Odyssée
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L’Odyssée (en grec ancien Ὀδύσσεια / Odússeia) est une épopée grecque antique attribuée à l’aède Homère, qui l'aurait composée après l’Iliade, vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C. Elle est considérée comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature et, avec l’Iliade, comme l'un des deux « poèmes fondateurs » de la civilisation grecque antique. L’Odyssée relate le retour chez lui du héros Ulysse (Odysseus en grec), qui, après la guerre de Troie dans laquelle il a joué un rôle déterminant, met dix ans à revenir dans son île d'Ithaque, pour y retrouver son épouse Pénélope, qu'il soustrait aux prétendants, et son fils Télémaque. Au cours de son voyage sur mer, rendu périlleux par le courroux du dieu Poséidon, Ulysse rencontre de nombreux personnages mythologiques, comme la nymphe Calypso, la princesse Nausicaa, les Cyclopes, la magicienne Circé et les sirènes.
Citations
modifierChant I
modifierÔ Muse, conte-moi l’aventure de l’Inventif :
celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra,
voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d’usages,
souffrant beaucoup d’angoisses dans son âme sur la mer
pour défendre sa vie et le retour de ses marins
sans en pouvoir sauver un seul, quoi qu'il en eût ;
par leur propre fureur ils furent perdus en effet,
ces enfants qui touchèrent aux troupeaux du dieu d'En Haut,
le Soleil qui leur prit le bonheur du retour…
À nous aussi, Fille de Zeus, conte un peu ces exploits !
- (grc)
Ἄνδρα μοι ἔννεπε, Μοῦσα, πολύτροπον, ὃς μάλα πολλὰ
πλάγχθη, ἐπεὶ Τροίης ἱερὸν πτολίεθρον ἔπερσε·
πολλῶν δ’ ἀνθρώπων ἴδεν ἄστεα καὶ νόον ἔγνω,
πολλὰ δ’ ὅ γ’ ἐν πόντῳ πάθεν ἄλγεα ὃν κατὰ θυμόν,
ἀρνύμενος ἥν τε ψυχὴν καὶ νόστον ἑταίρων.
ἀλλ᾽ οὐδ᾽ ὣς ἑτάρους ἐρρύσατο, ἱέμενός περ:
αὐτῶν γὰρ σφετέρῃσιν ἀτασθαλίῃσιν ὄλοντο,
νήπιοι, οἳ κατὰ βοῦς Ὑπερίονος Ἠελίοιο
ἤσθιον: αὐτὰρ ὁ τοῖσιν ἀφείλετο νόστιμον ἦμαρ.
τῶν ἁμόθεν γε, θεά, θύγατερ Διός, εἰπὲ καὶ ἡμῖν.
- Invocation à la Muse formant le prélude de l'épopée.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant I, 1-5, p. 12 (texte intégral sur Wikisource)
Hélas ! voyez comment les mortels vont juger les dieux !
C'est de nous que viendraient tous les malheurs,
alors qu'eux-mêmes
par leur propre fureur outrant le sort se les attirent.
- (grc)
ὢ πόποι, οἷον δή νυ θεοὺς βροτοὶ αἰτιόωνται.
ἐξ ἡμέων γάρ φασι κάκ' ἔμμεναι· οἱ δὲ καὶ αὐτοὶ
σφῇσιν ἀτασθαλίῃσιν ὑπὲρ μόρον ἄλγε' ἔχουσιν.
- Zeus
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant I, 32-34, p. 13 (texte intégral sur Wikisource)
Chant II
modifierCar peu d'enfants se montrent dignes de leur père ;
pires presque toujours, et bien rarement meilleurs qu'eux.
- (grc)
Παῦροι γάρ τοι παῖδες ὁμοῖοι πατρὶ πέλονται,
οἱ πλέονες κακίους, παῦροι δέ τε πατρὸς ἀρείους.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant II, 276-277, p. 36 (texte intégral sur Wikisource)
Pallas aux yeux brillants les favorisa d'un bon vent,
un vif zéphyre qui claquait sur la vineuse mer...
