]], [[archidiocèse]]s ou aires linguistiques. Toutefois, sa vocation de passage l’a toujours emporté sur la fonction de frontière naturelle.

== Toponymie ==
[[Fichier:Col de Bussang.jpg|vignette|alt=Vue sur la route du col de Bussang qui serpente à travers les sapinières|Col de [[Bussang]], côté [[Lorraine (ancienne région administrative)|lorrain]].]]
L’usage du terme « col de Bussang » est plutôt récent. De chaque côté de la limite des langues franco-allemandes, on avait l’habitude de dire ou de lire :
* pour la partie francophone (y compris en dialecte [[vosgien]]) :
** passage de Taye,
** pertuis d’Estaye<ref group="n" name="Létraye" /> (Perthus, Perthuix, Potieu)<ref>{{Article |langue= fr |auteur1= V. E. Volfrom |titre= Le perthux d'Estaye |périodique= Mémoires de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain |lieu= Nancy |volume= 50 |date= 1900 |lire en ligne= |format= <!-- sur ''xxx'' --> }}, {{p.|340}} : « Une discussion s'engagea, il y a quelque douze ans, à propos des château et pertuis d'Estaye ; les deux passages que nous venons de citer, et surtout le panorama d'Alix, décident de la question ».</ref>,
** col de l’Estaye{{sfn|Fournier|1994|p=527}},
** pertuis de Taye ou de la Taye<ref>Dans {{harvsp|Georgel|1966|p=35}} : PERTUIS pôtce s. m. Pertuis de la Taye (Bussang, Saint-Maurice) - Poitu d' Horion (Eloyes). Nous avons trouvé ce vocable dans l'arrondissement de Saint-Dié sous les formes « Pertuis », « Poiteu » et « Potieu ».</ref>,
** côte du Taye{{sfn|Desgouttes|1894|p=14}}{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue= fr |auteur1= Villiers Armand Dufrénoy |titre= Explication de la carte géologique de la France avec notice sur la carte |éditeur= Imprimerie royale |date= 1841 |volume= 1 |passage= 325 |isbn= |format= <!-- sur ''xxx'' --> }}.</ref> ;
* pour la partie germanophone (y compris en dialecte [[alsacien]]) :
** ''{{langue|de|Steige zur Linden}}'' (''{{langue|de|Steig zür Linde}}'')<ref>{{Ouvrage|langue= fr |auteur1= Paul Weiss |titre= 1516-1700 : heurs et malheurs d'une ville et d'une province |éditeur= éd. ACM |date= 2000 |pages totales= 287 |passage= 140 |isbn= |format= <!-- sur ''xxx'' --> }}, évoque la Steig zur Linden et le traduit par « Montée du Tilleul ».</ref>,
** ''{{langue|de|D’Steig}}''{{sfn|Loux|1976|p=109}}{{,}}<ref name="grucker" group="n">Dans {{Ouvrage|id= 1908grucker |langue= fr |auteur1= Eduard Grucker |titre= Die Vogesen |éditeur= éd. Velhagen & Klasing |date= 1908 |isbn= |format= <!-- sur ''xxx'' --> }}, on lit l’extrait suivant : « Über den tiefen Einschnitt des Col de Bussang ({{unité|720|m}}, früher ''Steig'' oder ''Paß zur Linden'') ».</ref>,
** ''{{langue|de|Pass zur Linden}}''{{sfn|Loux|1976|p=109}}{{,}}<ref name="grucker" group="n"/>,
** ''{{langue|de|der Bussang-Sattel}}'' (ou ''{{langue|de|der Sattel}}''){{sfn|Loux|1976|p=109}}.

Les toponymes des agglomérations en deçà du col de chaque côté, Bussang ou Urbès, apparaissent visiblement très peu ou pas du tout dans les premières appellations du col. La partie germanophone insiste, comme c’est le cas pour d’autres régions du massif vosgien côté alsacien, sur la caractéristique topographique : le terme « ''{{langue|de|Steige}}'' » désigne une « côte » ou une « montée ». On retrouve la même dénomination pour le [[col de Saverne]] (en allemand ''Zaberner Steige'')<ref group="n">Il reste toujours deux rues dans la commune de Saverne qui portent ce nom : « La Côte de Saverne » qui est le prolongement de la D1006 à partir du panneau de l’agglomération et la « Rue de la côte » juste avant de commencer l’ascension du col – {{Lien web |titre= Les rues de Saverne |site= google/maps |url= https://www.google.com/maps/@48.746202,7.3558362,17z |consulté le = 31 mai 2014}}.</ref>{{,}}<ref group="n">Le segment {{n°|21}} de l’''Atlas de Trudaine pour la généralité de Metz'', de 1745 et 1780, porte le titre suivant : « Carte de la route de Metz à Strasbourg jusqu’au fond du Holderlock entre Phaltzbourg et la '''coste''' de Saverne où finit la [[généralité de Metz]] ». {{lien web |titre= Carte généralité de Metz accessible en ligne |site= culture.gouv.fr |année= 2014 |url= http://www.culture.gouv.fr/documentation/archim/atlasdetrudaine.htm |consulté le= 31 mai 2014 }}.</ref>, le col de Steige à [[Offwiller]] entre [[Moselle (département)|Moselle]] et [[Bas-Rhin]]<ref>{{Lien web |titre= Col de Steige |année= 2014 |site= google.com/maps |url= https://www.google.com/maps/@48.9409195,7.529518,15z |consulté le= 30 mai 2014 }} ou encore le [[col de Steige]] à [[Steige]] entre [[Vosges (département)|Vosges]] et [[Bas-Rhin]].</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre= Col de Steige |année= 2014 |site= google.com/maps |url= https://www.google.com/maps/@48.363191,7.20131,17z |consulté le= 30 mai 2014 }}.</ref>. En réalité, pour les germanophones, la dénomination ''{{langue|de|Steige}}'' renvoie très peu à des régions montagnardes ou de haute montagne : elle fait surtout référence, dans les langues allemandes du sud et sud-ouest, à une route qui monte de manière abrupte<ref group="n">L’équivalent en Allemagne centrale est ''{{langue|de|Stich}}''. On peut lire également le terme de ''{{langue|de|Berg}}'' (montagne) ou ''{{langue|de|Höhe}}'' (hauteur) dans des paysages de plaine.</ref>. Contrairement au col, elle n’a pas forcément pour vocation de permettre le franchissement d’une montagne pour passer dans la vallée voisine. Ainsi, on trouve beaucoup de ''{{langue|de|Steigen}}'' dans les régions de collines ou encaissées du centre-sud de l’Allemagne quand on passe du fond de vallée aux parties surélevées du relief environnant.

Le terme ''{{langue|de|Sattel}}'' (désignant la selle en allemand) renvoie en revanche clairement à la vocation du [[col de montagne]] comme structure « en selle de cheval » formée en montagne par l'intersection entre une ligne de crête et de deux [[talweg]]s situés de part et d'autre. L’échancrure resserrée entre la Tête des Allemands, {{Unité|1014|m}}, et la [[Tête des Russiers]], {{Unité|1187|m}}, est très visible en venant de Lorraine. Les dénominations germanophones ajoutent fréquemment la mention ''{{langue|de|zur Linden}}'' : « des ou aux tilleuls ». En [[Français de Lorraine|français régional lorrain]], les cols sont fréquemment désignés par les appellations « pertuis », « plain » ou « passage ». On parlait du ''pertuis d’Estaye''<ref group="n">Prononcer comme le mot français « taille » et non comme le mot « taie ».</ref> ou du ''Passage de la Taye''{{sfn|Richard|1909|p=27, 34|id=1909rich}}. On utilisait couramment en langue patoise vosgienne des [[Saint-Dié-des-Vosges|pays de Saint-Dié]] ou Remiremont les termes régionaux pour « pertuis » ''potieu'' ou ''pètu'' pour désigner un trou, un col ou un passage étroit qui fait figure d’ensellement dans la montagne{{sfn|Georgel|1966|p=35}}. Comme pour « ''{{langue|de|Steige}}'' », le terme de « côte » revient souvent dans les écrits du {{s-|XIX}}. Le [[Liste des premiers préfets français|premier préfet des Vosges]], [[Henri-Zacharie Desgouttes]], décrit le col de Bussang sans prononcer le mot « col » une seule fois : {{citation|La Moselle a sa source dans l’arrondissement de Remiremont, au pied de la côte du Taye, dont le point le plus haut, faisant la jonction de deux côtes, forme la limite des départements des Vosges et du Haut-Rhin.}} En revanche, l’accent est mis sur deux côtes qui se rejoignent au col{{sfn|Desgouttes|1894|p=14}}.

== Géographie ==
[[Fichier:Ancienne_borne_de_la_RN_66.jpg|vignette|upright=0.6|alt=Grande borne de pierre de l'ancienne route nationale {{n°|66}} de [[Bar-le-Duc]] à Bâle|Ancienne borne de la {{nobr|[[Route nationale 66 (France)|RN 66]]}} reliant la [[Meuse (département)|Meuse]] aux [[Vosges (département)|Vosges]].]]
=== Situation ===
Le col de Bussang se trouve dans le [[massif des Vosges]] ; il est situé sur son versant occidental dans la commune de [[Bussang]] dans le [[Vosges (département)|département des Vosges]] et sur son versant oriental dans le territoire de la commune d'[[Urbès]] dans le [[Haut-Rhin]], entièrement dans la région [[Grand Est]]. Il conduit dans la haute vallée de la [[Thur (France)|Thur]] en direction de [[Thann]].

Il est dominé par le [[Drumont|Grand Drumont]] ({{unité|1200|m}}) au nord et par la [[tête des Neufs-Bois]] ({{unité|1228|m}}) au sud. Il permet de relier la vallée de la [[Moselle (rivière)|Moselle]] ([[Trèves (Allemagne)|Trêves]], [[Luxembourg (ville)|Luxembourg]], [[Metz]], [[Épinal]]) à la vallée du [[Rhin]] et de son affluent principal, l'[[Ill (France)|Ill]] ([[Mulhouse]], [[Bâle]]).

Sur un plan plus local, une fois passée la commune de [[Saint-Maurice-sur-Moselle]] juste avant Bussang au sein de la [[communauté de communes des Ballons des Hautes-Vosges]], il n'existe pas d'autre voie routière possible que de poursuivre vers le col de Bussang sur la {{nobr|[[Route nationale 66 (France)|RN 66]]}}. C'est à Saint-Maurice que l'on peut encore bifurquer par la [[Route nationale 465 (France)|RD465]] vers le [[col du Ballon d'Alsace]] en direction de [[Belfort]] ou de [[Masevaux]] par la [[Route nationale 466|{{nobr|RD 466}}]]. De fait, les routes buttent dans ce secteur du massif vosgien contre les crêtes en fond de vallée boisée. À part la route nationale, une seule route forestière autorisée à la circulation permet d'accéder à la ferme-auberge au pied du Drumont.

=== Trafic routier ===
En 2016, le trafic moyen journalier annuel de la section Bussang – Fellering, qui comporte le col en son centre, s’élève à {{nombre|5500|véhicules}} sur le versant lorrain et {{nombre|3600|véhicules}} sur le versant alsacien à Urbès. La part de poids lourds est estimée à 21 % côté lorrain et 17 % côté alsacien<ref name="Direst">J. Charlier, « Trafic moyen journalier annuel 2016, Direction interdépartementale des routes Est, division d’exploitation de Strasbourg », {{date-|14|mars|2017}}.</ref>. Ce nombre de véhicules par jour dans cette section de la {{nobr|RN 66}} n’a pas varié de manière significative depuis 2010<ref name="Direst"/>. En revanche, le nombre de véhicules a augmenté depuis 2008 de 36 % sur le versant alsacien du col. Le trafic routier tous véhicules entre 2006 et 2008 relevé à la station permanente du col de Bussang indique : {{formatnum:4118}} en 2006, {{formatnum:4099}} en 2007 et {{formatnum:4024}} en 2008. La baisse de fréquentation du col de Bussang par les poids lourds a démarré au début des années 2000 puisque leur nombre journalier a diminué de 37,4 % de 2004 à 2008 (de {{unité|1336|à=962|poids lourds}})<ref name="Direst2">{{ouvrage |langue= fr |auteur1= Geneviève Chaux-Debry |directeur1= oui |auteur2= J. Marchi |auteur3= D. Wahl |auteur institutionnel= Direction régionale de l’équipement |illustrateur= J. Marchi, N. Boudesseul |titre= Le trafic routier structurant en Alsace en 2008 |éditeur= CAT L’Essor |collection= Trafic routier |année= 2009 }}.</ref>. Depuis les aménagements des nouvelles voies rapides comme {{nobr|[[Route nationale 57 (France)|RN 57]]}} ou de l’[[Autoroute A4 (France)|{{nobr|autoroute A4}}]] au [[col de Saverne]], les axes de circulation des poids lourds pour relier la Lorraine et l’Alsace ont sensiblement bougé ; ils passent soit par le nord soit par le sud et évitent de franchir les crêtes<ref name="Direst2"/>.

Le trafic moyen journalier sur la {{nobr|RN 66}} diminue donc au fur et à mesure que l’on s’approche ou franchit le col ({{formatnum:8500}} à Saint-Maurice-sur-Moselle, {{formatnum:5500}} avant Bussang), puis il remonte très rapidement sur la section alsacienne entre Fellering et Thann ({{nombre|20250|véhicules}}<ref name="Direst"/>). La possibilité de bifurquer sur la {{nobr|RD 465}} à Saint-Maurice-sur-Moselle vers Belfort fait baisser le trafic moyen journalier de 35 % pour la section vers le col de Bussang<ref name="Direst"/>. Sur l’ensemble des cols franchissant les Vosges, le col de Bussang reste bien fréquenté au vu de la tendance générale de diminution des traversées avec une variation de -1,8 %, ce qui correspond à la moyenne de tout le massif vosgien<ref name="Direst2"/>. Au péage de [[Saverne]], la baisse est de 1,6 % avant 2010. Les deux cols qui subissent les plus fortes diminutions sont les cols du [[Col du Bonhomme (massif des Vosges)|Bonhomme]] (-7,9 %) et de [[Col de Sainte-Marie|Sainte-Marie]] (-7,6 %) alors qu’à l’inverse, on relève une hausse de 2 % sur la {{nobr|[[Route nationale 59 (France)|RN 59]]}} à la station de [[Lièpvre]] à la suite de la réouverture du [[tunnel Maurice-Lemaire]]<ref name="Direst2"/>.

=== Hydrographie ===
[[Fichier:Source Moselle Bussang 03 20070704 FRA Vosges Misson Didier.JPG|vignette|gauche|redresse|alt=Plaque en bronze indiquant la source de la Moselle à 715 m d'altitude. Longueur du cours d'eau : 550 km|Plaque indiquant la source de la [[Moselle (rivière)|Moselle]].]]
[[Fichier:Source de la Moselle.jpg|vignette|droite|alt=Aménagement de la source de la Moselle avec bassin et fontaine|La source de la [[Moselle (rivière)|Moselle]] près du col de Bussang.]]

Juste avant la montée du col, la Moselle forme une fourche que l'on peut voir sur le croquis des chaumes-répandises plus bas :
* vers le nord-est, le vallon du ruisseau de la Hutte séparé du col par le Haut du Charat, {{Unité|996|m}} ;
* vers le sud-est, le vallon du ruisseau du Sèchenat séparé du col par la tête des Allemands, {{Unité|1014|m}}, et alimenté par la [[goutte (toponyme)|goutte]] Devant ;
* vers l'est au centre, la rivière de la [[Moselle (rivière)|Moselle]] dont la source est immédiatement alimentée par d'autres sources nommées respectivement Fontaine des Bôculons<ref group="n">''Bôculon, beuquillon'', signifie « bûcheron » en patois vosgien.</ref> et Fontaine Saint-Louis au pied du [[Drumont]], {{Unité|1200|m}}.
Au-dessus du col se trouve l'étang Jean au pied de la côte des Russiers.

Après Bussang en direction du col et de l’annexe de Taye, les noms de route et rue sont assez évocateurs et rappellent qu’il y a eu tout autour du col une grande activité thermale : « avenue des sources » ou « route des sources ». Il était de coutume pour les « baignants » de [[Plombières-les-Bains]] d’aller au Ballon d’Alsace et aux eaux thermales de Bussang{{sfn|Richard|1909|p=523|id=1909rich}}. Il ne faut pas confondre les sources d’eau minérale ferrugineuse avec la source de la [[Moselle (rivière)|Moselle]]. Le premier préfet des Vosges, [[Henri-Zacharie Desgouttes]], explique dans son « Tableau statistique des Vosges » que {{citation|la Moselle a sa source dans l’arrondissement de Remiremont, au pied de la côte du Taye{{sfn|Desgouttes|1894|p=15}}}}. Le premier captage des sources a lieu en 1705{{sfn|Richard|1909|p=523|id=1909rich}}. Un hôtel a été construit, ainsi qu'une chapelle, un promenoir et un établissement de bains. Tous les bâtiments établis aux sources à proximité du col ont été incendiés en 1790 et il a été décidé de ne pas les reconstruire{{sfn|Richard|1909|p=523|id=1909rich}}. À partir de cette date, on s'est contenté de vendre les bouteilles d’eau.

[[Fichier:Source Marie Bussang.jpg|vignette|redresse|alt=Petit bâtiment hexagonal avec toit pointu en tuiles abritant la source Marie dans la montée du col de Bussang|La source Marie dans le lieu-dit de Taye dans la montée du col.]]

Les eaux minérales de Bussang<ref group="n">Dans le tableau statistique de Desgouttes, page 57, on lit l’extrait suivant : {{citation|Parmi le grand nombre d’eaux minérales et thermales que la nature bienfaisante a procurées au département des Vosges, les plus connues et les plus accréditées par leurs salutaires effets, sont celles de Bains, Bussang, Contrexéville et Plombières.}}</ref> qui jaillissent aux alentours du col sont évoquées par un témoignage du {{s-|XIX}} de la manière suivante : {{citation|Nous sommes arrivés à Saint-Maurice à temps pour voir la source des eaux de Bussang, qui sortent du gazon dans une prairie ravissante, peuplée de belles vaches noires. C’est un lieu charmant, et l’eau de fontaine de Bussang est meilleure que le vin de Champagne. De là, nous avons été voir la source de la Moselle, qui est à deux pas de l’autre source ; l’eau de Moselle n’a pas de vertus médicinales, mais elle devient une grande rivière<ref>{{Ouvrage |langue= fr |auteur1= Sarah Newton, comtesse de Destutt de Tracy |titre= Lettres et pensées de Madame de Tracy |nature ouvrage= essais divers |éditeur= éd. Plon |date= 1852 |volume= 1 |passage= 50 }}.</ref>.}} Selon le préfet Desgouttes, {{citation|les eaux de Bussang sont acidulées et contiennent beaucoup de gaz acide carbonique. Elles sont renommées par leur efficacité dans un grand nombre de maladies chroniques, notamment celles de l’estomac, du foie et de l’utérus{{sfn|Desgouttes|1894|p=59}}.}}

=== Milieu naturel ===
{{article détaillé|Massif_des_Vosges#Environnement {{!}} Environnement dans le massif des Vosges}}
[[Fichier:Coupe vegetation-bussang-urbes.jpg|vignette|gauche|alt=Schéma en couleur expliquant l'étagement altitudinal des Vosges méridionales|[[Étagement altitudinal|Étages de végétation]] des Vosges méridionales au col de Bussang.]]
Le massif de Saint-Maurice et Bussang où se trouve le col est un [[Réseau Natura 2000|site {{nobr|Natura 2000}}]] de type B<ref>Code du site FR4100199, date de compilation : 31/12/1995 ; Type pSIC / SIC / ZSC = proposition de site d’importance communautaire, site d’importance communautaire et zone spéciale de conservation – Dernière base transmise à la Commission européenne le 09/01/2014 {{Lien web |langue= fr |titre= Site Natura 2000 n°FR4100199 |année= 2014 |site= Ministère du développement durable, section Lorraine |url= http://inpn.mnhn.fr/site/natura2000/FR4100199 |consulté le= 30 mai 2014 }}.</ref> sur la façade lorraine<ref>{{Lien web|titre=Massif de Saint-Maurice et Bussang|auteur= DREAL Grand Est|année=2014 |site= Ministère du développement durable, section Lorraine |url= http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/massif-de-saint-maurice-et-bussang-a13204.html|consulté le=15 août 2019}}.</ref> dont le niveau de conservation est noté comme bon pour l’habitat forestier dominant et excellent pour l’évaluation globale des forêts de pentes et [[éboulis]].

[[Fichier:LynxInNumedal.jpg|vignette|alt=Photographie d'un lynx couché et somnolant|Présence du [[Lynx boréal|lynx]] dans les Vosges méridionales.]]

Les informations écologiques de la fiche du site font apparaître que le secteur se situe à 84 % en forêt mixte{{sfn|MEDDE|2008|p=6|id=MEDDE2008}} dans les [[Hêtraie à Luzule|hêtraies à luzule]], ou encore hêtraies du Luzulo-Fagetum, {{n°|9110}} de la Directive « l’habitat-faune-flore » de l’Inventaire national du patrimoine naturel<ref>{{Lien web |langue= fr |url= http://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/habitats-declines/9110.pdf |titre= Habitats du profil 9110 (Hêtraies du Luzulo-Fagetum) |année=2014 |site= INPN-MNHN |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>. Cette hêtraie à luzule est fortement associée au [[Abies alba|sapin blanc]] et à l'[[épicéa commun]] typiques des régions de moyenne montagne de l’Est de la France qu’on retrouve surtout dans les [[Chaîne varisque|massifs hercyniens]] d’[[Europe centrale]] et dans les [[Alpes du Nord]] siliceuses<ref>{{Lien web|auteur=DREAL Grand Est|titre= Milieux forestiers|année= 2005|site= Ministère du développement durable, section Alsace |url= http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Milieux_forestiers_IC.pdf |consulté le=15 août 2019|p= fiches {{n°|2-3}}}}.</ref>. Elle est complétée par la hêtraie sapinière à fétuque des bois et la hêtraie subalpine dans les parties alsaciennes en contrebas des chaumes<ref>{{Harvsp|DREAL Grand Est|2005|p=fiche {{n°|4}}}}.</ref>.

Le classement supplémentaire {{nobr|Natura 2000}} du [[Le Rouge-Gazon|Rouge-Gazon]] et des [[Tête des Neufs-Bois|Neufs-Bois]] eut lieu en 2010, il concerne la crête principale du massif au sud du col de Bussang. Le couvert végétal est du même type montagnard jusqu’aux pelouses alpines des chaumes{{sfn|MEDDE|2008|p=12|id=MEDDE2008}}. Le seul bâtiment existant en 1910 était une ferme d'estive faisant également fonction de ferme-auberge. Aujourd’hui, elle est agrandie et modernisée pour assurer l’accueil de skieurs généralement locaux.

Côté alsacien, le col de Bussang ouvre sur le site {{nobr|Natura 2000}} désigné « Vosges du Sud »<ref>Code du site FR4202002, date de compilation : 31/07/2002 ; Type pSIC / SIC / ZSC = proposition de site d’importance communautaire, site d’importance communautaire et zone spéciale de conservation – {{Lien web |langue= fr |titre= Site Natura 2000 n° FR4202002 |année= 2014 |site= inpn-mnhn.fr |url= http://inpn.mnhn.fr/site/natura2000/FR4202002 |consulté le= 30 mai 2014}}</ref> également situé dans l’habitat global des [[Hêtraie à Luzule|hêtraies du Luzulo-Fagetum]], majoritairement hêtraies-sapinières ou hêtraies d’altitude. On y a constaté la présence occasionnelle du [[Lynx boréal|lynx]]{{sfn|MEDDE|2008|p=4|id=MEDDE2008}}. Le col mène directement dans le vallon d’origine glaciaire où se situe [[Urbès]], trace des dernières [[glaciation]]s dans les Vosges, et notamment celle [[Glaciation de Würm|de Würm]]. L’ancien [[lac glaciaire]] s’est partiellement transformé en [[tourbière]]s flottantes, bas [[marais]] (mosaïque avec [[carex|cariçaies]])<ref>{{Lien web |auteur= DREAL Grand Est|titre=DOCOB Secteur See d'Urbès|sous-titre= Habitats naturels |année= 2014 |site= Ministère du développement durable, section Alsace |url= http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/docob-secteur-see-d-urbes-a4082.html/IMG/pdf/Carte_Habitatsnaturels_See.pdf |consulté le= 15 août 2019}}.</ref> avec [[saule|saulaies]] et [[aulnaie]]s marécageuses protégées. Le site est classé {{nobr|Natura 2000}} par la directive habitats et par la [[directive oiseaux]]<ref>{{Lien web |auteur=DREAL Grand Est|titre= Fiches d'habitat et espèces d'IC|année=2016,2018 |site= Ministère du développement durable, section Alsace |url= http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/fiches-habitats-et-especes-d-ic-a4085.html|consulté le=15 août 2019}}.</ref>.

