Visages cachés
Visages Cachés est l'unique roman de Salvador Dalí, paru en 1944 aux États-Unis et en 1973 en France.
Visages Cachés | |
Auteur | Salvador Dalí |
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Genre | roman |
Date de parution | 1944 |
Éditeur | Stock |
Date de parution | 1973 |
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Écriture du roman
modifierSalvador Dali écrit Visages cachés en 1943, alors qu'il est en exil aux États-Unis[1]. S'étant isolé et enfermé dans une chambre d'hôtel du New Hampshire, il consacre alors « quatorze heures par jour » à l'écriture du roman[1].
L'auteur donne dans sa préface de l’œuvre plusieurs raisons à la rédaction de celui-ci : « Pourquoi ai-je écrit ce roman ? [...] Parce que je trouve le temps de faire tout ce que je veux et que je voulais écrire ce roman[2]. », mais aussi « parce que l'histoire contemporaine offre une charpente exceptionnelle pour un roman sur l'évolution et les conflits des grandes passions humaines, et que l'histoire de la guerre, et plus spécialement celle du poignant après-guerre, devait être écrite[1]. » ou encore : « La trilogie passionnelle inaugurée par le divin marquis de Sade était restée incomplète : sadisme, masochisme. Il fallait inventer le troisième terme du problème, celui de la synthèse et de la sublimation : le clédalisme, du nom de l'héroïne de mon roman, Solange de Cléda [...] Le clédalisme est le plaisir procuré par la souffrance à laquelle vous soumet l'objet. Le clédalisme est le plaisir et la souffrance sublimés dans une identification toute transcendantale avec l'objet [...] une sainte Thérèse profane[1]. »
Visages cachés, écrit en français par Salvador Dali, est traduit en anglais pour être publié aux États-Unis dès 1944, avant que le texte originel ne sorte en France en 1973, aux éditions Stock[2].
Réception critique
modifierDans Le Monde, Bertrand Poirot-Delpech décrit Visages cachés comme un « drôle de bouquin où le désarroi de l'élite européenne entre 1934 et 1944 prend la forme baroque d'un pastiche de Laclos et de Proust revu par Huysmans et Charles Plisnier ![3] »
Dans un article du Temps intitulé « En romancier, Salvador Dalí est aussi génial et fou qu'en peintre », Jean-Claude Gateau écrit : « Ce roman surabonde en divagations mentales de tel ou tel personnage sur les obsessions familières à Dalí : l'impuissance, le diable, les incubes et les succubes, Tristan et Yseut, Janet et l'hystérie, Léda et le cygne, la transverbération des saintes et la transmigration des âmes, etc. [...] À travers toutes ces marionnettes, leurs faits et gestes et leurs hantises, Dalí, génial et cinglé, vide son sac d'exubérances hyperboliques… et tourneboule le lecteur avec une intarissable maestria[1]. »
Résumé
modifierLes personnages
modifier- Hervé de Grandsailles : ancien officier, aristocrate dandy, le comte de Grandsailles mène une vie luxueuse et oisive entre son appartement au Meurice et son château provençal, où il donne de grands bals pour les membres de la haute société. Il y rencontre la belle Solange de Cléda, pour qui il entretient dès lors une passion amoureuse dévorante et platonique. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il rendosse son rôle de capitaine de cavalerie et entre en résistance depuis le Maroc, tandis que Solange reste en France. À la fin de la guerre, le comte de Grandsailles épouse Véronica, sans renoncer pour autant à son amour pour Solange[1]. Son nom renvoie à Versailles, mais aussi à la famille de Noailles, premiers mécènes de Dalí à Paris[1].
- Solange de Cléda : belle, élancée et spirituelle, Solange est amoureuse du comte de Grandsailles, qui développe pour elle une passion ardente et mystique[1]. Son nom fait référence à la mythique Léda, maîtresse de Zeus, et à Clélia, héroïne de La Chartreuse de Parme de Stendhal[1]. Son personnage s'inspire de Coco Chanel, chez qui le peintre a passé l'été 1940, dans un château du sud de la France[2]. Elle donne son nom au clédalisme[4], perversion sexuelle fondée sur la frustration et le plaisir dans l’attente qui n’en finit pas[5].
- Barbara Stevens : milliardaire américaine tyrannique, vivant à Paris jusqu'à la fin de la guerre, elle est la mère de Véronica[1].
- Véronica : à la fin de la guerre, elle épouse le comte de Grandsailles, avec qui elle vit aux États-Unis[1].
- Betka : secrétaire tchèque de Barbara et amie libertine de sa fille Véronica[6].
- Randolph : : Randolph, surnommé Baba, est aviateur. Véronica voit en lui un alter ego[1].
Références
modifier- Jean-Claude Gateau, « En romancier, Salvador Dalí est aussi génial et fou qu'en peintre », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- Pierre Le Dauphin, « Le roman oublié de Salvador Dalí à (re)découvrir cette rentrée », sur Vogue France, (consulté le )
- Bertrand Poirot-Delpech, « Visages cachés, de Salvador Dali », Le Monde, (lire en ligne , consulté le )
- Robin Chatelain, « Psychose et création : l'exemple de Salvador Dali », La clinique lacanienne, vol. 15, no 1, , p. 149–166 (ISSN 1288-6629, DOI 10.3917/cla.015.0149, lire en ligne, consulté le )
- Catherine Millet, « Dalí et moi », sur artpress, (consulté le )
- Christophe Galodé, « Visages cachés », sur www.zone-litteraire.com, (consulté le )
Bibliographie
modifier- Myriam Watthee-Delmotte, « Visages cachés de Salvador Dali : l'aventure d'un peintre dans le territoire du roman » dans Jacques Carion, Georges Jacques et Jean-Louis Tilleuil (dir.) Aventures et voyages au pays de la romane. Pour Pierre Massart, Cortil-Wodon, E. M. E., 2003, p. 343-352 (ISBN 2-930342-13-7).
- Myriam Watthee-Delmotte, « Visages cachés de l'éros dalinien : la pensée du roman » dans Frédérique Joseph-Lowery et Isabelle Roussel-Gillet (dir.), Salvador Dali : sur les traces d'Éros. Actes du colloque international de Cerisy, Genève, éd. Notari, coll. « Bibliotheca Daliniana », 352 p., 2010 (ISBN 978-2-940408-03-0).
- Denise Sandell et Elliott H. King, « Le clédalisme sous l'œil d'une de ses modèles » dans Frédérique Joseph-Lowery et Isabelle Roussel-Gillet (dir.), Salvador Dali : sur les traces d'Éros. Actes du colloque international de Cerisy, Genève, éd. Notari, coll. « Bibliotheca Daliniana », 352 p., 2010 (ISBN 978-2-940408-03-0).
Liens externes
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