- (grc)
Τοῖσιν δ' ἴκμενον οὖρον ἵει γλαυκῶπις Ἀθήνη,
ἀκραῆ ζέφυρον, κελάδοντ' ἐπὶ οἴνοπα πόντον.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant II, 420-421, p. 40 (texte intégral sur Wikisource)
Chant III
modifierTélémaque, les mots que tu n'auras pas trouvés seuls,
quelque dieu te les soufflera.
- (grc)
Τηλέμαχ', ἄλλα μὲν αὐτὸς ἐνὶ φρεσὶ σῇσι νοήσεις,
ἄλλα δὲ καὶ δαίμων ὑποθήσεται.
- Athéna, à Télémaque
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant III, 26-27, p. 43 (texte intégral sur Wikisource)
Chant IV
modifierAlors, je comprendrai qu'on pleure
sur les morts et sur ceux que le sort a frappés.
Aussi n'est-il pas d'autre hommage pour ces malheureux
que de couper sa chevelure
et de mouiller ses joues de larmes...
- (grc)
Νεμεσσῶμαί γε μὲν οὐδὲν
κλαίειν, ὅς κε θάνῃσι βροτῶν καὶ πότμον ἐπίσπῃ.
τοῦτό νυ καὶ γέρας οἶον ὀϊζυροῖσι βροτοῖσι,
κείρασθαί τε κόμην βαλέειν τ' ἀπὸ δάκρυ παρειῶν.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant IV, 195-198, p. 63 (texte intégral sur Wikisource)
Les dieux n'ignorent rien.
- (grc)
θεοὶ δέ τε πάντα ἴσασιν.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant IV, 468, p. 71 (texte intégral sur Wikisource)
Chant V
modifierEt néanmoins, j'espère, je désire à tout moment
me retrouver chez moi et vivre l'heure du retour.
- (grc)
Ἀλλὰ καὶ ὧς ἐθέλω καὶ ἐέλδομαι ἤματα πάντα
οἴκαδέ τ' ἐλθέμεναι καὶ νόστιμον ἦμαρ ἰδέσθαι.
- Ulysse, à Calypso.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant V, 219-220, p. 90 (texte intégral sur Wikisource)
Chant VI
modifier- (grc)
οἰκέομεν δ᾽ ἀπάνευθε πολυκλύστῳ ἐνὶ πόντῳ,
ἔσχατοι, οὐδέ τις ἄμμι βροτῶν ἐπιμίσγεται ἄλλος.
- Nausicaa la Phéacienne, parlant de son peuple à Ulysse.
- L'Odyssée, Homère (trad. Victor Bérard), éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1955, chant VI, vers 204-205, p. 638 (texte intégral sur Wikisource)
Chant VII
modifierCe chien de ventre, est-il rien qui soit plus odieux
sachant toujours se rappeler à vous par force,
quand bien même on serait épuisé ou dans l'affliction ?
- (grc)
Οὐ γάρ τι στυγερῇ ἐπὶ γαστέρι κύντερον ἄλλο
ἔπλετο, ἥ τ' ἐκέλευσεν ἕο μνήσασθαι ἀνάγκῃ
καὶ μάλα τειρόμενον καὶ ἐνὶ φρεσὶ πένθος ἔχοντα.
- Ulysse
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant VII, 216-218, p. 118 (texte intégral sur Wikisource)
Chant VIII
modifierAinsi les dieux n'accordent pas toutes les qualités,
beauté, intelligence et éloquence, à un même homme.
- (grc)
Οὕτως οὐ πάντεσσι θεοὶ χαρίεντα διδοῦσιν
ἀνδράσιν, οὔτε φυὴν οὔτ’ ἂρ φρένας οὔτ’ ἀγορητύν.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant VIII, 167-168, p. 128 (texte intégral sur Wikisource)
Le crime ne paie pas ! Lenteur rattrape agilité,
voyez donc : le lent Héphestos rattrape Arès
bien qu'il soit le plus prompt des dieux
qui règnent sur l'Olympe
et lui boiteux.
- (grc)
Οὐκ ἀρετᾷ κακὰ ἔργα· κιχάνει τοι βραδὺς ὠκύν,
ὡς καὶ νῦν Ἥφαιστος ἐὼν βραδὺς εἷλεν Ἄρηα,
ὠκύτατόν περ ἐόντα θεῶν, οἳ Ὄλυμπον ἔχουσιν.