Les espèces animales ou végétales d’intérêt communautaire du secteur autour du col de Bussang, du [[Drumont]] au Rouge-Gazon, sont identiques{{sfn|MEDDE|2008|p=12|id=MEDDE2008}} aux autres sites des Vosges du Sud : [[bruchie des Vosges]], [[Buxbaumia viridis|buxbaumie verte]], [[chabot commun]], [[Euphydryas aurinia|damier de la succise]], [[écrevisse à pattes blanches]], [[gélinotte des bois]], [[Myotis myotis|grand murin]], [[grand Tétras]], [[lamproie de Planer]], [[Lynx boréal|lynx]], [[Myotis emarginatus|murin à oreilles échancrées]], [[pie-grièche écorcheur]], [[Myotis bechsteinii|vespertilion de Bechstein]].

Par ailleurs, tout le massif de Saint-Maurice-Bussang et les Vosges du Sud, du côté alsacien, font partie du [[parc naturel régional des Ballons des Vosges]]<ref name="PRV">{{lien web|url=https://www.parc-ballons-vosges.fr/communes/bussang/|titre=Bussang|site=parc-ballons-vosges.fr|consulté le=9 septembre 2019}}</ref>.

=== Géologie ===
Le col de Bussang appartient géologiquement à la série d'Oderen composée de [[schiste]]s, [[grauwacke]]s et [[arkose]]s remontant au [[Viséen]] inférieur, l'avant-dernier étage du [[Mississippien]] dans le [[Carbonifère]]. D'un point de vue local, on parle du complexe volcano-sédimentaire<ref>Application InfoGéolTM du Bureau de recherches géologiques et minières, Géosciences pour une Terre durable, recherche « col de Bussang », version 2.0, 2019.</ref> de la forêt de [[Saint-Maurice-sur-Moselle]]. Tout le pourtour du col est de type [[socle (géologie)|socle]] sédimentaire, c'est-à-dire des terrains plus ou moins anciens et érodés constitués de [[Roche sédimentaire|roches sédimentaires]]. D'un point de vue lithologique, il s'agit de couches de [[Roche métamorphique|roches métamorphiques]], sédimentaires et [[Roche volcanique|volcaniques]]<ref name="brgm">{{ouvrage |langue= fr |auteur institutionnel= [[Bureau de recherches géologiques et minières]]|titre= Notice explicative de la carte géologique de la France |sous-titre= Munster |numéro= XXXVI-19 |lieu= Orléans |passage= 18-20 }}.</ref> : [[schiste]], grauwacke, arkose, [[Brèche (roche)|brèche]], [[kératophyre]].

La série d'Oderen est délimitée par le Drumont au nord, la tête des Allemands au sud, l'Eichwald de Fellering à l'est et la Broche à Bussang à l'ouest. Elle forme par conséquent une bande étroite entre deux secteurs géologiques plus vastes<ref name="brgm"/> une grande aire de complexe volcanique avec [[Tuf volcanique|tufs]], [[lave]]s et brèches kératophyriques au sud du col, et le massif cristallin à granite [[Porphyre (roche)|porphyroïde]] calco-alcalin à [[biotite]] et [[amphibole]] des crêtes caractéristique du [[Namurien]] au nord du col.

Des îlots de la série d'Oderen-Malvaux affleurent dans le complexe volcanique ; ils se caractérisent par des [[diabase]]s, opilites et [[gabbro]]s pour les sommets de Neufs Bois ou le Rouge Gazon<ref name="brgm"/>. De même, des traces de [[Syénite|microsyénite]] quartzifère à [[microgranite]] associées au granite des crêtes peuvent être observées dans le socle sédimentaire majoritaire tout autour du col de Bussang.

Le sondage et carottage effectué en 1968 au col de Bussang indique les couches suivantes en fonction de la profondeur<ref>Sondage BUS.11 du 19 au 27 novembre 1968 établi par SIF Bachy et interprété au laboratoire régional des Ponts et Chaussées de Nancy, identifiant national de l'ouvrage {{n°|BSS001AXJZ}}, indice de classement 377.5 108 du BRGM.</ref> indique les couches suivantes :
* jusque {{unité|1.75|m}} de profondeur, un éboulis de pente avec sable rouge et fragments de roches métamorphiques ;
* jusque {{unité|2.60|m}}, des roches métamorphiques très effritées et très cassantes ;
* jusque {{unité|4.10|m}}, des roches métamorphiques schisteuses très fragmentées et cassantes ;
* jusque {{unité|10.95|m}}, des roches métamorphiques schisteuses très effritées avec parties décompressées ;
* jusque {{unité|12|m}}, une roche métamorphique plus compacte.

=== Climat ===
[[Fichier:Col de Bussang from Azureva (clouds).jpg|vignette|alt=Vue sur le col de Bussang depuis un centre de vacances sur le versant opposé|Vue sur le col de Bussang noyé dans les nuages.]]
La partie montagnarde du département des Vosges connaît des hivers froids et des étés lourds avec des orages. Le climat y est semi-continental avec une double influence marquée par l’orientation nord-sud du massif qui le soumet majoritairement aux vents du sud-ouest et à l’effet de l’altitude<ref>{{ouvrage |langue= fr |auteur institutionnel= Centre départemental des Vosges |titre= Climatologie des Vosges |éditeur= Météo France |année= 2019 |titre chapitre= Bussang }}.</ref>. Plus on se rapproche du [[ballon d'Alsace]], plus la pluviométrie est élevée. Le col de Bussang se situant dans cet angle à l’extrême sud-est du département des Vosges, les précipitations annuelles oscillent entre {{unité|1700|et=2000|mm}}. La pluviométrie est plus élevée sur les deux sommets de chaque côté du col. La température moyenne de Bussang centre ({{unité|599|m}} d'altitude) s’élève à {{tmp|8.1|°C}}<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Site officiel de la commune de Bussang |site= bussang.com |url= https://www.bussang.com/ |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>. Elle baisse d’environ {{tmp|0.73|°C}} au col puis continue de baisser par palier de cent mètres d’altitude comme dans les autres massifs montagneux. Le gradient altitudinal moyen annuel pour les Vosges s’élève pour l’adret à {{unité|0.52|°C/hm}} et pour la maximale à {{unité|0.68|°C/hm}}<ref>{{article |langue= fr |auteur1= Annick Douguédroit |auteur2= M.-F. de Saintignon |titre= Les gradients de températures et de précipitations en montagne |périodique= Revue de géographie alpine |tome= 72 |numéro= 2-4 |année= 1984 |passage= 225-240 |doi= https://doi.org/10.3406/rga.1984.2566 }}.</ref>. Le mois de juillet est le plus chaud et la température moyenne est de {{tmp|16.9|°C}} en bas du col. Le mois de janvier est le plus froid avec {{tmp|-0.6|°C}} en bas du col. Mais le propre du climat montagnard vosgien étant son irrégularité tant pour les jours de gel que pour les cumuls de pluie, il peut arriver que les précipitations dépassent les {{unité|2000|mm}} même en fond de vallée suivant les années.

La durée moyenne d’enneigement au col de Bussang, comme en général dans les parties montagneuses des Vosges, s’élève à {{nombre|65|jours}} par an. Elle passe à {{nombre|85|jours}} vers les premiers sommets inférieurs à {{unité|1000|m}} et double pour atteindre {{nombre|130|jours}} au-dessus de {{unité|1100|m}} d’altitude<ref name="Perrin">{{ouvrage |langue= fr |auteur= Aude Perrin |titre= La prise en charge des urgences sur la zone de montagne des Vosges |éditeur= Université de Nancy I |date= 11/05/2005 |numéro chapitre= 1.1.2 |titre chapitre= Climat |passage= 45-48 }}.</ref>. Les dernières décennies ont toutefois connu un taux d’enneigement inférieur à la moyenne générale. La couche de neige ne reste plus aussi longtemps au sol que dans la première partie du {{s-|XX}}. De nombreux redoux font fondre la neige<ref name="Perrin"/>. Les stations de ski très proches comme celle du Rouge Gazon ou de Bussang-[[Larcenaire]] ne peuvent se maintenir sans les canons à neige. La station de Larcenaire utilise {{unité|52|canons}} susceptibles d’enneiger 80 % du domaine skiable<ref>{{article|auteur=Claire Brugier|titre=Vosges : les petites stations ont des réserves|date= 19/11/2015|périodique= L’Est républicain}}.</ref>.

La vitesse moyenne des vents tourne autour de {{unité|60|km/h}}. Les rafales ne touchent que les chaumes et sommets ; elles renforcent l’effet de gel en hiver et dessèchent en été. Les brouillards et brumes de hauteur touchent la crête au printemps et en été, mais se cantonnent davantage dans le fond de vallée en hiver et automne. L’ensoleillement s’en trouve plus faible avec une moyenne de {{unité|1500|h}} par an<ref name="Perrin"/>.

La perception du climat au niveau du col dépend du degré d’avancement des techniques de voirie ou de transport d'une part, mais aussi des changements climatiques qu'a connus le massif vosgien au fil des siècles. Grâce au progrès technologique, aux meilleures conditions de circulation et aux services d'enneigement, le col de Bussang de faible altitude ne représente plus un obstacle majeur pour les voyageurs. En revanche, le témoignage d'[[Arthur Rimbaud]] dans sa lettre rédigée à [[Gênes]] le {{date-|17 novembre 1878}} nous projette seulement un siècle et demi en arrière au moment où l'auteur souhaite passer le col de Bussang en hiver. Il veut se rendre en Italie par la voie la plus courte au {{s-|XIX}} depuis [[Chuffilly-Roche]] dans les [[Ardennes (département)|Ardennes]]. Il prend le train jusqu’à [[Remiremont]], puis une diligence pour rejoindre la [[gare de Wesserling]] en Alsace à destination de [[Mulhouse]]. En raison de la couche de neige trop épaisse au col, il est contraint de passer la nuit à l’auberge-relais et de franchir le col à pied ; il le raconte en ces termes :
{{Citation bloc|Sur la ligne droite des Ardennes en Suisse, voulant rejoindre de Remiremont, la correspondance allemande à Wesserling, il m'a fallu passer les Vosges ; d'abord en diligence, puis à pied, aucune diligence ne pouvant circuler dans plus de cinquante centimètres de neige en moyenne et par une tourmente signalée.|Arthur Rimbaud<ref>{{Lien web |langue= fr |auteur= Raymond Perrin |titre= Arthur Rimbaud : Les Vosges traversées dans la tourmente |site= ecrivosges.com |année= 1998-2019 |url= http://www.ecrivosges.com/auteurs/rimbaud_2.php#Les_Vosges |consulté le= 09/08/2019 }}</ref>.}}

== Histoire ==
=== Période gallo-romaine ===
Le nom latin de l’étape au pied du col de Bussang était {{latin|Wixenterius}}{{sfn|Idoux|1908|p=16}} ; elle devient par la suite Visentine pendant quelques siècles pour désigner [[Saint-Maurice-sur-Moselle]] et son annexe [[Bussang]]. Elle se trouve sur la voie romaine secondaire qui va de [[Trèves (Allemagne)|Trèves]], [[Metz]] à [[Augusta Raurica]], actuellement en Suisse près de [[Bâle]]. Les voies romaines ont souvent repris et amélioré les routes gauloises déjà existantes<ref>{{ouvrage |langue= fr |auteur1= Felix Oger |titre= Géographie physique, militaire, historique, politique, administrative et statistique de la France à l'usage des candidats à l'école militaire de Saint-Cyr |éditeur= Mallet-Bachelier |année= 1860 |numéro chapitre= 2 |titre chapitre= Orographie. Système vosgien |pages totales= 124 |passage= 7 |lire en ligne= {{Google Livres|EzAbAAAAYAAJ|page=7}} }}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage |langue= fr |auteur= Gérard Gley |titre= Géographie physique, industrielle, administrative et historique des Vosges, précédée d'une Géographie générale, à l'usage des écoles et des familles |numéro édition= 4 |éditeur= C. Lacour |année= 2002 |pages totales= 268 |passage= 49 }}.</ref>, c’est le cas de la jonction entre les [[Leuques]] et les [[Séquanes]] ou [[Lingons]] par la haute Moselle<ref>{{harvsp|Yante|2016|p=107-119}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|auteur1 =Xavier De Planhol,|auteur2=André Pérardel|titre=Matériaux pour la géographie historique et agraire de la Lorraine VI |sous-titre=La répartition géographique des vestiges archéologiques gallo-romains en Lorraine. |périodique=Revue géographique de l'Est| tome 9| numéro=1-2 |mois=Janvier-juin |année=1969| pages=179|doi=https://doi.org/10.3406/rgest.1969.2169|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/rgest_0035-3213_1969_num_9_1_2169|consulté le = 8 septembre 2019}}.</ref>.

[[Fichier:Peutinger table, Roman road Reims Metz.jpg|vignette|droite|alt=Carte ancienne de la table de Peutinger représentant les deux voies romaines du secteur|Les deux {{latin|viae publicae}} contournant les Vosges dans la [[table de Peutinger]].]]
[[Fichier:The life of the Greeks and Romans (1875) (14582418737).jpg|vignette|alt=Dessin ou gravure de 1875 représentant une voiture gallo-romaine tirée par deux chevaux. |La voiture gallo-romaine type ''essetum''.]]

Il s’agit d’une {{latin|via vicinalis}}, voie secondaire, qui se détache{{sfn|Maud’heux|1897|p=5}} à [[Illzach]], en latin {{latin|Uruncis}}, de la {{latin|via publica}}, voie romaine principale [[Strasbourg|Argentoratum]] - [[Besançon|Vesontio]] (Strasbourg - Besançon) pour entrer dans la vallée de la [[Thur (France)|Thur]] et franchir les Vosges au col de Bussang<ref>{{ouvrage |langue= fr |auteur= Christian Cloppet |titre= Le système routier gallo-romain entre Rhône, Loire et Rhin |sous-titre= Tracés, structure, monuments |passage= 682-686 |éditeur= ANRT |collection= Thèse à la carte |date= 13 mai 1997 | pages totales= 1860 |isbn= 2284003052 |isbn2= 978-2284003052 }}.</ref>. La voie de la Moselle poursuit vers [[Ramonchamp|Létraye]]<ref group="n" name="Létraye">Létraye est une variante orthographique du lieu-dit ''Lestraye'', ou ''Lettraye'', situé dans la commune de Ramonchamp. La voie romaine Bâle-Metz passait par ce hameau où fut établi un tonnage auquel renonça le duc de Lorraine {{noble|Ferry III de Lorraine|-}} en 1255 au profit des chanoinesses de Remiremont. Dans l'acte de {{noble-|Ferry III}}, le lieu de péage non loin du col était orthographié « Estaie » (cf. {{ouvrage|titre=Département des Vosges|tome=2|auteur1=Léon Louis|auteur2=Paul Chevreux|passage=29|pages totales=421|éditeur=Res Univertsalis|année=1991|lieu=Paris|isbn=2877606449}}).</ref>, [[Vecoux]], [[Remiremont]] et sort des Vosges pour rejoindre une autre ''via publica'' : [[Lugdunum]]-[[Augusta Treverorum]] (Lyon - Trèves) par la capitale des [[Lingons]], [[Andemantunnum]] (Langres). La [[table de Peutinger]] indique les deux axes majeurs, mais pas la voie secondaire<ref>Jean-Marie Yante, ''Le contrôle du faîte des Vosges : aspects politiques et économiques à l’aube des Temps modernes'', paragr. 3 : « Le franchissement routier du massif vosgien » {{lire en ligne|url=https://books.openedition.org/cths/5697?lang=fr}}, in Jean Duma, ''Des ressources et des hommes en montagne'', Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2019.</ref>. Elle est en revanche décrite dans l’[[itinéraire d'Antonin]]. Les voies secondaires étaient souvent construites par les légions{{sfn|Maud’heux|1897|p=1}} avec l’aide des habitants des régions traversées. À intervalles réguliers, il y avait des haltes-relais tous les {{unité|15|km}}, dites {{latin|[[mutatio]]nes}}<ref>{{Ouvrage |id= gaffiot |langue= fr |auteur1= Félix Gaffiot |titre= Dictionnaire illustré latin-français |lieu= Paris |éditeur= Hachette |date= 1977 |numéro d'édition= 31 |passage= 1106 |isbn=}} : ''[[mutatio]]nes'' : le mot désigne au départ un « échange », il met en évidence le fait qu’on changeait souvent de monture dans les relais de poste.</ref>, pour changer de monture et consommer un en-cas, et tous les {{unité|40|km}}, des {{latin|[[mansio]]nes}} ; celles-ci étaient dirigées par un {{latin|manceps}} ou {{latin|praepositus mansionis}} pour une période de cinq ans. Dans les lieux très fréquentés comme sur la voie romaine Reims-Metz-Strasbourg, des {{latin|Vicus|vici}} ou agglomérations rurales sont nées autour de ces {{latin|mansiones}}. À l’origine, elles furent érigées pour le {{latin|[[cursus publicus]]}}, l’équivalent du service postal officiel. Mais, très vite, elles furent agrandies de plusieurs bâtiments car elles servirent de halte ou de gîte aux voyageurs et aux marchands itinérants. On voyageait d’une ''mansio'' à l’autre. Elles avaient souvent une forme en U et comportaient des écuries, des emplacements pour les voitures, des dortoirs et des réfectoires. Parfois, on y trouvait aussi des thermes. Ce n’est pas le cas de Bussang.

En contrebas ou en haut des côtes plus prononcées, le gîte d’étape disposait de bêtes de trait supplémentaires pour aider les attelages à monter ou à descendre. Pour décrire la difficulté de descente d'une côte vosgienne, le [[col de Saverne]] au lieu-dit ''Usspann'' est une bonne illustration. Le transport de personnes se faisait avec l{{'}}''essedum''<ref>{{harvsp |id= gaffiot | Gaffiot | 1977 |p= 602 }} : ''essedum'', mot gaulois, « voiture, char ».</ref> déjà pratiqué par les Gaulois, mais aussi par la ''rheda''{{sfn|Maud’heux|1897|p=1}}{{,}}<ref>{{harvsp |id= gaffiot | Gaffiot | 1977 |p= 1361 }} : ''rheda'', mot gaulois, « voiture de voyage, chariot à quatre roues ».</ref> qui a l’avantage d’être moins large et adapté aux chemins étroits comme ceux des voies naturelles en fond de vallée dans les massifs montagneux{{sfn|Maud’heux|1897|p=1}} ou encore les ''petorrita''<ref>{{harvsp |id= gaffiot | Gaffiot | 1977 |p= 1168 }} : ''petorrita'' : mot gaulois, « chariot suspendu à quatre roues ».</ref>. Cependant, comparée à la route royale 66, l’ancienne voie romaine vicinale qui arrivait de [[Fresse-sur-Moselle]] empruntait le flanc du coteau du Lait pour éviter un fond de vallée à l’époque très marécageux. La même voie était encore utilisée au {{s-|XVII}} quoique les ducs de Lorraine aient demandé une réfection en 1615{{note|Archives départementales de Meurthe-et-Moselle 1615 B.8361 – 1617 B.8365{{sfn|Richard|1909|p=363|id=1909rich}}.}}, puis en 1630{{note|Archives départementales de Meurthe-et-Moselle 1630 B.8379{{sfn|Richard|1909|p=363|id=1909rich}}.}}. Le transport des marchandises se faisait essentiellement avec les diverses variantes du ''plaustrum''<ref>{{harvsp |id= gaffiot | Gaffiot | 1977 |p= 1189 }} : ''plaustrum'' : « chariot, charrette, voiture ».</ref>.

=== Routes commerciales médiévales ===
Les routes commerciales médiévales de la partie méridionale du massif vosgien<ref>{{harvsp|Yante|2016|p=107-127}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Kammerer|2003|p=23-24}}</ref>, c’est-à-dire celles qui empruntaient la haute vallée de la Moselle{{sfn|Parisse|2008|loc=chap. 2 « Les villes et les Marchands »}}, étaient celles qui quittaient la Lorraine au col de Bussang vers l’[[Alsace]], au [[col des Croix]] ainsi qu'au [[col du Mont de Fourche]] vers la [[Franche-Comté]].

La route du col de Taye suit l’ancienne voie romaine [[Metz]]-[[Bâle]] ([[Divodurum Mediomatricorum|Divodurum]] – [[Bâle|Augusta Basiliensis]]){{sfn|Idoux|1908|p=140}} et perpétue la tradition de vallée de transit par le col de Bussang<ref>{{Chapitre|langue= fr |auteur1= Francis Rapp |titre chapitre= Routes et voies de communication à travers les Vosges du {{s-|XII}} au début du {{s-|XVI}} | sous-titre chapitre= {{p.|195-207}} |titre ouvrage= Les pays de l'entre-deux au Moyen Âge : questions d'histoire des territoires d'Empire entre Meuse, Rhône et Rhin |lieu= Paris |éditeur= éditions du C.T.H.S. |année= 1990 |isbn= |présentation en ligne= http://opac.regesta-imperii.de/lang_en/anzeige.php?buchbeitrag=Routes+et+voies+de+communication+%C3%A0+travers+les+Vosges+du+XIIe+au+d%C3%A9but+du+XVIe+si%C3%A8cle&pk=23645 |lire en ligne= pages totales= 336 |passage= 196 }}.</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp|Kammerer|2003|p=28}}.</ref>.

==== Col de Taye et tonnage de l’Estaye ====
Les possessions du [[Abbaye de Remiremont|chapitre de Remiremont]] acquises au haut Moyen Âge, au spirituel comme au temporel, étaient très étendues dans la partie méridionale du [[massif des Vosges]]<ref>{{ouvrage|titre=Recueil de documents sur l’Histoire de Lorraine|sous-titre=Dénombrement du duché de Lorraine en 1594 par le président Alix|lieu=Nancy|année=1870|éditeur=Lucien Wiener|passage=54-76|auteur=Thierry Alix}}.</ref> ; elles englobaient les vallées de la [[Vologne]], de la [[Moselotte]] et de la [[Vallée de la Haute Moselle|haute Moselle]] jusqu’aux crêtes à l’est et au sud. Les revenus des [[chanoinesse]]s provenaient entre autres des droits de péages, des droits d’exploitation dudit ''haut pâturage'' et des [[tonlieu]]x. En tant qu’[[Avouerie|avoué]]s<ref>{{lien web |langue= fr |titre= Site officiel de la commune de Rupt-sur-Moselle > Historique |url= https://www.ruptsurmoselle.fr/mairie/historique |consulté le=10 septembre 2019 }} : « Ce qui deviendra plus tard la commune de Rupt en fait partie. Le souverain Lorrain confie bientôt la sous-avouerie, c'est-à-dire la protection – par la force si besoin est – de ce territoire, à des familles de chevalerie : les Villacourt, avoués des Vosges jusqu'au début du {{s-|XIII}}, puis les descendants des comtes de Lunéville, les Savigny et les Faucogney apparentés au roi de France, notamment la rive gauche de la Moselle, sauf Longchamp ».</ref> du chapitre, les [[Liste des ducs de Lorraine|ducs de Lorraine]] ont progressivement mis la main{{sfn|Fray|2006|p=272}} sur les terres périphériques des dames nobles en bâtissant des châteaux-forts{{sfn|Poull|1985|p=44}}, comme à [[Bruyères]] ou à [[Arches (Vosges)|Arches]] lesquels deviendront les sièges des deux [[Prévôt (Ancien Régime)|prévôtés]] montagnardes du duché lorrain{{sfn|Fray|2006|p=272}}. Ce fut le duc {{noble|Ferry III de Lorraine|-}} qui usurpa le [[tonlieu]] à Bruyères en 1255 et à l’Etaye<ref group="n" name="Létraye" /> au pertuis de Bussang en 1264{{sfn|Fray|2006|p=272 note {{n°|777}}}}. Cette mainmise sur le tonnage<ref group="n">On a appelé ''tonnage'' en Lorraine une sorte d’impôt qu’on avait levé dans certains lieux. Une charte donnée par l’archevêque de Trèves en 1255, qui se trouve au chapitre 29 du cartulaire de Remiremont, en parle de la manière suivante : « ''praesata Katherina et sui apud Bruïeras et apud Estaie tonagium imposuerant […]'' ». Dans ''Jurisprudence : dédiée et présentée à Monseigneur Hue de Miromesnil, Garde des Sceaux de France'', vol. 8, éd. Panckoucke, 1789, {{p.|49}}.</ref> de l’Estaye<ref group="n" name="Létraye" /> (Bussang) comme sur le [[tonlieu|''thonnieu'']]<ref group="n">Une autre charte, donnée par Frédéric, duc de Lorraine, en 1295, rapportée au même cartulaire, chap. 34, l’appelle ''thonneu''. « ''dou thonneu de Brueires, cognoissons nous, que nous ne avons droit en panre, ne ou faire panre'' ».</ref>{{,}}<ref>Op. cit. même page.</ref> de [[Bruyères]] ne répond pas au hasard, mais répond à une stratégie territoriale des ducs : il s’agissait des voies de passage principales au Moyen Âge pour passer de Lorraine en Alsace par :
# la [[vallée de la Moselle]] : Épinal, Remiremont, Ban de Longchamp, Ban de Ramonchamp et le col de Bussang ;
# la vallée de la [[Vologne]], son affluent le [[Neuné]], la vallée de la [[Meurthe (rivière)|Meurthe]] : [[Lunéville]], [[Bruyères]], [[Corcieux]], [[col du Plafond]] {{unité|620|m}}, [[Fraize]] et le col du Bonhomme {{unité|978|m}}.

Une autre route d’échange commerciale et économique secondaire dans la vallée de la Haute-Moselle est celle qui mène au [[col des Croix]] ({{Unité|679|m}} vers la [[Franche-Comté]]) où les [[Avouerie|voué]]s pour la rive gauche de la Moselle, les [[Liste des seigneurs de Faucogney|seigneurs de Faucogney]], ont établi un droit de péage<ref>Dans {{harvsp|Florence|Philippe|2004|p=8}}, la série VII H 3— 3 pièces parchemin ; 2 sceaux, on lit : « ils avaient notamment «certain peaige appelé le peaige du Tillot desoulz Chastel Humbert», donné autrefois aux seigneurs de Faucogney par un duc de Lorraine qui la possédait en qualité de voué de Remiremont.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue= fr |auteur1= Robert Curien-Girot |auteur2= Berthe Curien-Girot |titre= Counehets d'autrefois |lieu= Cornimont |éditeur= |date= 1968 |pages totales= 130 |isbn= |format= <!-- sur ''xxx'' --> }} : « ''Les seigneurs établissent alors sur les limites de leur domaine des péages. Les seigneurs de Faucogney dont dépendent nos hautes vallées en fixent un au col de Taye (Bussang) et un autre à Chastel-Humbert'' ».</ref> et bâti le château Lambert, actuelle commune de [[Haut-du-Them-Château-Lambert]]. Comme pour Bussang, la partie lorraine appartenait au ban très étendu de [[Ramonchamp]] où se situaient les mines du Thillot<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Les mines du Thillot |date= actualisé 2014 |site= Les Hautes-Mynes |url= http://www.hautesmynes.com |consulté le= 31 mai 2014 }}.</ref>. Les deux bans menant aux deux cols, respectivement de Bussang et des Croix, sont nommés dans les archives et dans le langage populaire côté lorrain et comtois les ''Vaulx''{{sfn|Florence|Philippe|2004|p=8}}.

À la jonction de cette voie arrivant du sud et de celle provenant du col de Bussang à l’est, donc le pertuis de l’Estaye, les ducs de Lorraine et les chanoinesses de Remiremont possédaient un autre péage qui fut la station commerciale la plus importante pour les échanges avec l’Alsace, on le nommait le ''pertuis de L’Etraye'' (aujourd’hui ''Létraye''){{sfn|Florence|Philippe|2004|p=8}}. Les revenus du péage de Taye justifiaient l’établissement d’une charge à caractère anoblissant. Avant le déclin de la route commerciale, en pleine [[guerre de Trente Ans]], le duc de Lorraine confie par exemple à un Jacques Mourel dit Valroff la charge de contrôler le péage. Il arriva à Bussang vers 1638 pour y prendre à ferme le péage de Taye installé depuis 1255 à la frontière ducale de Lorraine<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Origine probable des Valroff |série= {{n°|95}} |date= mars 1995 |site= genealogie-lorraine.fr ''(Union des Cercles Généalogiques Lorrains)'' |url= http://www.genealogie-lorraine.fr/infos/faq.php |consulté le= 30 mai 2014 }}.</ref>. Suivant les sources, Jacques Valroff fut page du duc de Lorraine, chargé du péage de Taye et châtelain de [[Deneuvre]]. Jusqu’à l’activité minière qui démarre en 1560 avec l’arrivée de mineurs<ref>{{article |langue= fr |auteur1= J. Grandemange |auteur2= P. Beck |titre= Les mines d’argent du duché de Lorraine au {{s-|XVI}}. Histoire et archéologie du Val de Lièpvre (Haut-Rhin) |périodique= Revue archéologique du Centre de la France |tome= 30 |année= 1991 |passage= 257-258 }}.</ref>, forestiers<ref>{{Harvsp|Garnier|2004|p= 360-383}}.</ref> et charbonniers [[allemands]]<ref>{{ouvrage |langue = fr |auteur= Alban Fournier |titre= Les Vosges, du Donon au ballon d'Alsace |éditeur= Ollendorf |année= 1901 |réimpression= 1994 |titre chapitre= Particularisme de la Vallée des Charbonniers }}.</ref>, [[Danois (nation)|danois]] et [[Suédois (peuple)|suédois]]<ref>{{article|auteur1= Pierre Fluck |auteur2= Bruno Ancel |titre= Le paysage minier des sites métalliques des Vosges et de la Forêt-Noire |périodique= Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest |tome= 96 |numéro= 2 |année= 1989 |passage= 183-201 |doi= https://doi.org/10.3406/abpo.1989.3323 }}.</ref>{{,}}{{sfn|Fournier|1994|p=505}}, Bussang est au fond un écart, ou plus encore, une simple succession d’auberges, de tavernes en contrebas de la côte qu’il fallait pouvoir gravir pour traverser les Vosges. C’était un point d’arrêt où l’on prenait des chevaux de renfort pour se lancer dans le col{{sfn|Fournier|1994|p=512}}. Le thermalisme n’existe pas encore et l’exploitation forestière pour subvenir à la demande industrielle va s’accroître progressivement jusqu’au {{s-|XVIII}}{{sfn|Garnier|2004|p=387-389}}.

Les commerçants-transporteurs ne voyageaient pas souvent seuls ; en général, ils s'organisaient et se déplaçaient en « convois » de marchands, avec un chariot ou à pied avec une hotte. À cela, il faut ajouter les pèlerins, les voyageurs et les travailleurs itinérants qui allaient de chantier en chantier. Parfois, ils pouvaient se rassembler en « nation », donc en communauté de langue ou de culture par affinité. Les marchands « allemands »{{sfn|Bischoff|2003|p=399}} étaient des commerçants [[alsaciens]] et autres germanophones. Ils passaient le col de Bussang, le pertuis vers le monde francophone, au moins jusqu'à Metz, la plaque tournante des déplacements en Lorraine vu sa position à la croisée des chemins nord-sud et ouest-est. Au Moyen Âge, on utilisait encore les chars à transport hérités de la période gallo-romaine : le chariot à deux roues (''plaustrum minus'') ou à quatre roues (''plaustrum majus''), tirés par des bœufs ou des chevaux. La flexibilité et la mobilité de ces chariots étaient limitées, il fallait souvent un cheval d'appoint pour monter les « côtes », noms qu'on utilisait autrefois plus fréquemment que col.

Le soutien logistique par les locaux perdurera jusqu’au {{s-|XVIII}} puisque, dans les archives de la ville, sont toujours évoqués les aubergistes et cabaretiers dont {{citation|certains employaient des chevaux uniquement à faire la conduite des voitures jusqu’au col de Bussang}}{{sfn|Richard|1909|p=365|id=1909rich}}. Les rouliers faisaient aussi les commissions des particuliers et des communautés. Il y avait une voiture qu’on appelait « l’accéléré » qui gérait également les services de la poste. En outre, les aubergistes devaient posséder des locaux très spacieux pour loger hommes et montures, remiser les voitures, abriter les chevaux et les bœufs{{sfn|Richard|1909|p=364-365|id=1909rich}}. Les produits transportés sur cette voie mosellane étaient peu ou prou les mêmes que ceux qui circulaient sur l'axe rhénan de la Basse Rhénanie à Bâle, sur les routes qui traversaient la Champagne en direction de [[Langres]] et de la Suisse ou encore le long du [[Neckar]]. Néanmoins, on relève des spécificités en fonction des périodes économiques ou des activités artisanales en vogue à tel ou tel moment de l'histoire lorraine. Parmi les produits phares, on compte :
* le vin pour lequel Metz<ref>{{article |langue= fr |auteur1= Roger Grand |auteur2= Jean Schneider |titre= La ville de Metz aux {{s2-|XIII|XIV}} |lieu= Nancy |éditeur= impr. Thomas |périodique= Bibliothèque de l'école des chartes |tome= 109 |numéro= 1 |année= 1950-1951 |passage= 130-133 |lire en ligne= http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1951_num_109_1_461403_t1_0130_0000_001 }}.</ref> et Cologne assuraient l'essentiel du trafic{{sfn|Parisse|2008}} ;
* le verre : le verre plat, blanc ou coloré « façon Lorraine », et après le séjour d’un verrier local à [[Murano]] pendant treize ans{{sfn|Poull|1985|p=126}}, le verre cristallin ou « [[verre de Murano|verre de Venise]] » jusqu’au milieu du {{s-|XVI}}. Tous furent produits dans les verreries de la [[Vôge]] autour de [[Darney]] et [[Fontenoy-le-Château]]. On connaît l’ascension professionnelle de Pierre Thierry à Fontenoy qui devint commissionnaire de grandes firmes internationales du secteur parce qu’il avait la responsabilité de la ''conduicte d’Italie''{{sfn|Poull|1985|p=127}}. Son réseau commercial s’étendait de l’Angleterre à l’Italie du Nord en passant par la Flandre ;
* la laine<ref>{{article |langue= fr |auteur= A. Deroisy |titre= Les routes terrestres des laines anglaises vers la Lombardie |périodique= Revue du Nord |tome= 25 |numéro= 97 |mois= janvier-mars |année= 1939 |passage= 40-60 |doi= https://doi.org/10.3406/rnord.1939.1806 }}.</ref> ou la draperie : la Flandre resta longtemps le centre de la branche textile en relation constante avec l'Italie<ref>{{article |langue= fr |auteur= C. Wilsdrof |titre= La vallée de la Thur aux {{s2-|XIII|XIV}} : la transformation d’un paysage par la route |périodique= Bulletin philologique et historique (jusqu’en 1610) |éditeur= Comité des travaux historiques et scientifiques |volume= 1 |lieu= Paris |année= 1969 |passage= 303-330 }}.</ref>{{,}}{{sfn|Kammerer|2003|p=35}} qui servait de transition avec l'orient. En revanche, la Moselle servait de relais{{sfn|Parisse|2008}} avec le Rhin pour ceux qui ne circulaient pas par la voie principale légèrement plus au sud que le massif vosgien, donc par la Porte de Bourgogne<ref>{{article |langue= fr |auteur1= Francois Pernot |responsabilité1= professeur des Universités en histoire moderne à l’Université de Cergy-Pontoise, Civilisations et identités culturelles comparées |titre= L’Europe « lotharingienne », une idée géopolitique {{sp-|IX|-|XXI}}s |périodique= Géographie historique de la Lotharingie |numéro= 4 |mois= mai |année= 2014 }}.</ref> ;
* le bois pour les fonderies et manufactures royales de chaque côté de la ligne de crête ([[Masevaux]], [[Oberbruck]], [[Saint-Maurice-sur-Moselle]]…) ;
* le sel : la route du sel qui passait par le col de Bussang en direction de Mulhouse, puis Bâle, était la route de la Lorraine à la Suisse<ref>{{citation|La seule route passant par Mulhouse était la route de la Lorraine à la Suisse, dite Route du Sel […]}}, citation à la page 8 de ''Musée de l'impression sur étoffes de Mulhouse'', « Quelques aspects de l'impression sur étoffes », Éd. Musée de l’impression sur étoffes, Mulhouse, 1970.</ref>. Le sel lorrain était également vendu dans la Haute-Alsace (qui appartenait essentiellement à l’[[Autriche antérieure]]), le sud-ouest de l’actuelle Allemagne, la région frontalière suisse avec l’[[Principauté épiscopale de Bâle|évêché de Bâle]]{{sfn|Drouot|1957|p=119-127}}. Le « roulage » du sel par le col de Bussang continua jusqu’à la [[Révolution française]]. C’est probablement le dernier produit régulièrement transporté par le col avant l’industrialisation et l’arrivée du textile dans la vallée{{sfn|Richard|1909|p=366|id=1909rich}}. On lit dans les archives que la « grande traite des sels » allait de [[Thann]] à [[Delle]] à la frontière avec la Suisse. La route du col de Bussang y est décrit comme tellement étroite dans la montée (nommée « die Steige » par les Alsaciens) que le double sens n’était pas possible pour deux chariots. Ceux qui descendaient devaient utiliser les emplacements spécialement aménagés à cet effet<ref>Décrit dans les A.D. du Haut-Rhin, C. 1210.</ref> pour laisser passer les chariots qui montaient{{sfn|Société savante d'Alsace et des régions de l'Est|1957|p=447}}.

==== Déclin progressif de la voie commerciale ====
[[Fichier:Lorraine et anciennes provinces.svg|vignette|alt=Carte du duché de Lorraine en 1766. Ce duché recouvre l'essentiel des départements actuels des Vosges et de Meurthe-et-Moselle, de la Moselle (hors le sillon Metz-Thionville) et, pour la Meuse, les environs de Commercy.| [[Duché de Lorraine|Lorraine ducale]] au moment du rattachement à la [[Royaume de France|France]] au {{s-|XVIII}}.
{{légende|#EFB3C7|[[Duché de Lorraine]]}}
{{légende|#e1c44a|[[Duché de Bar]]}}
{{légende|#7db3c7|[[Trois-Évêchés|Les Trois Évêchés]] (Metz, Verdun, Toul)}}
{{légende|#77b979|[[Comté de Champagne|Champagne]] et Clermontois}}
{{légende|#9da613|Prévôté de Montmédy, partie du [[Luxembourg français]]}}
{{légende|#b9edff|[[Duché de Carignan]]}}
{{légende|#838a9d|[[Principauté de Salm-Salm|Principauté de Salm]]}}
{{légende|#947960|[[Comté de Dabo]]}}
{{légende|#fff071|[[Alsace]]}}
{{légende|#a3e752|[[Franche-Comté]]}}
{{légende|#d74961|[[Comté de Créhange]]}}]]

La [[guerre de Trente Ans]] (1618-1648), la [[Guerre de Dix Ans (Franche-Comté)|guerre de Dix Ans]] (1634-1644) et la [[guerre de Hollande]] (1672-1678) ont mis fin au commerce international régulier sur la route d’[[Alsace]] et de [[Franche-Comté]] par le col de Bussang{{sfn|Société savante d'Alsace et des régions de l'Est|1957|p= 125}}. Les raisons sont multiples, mais la première est géopolitique et la seconde est économique. Après ces guerres, les cols vosgiens deviennent des frontières territoriales : pour le col de Bussang avec l’Alsace devenue française<ref group="n">En réalité, il faut éviter de désigner l’Alsace comme un ensemble homogène tel qu’on le connaît au {{s-|XXI}}. Au traité de Westphalie, {{noble|Louis XIV}} annexe la [[Décapole (Saint-Empire)|Décapole]], le [[Sundgau]] et le vicariat sur les [[Trois-Évêchés]] Metz, Toul et Verdun.</ref> en 1648 au [[Traités de Westphalie|traité de Westphalie]]{{sfn|Kinder|Hilgemann|1979|p= 254-255}} et pour le col des Croix avec la Franche-Comté devenue française en 1678 au [[Traités de Nimègue|traité de Nimègue]]{{sfn|Kinder|Hilgemann|1979|p= 258-259}}. Comme on le voit sur la carte ci-contre, Bussang et les Hautes-Vosges restent en Lorraine ducale{{sfn|Ploetz|1986|p=674}} jusqu’en 1766{{sfn|Parisse|2005|p=42}}. Au-delà des dates, ce sont surtout les nombreuses décennies de désordre, de pillage et de guerre qui ont durablement perturbé et désorganisé le pays{{sfn|Idoux|1908|p=117}} comme les documents d’archive<ref>Archives municipales de Thann {{n°|EE 3}} et archives départementales Haut-Rhin C.893.</ref> le montrent pour l’ensemble du massif vosgien très touché par la guerre de Trente Ans{{sfn| Société savante d'Alsace et des régions de l'Est|1957}}. L’autre facteur expliquant le déclin de la route Lorraine-Alsace-Suisse est d’ordre économique{{sfn|Poull|1985|p=127}}. Les changements géopolitiques perturbent les échanges traditionnels dans l’axe lotharingien car les régions annexées adoptent la législation française, notamment en ce qui concerne les taxes et les impôts. C’est par exemple {{noble-|Louis XIV}} qui introduit la [[Gabelle du sel|gabelle]] en Lorraine pendant l’occupation du duché en 1633{{sfn|Lenattier|2011|p=6}}. Le rattachement de la Lorraine ne changera d’ailleurs rien aux problèmes car les taxes douanières sur les produits passant de Lorraine en France ont été maintenues. Les débouchés traditionnels des Lorrains au sud-est du massif vosgien ont périclité.

Une lettre<ref>''Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790'', Archives civiles, séries A à E, vol. 1a, 1863, 563 pages, {{p.|223}} : Liasse 2108, {{nombre|163|pièces}} en allemand et français sur papier, période 1513 – 1628 pour le Bailliage de Sainte-Marie-aux-Mines concernant les droits seigneuriaux, les péages et les affaires contentieuses.</ref> de l’empereur {{noble|Rodolphe II (empereur du Saint-Empire)}} adressée à Eberhardt, [[Histoire de Sainte-Marie-aux-Mines#La Seigneurie des Ribeaupierre|seigneur de Ribeaupierre]], permet d’avoir la confirmation de l’abandon de la route d’Alsace ancestrale par le col de Bussang. L’empereur fait connaître à son vassal son intention d’établir un bureau de péage à Sainte-Marie, {{citation|attendu que les marchandises qui entraient en France ou qui venaient du côté d’Épinal, de la Lorraine et de la Bourgogne, passaient autrefois par Bergheim, Thann et Belfort, où elles étaient soumises à un droit de péage, passent maintenant par le val de Lièpvre, où elles ne payent aucun droit de péage}}. Or, la route qui mène à Thann est celle de la [[vallée de la Moselle]] passant par le col de Bussang et son péage de Taye. La destinée de Thann{{sfn|Heider|2004}}{{,}}<ref group="n">Extrait de l’article de Christine Heider : {{citation|Fondée à la fin du {{s-|XIII}} par les comtes de Ferrette, passée ensuite sous la domination des Habsbourg, la ville de Thann avait un statut ambigu, car elle était à la fois ville seigneuriale et chef-lieu de seigneurie. En tant que ville seigneuriale, elle était placée sous la dépendance des Habsbourg, mais bénéficiait d'une autonomie importante, à l'exemple de certaines villes impériales. Cité prospère, siège d'une trésorerie depuis 1486, elle pouvait être considérée comme la véritable capitale économique de la Haute-Alsace autrichienne. Elle exerçait en outre sur les villages de son ressort une autorité qui faisait d'elle quasiment l'équivalent d'un seigneur territorial. […] La frontière linguistique passait d'ailleurs à l'intérieur même de la seigneurie de Thann. Le bailliage comptait en effet cinq villages 'welches'. La connaissance de la langue française était assez répandue à Thann. Le bilinguisme était un atout indispensable pour tous les administrateurs souhaitant exercer des fonctions de responsabilité. Sur le plan religieux, Thann s'est affirmée au {{s-|XVII}} comme l'un des principaux bastions de la Contre-Réforme catholique en Haute-Alsace}}.</ref> dépendit de sa position géographique à l'entrée de la vallée de la Thur{{sfn|Clémentz|2007|p=560-561}} puisqu’elle {{citation|verrouillait l'accès au col de Bussang et occupait une situation de passage entre l'Empire et le royaume de France}}. Un extrait de l’ouvrage de l’historien local [[Louis Jouve]] sur Bussang illustre très bien la nostalgie de l’ancienne route du col de Taye : {{citation|Sa situation au pied des montagnes des Vosges, loin des grandes villes, devait faire de Bussang un lieu d’arrêt tout indiqué sur la route de Metz à Bâle. Les rouliers et les voyageurs de tout ordre y faisaient une halte forcée entre Thann et Remiremont, entre lesquels la distance était beaucoup trop grande pour une seule journée de voyage, vu l’état ancien des routes, presque impraticables dans la première moitié du {{s-|XVIII}} pour les grands transports comme pour les troupes. L’argent y circula avec plus d’abondance, les relations avec le dehors y devinrent plus actives et plus fréquentes, quand on eut rectifié, amélioré, les routes qui traversaient les montagnes des Vosges. Ah ! Les rouliers avec leurs voitures de transport énormes, les mallebroucks et l’accéléré, nous disent les vieux, quel mouvement, quelle animation, quel courant commercial cela produisait à Bussang ! Vous n’avez pas idée de cela, vous, les jeunes !{{sfn|Jouve|1888|p=58}}}}

=== Passage de troupes, garnisons et conflits ===
==== Guerre de Bourgogne 1474-1477 ====
[[Fichier:Charle le Téméraire.jpg|vignette|upright|alt=Portrait du duc bourguignon Charles le Téméraire|[[Charles le Téméraire]], duc de Bourgogne, désireux d'envahir la Lorraine au {{s-|XV}}.]]