- Les dieux commentent la vengeance d'Héphaïstos sur Arès qui le trompait avec son épouse Aphrodite.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant VIII, 329-331, p. 133 (texte intégral sur Wikisource)
Chant IX
modifierEt Personne est mon nom.
- (grc)
Οὖτις ἐμοί γ' ὄνομα.
- Ulysse, au Cyclope Polyphème.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant IX, 366, p. 152 (texte intégral sur Wikisource)
Du fond de l'antre, le grand Polyphème répondit :
"Par ruse, et non par force, amis ! Mais qui me tue ? Personne !"
- (grc)
Τοὺς δ' αὖτ' ἐξ ἄντρου προσέφη κρατερὸς Πολύφημος·
«ὦ φίλοι, Οὖτίς με κτείνει δόλῳ οὐδὲ βίηφιν.»
- Le Cyclope Polyphème, aveuglé et dupé par Ulysse.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant IX, 407-408, p. 153 (texte intégral sur Wikisource)
Chant X
modifier"Hors de l'île au plus vite, ô rebut des vivants !
Il ne m'est pas permis d'aider ni de guider
un homme que poursuit la haine des dieux bienheureux !"
- (grc)
ἔρρ᾽ ἐκ νήσου θᾶσσον, ἐλέγχιστε ζωόντων:
οὐ γάρ μοι θέμις ἐστὶ κομιζέμεν οὐδ᾽ ἀποπέμπειν
ἄνδρα τόν, ὅς κε θεοῖσιν ἀπέχθηται μακάρεσσιν:
- Éole chasse Ulysse après que ses compagnons ont libéré les vents mauvais qu'Éole avait donnés à garder à Ulysse.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant X, 72-74, p. 162 (texte intégral sur Wikisource)
Des cochons, ils avaient les groins, les grognements, les soies,
tout enfin, sauf l'esprit, qui resta esprit de mortel.
- (grc)
οἱ δὲ συῶν μὲν ἔχον κεφαλὰς φωνήν τε τρίχας τε
καὶ δέμας, αὐτὰρ νοῦς ἦν ἔμπεδος, ὡς τὸ πάρος περ.
- Les compagnons d'Ulysse métamorphosés en cochons par la magicienne Circé.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant X, 239-240, p. 167 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XI
modifierTrois fois je m'élançai, mon cœur me pressait de l'étreindre,
trois fois hors de mes mains, pareille à une ombre ou un songe,
elle s'enfuit.
- (grc)
Τρὶς μὲν ἐφωρμήθην, ἑλέειν τέ με θυμὸς ἀνώγει,
τρὶς δέ μοι ἐκ χειρῶν σκιῇ εἴκελον ἢ καὶ ὀνείρῳ
ἔπτατ'.
- Ulysse, parvenu au pays des morts, tente de serrer contre lui l'ombre de sa mère défunte.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XI, 206-208, p. 183-184 (texte intégral sur Wikisource)
Ne cherche pas à m'adoucir la mort, ô noble Ulysse !
J'aimerais mieux être sur terre domestique d'un paysan,
fût-il sans patrimoine et presque sans ressources,
que de régner ici parmi ces ombres consumées…
- (grc)
μὴ δή μοι θάνατόν γε παραύδα, φαίδιμ᾽ Ὀδυσσεῦ.
βουλοίμην κ᾽ ἐπάρουρος ἐὼν θητευέμεν ἄλλῳ,
490ἀνδρὶ παρ᾽ ἀκλήρῳ, ᾧ μὴ βίοτος πολὺς εἴη,
ἢ πᾶσιν νεκύεσσι καταφθιμένοισιν ἀνάσσειν.
- L'ombre d'Achille s'adressant à Ulysse au pays des morts.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XI, 488-491, p. 191 (texte intégral sur Wikisource)
Il y a l'heure des paroles et l'heure du sommeil.
- (grc)
Ὥρη μὲν πολέων μύθων, ὥρη δὲ καὶ ὕπνου.
- Ulysse
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XI, 379, p. 188 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XII
modifierAmis, serions-nous donc nouveaux dans le malheur ?
- (grc)
Ὦ φίλοι, οὐ γάρ πώ τι κακῶν ἀδαήμονές εἰμεν.