===== 1473 : passage de Charles le Téméraire avec la dépouille de Philippe le Bon =====
Avant l’occupation de la Lorraine pendant la [[guerre de Bourgogne]] en 1475, il y avait déjà un précédent : on lit dans ''Guerres d'autrefois et leçons d'aujourd’hui''<ref>{{ouvrage|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56137447/texteBrut|titre=Mémoires de l'Académie de Stanislas|auteur institutionnel= Académie de Stanislas|pages totales=190|éditeur= Académie de Stanislas|année=1936|lieu=Nancy|passage=LXIX}}.</ref> le récit à connotation patriotique qui évoque la vocation frontalière du col de Bussang de la manière suivante : {{citation|En {{date-|septembre 1473}}, il <nowiki>[</nowiki>[[Charles le Téméraire]]<nowiki>]</nowiki> a paru à [[Nancy]], aux yeux un peu émus du très jeune {{noble|René II de Lorraine|-}}, duc de la veille, escortant, de [[Bruges]] à la chapelle sépulcrale de [[Dijon]], le corps de son père, [[Philippe le Bon]]. Son arrivée à Nancy se fit par le nord et la route classique du pont de [[Bouxières-aux-Dames|Bouxières]], son départ par le sud et la Terre des Neufchâtel, puis par [[Charmes (Vosges)|Charmes]], Épinal, Remiremont, le pertuis d'Estaye, défilé où s'élevait, près de Bussang, le dernier château de nos limites lorraines, que gardera plus tard, au [[Ballon de Servance]], le premier fort du rideau défensif de la haute Moselle. Ainsi, le cercueil ducal étant passé, à Charmes même, au plus près de [[Domrémy-la-Pucelle|Domrémy]], Philippe le Bon va-t-il finir son dernier voyage dans notre pays, lui qui, ayant pris jadis à [[Compiègne]] la [[Jeanne d'Arc|Bonne Lorraine]], l'a vendue aux Anglais. Et c'est ici, du reste, dans ce même duché, qu'après deux ans, sans plus, sa dynastie pour toujours s'écroulera.}}

===== La voie mosellane =====
Les mêmes Mémoires font allusion au fait que les [[Bourguignons (habitants)|Bourguignons]] connaissent bien la voie [[Moselle (rivière)|mosellane]] car des nobles de Bourgogne, les seigneurs de [[Liste des seigneurs de Neuchâtel-Bourgogne|Neufchâtel]], se sont emparés de sites importants au sein du duché lorrain tels que l'imposante [[Forteresse de Châtel-sur-Moselle|forterresse de Châtel]] : {{citation|Et, déjà, un Neufchâtel est sur le [[Diocèse de Toul|siège épiscopal de Toul]], une Marguerite de [[Liste des seigneurs de Neuchâtel-Bourgogne|Neufchâtel]] sur le trône abbatial de Remiremont : de bout en bout, le long chemin de Moselle est ouvert, la fissure prête qui coupera en deux la Lorraine : le Maître [Charles le Téméraire] peut entrer{{sfn|Académie de Stanislas|1936|p=LXX}}.}} Cette guerre se terminera avec le décès du duc de Bourgogne à la [[Bataille de Nancy (1477)|bataille de Nancy]] le {{date-|5 janvier 1477}}{{sfn|Kinder|Hilgemann|1979|p=192-193}}.

==== Guerre de Trente Ans et guerre de Dix ans ====
[[Fichier:Henri II de Rohan by Samuel Hofmann.jpg|vignette|upright=0.7|alt=Tableau représentant Henri II de Rohan, commandant en chef des troupes françaises pendant la guerre de Trente Ans|{{noble|Henri II de Rohan}}, huile de Samuel Hofmann, trois ans avant sa campagne de la [[Valteline]] qui l'amène à franchir le col de Bussang dans des conditions difficiles.]]

===== Fermeture du col en 1630 =====
Le [[Liste des ducs de Lorraine|duc de Lorraine]] qui avait adopté une politique de neutralité dans la [[guerre de Trente Ans]] se rend compte que, par des calculs géopolitiques avantageux pour la France, le [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|cardinal de Richelieu]] et le [[Louis XIII|roi de France]] vont profiter du chaos engendré par la guerre de Trente Ans dans toute l’Europe centrale pour élargir le [[pré carré]] vers l’est. Ceci étant, la première occupation de la Lorraine par la France se produira seulement en 1633<ref>{{article |langue= fr |auteur= Jean-Pierre Husson |titre= Décrypter les cartes anciennes mises au service de la guerre et de la diplomatie - L’exemple lorrain (1633-1736) |périodique= Revue géographie historique |série= Géographie historique et guerres |numéro= 10 |date= 11 mai 2017 }}.</ref>. Les autorités lorraines anticipent et ferment entre autres le col de Bussang pour empêcher tout passage de troupes ennemies par les cols des Hautes-Vosges<ref>{{ouvrage|titre=Les Hautes-Chaumes des Vosges, étude de géographie et d'économie historiques|auteur=Pierre Boyé|année=1903|passage=285}}.</ref>. Des raids dévastateurs sont menés dans les hautes vallées alsaciennes voisines{{sfn|Garnier|2004|p=136}} pour dissuader toute incursion sur le sol lorrain très peu fortifié dans ce secteur. L’autre raison qui poussa le [[Prévôt (Ancien Régime)|prévôt]] d’[[Arches (Vosges)|Arches]] à fermer le col de Bussang relève de la santé publique : la peste a été signalée en 1630 à [[Thann]], la porte de la vallée de la Thur côté alsacien<ref>{{ouvrage|auteur= Stéphanie Goepp|numéro chapitre=2.6.6. |titre chapitre=Le désastre de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) et la rapide reconquête des pâturages|titre= Origine, histoire et dynamique des Hautes-Chaumes du massif vosgien. Déterminismes environnementaux et actions de l’Homme|nature ouvrage= Thèse de doctorat Université Louis Pasteur|lieu= Strasbourg|année=2007|passage=82}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage |langue= fr |auteur1= L. Uhlrich |auteur2= J.M. Ehret |auteur3= J. Scheubel année= 1988 |titre= L'histoire de la vallée de Masevaux : grandes étapes et dates marquantes |périodique= Bulletin de la Société industrielle |lieu= Mulhouse |volume= 809 |passage= 113-119 }}.</ref>.

===== Janvier 1635 : campagne de la Valteline =====
La haute vallée de la Moselle remplit une fois de plus sa fonction de voie de transit entre la Lorraine et l’Italie. {{noble|Charles IV de Lorraine}}, allié des [[Armée impériale (Saint-Empire romain)|Impériaux]], a pris ses quartiers d’hiver à [[Vieux-Brisach]]. Après la [[Bataille de Nördlingen (1634)|défaite de Nördlingen]], la France, alliée du camp protestant en perte de vitesse, entre de plus en plus dans le conflit et veut enlever aux Impériaux toute communication avec l’Italie en empêchant les troupes espagnoles d’unir leurs forces avec la [[Ligue catholique (Saint-Empire)|ligue catholique]] par-delà les Alpes<ref name="Henriderohan1">{{ouvrage |langue= fr |auteur1= Henri de Rohan|auteur2=Baron de Zur-Lauben |lien auteur1= Henri II de Rohan |titre= Mémoires et lettres de Henri duc de Rohan, sur la guerre de la Valteline |éditeur= éd. Vincent |tome= 2 |année= 1758 |lieu=Genève|lire en ligne=https://archive.org/details/MmoiresEtLettresDeHenriDucDeRoh1/page/n5|consulté le= 8 septembre 2019|plume= oui}}.</ref>.
Pour ce faire, {{noble|Louis XIII}} décide de se réconcilier avec son ancien ennemi, chef de la [[Ligue grise]] et commandant d’armée habile et respecté<ref>{{ouvrage |langue= fr |auteur= Henri de Rohan |titre= Campagne du duc de Rohan dans la Valteline en 1635 |éditeur= Didot |année= 1788 |passage= 216 }} : {{citation|[…] duc de Rohan maître paisible de la Valteline […] un des plus habiles généraux de son temps}}.</ref>, {{noble|Henri II de Rohan|duc de Rohan}}<ref name="Henriderohan1"/>. Il prend le commandement du corps de la Valteline au sein de l’Armée d’Italie dirigée par le [[Liste des seigneurs d'Harcourt|duc d’Harcourt]]. Il donne l’ordre au duc de Rohan de s’emparer de [[Belfort]] et de Brisach encore aux mains des Impériaux, puis d’occuper la [[Guerre de la Valteline|Valteline]] pour y garder tous les passages et cols qui conduisent de [[Suisse]] vers l’Italie ou le [[Tyrol]] par la [[Vallée de l'Inn|haute vallée de l’Inn]]. L’expédition vers la Valteline doit rester secrète<ref>Archives Affaires étrangères mémoires et documents Lorraine, pièce {{n°|X}}, « Mémoire pour le sieur de Rohan », non signé, du {{date|16|01|1635}}.</ref> car il faut éviter qu’elle s’ébruite par des espions à la solde des troupes espagnoles ou lorraines qui agiraient en conséquence<ref name="Henriderohan1"/>.

Le [[lieutenant général]] Henri de Rohan doit rejoindre ses troupes à [[Rambervillers]] annexé à la France depuis 1552 et entouré de terres lorraines ducales. Il y est le {{Date|6/1/1635}}<ref>Lettre de Rohan au Roy, {{Date|16/01/1635}}, Archives Affaires étrangères mémoires et documents Lorraine, {{n°|XXXV}}, pièce {{n°|XI}}.</ref>. Il a dix régiments<ref group="n">'''1.''' Régiment de Champagne ; '''2.''' Régiment de [[Charles de Sainte-Maure (duc de Montausier)|Montausier]] ; '''3.''' Régiment de [[Château de Canisy|Canisy]], '''4.''' Régiment de La Meilleraye-la-Porte, '''5.''' Régiment de Biès, '''6.''' Régiment de Dannevaux ; '''7.''' Régiment de La Poisse-Saint-Offrange ; '''8.''' Régiment de Cerny (régiment levé par le comte de Cerny en mars 1636 et licencié le {{date|22|06|1639}}) : {{ouvrage |langue= fr |prénom= Louis |nom= Susane |titre= Histoire de l’infanterie française |volume= 5 |passage= 261 |année= 1877 |éditeur= Dumaine}} ; '''9.''' Régiment de Serres (régiment levé le {{Date-|20|03|1635}} par Jean de Béon comte de Serres, licencié en 1638 {{harv|Susane|1877|p=261}} ; '''10.''' Régiment de Vendy.</ref> en quittant Rambervillers avec pour [[maréchal de camp]] François Thibault. Il arrive dans la Valteline avec sept régiments (environ {{unité|4000|hommes}} et six cornettes de cavalerie (environ {{unité|400|chevaux}})<ref>{{article |langue= it |auteur1= Major Pieraugusto Albrici |titre= La guerra di montagna del duca di Rohan nell'anno 1635 |périodique= Revue militaire de la Suisse italophone |volume= 48 |numéro= 4 |année= 1976 |passage= 264 }}.</ref>{{,}}<ref group="n">Albrici écrit : {{citation étrangère|langue=it|Nel 1635, alla fine di marzo, fece improvvisamente occupare i confini del paese presso Chiavenna e Bormio, nella bassa Engadina, presso Landquart e a Luziensteig. Nello stesso tempo egli aveva personalmente condotto dall'Alsazia nei Grigioni un corpo francese di 4000 fanti e 300 cavalieri}}.</ref> auxquels il peut ajouter les troupes de Landé, deux régiments suisses et sept régiments [[Canton des Grisons|grisons]]<ref name="Michaud">{{ouvrage |langue= fr |auteur1= Joseph-François Michaud |lien auteur1= Joseph-François Michaud |auteur2= Jean-Joseph Boujoulat |titre= Mémoires pour servir à l’histoire de la France depuis le {{s-|XIII}} jusqu’à la fin du {{s-|XVIII}} |sous-titre= Fontenay-Mareuil-Pontchartrain-Rohan |volume= 2 et 5 |tome= 5 |éditeur= éd. Didot Frères |année= 1837 |titre chapitre= Mémoires du duc de Rohan }}.</ref>. Des unités en chemin entre les Vosges et l’Italie sont perdues du fait de divers obstacles qui vont des conditions climatiques déplorables dans le massif vosgien aux sièges de quelques villes en tête desquelles [[Belfort]]. De même, il doit laisser des troupes sur sa route pour assurer la défense des cités gagnées<ref name="Henriderohan1"/>. [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] le presse de partir au plus vite vers l’Italie<ref group="n">Le 27 janvier 1635, le ministre avait déjà envoyé le [[surintendant des finances]] [[Claude de Bullion|Bullion]] avec des mulets chargés d’argent et de tout ce qui serait nécessaire à la mission de Rohan dans la Valteline.</ref> et de ne pas se laisser retarder par des affaires secondaires, y compris par la prise de Belfort ou de Brisach<ref name="Henriderohan1"/>. Toutefois Henri de Rohan raconte dans sa correspondance avec le cardinal ou avec [[Claude Bouthillier]] du département des Affaires d’Allemagne contrôlé par le [[François Leclerc du Tremblay|père Joseph]] que les retards ne sont pas de son fait : il déplore les {{citation|voleries et tueries par les habitants}} des régions comtoises frontalières<ref group="n">Il s’agit d’excursions de civils pro-lorrains et de soldats réfugiés sur le côté comtois de la crête des Vosges dans le bailliage d’[[Amont-et-Effreney]]. Ses domestiques ont été assassinés, il a perdu son carrosse et ses chevaux personnels qui ont été volés par les troupes lorraines lorsqu’{{qui|ils revenaient}} à Rambervillers à vide depuis Plombières-les-Bains où ils avaient conduit un de ses capitaines en cure aux bains {{harv|Henri de Rohan|1758|p=64}}.</ref>, les maladies et les conditions climatiques du trajet entre la plaine et le col de Bussang. Dans sa lettre du {{Date|16/1/1635}} postée à [[Épinal]], il explique devoir ralentir le rythme car il {{citation|craint de ruiner son infanterie dans les neiges}}<ref>Lettre de Rohan au Roy, Archives Affaires étrangères mémoires et documents Lorraine, pièce {{n°|XVIII}}, du {{date|16|01|1635}}.</ref>. Arrivé à [[Remiremont]] un peu avant {{Date|21/1/1635}}<ref>« Lettre de Rohan au Roy », du {{Date|21/01/1635}}, Archives Affaires étrangères mémoires et documents Lorraine, pièce {{n°|XV}}.</ref>, il écrit : {{citation|Si ie fusse parti six jours devant ieusse perdu la moitié de notre infanterie{{sfn|Henri de Rohan|1758|p=69}}.}} Il entre ainsi dans la haute vallée de la Moselle en longeant les cols-passages vers la [[Franche-Comté]] qu’il fait fermer et contrôler par quatre régiments et deux compagnies sous les ordres du [[Charles de Sainte-Maure (duc de Montausier)|baron de Montausier]]. Quant à lui, il poursuit avec le reste de ses troupes vers les crêtes sous {{citation|des pluies continuelles}}. La neige ralentit aussi son avancée quand il veut franchir le col de Bussang avec son artillerie (neuf pièces de canon, {{nb|37 chariots}} de munitions) et le reste des compagnies et régiments de [[carabin]]s ou d’[[infanterie]]<ref name="Henriderohan1"/>.
Le passage des Vosges fut une mission pénible pour le duc de Rohan ; il écrit à [[Claude Bouthillier]] depuis le camp de [[Dannemarie (Haut-Rhin)|Dannemarie]] le {{Date|10/02/1635}}, soit un mois plus tard : {{citation|Je crains bien de perdre force soldats. Il n’y a remède, il faut surmonter toutes difficultés<ref>Lettre de Rohan à Bouthillier du {{date|10|02|1635}}, Archives Affaires étrangères mémoires et documents Lorraine, pièce {{n°|XXI}}.</ref>.}} Il écrit une lettre à [[Roppe]] le {{Date|8/2/1635}} et envoie la suivante de Dannemarie le {{Date|10/2/1635}} alors qu’il y a moins de {{unité|25|km}} de distance entre les deux lieux. Par comparaison, ses troupes mettent environ dix jours à atteindre [[Saint-Gall]], quatre jours pour atteindre [[Coire]] et douze jours plus tard toute son armée est dans la Valteline<ref name="Michaud"/>{{,}}<ref group="n">Le trajet avec les camps d’étape de l’armée de {{noble-|Henri II}} de Rohan passait par : [[Rambervillers]], [[Épinal]], [[Remiremont]], col de Bussang, [[Roppe]], [[Dannemarie (Haut-Rhin)|Dannemarie]], [[Bâle]], [[Liestal]], [[Oltingen]], [[Brugg]], Regensbruck, [[Winterthour|Winterthur]], [[Elgg]], [[Rickenbach (Zurich)|Rickenbach]], [[Saint-Gall]], [[Altstätten]], Sax, [[Bad Ragaz]], [[Coire]], [[Chiavenna]], [[Morbegno]]. Il s’agit en effet d’une voie très ancienne qui passait soit par le col du Splügen soit par le Septimer ou le San Bernardino.</ref>. Son quartier général dans les Alpes italiennes sera à [[Morbegno]], et à partir de juin 1635 à [[Tirano]]<ref>{{article |langue= it |auteur1= Major Pieraugusto Albrici |titre= La guerra di montagna del duca di Rohan nell'anno 1635 |périodique= Revue militaire de la Suisse italophone |volume= 48 |numéro= 4 |année= 1976 |passage= 262-272 }}.</ref>.

===== Novembre 1638 =====
[[Fichier:Reinhold von Rosen.png|vignette|upright|alt=Reinhold von Rosen, officier et noble balte au service des troupes protestantes|Reinhold von Rosen au service des armées protestantes.]]
Le duc {{noble|Charles IV de Lorraine|-}} sort de [[Franche-Comté]], où il s'est réfugié après l'occupation de son duché par la France, avec environ {{unité|4000|hommes}} dans l'intention de sauver [[Vieux-Brisach|Breisach]] (actuel Vieux-Brisach) aux mains des troupes protestantes. Il passe par [[Épinal]], puis [[Remiremont]]. Il poursuit sa marche par le col de Bussang pour rejoindre la vallée de la Thur, mais il ne parvient pas à Breisach car les troupes [[Bernard de Saxe-Weimar|weimariennes]], notamment la cavalerie, l'arrêtent à Thann. De nombreux nobles lorrains sont faits prisonniers, environ {{unité|600|Lorrains}} entrent au service de [[Bernard de Saxe-Weimar]]. Le {{date-|18 novembre 1638}}, les Lorrains font chanter un [[Te Deum]] dans de nombreuses paroisses pour remercier Dieu d'avoir épargné leur souverain<ref>Gazette extraordinaire du 18 novembre 1638.</ref>.

===== 1639 =====
[[Bernard de Saxe-Weimar]] envoie [[Famille von Rosen|von Rosen]] et Kanowski investir Thann, puis ordonne à Rosen d'empêcher les Lorrains d'approcher cette place. Rosen franchit les Vosges ; il se rend à Saint-Dié où il bat un régiment de {{noble-|Charles IV}}, puis il marche sur Épinal bien que la cité fût sous les ordres de [[François de L'Hospital|du Hallier]], gouverneur de Lorraine. Puis il repart d'Épinal à Thann, donc par la route d'Alsace.

==== Guerre de Hollande ====
[[Fichier:BatallaTurckheim.jpg|vignette|upright|alt=Tableau représentant la traversée des Vosges par le vicomte de Turenne en hiver|Traversée des Vosges par [[Henri de La Tour d'Auvergne (vicomte de Turenne)|Turenne]] en hiver.]]

Pendant la [[guerre de Hollande]], [[Henri de La Tour d'Auvergne (vicomte de Turenne)|Turenne]]{{sfn|Poull|1985|p=147}} passe trois jours en {{date-|décembre 1674}} à [[Rambervillers]] pour faire reposer ses troupes. Il poursuit sa route vers [[Épinal]] et [[Remiremont]] par [[Padoux]] et [[Éloyes]]{{sfn|Poull|1985|p=148}}. Les sires d’Allamont et de Majastre, qui venaient juste de libérer respectivement la première et la seconde cité pour le compte du duc de Lorraine, repartirent donc au plus vite car ils ne pensaient pas tenir devant les troupes de Turenne. Le Maréchal de Créquy rejoint Turenne à Épinal afin de poursuivre les Lorrains vers la Haute Alsace{{sfn|Poull|1985|p=148}}, donc par la vallée de la Moselle et le col de Bussang. Les poursuites finissent à la [[bataille de Turckheim]] le {{date-|5 janvier 1675}} avec la victoire de Turenne. En ayant fait passer ses troupes par plusieurs cols vosgiens en plein hiver pour parvenir de manière inattendue au-dessus de [[Turckheim]]<ref>A. Pichat, Géographie militaire du bassin du Rhin, Delagrave, 1876 - 304 pages, page 65.</ref>, Turenne remporte une première victoire qui lui permet de gagner [[Strasbourg]]{{sfn|Poull|1985|p=148}}.

Certains auteurs font passer Turenne en personne au col de Bussang<ref group="n">Dans l’ouvrage de Louis Spach ''Dominique Dietrich, ammeistre de Strasbourg'', 1857, {{p.|15}}, Turenne passe par le col de Bussang.</ref>, d’autres sont certains qu’il est passé par la Franche-Comté à Faucogney<ref group="n">C’est par exemple le cas d’un ouvrage scolaire qui parle clairement d’une tromperie du passage de Turenne passant par l’ouest. Dans Albert Malet, ''Histoire moderne (1498-1715)'', rédigée conformément aux programmes officiels du 31 mai 1902, Classes de seconde A B C D. Hachette, 1918, 762 p., {{p.|628}}.</ref>. Il a fait converger plusieurs détachements vers la plaine alsacienne par de nombreux cols, ce n’est donc pas exclu. On lit dans ''Mémoires de la [[Société d'histoire de la Lorraine et du Musée lorrain|Société d'archéologie lorraine]] et du Musée lorrain'' que « [[Saint-Dié des Vosges|Saint-Dié]] voit passer le comte de Bourlémont, qui va occuper le [[col de Sainte-Marie]] avec {{unité|400|hommes}}. Enfin, le chevalier d'Hocquincourt, par la Haute Moselle et le col de Bussang, pousse une pointe dans la vallée alsacienne de la Thur »<ref>''Mémoires de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain'', vol. 61, Nancy, 1911, {{p.|55}}.</ref>. Le chevalier est Georges de Monchy, marquis d'Hocquincourt, lieutenant-général des armées du roi en 1655, fait chevalier du roi en 1688. Pour confirmer cette thèse, on lit dans le Bulletin de la [[Société philomatique vosgienne]] de 1887<ref>{{article|volume=12-13|passage=51|auteur institutionnel=Société philomatique vosgienne|périodique=Bulletin de la Société philomatique des Vosges|lieu=Saint-Dié-des-Vosges|année=1887|titre= Campagne de Turenne}}.</ref> que Turenne, est parti {{citation|de Belfort tandis que ses troupes légères prennent le chemin plus direct du col de Bussang et de la vallée de Thann}}<ref group="n">Cette citation d’un article d’une revue de géographie allemande adopte la même thèse : ''[…] verteidigte 1674 die Vogesenpässe erfolgreich gegen die Truppen Ludwig's XIV., bis es dem Marschall Turenne gelang, über Belfort offensiv zu werden.'' Dans Alfred Hettner, Heinrich Schmitthenner, Albert Kolb et G.B. Teubner, ''Geographische Zeitschrift'', vol. 6, 1900, {{p.|491}}.</ref>. Cela va de le même sens que l’article de la Société belfortaine d'émulation où on lit le texte suivant : {{citation|Il y a erreur : c'est un des lieutenants de Turenne qui traversa le col de Bussang et la vallée de Saint-Amarin. Quant à l'illustre général, après s'être emparé de Remiremont, il passa par Rupt, Faucogney, Mélisey où il resta deux jours<ref>Ferdinand Scheurer, Bulletin de la Société belfortaine d'émulation, Volumes 11 à 13, Société belfortaine d'émulation, 1892.</ref>{{,}}<ref group="n">La date indique qu’il serait repassé cinq mois plus tard par le col de Bussang : {{Lien web |titre= Au Col de Bussang. Maison dans laquelle coucha Turenne le 16 juin 1675 |année= 2013 |site= vosgescpa.fr |consulté le= 30 mai 2014 |éditeur= A. Waick |numéro= 11939 |url= http://www.vosgescpa.fr/Bussang/slides/Au%20Col%20de%20Bussang.%20-%20Maison%20dans%20laquelle%20coucha%20Turenne%20le%2016%20Juin%201675.html }}.</ref>.}}

==== Ancienne monarchie et période révolutionnaire ====
En 1749, les compagnies de Le Deuil de l’Hôtel des Invalides et de La [[Cour au Chantre]] doivent se rendre à Bussang{{sfn|Chevreux|Philippe|1920|p=126}}. La seconde du régiment suisse, qui deviendra le {{76e|régiment}} d’infanterie en 1791, appartenait au régiment de Grandvillars qui dépendait du {{2e|corps}} commandé par le comte [[Woldemar de Lowendal]]{{sfn|Dollin du Fresnel|1804|p=327}}. Elle avait déjà servi peu de temps avant pendant la [[guerre de Sept Ans]] ou la guerre de succession d’Autriche de 1744 à 1747. Elle attendait en quelque sorte une autre affectation. En 1749, cette compagnie en garnison dans plusieurs villes du nord-est, fut mis sous les ordres du chevalier Jean-Alexandre de Balthazard qui en prit le commandement comme colonel propriétaire le {{date-|15 juin 1749}}{{sfn|Dollin du Fresnel|1804|p=287,328}}. Le {{date-|13 mars 1755}}, la ville de [[Remiremont]] adresse une lettre de protestation au Chancelier de Lorraine contre une amende de {{unité|100|[[Livre française|livres]]}} {{citation|pour défaut d’entretien de la route de Remiremont à Bussang}}{{sfn|Chevreux|Philippe|1920|p=63}}. Le {{date-|3 août 1790}}, il a été donné l’ordre de donner logement, nourriture et escorte aux marquis de Lambert et de Nesle qui allaient en Alsace par Remiremont et le col de Bussang{{sfn|Chevreux|Philippe|1920}}.