- Ulysse harangue ses compagnons avant d'affronter Charybde et Scylla.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XII, 209, p. 204 (texte intégral sur Wikisource)
Toute espèce de mort est odieuse aux pauvres mortels,
mais la plus lamentable est certes la mort par la faim !
- (grc)
Πάντες μὲν στυγεροὶ θάνατοι δειλοῖσι βροτοῖσι,
λιμῷ δ' οἴκτιστον θανέειν καὶ πότμον ἐπισπεῖν.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XII, 342-343, p. 207 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XIII
modifierAlors, un doux sommeil tomba sur ses paupières,
profond et tout pareil au calme de la mort.
- (grc)
Καὶ τῷ νήδυμος ὕπνος ἐπὶ βλεφάροισιν ἔπιπτε,
νήγρετος ἥδιστος, θανάτῳ ἄγχιστα ἐοικώς.
- Ulysse dort pendant que les marins phéaciens le ramènent à Ithaque.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XIII, 79–80, p. 214 (texte intégral sur Wikisource)
Ulysse l'endurant se sentit plein de joie
à la vue de son île et baisa la terre du blé.
- (grc)
Γήθησέν τ' ἄρ' ἔπειτα πολύτλας δῖος Ὀδυσσεὺς
χαίρων ᾗ γαίῃ, κύσε δὲ ζείδωρον ἄρουραν.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XIII, 353-354, p. 221 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XIV
modifierIl serait impie, étranger, de mépriser un hôte,
fût-il moindre que toi : car les mendiants, les étrangers
viennent de Zeus, et le moindre don leur fait joie,
qui est nôtre.
- (grc)
Ξεῖν', οὔ μοι θέμις ἔστ', οὐδ' εἰ κακίων σέθεν ἔλθοι,
ξεῖνον ἀτιμῆσαι· πρὸς γὰρ Διός εἰσιν ἅπαντες
ξεῖνοί τε πτωχοί τε. δόσις δ' ὀλίγη τε φίλη τε
γίνεται ἡμετέρη.
- Eumée le porcher, à Ulysse déguisé en mendiant.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XIV, 56-59, p. 227 (texte intégral sur Wikisource)
Car les dieux bienheureux n'aiment pas les œuvres cruelles,
mais ils honorent la justice et les œuvres intègres.
- (grc)
Οὐ μὲν σχέτλια ἔργα θεοὶ μάκαρες φιλέουσιν,
ἀλλὰ δίκην τίουσι καὶ αἴσιμα ἔργ' ἀνθρώπων.
- Eumée le porcher.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XIV, 83-84, p. 228 (texte intégral sur Wikisource)
Ainsi chacun d'autres ouvrages fait sa joie.
- (grc)
Ἄλλος γάρ τ' ἄλλοισιν ἀνὴρ ἐπιτέρπεται ἔργοις.
- Eumée le porcher. L'expression signifie que chacun se réjouit au travail qui lui convient le mieux.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XIV, 228, p. 232 (texte intégral sur Wikisource)
J'aurais un voeu à exprimer... C'est le vin qui m'y pousse,
le vin fou qui engage les plus sages à chanter,
à rire doucement, qui nous fait lever pour la danse,
et nous incite des propos qu'il eût mieux valu taire !
- (grc)
εὐξάμενός τι ἔπος ἐρέω· οἶνος γὰρ ἀνώγει,
ἠλεός, ὅς τ' ἐφέηκε πολύφρονά περ μάλ' ἀεῖσαι
καί θ' ἁπαλὸν γελάσαι καί τ' ὀρχήσασθαι ἀνῆκε,
καί τι ἔπος προέηκεν, ὅ πέρ τ' ἄῤῥητον ἄμεινον.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XIV, 463-464, p. 238 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XV
modifierCar l'hôte garde pour toujours le souvenir
de l'homme hospitalier qui lui donna son affection.
- (grc)
Τοῦ γάρ τε ξεῖνος μιμνῄσκεται ἤματα πάντα
ἀνδρὸς ξεινοδόκου, ὅς κεν φιλότητα παράσχῃ.
- Pisistrate, à Télémaque
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XV, 54-55, p. 243 (texte intégral sur Wikisource)
Il n'est pas plus séant de presser le départ d'un hôte
qui n'y tient pas, que de retenir l'impatient.
Il faut choyer l'hôte présent, mais le renvoyer s'il le veut.
- (grc)
σόν τοι κακόν ἐσθ', ὅς τ' οὐκ ἐθέλοντα νέεσθαι
ξεῖνον ἐποτρύνῃ καὶ ὃς ἐσσύμενον κατερύκῃ.
χρὴ ξεῖνον παρεόντα φιλεῖν, ἐθέλοντα δὲ πέμπειν.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XV, 72-74, p. 244 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XVI
modifierCela dit, il baisa son fils et, le long de ses joues
laissa couler les pleurs qu'il avait longtemps contenus.
- (grc)
Υἱὸν κύσε, κὰδ δὲ παρειῶν
δάκρυον ἧκε χαμᾶζε· πάρος δ' ἔχε νωλεμὲς αἰεί.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XVI, 190-191, p. 265 (texte intégral sur Wikisource)
Il est facile aux dieux qui possèdent le ciel immense
de glorifier ou de mortifier un mortel...
- (grc)
Ῥηΐδιον δὲ θεοῖσι, τοὶ οὐρανὸν εὐρὺν ἔχουσιν,
ἠμὲν κυδῆναι θνητὸν βροτὸν ἠδὲ κακῶσαι.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XVI, 211-212, p. 265 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XVII
modifierIl fait beau voir un gueux guider un autre gueux,
tant il est vrai qu'un dieu fait s'assembler qui se ressemble !
- (grc)
Νῦν μὲν δὴ μάλα πάγχυ κακὸς κακὸν ἡγηλάζει,
ὡς αἰεὶ τὸν ὁμοῖον ἄγει θεὸς ὡς τὸν ὁμοῖον.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XVII, 217-218, p. 279 (texte intégral sur Wikisource)
Car il n'est ni scrupule ni mesure
quand on donne le bien d'autrui dans l'abondance !
- (grc)
Ἐπεὶ οὔ τις ἐπίσχεσις οὐδ' ἐλεητὺς
ἀλλοτρίων χαρίσασθαι.
- Au sujet des prétendants qui font l'aumône à Ulysse déguisé en mendiant, mais en lui donnant ce qu'ils pillent dans son palais.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XVII, 451-452, p. 286 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XVIII
modifierParmi tout ce qui rampe sur la terre et y respire,
la terre ne nourrit rien de plus fragile que l'homme.
- (grc)
Οὐδὲν ἀκιδνότερον γαῖα τρέφει ἀνθρώποιο
πάντων, ὅσσα τε γαῖαν ἔπι πνείει τε καὶ ἕρπει.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XVIII, 130-131, p. 295 (texte intégral sur Wikisource)
Puisse donc l'homme respecter toujours les lois
et recevoir les dons des dieux sans un mot, quoi qu'ils donnent !
- (grc)
τῷ μή τίς ποτε πάμπαν ἀνὴρ ἀθεμίστιος εἴη,
ἀλλ᾽ ὅ γε σιγῇ δῶρα θεῶν ἔχοι, ὅττι διδοῖεν.
- Ulysse, au devin Amphinomos.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XVIII, 141-142, p. 296 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XIX
modifierDans le malheur, en effet, les mortels vieillissent vite...
- (grc)
Αἶψα γὰρ ἐν κακότητι βροτοὶ καταγηράσκουσιν.
- Pénélope
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XIX, 360, p. 316 (texte intégral sur Wikisource)
Car, pour les songes vacillants, il est deux portes :
l'une est faite de corne et l'autre est d'ivoire ;
les rêves arrivant par l'ivoire scié
sont rêves dérisoires, n'apportant que paroles vaines ;
mais ceux qui entrent par la corne bien polie
cornent la vérité au mortel qui les voit.
- (grc)
Δοιαὶ γάρ τε πύλαι ἀμενηνῶν εἰσὶν ὀνείρων·
αἱ μὲν γὰρ κεράεσσι τετεύχαται, αἱ δ' ἐλέφαντι.
οἵ ῥ' ἐλεφαίρονται, ἔπε' ἀκράαντα φέροντες·
οἳ δὲ διὰ ξεστῶν κεράων ἔλθωσι θύραζε,
οἵ ῥ' ἔτυμα κραίνουσι, βροτῶν ὅτε κέν τις ἴδηται.