==== Invasion de la France par les Coalisés en 1814 ====
{{Article connexe|Sixième Coalition}}
Le {{date-|4 janvier}}, le quartier général du [[généralissime]] des armées alliées [[Charles Philippe de Schwarzenberg|Schwarzenberg]] met en place les opérations des 6, 7 et 8 janvier 1814 dans le cadre de la [[Campagne de France (1814)|Campagne de France]] : il décide de la formation de quatre groupes d’armée. Le {{6e|corps}} de [[Pierre Wittgenstein|Wittgenstein]] et le {{5e|corps}} du [[Generalfeldmarschall|feld-maréchal]] [[Carl Philipp von Wrede|Wrede]] constituèrent le « Groupe d’armée d’Alsace ». Le « Groupe d’armée des Vosges » fut formé par un détachement du prince Tcherbatow et le {{4e|corps}}, renforcé par une batterie lourde autrichienne et le régiment de hussards autrichiens de l'archiduc Ferdinand<ref>{{en}} Michael V. Leggiere, ''The Fall of Napoleon: vol. 1, « The Allied Invasion of France, 1813-1814 »'', Cambridge Military Histories, Cambridge University Press, 2007 {{ISBN|0521875420}}, pages 284-286.</ref>.

Le corps bavarois reçut l’ordre d’investir [[Sélestat]] et d’établir le contact avec [[Pierre Wittgenstein|Wittgenstein]] après avoir apporté son appui aux Wurtembergeois à [[Neuf-Brisach]] le {{date-|6 janvier 1814}}. Schwarzenberg confia à Wittgenstein la tâche d’occuper la Basse Alsace et de marcher vers la [[Lorraine]] en passant par [[Haguenau]], [[Saverne]] et [[Phalsbourg]]. Le groupe d’armée des Vosges eut [[Épinal]] pour objectif. Le baron [[Friedrich Wilhelm Bülow von Dennewitz|Friedrich Wilhelm von Bülow]] reçut l’ordre de rejoindre Sainte-Croix le {{date-|6 janvier}}, puis de passer les Vosges au col du Bussang pour poursuivre le long de la vallée de la [[Moselle (rivière)|Moselle]] vers [[Remiremont]] et atteindre Épinal le {{date-|9 janvier}}. Schwarzenberg ordonna finalement au {{4e|corps}} de ne pas emprunter le [[col du Bonhomme (massif des Vosges)|col du Bonhomme]] pour se rendre à Épinal bien qu’il fût proche ; il préféra faire le détour de {{unité|40|km}} par [[Thann]] et le col de Bussang<ref group="n">Ce détour est commenté comme suit dans l’ouvrage de M.V. Leggiere : {{Citation étrangère|langue=en|This direction lengthened the march by almost twenty-five miles and would force the troops to trudge through the most inhospitable region of the Vosges}}, op. cit. {{p.|285}}.</ref> pour rejoindre Remiremont, puis Épinal. Pour soutenir le corps bavarois et assurer sa jonction avec le corps autrichien, le quartier général de l’Armée de Bohème commanda au corps wurtembergeois de passer les Vosges afin d’atteindre Remiremont la haute vallée de la Moselle, et de là se diriger vers [[Plombières-les-Bains]] et [[Langres]]. Pour les aider dans leur tâche, on leur adjoignit les Cosaques du [[Don (fleuve)|Don]] sous le commandant de Platow. Les troupes franchirent les Vosges les unes après les autres par le col de Bussang, nommé ''Büssing Pass'' en allemand.

==== Première Guerre mondiale ====
[[Fichier:A Machine-Gun Company of Chasseurs Alpins in the Barren Winter Landscape of the Vosges. painting by Francois Flamenge.jpg|vignette|alt=Tableau de François Flameng représentant des chasseurs alpins dans les Vosges en hiver. Quatre chasseurs alpins casqués, fusils sur l'épaule et chaudement vêtus marchent en plan serré vers la droite ; au centre, un cinquième soldat tient les rênes assis sur un chariot en fumant sa pipe.|[[Chasseurs alpins]] dans le paysage hivernal des Vosges, par [[François Flameng]].]]

* [[6e bataillon de chasseurs alpins|{{6e|bataillon}} de chasseurs alpins]] (BCA)
Le soldat Jean Fourty écrit dans son journal que le {{6e|BCA}} est retiré de l’Artois pour être envoyé en Alsace : {{citation|Le {{date-|25 janvier 1915}}, le bataillon quitte le Thillot, passe par Bussang, franchit l’ancienne frontière à {{heure|16}}, au col de Bussang et va cantonner à Felleringen, dans la vallée de la Thur. Le 26, il vient à Saint-Amarin, où il reste jusqu’au {{date-|11 février}}, exécutant des travaux de défense dans la région<ref>Son journal a été retapé sur de nombreux sites, par exemple {{Lien web|url= http://jburavand.free.fr/historique%20BCP/bcap-06.pdf|titre= Journal du soldat Jean Fourty numérisé|site=jburavand.free.fr |consulté le=30 mai 2014}}.</ref>.}}

* [[22e bataillon de chasseurs alpins|{{22e|bataillon}} de chasseurs alpins]] (BCA)
Victorin Lassiaz, caporal au {{22e|BCA}}, {{1re|compagnie}}, raconte qu’il est parti le {{date-|9 août}} pour la guerre depuis [[Bourg-Saint-Maurice]] et qu’il est arrivé à Bussang, le 11 à {{heure|6}} du matin. Ensuite il est monté au chalet Drumont en avant-postes. Il trouve la {{citation|vue superbe sur Mulhouse et le Rhin, de la table d’orientation}}. Le 12, il est descendu au tunnel de Bussang et a couché dans la forêt. Le 13, la {{1re}} section monte au chalet de Neuf-les-Bois pour assurer un petit poste. Il a quitté le col de Bussang le {{date-|14 août}} avec le [[12e bataillon de chasseurs alpins|{{12e|bataillon}} de chasseurs alpins]] pour arriver à Thann le soir<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Nous étions des Chasseurs Alpins Avec le {{22e}} et le {{62e}} B.C.A. |description= Guerre 1914 – 1918. Témoignages. Histoire du {{22e}} BCA |lieu= Nice |date= 1920|éditeur=L. Barma|site= Gallica |url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63536662/texteBrut|format= Texte brut BNF |consulté le= 17 août 2019|bnf=42716587w}}.</ref>.

* [[41e division d'infanterie (France)#1914|La {{41e|division}} d’infanterie]]
Entre le 4 et {{date-|10 août 1914}}, la {{41e|DI}} est en couverture entre le [[col de la Schlucht]] et le col de Bussang. Elle sera très engagée dans les conflits des Vosges au début de la guerre.

* [[359e régiment d'infanterie|{{359e|régiment}} d’infanterie]]
Le régiment reprend le train à Toul le {{date-|16 décembre 1914}} au matin, pour être transporté en Alsace. Débarqué à Bussang le même jour, il franchit le col de Bussang dans la nuit {{nobr|du 16 au 17}} et vient cantonner à Urbès où il arrive vers {{heure|2}}<ref>{{Lien web |langue= fr |auteur= P. Chagnoux |titre= Historique du {{359e}} Régiment d'Infanterie |lieu= Nancy |éditeur= libr. Chapelot |date= 2009 |site=Tableaudhonneur|url=http://tableaudhonneur.free.fr/359eRI.pdf |consulté le= 17 août 2019}}.</ref>.

==== Seconde Guerre mondiale ====
[[Fichier:Insigne Rhin et Danube-1èrearmée.jpg|vignette|gauche|alt=Insigne en couleur de la première armée « Rhin et Danube ». Vaguelettes blanches, écu rouge et vert, étoile dorée sur pointe|redresse|Insigne de la {{1re|armée}}, Rhin et Danube.]]
À l'automne 1944, les Forces alliées débarquées en Normandie et en Provence font face aux [[Bataille des Vosges (Seconde Guerre mondiale)|armées allemandes regroupées dans les Vosges]].

Des notes<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Bulletin du {{7e}} RCh |année= 2013 |site= unabcc.org |url= http://www.unabcc.org/app/download/8789958/Bulletin+7+RCh++2013.pdf |page= 14 |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref> du capitaine Petit du {{4e}} / {{7e|régiment}} de chasseurs d'Afrique (RCA), élément de la [[1re armée (France, 1944-1945)|{{1re|armée}} française]], on apprend que le {{date-|26 novembre 1944}}, les pelotons du [[7e régiment de chasseurs d'Afrique|{{7e|RCA}}]] doivent être engagés entre [[le Thillot]] et le col de Bussang car des opérations sont prévues sur les cols des Vosges pour pénétrer en Alsace. Comme les troupes allemandes se sont repliés au col de Bussang, une fois l’essentiel des troupes parvenu à Bussang et installé près de la gare où se trouve le [[poste de commandement|PC]] du {{4e|escadron}}, les tirs d’artillerie sur le col commencent en début de soirée. Le {{date-|29 novembre}}, le col et la montagne du Drumont sont aux mains des Français à l’exception du tunnel qui résiste encore. Le {{date-|1 décembre}}, le Génie doit ouvrir une voie pour le passage des troupes qui attendent en bas à Bussang car le tunnel a sauté. Le lendemain, les troupes peuvent franchir le col en empruntant le chemin réalisé par le Génie qui a contourné le tunnel bouché aux deux extrémités.

[[Fichier:Le col et le tunnel de Bussang.jpg|vignette|Le tunnel de Bussang.]]

Les troupes d’occupation allemandes ont longtemps défendu le col de Bussang et ont tenté de le reconquérir. La [[19e armée (Allemagne)|{{19e|armée}}]], [[Groupe d'armées G|Groupe d’armées G]], [[198e division d'infanterie (Allemagne)|{{198e|ID}}]], stationne encore côté lorrain en septembre 1944. Le recul vers le flanc alsacien de la crête vosgienne se poursuit inexorablement. Jusqu'au {{date-|14 octobre 1944}}, le [[64e corps d'armée (Allemagne)|{{64e|corps}} d’armée]] et la {{198e|division}} d’infanterie, sous le commandement du Generalmajor [[Otto Schiel]] (de {{date-|septembre 44}} à {{date-|janvier 1945}}), occupaient le secteur. Après le {{date-|1 novembre 1944}}, la {{198e}} y combattait avec le {{4e|Luftwaffe-Feldkorps}}<ref>{{Lien web |langue= de |auteur= Andreas Altenburger |titre= Gliederungen der Korps der Wehrmacht, insbesondere LXIV. Korps |site= lexikon-der-wehrmacht.de |url= http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/Korps/LXIVKorps-R.htm |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>. Au moment des affrontements avec les troupes françaises du [[7e régiment de chasseurs d'Afrique|{{7e|RCA}}]], la [[708e division d'infanterie (Allemagne)|{{708e|Volks-Grenadier-Division}}]] sous le commandement du Generalmajor Wilhelm Bleckwenn<ref group="n">Cette division était composée des troupes suivantes : Grenadier-Regiment 728, Grenadier-Regiment 748, Grenadier-Regiment 760, Feldersatz-Bataillon 1708, Divisions-Füsilier-Bataillon 708, Artillerie-Regiment 658, Pionier-Bataillon 708, Infanterie-Divisions-Nachrichten-Abteilung 708, Divisions-Versorgungs-Regiment 708.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue= de |auteur1= Georg Tessin |titre= Verbände und Truppen der Deutschen Wehrmacht und Waffen-SS im Zweiten Weltkrieg 1939–1945 |lieu= Bissendorf |éditeur= éd. Biblio-Verlag |date= 1975 |tome= 11 |titre tome= Die Landstreitkräfte 501 – 630 |isbn= |format= <!-- sur ''xxx'' --> }}.</ref> et la [[716e division d'infanterie (Allemagne)|{{716e|Infanterie-Division}}]]<ref group="n">Début 1945, elle est composée des troupes suivantes : Grenadier-Regiment 706, Grenadier-Regiment 726, Grenadier-Regiment 736, Divisions-Füsilier-Kompanie 716, Artillerie-Regiment 716, Pionier-Bataillon 716, Divisionseinheiten 716.</ref>, sous le commandement du Generalmajor Ernst von Bauer, qui représentent le [[64e corps d'armée (Allemagne)|{{64e|corps}} d’armée]] et la [[19e armée (Allemagne)|{{19e|armée}}]]<ref>Werner Haupt, ''Die deutschen Infanterie-Divisionen'', 3 tomes, Podzun-Verlag.</ref>{{pas clair}}.

=== Col frontière ===
Depuis deux millénaires, le col de Bussang est et a été successivement ou simultanément une limite linguistique et culturelle, une frontière politique et diocésaine, une limite d'abornement des répandises et chaumes.

==== Frontière linguistique ====
===== Limite entre les langues germano-romanes =====
[[Fichier:Alemannic-Dialects-Map-German.png|vignette|alt=Carte représentant les aires linguistiques du Grand-Est avec frontière entre langues germaniques et romanes|Limites des langues [[Langues romanes|romano]]-[[alémanique]]s.]]

Contrairement aux cols de la partie septentrionale et médiane du massif vosgien qui ne forment pas souvent la [[Frontière linguistique alsacienne|frontière linguistique]] entre les familles de langue romane et germanique, tout au plus la limite entre des variantes entre sous-familles de la même langue, les cols de la partie méridionale comme le col de Bussang correspondent aussi fréquemment à la frontière linguistique entre la ''Germania'' et la ''Romania''{{sfn|Haubrichs|2007|Chap.II, article {{n°|7}}}}. Cela s’explique par le fait que la limite des langues ne suit pas au nord exactement la ligne sommitale des Vosges{{sfn|König|1981|p=138-139}}. Parfois ce sont les langues germaniques qui débordent [[Frontière linguistique mosellane|à l’ouest]] ([[Vosges du Nord]], [[pays de Sarrebourg]]), parfois ce sont les [[Lorrain|patois lorrains]] qui dépassent les crêtes à l’est comme le [[welche]] par exemple.

Le col de Bussang sépare le bas-alémanique du sud{{sfn|Hudlett|2001|p= 46}}, {{Pas clair |1= point d’enquête {{n°|175}} |2= qu'est-ce que ça veut dire ? }}{{sfn|Hudlett|2001|p=71}}, à Storckensohn<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Atlas linguistique d’Alsace, ALA1 |site= ala.u-strasbg.fr |url= http://ala.u-strasbg.fr/index2.php |consulté le= 30 mai 2014 }}.</ref>, et le [[vosgien]] des Vosges méridionales étudiées par Oscar Bloch, notamment avec son atlas linguistique de cette région{{sfn|Bloch|1917}}.
{{clr}}
Patois de Bussang, côté roman :
{| class="centre" cellpadding="10"
|valign="top"|
''Di ton péssa, on fyé byen mœ ké métnan. Li gen ni guégni mi tan d’ergen : lè fomme, on li p’yé di sou par jour, é on n’léz i bévé pwon d’bwèsson ; léz homme guégni déj-œt è vin sou, pou lè bwon sèyêre, è on léz i bèyè in wérre dé vin é médi''{{sfn|Bloch|1915|p=155}}.
|valign="top"|
(Traduction) Du temps passé, on faisait bien mieux que maintenant. Les gens ne gagnaient pas tant d’argent ; les femmes, on les payait dix sous par jour, et on ne leur donnait point de boisson ; les hommes gagnaient 18 à 20 sous, pour les bons ouvriers de scierie, et on leur donnait un verre de vin à midi{{sfn|Bloch|1915|p=155}}.
|}

Bas alémanique du sud :
{| class="centre" cellpadding="10"
|valign="top"|
''‘Nèier Siasser’ (oder eifàch ‚Nèier‘) ìsch a Spezialität wo ma ìm Spotjohr trìnkt. 's ìsch Triwelmoscht, vu dr letschta Erbschta, wo fàngt à jara. Dr Nèier Siasser "risst", dàs heißt : dr Sàft ìsch triab, sprudlig un enthàlt a betsi Àlkohol. A Bsunderheit vum Nèier Siasser ìsch àss d Flascha nìt züe sìn: ma losst ìmmer a Lächla ìm Kapsala, àss dr Gàs vu dr Jarung üssa kàt geh. Tràditionell, trìnkt ma Nèier ìm Oktower, àm a eifach Owaassa, mìt Brot, Spack, Kaas, Nussa''<ref>{{Lien web |langue= gsw |texte= alsacien |url= http://www.alsa-immer.eu/Neier_Siasser.htm |titre= Extrait du texte complet Nèier Siasser |site= alsa-immer.eu '', un site en alsacien'' |consulté le= 30 mai 2014}}.</ref>.
|valign="top"|
Le [[vin bourru]] (ou tout simplement le « Nouveau ») est une spécialité que l’on boit en automne. C’est un moût de raisin de la dernière vendange qui commence à fermenter. Le vin bourru « prend un goût de levure », c’est-à-dire que le jus est trouble, gazeux, et il contient un peu d’alcool. L’une des particularités du vin nouveau est que la bouteille n’est pas fermée : on laisse toujours un petit trou dans la capsule pour que le gaz de la fermentation puisse s’échapper. Traditionnellement, on boit le vin nouveau en octobre, lors d’un simple repas du soir, avec du pain, du lard, du fromage et des noix<ref group="n">Traduction libre.</ref>.
|}

===== Témoignage de Michel de Montaigne =====
[[Fichier:Michel de Montaigne Italienreise.png|vignette|alt=Carte représentant le trajet emprunté par Montaigne pour se rendre en Italie à travers les Vosges et les Alpes, le départ étant à Beaumont-sur-Oise et l'arrivée à Montaigne (près de Bordeaux)|Bussang sur le tracé du parcours du voyage de [[Michel de Montaigne|Montaigne]].]]

[[Michel de Montaigne|Montaigne]] est resté à [[Plombières-les-Bains|Plombières]]<!-- L'appellation « les Bains » est ajouté au nom de Plombières en 1891 -->, {{citation|assise aux confins de la Lorraine et de l’Allemagne}}, du {{date-|16 septembre}} au {{date-|27 septembre 1580}} avant de poursuivre vers Bussang{{sfn|Poull|1985|p=142-143}}. Il décrit son passage au col de Bussang dans son journal de voyage<ref>[[Michel de Montaigne]], ''Journal du voyage de Michel de Montaigne en Italie, par la Suisse et l’Allemagne en 1580 et 158'', impr. Le Jay, 1774, {{p.|40-41}}.</ref> de la manière suivante : {{Citation|A partir de là, nous suivimes longtems un très beau & très plaisant vallon, couroiant la riviere de Moselle & vinsmes disner à Bossan, quatre lieues. Petit meschant<ref>« mescheant » prend le sens de misérable, pauvre en ancien français in: {{Ouvrage|titre= Lexique de l'ancien français |auteur=Frédéric Godefroy|lieu=Paris |éditeur=Jean Bonnard |passage=331 |pages totales=544|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4197p/f339.image.r=Frédéric%20Godefroy |consulté le=15/09/2019}}.</ref> village, le dernier du langage françois, où MM. d’Estissac & de Montaigne revetus de souguenies de toile qu’on leur préta, allarent voir des mines d’argent, que M. de Lorrene a là, bien deux mille pas dans le creus d’une montaigne. Apres disner, nous suivimes par les montaignes où on nous monstra, entre autres choses, sur des rochers inaccessibles les aires où se prennent les autours, & ne coutent là que trois testons du païs, & la source de la Moselle, & vinsmes souper à Tane<ref group="n">Aujourd’hui Thann dans le Haut-Rhin, verrou à la sortie de la vallée de la Thur.</ref>, quatre lieuës.}}

Le terme de col de Bussang n’étant pas d’usage au Moyen Âge ni au {{s-|XVI}}<ref>{{Article |langue= fr |auteur1= A. Fournier |titre= Bussang - Les sources minérales |périodique= Bulletin de la Société philomatique vosgienne |lieu= Saint-Dié |éditeur= impr. Humbert |volume= {{21e|année}} |date= 1896 |pages= 5-52 |lire en ligne= https://archive.org/details/bulletindelasoc163unkngoog/page/n10 |format= sur ''archive.org'' |consulté le= <!-- 09/08/2019 --> }}, {{p.|5-6}} : « De tous les cols des Hautes-Vosges, celui de Bussang a été, sans contredit, le plus fréquenté ; […] Le col conserva longtemps le nom latin de Pertums : Perthuis d'Estaye ».</ref>, Montaigne ne peut pas l’écrire, mais il évoque clairement le creux dans la montagne, les rochers inaccessibles et la source de la Moselle qui se trouvent à l’actuel emplacement du col à {{unité|3|km}} du village de Bussang après le lieu-dit de Taye<ref>A. Fournier, ''Le Pertuis d'Estaye, [[Annales de l'Est]]'' : « Le nom d'Estaye est l'ancienne forme de Taye, donné à la région avoisinant le col ».</ref>.

===== Aux frontières d’Allemagne =====
Au contact de deux familles de [[Langue vernaculaire|langues vernaculaires]], il sépare aussi deux langues littéraires et administratives, le français et l’allemand, et ceci pas uniquement depuis l’annexion de l’[[Alsace-Lorraine]] au {{langue|de|Reichsland}} comme {{langue|de|Elsaß-Lothringen}} en 1871 ou le rattachement ''manu militari'' de l’Alsace au {{IIIe Reich}} [[Annexion de l'Alsace (1940)|en 1940]]. L’usage des termes « allemand » et « Allemaigne » était très fréquent dans le français régional de Lorraine pour désigner tout ce qui n’est pas franco-roman. Donc l’Alsace voisine au franchissement des cols vosgiens est terre d’Allemagne. La [[Moselle germanophone]] représente une grande partie de l'ancien « [[bailliage d'Allemagne]] » au sein du duché de Lorraine. La Tête des Allemands ({{unité|1014|m}}) et le col des Allemands ({{unité|915|m}}) au-dessus du col de Bussang au sud font référence à la vocation frontalière culturelle entre le monde germanophone<ref name="2006Bischoff87">{{harvsp |id= 2006Bischoff | Bischoff ''et al.'' | 2006 |p=87}}.</ref> et le monde francophone bien avant la création de l’[[Empire allemand]] en 1871<ref>{{article|auteur=Georges Bischoff|titre=Être Welsche en Alsace dans les coulisses du siècle d'or (1477-1618)|site= cairn.info |périodique= cahiers de sociolinguistique |année= 2005 |numéro=10|page= 87 | oi=10.3917/csl.0501.0087|lire en ligne= https://www.cairn.info/revue-cahiers-de-sociolinguistique-2005-1-page-87.htm?contenu=resume|consulté le= 17 août 2019 }} : « Avant les [[traités de Westphalie]], l’Alsace est une région allemande. Elle est même, par excellence, la plus allemande de régions d’Allemagne : elle en est un des creusets culturels et se targue d’en être le rempart face à la France».</ref>. Dans les patois vosgiens de la haute Moselle, on nomme aussi l’Alsace « Ollemaine » ou « Almê » alors que les habitants des Vosges romanes se nomment des « Lôrés » (donc Lorrains){{sfn|Bloch|1915}}. Les marchands et voyageurs qui passent par le pertuis de Bussang se distinguent bien sûr grâce à leur langue ; parmi ceux-ci, il est logique de dénombrer en majorité les habitants de deux versants du massif, ceux de la vallée de la [[Thur (France)|Thur]] et ceux de la vallée de la [[Moselle (rivière)|Moselle]]. Aux {{sp-|XV|et|XVI}}s, les contrôleurs des péages situés du côté lorrain signalent des convois de marchands allemands qui passent tous les huit jours entre [[Colmar]] et [[Saint-Nicolas-de-Port]]{{sfn|Bischoff|2003|p=399}}. Un vigneron de Thann, donc de « l’Allemagne », déclare avoir « franchi le col de Bussang à plus de cent reprises dans les dernières décennies du {{s-|XV}} »{{sfn|Bischoff|2003|p=399}}. On se côtoie pour le transit, mais également au {{s-|XIX}} quand des Alsaciens viennent peupler le pays de Bussang, particulièrement les cités ouvrières{{sfn|Bloch|1917|p=XVI}}. Bussang comptait moins de {{nombre|200|habitants}} au {{s-|XVI}}, moins de {{nb|500}} au {{s-|XVII}} et {{nb|1000}} en 1789. L’apport de la population germanophone au {{s-|XIX}} ont perpétué la tradition du contact des deux cultures dans la zone tampon des crêtes vosgiennes. Le col de Bussang, comme quasiment l’ensemble de la ligne sommitale vosgienne n’est pas une limite hermétique{{sfn|Kammerer|2003|p=35}}, ni pour ce qui est du passage des personnes, ni pour l’interpénétration des langues respectives{{sfn|Kammerer|2003|p=36}}. Certains noms de lieu sont bilingues ou plurilingues si l’on compte les versions dialectales{{sfn|Kammerer|2003|p=36}}. Des mots alsaciens sont entrés dans la langue patoise locale, au-delà du pays de la vallée de la Moselle. Le terme le plus emblématique est peut-être le mot « [[Marcairie|marcaire]] », qui est la prononciation romane de « Malker », le trayeur. Les marcaireries symbolisent avec les [[Chaume (montagne)|chaumes]] les hauts pâturages des sommets vosgiens très influencés par la culture helvético-alémanique.

==== Frontières territoriales ou politiques ====
La complexité des changements successifs de suzeraineté de part et d'autre du col de Bussang au cours des siècles justifie le tableau ci-après qui les résume. Le tableau ne présente pas les périodes où les deux côtés du col sont directement rattachés à la même entité politique.

{|class="wikitable sortable alternance"
!Le Pays de l'Ouest ([[Bussang]])
!Drapeau<br>/blason
!est constitutif de :
!Le Pays de l'Est ([[Urbès]])
!Drapeau<br>/blason
!est constitutif de :
!De
!À
|+ Variations des légitimités de part et d'autre du col au cours de l'histoire ''(les périodes où la légitimité est identique ne sont pas indiquées)''.
|-
|Cité des [[Leuques]] || ||[[Gaule belgique]]
|Cité des [[Séquanes]] || ||[[Gaule lyonnaise]]
|{{-mi|II}} || - 61
|-
|[[Gaule belgique]], Cité des [[Leuques]] || ||[[Empire romain]]
|[[Gaule lyonnaise]], Terres des [[Suèves]] || ||[[Empire romain]]
| - 61 || 84
|-
|Belgique première || ||[[Empire romain]]
|[[Germanie supérieure]] || ||[[Empire romain]]
| 84 || 476
|-
|[[Austrasie]] || ||[[Royaumes francs]]
|[[Alamans|Alémanie]] || ||[[Royaume alaman]]
|550 || 845
|-
|[[Lotharingie]] || ||
|Principauté abbatiale de Murbach || ||[[Souabe|Duché de Souabe]]
| 925 || 1268
|-
|[[Duché de Lorraine]] || align="center" |[[Fichier:Flag of Lorraine.svg|30px]] ||
|Principauté abbatiale de Murbach || ||[[Souabe|Duché de Souabe]]
| 973 || 1274
|-
|[[Duché de Lorraine]] || align="center" |[[Fichier:Flag of Lorraine.svg|30px]] ||[[Saint-Empire romain germanique]]
|Landgraviat de Haute-Alsace || align="center" | [[Fichier:Flag of Haute-Alsace.svg|30px]]||[[Saint-Empire romain germanique]]
| 1274 || 1324
|-
|[[Duché de Lorraine]] || align="center" |[[Fichier:Flag of Lorraine.svg|30px]]||[[Saint-Empire romain germanique]]
|[[Autriche antérieure]] || align="center" |[[Fichier:Coat of arms of the archduchy of Austria.svg|30px]]||[[Saint-Empire romain germanique]]
| 1324 || 1648
|-
|[[Duché de Lorraine]] || align="center" |[[Fichier:Flag of Lorraine.svg|30px]]|| [[Saint-Empire romain germanique]]
|[[France]] || align="center" | [[Fichier:Flag of Île-de-France.svg|30px]] ||[[Royaume de France]]
| 1648 || 1681
|-
|[[Franche-Comté]] || align="center" |[[Fichier:Flag_of_Franche-Comt%C3%A9.svg|30px]] ||[[Royaume de France]]
|[[Haute-Alsace]] || align="center" | [[Fichier:Flag of Haute-Alsace.svg|30px]] ||[[Royaume de France]]
| 1681 || 1704
|-
|[[Duché de Lorraine]] || align="center" |[[Fichier:Flag of Lorraine.svg|30px]]|| [[Saint-Empire romain germanique]]
|[[France]] || align="center" | [[Fichier:Flag of Île-de-France.svg|30px]] ||[[Royaume de France]]
| 1704 || 1766
|-
|[[France]] || align="center" |[[Fichier:Flag of France.svg|30px]] ||
|[[Empire allemand]] || align="center" | [[Fichier:Flag of the German Empire.svg|30px]] ||
|1871 || 1918
|-
|[[France]] || align="center" |[[Fichier:Flag of France.svg|30px]] ||
|[[IIIe Reich]] || align="center" | [[Fichier:Flag of the NSDAP (1920–1945).svg|30px]] ||
| 1940 || 1945
|}
[[Fichier:Borne frontiere AlsaceLorraine D.jpg|vignette|upright|alt=Borne simple en pierre marquant la frontière entre la France et l'Empire allemand (1871-1918)|Borne frontière France – [[Empire allemand]] près du col de Bussang.]]
À l’époque celtique et gallo-romaine, le massif des Vosges sert de limite territoriale, bien que souvent perméable. Ce sont les rivières qui servent de points de repère{{sfn|Parisse|2008|loc= chap. 2 : « Les villes et les marchands »}}. Le col de Bussang sépare les peuples de la terre mosellane de ceux du Rhin supérieur. Les premiers peuples germaniques, les [[Suèves]], s’installent en échange de leur aide apportée aux Celtes [[Séquanes]] contre leurs ennemis, les [[Eduens|Éduens]]. Au nord de la plaine alsacienne, ce sont les [[Triboques]]. Les prémices de la germanisation du versant oriental des Vosges commencent donc à l’antiquité. À l’époque mérovingienne, l’Alsace quitte rapidement l’[[Austrasie]] franque et elle est rattachée au royaume d’[[Royaume alaman|Alémanie]]{{sfn|Ploetz|1986|p=339-340, 351}}.

[[Fichier:Lotharingia-959.svg|vignette|redresse|alt=Carte en anglais représentant le territoire de la Lotharingie au {{s-|X}}|[[Lotharingie]] au {{s|X}}.]]
Le col de Bussang perd provisoirement son statut de frontière quand la [[Francie médiane]], puis la [[Lotharingie]] sont créées car l’Alsace fait partie de ce vaste royaume{{sfn|Werner|1984|p=407}}. Mais, peu de temps avant le partage du duché de Lotharingie{{sfn|Parisse|1990}} en [[Basse-Lotharingie|Basse-Lorraine]] et [[Duché de Lorraine|Haute-Lorraine]] au {{s-|X}}{{sfn|Parisse|2005|p=14-15}}, l’Alsace passe au duché de [[Souabe]]{{sfn|Ploetz|1986|p=351}} sous {{noble|Burchard II de Souabe|-}} en 917, donc encore une fois dans la sphère germanique{{sfn|Parisse|2008}}.

En fait, dès le {{s-|X}}, le véritable État voisin de Bussang au-delà du col est la principauté abbatiale de [[Abbaye de Murbach|Murbach]] dirigée par un [[prince-abbé]] qui a autorité au spirituel et au temporel avec une voix à la [[Diète d'Empire]] où il siégeait à titre personnel. Son territoire s’est étendu au fur et à mesure des siècles depuis sa création en 728 par l’évêque missionnaire [[Firmin d'Amiens|saint Firmin]]{{sfn|Ploetz|1986|p=333}}, l’évangélisateur<ref group="n">[[Firmin d'Amiens|Saint Firmin]] a également créé les abbayes alsaciennes [[Abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Wissembourg|de Wissembourg]], [[Abbaye Saint-Étienne de Marmoutier|de Marmoutier]] et d'[[Herbitzheim]].</ref> de la région alémano-souabe du royaume franc oriental. L’abbé de Murbach venait en deuxième position après le primat de [[Abbaye de Fulda|Fulda]] par sa préséance sur tous les abbés de [[Saint-Empire romain germanique|l’Empire]]. Le [[scriptorium]] de Murbach fit partie des centres du développement du [[vieux haut allemand]] dans la sphère alémanique{{sfn|König|1981|p=66-67}} avec [[Abbaye de Saint-Gall|Saint-Gall]] et [[Abbaye de Reichenau|Reichenau]].

[[Fichier:Murbach-map.png|vignette|gauche|alt=Carte représentant le territoire de la principauté abbatiale de Murbach|Territoire de la [[Abbaye de Murbach|principauté abbatiale de Murbach]].]]

En tant qu’ecclésiastique qui n’a pas le droit de verser le sang, l’abbé de Murbach était toutefois représenté par un [[Avouerie|avoué]] qui se chargeait de la défense et des questions militaires. C’étaient la plupart du temps des seigneurs locaux comme les [[Liste des comtes de Ferrette|comtes de Ferette]] ou les [[Bollwiller|seigneurs de Bollwiller]]. Avec la création du [[Landgraviat de Haute-Alsace]] qui a aussi autorité sur la principauté abbatiale de [[Murbach]] malgré son statut d’autonomie quasi totale, le col de Bussang sert de porte d’entrée dans le [[Sundgau]], puis l’[[Autriche antérieure]] aux mains des [[Maison de Habsbourg|Habsbourg]]<ref>{{Chapitre|langue= fr |auteur1= Fernand L'Huillier |champ libre= p. 12-24 |titre chapitre= L’Alsace au {{s-|XVI}} |titre ouvrage= Histoire de l'Alsace |volume= 1 |lieu= Paris |éditeur= PUF |collection= Que sais-je |série= 255 |année= 1965 |année première édition= 1947 |pages totales= 127 |bnf= 345641248 |lire en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4809923m/f14.image.texteImage |passage= 20, carte {{n°|1}} }}.</ref>{{,}}<ref>{{article |langue= fr |prénom1= Gilles |nom1= Buscot |titre= L'Autriche antérieure entre Habsbourg et Bourbons. Les symboliques rivales des cérémonies festives |périodique= Études Germaniques |mois= 2 |année= 2010 |numéro= 258 |passage= 203-221 |doi= 10.3917/eger.258.0203 |lire en ligne= https://www.cairn.info/revue-etudes-germaniques-2010-2-page-203.htm |format= sur ''cairn.info'' |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>. L’[[Autriche]], en la personne de l’[[archiduc]] d’Autriche, arrive ainsi aux portes des cols vosgiens méridionaux.

À quelques kilomètres près, le col de Bussang aurait pu être un simple col de passage entre les terres de l’[[Abbaye de Remiremont|Insigne Chapitre de Remiremont]] d’un côté et de l’autre de la crête{{sfn|Kammerer|2003|p=34}} dont le duc de Lorraine est l’avoué. Les villages d’[[Oderen]] et de [[Kruth]] et une partie de [[Fellering]] appartenaient, en effet, aux chanoinesses de Remiremont. En 973, Charlemagne fait don au chapitre de Murbach d'une grande partie de ses possessions à Fellering. Le col d’Oderen, un peu au nord du col de Bussang, sert donc logiquement de passage vers la haute vallée de la [[Thur (France)|Thur]]. En 1537, le prince-abbé de l'[[abbaye de Murbach]] devient le seigneur féodal de toute la haute vallée de la Thur, après avoir racheté toutes les terres que Charlemagne n'avait pas données. Le col de Bussang aura donc servi le plus longtemps de frontière entre le duché de Lorraine et la Haute-Alsace, environ sept siècles. Quand la principauté abbatiale de Murbach et la Haute-Alsace, sous l’autorité des Habsbourg, passent en France en 1648{{sfn|Ploetz|1986|p=627}}, le col de Bussang sépare un petit duché lorrain indépendant et un royaume français de plus en plus puissant.

Appartenant aux [[terres de surséance]], la haute vallée de la [[Moselle (rivière)|Moselle]] connaît également une période où elle appartient à la [[Franche-Comté]] et donc au royaume de France pendant vingt-trois ans avant d’être restituée au duc de Lorraine par le [[traité de Besançon]] du {{date-|25 août 1704}}. Par conséquent le col de Bussang n’est plus une frontière nationale mais seulement régionale entre l’Alsace et la Franche-Comté. L’arrêt du {{date-|16 juillet 1681}} proclame {{citation|la Réunion des Vaux de Longchamps et Ramonchamps à la souveraineté et comté de Bourgogne}}{{sfn|Garnier|2004|p=148}}{{,}}<ref>{{ouvrage|auteur1= Jean Courtieu|responsabilité1= Conservateur général du patrimoine, directeur des Archives départementales du Doubs|titre= Parlement de Dole. Répertoire numérique détaillé de la sous-série 2 B|sous-titre =délimitation avec la Lorraine. Bans de Lonchamp, Ramonchamp|numéro=2B475|lieu=Besançon|année= 1994}}.</ref> malgré les protestations des maires des communes annexées. Le col se situait dans le ban de [[Ramonchamp]] à l'époque. La question des terres de surséance s'achève par la rétrocession des bans de Ramonchamp et Longchamp au duché de Lorraine en 1704 ; même après l'annexion de la Lorraine à la France un demi-siècle plus tard, la haute Moselle reste en Lorraine.

Ce statut de limite territoriale disparaît en 1766 quand la Lorraine ducale est rattachée à la France{{sfn|Parisse|2005|p=43-44}}. Un siècle plus tard, le col redevient frontière d’État entre la France et l’[[Empire allemand]] nouvellement créé en 1871{{sfn|Kinder|Hilgemann|1980|p=76-77}}. En 1918, il ne sépare plus que deux départements. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le {{IIIe|Reich}} ne se contente pas d’occuper l’Alsace-Lorraine, mais la réintègre dans le Reich{{sfn|Ploetz|1986|p=944}}. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le col de Bussang n’est plus une frontière entre deux États.

==== Limites diocésaines ====
Au spirituel, le col de Bussang servit également de frontière pendant des siècles entre deux très anciens et vastes diocèses qu’il ne faut pas confondre avec les principautés épiscopales impériales : celui de [[Diocèse de Toul|Toul]] dépendant de la province ecclésiastique ou archidiocèse de [[Diocèse de Trèves|Trèves]] et celui de [[Diocèse de Bâle|Bâle]]. Une fois passé le col de Bussang vers l’Alsace, le voyageur entrait dans le [[Doyenné (christianisme)|doyenné]] ou chapitre rural de ''Mazopolitanum'' du diocèse de Bâle, donc celui de [[Masevaux]]{{sfn|Froidevaux|1995|p=2, série A,cote A23}}. Ce n’est qu’à la [[Révolution française]], plus exactement en 1790{{sfn|Froidevaux|1995|p=1}}, que la réorganisation du diocèse de Bâle lui a amputé les parties aujourd’hui françaises en Alsace pour les incorporer au nouveau diocèse constitutionnel du [[Diocèse du Haut-Rhin|Haut-Rhin]]. Côté lorrain, le ''Pouillié ecclésiastique et civil du diocèse de Toul'' de 1402 décrit très précisément les origines et les divisions de « l’un des diocèses les plus étendus de l’ancienne Gaule »{{sfn|Archives départementales de Meurthe-et-Moselle|1790|p=392|id=AD54}}, en 6 archidiaconés comprenant 680 paroisses. La limite diocésaine touloise épouse au col de Bussang la frontière de l’ancienne cité des [[Leuques]]{{sfn|Werner|1984|p=156}} (''Civitas Leuquorum'') qui relevait de la métropole de [[Augusta Treverorum|Trèves]]. Cela explique pourquoi Bussang qui se trouve à {{unité|265|km}} de Trèves et à seulement {{unité|65|km}} de Bâle, appartient au Toulois. Jusqu’à l’Ancien Régime, l’évêque de Toul a officiellement conservé le titre honorifique de ''Leuchorum episcopus''{{sfn|Archives départementales de Meurthe-et-Moselle|1790|p=392|id=AD54}}. Les archidiaconés sont apparus vers le milieu du {{s-|X}}{{sfn|Archives départementales de Meurthe-et-Moselle|1790|p=392|id=AD54}} et le pays de [[Bussang]], autrefois annexe de [[Saint-Maurice-sur-Moselle]], se trouvait dans l’archidiaconé de Vosges{{sfn|Benoît|1711|p=102}} et le doyenné de [[Remiremont]]{{sfn|Benoît|1711|p=103}} dont le Pouillé fait la description succincte suivante : « Le Doyenné de Remiremont s’étend dans les Montagnes de Vôges, & il est séparé par ces Montagnes de l’Alsace à l’Orient, il a au Midy le Diocèse de Besançon, & il est borné au Couchant & au Septentrion par le Doyenné d'Épinal. La rivière de Moselle le partage en deux, depuis sa source qui est à Bussans, dans la paroisse de Saint Maurice, jusqu’au-dessous d’Arches qui est la dernière paroisse de ce Doyenné du côté d’Épinal{{sfn|Benoît|1711|p=103}}. »

Les premières modifications remontent à la bulle ''Ad univeram agri'' du {{date-|19 novembre 1777}} par laquelle le pape {{noble|Pie VI}} érige les diocèses de [[Diocèse de Nancy-Toul|Nancy-Toul]] et de [[Diocèse de Saint-Dié|Saint-Dié]]{{sfn|Poull|1985|p=188}} qui dépendent tous les deux à partir de 1823 de la [[province ecclésiastique de Besançon]], tout comme d’ailleurs le [[Archidiocèse de Strasbourg|diocèse de Strasbourg]] qui sera élevé au rang d’[[archidiocèse]] par {{noble|Jean-Paul II}} par la [[constitution apostolique]] ''{{langue|la|Antiquissima ipsa}}'' du {{date|1|juin|1988|en France}}<ref>{{Lien web |langue= la |titre= Constitution apostolique ''{{langue|la|Antiquissima ipsa}}'' du {{1er}} juin 1988 |description= ''{{langue|la|[[Acta Apostolicae Sedis]]}} (AAS)'', vol. LXXX, {{n°|13}} |date= 12 décembre 1988 |site= vatican.va |url= http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/apost_constitutions/documents/hf_jp-ii_apc_19880601_argentoratensis_lt.html |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>. Avec le [[traité de Campo-Formio]] qui met fin à la [[Déclaration de guerre de la France au roi de Bohême et de Hongrie|guerre franco-autrichienne]] en 1797, Trèves et la rive gauche du Rhin{{sfn|Kinder|Hilgemann|1980|p= 24-25}} passent de toute façon sous administration française pour la période napoléonienne. La restructuration de 1823 met un terme au lien historique des diocèses lorrains avec l’[[archidiocèse]] de [[Diocèse de Trèves|Trèves]] créé au {{s-|VIII}} après {{unité|1100|ans}} d’histoire commune au spirituel. La caractéristique de ces territoires diocésains se trouve, en effet, dans le caractère transfrontalier des deux territoires dépendant chacun d’une ancienne principauté épiscopale dirigée par un [[prince-évêque]] du [[Saint-Empire romain germanique]]. Toul appartenait aux [[Trois-Évêchés]] et Bâle se scindera{{sfn|Kinder|Hilgemann|1979|p= 192-193}} en une ville dans la [[Suisse|Fédération helvétique]] au [[Traité de Bâle (1499)|traité de Bâle]] en 1499 et un évêché qui s’étend jusqu’à la [[trouée de Belfort]]. Le flanc oriental des Vosges relevait d’une terre épiscopale, aujourd’hui [[suisse]], tandis que la façade occidentale rassemblait des diocèses suffragants de l’archidiocèse de Trèves{{sfn|Kammerer|2003|p=35}}, désormais en [[Allemagne]]. Les deux anciens sièges épiscopaux séculaires sont donc situés en terres germanophones.

{| class="wikitable sortable alternance"
!Diocèse côté lorrain
!Blason
!Diocèse côté alsacien
!Blason
!De
!À
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| [[Diocèse de Toul]] || align="center" |[[Fichier:Blason Vicherey 88.svg|30px]]
| [[Diocèse de Bâle]] || align="center" | [[Fichier:Wappen Bistum Basel.svg|30px]]
| {{IVe siècle}}
| 1777
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| [[Diocèse de Saint-Dié]] || align="center" |[[Fichier:Blason ville fr Saint-Die-des-Vosges (88).svg|30px]]
| [[Diocèse de Bâle]] || align="center" | [[Fichier:Wappen Bistum Basel.svg|30px]]
| 1777
| 1790
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| [[Diocèse de Saint-Dié]] || align="center" |[[Fichier:Blason ville fr Saint-Die-des-Vosges (88).svg|30px]]
| [[Diocèse du Haut-Rhin]] || align="center" |
| 1790
| 1801
|-
| [[Diocèse de Nancy-Toul]] || align="center" | [[Fichier:Blason Famille d'Osmond.svg|30px]]
| [[Archidiocèse de Strasbourg|Diocèse de Strasbourg]] || align="center" | [[Fichier:Banner of the Prince-Bishopric of Strassbourg I (1^1).svg|30px]]
| 1801
| 1823
|-
| [[Diocèse de Saint-Dié]] || align="center"|[[Fichier:Blason ville fr Saint-Die-des-Vosges (88).svg|30px]]
| [[Archidiocèse de Strasbourg|Diocèse de Strasbourg]] || align="center" | [[Fichier:Banner of the Prince-Bishopric of Strassbourg I (1^1).svg|30px]]
| 1823
| en cours
|}

==== Limites d’abornement de répandises et chaumes ====
[[Fichier:Carte--bussang-chaumes.jpg|vignette|redresse|alt=Croquis représentant les zones d'estive de Bussang, aussi appelées « chaumes » dans les Vosges.[[Chaume (montagne)|Chaumes]] et répandises de Bussang|Croquis représentant les zones d'estive de Bussang.]]