- Pénélope, à Ulysse déguisé en mendiant. La traduction rend plusieurs jeux de mots du grec ancien entre elephas (ivoire) et elephairomai (tromper) et entre keras (corne) et kraïnô (réaliser), comme l'explique Jaccottet dans la note 14 à la page 322 de sa traduction de l'épopée.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XIX, 563-568, p. 322 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XX
modifier- (grc) τέτλαθι δή, κραδίη.
- Ulysse s'exhortant lui-même au calme en voyant les exactions des prétendants de Pénélope.
- L'Odyssée, Homère (trad. Victor Bérard), éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1955, chant XX, p. 819, vers 18 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XXI
modifierLe vin de miel te trouble l'esprit, qui altère
quiconque en boit la bouche ouverte, sans mesure.
C'est lui aussi qui égara l'illustre Eurytios,
le Centaure, au palais du généreux Pirithoüs,
venu chez les Lapithes. Le vin égarant ses entrailles,
en proie à la démence, il fauta chez Pirithoüs.
La fureur saisit ces héros, ils bondirent sur lui,
le traînèrent dehors, lui moissonnant d'un coup d'épée
le nez et les oreilles ; lui, égaré dans ses entrailles,
partit portant la faute de son âme enténébrée.
De là naquit la guerre des Centaures avec les hommes,
où cet ivrogne, le premier, trouva la mort.
Je te prédis pareil malheur, si tu tends l'arc.
- (grc)
οἶνός σε τρώει μελιηδής, ὅς τε καὶ ἄλλους
βλάπτει, ὃς ἄν μιν χανδὸν ἕλῃ μηδ᾽ αἴσιμα πίνῃ.
οἶνος καὶ Κένταυρον, ἀγακλυτὸν Εὐρυτίωνα,
ἄασ᾽ ἐνὶ μεγάρῳ μεγαθύμου Πειριθόοιο,
ἐς Λαπίθας ἐλθόνθ᾽: ὁ δ᾽ ἐπεὶ φρένας ἄασεν οἴνῳ,
μαινόμενος κάκ᾽ ἔρεξε δόμον κάτα Πειριθόοιο:
ἥρωας δ᾽ ἄχος εἷλε, διὲκ προθύρου δὲ θύραζε
ἕλκον ἀναΐξαντες, ἀπ᾽ οὔατα νηλέϊ χαλκῷ
ῥῖνάς τ᾽ ἀμήσαντες: ὁ δὲ φρεσὶν ᾗσιν ἀασθεὶς
ἤϊεν ἣν ἄτην ὀχέων ἀεσίφρονι θυμῷ.
ἐξ οὗ Κενταύροισι καὶ ἀνδράσι νεῖκος ἐτύχθη,
οἷ δ᾽ αὐτῷ πρώτῳ κακὸν εὕρετο οἰνοβαρείων.
ὣς καὶ σοὶ μέγα πῆμα πιφαύσκομαι, αἴ κε τὸ τόξον
ἐντανύσῃς:
- Antinous à Ulysse
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XXI, 293-307, p. 346 (texte intégral sur Wikisource)
Comme un homme qui connaît bien la cithare et le chant
avec aisance tend une corde sur la clef neuve...
- (grc)
Ὡς ὅτ' ἀνὴρ φόρμιγγος ἐπιστάμενος καὶ ἀοιδῆς
ῥηϊδίως ἐτάνυσσε νέῳ περὶ κόλλοπι χορδήν...
- Comparaison employée au moment où Ulysse bande son arc avant de tuer les prétendants de Pénélope.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XXI, 406-407, p. 349 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XXII
modifierLes bienfaits sont préférables aux méfaits.
- (grc)
Ὡς κακοεργίης εὐεργεσίη μέγ' ἀμείνων.
- Ulysse
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XXII, 374, p. 362 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XXIII
modifierCar il est entre nous certains signes cachés que nous sommes seuls à connaître.
- (grc)
Ἔστι γὰρ ἥμιν
σήμαθ', ἃ δὴ καὶ νῶϊ κεκρυμμένα ἴδμεν ἀπ' ἄλλων.