Les Bussenets avaient droit de pâture sur les ''répandises'' des chaumes. On entend par répandises les pentes boisées qui sont en dessous des hauts pâturages exploités par les marcaires. La répandise fait partie de la chaume pour lui fournir le bois de chauffe pour la fabrication du fromage et la réfection des chalets{{sfn|Garnier|2004|p=508}}. L’abornement{{sfn|Richard|1909|p=291|id=1909rich}} de 1712 décrit les limites<ref>{{harvsp |id= 1909rich | Richard | 1909 |p= 291-292 }} cite les AD Meurthe-et-Moselle, cote B8359.</ref> ainsi :
* les pentes de l’[[ubac|envers]] de la Hutte, de Taye jusqu’au col formaient les répandises du Drumont<ref>{{Base Mérimée|IA88001176|fermes (marcairies)}}.</ref>, {{unité|1200|m}} ;
* les pentes de l’[[ubac|envers]] de Taye, depuis Lamerey jusqu’au col étaient répandises des Neuf-Bois, {{unité|1228|m}} ;
* les Champs-Colnots jusqu’au derrière de la Hutte appartenaient aux répandises de Forgoutte, {{unité|1008|m}}.

=== Aménagements ===
==== Historique de l'axe routier ====
[[Fichier:Vosges-massif cols.jpg|vignette|redresse|alt=Carte en couleur représentant les principaux cols du massif des Vosges|Carte de localisation des principaux cols des [[Massif des Vosges|Vosges]].]]

Le col de Bussang est situé sur la {{nobr|[[Route nationale 66 (France)|RN 66]]}}, anciennement route royale {{n°|66}}, autrefois route impériale {{n°|84}}. L’ancien tracé de la route romaine a perduré jusqu’au {{s-|XVII}}. C’est en 1724-1725{{sfn|Richard|1909|p=362|id=1909rich}} que la nouvelle route, donc l’actuelle, emprunte le fond de vallée après qu’ont été asséchées les parties marécageuses contournées par la voie romaine. Vingt années plus tard, et pendant dix-huit ans, la nouvelle route{{sfn|Richard|1909|p=363|id=1909rich}} de [[Saint-Maurice-sur-Moselle]] vers [[Giromagny]] par ce qui deviendra le [[col du Ballon d'Alsace]] désenclavera la haute vallée mosellane et accélérera le transit vers l’Alsace par [[Thann]] ou [[Belfort]]. En 1753, l’intendance décide de construire cette nouvelle route passant par le col du Ballon d’Alsace pour faciliter les transports pondéreux. En effet le [[flottage du bois dans le massif des Vosges]] méridionales par la Moselle, bien que cette dernière soit un peu aménagée, n’est pas assez rentable pour les exploitants, notamment pour le bois de marine acheminé vers les chantiers navals de Normandie{{sfn|Garnier|2004|p=409-416}}. De même, l’intendant rappelle plusieurs fois aux exportateurs de bois du ban de Ramonchamp qu’il est interdit de faire traîner des arbres sur la chaussée car cela l’endommage gravement<ref>ADHR, pièce {{n°|1547}} cité par {{Harvsp|Garnier|2004|p=387}}.</ref>. Or, avant la déviation vers [[Giromagny]] après Saint-Maurice-sur-Moselle, le transit du bois vers l’Alsace ne pouvait se faire que par le col de Bussang. L’opération est bénéfique pour l’économie transfrontalière entre la Lorraine et la Haute-Alsace{{sfn|Garnier|2004|p=387-388}} car le bois est abattu sur le versant lorrain et travaillé à [[Masevaux]], [[Oberbruck]] ou au Blanc Murger (commune de [[Bellefontaine (Vosges)|Bellefontaine]]).

À l’origine, la route royale, puis nationale reliait [[Bar-le-Duc]] en Meuse (Lorraine) à [[Bâle]] (Suisse). Cela correspond à la voie commerciale de l’Ancien Régime. En revanche, le tracé de la route nationale ne suit pas toujours celui de la voie romaine{{sfn|Richard|1909|p=363|id=1909rich}}. La partie meusienne a été déclassée dans les années 1970 en route départementale 966 (Meuse), ou elle est partiellement devenue l'actuelle [[route nationale 135]]) de [[Bar-le-Duc]] à [[Ligny-en-Barrois]] ; le tronçon vosgien de la {{nobr|RN 66}} jusqu’à [[Épinal]] est reclassé en route départementale 166. Des tronçons de la partie haut-rhinoise ont également été déclassés en routes départementales. La {{nobr|[[Route nationale 66 (France)|RN 66]]}} relie aujourd’hui [[Remiremont]] à [[Mulhouse]], son équivalent européen est la [[route européenne 512]]. Pour faciliter le passage du col, notamment pour la grosse artillerie, un tunnel a été construit en 1848 sous la direction de Jean-Baptiste Huot, conducteur des Ponts et Chaussées et futur [[Liste des maires d'Épinal|maire d’Épinal]] de 1874 à 1881. La longueur totale s’étendait à {{Unité|251|m}} dont 60 % étaient du côté lorrain. Après l’annexion de l’[[Alsace-Lorraine]] de 1870, se trouvait à l’entrée du tunnel le bureau des douanes ; un poste de secours a été établi par le [[Touring club de France|Touring-Club]] quelques années avant la Première Guerre mondiale{{sfn|Richard|1909|p=391 note 1|id=1909rich}}. De nombreuses anciennes cartes postales montrent les deux côtés du tunnel avec les douaniers<ref>{{Lien web |titre= Cartes postales anciennes sur Bussang |date= 31 janvier 2013 |site= vosgescpa.fr |url= http://www.vosgescpa.fr/Bussang/ |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>. Sur les cartes postales anciennes, on reconnaît facilement l’ancien tracé de la route du col qui, côté lorrain, passe à droite du tunnel en le surplombant encore de quelques mètres. Le tunnel a été dynamité en 1944 et n’a pas été reconstruit.

==== Projet de tunnel ferroviaire ====
[[Fichier:Disused viaduct Urbes.jpg|vignette|gauche|alt=Photographie d'un pont inachevé pour une ligne ferroviaire entre Bussang (Lorraine) et Urbès (Alsace)|Pont ferroviaire inachevé à [[Urbès]] pour la ligne Bussang-Urbès.]]
{{article détaillé|Ligne de Saint-Maurice à Wesserling}}
Comparées aux Alpes suisses pourtant plus élevées en altitude, les moyennes montagnes des Vosges ont longtemps été contournées. Il n’existe qu’un seul tunnel ferroviaire long de {{unité|6950|m}}, devenu ensuite routier, qui traverse le massif, celui de [[Tunnel Maurice-Lemaire|Sainte-Marie-aux-Mines]] ; il a été ouvert à la circulation en 1976, auparavant il n’était destiné qu’aux chemins de fer. Le [[col de Sainte-Marie]] fut également l’un des passages entre la Lorraine et l’Alsace en empruntant la vallée de la [[Meurthe (rivière)|Meurthe]] et le plus souvent le [[Col du Bonhomme (massif des Vosges)|col du Bonhomme]]<ref group="n">Pour rappel, les passages ancestraux majeurs en venant de l’ouest vers l’Alsace furent le [[col de Saverne]], le [[col du Donon]], le [[Col du Bonhomme (massif des Vosges)|col du Bonhomme]] et le col de Bussang. Des cols secondaires reliaient plutôt à l’échelle locale deux versants en relation fréquente : [[col de Sainte-Marie]], [[col de Bramont]], [[col d'Oderen]], [[col de Saales]], [[col du Calvaire]], [[col du Ballon d'Alsace]], [[col des Charbonniers]].</ref>.

[[Fichier:Natzweiler-Struthof TodorBozhinov (16).JPG|vignette|redresse|alt=Panneau informatif expliquant l'implication de la société Daimler-Benz dans les efforts de guerre et la déportation durant la Seconde Guerre mondiale|Effort de guerre : [[Daimler (entreprise)|Daimler-Benz]] et la [[déportation]].]]

La voie mosellane historique, qui n'a que le col de Bussang pour seul obstacle naturel sur son tracé avant l’arrivée en Suisse à Bâle, aurait pu avoir son tunnel ferroviaire entre le Benelux et l’Italie par une nouvelle voie de {{unité|13,7|kilomètres}} depuis la gare de Bussang jusqu’à la gare de Fellering. Le tunnel Urbès – Saint-Maurice-sur-Moselle, dit tunnel de Bussang, aurait mesuré {{unité|8287|mètres}} de longueur et il aurait été le plus long ouvrage souterrain français au milieu du {{s-|XX}}<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Le tunnel d'Urbès - Camp de concentration nazi |site= lieux-insolites.fr |url= http://www.lieux-insolites.fr/alsace/urbes/urbes.htm |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Tunnel ferroviaire Bussang-Urbès |site= ansvosges.wordpress |url= http://transvosges.wordpress.com/2013/01/29/le-tunnel-ferroviaire-durbes/ |consulté le= 09/08/2019 }}. Il relate le destin du tunnel de Bussang-Urbès avec de nombreuses photographies.</ref>. Décidée le {{date-|11 juillet 1870}}, la construction du tunnel fut annulée en raison de la [[Guerre franco-allemande de 1870|guerre franco-allemande]] et de l’annexion de l’[[Alsace]] à l’[[Empire allemand]]. Le percement du tunnel démarra en 1932, mais les coûts augmentèrent rapidement, le contexte économique et politique évoluait mal et la société de forage fut en faillite en 1935<ref>{{ouvrage|langue= fr |auteur1= Pierre Deslais |titre= L'Alsace, géographie curieuse et insolite |éditeur= éd. Ouest France |année= 2014 |pages totales= 116 |passage= 103 |isbn= 978-2-7373-6364-1 }}.</ref>. La plupart des ouvrages d'art côté alsacien étaient construits et le tunnel était percé sur une longueur de presque quatre kilomètres, soit la moitié du tunnel du côté alsacien. La partie vosgienne était en retard, cela se retournera à son avantage. La frustration locale fut d’autant plus grande que la reprise du projet traîna trop longtemps. Finalement, la [[Seconde Guerre mondiale]] stoppa à nouveau la construction du tunnel. En [[1943 en France|1943]], le tunnel creusé dans sa partie alsacienne a été reconverti en camp de travail, annexe du [[camp de concentration de Natzweiler-Struthof]], pour fabriquer des pièces de moteur d’avion pour le compte de [[Daimler (entreprise)|Daimler-Benz]]. Les déportés, essentiellement juifs, provenaient des camps de [[Camp de concentration de Dachau|Dachau]] ou du Struthof. Ils étaient majoritairement [[Russes]] et [[Polonais (peuple)|Polonais]], il y avait aussi des Allemands et des [[Luxembourgeois (peuple)|Luxembourgeois]]. Finalement, le col de Bussang reste incontournable comme seul lieu de passage entre la Lorraine et l’Alsace par la route.

== Activités sportives ==
=== Randonnée pédestre ===
[[Fichier:GR-vosges.jpg|vignette|redresse|alt=Croquis en couleur représentant les chemins de grande randonnée dans le massif des Vosges|Sections des grandes randonnées dans les Vosges dont le [[Sentier de grande randonnée 531|{{nobr|GR 531}}]] par le col de Bussang.]]

Le col de Bussang ne fait pas partie des cols touristiques du massif des Vosges. Situé dans le [[parc naturel régional des Ballons des Vosges]]<ref name="PRV"/>, il est toutefois intégré dans les brochures touristiques du parc et tous les projets de mise en valeur de la zone méridionale du massif vosgien. En raison de son caractère assez encaissé entre deux sommets, il joue clairement et d’abord un rôle de passage d’ouest en est pour la circulation routière. De ce fait, les sentiers de randonnée pédestre sont tous orientés sur un axe nord-sud entre le [[col d'Oderen]] et le col des Perches, c’est-à-dire entre le massif du [[Drumont]] et celui de la [[tête des Perches]]<ref group="n">La carte de randonnée TOP 25 CV de l’IGN qui correspond à ce secteur est la {{n°|3619OT}} Bussang-La Bresse.</ref>. Le col de Bussang est donc davantage un point de repère entre des sites mieux équipés. Le parking en contrebas pour se rendre à la source de la [[Moselle (rivière)|Moselle]] permet néanmoins de faire des circuits plus courts que celui du sentier de grande randonnée qui le traverse de manière rectiligne. Situé sur une ligne de crête, le col de Bussang se trouve effectivement sur le tracé du [[sentier de grande randonnée 531]] balisé par le [[Club vosgien]] (CV) avec un rectangle bleu. Le tronçon du {{nobr|GR 531}} sur Bussang passe par les sites suivants :
* ferme-auberge du Drumont ({{unité|1200|m}}) ;
* col de Bussang ({{unité|727|m}}) ;
* chalet Saint-Hubert (CV) ;
* ferme-auberge de la tête du Rouge Gazon ({{unité|1086|m}}) ;
* col des Perches ({{unité|1071|m}}).

Au col des Perches, il croise le [[sentier de grande randonnée 5|{{nobr|GR 5}}]] qui relie la [[mer du Nord]] à la [[mer Méditerranée]] identifiable par le rectangle rouge du Club vosgien. Depuis le col, il faut uniquement parcourir {{unité|8|km}} pour arriver à ce croisement de deux sentiers de grande randonnée. Deux sentiers alternatifs du {{nobr|GR 531}} passent également par le col de Bussang : le tronçon qui va au sud vers la Tête du Rouge Gazon en passant par le col des Allemands et le tronçon qui va également vers le sud avec une boucle par le Séchenat, le kiosque du [[Sottai|Sotré]] et la Tête de Bouloie ({{unité|1166|m}}) avec le balisage disque jaune<ref>{{lien web|url=http://www.alsace-balades.bseditions.fr/fiche_du_circuit_de_randonnee.php?pCircuitId=145&pCircuitLib=LE+COL+DU+BUSSANG+ET+LE+PETIT+DRUMONT|titre=LE COL DU BUSSANG ET LE PETIT DRUMONT|site=alsace-balades.bseditions.fr|consulté le=9 septembre 2019}}</ref>.

Sinon, il est possible de relier la vallée de la Moselle à la vallée des Charbonniers par le sentier qui traverse le [[Haut (toponyme)|haut]] de Taye et qui est balisé par un rectangle rouge. Le col de Bussang permet également de rejoindre [[Urbès]] à pied par le sentier balisé rectangle jaune en passant par la carrière du col et la [[Chaume (montagne)|chaume]] de Gustiberg ({{unité|1005|m}}). La pratique de la marche sur des sentiers de grande randonnée requiert des abris, gîtes et refuges à intervalles réguliers pour organiser les étapes en fonction de la distance journalière à parcourir. C’est d’autant plus vrai quand les proches agglomérations demeurent assez éloignées pour un randonneur qui ne veut pas trop quitter son sentier. En dehors des sept abris<ref group="n">Abris de Saint-Hubert, des Crêtes, de la Conche, des Evraux, de la Petite Montagne, de la Loge du Plain de Repos, de la Loge du Pont Martin.</ref> dans un rayon proche autour du col, des associations comme le Club vosgien, l’Union touristique des amis de la nature ou le parc régional disposent de refuges ou gîtes d’étape comme le refuge de la Tête des Perches, celui de Séchenat, celui du Gazon Vert ou encore celui du Haut Mahrel côté alsacien du col. Les randonneurs peuvent aussi trouver des dortoirs dans les fermes-auberges des sommets environnants : Drumont, Gustiberg, Rouge Gazon. Le camping le plus proche du col se situe sur le versant alsacien à Urbès<ref group="n">Le camping Benelux Bâle est situé au pied du col à côté d’une aire d’atterrissage de parapentistes.</ref>.

L’observation des circuits de randonnée permet de conclure à un profil essentiellement axé sur la découverte d’une nature peu aménagée, de la flore et de la faune de moyenne montagne avec quelques espèces de l’étage subalpin. Comme le GR 531 suit la ligne de crête sommitale, le randonneur dans ce secteur est amené à découvrir en premier lieu les [[Gazon (toponyme)|gazons]] ou chaumes du massif vosgien où la vie pastorale d'estive est encore visible bien qu’elle soit devenue quasi relictuelle après une nécessaire mutation ou reconversion des fermes d’alpage en [[Marcairie#mutation|fermes-auberges touristiques]]<ref group="n">Les gazons d’estive abandonnés ou encore en activité sont le gazon de Neufs-Bois, celui de Fellering, le Petit Gazon, le Gazon Vert, le Rouge Gazon, le Drumont et le Gustiberg.</ref>. L'absence de surfréquentation touristique favorise une pratique de la randonnée dans le calme.

=== Cyclisme ===
Si l’on consulte le site de la [[Fédération française de cyclisme]], section [[Vélo tout terrain|VTT]], on peut observer que le col du Bussang se trouve sur le tracé de deux circuits de l’espace VTT-FFC Hautes-Vosges, section de Bussang, [[Saint-Maurice-sur-Moselle]] et [[Ventron]] :
* le circuit {{n°|8}} qui porte le nom de « Tour de la Hutte ». Il fait {{unité|21.5|km}} de longueur avec un dénivelé de {{unité|335|m}}. Le départ se fait à l’étang des Sources entre contrebas du col coté [[Lorraine|lorrain]] ;
* le circuit {{n°|9}} dénommé « La Bouloie – Séchenat ». Le cycliste parcourt {{unité|17|km}} avec un dénivelé de {{unité|350|m}} en partant de l’[[office de tourisme]] de la commune.

Les différents sites associatifs et privés dédiés au cyclotourisme sur route intègrent tous le col de Bussang dans leurs propositions de balades en faisant démarrer les cyclistes à divers endroits plus ou moins longs. En partant du Thillot par exemple, le circuit fait {{unité|13.5|km}} avec un dénivelé de {{unité|246|m}}, ce qui représente une moyenne de 1,82 % avec une pointe de 4,6 %<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Col de Bussang |année= 2019 |site= cols-cyclisme.com |url= https://www.cols-cyclisme.com/vosges/france/col-de-bussang-depuis-le-thillot-c2376.htm |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>. Donc le versant lorrain demeure une ascension très accessible pour tout le monde. En partant d’Urbés côté alsacien, la montée est un peu plus raide sur une longueur de {{unité|6.5|km}}, pour un dénivelé {{unité|276|m}}. La pente moyenne est alors de 4,2 %. Ceci étant, pour le cyclisme sur route, il n’existe pas d’autres solutions que de franchir le col d’ouest en est ; cela réduit les opportunités, à moins d’emprunter les routes forestières asphaltées assez nombreuses dans le secteur.

==== Tour de France 2005 ====
[[Fichier:Etape 9 Tour de France 2005.jpg|vignette|redresse|alt=Coureur avec maillot blanc à pois rouge de meilleur grimpeur en danseuse devant un coureur en maillot vert et bleu, encadrés par des haies de spectateurs.|[[Michael Rasmussen]] en tête devant [[Dario Cioni]] lors de la [[9e étape du Tour de France 2005|{{9e}} étape]] du [[Tour de France 2005]].]]

Le col de Bussang n’a été qu’une seule fois sur le tracé du [[Tour de France]], classé en {{3e|catégorie}} lors de la [[9e étape du Tour de France 2005|{{9e|étape}}]] du [[Tour de France 2005|Tour 2005]] reliant [[Gérardmer]] à [[Mulhouse]]. [[Michael Rasmussen]] passa en tête du col, le dernier avant [[Col du Ballon d'Alsace|celui du Ballon d’Alsace]], comme dans tous ceux de cette neuvième étape. Il y devança [[Dario Cioni]] et [[Christophe Moreau]], et conforta son [[maillot à pois]] du meilleur grimpeur<ref>{{lien web|url=http://www.lagrandeboucle.com/spip.php?article405|titre=Etape 9 : Gérardmer - Mulhouse 10 juillet. 170 km.|site=lagrandeboucle.com|consulté le=7 septembre 2019}}.</ref>.

=== Motocyclisme ===
Le col de Bussang est également intégré aux différents circuits et treks des motards qui visitent l’Alsace et le massif vosgien. L’ancien hôtel-relais du col, dont l’activité périclitait d’année en année, a été racheté et reconverti en un « moto-hôtel du Col de Bussang »<ref>{{Lien web|langue= de |auteur= MoTourMedia e.K. |titre= Büssing-Pass (Col de Bussang) |année= 2019 |site= alpenpaesse.de ''(Portail des cols et routes de montagne en Europe)'' |url= https://www.alpenpaesse.de/alpenpaesse/buessing-pass-col-de-bussang |consulté le= 08/09/2019 }}.</ref> par un couple néerlandais dans les années 1990. Il s’est spécialisé dans l’accueil des motards européens du printemps à l’automne autant pour les engins mis à l'abri que dans l’aménagement des chambres<ref>{{article |langue= fr |auteur1= Tristan Rouply-Girny |auteur2= Yoann Lutz |auteur3= Marvin Gobbi |titre= À Bussang, les motos dorment à l’hôtel |périodique= L’Alsace |date= 06/10/2017 }}.</ref>. Les circuits proposés ne s’arrêtent pas au massif montagneux avec ses routes sinueuses appréciées des motards mais ces derniers choisissent en général de franchir le massif vosgien à deux cols différents afin de combiner les routes secondaires qui traversent les forêts et franchissent les cols plus isolés côté lorrain avec la plaine et les vignobles de la [[Route des vins d'Alsace]] sur le versant oriental. Les visiteurs viennent essentiellement du Benelux et des deux pays germanophones voisins qui sont l'[[Allemagne]] et la [[Suisse]]. À ce titre, les principaux magazines spécialisés néerlandophones ou germanophones proposent le plus souvent des circuits aux titres évocateurs : « Les cols vosgiens », « De la Forêt-Noire aux Vosges » ou « Vignoble alsacien et massif vosgien ». Le concept se base en somme sur la recherche de paysages susceptibles de proposer contrastes et diversités sur le plan tant culturel que topographique<ref>{{Lien web |langue= nl |titre= Heerlijk sturen in de Vogezen |année= 2019 |site= motorrijders.nl |url= https://motorrijders.nl/reisgebied/vogezen/ |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage |langue= de |auteur= Revue Tourenfahrer |titre= Motorrad-Paradies Frankreich |année= 2017 |titre chapitre= Vogesen }}.</ref>.

=== Vol libre et aéromodélisme ===
Les sites de [[parapente]] et [[deltaplane]] directement et uniquement accessibles par le col de Bussang en empruntant une route forestière ou vicinale sont le Gustiberg sur le versant alsacien<ref group="n">Fiche descriptive du site officiel de la FFVL, « Site Gustiberg », {{n°|68D002A}} : {{citation|Accès : au départ d'Urbès direction Bussang, {{unité|100|m}} avant le col de Bussang à droite vers la carrière puis chemin forestier jusqu'au parking parapente, {{unité|15|min}} à pied en passant devant la ferme auberge, prendre à droite devant la ferme puis suivre le petit sentier tout droit. Description : dangereux par vent de plus de {{unité|20|km/h}} d'est, nord-est et sud-ouest.}}.</ref> et le Drumont côté lorrain<ref group="n">Fiche descriptive du site officiel de la FFVL, « Site Petit Drumont », {{n°|68D004A}} : {{citation|Description : décollage facile très pentu. Rouleaux sous la crête du Gustiberg par vent de sud-est. Interdiction de se poser dans la vallée qui s'ouvre à l'est du décollage, malgré les belles vaches qui s'y trouvent. Venturi au fond de la vallée d'Urbès vers le col de Bussang. Présence d'un site pour aéromodélistes entre le site Delta et celui des parapentes}}.</ref>.

La configuration aérologique et topographique de ce col engendre des contraintes aériennes importantes dues à des vents d’est ou nord-est parfois défavorables ou bien encore à cause de l’[[effet Venturi]] au-dessus du col jusqu’aux abords d’Urbès. Au site du Drumont<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Le Drumont |année= 2019 |site= ballons-hautes-vosges.com'', site officiel du parc régional des ballons des Vosges'' |url= https://www.ballons-hautes-vosges.com/parc-naturel-regional/le-drumont.html |consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>, l'aire de départ des maquettes d'aéromodélisme se fait exactement entre l'aire de décollage des parapentistes et celle des vélideltistes. La cohabitation des trois implique forcément une vigilance accrue en cas de forte fréquentation.

Le col de Bussang se situe dans le [[Polygone de Guerre Électronique]] (PGE), une zone d’exercice militaire pour l’armée française et celles de l’[[Organisation du traité de l'Atlantique nord|OTAN]]. Les vols en air libre y sont donc très réglementés concernant le [[niveau de vol]]<ref group="n">Dans le Polygone de Guerre électronique, le niveau de vol est fixé à {{unité|3425|m}} ou FL 115 pendant les week-ends et les jours fériés. Pendant les manœuvres et exercices militaires en semaine du lundi au vendredi jusque {{Heure|16}}, il passe {{unité|1890|m}} ou {{unité|2450|m}}.</ref>{{,}}<ref name="sia">{{Lien web| langue= fr |titre= Règlement (UE) {{n°|923/2012}} modifié – SERA|sous-titre= ED Décision 2013/013R, modifiée par la décision 2016/023 R|année= 2019 |site= sia.aviation-civile.gouv.fr ''([[Service de l'information aéronautique]])'' |url= https://www.sia.aviation-civile.gouv.fr/reglementation|consulté le= 09/08/2019 }}.</ref>.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe="n"}}

=== Références ===
{{Références}}

== Annexes ==
=== Article connexe ===
* [[Liste des cols du massif des Vosges]]

=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
==== Aspects linguistiques ====
* {{Article |id= 2006Bischoff |libellé= Bischoff ''et al.'' 2006 |langue= fr |prénom1= Georges |nom1=Bischoff |prénom2= Dominique |nom2= Huck |prénom3= Philippe |nom3= Blanchet |titre= Une minorité virtuelle. Être Welsche en Alsace dans les coulisses du Siècle d'Or (1477-1618) |périodique= Cahiers de Sociolinguistique |lieu= Rennes |éditeur= PUR |série= « Minorations, Minorisations, Minorités » |numéro= 10 |année= 2006 |pages= 87-109}}.
* {{Ouvrage |libellé= Bloch 1915 |langue= fr |prénom1= Oscar |nom= Bloch |titre= Lexique français-patois des Vosges méridionales |lieu= Paris |éditeur= éd. H. Champion |année= 1915 |lire en ligne= https://archive.org/details/lexiquefranais00blocuoft |format= sur ''archive.org''}}.
* {{Ouvrage |libellé= Bloch 1917 |langue= fr |prénom1= Oscar |nom= Bloch |titre= Les parlers des Vosges méridionales |lieu= Paris |éditeur= éd. H. Champion |année= 1917 |lire en ligne= https://archive.org/details/lesparlersdesvos00blocuoft |format= sur ''archive.org''}}.
* {{Ouvrage |libellé= Bloch 1917 |langue= fr |prénom1= Oscar |nom= Bloch |titre= Atlas linguistique des Vosges méridionales |lieu= Paris |éditeur= éd. H. Champion |année= 1917 |lire en ligne= https://archive.org/details/atlaslinguistiqu00blocuoft |format= sur ''archive.org''}}.
* {{Chapitre|libellé= Haubrichs 2007 |langue= fr |prénom1= Wolfgang |nom1= Haubrichs |titre chapitre= L’espace physique, l’histoire, la langue. L’élaboration des zones de contact et des frontières linguistiques entre Romania et Germania, entre la Suisse et le Luxembourg |titre ouvrage= Construction de l’espace au Moyen Âge |nature ouvrage= Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public {{n°|37}}, 2006 |lieu= Paris |éditeur= Publications de la Sorbonne |année= 2007 |présentation en ligne= http://www.shmesp.fr/spip.php?article69 |format= sur ''shmesp.fr''}}.
* {{Ouvrage |libellé= Hudlett 2001 |langue= fr |prénom= Albert |nom= Hudlett |titre= Synopsis géolinguistique, Continuum des parlers alémaniques et franciques d’Alsace et de Moselle germanophone |lieu= Strasbourg |éditeur= Hirlé |année= 2001 |pages totales= 271 |isbn= 2 910048 90 X }}.
* {{Ouvrage |libellé= König 1981 |langue= de |prénom1= Werner |nom1= König |titre= dtv-Atlas zur deutschen Sprache |sous-titre= Tafeln und Texte mit Mundartkarten |lieu= Munich |éditeur= Deutscher Taschenbuchverlag |collection= dtv-Atlas |année= 1981 |année première édition= 1978 |pages totales= 248 |isbn= 3-423-03025-9}}.

==== Histoire ====
* {{Ouvrage |libellé= Benoît 1711 |langue= fr |prénom1= Père François |nom1= Benoît |responsabilité1= [[Ordre des Frères mineurs|OFM]] capucin |titre= Pouillié ecclésiastique et civil du diocèse de Toul |tome= 2 |lieu= Toul |éditeur= Louis & Étienne Rolin |année= 1711 |pages totales= 404 |format= sur ''books.google.fr'' |lire en ligne= https://books.google.fr/books?id=NVXqxMSHg9EC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false}}.
* {{Ouvrage |libellé= Choppin 1875 |langue= fr |prénom1= Henri |nom1= Choppin |titre= Campagne de Turenne en Alsace, 1674-1675 |sous-titre= D'après des documents inédits |lieu= Paris |éditeur= J. Dumaine |année= 1875 |format= In-8° |bnf= FRBNF30240086 |présentation en ligne= http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34082656b |consulté le= 5 mai 2014}}.
* {{Ouvrage |libellé= Desgouttes 1894 |langue= fr |prénom1= Henri-Zacharie |nom1= Desgouttes |responsabilité1= Préfet des Vosges |titre= Tableau statistique du département des Vosges |lieu= Paris |éditeur= Le Clere, Heinrichs, Treuttel et Wurtz |année= 1894}}.
* {{Ouvrage |libellé= Dollin 1804 |langue= fr |prénom1= (Comte) Henri Victor |nom1= Dollin du Fresnel |titre= Un régiment à travers l'histoire, le {{76e}}, ex-{{1er}} léger |lieu= Paris |éditeur= Flammarion |année= 1804 |passage= 327-328}}.
* {{Ouvrage |libellé= Fournier 1994 |langue= fr |prénom1= Alban |nom1= Fournier |responsabilité1= Président du Club alpin, section Hautes-Vosges |préface= [[Albert Ronsin]] |illustrateur= Victor Franck et [[Henri Valentin]] |titre= Les Vosges du Donon au Ballon d’Alsace |lieu= Raon-l’Etape |éditeur= Louis Geisler |année= 1994 |année première édition= 1901 |pages totales= 539}}.
* {{Ouvrage |libellé= Garnier 2004 |langue= fr |prénom1= Emmanuel |nom1= Garnier |préface= Jean-Marc Moriceau (Université de Caen)
|titre= Terre de conquêtes |sous-titre= La forêt vosgienne sous l’Ancien Régime |lieu= Paris |éditeur= Fayard |année= 2004 |pages totales= 620 |isbn= 2-213-61783-X}}.
* {{Ouvrage |libellé= Fray 2006 |langue= fr |prénom1= Jean-Luc |nom1= Fray |titre= Villes et bourgs de Lorraine : réseaux urbains et centralité au Moyen Âge |lieu= Clermont-Ferrand |éditeur= Presses Universitaires Blaise Pascal |collection= Histoires croisées |jour= 1 |mois= 1 |année= 2006 |pages totales= 551 |isbn= 2845162383}}.
* {{Ouvrage | libellé= Georgel 1966 |langue= fr |prénom1= Marc |nom1= Georgel |titre= Les noms de lieux-dits de l'arrondissement de Remiremont (Vosges) |sous-titre= Étude de caractérisation toponymique |lieu= Saint-Dié |éditeur= Loos |année= 1966 |pages totales= 399}}.
* {{Ouvrage |libellé= Germonville ''et al.'' 1995 |langue= fr |prénom1= Jean-Paul |nom1= Germonville |prénom2= Martine |nom2= Riboux |prénom3= Brigitte |nom3= Jeanpierre |titre= Vallée de la Haute-Moselle et Ballon d'Alsace. autour du Thillot : entre le col de Bussang, Gérardmer et Remiremont |lieu= Metz |éditeur= Casterman Serpenoise |collection= Le Guide Les Terroirs |année= 1995 |pages totales= 80 |isbn= 2-203-61504-4}}.
* {{Ouvrage |libellé= Heider 2004 |langue= fr |prénom1= Christine |nom1= Heider |titre= Entre France et Allemagne; Thann, une ville de Haute-Alsace sous la domination des Habsbourg (1324-1648) |nature ouvrage= thèse de doctorat en histoire et civilisation de l’Europe |lieu= Strasbourg |éditeur= BNU |année= 2004 |pages totales= 382 |isbn= 978-0375726262 |présentation en ligne= http://www.americanprometheus.org/}}.
* {{Ouvrage |libellé= Jouve 1888 |langue= fr |prénom1= Louis |nom1= Jouve |titre= Bussang |lieu= Épinal |année= 1888
|volume= 1 |format= in-8° |bnf= cb306648255 |présentation en ligne= http://www.sudoc.fr/144745682}}.
* {{Ouvrage |libellé= Kinder & Hilgemann 1979 |langue= de |prénom1= Hermann |nom1= Kinder |prénom2= Werner |nom2= Hilgemann |titre= DTV-Atlas zur deutschen Geschichte, Karten und chronologischer Abriss |sous-titre= Von den Anfängen bis zur französischen Revolution, Band 1 |lieu= Munich |éditeur= Deutscher Taschenbuchverlag GmbH (DTV) |année= 1979 |année première édition= septembre 1964 |isbn= 3-423-03001-1 |pages totales= 287}}.
* {{Ouvrage |libellé= Kinder & Hilgemann 1980 |langue= de |prénom1= Hermann |nom1= Kinder |prénom2= Werner |nom2= Hilgemann |titre= DTV-Atlas zur deutschen Geschichte, Karten und chronologischer Abriss |sous-titre= Von der Französischen Revolution bis zur Gegenwart, Band 2 |lieu= Munich |éditeur= Deutscher Taschenbuchverlag GmbH (DTV) |année= 1980 |année première édition= 1966 |isbn= 3-423-03002-X |pages totales= 342}}.
* {{Ouvrage |libellé= Legrand-Girarde 1910 |langue= fr |prénom1= Émile |nom1= Legrand-Girarde |lien auteur1= Émile Edmond Legrand-Girarde |titre= Turenne en Alsace : Campagne de 1674-1675 |lieu= Paris |éditeur= Berger-Levrault et {{Cie}} |année= 1910 |pages totales= 160 |passage= 124-130327-328 |lire en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k931005q.image |format= sur ''gallica''}}.
* {{Ouvrage |libellé= Loux 1976 |langue= fr |prénom1= René |nom1= Loux |titre= La Réalité historique de l'Alsace |lieu= Paris |éditeur= La Pensée universelle |année= 1976 |pages totales= 502}}.
* {{Ouvrage |libellé= Parisse 1980 |langue= fr |prénom1= Michel |nom1= Parisse |titre= Remiremont : l'abbaye et la ville |lieu= Université de Nancy II |éditeur= Service des Publications de l'Université de Nancy II |collection= Institut de recherche régionale, Société d'histoire locale de Remiremont et de sa région |année= 1980 |année première édition= 2005 |pages totales= 369}}.
* {{Ouvrage |libellé= Parisse 1990 |langue= fr |prénom1= Michel |nom1= Parisse |titre= Austrasie, Lotharingie, Lorraine |lieu= Nancy |éditeur = Presses Universitaires de Nancy |collection= Encyclopédie illustrée de la Lorraine |sous-titre=L'époque médiévale.
|année= 1990 |pages totales= 253 |isbn= 2864803437}}.
* {{Ouvrage |libellé= Parisse 2002 |langue= fr |prénom1= Michel |nom1= Parisse |titre= Allemagne et Empire au Moyen Âge (400-1510) |lieu= Université de Nancy II |éditeur = Hachette Education |collection= Carré Histoire |année= 2008 |année première édition= 2002 |pages totales= 336}}.
* {{Ouvrage |libellé= Parisse 2005 |langue= fr |prénom1= Michel |nom1= Parisse |titre= Histoire de Lorraine|lieu= Rennes |éditeur= Editions Ouest-France |jour= 18 |mois= 1 |année= 2005 |isbn=2-7373-3628-7}}.
* {{Ouvrage |libellé= Parmentier 2004 |langue= fr |prénom1= Raphaël |nom1= Parmentier |titre= Histoire d'un col |lieu= Vesoul |éditeur= Les Éditions de Franche-Comté |année= 2004 |pages totales= 96}}.
* {{Ouvrage |libellé= Parmentier 2007 |langue= fr |prénom1= Raphaël |nom1= Parmentier |titre= Urbès - St Maurice. Le souterrain du Col de Bussang |lieu= Vesoul |éditeur= Les éditions de Franche-Comté |année= 2007 |pages totales= 127}}.
* {{Ouvrage |libellé= Ploetz 1986 |langue= de |prénom1= {{Dr}} Karl Julius |nom1= Ploetz |titre= Der große PLOETZ Auszug aus der Geschichte |lieu= Freiburg-Würzburg |éditeur= Verlag Ploetz |année= 1986 |pages totales= 1720 |isbn= 3-87640-050-3}}.
* {{Ouvrage |libellé= Poull 1985 |langue= fr |prénom1= Georges |nom1= Poull |titre= Les Vosges
|lieu= Paris |éditeur= France-Empire |collection= Terroirs de Lorraine |année=1985 |isbn= 2-7048-0430-3}}.
* {{Ouvrage |libellé= Werner 1984 |langue= fr |prénom1= Karl-Ferdinand |nom1= Werner |titre= Les origines |tome= I |lieu= Paris |éditeur= Fayard |collection= Histoire de France |année= 1984 |pages totales= 540 |isbn= 2-213-01487-6}}.
* {{Article |langue= fr |nom1= Société savante d'Alsace et des régions de l'Est |préface= Charles-Edmond Perrin (1887-1974) |titre= Trois provinces de l'Est : Lorraine, Alsace, Franche-Comté |périodique= Bulletin de la Société savante d'Alsace et des régions de l'Est |lieu= Paris, Strasbourg |éditeur= Éd. F.-X. Le Roux et Librairie Istra |collection= Grandes publications
|volume= 6 |titre volume= 1947-1977 |année= 1957 |pages= 119-127}}.

==== Articles ====
* {{Article |libellé= Bischoff 2003 |langue= fr |prénom1= Georges |nom1= Bischoff |titre= La montagne et les voyageurs à la fin du Moyen Âge : de l'indifférence au regard |périodique= Actes des congrès de la SHMES, {{34e}} congrès : « Montagnes médiévales » |lieu= Chambéry |année= 2003 |pages= 395-413|url= https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_2004_act_34_1_1865}}.
* {{Article |libellé= Heili 1988 |langue= fr |prénom1= Pierre |nom1= Heili |titre= Le passage de Bussang à travers les siècles |périodique= Dialogues transvosgiens |mois= juin |année= 1988 |numéro= 6 |pages= 11-18}}.
* {{Article |libellé= Heili 1991 |langue= fr |prénom1= Pierre |nom1= Heili |titre= Un grand projet manqué... le tunnel ferroviaire de Bussang |périodique= Dialogues transvosgiens |volume= 1988-91 |mois= juillet |année= 1991}}.
* {{Article |libellé= Horber 1983 |langue= en |prénom1= Raymond |nom1= Horber |titre= La route de Bussang et son col, la R.N. 66 à travers les âges |périodique= Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse |année= 1983 |passage= 119-134}}.
* {{Article |libellé= Kammerer 2003 |langue= fr |prénom1= Odile |nom1= Kammerer |titre= Les Vosges sont-elles une montagne au Moyen Âge ? |périodique= [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/issue/shmes_1261-9078_2004_act_34_1 Actes des congrès de la SHMES, {{34e}} congrès : « Montagnes médiévales »] |éditeur= Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public |lieu= Chambéry |année= 2003 |série= Histoire ancienne et médiévale |isbn= 2-85944-513-7 |pages= 23-39 |url= https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_2004_act_34_1_1845}}. {{plume}}
* {{Article |libellé= Clémentz |langue= fr |prénom1= Élisabeth |nom1= Clémentz |titre= Heider (Christine), Entre France et Allemagne : Thann, une ville de Haute-Alsace sous la domination des Habsbourg (1324-1648) |nature article= thèse de doctorat (Art, Histoire et Civilisation de l’Europe) |périodique= Revue d’Alsace |lieu= Strasbourg |volume= 133 |année= 2007 |url= http://alsace.revues.org/737
|consulté le= 29 avril 2014}}.
* {{Article |libellé= Drouot 1957 |langue= fr |prénom1= Marc |nom1= Drouot |lien auteur1= Drouot |titre= Trois provinces de l'Est: Lorraine, Alsace, Franche-Comté |sous-titre= Le commerce du sel lorrain en Haute-Alsace, Sundgau, Brisgau et la concurrence des sels tyroliens |périodique= Bulletin de la Société savante d'Alsace et des régions de l'Est |lieu= Paris, Strasbourg |éditeur= Éd. F.-X. Le Roux et Librairie Istra |année= 1957 |volume= 6 |titre volume= 1947-1977 |pages= 119-127}}.
* {{Ouvrage |libellé= Florence & Philippe 2004 |langue= fr |prénom1= Raymonde |nom1= Florence |prénom2= André |nom2= Philippe |titre= Série H : Clergé régulier avant 1790 |sous-titre= série 7H : Prieuré du Saint-Mont |lieu= Épinal |année= 2004 |lire en ligne= https://archives.vosges.fr/Portals/8/xNews/uploads/2017/3/27/Inventaire%20des%20archives%20du%20prieur%C3%A9%20du%20Saint-Mont%201147-1792.pdf |consulté le= 09/08/2019 }}.
* {{Article |libellé= Garnier 1993 |langue= fr |prénom1= Emmanuel |nom1= Garnier |titre= L’homme et la forêt dans la gruerie de Ramonchamp ({{sp-|XVI|-|XVIII}}s) |périodique= Bulletin de la Haute-Moselle |lieu= Le Thillot |éditeur= Collège du Thillot |série= {{n°|21}} |année= 1993 |pages= 3-29}}.
* {{Article |libellé= Garnier 1994 |langue= fr |prénom1= Emmanuel |nom1= Garnier |titre= L’homme et son milieu |sous-titre= Le massif du Grand Ventron à travers les âges |périodique= Bulletin du Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges |lieu= Munster |éditeur= PNRBV |année= 1994 |pages totales= 76}}.
* {{Article |libellé= Germain 1996 |langue= fr |prénom1= René |nom1= Germain |titre= Déplacements temporaires et déplacements définitifs dans le centre de la France aux {{s2-|XIV|XV}} |périodique= Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public (SHMES), [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/issue/shmes_1261-9078_1996_act_26_1 {{26e}} congrès : « Voyages et voyageurs au Moyen Age »] |lieu= Aubazine |pages= 53-61|année=1996|lire en ligne= https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1996_act_26_1_1670}}.
* {{Article |libellé= Idoux |langue= fr |prénom1= Abbé |nom1= Idoux |titre= Voies romaines de Langres à Strasbourg, de Corre à Charmes |périodique= Bulletin de la Société philomatique vosgienne |lieu= Saint-Dié |éditeur= Société philomatique vosgienne- Imprimerie C. Cuny |année= 1908 |volume= 33 |pages totales= 313 |pages= 115-181 |url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k334650/f2.image}}.
* {{Article |libellé= Lenattier 2011 |langue= fr |prénom1= Hélène |nom1= Lenattier |titre= Histoire du sel en Lorraine |périodique= Journée du Sel de l’Académie lorraine des sciences |année= 2011|lire en ligne= http://als.univ-lorraine.fr/files/conferences/dossiers/21mai2011/02-HistoireDuSel.pdf |format=pdf|consulté le= 17 août 2019}}.
* {{Article |libellé= Maud'heux 1897 |langue= fr |prénom1= Père |nom1= Maud’heux |titre= Voies antiques dans le Département des Vosges |sous-titre= Ruines et vestiges |périodique= Annuaire général des Vosges |éditeur= impr. Léon Louis |année= 1897 |pages= 34-57 |lire en ligne= http://www.ecrivosges.com/anthologie/maudheuxpere_voiesantiques.pdf |consulté le= 9 août 2019}}.
* {{Article |libellé= Racine |langue= fr |prénom1= Pierre |nom1= Racine |titre= Le col du Saint-Gothard, maillon du grand commerce international (1260-1320) |périodique= [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/issue/shmes_1261-9078_2004_act_34_1 Actes des congrès de la SHMES, {{34e}} congrès : « Montagnes médiévales »] |lieu= Chambéry |éditeur= Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public |année= 2003 |série= Histoire ancienne et médiévale |isbn= 2-85944-513-7 |pages= 63-82| présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_2004_act_34_1_1847}}.
* {{Article |id= 1909rich |libellé= Richard 1909 |langue= fr |prénom1= E. |nom1= Richard |préface= Maurice Pottecher |titre= Histoire de Bussang (Vosges) |périodique= Bulletin de la Société philomatique vosgienne |lieu= Saint-Dié |éditeur= impr. C. Cuny |volume= 34 |année= 1909 |pages totales= 499 |pages= 5-370 |lire en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33466b/f3.image}}.
* {{Article |id= AdS1853 |langue= fr |nom1= Académie de Stanislas Fray |lien auteur1= Académie de Stanislas |titre= Guerres d'autrefois et leçons d'aujourd'hui |périodique= Mémoires de l'Académie de Stanislas |lieu= Nancy |éditeur= éd. Grimblot et Veuve Raybois |série= {{n°|6}} |tome= 33 |année= 1853|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56137447}}.
* {{Article |id= MEDDE2008 |libellé= MEDDE & MNHN |langue= fr |nom1= [[Ministère de l'Écologie (France)|Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie]] |lien auteur1= MEDDE |nom2= Museum d’Histoire naturelle |responsabilité2= MNHN – Service du Patrimoine Naturel |titre= FR4202002 – Vosges du Sud |périodique= Natura 2000 – Formulaire standard de données |éditeur= Journaux officiels République française |jour= 17 |mois= 3 |année= 2008 |pages totales= 17 |url= http://inpn.mnhn.fr/docs/natura2000/fsdpdf/FR4202002.pdf }}
* {{Article|libellé=Yante 2016|langue=fr|prénom1=Jean-Marie|nom1= Yante|périodique=Mémoires de l’Académie nationale de Metz|lieu=Metz|année=2016|pages=107-127|titre=Voirie romaine et itinéraires médiévaux : le cas de la Lorraine centrale|lire en ligne=http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/69935/107_128_Memoires_2016_HD.pdf?sequence=1|consulté le=8 septembre 2019}}.

==== Fonds d’archives ====
* {{Article |langue= fr |prénom1= Philippe |nom1= Froidevaux |titre= La recherche en histoire des paroisses aux AAEB
|périodique= Rapport annuel des AAEB |lieu= Bâle |éditeur= Fonds des Archives de l’ancien diocèse de Bâle |année= 1995 |pages totales= 314 |url= http://www.aaeb.ch/htdocs/Files/pdf3_Recherche_en_histoire_des_paroisses.pdf |format= pdf}}.
* {{Article |langue= fr |nom1= [[Archives départementales de Meurthe-et-Moselle]] |titre= Clergé séculier avant 1790 |périodique= Archives anciennes (avant 1790) |lieu= Nancy |série= G (79 mètres linéaires, 1389 articles) |année= 1790 |id= AD54}}.

=== Liens externes ===
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* {{Lien web |langue= fr |titre= Direction régionale de l’environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) |url= http://www.lorraine.developpement-durable.gouv.fr/ |consulté le= 9 août 2019}}.
* {{Lien web |langue= fr |titre= Carte des sites naturels, réserves et parcs régionaux de Lorraine |série= CARMEN - DREAL Lorraine |site= carmen.developpement-durable.gouv.fr |url= http://carmen.developpement-durable.gouv.fr/21/carte_globale_lorraine.map&group=Nature |consulté le= 9 août 2019}}.
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[[Catégorie:Col dans le Haut-Rhin]]
[[Catégorie:Ascension cycliste du Tour de France dans le massif des Vosges]]