- Pénélope, demandant à Télémaque de la laisser seule reconnaître si l'homme qui a tué les prétendants est bien son mari Ulysse.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XXIII, 109-110, p. 371 (texte intégral sur Wikisource)
- (grc)
καί νύ κ᾽ ὀδυρομένοισι φάνη ῥοδοδάκτυλος Ἠώς,
εἰ μὴ ἄρ᾽ ἄλλ᾽ ἐνόησε θεὰ γλαυκῶπις Ἀθήνη.
νύκτα μὲν ἐν περάτῃ δολιχὴν σχέθεν, Ἠῶ δ᾽ αὖτε
ῥύσατ᾽ ἐπ᾽ Ὠκεανῷ χρυσόθρονον, οὐδ᾽ ἔα ἵππους
ζεύγνυσθ᾽ ὠκύποδας, φάος ἀνθρώποισι φέροντας,
Λάμπον καὶ Φαέθονθ᾽, οἵ τ᾽ Ἠῶ πῶλοι ἄγουσι.
- La nuit des retrouvailles entre Ulysse et Pénélope.
- L'Odyssée, Homère (trad. Victor Bérard), éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1955, chant XXIII, p. 859, vers 241-246 (texte intégral sur Wikisource)
Chant XXIV
modifierQue l'amitié renaisse entre eux comme autrefois
et que la paix et l'abondance viennent les combler !
- (grc)
Τοὶ δ' ἀλλήλους φιλεόντων
ὡς τὸ πάρος, πλοῦτος δὲ καὶ εἰρήνη ἅλις ἔστω.
- Zeus, à Athéna, au sujet des gens d'Ithaque.
- L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XXIV, 485-486, p. 393 (texte intégral sur Wikisource)
Citations au sujet de l’Odyssée
modifierAristote
modifier- (grc) ὁ δ᾽ Ὅμηρος ὥσπερ καὶ τὰ ἄλλα διαφέρει καὶ τοῦτ᾽ ἔοικεν καλῶς ἰδεῖν, ἤτοι διὰ τέχνην ἢ διὰ φύσιν: Ὀδύσσειαν γὰρ ποιῶν οὐκ ἐποίησεν ἅπαντα ὅσα αὐτῷ συνέβη, οἷον πληγῆναι μὲν ἐν τῷ Παρνασσῷ, μανῆναι δὲ προσποιήσασθαι ἐν τῷ ἀγερμῷ, ὧν οὐδὲν θατέρου γενομένου ἀναγκαῖον ἦν ἢ εἰκὸς θάτερον γενέσθαι, ἀλλὰ περὶ μίαν πρᾶξιν οἵαν λέγομεν τὴν Ὀδύσσειαν συνέστησεν, ὁμοίως δὲ καὶ τὴν Ἰλιάδα.
- Aristote évoque la règle de l'unité d'action, nécessaire selon lui pour composer une œuvre réussie.
- Poétique (IVe siècle avant J.-C.), Aristote (trad. J. Hardy), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1996 (Les Belles Lettres 1990) (ISBN 2-07-074368-3), 1451a, p. 92
- (grc) ἐν μὲν οὖν τοῖς δράμασιν τὰ ἐπεισόδια σύντομα, ἡ δ᾽ ἐποποιία τούτοις μηκύνεται. τῆς γὰρ Ὀδυσσείας οὐ μακρὸς ὁ λόγος ἐστίν: ἀποδημοῦντός τινος ἔτη πολλὰ καὶ παραφυλαττομένου ὑπὸ τοῦ Ποσειδῶνος καὶ μόνου ὄντος, ἔτι δὲ τῶν οἴκοι οὕτως ἐχόντων ὥστε τὰ χρήματα ὑπὸ μνηστήρων ἀναλίσκεσθαι καὶ τὸν υἱὸν ἐπιβουλεύεσθαι, αὐτὸς δὲ ἀφικνεῖται χειμασθείς, καὶ ἀναγνωρίσας τινὰς ἐπιθέμενος αὐτὸς μὲν ἐσώθη τοὺς δ᾽ ἐχθροὺς διέφθειρε. τὸ μὲν οὖν ἴδιον τοῦτο, τὰ δ᾽ ἄλλα ἐπεισόδια.
- Poétique (IVe siècle avant J.-C.), Aristote (trad. J. Hardy), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1996 (Les Belles Lettres 1990) (ISBN 2-07-074368-3), 1455b, p. 111-112